Cecile's Blog

  • Je suis pratiquement sûre que le signe des trois cela vous rappelle quelque chose. Mais vous ne savez plus quoi ? Le signe des deux ? non ? Le signe des quatre ? Cela doit normalement faire déjà beaucoup plus tilt dans votre tête. Sinon, je vous aide un peu. Le signe des quatre est une aventure de Sherlock Holmes. Si cela n’a pas fait tilt dans votre tête, votre cas n’est pas désespéré mais il faut absolument que vous alliez jusqu’au bout de ce billet …

    Pour les autres, cela veut dire que vous avez une histoire, plus ou moins grande avec Sherlock Holmes. Figurez-vous que moi aussi. Quand j’étais petite, Sherlock Holmes, c’était le dessin animé où c’était un renard et Watson un chien (maintenant que j’y repense, c’était très imagé, non ?) Pour les afficionados, je viens de découvrir qu’il existait en DVD. Après je me rappelle avoir lu le chien des Baskerville, en tailleur, aux pieds de ma mère qui était en train de faire de la couture. J’ai lu une première fois les nouvelles de Sherlock Holmes à treize ans et depuis je l’aime d’amour et il est un modèle pour moi. Il est connu dans ma famille que j’aurais dû être détective privé … Après il y a eu les DVD de Jeremy Brett qui me console de tout (c’est mon frère qui me les a offert après une nuit blanche à l’aider à rédiger un rapport sur MIFID). Sherlock Holmes et moi, cela dure depuis longtemps.

    Alors quand Matilda et Marion m’ont proposé d’être la troisième de la Société Sherlock Holmes des blogueurs, autrement dénommée Le signe des trois, j’ai sauté sur l’occasion de partager mon amour avec d’autres ! Je suis comme ça, je suis partageuse. Le truc, c’est que la SSHB, c’était pris par les Belges qui sont détenteurs de plein d’idées excellentes puisque que leur société s’appelle aussi Le peloton des cyclistes solitaires (c’est le meilleur nom de société à mon avis que l’on puisse trouver). Donc il a fallu trouver d’autres idées et de la tête de Matilda est sorti la SSHD, Société Sherlock Holmes des Dilettantes. Du coup j’ai regardé dans mon dico et je trouve que cela correspond très bien au projet (à croire que Matilda a des gènes belges). Mais au fait quel est le projet ? Il faut lire la suite …

    La SSHD c’est quoi ?

    Une société pour le moment uniquement présente sur internet et plus particulièrement les blogs ; les sites internet qui seraient intéressés sont bien sûr les bienvenus. Une société au service du Maître et à promouvoir son image dans le monde entier (on prendra son contrôle et établirons une dictature plus tard).

    Comment ?

    En organisant une sorte de challenge perpétuel. Pas de limite de temps, ni de liste fixe de livres à lire. Aucune contrainte sauf qu’à chaque publication de billets holmésiens (donc en rapport de près ou de loin avec Sherlock Holmes) (pastiches, canon original de Conan Doyle, BD, films, séries) il faudra apposer le logo de la Société (que vous trouvez sur cet article ; vous avez le choix entre le grand carré, ou le petit bandeau!).

    Les trois fondatrices, c’est à dire Matilda, Marion et moi auront d’autres tâches en plus de celle-ci :

    • Chaque mois nous ferons le point sur les développements de la SSHD (s’il y a développements à remarquer), et ferons un récapitulatif des billets publiés par les membres et nous-mêmes. En les classant en différentes catégories, qu’ils soient livresques, filmesques, picturalesques ou rocambolesques. Ces récapitulatifs mensuels seront ensuite ajouté au sommaire général des membres et des fondatrices auquel vous pouvez accéder grâce à une page spéciale (c’est juste à droite si vous n’avez jamais remarqué).
    • Nous publierons également, à tour de rôle, soit tous les deux mois, soit tous les mois, un récapitulatif des sorties holmésiennes. Que ce soit celles des livres (pastiches, rééditions, nouvelle trad., BD et album), des sorties DVD ou autres.
    • Nous publierons en outre, à loisir, des articles plus « généraux » sur Sherlock Holmes. Que ce soit une biographie de Conan Coyle, une liste de pastiches, un article parlant des différents illustrateurs, traducteurs, ou bien encore des objets originaux et étranges que les holmésiens collectionnent (les sherlockineries).
    • Et si d’aventure notre projet rencontre de l’enthousiasme et que quelques membres s’inscrivent nous feront évoluer les activités de l’association vers de traditionnels SWAP, rencontres, livres voyageurs, discussions multiples et échanges de bon procédés holmésiens.

    On fait comment pour s’inscrire ?

