Cecile's Blog

  • Quatrième de couverture

    1891. Alors que toute l’Angleterre le croit mort et enterré, Sherlock Holmes, fin mélomane, vivote à paris en donnant des cours de musique sous un nom d’emprunt.

    Aprrenant que le prestigieux orchestre de l’Opéra recrute un violoniste, il parvient à se faire engager. Mais, très vite, il découvre que le Palais Garnier est le théâtre d’évènements étranges.

    Le fantôme de l’Opéra existerait-il ? À défaut, comment expliquer les accidents qui y surviennent ? Et les voix que chacun dit entendre résonner dans le labyrinthique édifice ?

    Chargé de protéger [par Irène Adler : ça c’est moi qui le rajoute] une jeune soprano [Christine Daaé], le célèbre détective va se lancer dans une chasse à l’homme à travers le Paris nocturne et souterrain. Une course contre la montre… et la police française.

    Mon avis

    Voilà mon avis tant attendu [par Matilda : je risque de prendre la grosse tête si des gens prêtent attention à mon avis] sur ce Sherlock Holmes et le fantôme de l’Opéra. Si on voulait résumé l’histoire rapidement c’est comment Sherlock Holmes a aidé Raoul de Chagny à récupérer sa « fiancée » Christine Daaé des mains du fantôme de l’Opéra, autrement appelé Nobody. J’en sens certains qui sourcillent déjà mais nous en parlerons après. Je n’avais pas lu le vrai Fantôme de l’opéra avant donc pour l’instant parlons uniquement de ce livre.

    Déjà ce qui ne m’a pas plu, c’est que Sherlock Holmes a eu un coup sur la tête aux chutes de Reichenbach car il n’est plus lui-même. Toute son action repose justement sur l’action et pas sur la réflexion. Il ne trouve rien lui-même et quand il essaye de trouver il se trompe. Heureusement, son voisinage lui donne beaucoup d’indices prémâchés car sinon la pauvre Christine serait encore dans les sous-sols de l’Opéra. Plus que sa faculté de réflexion, c’est sa faculté d’observation qui m’a manqué dans cette enquête.

    Nicholas Meyer a choisi de favoriser l’action pour son Sherlock Holmes mais une action à l’américaine. En effet, l’auteur est scénariste, réalisateur et producteur à Hollywood. Je pense qu’il voulait faire un film de son fil comme pour La solution à sept pour cent dont Niki nous a parlé sur son blog. Sherlock Holmes réagit toujours à la dernière minute, ce qui fait qu’il arrive toujours de justesse. À la fin, tout explose ; Sherlock Holmes sort sans une égratignure de cette explosion même si il est en plein dedans. L’intervention de Sherlock Holmes dans le roman m’a donc beaucoup déçu ! Le récit est raconté à Watson pendant la retraite de Sherlock et au cours de l’histoire, Sherlock fait des apartés très méchantes à Watson du genre : j’ai toujours su que vous étiez bête mais là vous dépassez les bornes.

    Pour ce qui est de l’histoire, j’ai trouvé que c’était plutôt une bonne idée même si j’ai eu du mal à comprendre pourquoi Raoul de Chagny prend tant de risque pour Christine Daaé alors que cela n’a l’air qu’une amourette. Ce qui m’a par contre plu c’est l’identité du fantôme de l’Opéra que j’ai trouvé très vraisemblable par rapport à celle du Fantôme de l’opéra de Gaston Leroux (mais ce n’était pas à mon avis, le but recherché par Gaston Leroux à l’époque). Parce que je ne l’avais pas lu avant. Je le croyais mais en fait c’est Le fauteuil Hanté que j’avais lu. C’est Marion qui m’a donné envie, dont vous pouvez d’ailleurs trouver l’avis ici. Elle m’a dit : « Je n’ai pas lu le livre de Nicholas Meyer mais j’ai lu celui de Gaston Leroux. J’aimerais bien savoir ce que l’auteur a fait de l’histoire. » Donc je me le suis procurée samedi dernier.

    Quatrième de couverture

    « Le fantôme de l’opéra a existé. J’avais été frappé dès l’abord que je commençai à compulser les archives de l’Académie nationale de musique par la coïncidence surprenante des phénomènes attribués au fantôme et du plus mystérieux, du plus fantastique des drames, et je devais bientôt être conduit à cette idée que l’on pourrait peut-être rationnellement expliquer celui-ci par celui-là. »

    Avec l’art de l’intrigue qui ont fait le succès de Gaston Leroux, le père de Rouletabille, Le fantôme de l’Opéra nous entraîne dans une extraordinaire aventure qui nous tient en haleine de la première à la dernière ligne.

    Mon avis sur Le fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux

    J’ai beaucoup aimé. Gaston Leroux sait créer une ambiance parfois drôle et comme on peut se l’imaginer dans les coulisses d’un spectacle de nos jours mais aussi une ambiance très inquiétante quand Raoul de Chagny et le Persan (homme hautement énigmatique) descendent dans les sous-sols de l’Opéra. C’est principalement dû à des personnages très typés, assez caricaturaux (l’auteur ne les dépeint que par un ou deux traits qui nous permettent de visualiser le personnage) mais aussi à une variété de ton dans la narration. À n’en pas douter, Gaston Leroux savait raconter des histoires.

    Par contre, j’avoue que l’intrigue a été gâchée pour moi par la lecture précédente du livre de Nicholas Meyer.

