Cecile's Blog

  • Quatrième de couverture

    Ils sont trois jeunes d’à peine vingt ans, destructeurs et provocants, lâchés dans la nuit mexicaine. Le meneur du groupe, Gregorio, est un ange noir dévoré par la folie. Manuel est son disciple. Ils partagent un même tatouage de bison sur le bras gauche, et une même maîtresse, Tania. Un pacte de sexe et de sang lie ces trois âmes perdues, jusqu’à ce que Gregorio se tire une balle dans la tête.

    Mon avis

    Je continue ma découverte de Guillermo Arriaga avec ce deuxième titre complètement différent de L’escadron guillotine, par l’histoire mais aussi par le style.

    Parlons d’abord de l’histoire. Elle pourrait se passer n’importe où, ou plus exactement dans n’importe quelle grande ville. J’ai lu un billet sur internet qui disait qu’il n’était plus trop question de « mexicanité », même si on ne pouvait lire qu’au Mexique une histoire « aussi dingue mais crédible ». Au début, j’avais mal compris la quatrième de couverture et je croyais qu’on nous racontait déjà la fin du livre. En fait, non. On commence par le suicide de Gregorio d’une balle dans la tête, le 22 février, dans sa salle de bain très peu de temps après sa sortie de l’hôpital psychiatrique. Manuel, son meilleur ami (qui couche avec la petite amie du mort et aussi avec la sœur du mort), raconte dans le livre comme il vit ce fait, d’autant qu’il reçoit des lettres étranges de Gregorio qui est censé être mort. On s’imagine bien que la situation est très difficile. D’autant plus que Tania n’y met clairement pas du sien, entre le fait qu’elle se sente fautive (elle couchait avec les deux en même temps) et qu’elle en veut à Manuel. Dans le roman, Manuel passe son temps à échapper au fantôme de Gregorio, tout en essayant de retrouver Tania qui lui fuit (et pourtant le retrouve parfois), et qui elle essaye de se faire pardonner du fantôme de Gregorio. L’ambiance est bien noire comme la couverture du livre. Ces jeunes ne sont pas propres sur eux. Ils se droguent, ils ont des vies plus que compliquées… Ils ont un côté borderline. Ce n’est clairement pas un livre plein de bons sentiments.

    En même temps, je n’irais pas dire que c’est jouissif comme le critique de télérama (source : couverture du livre). Je suis d’accord pour les épithètes « sulfureux », « pervers »et « sauvage ». Pendant toute la lecture, on est sous tension et on se sent mal à l’aise. On est à la fois pris entre l’intention de fermer le livre pour arrêter d’étouffer, d’être oppressée et pourtant on veut savoir la suite. On est comme pousser en avant par le style de l’auteur. Je plains le pauvre Manuel qui lui est obligé de rester dans le livre car il n’a pas le choix. Il est obligé de poursuivre sa vie dans cette ambiance. La preuve, voilà ce qu’il dit à la fin :

    Je me réveille parfois en sentant sur ma nuque l’haleine bleutée du bison de la nuit. C’est la mort qui me frôle. C’est la tentation de me tirer une balle dans la tête et de mettre un point final à tout : c’est le feu qui me brûle de l’intérieur.

    C’est la mort, je le sais.

    Pour le style, Guillermo Arriaga n’utilise plus du tout l’humour. Il fait des phrases plutôt courtes et sobres. Comme je le disais, c’est ce qui fait le rythme haletant du livre alors que l’histoire donne plutôt envie de fermer le livre. C’est cette opposition qui créée cette ambivalence des sentiments que j’ai ressentis.

    Références

    Le bison de la nuit de Guillermo ARRIAGA – traduit de l’espagnol (Mexique) par François Gaudry (Points Seuil, 2010)