    C’est très simple. Il vous suffit de le signaler sur l’un ou l’autre de nos blogs (dont voici les liens ici et ici, et où un article du même genre est présent).

    Puis de publier vous-mêmes un article sur le sujet en expliquant ce que je viens de vous expliquer, en mettant en liens vers nos blog et en apposant le logo.

    Il faudra ensuite créer une catégorie sur vos blogs qui se nommera naturellement « Le signe des trois : La société Sherlock Holmes des Dilettantes ». Laquelle catégorie sera remplie de vos billets holmésiens (les critiques de livres ne sont pas obligatoirement à mettre dans cette dernière, faites comme vous le sentez).

    Il faudra également, dans le mesure du possible que le logo soit présent dans vos modules et visible afin de faire découvrir l’association au plus grand nombre.

    Et c’est tout ?

    Oui ! Pour ceux qui veulent s’en tenir à cet état de choses c’est tout ce que nous demandons. Mais pour ceux, qui comme nous, sont trop mordus pour se freiner, il y a un niveau supérieur qui ressemble à celui des fondatrices :

    • Hors les billets sut les livres et films, vous pouvez vous aussi faire des articles généraux (voir plus haut), en vérifiant bien sûr que l’on n’aura pas traité le sujet au préalable ou alors que vous apportez une information que l’on aura oublié.
    • Vous pouvez également créer des livres voyageurs sur le thème holmésien et mettre le logo dans vos signatures de forums et harceler vos amis avec notre Société.

    On peut commencer quand ?

    Maintenant.

    Et c’est jusque quand ?

    Jusqu’à la fin de l’éternité, qui comme on le sait est assez longue.

    … Vous êtes encore là ? Filez vous inscrire bon sang de bonsoir !

  • Lewerentz m’écrivait hier dans les commentaires (je vous résume) ne pas avoir trouvé Mademoiselle Else mais avoir pris Mourir du même auteur à la bibliothèque et me demandais si je connaissais. Ma réponse fut non mais que j’allais le lire de suite. Il m’a fallu deux jours car c’est une lecture très très éprouvante (en tout cas pour moi).

    L’histoire est assez simple. Felix apprend qu’il est très malade et qu’il n’a plus qu’un an à vivre. D’après l’introduction de mon édition, la maladie, qui n’est jamais nommé dans le texte serait le mal asthmatique. Pour savoir cela, Felix a été voir un autre médecin que son médecin traitant habituel et néanmoins ami, Alfred (qui pense que son ami peut guérir si il se repose). Felix se retrouve donc à aller s’aérer les poumons. Il n’y va pas avec son ami mais avec Marie sa petite amie.

    Tous les deux sont très amoureux et Marie a décidé qu’elle aiderait son homme jusqu’au bout, même si le bout devait être proche . Dans le lieu de convalescence, il va y avoir une sorte de huis clos entre Marie et Felix. Chacun va alors évoluer ; ils ne resteront plus dans le cadre du petit couple amoureux. Felix tente d’abuser de la générosité de sa compagne, elle essaie de rester patiente même si elle a des moments de haines à son égard. Lui perçoit toutes ces attentions mal. C’est très particulier comme moment car chacun a quelque chose de différent dans sa tête : Marie est dans la position de la garde-malade amoureuse (elle lui dit même qu’elle le suivra jusque dans la mort, ce qui est assez jusqu’au boutiste vu de l’extérieur) et le malade qui réfléchit à ce qu’est la mort. Arthur Schnitzler rend toujours très bien ces moments où la pensée est omniprésente par rapport à une action délaissée. Il nous parle sentiments, rêves et cauchemars. À cette première partie, j’ai été très gênée, beaucoup plus que dans Double rêve qui a inspiré Eyes Wide Shut, car dans cette autre nouvelle le couple n’était pratiquement jamais ensemble. Là, on est en présence d’un huis-clos, où les personnages, dans une situation de crise, sont comme dans une cage, on entend tout ce qu’il pense, tous les sous-entendus qui peuvent se faire. Cela donne cette impression d’être un voyeur. On a envie de les laisser seuls et de les retrouver heureux comme au début. Je crois que c’est pire que toutes les télé-réalités du monde.

    Au retour de ce lieu de convalescence, Felix se sent mieux et ils décident de s’arrêter dans une ville un petit peu. C’est là qu’ils apprennent la mort du professeur qui a prédit la mort de Felix. C’est le moment bascule où finalement les certitudes de Felix vont être ébranlées. Si cet homme n’a même pas réussi à prédire sa mort, il y a peut être une chance qu’il guérisse. Marie est déjà très éprouvé.