    Retour sur le livre de Nicholas Meyer

    Nicholas Meyer a tout repris de l’intrigue de Gaston Leroux sauf ce qui était bien. Pour Christine et Raoul, c’est une histoire qui dure depuis qu’ils sont petits dans l’original. Dans le livre de Nicholas Meyer, Raoul s’est entichée d’elle d’un regard, elle tombe aussi amoureuse. C’est comme si la naïve et innocente Christine était devenu une fille aux multiples soupirants (elle n’en compte pas moins de trois), à la limite de la nunuchitude. La configuration des sous-sols est totalement changé. Là où chez Gaston Leroux cela conférait aux véritables labyrinthes, avec plein de portes secrètes, de dangers et de pièges pour atteindre le cinquième sous-sol, chez Nicolas Meyer, vous descendez cinq étages et vous êtes au lac souterrain. Certaines parties détaillées dans le livre de Gaston Leroux ne sont effleurées que d’une phrase par Nicholas Meyer (notamment les histoires avec les directeurs de l’opéra). Les personnages typiques, telle Mame Giry, n’ont plus aucun caractères et sont donc très fades. Je trouve honteux de dire que Nicholas Meyer ne parle que d’emprunts et d’improvisations. Il a tout pillé (jusqu’au nom des personnages ! alors qu’il aurait pu inventer une toute autre histoire en rapport avec le fantôme), puis il a rejeté tout ce qui n’entrait pas dans son imaginaire ou dans sa logique pour finalement rendre une très bonne histoire insipide et que l’on oublie assez vite. Je suis méchante mais c’est à la hauteur de ma déception. Mais pour preuve que je ne lui tiens pas rancune, je lirais La solution à sept pour cent, qui passe pour un meilleur pastiche et qui d’après ce que je comprends est l’œuvre de sa propre imagination.

    Un autre avis chez Clélie.

    Références

    Sherlock Holmes et le Fantôme de l’Opéra de Nicholas MEYER – traduit de l’anglais par Pierre Charras (L’Archipel, 1995, réédité en 2010 dans la collection Archipoche)

    Le Fantôme de l’Opéra de Gaston LEROUX (Livre de Poche, 1959, réédité en 2009)

  • L’employé de l’agent de change est une nouvelle qui fait partie du recueil Les Mémoires de Sherlock Holmes (ou Souvenirs de Sherlock Holmes au livre de poche). Je ne vais pas vous dire que j’ai beaucoup aimé, que je me suis encore une fois laissée surprendre. Vous vous en doutez je pense car je suis une inconditionnelle !

    Je vais vous dire ce qu’on apprend sur Holmes / Watson mais aussi vous racontez un peu l’histoire pour que vous donnez envie de lire la nouvelle !

    Le récit se passe en juin, l’année où il y a eu un krach dû à un emprunt vénézuélien (je me demande si il a vraiment eu lieu), juste après le mariage de Watson (sa femme qu’il a rencontré dans le « signe des quatre »). Celui-ci a installé son cabinet dans le quartier de Paddington (ils habitent au-dessus), où un autre médecin exerce dans la maison voisine.

    Imaginez-vous maintenant dans le cabinet de Watson. Il sort d’un rhume de printemps et voit tout à coup arriver Holmes qui lui fait son tour de passe-passe habituel (il découvre qu’il a été malade par la lecture d’indices que je n’aurais jamais vu personnellement). C’est normal car il n’a pas de client (d’habitude c’est avec eux qu’il le fait). Holmes propose à Watson de partir pour Birmingham avec Hall Pycroft. En effet, il lui est arrivé quelque chose de bien curieux. Avant, il habitait Londres mais était au chômage ; il a été licencié par Coxon and Woodhouse suite au krach vénézuélien. Alors qu’il n’a plus d’argent il retrouve un emploi dans une maison renommée : Mawson and William’s. Il doit se présenter le lundi mais juste avant un homme vient le voir pour lui proposer de travailler pour la société de quincaillerie Franco-Midland, S. à r.l., et ce pour 300 livres de plus que ce que Mawson and William’s lui proposait. Après quelques hésitations, il accepte et doit partir travailler pour Birmingham. Là-bas, il trouve un bureau à moitié vide (qui ressemble plutôt à un bureau fictif) et un homme qui lui demande de recopier le bottin. Plusieurs détails font penser à Hall Pycroft que l’emploi de Mawson and William’s plutôt que celui de la Franco-Midland. Il demande son aide à Sherlock Holmes qui flaire tout de suite le coup fourré !

    La dénouement est excellent car on ne s’y attend pas pourtant on pourrait s’en douter (en tout cas pour une part).

    Le texte intégral de la nouvelle est ici !

  • La base de l’histoire est la même que pour ce comics, c’est-à-dire le roman de Arthur Conan Doyle Le chien des Baskerville. Ici, il s’agit d’une adaptation américaine du roman pour les enfants ou les personnes qui débutent en anglais (vocabulaire très abordable et dossier sur l’auteur, Sherlock Holmes et questions pour vérifier la compréhension à la fin du livre).

    Il est intéressant de noter que le comics américain est plus respectueux du détail de l’action que le comics indien même si à cause du format beaucoup de choses sont passées sous silence. Les éléments qui ont été enlevés dans l’un sont ceux qui ont été rajoutés dans l’autre. Le comics américain privilégie l’action alors que le comics indien privilégie la réflexion (cela se voit aussi au nombres de bulles).

    Le point faible de ce comics-ci c’est le dessin et les couleurs (toujours en comparaison avec le comics indien que j’ai lu tout de suite avant). Le trait est assez grossier. Les expressions des visages sont limités et ils ont un peu tous la même d’ailleurs. Les décors ne sont pas particulièrement soignés, il n’y a pas de détails. Par rapport au comics indien, la lande et le marais ainsi que le chien sont assez inquiétants. Pour ce qui est des couleurs, le ton est bien choisi (plus dans les sombres, couleurs plus ternes) mais là encore il y a un manque de variété. Après avoir lu le dossier, j’ai compris pourquoi les visages, les dessins tout me rappelaient quelque chose (regardez les arbres sur la couverture).  Les auteurs ont tous les deux travaillé pour des studios d’animation ; les visages surtout celui des Stapleton, les voisins de sir Henry ont la même figure que des personnages de Disney. Les arbres, les atmosphères inquiétantes sont le stéréotype des dessins animés.