  • Présentation de l’éditeur

    En cette fin d’été 1913, le jeune comédien anglais Lysander Rief est à Vienne pour tenter de résoudre, grâce à cette nouvelle science des âmes qu’est la psychanalyse, un problème d’ordre intime. Dans le cabinet de son médecin, il croise une jeune femme hystérique d’une étrange beauté qui lui prouvera très vite qu’il est guéri, avant de l’entraîner dans une histoire invraisemblable dont il ne sortira qu’en fuyant le pays grâce à deux diplomates britanniques, et ce au prix d’un marché peu banal. Dès lors, Lysander, espion malgré lui, sera contraint de jouer sur le théâtre des opérations d’une Europe en guerre les grands rôles d’une série de tragi-comédies. Sa mission : découvrir un code secret, dont dépend la sécurité des Alliés, et le traître qui en est l’auteur. Sexe, scandale, mensonges ou vérités multiples aux frontières élastiques, chaque jour et chaque nuit apportent leur tombereau d’énigmes et de
    soupçons. L’aube finira-t-elle par se lever sur ce monde de l’ombre, et par dissiper enfin les doutes que sème avec une
    délectation sournoise chez le lecteur fasciné l’auteur de cet étonnant roman du clair-obscur?

    Mon avis

    Il s’agit donc du deuxième roman de cet auteur que je lis. Enfin, le premier, je l’avais plutôt écouté que lu.

    Clairement, je reconnais un talent de raconteur d’histoires à William Boyd. Son intrigue est parfaitement dessinée pour être tortueuse à souhait. On ne sait pas toujours où il veut en venir ; en particulier, quand il sème des détails au cours du récit qui ne prennent sens qu’à la fin du roman. En plus, il mêle habilement récit d’espionnage et récits de guerre (Lysander est à l’arrière pour démasquer des traitres mais va se retrouver aussi au front dans les tranchées), histoire d’amour, de famille mais aussi de cul tout en revisitant le mythe de la psychanalyse de Vienne (il n’y avait pas que Freud et les psychanalystes n’étaient pas tous honnêtes). Le roman a tout pour être passionnant. Pourtant, j’ai mis quatre semaines à le lire (sans compter les innombrables pauses).

    Quand je reprenais ma lecture, j’étais plutôt passionnée mais quand je l’arrêtais, je n’avais plus envie de reprendre le livre. Je crois que cela vient du héros Lysander Rief qui imprime son rythme à la narration. En effet, on s’attend à ce que le roman est un rythme plutôt frénétique, vu le nombres de péripéties, de lieux et d’histoires mais en fait, non. En effet, Lysander n’est que réflexions, hésitations, reculades. Il n’y va jamais franchement. C’est le genre de chose que l’on n’attend pas d’un espion, même amateur, ni même d’un acteur, qui devrait être assez habitué aux faux-semblants. Il est pourtant ‘une crédulité hallucinante. Il ne comprend qu’à la fin que la solution est de se méfier alors que tout le monde lui ment depuis le départ et le manipule de manière très opportune. Le caractère du héros imprime un rythme très lent à l’écriture de William.

    Rétrospectivement, je pense qu’Orages Ordinaires m’avait déjà fait cet effet-là. Le truc c’est qu’alors c’était annoncé. On suivait le parcours d’un homme, de la gloire à la déchéance. Alors que pour ce roman-ci, on s’attend à une histoire d’espionnage et en fait, ce qui intéresse William Boyd, c’est le parcours de son personnages, physique comme psychique, au cours de la Première Guerre mondiale. L’espionnage n’est que le fond de son histoire. Mais cela, je ne l’avais pas compris en écoutant ce que les magazines, la radio et le libraire en disaient.

    Références

    L’attente de l’aube de William BOYD – traduit de l’anglais par Christiane Besse (Éditions du Seuil, 2012)

  • Quatrième de couverture

    On joue vraiment de drôles de choses sur les tapis verts de la frontière, entre officiers des stups américains et mexicains. Quand  il accepte de faire la preuve qu’un parieur invétéré trouvé criblé de balles n’était pas un narco, Morgado, le plus privé des privés, s’engage dans une enquête sanglante entre toutes. Un noir de noir porté au sommet de la corrosion.

    Mon avis

    C’est le quatrième et le dernier volume (rassurez-vous) des enquêtes de Morgado même si j’aimerais qu’il y en ait encore. D’après la fin, je pense que c’est le cas mais qu’elles ne sont pas traduites ou ne seront pas traduites.