    Cela ne va faire qu’empirer. À leur retour, Alfred conseille un repos absolu : il faut donc garder la chambre pendant des mois (on peut devenir infecte dans ce cas là). Marie peut sortir (même si elle ne le fait pas beaucoup) et Felix ne le peut pas. Commence alors une sorte de jalousie, pas contre un autre homme mais contre un monde qui essaie de lui prendre sa petite amie. Felix arrive alors à se dire qu’il peut prendre sa petite amie au monde, et même que cela doit venir avant sa mort à lui, juste avant.

    Dès lors l’enjeu de l’histoire va être de savoir qui de Felix ou de Marie va survivre. J’ai ressenti un sentiment encore pire qu’à la première partie car là, il y a une action qui se déroule sous vos yeux, sans que vous ne puissiez rien faire. C’est comme si vous assistiez à la traque d’un meurtrier. Marie est la souris que Felix doit chasser. Vous continuez à connaître tous les sentiments de l’un et de l’autre et vous n’arrivez pas à aider Marie.

    En fait, c’est une nouvelle très dérangeante car elle vous rend impuissant devant la mort de quelqu’un car vous êtes extérieur à l’action mais aussi à cause de la tension induite par le huis-clos du couple. C’est quelque chose que je n’ai pas ressenti avec Mademoiselle Else car tout au long de la nouvelle, on est en empathie avec le personnage à cause de la technique du monologue intérieur. On arrive à se dire qu’elle ne peut tout simplement pas échapper à son destin.

    Bon, ben maintenant, j’attends l’avis de Lewerentz.

    Références

    Mourir d’Arthur SCHNITZLER – traduction de l’allemand (autrichien) révisée par Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent dans Romans et nouvelles (tome 1) d’Arthur SCHNITZLER (Livre de Poche – La pochotèque, 1994, réédité en 2005)

  • Je vous le dis de suite c’est le meilleur texte de Mary Elizabeth Braddon que j’ai lu jusqu’à présent. On a affaire ici à une courte nouvelle 90 pages où l’auteur utilise son talent pour créer des ambiances propices au meurtre, à l’empoisonnement (et à plein d’autres activités criminels) mais où en plus l’auteur arrive à ne pas dévoiler le fin mot de l’histoire au milieu, voire au début du livre. Ou plus exactement si, elle fait des allusions mais on ne les comprend qu’une fois la fin dévoilée. Au lieu de vous donner mon avis, je vous raconte le début de l’histoire (je vais essayer de ne pas trop en dévoiler) .

    La nouvelle commence par l’enterrement de Martin Carleon (cela fait un peu mafieux italien je trouve), jeune homme de 23 ans, propriétaire de la Ferme-Grise dont l’atmosphère l’a tué, d’après les médecins du coin. Cette ferme est humide, voire très humide. Elle se situe non loin d’une rivière, les terres sont à moitié submergées chaque année. Vous vous doutez que les Carleon ne sont pas vraiment riches mais Martin a toujours aidé son petit frère Dudley. Il lui a notamment payé des études pour qu’il ne devienne pas fermier mais par la force des choses, c’est ce qui va se passer.

    Dans cette lourde tâche, il est aidé par Ralph et Marthe, un frère et une soeur. Mais les amis de Dudley s’inquiètent pour lui. Il est jeune, inexpérimenté donc influençable. En plus, il est d’un aspect maladif et pourrait bien succomber à la même maladie que son frère.

    Je vous le dis, moi, un texte plein de suspens que je n’ai pas pu lâcher !

    Livre lu par Lilly et aussi Allie.

    Livre lu dans le cadre du challenge English Classics de Karine:) et du challenge Mary Elizabeth Braddon de Lou.

    Références

    Le Secret de la Ferme-Grise de Mary Elizabeth BRADDON – traduit de l’anglais par Charles Bernard-Derosne (Labyrinthes, 2004)

    Une biographie de l’auteur chez Allie.

  • Quatrième de couverture

    Violet Juniper, une danseuse de cabaret bien connue à Londres, a été étranglée ! Sherlock Holmes, qui a remarqué sur le lieu du crime des petites traces circulaires, ainsi qu’une forte odeur de poisson, charge le jeune Wiggins de l’enquête. Les choses se compliquent lorsque l’apprenti détective apprend que peu de temps avant sa mort, la jeune femme avait reçu en cadeau un perroquet empaillé, et que l’animal a été dérobé …

    Mon avis

    À mon avis, c’est le première tome de la série au vue de l’introduction qui nous parle du Londres de l’époque (c’est-à-dire 1889 ; je rappelle que Jack l’éventreur c’était 1888) et le premier chapitre qui nous présente le personnage de Wiggins.

