Cecile's Blog

  • Quatrième de couverture

    Au bord du lac rose, Lénie et Yêté se sont connus et aimés. Pour la jeune femme, l’homme se fait conteur, tissant autour d’elle un filet de récits. Et parmi ceux-ci, celui de Samori, le Conquérant, le chef du sabre. Plus tard, lorsque Yêté partira, Lénie fera de l’histoire de Samori sa quête presque mystique.

    Dans les traces du combattant légendaire, du chef de guerre qui conquit le Haut-Niger avant d’être défait par les troupes françaises, Lénie voit l’image de Yêté ; le même courage, la même folie habitent ces deux hommes. L’un et l’autre étant, chacun à sa manière et en son temps, les héros d’une Afrique combattante.

    Mon avis

    Ce livre m’a enchanté tout simplement. Pour plein de raisons. D’abord pour la très belle histoire d’amour entre Lénie et Yêté. Ensuite pour le portrait de l’Afrique qui est dressé : honnête, sans misérabilisme, combattante. Et encore, pour m’avoir fait découvrir l’histoire de Samori.

    Ce qui m’a cependant le plus surprise c’est l’écriture. Encore une fois c’est ce que j’ai remarqué parce qu’elle est particulière. C’est une voix qui sort du livre, qui sort des « temps ancestraux », pleine de sagesse. Cela donne un côté impressionant (qui peut être grandiloquent pour certains à mon avis), un côté mystique aussi. C’est la première fois que je rencontrais ce type d’écriture. Et franchement c’est une belle rencontre.

    Il est à noter que Tanella Boni a un site internet, où on peut se rendre compte de son travail.

    Livre lu dans le cadre du safari littéraire de Tiphanya.

    Références

    Les baigneurs du lac Rose de Tanella BONI (Le serpent à plumes – collection Motifs, 2002)

  • Quatrième de couverture

    C’est l’histoire d’une rupture amoureuse, une nuit, à Tokyo. C’est la nuit ou nous avons fait l’amour ensemble pour la dernière fois. Mais combien de fois avons-nous fait l’amour ensemble pour la dernière fois ? Je ne sais pas, souvent.

    Mon avis

    Comme le dit la quatrième de couverture, c’est l’histoire d’une rupture amoureuse à Tokyo. En partant de Paris, le narrateur et Marie savaient qu’ils allaient rompre mais ils ont préféré le faire à Tokyo. Pourquoi ?! Peut être parce que Marie avait 140 kilos de bagages et que c’est dur à porter toute seule.

    Ils couchent ensemble pendant un tremblement de terrre. Au même moment ils reçoivent un fax (on leur annonce sur la télévision de la chambre d’hôtel), ce qui coupe toute envie au narrateur. C’est la consommation de la rupture dirons-nous. Après ils vont devoir se le dire. Cela termine la première partie. Ensuite, dans la deuxième partie, le narrateur va chez Bernard à Kyoto pour se remettre. Qui est Bernard ? Je n’en sais absolument rien. Et cela me fait peur parce que j’ai l’impression que je vais devoir lire Fuir et La vérité sur Marie (les deux volumes suivant de la vie de Marie et du narrateur) pour pouvoir savoir qui est Bernard. Cette histoire ne m’a pas vraiment passionné. À part l’histoire de l’acide chlorhydrique. Parce que la première page c’est ça :

    J’avais fait remplir un flacon d’acide chlorhydrique, et je le gardais sur moi en permanence, avec l’idée de le jeter un jour à la gueule de quelqu’un. Il me suffirait d’ouvrir le flacon, un flacon de verre coloré qui avait contenu auparavant de l’eau oxygénée, de viser les yeux et de m’enfuit. Je me sentais curieusement apaisé depuis que je m’étais procuré ce flacon de liquide ambré et corrosif, qui pimentait mes heures et acérait mes pensées. Mais Marie se demandait, avec une inquiétude peut-être justifiée, si ce n’était pas dans mes yeux à moi, dans mon propre regard, que cet acide finirait. Ou dans sa gueule à elle, dans son visage en pleurs depuis tant de semaines. Non, je ne crois pas, lui disais-je avec un gentil sourire de dénégation. Non, je ne crois pas, Marie, et de la main, sans quitter des yeux, je caressais doucement le galbe du flacon dans la poche de ma veste.

    En lisant, cela je me suis dis : « Chouette, cela va être un roman un peu barré. Cela va me changer ». Mais au final, c’est glauquissime (pourtant la copine de mon frère m’avait prévenu). Sauf la première page et la dernière phrase. Au passage, Monsieur Toussaint m’a fait révisé mes cours de chimie. Dans mes souvenirs, ce petit liquide était incolore voire jaune très pale. Sinon il n’était pas pur.