    C’est mon volume préféré car il est plus long (le double de pages : 160 au lieu de 80). Morgado y réalise une véritable enquête, avec énormément d’actions. L’auteur a pris le temps de dérouler sa narration de manière à ce qu’elle s’articule logiquement (c’est un manque de ce côté-là que je lui reprochais pour les trois précédents volumes). Jugez plutôt. Un de ses amis l’a fait revenir Morgado à Mexicali, qui je le rappelle est sa ville natale, pour enquêter sur le décès brutal d’un autre ami : il a été tué dans un hôtel avec un sachet de poudre sur lui. On pense tout de suite à un règlement de compte lié au trafic de drogues. Pourtant, les proches n’y croient pas ; le mort n’était pas un narco mais plutôt un joueur. Pourtant, l’enquête ne semble pas avoir exploité cette piste. Morga va le faire, lui. Cela le mènera des tripots, à la police du coin, au ranch du beau-père qui se situe juste sur la frontière, à la DEA, à la police des frontières, aux bordels …

    On a en plus ici un véritable roman noir : il y a une description intéressante de la société mexicaine en Basse-Californie, et en particulier de la vie sur la frontière Mexique-États-Unis (c’est le thème de prédilection de l’auteur). C’est assez frappant car au niveau de l’identité des gens, tout cela ne semble pas clair. Il y a une relation amour-haine avec les voisins et un rejet des gens qui viennent du sud du Mexique comme si les habitants du nord étaient plus proches des Américains que du reste du Mexique et pourtant, ils semblent rejetés et méprisés par ses voisins. J’aimerais beaucoup en savoir plus et savoir si la société mexicaine est aussi divisée que peut le faire sentir ce livre.

    Maintenant, j’ai très envie de lire Routes sans lois de Graham Greene.

    Références

    Mezquite Road de Gabriel TRUJILLO MUÑOZ – traduit de l’espagnol (Mexique) par Gabriel Iaculli (Les Allusifs, 2009)

  • Quatrième de couverture

    Velasco, fils d’aristocrate, est enrôlé malgré lui dans l’armée révolutionnaire mexicaine. Il est le seul à connaître le fonctionnement de la guillotine qui sème la terreur chez les propriétaires terriens. Le jour où Velasco doit couper la tête de ses anciens camarades d’école, il s’interroge : ne ferait-il pas mieux de s’enfuir ? Mais comment renoncer à l’appel de l’Histoire ?

    Mon avis

    J’ai adoré ce livre. Cela ne m’a pas élevé l’esprit où je ne sais quoi (cela fait référence à une conversation que j’ai eu avec un de mes collègues qui m’a expliqué que sa copine lisait de la soupe moderne qu’elle trouvait à la bibliothèque mais que lui, il ne lisait que des classiques français anciens. Méchante je lui ai dit « tu es calé en littérature du Moyen Âge » mais en fait non il parlait du 19ième siècle exclusivement (sauf Victor Hugo qu’il n’aime pas) et j’ai failli lui demander s’il connaissait le sens du mot éclectisme mais je me suis contentée de faire mmmm). J’en reviens au livre. Il est super car quand on le lit, on y est vraiment.

    J’ai trouvé l’histoire originale et inattendue. Un licencié en droit vient proposer son invention à Pancho Villa, le révolutionnaire mexicain. Il s’agit d’une guillotine beaucoup mieux que la française. Il lui propose de lui céder pour trente pesos. Pancho Villa lui propose mieux : il l’enrôle de force dans son armée ainsi que ses deux acolytes dans un escadron qu’il appelle l’escadron guillotine, chargé de décapiter les prisonniers. La guillotine est vu comme une véritable arme révolutionnaire car au fur et à mesure que la rumeur se répand dans le pays, Pancho Villa et son armée sont de plus en plus redoutés. On assiste alors à tout un lot d’aventures de Velasco.

    Au début, je pensait qu’il était jeune et qu’il sortait de la fac de droit mais en fait non, il a une cinquantaine d’années, il est peu grassouillet, petit mais il rêve de grandeurs et d’honneurs (on ne parle pas d’argent mais bien d’écrire son nom dans un livre d’Histoire). On sent bien que le physique du monsieur n’est pas choisi au hasard. Pourtant, son incorporation involontaire lui semble bien difficile à digérer. D’autant plus que son invention connaîtra des hauts et des bas. Pourtant, à la fin, il se rendra compte que le problème vient peut être d’elle et de lui.