    Dans ce billet, je vous disais que je trouvais étrange la manière dont parlait Wiggins pour un garçon de quinze ans. Ben aujourd’hui j’ai changé d’avis. Je crois qu’il s’exprime comme Nestor Burma avant l’heure (en tout cas ce qu’on en montre à la télé parce que je n’ai jamais lu les livres). C’est une sorte d’anachronisme parce que Sherlock Holmes ne s’exprime comme Nestor Burma, alors que le premier est quand même le modèle de Wiggins. Ce qui me dérangeait, ce n’est pas comme je le pensais, ce n’est pas le décalage entre le Wiggins de quinze ans (qu’il a aussi dans ce roman : c’est dit p. 16) et les lecteurs de 10 ans.

    Là encore l’histoire est brillante, le mystère total et le dénouement bien trouvé et original. Même si je mettrais quand même un bémol et demi. Béatrice Nicodème ne cherche pas à confirmer les intuitions du lecteur. Ce n’est pas très clair mais je m’explique : quand Wiggins découvre un indice qui lui indique la solution ou plutôt qui lui dit que son idée est la bonne, l’auteur ne nous en parle pas (on est obligé d’attendre la réunion avec Sherlock Holmes) alors que dans les pages précédentes, elle nous donne des indices pour qu’on puisse proposer notre propre solution. Cela m’a donné l’impression de ne pas être sur un pied d’égalité avec Wiggins (je vous accorde que c’est lui qui a pris tous les risques).

    Ma moitié de bémol, c’est pour l’éditeur (ou pour l’Éducation Nationale si c’est eux qui l’impose) : pourquoi mettre des mots-clés qui décrivent la solution (le cas du livre d’hier) ou des associations de mots qui font qu’on incline vers une solution. Les jeunes lecteurs n’ont pas le droit à un peu de suspens ?

    L’avis de Matilda.

    Références

    Wiggins et le perroquet muet de Béatrice NICODÈME (Souris Noire – Syros, 1993, réédité en 2008)

  • Quatrième de couverture

    On connaît Jonathan Swift (1667-1745) comme l’auteur des Voyages de Gulliver. On connaît moins, en revanche, le féroce pamphlétaire, d’un humour et d’une radicalité que les situationnistes n’auraient pas reniés. Puisque chacun doit contribuer à la richesse commune, il pousse la logique à son terme : les pauvres et leurs enfants doivent être réinsérés dans le cycle économique ; la mendicité doit être rationalisée. Quitte à ce que cela soit de la plus folle manière.

    Mon avis

    Le litre complet de la première nouvelle est Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres d’être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public.

    Jonathan Swift, en proposant que l’on mange une majorité des enfants d’un an, la nourriture étant payé au parent pendant cette année, proposition volontairement grotesque, cherche à attirer l’attention sur ce qui se passe en Irlande au moment où il écrit. Il sait à mon avis pertinemment qu’en proposant des idées consensuelles sur l’éradication de la pauvreté, personne n’écoutera et surtout n’agira. Avant de lire cette nouvelle, j’avais lu des critiques qui insistaient sur le point de vue farfelu et grotesque sans indiquer la teneur militante du propos. L’auteur donne d’ailleurs le pays fautif de ce qui se passe en Irlande : c’est l’Angleterre et explique comment on en est arrivé là.

    Quelques extraits :

    En ce qui me concerne, je me suis épuisé des années durant à proposer des théories vaines, futiles et utopiques, et j’avais perdu tout espoir de succès quand, par bonheur, je suis tombé sur ce plan qui, bien qu’étant complètement nouveau, possède quelque chose de solide et de réel, n’exige que peu d’efforts et aucune dépense, peut être entièrement exécuté par nous-mêmes et grâce auquel nous ne courrons pas le moindre risque de mécontenter l’Angleterre. Car ce type de produit ne peut être exporté, la viande d’enfant étant trop tendre pour supporter un long séjour dans le sel, encore que je pourrais nommer un pays qui se ferait plaisir de dévorer notre nation, même sans sel.

    Je conjure les hommes d’État qui sont opposés à ma proposition, et assez hardis peut-être pour tenter d’apporter une autre réponse, d’aller auparavant demander aux parents de ces mortels s’ils ne regarderaient pas aujourd’hui comme un grand bonheur d’avoir été vendus comme viande de boucherie à l’âge d’un an, de la manière que je prescris, et d’avoir évité ainsi toute la série d’infortunes par lesquelles ils ont passé jusqu’ici, l’oppression des propriétaires, l’impossibilité de régler leurs termes sans argent ni travail, les privations de toutes sortes, sans toit ni vêtement pour les protéger des rigueurs de l’hiver, et la perspective inévitable de léguer pareille misère, ou pire encore, à leur progéniture, génération après génération.