    Je vous fais cette remarque là parce que j’ai admiré (pas moins) dans ce livre c’est l’écriture chirurgicale de Jean-Philippe Toussaint. Pas de place à l’imagination, à une approximation (alors une minuscule erreur comme cela). Rien, c’est comme si vous aviez une caméra braquée sur la scène. Un exemple :

    L’eau de la piscine était immobile dans la pénombre, seules brillaient dans le noir les rampes argentées recourbées des escaliers d’accès au bassin. Je fis quelques pas le long du bassin et ôtai mon tee-shirt, que je posai pensivement sur le bras d’un transatlantique. Je déboutonnai mon pantalon et le descendis le long de mes cuisses, soulevai un pied pour le faire glisser le long de mon mollet, puis l’autre, précautionneusement, pour me libérer du vêtement. Je me déchaussai et me dirigeai entièrement nu vers le bassin, sentant le contact tiède et humide des froncements caoutchouteux du revêtement sous la plante de mes pieds. Je m’assis au bord de l’eau, nu dans la pénombre, et, au bout d’un moment, tout doucement, je me laissai glisser à la verticale dans le bassin – et le tourbillon de tensions et de fatigues que j’avais accumulés depuis mon départ de Paris parut se résoudre à l’instant dans le contact de l’eau tiède sur mon corps.

    En conclusion, une lecture en demi-teinte. Mais quelque chose me dit que je n’ai rien compris à ce livre de Jean-Philippe Toussaint. En effet, c’est le premier livre que je lis de lui et la critique insérée à la fin du livre nous situe ce Faire l’amour comme un livre charnière entre deux périodes. Et qu’en plus, on gagne à lire les deux autres tomes parus. On comprend mieux. Peut-être que c’est ce qui m’a manqué : le recul qui me permet de voir le livre dans l’oeuvre et pas comme un volume égaré.

    Livre lu dans le cadre du prix littéraire des blogueurs. Vous pourrez donc retrouver d’autres avis ici !

    Références

    Faire l’amour de Jean-Philippe TOUSSAINT (Éditions de Minuit – collection Double, 2009)

    Edit du 22/09/2010 : livre lu dans le cadre du challenge Littérature Belge chez Reka.

  • Si, si, finalement, en ce moment, j’aime certains livres comme celui-ci. J’ai trouvé cette idée de lecture sur le blog de Mollat : c’est un tout petit texte, seulement cinquante pages mais il a réjouit ma journée. C’est le type de livre qui vout met des petites étoiles dans les yeux. Il a été écrit par un libraire breton et il parle de son métier, de ses rencontres. Plus exactement, de deux, une pour chaque nouvelle.

    Catalène Rocca arrive un jour à la librairie et demande un livre dont elle connaît l’auteur, Wilfried Colomb Aberath, et l’histoire. Le libraire tombe amoureux de la jeune femme et va tout faire pour retrouver ce livre.

    On peut résumer la deuxième nouvelle par une seule question : êtes-vous capable de (re)connaître les auteurs des livres que vous lisez ?

    C’est écrit sobrement et surtout magnifiquement. En plus, ce sont des nouvelles comme je les aime : avec des chutes.

    Si ce livre vous passe entre les mains, n’hésitez pas à le lire !

    Références

    Catalène Rocca suivi de L’homme au manteau de pluie de Jean-François DELAPRÉ (La table ronde, 2010)

  • Quatrième de couverture

    Lady Lisle abandonne celui qu’elle aime pour un homme plus riche. À la mort de son mari, elle retrouve son ancien amant …

    Ainsi commence ce « thriller » où les liens qui se tissent entre les personnages semblent inaxtricables : les passions, les trahisons, les crimes, les usurpations d’identité conduisent le lecteur de rebondissement en rebondissement.

    Mon avis

    Quand je vous disais qu’en ce moment je n’aimais rien, même Mary Elizabeth Braddon me déçoit (c’est bien quand même mais c’est pas aussi bien que d’habitude). C’est le troisième de cette auteur que je lis, après Le secret de Lady Audley et Aurora Floyd et c’est le plus condensé des trois : seulement 280 pages. Ce n’est pas dû à une histoire moins riche mais à une différence dans l’écriture : Braddon ne fait plus de trait d’humour ! Si les anglais commencent à ne plus être drôles, où va-t-on, ma pauv’ dame ???