    Ce qui est très plaisant dans ce livre, c’est l’humour. Cela empêche de trouver la décapitation de tant d’hommes sordides (parce qu’apparemment il ne faut pas de morts dans un livre sinon c’est triste et du coup il ne faut pas lire). Le roman est un peu écrit comme un roman picaresque car Velasco va se retrouver avec des couches de la société qu’il ne connaît pas mais aussi vivre des aventures qui peuvent sembler grotesques voire vulgaires (mais je maintiens, qui sont très drôles).

    C’est le genre de livre où j’aurais aimé avoir à la fin de la lecture un contact avec l’auteur pour lui poser plein de questions. Comment lui est venu cette idée de décrire les rêves de grandeurs d’un tel petit homme dans le contexte de la Révolution mexicaine ? On sent que le comble de la grandeur est de jouer un rôle dans l’Histoire et non dans l’histoire du roman mais est-ce que c’est la plus grande période historique du Mexique, celle dont les gens sont le plus fiers ? Est-ce qu’il y avait vraiment des guillotines dans cette Révolution aussi ? Est-ce que l’auteur s’est renseigné sur Pancho Villa ? A-t-il lu des biographies ? C’est là que je me dis que je suis inculte (je ne savais pas que Zapata et Pancho Villa étaient opposés même s’ils étaient tous les deux révolutionnaires). Guillermo Arriaga si tu m’écoutes et que tu parles français, n’hésite pas à me répondre !

    Un autre avis

    Chez Wodka.

    Références

    L’escadron guillotine de Guillermo ARRIAGA – traduit de l’espagnol (Mexique) par François Gaudry (Points Seuil, 2009)

  • Présentation de l’éditeur

    Tout est très sale, sur la frontière, la peau d’un Mexicain si bon marché, surtout s’il a deux gouttes de sang indien ; et dans le pays voisin, celui du rêve onéreux, on a parfois des besoins urgents : un rein, un pancréas… Il suffit de savoir à qui s’adresser, et le tour est joué. C’est d’autant plus facile que, côté mexicain, les autorités sont hautement corruptibles. C’est dans ces eaux troubles que va se débattre Morgado, le plus privé des privés, quand une grande et belle poulette vient lui montrer un film étrange et lui demande de chercher l’assassin du directeur de la Commission pour les droits de l’enfant.

    Mon avis

    C’est le premier de la série que je lis qui mêle autant roman noir et roman policier. Roman noir car l’auteur décrit ici mieux que jamais la frontière entre le Mexique et les États-Unis, l’action se déroulant dans sa ville natale, Mexicali. On y parle trafic d’organes entre les deux pays, les enfants mexicains servant de réserve pour ceux des États-Unis. Étant donné le sujet, l’auteur ne pouvait pas faire un livre où il ne parlerait pas tout de suite comment cela se passe car le texte y aurait perdu en force. Il alterne donc entre le point de vue de Morgado et celui des trafiquants. C’est pour cela que je pense que ce roman est le plus noir des trois que j’ai lu pour l’instant.

    Le roman est aussi policier dans le sens où oui, Morgado fait encore appel à ses connaissances mais on a plus l’impression que c’est lui qui tire les ficelles et qui met bout à bout les éléments pour trouver les trafiquants. En plus, il s’engage physiquement dans la bataille car il se prend tout de même pas mal de coup. Une chose sur laquelle je n’ai pas insisté dans les précédents billets, c’est l’humanité du plus privé des privés. Il ne fait pas qu’agir sur le moment mais se pose la question de la légitimité de ses actes.

    En conclusion, un bon opus. Il ne me reste plus que le quatrième volume à lire qui est un peu long puisqu’il avoisine les 200 pages alors que les trois que j’ai lu faisaient moins de 100 pages.

    Références

    Loverboy de Gabriel TRUJILLO MUÑOZ – traduit de l’espagnol (Mexique) par Gabriel Laculli (Les Allusifs, 2009)

  • Je n’avais absolument rien compris à la quatrième de couverture et pourtant elle disait plein de choses pour aider à comprendre cette nouvelle. Donc je ne vous l’ai pas mis et j’ai essayé de dire ce qu’on peut attendre de cette nouvelle.