    Le deuxième texte est moins marquant. Il est intitulé Proposition d’attribution d’insignes aux mendiants de toutes les paroisses de Dublin par le doyen de Saint-Patrick. Jonathan s’approprie l’idée, dans l’idée de mieux en prouver l’absurdité, que chaque paroisse doit s’occuper uniquement de ses propres pauvres et pas de tout ceux qui arrivent sur leur territoire. Ils faut donc les marquer avec des insignes. Le texte est moins percutant car il y a moins l’idée choc pour marquer les esprits. De même le texte est moins inspiré, plus didactique.

    Livre lu dans le cadre du challenge « English Classics » de Karine:)

    Références

    Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres d’être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public suivi de Proposition d’attribution d’insignes aux mendiants de toutes les paroisses de Dublin par le doyen de Saint-Patrick de Jonathan SWIFT – traduction de l’anglais par Lili Sztajn et Thierry Gillyboeuf – postface de Gilles Tordjman – illustrations de Marion Bataille – couverture de Olivier Fontvieille (éditions Mille et une nuits, novembre 1995 – septembre 2001, réédité en 2009)

  • Quatrième de couverture

    Dans l’ombre de Sherlock Holmes, Wiggins rêve de devenir un grand détective. Quand sa mère est accusée à tort d’avoir volé des objets de valeur chez le comte et la comtesse Brazenduke, Wiggins court à son secours. Ses soupçons se portent bien vite sur Marjorie, la fille des Brazenduke, qui semble avoir de drôle de fréquentations. C’est le début d’une filature mouvementée …

    Mon avis

    J’ai découvert ces pastiches de Sherlock Holmes chez Matilda dont vous pouvez trouver l’avis sur le livre ici. Ils décrivent les aventures de Wiggins, le plus connu des irréguliers de Baker Street (en français dans le texte). Pour ce livre plus particulièrement, on peut porter deux regarder : celui de l’enfant et celui de l’adulte.

    Celui d’un enfant en fin de primaire : le scénario est bien tourné, une progression dans l’histoire assez inattendue. Béatrice Nicodème pose rapidement le problème et passe donc très vite à l’action. De plus, le livre est court (pourquoi laisse-t-on Gueule de Bronze en liberté alors qu’il est le méchant, j’aimerais bien le savoir). Je me rappelle très bien que c’est ce que j’aimais à cette époque là (100 pages c’était bien, 200 ça allait, plus de 250 c’était trop). Le style est agréable et sympathique. Ce qui m’a fait rire c’est le fait que l’auteur n’insiste pas trop sur le côté un peu sulfureux de Sherlock Holmes. Alors qu’on est dans la période où Watson est parti de Baker Street pour se marier, Sherlock pour se maintenir éveiller la nuit fume et boit du café.

    Celui d’un adulte : Wiggins est censé avoir quinze ans dans l’histoire et parle comme un enfant de dix ans avec un langage très imagé. Cela rend la narration moins crédible car il habite tout seul à Whitechapel et travaille depuis longtemps, sa mère est fille de cuisine dans une grande maison. À quinze ans, on pourrait penser qu’il est déjà adulte. Ce qui ne se sent pas dans le livre puisque l’histoire est justement raconté pour des enfants. L’histoire en elle-même n’est pas dans la lignée de celles racontées par Watson car elle raconte comment Holmes sauve plus ou moins l’Angleterre alors que Watson n’en parle pas, comme si c’était très secret : il sous-entend c’est tout.

    En conclusion, je dirais que ce sont de bonnes histoires mais qui laisse un adulte un peu sur sa faim : c’est normal ce n’est pas fait pour eux.

    Références

    Wiggins et la ligne chocolat de Béatrice NICODÈME (Souris noire / Syros, 1995 et réédité en 2010)

  • Quatrième de couverture

    Un corps de cycliste dans la descente du Tourmalet : tel est le sujet de ce huis-clos crânien. Entre « Les Choses de la vie » et « Voyage autour de ma chambre » (de réanimation), Tourmalet est un livre initiatique qui côtoie les confins et cherche l’âme près de l’os. Fracturé, blafard et lapidaire, le style psalmodique vécu en est celui du coma – qui est aussi un vide musical. Ode au col mythique pyrénéen dont on commémore le centenaire du franchissement à vélo, la course-poursuite immobile Tourmalet est une célébration de l’Accident comme sacré.

    Dix ans après La route des Gardes, Bayon revit ici la terrible chute de vélo qu’il fit dans la descente du célèbre col. Plus qu’un accident, c’est une « évènement », une traversée de la vie, de la mort, de la mémoire. Un livre d’os et de mots, de nausée et de migraine, mais aussi de vent et de grand sud ouest.