    Parce que ça oui des rebondissements il y en a et plus d’un. Lady Lisle, éprise du capitaine Walsingham, épouse Sir Reginald Lisle et délaisse le beau capitaine qui s’enfuit en Inde mais qui revient dès qu’il apprend le décès de son rival pour épouser Lady Claribel Lisle. Entre temps, elle a eu un enfant à la constitution fragile : Sir Rupert. Elle épouse donc le capitaine Walsingham mais là arrive le major Granville Varney, ancien ami des Indes du capitaine (qui visiblement a un secret que le major connaît et qu’il utilise pour le faire chanter). Le major remarque tout de suite la ressemblance entre sir Rupert et le fils des gardiens de Lislewood Park. Pour hériter de la fortune de Sir Rupert (ou plutôt extorquer sa fortune), le major met en place une histoire inspirée de celle de l’homme au masque de fer. Ce n’est que le début de l’intrigue !

    Parce que oui, à mon avis, trop d’intrigue tue l’intrigue ! Vous n’avez même pas le temps de souffler qu’un nouveau truc se passe et finalement, on en perd un peu le charme de la littérature anglaise de cette époque. C’est triste. Ce qui donne cette impression de rytme effrené c’est les nombreuses ellipses. Cette histoire se passe au moins sur 16 ans et on a la légère impression que tout ce qui est important se passe sur trois jours.

    Pour être honnête, les nombreuses fautes de traduction, de typographie ont gaché ma lecture (même si j’en fais plein aussi). Parce que oui, ou et où ce n’est pas la même chose, que 7 + 14 ne font pas 28 mais plutôt 21.

    En conclusion, c’était plutôt bien mais Mary Elizabeth Braddon tu peux mieux faire !

    Livre lu dans le cadre du challenge Mary Elizabeth Braddon de Lou, du challenge English classics de Karine:) et du The Portait of a Lady Swap de Lou et Titine !

    Références

    Lady Lisle de Mary Elizabeth BRADDON – traduction de l’anglais revue et corrigée par Madeleine Jodel (Éditions Joelle Losfeld, 2001)

  • Présentation de l’éditeur

    Une jeune fille indomptée vit en haute montagne dans la splendeur d’un grand paysage immaculé, entre son amant vierge du monde, ses chiens de traîneau et le petit commerce de ses parents.

    Avec, brûlant au fond d’elle, le souvenr d’un séducteur tombé un beau jour en hélicoptère pour un reportage dans la région. Le séducteur revient et … rien ne sera plus comme avant.

    La Dameuse est l’histoire d’un amour absolu – et d’une victoire éclatante de la vie.

    Mon avis

    C’est un texte que j’avais repéré il y a longtemps sur deux blogs : chez Laure et chez Nina. Alors quand il a été question de faire un petit tour au stand Zulma au salon du livre … Je remercie beaucoup ces deux blogueuses parce que ce texte m’a beaucoup, beaucoup plu (dans une période où je n’aime pas tous les livres que je lis, c’est toujours ça de pris).

    Je ne connaissais pas Alina Reyes dont le style habituel est plutôt l’érotisme. Ici, il y a quand même des pages où je me suis sentie rougir mais je crois que ces pages étaient nécessaires. En effet, la narratrice de 17 ans vit une vie de « sauvageonne » dans les Pyrénées. Dans un environnement que l’on pourrait qualifié de pur et immaculé (le blanc de la neige) et un jour elle va se faire violer par un homme, qui agissait sous les ordres d’un autre homme dont elle croyait être aimé. Tout cela le soir de Noël. Mais le matin elle venait de faire l’amour avec Baptiste, l’homme immaculé de la présentation de l’éditeur (associé donc à la montagne). Le livre c’est l’opposition entre ces deux mondes, entre ces deux types d’ »amour ». C’est aussi ce que va entreprendre la narratrice pour retrouver son monde à elle et surtout comment elle va réussir.

    Ce qui m’a enchanté c’est l’écriture d’Alina Reyes qui fait de ce court texte (une cinquantaine de pages) un concentré de violence, de tension, de vie, d’amour et de nature. On lit le livre d’un souffle !

    Références

    La Dameuse d’Alina REYES (Zulma, 2008)

  • Quatrième de couverture

    Après La colère des aubergines, Bubul Sharma nous revient avec des histoires pétillantes de drôlerie.