    C’est ce qui fait qu’à mon avis ce comics a été pour moi décevant par rapport au comics indien.

    Références

    The hound of the Baskervilles by sir Arthur Conan Doyle – retold by Martin Powell – illustrated by Daniel Perez (Classic Fiction – Stone Arch Books, 2009)

  • Je vous ai dis que j’aimais beaucoup mais alors beaucoup Le Chien des Baskerville. Il est juste trop ce livre ! Je vous rappelle l’histoire car la dernière fois je ne l’ai pas fait. Holmes et Watson sont mandés par le docteur Mortimer du Devonshire pour protéger le nouveau propriétaire du manoir des Baskerville, sir Henry, le dernier étant mort de peur un nuit où il était sorti. Pourquoi était-il sorti ? Sherlock Holmes vous l’expliquera. Pourquoi a-t-il eu si peur ? On soupçonne qu’il ait été effrayé par le chien qui « hante » les Baskerville depuis que Hugo (il y a très très longtemps) a kidnappé un jeune fille qui est morte ensuite, et lui a été tué la même nuit par un chien. Un chien fantôme peut-il vivre si longtemps ? Oui, il suffit que quelqu’un de mal intentionné ressuscite le chien. Parce que tout cela ne se passe pas dans un climat comme chez nous ; c’est en plein dans la lande et les marais. En plus d’un chien hanté, il y a aussi dans cette lande un évadé de prison du nom de Selden, meurtrier à ses heures perdues. Alors quand sir Henry décide de sympathiser, plus ou moins, avec ses voisins, qu’ils échangent des diners, que sir Henry se promènent la nuit dans la lande tout cela devient périlleux. Ce n’est pas très clair tout ça pour vous ; lisez le livre alors ! Marion vous en parle d’ailleurs sur son blog.

    Il s’agit ici de vous parler d’un comics édité par une maison d’édition indienne (j’ai conscience que c’est triché pour le challenge lire en VO parce que cela ne fait que 60 pages mais bon). L’histoire est plus ou moins respecté, mais pas forcément dans l’ordre de la narration. Bien sûr, certains détails ont été gommés à cause du format d’un comics (un petit fascicule pas très épais). Mais dans l’ensemble, l’adaptation est très bien faite et donne envie d’ouvrir le roman.

    Pour ce qui est des dessins, je les ai trouvé admirables particulièrement sur  deux points : le soin apporté aux expressions des visages (des yeux et rides d’expression notamment) et sur la manière de figurer le mouvement que je n’ai jamais dans une BD française (je ne connais pas tout non plus). On peut par contre discuter le choix de faire une moustache (qui vieillit) à sir Henry qui est censé être jeune dans l’histoire (il faut que je vérifie ce que l’on en dit dans le roman car je peux être influencé par les films).

    Le choix des couleurs est beaucoup plus discutable. La lande est trop lumineuse (même la nuit) pour un endroit effrayant. Il y a en général trop de lumière qui se dégage de l’image : les personnages ne sont pas forcément bien mis en valeur par rapport aux décors (ou le contraire quand c’est le décor qui est important). Pourtant, il y a aussi un très bon travail sur le jeu ombre / lumière. Je n’ai donc pas forcément compris ce qu’a voulu faire le coloriste (je me suis demandée si cela pouvait provenir d’une différence culturelle mais je ne connais pas assez pour en parler).

    Dans l’ensemble, je trouve que c’est un très bon comics surtout si on compare à celui dont je vais vous parler prochainement, destiné aux enfants et qui est très « Disney ».

    Références

    The hound of the Baskervilles de sir Arthur Conan Doyle  – adapté par J.R. Parks et illustré par V. Kumar (Campfire, 2009)

  • Quatrième de couverture

    Middlemarch (1871-1872) est sans doute le plus beau roman de George Eliot, en tout cas son roman le plus complet (le sixième sur sept).

    Deux intrigues sentimentales principales, l’histoire des deux mariages de Dorothea et le mariage malheureux de Lydgate, jeune médecin ambitieux, avec la vulgaire Rosamond Vincy, se détachent sur un fond foisonnant de personnages et d’évènements, d’épisodes intéressants, amusants, émouvants. Un des charmes de George Eliot est dans cette surabondance de détails.

    Nous avons fait figurer en préface un beau texte de Virginia Woolf sur George Eliot : « L’issue fut triomphale pour elle, quel qu’ai put pu être le destin de ses créatures ; et quand nous nous rappelons tout ce qu’elle a osé, tout ce qu’elle a accompli, la façon dont, malgré tous les obstacles qui jouaient contre elle (le sexe, la santé, les conventions), elle a cherché toujours plus de savoir, toujours plus de liberté jusqu’au jours où le corps, accablé par son double fardeau, s’effondra épuisé, nous devons poser sur sa tombe toutes les brassées de lauriers et de roses que nous possédons. »

    Mon avis

    Le roman fait 1100 pages dans l’édition Folio (c’est un F17 !) alors forcément je ne sais pas par où commencé. D’après ce que Sylvère Monod explique, Middlemarch est né de la fusion de deux projets : décrire la vie d’un petite ville provinciale et parler des mariages d’une jeune femme qui voulait faire le bien autour d’elle. Tout de suite, cela m’a rappelé les deux livres d’Elizabeth Gaskell Cranford et Femmes et filles. Mais en réalité c’est très différent même si cela parle de la même chose.