    Andreï Vassilievitch Kovrine, un maître en philosophie, c’est-à-dire un professeur d’université (ils ont l’air d’avoir une vie très compliquée ces professeurs de philosophie) est très fatigué et souffre des nerfs. Il est invité chez les Pessotski. Il s’agit de son ancien mentor Iegor Semionovitch, dans le sens où c’est lui qui l’a éduqué, et de sa fille Tania. Iegor Semionovitch est très réputé pour ses connaissances en horticulture. Cela vous laisse deviner comment règne la nature dans la maison et comment on doit être au calme dans une telle maison. En effet, le professeur  retrouve une certaine paix de l’esprit surtout qu’il est tendrement aimé là bas. Par le père d’abord qui le considère comme son fils et par Tania qui depuis ses 14 ans pense qu’il ne pourra aimer qu’elle. En plus, il n’arrête pas de lui dire qu’il est le plus intelligent de la terre et qu’eux ne sont que stupides. On peut tout de suite penser qu’il ne peut qu’être bien.

    Là-dessus, il a une apparition, celle d’un moine noir, qui lui confirme qu’il est élu pour faire de grandes choses. Il commence alors à devenir vaniteux. pourtant, les conséquences ne vont pas se faire sentir tout de suite puisqu’il va tout de même se marier avec Tania. Mais en fait non tout cela va se terminer tragiquement.

    Passons maintenant à ce que j’ai ressenti : Tchekhov décrit la maison des Pessotski de manière très minutieuse, comme si il faisait de la dentelle ou comme si on était dans un magasin de porcelaine. Le truc est que dans un magasin de porcelaine, il y aura toujours à un moment un éléphant. On attend ce qui va se passer en retenant son souffle. La faim m’a un peu déçu car elle semble moins dentelé et un peu trop vite expédié. C’est souvent ce que je ressens avec les nouvelles. On s’habitue à une écriture et à un environnement puis après tout se détruit trop vite.

    Références

    Le moine noir de Anton TCHEKHOV – traduit du russe par Gabriel Arout – traduction relue par Anne Coldefy-Faucard (Horay, 2004)

  • Vous en rêviez et je l’ai fait pour vous : acheter, lire et chroniquer le neuvième tome des aventures de Isabel Dalhousie. Pour ceux qui ont loupé les épisodes précédents, c’est un peu mon Amélie Nothomb à moi. Alexander McCall Smith sort chaque année au mois de septembre le volume où il fait évoluer Isabel Dalhousie (ses autres personnages de série sont à d’autres moments de l’année et comme je ne les ai pas encore lu, je m’en fiche un peu pour l’instant). J’ai commencé par le lire en poche puis en grand format puis en anglais en broché puis en anglais en relié (et pas question d’avoir cette série en électronique par contre, même si … on en reparle à la fin du billet)(si ce n’est pas du teasing, je me trompe). C’est pour vous dire comme je suis droguée !

    Passons à l’histoire. Isabel commence à avoir une réputation bien établie. Celle d’une fouineuse dirons certains mais nous nous dirons d’une personne bien intentionnée qui est prête à aider son prochain même si elle ne le connaît pas. C’est le cas ici bien évidemment. Une voisine qu’elle n’aime pas (elle ne dit pas cela comme cela : elle n’arrive pas à avoir d’affinités avec elle et c’est l’objet de toute une réflexion d’éthique appliquée, qui je le rappelle est sa spécialité). Je disais donc, une voisine qu’elle n’aime pas vient la trouver pour lui parler du problème d’un ami. On vient de voler à une de ses connaissances un Poussin quand il ouvrait sa très belle demeure à la plèbe de la société. Franchement, à ce moment-là, j’étais perplexe : Isabel va-t-elle devoir enquêter pour retrouver une peinture ? alors que d’habitude soit elle se plante lamentablement ou bien elle n’y arrive pas. J’ai continué ma lecture et j’ai été rassurée. Elle ne sert que de soutien moral au gars qui s’est fait voler. Elle l’accompagne dans les négociations, les rançons … (parce qu’en Écosse ils font des vols de peinture assez bizarre tout de même ; je vous conseille de lire pour en savoir plus) et va rencontrer les enfants du détenteur du Poussin. Elle va même jusqu’à tout débloquer par une manœuvre plus qu’incertaine. À ce rythme, au tome 10, elle va carrément agir en pleine conscience.