    Des femmes partent en voyage, et leur vie bascule. Elles partent pour se marier, pour aller voir leur fils, pour échapper au crime qu’elles croient avoir commis ou à une belle-mère tyrannique. Sous leurs regards baissés et leurs saris chatoyants, elles cachent un coeur limpide, un courage à toute épreuve, et elles accueillent les surprises du chemin avec une sagesse relevée au sel de l’humour. Au fil de leurs voyages, défilent les paysages de l’Inde, des rizières vert émeraude aux défilés escarpés de montagne, et les rencontres improbables : danseuses travesties en veuves, raja déchu d’un palais surgi des mille et ne nuits, fantôme amoureux ou ours chapardeur. Mais au détour de la route, c’est leur paysage intérieur qui soudain change : les chaînes qui entravent leurs pas depuis des siècles se font plus légères, et au bout du voyage, parfois, les attend la paix. Ou la liberté. Ou l’amour.

    Les histoires de Bubul SHarma nous prennent par la main pour nous emmener sur des chemins détournés, imprégnés des senteurs de l’Inde ; elles ont la malice de la fable, la délicatesse de la miniature indienne, la poésie des contes de fées ; et si elles nous font éclater, c’est avant de nous toucher au coeur.

    Mon avis

    Je n’ai que des points positifs à souligner pour ce livre et pourtant il m’en reste une impression mitigée, c’est-à-dire pas vraiment enthousiaste. Peut être parce que la libraire m’a dit que c’était drôle et que je n’ai pas ri une seule fois, sourit parfois mais surtout à cause de formules intelligentes de la part de l’auteure.

    C’est ce qu’il y a à mon avis de plus intéressants dans ce livre. Il s’agit de sept histoires de femmes de tout âge dans une Inde traditionnelle (on ne parle jamais de l’Inde moderne que l’on peut voir dans les médias). Ces femmes font chacune à leur manière une petite révolution sans violence qui modifie les habitudes de leurs familles et entourages. Bubul Sharma nous raconte tout cela sous le mode de la fable. Elle ne se moque pas, ni ne dénonce de manière virulente. Elle emploie des mots simples mais qui décrivent exactement la situation : cela donne une impression de cocasserie mais pas de drôlerie.

    L’autre point qui m’a particulièrement intéressé c’est bien évidemment la découverte de l’Inde traditionnelle, de ses histoires de femmes. On se croit vraiment dans un autre monde ! C’est ce côté dépaysant dont j’avais envie en moment.

    Mais pour ne rien cacher, j’ai lu les nouvelles en deux fois parce que j’avais une impression de langueur, voire de lenteur. Et que ça m’a dérangé mais après je me suis habituée et j’ai gouté avec plus d’intérêts ces charmantes nouvelles.

    Livre lu dans le cadre du Prix littéraire des blogueurs. Vous trouverez donc des liens vers d’autres billets ici ! Maintenant va falloir que je réfléchisse à ma note.

    Comme la dernière fois, si une des participantes veut que le livre voyage jusqu’à chez elle, qu’elle n’hésite pas. Ce sera avec plaisir pour moi !

    Références

    Mes sacrées tantes de Bubul SHARMA – nouvelles traduites de l’anglais (Inde) par Mélanie Basnel (Picquier poche, 2009)

  • Quatrième de couverture

    Guido Guerrieri est appelé à la prison de Bari pour défendre en appel un prévenu condamné pour trafic de drogue. Reconnaissant en lui Fabio Ray-Ban, l’agitateur fasciste qui fut le cauchemar de son adolescence, il décide de refuser. Or, l’homme clame son innocence : il prétend avoir été dupé par son premier avocat. Et il lui lance : « On raconte que vous ne vous dérobez pas quand la cause est juste. On raconte que vous êtes un type bien. » Guerrieri hésite, car les preuves sont accablantes ; il sait qu’il est malvenu et dangereux de s’en prendre à un confrère. Mais quand la femme du détenu, d’une beauté stupéfiante, se présente à son cabinet, toutes ses réserves s’évanouissent. Séduit par cet avocat malheureux en amour, féru de boxe et de littérature, le lecteur se laisse entraîner dans une affaire qui lui dévoile les rouages de la machine judiciare italienne, ainsi qu’une ville aussi animée qu’inquiétante.

    Né à Bari en 1961, Gianrico Carofiglio, juge antimafia, a su puiser dans son expérience professionnelle pour se forger une renommée internationale d’auteur de legal thrillers.

    Mon avis

    Un legal thriller ? Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Pour cela, il faut regarder wikipedia parce que lui seul à réponse à tout. Donc voilà les liens vers le thriller (« La caractéristique commune des oeuvres appartenant à ce genre est de chercher à provoquer chez le spectateur ou le lecteur une certaine tension, voire un sentiment de peur (qu’il doit cependant trouver agréable) à l’idée de ce qui pourrait arriver aux personnages dans la suite du récit ») et vers le legal thriller (l’article est en anglais).