    Une partie du roman parle donc de la vie à Middlemarch, des hameaux et des domaines aux alentours. Ainsi, vous pouvez apprendre les méthodes pour combattre le cholera, comment était créé des hôpitaux, comment tout était financé, comment les médecins entre eux se faisaient la guerre (d’après ce que j’ai compris, c’est surtout parce que le cadre de leur profession n’était pas réellement défini) qui fréquentait les salles de jeu, comment choisir le meilleur cheval pour ne pas se faire arnaquer, comment certains propriétaires et fermiers craignaient le chemin de fer … Alors que dans Cranford, vous aviez un livre où n’apparaissait que des discussions de salons de thé et donnaient cette impression que tout ce jouait là, notamment les réputations des gens, dans Middlemarch, il y a une vraie vie de village ! Des décisions sont prises dans des conseils, les nobles demandent de l’aide à un homme spécialisé dans tout ce qui touche à la campagne (chaque propriétaire ayant son idée sur comment améliorer la vie des paysans vivant sur ses terres). Le roman de George Eliot vise à une description minutieuse et exacte de la vie de l’époque ; c’est un « roman-monde » (à l’échelle d’un village).

    Pour ce qui est des histoires sentimentales, il y en a trois. D’abord, il y a celle de Dorothea, jeune femme qui souhaite par dessus tout faire le bien autour d’elle avec son argent, ou tout du moins que son existence ne soit pas vaine. Au début du roman, sir James Chettam est très amoureux d’elle (elle arrive même à lui faire construire des maisons neuves pour ses paysans) mais Dorothea le voit avec sa sœur Celia. Quand monsieur Casaubon, recteur de la paroisse de Lowick âgé d’une soixantaine d’années, arrive au domaine de Mr. Brooke, oncle de Dorothea, celle-ci en tomba folle amoureuse. Pas parce qu’il est beau, ou très sympathique ou quoi que ce soit du genre mais parce qu’il a un projet de livre hautement intellectuel, dont il rassemble la bibliographie depuis trente ans ! Dorothea l’épouse pour pouvoir aider le grand homme. Elle sera bien évidemment déçue par sa vie conjugale. Pourtant elle rencontrera Monsieur Ladislaw, cousin de Mr. Casaubon, avec qui elle aura beaucoup plus de point en commun mais qui déchaînera les passions à Middlemarch.

    La deuxième histoire concerne Lydgate, médecin qui arrive à Middlemarch avec de hautes idées sur la médecine et la science, qui lui aussi rêve d’accomplir de grandes choses, et Rosamond Vincy, jeune fille élevée dans la haute idée d’elle-même et de ses mérites pourtant peu nombreux. Lydgate ne voulait pas se marier de suite car il voulait s’établir et se faire un pécule pour pouvoir se marier et surtout la femme qui lui apporterait tout son soutien . Rosamond elle tombe amoureuse du prestige qu’elle s’imagine que son mari a et pourra lui amener. Forcément elle sera déçue.

    Il y a aussi l’histoire annexe de Fred Vincy, frère de Rosamond, et Mary Garth. Lui, au début du roman, est très dissipé, dépensier, joueur mais pour l’amour de sa belle il s’amendera. Celle-ci l’aidera a toujours resté dans le droit chemin.

    On voit que George Eliot n’a pas cette vision idyllique du mariage qu’ont certains romanciers (elle s’attaque à mon avis de manière assez virulente à cette institution). Elle n’y voit pas forcément un accomplissement. La preuve en est que Dorothea est le plus à même de réaliser ses bienfaits quand elle est veuve et non remariée. Des mariages peuvent être heureux comme celui de Celia et sir James. Mais Celia s’épanouit en temps que mère et non en tant que femme. Elle est docile et reste soumise à son mari. Dans Middlemarch, George Eliot nous montre quand même deux couples très mariés.

    Le seul défaut que l’on peut donner à mon avis à ce roman c’est la maladresse dans les transitions qu’Elizabeth Gaskell n’a pas à mon sens dans ses romans. George Eliot en général à la fin du chapitre (ou au début) se met à faire un discours très abstrait. Puis tout à coup, elle met une phrase en rapport avec ses personnages (lien plus ou moins lointain avec le discours qui précède) et hop voilà la transition.

    En conclusion, je ne regrette pas d’avoir pris le temps de lire ce gros roman !

    Livre lu dans le cadre du challenge English Classics de Karine:)

    D’autres avis

    Celui de George (pas Eliot), de Cuné. Celui d’une autre Cécile.

    Références

    Middlemarch de George ELIOT – préface de Virginia Woolf – édition (traduction nouvelle de l’anglais) de Sylvère Monod (Folio, 2005)

  • Quatrième de couverture

    Printemps 1867. Une femme est sauvagement assassinée dans une ruelle de Londres. Non loin de là, un jeune garçon de treize ans rêve d’une vie meilleure. Il s’appelle Sherlock Holmes. Et il est fasciné par ce fait divers sordide. Il décide d’en savoir plus, de rencontrer l’accusé. Commence alors une contre-enquête qui le rend suspect à son tour.

    Mon avis

    Ce livre est en fait le début d’une série ; il n’y en a qu’un seul traduit en français mais déjà quatre sortis en anglais. Vous pouvez trouver des précisions sur le site de l’auteur qui est très sympa.

