Quatrième de couverture
Ceci est un récit extraordinaire, comme il en existe peu dans l’histoire de la littérature. Doublement extraordinaire même : la découverte d’un manuscrit caché n’est déjà pas banale… mais lorsque celui-ci révèle l’existence réelle de l’un des personnages de roman les plus célèbres, voilà qui a de quoi laisser pantois.
Ce journal retrouvé, tenu par le géologue Ugo Pandolfi, apporte en effet la preuve formelle que Sherlock Holmes fut bien un être de chair et d’os et qu’il eut maille à partir, bien avant que Conan Doyle ne lui octroie l’éternité littéraire, avec le Napoléon du crime : l’infâme Moriarty.
L’aventure du détective sur les routes et les chemins de Corse où son flair l’a mené nous est contée jour après jour par Ugo Pandolfi qui le côtoya et lui servit de guide – ne l’avait-il point déjà été pour son ami Maupassant quelques années auparavant ?
Chaque lieu, chaque rebondissement joyeux ou dramatique, sont l’occasion de découvrir une île que les grands romantiques du XIXe siècle disaient tragique, mais aussi de percer le mystère d’une grande figure dont on perçoit enfin une épaisseur humaine et une sensibilité que l’on ignorait… un Sherlock Holmes aux prises avec ses pires phantasmes !
Mon avis
J’ai été déçue par ce livre. Voilà c’est dit.
Pour ce qui concerne la partie Sherlock Holmes, en faire un sniper ou bien un enquêteur du Ministère de l’Agriculture m’a laissé dubitative. C’est original bien sûr mais assez mal exploité. Un sniper par définition attend et son attente ne nous est pas épargnée (vingt jours, imaginez). Sherlock n’attend pas tout seul, il est avec deux autres policiers et Ugo Pandolfi. Mais il ne se passe rien à part les repas. Je pense qu’en vingt jours ils ont du goûter toutes les spécialités corses. Une fois que Sherlock a tué son bonhomme, le voilà parti pour enquêter sur une histoire de moutons qui est déjà résolu (en tout cas c’est ce que j’avais cru comprendre ; arrivée à la page 230 je pense, Sherlock fait comme si il venait de découvrir la résolution alors qu’il y a déjà 70 pages que l’on a compris). La dernière partie, quand Ugo est à Londres, est intéressante mais n’a rien à voir avec la soupe.
Ce qui aurait pu être intéressant c’est la visite de la Corse en compagnie de Sherlock Holmes. Je crois que c’est loupé pas par la faute de l’auteur, du « compilateur du texte » (l’arrière petit neveu de Ugo Pandolfi) ou du dessinateur mais plutôt de l’éditeur. Mettre une carte de la Corse pour la pauvre fille qui n’a jamais été dans l’île, cela aurait pu être intéressant, privilégier les dessins représentant les paysages de la Corse, cela aurait pu être pas mal non plus. Le côté pittoresque (des romans de Prosper Mérimée), les habitants de la Corse (en tout cas comme je me les imagine à cette époque) et la gastronomie sont par contre très bien rendus. Je pense que pour des gens qui sont allés en Corse, cela doit être rigolo de se remémorer les lieux avec Sherlock Holmes dedans.
L’idée de base : l’arrière petit neveu qui découvre les textes de son arrière grand oncle, témoin de l’existence de Sherlock est excellente et originale et est très bien exploitée au fil du roman (pour une fois que ce n’est pas un récit oublié dans la malle de Watson). En particulier, les notes de bas de pages, même si fastidieuses à lire, sont intéressantes, très documentées et parfois très drôles.
Ces points positifs font que ce livre m’a déçu car ils laissaient présager quelque chose qui aurait pu être mieux (notamment avec moins de longueurs : je ne me suis toujours pas remise de l’attente avec le sniper).
L’avantage est que cela donne envie de lire les récits corses de Guy de Maupassant.
Références
La vendetta de Sherlock Holmes de Ugo PANDOLFI – édition établie et présentée par Jean PANDOLFI-CROZIER – illustrations de Jean-Pierre CAGNAT (Albiana, 2010)