    Au vu de ses définitions, je peux déjà vous dire que nous n’avons pas affaire à un thriller parce que pour le coup je n’ai pas eu peur, ni n’ai ressenti une certaine tension. Pour ce qui est du legal thriller : en effet, le protagoniste principal est un avocat mais c’est tout ce qui peut correspondre à la définition de wikipédia. En effet, rien à voir avec les legal thriller à l’américaine (genre L’affaire pélican de John Grisham par exemple, même si je n’ai pas aimé personnellement).

    Je trouve ça bizarre de la part de l’éditeur d’avoir voulu mettre un genre spécifique sur la quatrième de couverture. Quand je vois le mal que j’ai déjà à mettre les livres dans mes catégories, je me dis que c’est vraiment cherché les complications pour rien. C’est un roman qui se suffit à lui-même, pas besoin de chercher à le mettre dans une petite case absolument. À noter le site Evene reprend le terme de legal thriller mais ajoute « à l’italienne ». Sur un autre site, j’ai vu que Gianrico Carofiglio était le chef de file du legal thriller à l’italienne. Qui sont les autres ? Trêve de préambule sur ce sujet qui me laisse perplexe.

    C’est un roman agréable à lire pour se détendre, sans plus. Il n’est pas mal ni bien écrit. C’est ce qu’on peut attendre d’un roman policier. On sait que le gentil avocat (même si il couche avec la femme de son client) va gagner à la fin. L’histoire est intéressante et sympathique.

    Maintenant, passons aux points négatifs. Gianrico Carofiglio ne fait rien de ses personnages. Par exemple, Guerrieri (dont c’est au moins la troisième enquête publié en France) aime la boxe et la littérature. Le sujet est à peine éfleurer (à part le fameux passage de la librairie dont on parle sur tous les blogs). Par exemple, la femme du client a comme nom Kawabata. L’auteur note juste qu’en effet c’est le nom d’un célèbre auteur japonais (il n’y pas d’envolée lyrique sur le sujet). Finalement, Guerrieri n’a aucune profondeur ; on n’arrive pas à le sentir, lui et ses doutes, ses sentiments pour la femme, rien.

    Même dans l’histoire, il ne fait rien de son histoire de mafieux, ni du passé fasciste de Fabio Ray-Ban. Pourtant, ce sont des thèmes que j’aurai aimé voir développer. Le procès occupe environ les soixante dernières pages du livre (avant, il y a une enquête qui n’est même pas fait par Guerrieri, pourtant les avocats ont le droit de le faire en Italie, mais par un flic de ses amis) : on y découvre le système judiciaire italien (et surtout comment les procès sont expédiés). C’est sûrement la partie la plus intéressante parce qu’elle nous fait découvrir un système inconnu avec ses rouages et ses imperfections. De plus, l’ambiance de violence feutrée d’un tribunal est vraiment très bien décrite.

    En conclusion, ce que l’on peut reprocher à Gianrico Carofiglio c’est d’avoir décrit la vie quotidienne et surtout réelle d’un avocat en Italie en oubliant que ce n’est pas forcément ce que l’on attend de la littérature.

    Livre lu dans le cadre de l’opération Masse Critique de Babelio (Babélio que je remercie bien évidemment et les éditions du Seuil pour l’envoi du livre avec la carte écrite à la main : cela m’a fait très bonne impression). D’autres avis donc chez Babelio et Je lis, tu lis, il lit.

    Références

    Les raisons du doute de Gianrico CAROFIGLIO – traduit de l’italien par Nathalie Bauer (Seuil Policiers, 2010)

     

  • Quatrième de couverture

    Tolstoï a quatre-vingt-deux ans. Dans la nuit du 27 au 28 octobre 1910, il quitte la propriété familiale de Yasnaïa Poliana. Sans prévenir sa femme ni ses enfants, il s’enfuit seul dans l’hiver glacial. Après quatre jours d’errance, il échoue dans la petite gare d’Astapovo, où il meurt une semaine plus tard. Comment expliquer cette fuite ? Alberto Cavallari mène l’enquête grâce aux journaux des rares témoins directs et à Tolstoï lui-même qui, dans la gare, écrira sur son geste.