    Première page

    Je pense souvent à la mort, très souvent, tout le temps – au travail, la nuit en dormant ou faute de dormir, le jour courant ou marchant, dînant, lisant, devisant avec le président de la République, riant, rêvant, aimant, sifflotant, sans cesse ou presque. Dans cet état de mort suspendue qu’est ma vie, j’ai songé cet été 2009 à expédier un de mes cadavres vivants en le publiant, trêve de dandysme littéraire abstinent, de silence « à quoi bon ».

    Les faits remontent à l’automne 1998, dix mois plus tard mon frère aîné (notre cadet mort une nuit d’Afrique verte 1953 à cinq mois sous nos yeux) se tue volontairement en se pendant haut et court un jour de solstice d’été à l’aube dans un box – quand je lis que la mort s’occupe …

    J’avais renoncé à livrer cette prémonition pour une raison curieuse ; c’est que s’y joue la deuxième fracture du crâne de ma vie, mon deuxième TC + PC comme dit la Faculté (« traumatisme crânien avec perte de connaissance ») après certain coma meudonnais de 1970 – rapporté dans le roman autobiographique motorisé La route des Gardes, sorti justement quelques semaines avant ma réédition du virage de Caderolles. À la réflexion, je verrais là au contraire une raison spécifique d’exhumer ces impressions osseuses démantibulées, ces fragments d’une descente pure à la mort. Certes ravalée au rang d’anecdote par le suicide fraternel à suivre, sans recours lui, donc réellement tragique – si l’on veut (au fond indifférent, comme absolument tout) -, c’est une expérience coûte que coûte assez inédite.

    Plus tard, ou parallèlement, pourquoi pas un diptyque du « petit bonheur » ; sans compter La Rivière circulaire qui flâne, au risque de se tarir. En attendant, comme amorce à ce qui devrait se constituer en trilogie du corps tourmenté, hystérique, entaillé, rompu et repris, voilà Tourmalet, ou Le Virage de Caderolles – ainsi titré d’origine pour ce que ce qui s’y enfonce vaut extirpation, réminiscence, en rechute comme on dit des maux, d’un travers.

    Mon avis

    J’ai découvert ce livre grâce à l’émission littéraire Jeux d’épreuves de France culture. Je l’ai commandé à la maison de la presse de ma ville. Je suis allée le chercher et en remontant chez moi (parce que oui j’habite en haut d’une côte), je l’ai ouvert. J’ai mis du coup beaucoup de temps à remonter parce que j’ai été bouche bée par le style, par le sentiment que pour Bruno Bayon l’écriture n’est pas une chose vaine mais une chose nécessaire. On a donc l’impression qu’il a besoin de sortir cela de lui pour continuer à vivre.

    Dès les premières pages, on ressent une certaine oppression, une incompréhension qui on l’espère va se lever au fur et à mesure du livre. Il y a cinq chapitres appelés T, C, +, P, C, correspondant à une période où il est en fait dans le coma ou en subit les conséquences. Les cinq chapitres racontent la même. C’est ce que la quatrième de couverture appelle la psalmodie. Bruno Bayon fouille dans sa tête embrumée par le choc pour savoir ce qui c’est passé. Ce n’est pas toujours la même version, parfois on voit apparaît la famille de manière un peu flou, un peu embrouillé. Le style est heurté, sanglant. L’auteur arrive à communiquer ce qu’il a ressenti au moment sa convalescence. C’est une partie du livre qui est vraiment intense, que l’on vit dans notre chair même.

    Ensuite, il y a un épilogue où l’auteur a retrouvé les témoins qui l’on secouru lors de sa chute. Ce qui est intéressant c’est qu’il y a deux témoins et que les deux versions ne concordent pas. Bruno Bayon ne conclu pas vraiment, ne tranche pas mais finalement, je pense que l’impression que l’on a est que l’histoire n’est pas importante, que l’important est de continuer à vivre. Le coma n’est qu’une étape. Il est à noter que j’ai parlé de ce livre comme dans une autobiographie alors que le livre est annoncé comme un roman. Cela renforce un certain mystère par rapport à ce livre dont on ne comprend pas forcément tous les tenants et les aboutissants.

    En conclusion, j’ai beaucoup aimé le style de l’auteur. Ce ne sera donc pas mon dernier Bayon à mon avis. Le prochain ce sera La route des Gardes car il y est fait plusieurs fois allusions dans ce Tourmalet. Notamment parce que le coma du Tourmalet ressuscite les lésions pyschologiques et physiques du précédent coma (notamment la trépanation).

    Références

    Tourmalet de Bruno BAYON (Grasset, 2010)

  • Quatrième de couverture

    Nous sommes dans la Vienne du début du siècle dernier. Albertine et Fridolin forment un couple uni. Cet équilibre qui paraît solide, cette harmonie qui paraît durable vont basculer un soir de carnaval, où des inconnus derrière des masques révèlent de fa »con furtive à ce couple un instant séparé par la foule qu’il existe une autre vie, plus risquée mais aussi plus scintillante que celle qu’ils mènent depuis des années : la vie des désirs.