    Comme tout début de série, on a l’introduction des personnages principaux. Sherlock Holmes bien sûr. Il a treize ans, fait l’école buissonnière pour observer les gens dans les parcs. Il est pauvre et désespère de devenir riche. En plus il est assez solitaire car on se moque de lui pour ses habits et son aspect dont il prend un soin tout particulier, pour ses origines : c’est un « sang-mêlé ». Son père, Wilber, est  juif et était promu à un brillant avenir comme professeur à l’University College of London car c’est un génie des sciences (notamment en chimie et en ornithologie). Mais il a eu le malheur de tomber amoureux de Rose la mère de Sherlock, passionnée d’opéra et de musique. Celle-ci a bien voulu l’épouser mais la belle-famille a fait en sorte que Wilber n’obtienne pas son poste à l’UCL. Ils ont eu trois enfants, Mycroft (dont ils n’ont que trop rarement des nouvelles, parti loin de la maison pour vivre d’un poste de petit fonctionnaire), Sherlock et une petite fille qui est décédée. Il y a aussi Malefactor, ennemi de Sherlock même si leur caractère est semblable, petit voyou des rues, membre des Irréguliers. On voit que lui aussi est au-dessous de sa condition (on comprend qu’il était dans une famille très aisée avant). Il est orphelin de père et mère, sa sœur est morte. Seul lui reste sa passion pour les mathématiques. Cela vous rappelle quelqu’un des aventures de Sherlock Holmes. Non ? Il y a aussi Dupin (appréciez le clin d’œil)  qui fournit parfois à Sherlock (quand il n’a pas réussi à les trouver dans les poubelles) les journaux où il trouve des faits divers passionnants.

    Notamment, celui sur lequel il enquête dans le livre : le meurtre d’une jeune femme non identifiée dans le secteur de Whitechapel. Ce qui l’intrigue, ce sont les corneilles dessinées dans le journal. Justement il en voit au dessus de lui (il est donc destiné à résoudre cette énigme). Rapidement, un jeune boucher d’origine arabe est arrêté. On a trouvé son couteau sur le lieu du crime, des traces de pas ensanglantées menant à son atelier. Sa culpabilité ne fait aucun doute. Le problème c’est que l’on ne retrouve pas une bourse appartenant à la victime. Alors, quand l’accusé parle uniquement, et à voix basse, à Sherlock Holmes, le jour où il est emmené en prison, Lestrade (le vieux : nous est même présenté le jeune) pense qu’ils sont de mèches. D’autant que l’on a vu Sherlock deux fois sur les lieux du crime. Ni une ni deux, Lestrade arrête Sherlock et le mets en prison. Arrive deux visiteurs de prisons, un père et sa fille, Andrew et Irène Doyle (admirez le clin d’œil aussi). Celle-ci tombe amoureuse de Sherlock, l’aide à s’évader, puis enquête avec lui pour trouver le véritable assassin.

    Parce que comme d’habitude dans les romans, la moitié des preuves ont échappé à la police. Sherlock et Irène vont toutes les retrouvées et pour cela vaincre toutes leurs peurs et tous les dangers. En fait, sans rire, l’enquête est plutôt intéressante à suivre , il y a vraiment des rebondissements à chaque chapitre. Au fur et à mesure, on cerne de mieux en mieux la personnalité de Sherlock, ce qui rend le livre de plus en plus agréable à suivre.

    Ce qui m’a gêné au démarrage, c’est que l’auteur fait du misérabilisme sur le dos de Sherlock Holmes, insiste bien sur le fait qu’il ne pourra jamais se sortir de sa condition sauf si il le désire vraiment et que comme il est le plus fort, il va s’en sortir (c’est évident). Il m’a donné l’impression que Sherlock était un jeune garçon jaloux et envieux, avide de reconnaissance (comme si il était très fragile dans sa tête). C’est un peu à mon avis détruire le mythe qu’il abaisse au niveau du commun des mortels. Ce qui m’a aussi gêné c’est le fait que tout le livre soit écrit au présent. En tout cas, pour moi (je ne suis pas le public visé non plus), cette technique ne me permet pas de mieux visualiser les scènes ou quoi que ce soit. Je crois que cela vient du fait que les aventures de Sherlock Holmes et Watson sont racontées au passé et du coup ça m’a troublé. Une dernière chose m’a vraiment déplu, c’est que l’on puisse lire de tels passages dans un livre pour des enfants de dix ans :

    Il y a bien des injustices dans le monde, songe le garçon. Certaines sont cependant pires que d’autres. On peut mépriser une personne parce qu’elle est pauvre, à cause de ses vêtements ou en raison de ses opinions politiques ; ce sont des traits qui peuvent changer. Mais en vouloir à quelqu’un d’être juif ou arabe relève de la plus grande injustice qui soit : il ne peut rien faire pour changer son état. Le plus grand tort, oui … après celui qui consiste à lui ôter la vie …

    D’abord, je ne crois pas qu’à notre époque, mêler origine géographique et religion soit très approprié. De plus, dire à un jeune adolescent, c’est normal de mépriser quelqu’un de pauvre revient à dire qu’il est normal d’aduler quelqu’un parce qu’il est riche (et que si il devient pauvre on peut le mépriser). Je ne vous parle pas des opinions politiques … N’aurait-il pas été suffisant de dire que l’on doit admettre que les autres puissent être différent de soi ?

    En conclusion, c’est un bon livre, avec quelques lenteurs au départ lors de la présentation des personnages (j’attends de voir les autres épisodes pour vous dire si c’est une très bonne série) même si j’ai pu être parfois un peu gênée par les opinions émises (ce n’est pas non plus omniprésent : ne vous imaginez pas ça).