    Mon avis

    La fameuse année 1910 de Tolstoï, qui se termine par sa fuite et sa mort est un sujet éminement romanesque, ou plus exactement qui peut se prêter à mille conjectures. En plus de celui-là, je peux vous citer deux livres sur le sujet : Une année dans la vie de Tolstoï de Jay Parini dont vous pouvez trouver un billet chez Dominique (j’ai le livre dans ma PAL depuis son billet) et Tolstoï est mort de Vladimir Pozner dont vous trouverez un billet chez Lili Galipette.

    Ici, on ne parle que de la fuite de Tolstoï. Le récit est donc ramassé entre la nuit du 27 au 28 octobre et le 31 octobre où Tolstoï arrive à la gare d’Astapovo où il mourut le matin du 7 novembre. Quand j’ai lu la quatrième de couverture, je me suis dit ça c’est une mort à la Edgar Poe. On ne sait pas ce qu’il a fait pendant sa fuite, ni où il était mais comme il avait 82 ans, ça a été trop éprouvant pour lui. Je rappelle que je ne connais pas la vie de Tolstoï ni ses romans mais seulement quelques nouvelles (je suis en train de me rattraper. Comme le dit George, des fois, j’ai l’impression de n’avoir rien lu).

    Si vous êtes comme moi, sachez que dans la famille Tolstoï, on se dit tout (mais alors absolument tout) ou plus exactement tous les membres du cercle de Yasnaïa Poliana (et ils sont nombreux) tiennent un journal et ils se le lisent entre eux. Quand Tolstoï décide de partir tout seul pour fuir sa vie, sa femme et tout le reste, c’est quand même avec un médecin et un serviteur en prévenant la moitié de sa famille et en écartant sa femme qu’il ne peut plus supporter après quarante huit ans de mariage. Tout ça est un peu extravagant. Mais c’est Tolstoï, un homme plein de contradictions, qui ne peut arriver à vivre selon son idéal (ce qui le désespère et je le comprends),

    On découvre donc ici un Tolstoï à la fois fragile et déterminé, vaillant et malade. On découvre aussi sa manière de voir sa famille à travers des extraits de son journal que l’auteur incorpore en italique dans le texte comme si il faisait parti du texte. L’auteur ne prend pas parti ni pour Sophie (la femme) ni pour Tolstoï même si on suit Tolstoï (on a donc plus tendance à prendre son parti). L’auteur a priviligié une sorte d’enquête journalistique sur le sujet et donc un ton neutre. Cela ne donne pas l’impression de lire un roman ou une biographie romancée mais plutôt un article qui pourrait avoir été écrit au cours de la fuite, au jour le jour par un journaliste qui suit la compagnie.

    En conclusion, j’ai trouvé que c’était instructif et plutôt pas mal. Je lirais sûrement les deux autres livres cités précédemment.

    Références

    La fuite de Tolstoï de Alberto CAVALLARI – traduit de l’italien par Jean-Paul Manganaro et Camille Dumoulié (Christian Bourgois – collection Titres, 2010)

  • Quatrième de couverture

    L’individu « animé d’un immense amour-propre », dont le but est d’ »atteindre la perfection et le succès dans toutes les entreprises, et d’obtenir ainsi l’admiration et les louanges de son entourage », cet individu-là, brusquement contrarié dans son élan par un détail qui l’insupporte, peut-il, tournant le dos au monde, se consacrer à Dieu ? Ou bien, pour être plus précis : si la décision d’un tel être se trouve motivée par le désir de montrer à tous son mépris, se peut-il que, libérant alors une religiosité jusque-là étouffée par son orgueil, il se délivre de la pesanteur grâce à la soumission aux règles monastiques et ascétiques ? Telle est, brièvement exposée, la problématique du Père Serge.

    Cette nouvelle qui, pour être souvent passée inaperçue dans l’oeuvre de Tolstoï, n’en constitue pas moins, en même temps que son écrit le plus serré, le plus fondamental, une parabole à la fois violente, sobre et universelle digne de prendre place parmi les grands témoignages spirituels.

    Mon avis

    Cette nouvelle m’a plu (pas de là non plus à être transportée : il ne faut pas exagérer) par la manière dont elle aborde une question que je suis sûre tout le monde s’est posé un jour : quand on aide quelqu’un le fait-on pour aider une personne en face de nous ou pour se sentir bien avec soi-même ? Tolstoï répond le plus simplement possible : se poser la question c’est déjà que le don n’est pas si gratuit que ça (il y a une contrepartie dans l’affaire). En tout cas, c’est comme ça que j’ai interprété ce livre (par rapport a mes préoccupations bien sûr).

