Quatrième de couverture
C’est l’histoire d’une rupture amoureuse, une nuit, à Tokyo. C’est la nuit ou nous avons fait l’amour ensemble pour la dernière fois. Mais combien de fois avons-nous fait l’amour ensemble pour la dernière fois ? Je ne sais pas, souvent.
Mon avis
Comme le dit la quatrième de couverture, c’est l’histoire d’une rupture amoureuse à Tokyo. En partant de Paris, le narrateur et Marie savaient qu’ils allaient rompre mais ils ont préféré le faire à Tokyo. Pourquoi ?! Peut être parce que Marie avait 140 kilos de bagages et que c’est dur à porter toute seule.
Ils couchent ensemble pendant un tremblement de terrre. Au même moment ils reçoivent un fax (on leur annonce sur la télévision de la chambre d’hôtel), ce qui coupe toute envie au narrateur. C’est la consommation de la rupture dirons-nous. Après ils vont devoir se le dire. Cela termine la première partie. Ensuite, dans la deuxième partie, le narrateur va chez Bernard à Kyoto pour se remettre. Qui est Bernard ? Je n’en sais absolument rien. Et cela me fait peur parce que j’ai l’impression que je vais devoir lire Fuir et La vérité sur Marie (les deux volumes suivant de la vie de Marie et du narrateur) pour pouvoir savoir qui est Bernard. Cette histoire ne m’a pas vraiment passionné. À part l’histoire de l’acide chlorhydrique. Parce que la première page c’est ça :
J’avais fait remplir un flacon d’acide chlorhydrique, et je le gardais sur moi en permanence, avec l’idée de le jeter un jour à la gueule de quelqu’un. Il me suffirait d’ouvrir le flacon, un flacon de verre coloré qui avait contenu auparavant de l’eau oxygénée, de viser les yeux et de m’enfuit. Je me sentais curieusement apaisé depuis que je m’étais procuré ce flacon de liquide ambré et corrosif, qui pimentait mes heures et acérait mes pensées. Mais Marie se demandait, avec une inquiétude peut-être justifiée, si ce n’était pas dans mes yeux à moi, dans mon propre regard, que cet acide finirait. Ou dans sa gueule à elle, dans son visage en pleurs depuis tant de semaines. Non, je ne crois pas, lui disais-je avec un gentil sourire de dénégation. Non, je ne crois pas, Marie, et de la main, sans quitter des yeux, je caressais doucement le galbe du flacon dans la poche de ma veste.
En lisant, cela je me suis dis : « Chouette, cela va être un roman un peu barré. Cela va me changer ». Mais au final, c’est glauquissime (pourtant la copine de mon frère m’avait prévenu). Sauf la première page et la dernière phrase. Au passage, Monsieur Toussaint m’a fait révisé mes cours de chimie. Dans mes souvenirs, ce petit liquide était incolore voire jaune très pale. Sinon il n’était pas pur.
Je vous fais cette remarque là parce que j’ai admiré (pas moins) dans ce livre c’est l’écriture chirurgicale de Jean-Philippe Toussaint. Pas de place à l’imagination, à une approximation (alors une minuscule erreur comme cela). Rien, c’est comme si vous aviez une caméra braquée sur la scène. Un exemple :
L’eau de la piscine était immobile dans la pénombre, seules brillaient dans le noir les rampes argentées recourbées des escaliers d’accès au bassin. Je fis quelques pas le long du bassin et ôtai mon tee-shirt, que je posai pensivement sur le bras d’un transatlantique. Je déboutonnai mon pantalon et le descendis le long de mes cuisses, soulevai un pied pour le faire glisser le long de mon mollet, puis l’autre, précautionneusement, pour me libérer du vêtement. Je me déchaussai et me dirigeai entièrement nu vers le bassin, sentant le contact tiède et humide des froncements caoutchouteux du revêtement sous la plante de mes pieds. Je m’assis au bord de l’eau, nu dans la pénombre, et, au bout d’un moment, tout doucement, je me laissai glisser à la verticale dans le bassin – et le tourbillon de tensions et de fatigues que j’avais accumulés depuis mon départ de Paris parut se résoudre à l’instant dans le contact de l’eau tiède sur mon corps.
En conclusion, une lecture en demi-teinte. Mais quelque chose me dit que je n’ai rien compris à ce livre de Jean-Philippe Toussaint. En effet, c’est le premier livre que je lis de lui et la critique insérée à la fin du livre nous situe ce Faire l’amour comme un livre charnière entre deux périodes. Et qu’en plus, on gagne à lire les deux autres tomes parus. On comprend mieux. Peut-être que c’est ce qui m’a manqué : le recul qui me permet de voir le livre dans l’oeuvre et pas comme un volume égaré.
Livre lu dans le cadre du prix littéraire des blogueurs. Vous pourrez donc retrouver d’autres avis ici !
Références
Faire l’amour de Jean-Philippe TOUSSAINT (Éditions de Minuit – collection Double, 2009)
Edit du 22/09/2010 : livre lu dans le cadre du challenge Littérature Belge chez Reka.
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