    On suit bien sûr le développement de sa vie personnelle. Elle n’a pas de problème avec Jamie mais avec Charlie cette fois-ci (son fils pour ceux qui ne suivraient pas). Grace, la bonne (mais en fait, elle fait tout et c’est pour cela qu’Isabel a le temps de tout faire), apprend en catimini les mathématiques à l’enfant alors que les parents ne veulent rien pousser. S’en suit des débats, une démission, un retour…

    Eddie, l’employé de Cate, est amoureux et là encore, cela entraîne toute une réflexion car Isabel continue à réfléchir sur lui et surtout à éprouver une très grande curiosité à son égard. Comme Isabel, j’espère qu’un jour Alexander McCall Smith nous en dira plus parce qu’au bout de neuf épisodes, on n’a toujours aucun élément et on en est réduit au supputation.

    Le tout est comme d’habitude émaillé de réflexions truculentes et bizarres. On se demande comment l’auteur arrive à mêler sur le papier toutes ces histoires qui n’ont absolument rien à voir les unes avec les autres. C’est un peu à mon avis ce qui fait le charme de cette série. Au contraire d’une série policière, où on suit l’enquêteur pour une enquête bien particulière, on arrive et on suit la vie d’Isabel pour un petit moment puis on la reperd de vue. Un peu comme si on rencontrait une vieille copine dans la rue, qu’on lui demandait comment cela allait, qu’elle nous invitait au café pour en parler et qu’on la reperde de vue jusqu’à l’année suivante.

    Maintenant que j’ai fini de vous raconter toute l’histoire. Je lève le suspens. Je mettais tranquillement ce livre sur LibraryThing quand j’ai vu qu’il y avait un volume 7 et demi (c’est-à-dire entre le 7 et le 8) vendu en ebook. Les commentaires vont de bons à très mauvais mais quand on aime, cela ne compte pas à mon avis ! En plus, cela me fera patienter jusqu’à l’année prochaine, pour enfin lire le tome 10 !

    Références

    The Uncommon Appeal of Clouds de Alexander McCall SMITH (Little Browm, 2012)

  • Présentation de l’éditeur

    Toujours risqué, d’avoir des ouvriers chez soi, surtout quand on vit à Mexico. Aussi, quand Miguel Ángel Morgado, avocat qui s’est officiellement consacré à la défense des droits de l’homme, en voit arriver un en larmes, il se dit que pour une fois… Mais le charpentier nommé Blondie a appris qu’il travaille en fait pour le plus privé des privés, et lui demande de retrouver son père, disparu depuis 1951. Une enquête historique, se dit encore Morgado, car le disparu est le dernier ami resté fidèle à l’écrivain William S. Burroughs, quand celui-ci est sorti de taule après avoir logé une balle dans la tête de sa femme, Joan. C’est par Burroughs que le père de Blondie a été envoyé avec un paquet suspect à Tijuana, d’où il n’est jamais revenu. Pour débrouiller l’affaire, Morgado va faire appel à un vieil ami, agent du FBI…

    Mon avis

    Après la lecture du volume 3 des enquêtes de Miguel Ángel Morgado, je me devais de lire le tome 1. J’ai compris les choses que je n’avais pas compris dans le volume 3 (c’est peut être pour cela que l’on met des numéros sur les séries). Ainsi, Miguel Ángel Morgado est bien avocat, spécialisé dans les droits de l’homme. Il est aussi le plus privé des privés car il n’a pas de bureau de détectives mais il aide ceux qu’il a envie d’aider. Dans le cas de ce volume, il aide le menuisier qui supervise la construction des étagères dans son bureau (j’entends déjà les cris de ceux qui se disent qu’ils sont prêts à résoudre des énigmes s’il est question de construction d’étagères).

    L’idée de départ est très originale. L’auteur mêle un peu d’histoire littéraire (j’hésite toujours à lire Burroughs), de Mexique et d’États-Unis, de préjugés. Tout ce fond narratif m’a semblé très intéressant car j’ai eu l’impression de découvrir un autre Tijuana que celui des séries américaines, de rentrer un peu dans l’histoire mexicaine puisqu’on est dans le Tijuana des années 50, où il y avait du trafic de drogues (un peu ; Tijuana est la ville jumelle de San Diego pour vous situer géographiqement) mais pas les riches avec leurs grosses voitures qui venaient se saouler tout un week-end. C’était un peu l’âge d’or de la ville si j’ai bien compris.

    Pour ce qui est de l’enquête, clairement, cela ne casse pas trois pattes à un canard mais j’ai trouvé que le déroulement était logique. Il fait énormément appelle à ses amis et aux amis de ses amis mais de manière logique même si le coup de grâce est donné par l’agent du FBI. C’est ses amis qui permettent la description du vieux Tijuana.