    En efet, comme c’est Tolstoï, la nouvelle parle en réalité de religion (je suis toujours mal à l’aise de parler de ce genre de chose dans une conversation publique mais je voulais parler du livre parce que la conclusion m’a semblé très pertinente). Stepan Kassatzki, commandant du régiment des cuirassiers de l’empereur, abandonne l’armée après avoir découvert que le milieu dans lequel il vit n’est qu’apparence. Plus exactement, c’est l’explication qu’il se donne à lui-même. En effet, la raison véritable est qu’il vient d’apprendre que sa fiancée est l’ancienne maîtresse du tsar. C’est son orgueil qui en prend un coup (il veut toujours être le premier en tout).

    Le voilà qui s’isole dans un couvent où là encore il sera le meilleur : il priera le mieux, sera le plus fervent … se rendant compte que même au couvent tout est apparence, il devient ermite. Il voit quand même des gens. On lui découvre un pouvoir de guérisseur par un simple toucher de ses mains. Tout le monde vient le voir … il se rend compte que le fait de guérir n’est pour lui qu’une source de vanité supplémentaire, qu’il ne fait pas pour Dieu mais uniquement pour l’opinion que les gens ont ainsi de lui. Il quitte l’ermitage pour partir sur les routes où il rencontre une vieille femme dont il se moquait quand il était petit (à ce moment là elle était jeune). Elle lui explique que Dieu elle n’a pas le temps pour ça mais qu’elle le regrette bien. En effet, elle travaille d’arrache-pieds pour aider toute sa famille : sa fille, son gendre et ses quatre petits-enfants. Ce qui fait dire à Stepan le phrase suivante :

    J’ai vécu pour les hommes sous prétexte de vivre pour Dieu ; elle vit pour Dieu, en s’imaginant vivre pour les hommes.

    Une seule bonne action, un verre d’eau donné sans la pensée de la récompense, est plus précieuse que tous les bienfaits que j’ai répandus sur les hommes. Mais, dans mes actes, n’y avait-il point un grain du désir de servir Dieu ? Oui, mais tout cela était souillé, étouffé par la gloire humaine. Oui, Dieu n’existe pas pour celui qui, comme moi, a vécu pour la gloire humaine.

    Je vous laisse méditer sur tout ça !

    Références

    Le Père Serge de Léon TOLSTOÏ – traduit du russe par J.W. Bienstock, préface de Jil Silberstein (éditions Le temps qu’il fait, 2010)

  • Quatrième de couverture

    Élevée par son père, Marie Henrietta Urquhart ne s’est jamais intéressée au monde ni à ses plaisirs. Elle a trente-huit ans quand son père meurt. Elle quitte alors son Angleterre natale et voyage jusqu’au Nouveau-Mexique. Au rancho del Cerro Gordo, elle rencontre Domingo : dans les yeux noirs du guide mexicain, la Princesse perçoit une étincelle étrange. Sa puissance virile et son charme brutal la troublent … On retrouve dans La Princesse tous les thèmes chers à D.H. Lawrence, et la sensualité animale de Romero annonce celle de l’ »amant » de lady Chatterley.

    Mon avis

    La princesse c’est donc Marie Henrietta Urquhart que son père appelait comme cela quand elle était petite et même quand elle est devenue grande. Suite à la mort de sa mère, la Princesse s’est retrouvée seule avec son père, un peu complètement fou. À eux deux, ils ont formé une sorte de société un peu à part auquel aucun autre membre n’a été admis. Vous vous imaginez le choc pour la Princesse quand son père meurt. Elle est alors âgée de trente huit ans et se retrouve toute seule après avoir vécu uniquement par, pour et avec son père. Cependant se produit un changement dans sa personne :

    Maintenant que son père était mort, elle se trouvait à la lisière de la foule vulgaire, particpant à sa nécessité de fare quelque chose. C’était un peu humiliant. Elle se sentait en chemin d’être vulgarisée. En même temps, elle constata qu’elle regardait les hommes avec des yeux plus perçants : des yeux qui cherchaient le mariage. Non qu’elle ressentît un intérêt soudain pour les hommes, ou de l’attrait. Non. Elle n’était encore ni intéressée par eux ni attirée vers eux de façon vitale. Mais le mariage, cette abstraction particulière, avait jeté une sorte de charme sur elle. Elle considérait le mariage, tout à fait in abstracto, comme le parti qu’elle devait prendre. Elle savait aussi que le mariage impliquait la présence d’un homme. Elle n’ignorait rien des réalités. Mais l’homme semblait être une propriété de son propre esprit plutôt qu’un être en soi, qu’un autre être.