    Références

    La jeunesse de Sherlock Holmes – Tome 1 : L’oeil du corbeau de Shane PEACOCK – traduit de l’anglais par Pierre Corbeil (Milan Jeunesse, 2008)

  • Premières pages

    Sherlock Heml’Os, détective de renommée mondiale, vit à Nicheville (États-Unis). Avec l’aide de son fidèle ami Ouahtson, il résout tous les mystères, élucide les affaires les plus ténébreuses et confond les coupables. Aucun indice n’échappe à son oeil de lynx. Aucun problème n’est trop complexe pour son cerveau surdoué.

    Sur les traces de Sherlock Heml’Os, exerce tes talents de détective ! Chacune des histoires de ce livre te propose une énigme à résoudre. Ouvre l’oeil : il y a toujours un indice pour te mettre sur la voie …

    Avec Sherlock Heml’Os et Ouahtson, c’est à toi de mener l’enquête. Élémentaire, mon cher lecteur !

    Mon avis

    Je suis aussi intelligent que Sherlock Heml’Os. Je suis très très fière parce que c’est pratiquement être aussi forte que Sherlock Holmes. Par contre Ouahtson (n’est-ce pas que les noms des personnages sont bien trouvés) est très très bête alors que Watson quand même pas trop.

    Comme vous l’avez compris, j’ai trouvé les neuf énigmes (destinées à des enfants de primaire) mais pour trois j’ai du relire des passages … Les difficultés sont donc assez variables. Certaines sont un peu du genre « Quelle est la couleur du cheval blanc d’Henri IV ? » mais d’autres’, notamment celle avec l’identification de traces de pas, m’ont donc demandé un peu plus de cervelle. Les histoires sont toutes drôles, fraîches et vivantes (même pour une adulte qui aime mener des enquêtes).

    C’est un livre qui est une très bonne idée par exemple à lire à un enfant de six ans pour chercher ensemble les énigmes, ou bien pour un enfant un peu plus âgé de le lire seul. On voit ainsi que dans une histoire tous les mots sont importants (en général les tout-petits le savent très bien) pour bien comprendre …

    Comme vous l’avez compris, c’est un livre que j’ai beaucoup aimé et que je recommande si vous avez des enfants qui sont des graines d’enquêteurs !

    Références

    Sherlock Heml’Os mène l’enquête de Jim RAZZI – traduit de l’américain par Marianne Costa et illustré par Jean-François Martin (Livre de poche jeunesse, 1998 et 2003 pour les illustrations)

  • Le 8 juillet, nous avons pris avec mon frère notre voiture non climatisée, sous un soleil de plomb (38 degrés au thermomètre de la voiture), pour nous rendre à Milly-la-forêt. Pourquoi me direz-vous ? Pour aller voir la maison de Jean Cocteau qui a ouvert ces portes le 24 juin. Enfin ! J’attendais ça depuis au moins quatre ans.

    Après cinquante kilomètres, tout dégoulinant de sueur (nous avons une sorte de classe innée dans la famille) nous arrivons à nous garer dans une allée ombragée et ouvrons la bouteille d’eau que nous avons eu la bonne idée de prendre. Mais j’y pense vous ne savez peut être pas où est Milly-la-Forêt. C’est en Ile-de-France, au sud-Est de Paris, à une dizaine de kilomètres de Fontainbleau (à une soixante de kilomètres de Paris), Barbizon (là où il y a plein de peintres) et pas très loin du moulin de Dannemois, si ça peut en aider certains.

    Toutes les photos (de mon frère) sont cliquables dans ce billet.

    Nous descendons de voiture et nous marchons un peu. La première chose pour vous situer c’est de repérer le château de la Bonde (l’avantage d’avoir ce temps là c’est que le ciel est beau sur les photos).

    Quand vous regardez le château, il faut aller sur votre gauche, tournez à droite, puis prendre la première à droite. Là vous vous retrouvez dans une toute petite rue en impasse, pavée (c’est la vue en revenant de la maison que je vous ai mis ne vous inquiétez pas). D’après les explications du guide (que je me suis honteusement offert à la fin de la visite), Jean Cocteau a acheté cette maison en 1947 et l’a occupé jusqu’à sa mort en 1963. Elle occupe la « partie noble » de l’ancien corps de logis des dépendances du château (maison du Bailli). La propriété comprend aussi un très beau jardin et un bois que nous visiterons après.

    La maison qui bouche la rue, tout au fond de l’impasse, c’est la maison de Jean Cocteau. Vous ne comprenez pas par où rentrez, c’est normal. Continuez cependant à avancer. À gauche, une porte ouverte c’est le guichet d’entrée. Une fois votre entrée acquitée, vous prenez une petite passerelle qui vous mène à l’entrée de la maison. Première impression, il fait frais, l’atmosphère est agréable. En prenant à gauche, on aperçoit des photos intimes de Jean Cocteau et d’Édouard Dermit (qui est très beau). Personnellement, je ne connaissais pas ce Monsieur. Je reprends donc là aussi les informations du guide. Édouard Dermit rencontre Cocteau en 1947. Il est engagé assez rapidement en tant que jardinier pour la maison de Milly dont il devient  le régisseur. Puis il sera le compagnon de Jean Cocteau (j’avoue ne pas avoir compris où Jean Marais était dans cette histoire). Je pensais qu’il en était resté là mais pas du tout. Car, si j’ai bien compris en 1949, il a été acteur dans au moins un film Les enfants terribles avec Nicole Stéphane (il y a une photo au premier étage). Édouard Dermit héritera de la maison en 1963 à la mort de Cocteau puis il se mariera et aura deux fils. Il habitera la maison jusqu’en 1995, date de sa mort. Il maintient intact le grand salon, le bureau et la chambre que l’on visite aujourd’hui.