    Le bémol : il finit le tome 1 comme il a fini le tome 3 (ou comme il va finir parce que l’auteur écrit dans l’ordre ses livres).

    Pour ma deuxième lecture de Gabriel Trujillo Muñoz, j’ai trouvé que c’était toujours aussi sympathique à lire avec un petit plus car il parle un tout petit peu d’écrivains dans ce volume ci.

    Références

    Tijuana City Blues de Gabriel TRUJILLO MUÑOZ – traduit de l’espagnol (Mexique) par Gabriel Laculli (Les Allusifs, 2009)

  • Quatrième de couverture

    Alors qu’il espérait une confortable donation, le jeune Samuel Titmarsh, treizième commis dans une compagnie, ne reçoit de sa tante, la riche Mrs. Hoggarty, qu’une simple épingle en diamant. Tout d’abord déçu, il ne tarde pas à découvrir que la possession de ce bijou va lui ouvrir les portes de la haute société londonienne et lui permettre une ascension fulgurante dans le monde des affaires.

    Il pourra alors épouser la charmante Mary Smith, qui l’attend dans sa province natale.

    Tout semble lui sourire jusqu’au jour où…

    Mon avis

    Voilà un livre anglais très classique dans l’écriture, dans l’histoire et dans la manière de traiter celle-ci.

    L’histoire traite de spéculations financières, de compagnies d’assurances, d’arnaques financières. Les employés de la compagnie d’assurances, les commis, payent pour avoir leur place, eux ou leur famille d’ailleurs en étant partie prenante dans l’entreprise. Toute l’histoire tient au fait que notre narrateur a une parente riche et que son patron y voit l’occasion de s’enrichir encore un peu plus. Il est donc pris entre la cupidité de son patron et de sa tante en plus de sa propre vanité (il a beau s’en défendre, c’est ce que j’ai pensé). Il s’en suit des péripéties qui le mèneront jusqu’à la prison (on découvre cela aussi dans le livre car il y en a de toutes sortes : privées, publiques, pour les indigents). L’auteur traite aussi des différences entre les classes sociales qui sont bien séparées. On voit cela car le narrateur dans une première partie part de rien pour arriver à tout puis après redescend vers … rien.

    Thackeray, dans ce livre, a un style classique (vous allez me dire que c’est peut être lui qui l’a fait le style classique ou plutôt une manière classique de raconter l’histoire. Le narrateur raconte donc son histoire sous forme de scènes, de petites aventures où finalement on attend la suivante pour comprendre ce qui va se passer. Ce que je veux dire, c’est qu’une scène de la fin a très peu de chance de faire allusion à une scène du début (idem pour les personnages et si c’est le cas, comme pour la première logeuse du narrateur, il nous est bien rappelé qui elle était). On saute d’une scène à l’autre en suivant le narrateur et finalement, on s’attache moins au contexte et plus aux personnages. Je pense que cette impression est due au fait que le livre a d’abord été publié en feuilletons sous le pseudonyme de Michael Angelo Titmarsh dans le Fraser’s Magazine (septembre – décembre 1841) (et republié en volume par la suite, en 1848 exactement).

    Les personnages sont classiques aussi. Il y a toute une galerie de personnages tous très typés : la vieille acariâtre, l’épouse angélique, la mère prête au sacrifice, le nanti, le noble estimable, l’homme de pouvoir moins estimable …

    La morale est assez fascinante puisque le narrateur en déduit que c’est le fait de croire qu’il avait de l’argent (il n’avait « qu’une épingle en diamant) qui lui fait perdre la tête, jouant ainsi l’argent de sa mère et de sa tante. Dès lors, qu’il n’a plus l’épingle, tout va pour le mieux. Le livre se termine d’ailleurs ainsi :

    et sur ce, je tire ma révérence, en priant tous ceux qui liront attentivement ces lignes d’être prudent avec leur argent, s’ils en ont, d’être encore plus prudents avec l’argent de leurs amis ; de se rappeler que les grands profits impliquent de grands risques ; que les habiles capitalistes de ce pays ne se satisfont pas de quatre pour cent pour leur argent, quand ils peuvent, en toute sécurité, en obtenir davantage ; et par-dessus tout, je les conjure de ne jamais s’aventurer dans une spéculation dont le chemin ne leur paraît pas parfaitement lumineux et dont les agents ne s’avèrent pas rigoureusement francs et loyaux.