    N’est-elle pas intelligente cette princesse ? Vous ai-je dis que la Princesse était un être quand même assez particulier (voire un chouia narcissique, pimbêche …). Tout ça reste donc dans l’abstraction pour l’instant. Il faut donc passer à la pratique maintenant. Pour cela, elle part au Nouveau-Mexique où là c’est le choc de la rencontre avec le beau Romero :

    Les touristes vont et viennent, mais il est rare qu’ils voient quoi que ce soit du dedans. Aucun d’eux ne voyait jamais l’étincelle qui brillait dans la pupille de Romero ; ils n’étaient pas assez vivants pour la voir. La Princesse la saisit un jour qu’elle avait Romero pour guide. Elle pêchait la truite dans le cañon ; Miss Cummins [la dame de compagnie] lisait un livre, les chevaux étaient attachés sous les arbres, Romero montait la mouche et lui tendit la ligne en levant les yeux vers elle. Et à cet instant, elle saisit l’étincelle de sa pupille. Et aussitôt elle comprit que c’était un gentilhomme, que son « démon », comme aurait dit son père, était un beau démon. Et instantanément, elle changea de manière à son égard.

    […]

    Elle comprit qu’il l’aidait. Et elle sentit dans sa présence une subtile bienveillance insidieuse et mâle dont jamais encore elle n’avait eu l’expérience. Sa joue s’empourpra et ses yeux bleus prirent une nuance plus foncée.

    […]

    Et pourtant sa présence ne faisait que chasser loin d’elle l’idée fixe du mariage. Pour une raison ou une autre, l’idée de se marier avec lui ne pouvait pas entrer dans son étrange petite cervelle. Pour aucune raison définie. C’était en soi un gentilhomme, et elle avait bien assez d’argent pour deux. Il n’y avait pas de véritable obstacle. Et elle n’était pas conventionnelle. Non, maintenant qu’elle allait au fond des choses, c’était comme si leurs deux « démons » pouvaient se marier, comme s’ils étaient peut-être mariés. Seulement, leurs deux moi, Miss Urquhart et Señor Domingo Romero, étaient pour une raison ou pour une autre, incompatibles. Il y avait entre eux une intimité particulière, subtile, faite d’entente réciproque. Mais elle ne voyait pas le moins du monde comment cela les mènerait au mariage. Elle aurait presque pu épouser plus facilemet l’un de ces gentils garçons de Harvard ou de Yale.

    Vous l’aurez compris : elle veut coucher mais pas se marier. Reste plus qu’à maintenant ! Et comme la vie n’est jamais aussi simple que dans les Harlequins, cela va se faire mais pas comme elle le croit.

    J’avais choisi ce livre l’année dernière année au salon du livre parce que je voulais lire D.H. Lawrence et que je n’ai jamais osé acheté L’amant de Lady Chatterley. Je l’avoue je n’aurais jamais pu faire les Harlequinades l’année dernière parce qu’à chaque fois que je passe en caisse en librairie, je tombe toujours sur quelqu’un qui me parle des livres que j’achète et ce même pour un livre totalement inconnu d’un allemand que j’avais mis plein de temps à trouver (nous avons eu un débat en caisse pour savoir si l’auteur était allemand ou hongrois suivant l’accent sur son nom de famille). Et que même mon frère qui ne lit pas sait que L’amant de Lady Chatterley c’est un livre un peu sulfureux, donc je n’ai pour l’instant jamais osé le prendre en librairie. Je rémédierai à ça un jour, c’est promis parce que j’aime beaucoup l’écriture de D.H. Lawrence.

    C’est comme un peintre ou un sculpteur qui étudie les corps. En effet, dans une peinture ou une sculpture, vous vous imaginez le mouvement grâce à l’instantané du muscle (je suis sûre que vous voyez ce que je veux dire). C’est exactement ça qui se passe chez D.H. Lawrence : c’est la description du mouvement qui donne l’action. C’est la première fois que j’avais cette impression et cela m’a charmé. Visiblement, c’est ce que l’on appelle une écriture sensuelle (j’ai lu ça dans wiki je crois).

    Une belle découverte. Mention spéciale au traducteur qui fait parler Marie Henrietta de son « moi intérieur de Princesse ». Cela m’a fait (et me fait encore) beaucoup rire.

    Livre lu dans le cadre du The Portrait of a Lady Swap de Lou et Titine.

    Références

    La Princesse de D.H. LAWRENCE – traduit de l’anglais par Pierre Leyris (Le petit Mercure – Mercure de France, 2008)