    Comme je vous l’ai déjà dit je ne suis pas du tout cinéphile. Je n’ai jamais vu un seul film avec Jean Marais, ou de Jean Cocteau et encore moins avec Édouard Dermit. Pour moi, Jean Cocteau c’est La machine infernale que j’avais lu à l’école, qui m’avait énormément plu (c’est assez rare pour être souligné) et dont la couverture était de l’auteur. Dès la première salle, j’ai donc trouvé qu’on rencontrait l’homme et pas le personnage publique (c’est ce que je recherche quand je visite une maison d’écrivains). Il y avait donc des photos de moments heureux, les dessins de Cocteau très reconnaissables mais aussi une magnifique lettre à sa mère.

    Dans la pièce suivante, c’est donc le grand salon qui nous est présenté.

    Comme vous vous en rendez compte, on peut le voir facilement travailler dans cette pièce même si on se doute qu’il n’y avait pas de passage pour les visiteurs … Puis vous montez à l’étage où nous attendent deux autres pièces reconstituées : la chambre et le bureau avec le fameux papier peint en léopard.


    Vous avez alors terminé la visite des pièces reconstituées et vous passez à une partie musée. J’ai trouvé que c’était moins intéressant (mais c’est mon goût personnel car il y avait plein de personnes de l’âge de mon père et un peu plus vieux qui regardaient tout avec beaucoup d’intérêt). On rappelle toutes les différentes facettes de l’artiste : les films, le théâtre, le dessin, l’écriture.

    Puis vous passez à une salle absolument magnifique : des portraits de Jean Cocteau, plus ou moins jeune, par d’autres artistes, notamment Andy Warhol et Man Ray. Le portrait de Man Ray est très très touchant. Vous pouvez regarder ensuite des manuscrits exposés. Puis vous descendez un escalier mais avant Jean Cocteau vous regarde une dernière fois. En effet, un écran blanc est suspendu au dessus de l’escalier et nous montre un petit film, visiblement tourné à Milly-la-Forêt et qui montre une scène très « poétique » a rebours. Cela m’a donné l’impression de voir un film de famille.

    De retour au rez-de-chaussée, vous pouvez assister à une autre projection puis sortir dans le jardin.

    Il n’y a plus le lierre sur la façade comme au temps de Jean Cocteau. On accède ensuite au jardin. Le problème du jardin est qu’il est neuf, donc un peu nu. Les plantes sont jeunes donc sans fleur, ni trop de feuillage. En plus le jour où on y est allé, elles avaient soif (un peu comme nous d’ailleurs). Le bois est aussi en cours d’aménagement. Il faudra y revenir dans quelques années. Après tout ça, mon frère m’a dit, il fait chaud, on ne se promène pas dans un jardin où il n’y a pas d’ombres.

    Nous voilà sorti de la maison pour aller à pied, sur les indications du guichetier, à la chapelle Sainte-Blaise-des-Simples, où sont enterrés Jean Cocteau et Édouard Dermit (la chapelle contient uniquement leurs deux corps et est donc toute petite). La première surprise est que c’était à au moins un kilomètre et demi (après il a fallu revenir) en plein soleil (sans eau que nous avions laissé dans la voiture ; l’appareil était en surchauffe). Puis une fois arrivé, nous avons découvert avec mon frère ce qu’était des simples. Ce sont des plantes !

    C’est aussi un motif qu’a repris Jean Cocteau pour décorer l’intérieur (en plus de la scène de la résurrection). Puis être revenu à la voiture, bu toute l’eau, nous avons refait cinquante kilomètres pour retourner dans notre banlieue.

    Vous l’aurez compris cette balade m’a beaucoup plu même si elle m’a laissé parfois sur ma faim. J’aurais aimé en voir plus (c’est assez bon signe car je me dis la même chose quand je visite la maison d’Elsa Triolet de de Louis Aragon). Je retournerais voir ce petit havre de paix quand je connaîtrais un peu mieux Cocteau : ses livres, ses films et son théâtre. Je suis sûre qu’alors tout m’apparaîtra parfait !

  • Quatrième de couverture

    « Si une poignée de suie tombe dans la soupière, et qu’il ne soit pas commode de l’en retirer, mélangez-la bien, cela donnera à la soupe un haut goût français. » Dans les Instructions aux domestiques, Swift raille le ton des ouvrages de bonnes manières et passe en revue avec pétulance, les règles qui gouvernent la vie des gens de maison, du sommelier au groom, de la gouvernante à la cuisinière.

    Mon avis

    C’est un livre assez court (dans cette édition 120 pages à peu près), très drôle à lire sur le moment. L’auteur y montre encore une fois son sens de la formule. Il commence par des instructions générales concernant tous les domestiques puis il enchaîne par les sommeliers, les cuisinières, les laquais, les cochers, les valets de salle, des intendants, des régisseurs, des portiers, des femmes de chambre, des femmes de charge, des filles de service, des filles de laiterie, des bonnes d’enfant, des nourrices, des blanchisseuses, des femmes de charge (une deuxième fois. Pourquoi ?), des institutrices, des gouvernantes. Si vous faites partie des six dernières catégories, faites attention, ce n’est qu’esquissé Swift n’a pas eu le temps de finir. J’avoue avoir été surprise que l’on puisse avoir autant de personnels différents dans une maison. Je croyais qu’il y avait les dames à l’intérieur qui faisaient le ménage, la cuisinière, l’homme à tout faire et le jardinier : cela ne me faisait que quatre catégories. Quand j’aurais un château, je me souviendrais de tout ça. C’est moi qui vous le dis.

