Il s’agit du huitième volume des aventures d’Isabel Dalhousie, celle qui pratique la philosophie éthique. Je ne vous avais pas parlé du tome 6 car il m’avait semblé mauvais. Je ne vous avais pas parlé du tome 7 car je l’ai lu en anglais et que je vais relire en français cette année (et c’est là que vous allez en entendre parler), qui m’avait semblé meilleur que le tome 6 mais moins bon que les cinq tomes précédents. Mais avec ce tome 8, on revient à du Isabel Dalhousie de la meilleure veine.
On rentre dans le livre comme dans des pantoufles (surtout pour l’anglais qui est franchement très facile). On est tranquille dans sa maison luxueuse avec Grace, la dame qui s’occupe de son marie, avec Jamie, son toujours pas mari (la couverture ne se trompe en suggérant que cela va se faire) mais père de son fils, Charlie, qui a maintenant deux ans. Cela commence très très fort car elle recommence à nous faire des réflexions type « manger du chocolat est-il éthique ? » On s’attend au mieux du coup. Elle décide de se rendre dans l’épicerie fine de sa nièce, Cat. Elle ne perd pas son temps puisqu’elle trouve le temps de penser que la seule chose que sa nièce a dans sa vie c’est le sexe avec des hommes (elle a une petite trentaine, on se dit qu’il faut bien que ça se fasse tout de même), de lire les journaux (et de faire des commentaires sur chaque fait) et de découvrir qu’une philosophe australienne va lui téléphoner. On se dit elle va parler philosophie. Ben non !
L’Australienne va lui demander de l’aider à retrouver son père biologique en sachant qu’elle connaît le nom de la mère. Isabel va réussir en deux coups de cuillère à pot mais manque de chance, cela va se retourner contre elle. Il faut dire qu’elle oublie souvent de vérifier ses sources et ne réfléchit pas beaucoup à la portée de ses actions à elle (il faut dire qu’elle est occupée à réfléchir sur la portée de celles des autres).
Là dessus, se glisse l’arrivée du neveu du Professeur Lettuce (c’est celui qui veut piquer la revue d’Isabel, donc elle est l’éditrice et la propriétaire mais il n’y a pas de problème d’éthique). Le neveu a un plan machiavélique pour faire avance sa carrière universitaire.
Il y a aussi l’empoisonnement aux champignons, achetés chez Cat. Isabel va la dénoncer aux autorités sanitaires (cela sent une dispute mémorable au volume 9). Il y a aussi un nouveau serveur chez Cat et comme Alexander McCall Smith ne sait pas trop quoi en faire, il le fait partir sans aucune raison.
Jamie m’a déçu dans ce roman : il est censé modérer Isabel. Il ne le fait même pas et finalement, Isabel n’en devient que beaucoup plus drôle parce qu’elle ne se pose jamais de questions sur elle mais toujours sur les autres. Par exemple, Grace qui croit au spiritisme, lui apporte une information financière obtenue en séance par un médium qui exerce une profession financière (cela sent le délit d’initié). Isabel en profite pour faire un bénéfice important. Grace achète en apprenant cette nouvelle et perd tout. Isabel ne se pose pas la question de savoir si il est bien de profiter ce type d’information mais est juste peinée d’apprendre la situation de Grace.
Tout le roman tourne autour d’une question : la portée d’un mensonge. Isabel se pose dans une position extrême en disant qu’il ne faut jamais mentir, dire ce que l’on pense, ne jamais se mettre à la place des autres. Elle n’arrive pas justement à les comprendre. Je trouve cela gênant pour une philosophe.
Comme je le disais, Isabel a une attitude constante dans ce roman : elle devient rigide dans sa tête et n’est plus philosophe. Elle a la science infuse et ne s’interroge. Alexander McCall Smith a la gentillesse de ne pas lui faire arriver quelque chose de grave mais à un moment à agir de cette manière, cela se retourne contre vous. C’est en cela que ce volume m’a plu. J’ai envie de lire le tome 9 pour savoir si l’auteur va profiter de cette nouvelle situation qu’il a mis en place dans ce volume.
Références
The forgotten affairs of youth de Alexander McCall SMITH (Little Brown, 2011)