    En conclusion, si vous m’avez bien suivis, vous avez sûrement compris que ce livre est … classique et surtout très agréable à lire. Bien sûr, maintenant, je me dis qu’il serait peut être temps que je sorte La Foire aux Vanités de ma PAL.

    Références

    Le grand diamant des Hoggarty de William Makepeace THACKERAY – roman traduit de l’anglais par Paul Choleau (Bibliothèque Ombres / Éditions Climats, 2004)

  • Quatrième de couverture

    Comment un homme sensé peut-il se laisser guider par ses passions ? Ainsi s’interroge Benito Torrentora qui, au seuil de la cinquantaine, abandonne sa paisible vie de professeur d’université célibataire pour protéger Flor Eduarda, une jeune criminelle de vingt et un ans. Lecteur de philosophie et connaisseur de l’histoire coloniale, il s’aperçoit, un peu tard, que la raison et l’érudition ne sauraient être suffisantes pour résister à l’attraction qu’exerce sur lui une petite employée de supermarché illettrée. Flor Eduarda, elle, est intriguée par cet homme pessimiste et occupé à des affaires auxquelles personne ne s’intéresse. Ensemble, ils fuient Mexico. Ni l’un ni l’autre ne peut se figurer le dénouement de cette aventure.

    Mon avis

    C’est donc le troisième livre de Guillermo Fadanelli que je lis après Éduquer les taupes et L’autre visage de Rock Hudson et Boue est clairement son meilleur livre. Peut être parce qu’il est plus long (350 pages en gros).

    Clairement, les désirs sexuels d’un vieux célibataire devant une petite vendeuse de l’épicerie du coin, je m’en fous. Complètement comme de mon premier pyjama à rayures. Qu’est-ce qui m’a donc poussé à lire ce livre car la quatrième de couverture n’est clairement pas engageante de ce point de vue ? Continuer ma découverte de Guillermo Fadanelli et bien m’en a fait car il est arrivé à me passionner mon histoire. pour vous raconter ma vie, c’était mon roman de bus et pendant cette heure de transport, je n’arrivais pas à me rendre compte de ce qui se passe autour de moi (d’un autre côté, je le prends à 6h30 et il n’y a pas grand monde à part quand il y a des fous qui téléphonent à cette heure-là). J’étais contente de reprendre mon livre le matin à tel point que quand un soir je l’ai oublié au bureau, j’étais en manque.

    Qu’est-ce qui m’a plu ? Le fait que Guillermo Fadanelli arrive à décrire un homme dans sa complexité. D’abord du point de vue physique, l’auteur nous parle des changements d’opinion qu’à Benito face à son corps. Il est parfois potable selon son avis mais peut devenir une loque humaine quand il comprend ce que la femme qu’il aime peut y voir. Pareil pour les sentiments, ils tournent autour de la jalousie, de l’envie, de la jeunesse, du désir, de la haine face à Eduarda car en étant là, elle l’oblige à se rendre enfin compte de qui il est. Sa vie, si on appelle cela une vie, était trop rangée (élèves idiots, collègues universitaires pas beaucoup mieux, sexe avec des prostituées). Il avait cessé de ressentir depuis longtemps. Il se laissait juste porter par sa routine. Même les livres qu’il lisait n’était d’ailleurs envisager que d’un point de vue intellectuel et pas du tout émotionnel (il y a des passages magnifiques sur les bibliothèques mais comme je ne peux pas écrire sur le livre, je ne peux pas vous en citer).

    Ces changements dans le récit de Benito Torrentora font que le livre est extrêmement animé et extrêmement humain. De plus, les personnages secondaires, qui sont moins décrits puisque la narration est faite du point de vue de Benito, sont extrêmement vivants car ils sont particuliers. Ils font ressentir ce que pense Benito comme si c’était ses anges gardiens qui étaient là pour l’aider à comprendre ses actions.

    Un autre avis

    Celui de Ys.

    Références

    Boue de Guillermo FADANELLI – traduit de l’espagnol (Mexique) par Nelly Lhermillier (Christian Bourgois, 2009)