    Ce qui faut retenir c’est que c’est vraiment très drôle. Mais il n’y a pas le propos comme dans Modeste proposition… dont je vous parlais l’autre jour. Pour l’époque, sa position devait être assez extraordinaire mais maintenant et à notre époque, elle le paraît moins. Il ne reste donc que le texte. Cela suffit pour passer un très bon moment et admirer l’esprit de Swift. Finalement, vous découvrez un peu plus un auteur plutôt qu’un bon livre. C’est le léger bémol que je mettrais.

    Un exemple de l’humour pince-sans-rire de Swift

    Instructions à la nourrice

    S’il vous arrive de laisser tomber un enfant et de l’estropier, ne l’avouez jamais, car s’il meurt vous êtes sauvée.

    Faites en sorte d’être grosse aussitôt que possible, tandis que vous nourrissez, afin d’être prête à prendre une autre place quand votre nourrice mourra ou sera sevré.

    Livre lu dans le cadre du challenge English Classics de Karine:)

    Références

    Instructions aux domestiques de Jonathan SWIFT – édition et traduction d’Émile Pons avec la collaboration de Jacques et Maurice Pons et de Bénédicte Lilamand – préface de Régine Dethambel (Mercure de France, 1997)

  • Quatrième de couverture

    1909. La France a perdu la guerre de 1870 et l’Alsace-Lorraine est entrée dans le IIe Reich. Son nouveau maître, Guillaume II, investit son énergie et ses précieux Goldmarks dans la région. Mais derrière l’intérêt qu’il semble afficher pour l’Alsace, se cachent peut-être d’autres projets… Pourquoi s’est-il pris de passion pour cette vaste ruine qu’est le château du Haut-Koenigsbourg, pourquoi s’acharne-t-il à la relever et pourquoi, depuis que le bâtiment a été inauguré, y reçoit-il secrètement son état major ?

    Dans la campagne anglaise, Sherlock Holmes goûtait aux joies de la retraite ; cette affaire autour de la forteresse va l’obliger à reprendre du service. Voilà donc le détective le plus célèbre de tous les temps qui débarque en Alsace. Qui est un ami ? Qui est un espion ? Élémentaire mon cher Watson …

    Jacques Fortier est journaliste aux Dernières Nouvelles d’Alsace à Strasbourg, et correspondant du Monde. Il avait auparavant travaillé au Nouvel Alsacien (Strasbourg), puis comme rédacteur en chef de France Bleu Alsace (Radio France).

    Il a écrit Sherlock Holmes et le mystère du Haut-Koenigsbourg en hommage à Sir Arthur Conan Doyle (1859-1930), pour le cent cinquantième anniversaire de la naissance du créateur du grand détective.

    Mon avis

    J’ai beaucoup beaucoup aimé ce pastiche de Sherlock Holmes pour plein de raisons. D’abord parce qu’il se situe dans une région que j’ai visité plusieurs fois et que j’adore : l’Alsace, plus précisément près de Sélestat au château du Haut-Koenigsbourg. Si vous ne voyez pas du tout la tête de ce château, je vous conseille d’aller voir les images sur la page wikipedia. Il est très différent de tous les château que l’on peut voir dans le reste de la France pour deux raisons : parce que c’est l’Alsace (et qu’elle a été pas mal allemande ; du coup il y a un mélange des cultures et des traditions vraiment très intéressants dans cette région) et parce que la reconstruction date d’il y a un peu plus d’un siècle et a été effectué par un Allemand Bodo Ebhardt (un peu comme le château de Pierrefonds a été reconstitué par Viollet-le-Duc ; on en parle d’ailleurs dans ce livre).

    Le premier chapitre du livre est très intéressant car il restitue de manière habile l’histoire du château, vue du point de vue de la narration. Les faits historiques sont apparemment réels mais l’auteur y glisse des indices pour la suite de son histoire. On comprend qu’il y a quelque chose de cacher au Haut-Koenigsbourg depuis le temps de Frédéric Barberousse et que ce quelque-chose a été largement convoité au cours des générations. Cependant il est toujours au château. Sherlock Holmes et le docteur Watson sont chargés, par Mycroft frère de Sherlock, de récupérer le quelque chose même si ils ne savent pas quoi. Leur couverture est le fait d’écrire un petit traité sur les châteaux en reconstruction. Ils passent rapidement à Pierrefonds pour arriver au Haut-Koenigsbourg. Là, l’enquête commence. Au bout de la moitié du livre, on a l’impression que Sherlock Holmes ne sait toujours pas où il en est. Vingt pages plus loin, on se dit que c’est nous qui ne sommes pas de très bons détectives. Sherlock Holmes a trouvé bien évidemment ! Jacques Fortier avait mis tous les indices entre nos mains ; seul Sherlock a su les décrypter de manière efficace. Tout au long de cette partie, il s’agit surtout d’une phase de réflexion et d’interrogatoires. On découvre l’Alsace, les Alsaciens, le château (on retrouve très bien l’atmosphère).

    Après, les deux compères agissent ensemble pour récupérer le fameux objets. Ils déjouent des pièges, des fausses pistes qu’on leur a délibérément tendu. L’action s’emballe mais reste crédible, dans la lignées des écrits de Conan Doyle.

    La bonne nouvelle c’est que sur la tranche du livre, il y a un numéro 1. On peut donc penser qu’il y aura un numéro 2 des enquêtes rhénanes (de Sherlock Holmes ? je l’espère) D’après le site de l’éditeur, cela devrait être en octobre !

    D’autres avis sur la page de l’éditeur consacré à ce livre.

    Références

    Sherlock Holmes et le mystère du Haut-Koenigsbourg de Jacques FORTIER (Le verger éditeur – Les enquêtes rhénanes, 2009)