    Écrite en 1925, cette longue nouvelle qui explore avec virtuosité la sensualité, le désir et l’autonomie de la sexualité, a inspiré Kubrick pour son dernier film : Eyes Wide Shut (1999).

    Mon avis

    Bien sûr, je n’ai jamais vu Eyes Wide Shut ; ma lecture s’est donc faite sans a priori positifs ou négatifs. Un couple petit bourgeois, Albertine et Fridolin, avec une petite fille de six ans, vivent de manière routinière. Un jour, ils rentrent d’un bal masqué où chacun s’est fait abordé par une personne du sexe opposé. Fridolin s’est fait abordé mais rapidement abandonné : il a du partir à la recherche des deux personnes qui sont venues vers lui. Albertine a elle abandonné l’homme qui l’avait abordé en voyant son mari seul. Chacun a alors plus ou moins ressenti une pique de jalousie, ou plutôt un regain d’intérêt envers l’autre. En revenant chez eux, ils décident de se dire les aventures rêvées qu’ils ont eu. Les deux racontent des faits qui se sont passés au Danemark lors de leurs dernières vacances.

    Albertine voulait aborder un homme inconnu à la table à côté d’eux. Fridolin lui a vu une jeune fille nue sur laquelle il fantasme. L’impression que l’on a c’est que Albertine ressent elle une envie nouvelle à l’égard de Fridolin tandis que Fridolin est lui jaloux. Il doit ensuite sortir pour soigner un malade en pleine nuit (car il est docteur).

    Quand Fridolin arrive, le patient est mort mais sa fille lui annonce qu’elle l’aime malgré le fait qu’il est fiancé. Le voilà tout décontenancé. Dans la rue, il se fait aborder par une prostituée ; il monte avec elle mais ne couche pas. Puis il s’arrête dans un café ; il retrouve un ancien camarade Nachtigall, devenu pianiste. Celui-ci lui parle de soirées costumées un peu curieuses (qui ressemblent à des orgies sexuelles). Fridolin arrive à se faire inviter après avoir beaucoup, beaucoup insisté. Cependant, il doit trouver une robe de bure. Le voilà donc parti à une heure du matin dans un magasin de costume où il croise une jeune fille qu’il lui fait beaucoup d’effets. Puis arrivé à la soirée, il se fait démasquer mais aussi sauver par une femme mystérieuse qui parmi toutes les femmes qu’il a rencontré lui fait la plus forte impression.

    Revenu chez lui au petit matin, il réveille sa femme Albertine qui lui parle d’un rêve qu’elle a fait où elle faisait maltraiter Fridolin alors qu’elle vivait l’extase avec son amant. Fridolin le vit très mal et parle carrément de désamour entre lui et sa femme. Il essaye alors dans la journée de revivre cette nuit. La fille du malade ne lui refait pas de déclaration et part vivre avec son fiancé. La prostituée est à l’hôpital suite à une infection sexuellement transmissible. La fille du marchand de costume est avec un autre. La femme de la soirée est elle retrouvée morte (sûrement par sa faute puisqu’elle a du payer le fait qu’il se soit fait démasquer). De même, son ami pianiste a été amené à la gare manu militari. Il revient chez lui où finalement les deux époux décident de garder pour eux leurs rêves. Le dialogue de fin et le suivant :

    – Être reconnaissants envers le destin, je crois, d’être sortis indemnes de toutes ces aventures – réelles autant que rêvées.

    – Tu en es vraiment sûre ?

    – Aussi sûre que je pressens que la réalité d’une nuit ou même celle de toute une vie ne peut être l’intime vérité de quelqu’un.

    – Et aucun rêve n’est totalement un rêve.

    – Nous voilà sans doute éveillés maintenant pour longtemps.

    La nouvelle insiste à mon avis sur plusieurs choses : l’importance à cette époque du rêve et de la vie rêvée (Freud …) (la nouvelle a été écrite en 1925), la différence entre hommes et femmes et ce que chacun peut attendre du mariage. L’homme est dans l’action et attend de sa femme qu’elle soit à sa disposition : il s’attend même à contrôler ses rêves et fantasmes. Tandis que la femme n’éprouve aucun sentiment de jalousie, reste dans une posture détachée de la vie. Elle s’occupe de sa famille et c’est tout. Finalement, en décidant de se raconter leurs rêves, les deux époux renient la dernière chose qui appartient à la femme. La question que je me suis posée : c’est l’aspect autobiographique.

    La nouvelle est surtout écrite du point de vue de Fridolin, ce qui donne encore plus cette impression qu’Albertine est extérieure à l’extérieur.

    En conclusion, plutôt pas mal et n’a pas l’aspect sulfureux que l’on peut penser vu l’écho médiatique qui a été celui d’Eyes Wide Shut.

    Un autre avis

    Celui de Carol[line].

    Références

    Double Rêve d’Arthur SCHNITZLER – traduit de l’allemand et préfacé par Pierre Deshusses ( Rivages poche / petite bibliothèque, 2010)

    Le titre de cette nouvelle est traduit aussi par La Nouvelle rêvée.

  • Quatrième de couverture

    Une jeune fille belle et séduisante hérite de son oncle à la seule condition qu’elle épouse le fils adoptif de celui-ci. Elle s’y résigne, poussée par son tuteur en qui elle a une entière confiance. Son mariage se solde par un échec, son mari, loin de lui laisser jouir de la fortune héritée, la prive de toute ressource. Une secret lie son mari à l’ex-tuteur de sa femme et pèse de façon durable sur leur vie.

    Mais, bien évidemment, comme à l’instar de nombre des histoires que raconte l’auteur, les protagonistes portent des masques et l’infâme n’est pas toujours qui l’on croit.

    Mon avis

    Il fait beaucoup trop chaud pour faire de long avis. C’est la première nouvelle de Mary Elizabeth Braddon que je lis après trois romans. Autant dans les romans, je suis d’accord que l’ambiance est primordiale, l’intrigue est secondaire puisque les livres de Mary Elizabeth Braddon ne sont pas vraiment supposés être des livres à suspens. Mais pour des nouvelles, c’est l’intrigue qui est primordiale ! Le fait de faire dire, comme à un enfant, au milieu des 80 pages, à une personne que l’on suspecte déjà fortement d’avoir mal agit, « imagine, si quelqu’un de proche toi avait fait tels choses, est-ce que tu trouverais ça grave » gâche un peu tout (et pourtant c’était plutôt bien parti). L’ambiance y est. Mais là c’est une nouvelle tout de même !

    Pour le coup, c’est vraiment une lecture détente pour passer un bon moment mais à mon avis on l’oublie plus vite que les romans du même auteure.

    Livre lu dans le cadre du challenge Mary Elizabeth Braddon de Lou et du challenge English Classics de Karine:)

    Un autre avis

    Celui de Loula.

    Références

    L’aveu de Mary Elizabeth BRADDON – traduction de l’anglais revue et corrigée par Madeleine Jodel (Éditions Joelle Losfeld, 2002)

  • Je vous l’ai peut être déjà dit ou peut être pas mais à chaque fois que je reviens d’une librairie avec un livre sur, avec ou où on parle de Sherlock Holmes, mon père me dit « encore un livre sur Sherlock Holmes ! Mais ils en publient combien par an ? Ils en ont pas marre ». Ma réponse en général est « tu ne te rends pas compte » ou sinon, parfois je rentre en catimini pour cacher mon nouveau livre holmésien (surtout quand c’est le deuxième du mois, j’essaye d’être discrète même si c’est moi qui paye mes livres il peut y avoir des représailles parce que lui préfère Agatha Christie).

    Bien sûr, ici, ce n’est pas faut si je me suis retrouvée obliger de le prendre à la librairie parce que je ne savais même pas que cette bd existait. C’est la libraire qui me l’a mis en évidence dans le rayon (faut dire qu’il venait juste de sortir : c’est le hasard qui fait bien les choses).

    J’ai aimé bien évidemment. Le scénario est génial car il suit à peu près la nouvelle d’Arthur Conan Doyle (si vous avez besoin que je vous le raconte, dites le moi dans les commentaires, je le ferai avec plaisir). Je pense que si cela n’avait pas été le cas j’aurais crié à l’arnaque.

    Pendant toute ma lecture, je me suis demandée pourquoi le dessin et les couleurs me semblaient si particulier. C’est un peu dans la veine des comics américains à mon avis. Les personnages sont un peu taillés à la serpe, comme une caricature mais les traits ne sont pas si exagérés que ça en fait. Le trait et les couleurs sont franches. Cette impression de comics est explicable. Il s’agit de la traduction d’une bd anglaise, et en plus et c’est là la bonne nouvelle : c’est le début d’une série (bientôt il y aura déjà quatre tomes et deux traduits en français).

    C’est ce qui donne finalement un charme si particulier, un charme britannique, à cette bande dessinée. J’ai trop hâte qu’il y ait les autres tomes (peut être que je les lirai en anglais ; c’est juste pour perfectionner mon anglais et c’est donc pour la bonne cause).

    Références

    Le chien des Baskerville – adaptation du roman de sir Arthur Conan Doyle – illustré par I.N.J. CULBARD – adapté par Ian EDGINTON (Akileos, 2010)