Quatrième de couverture
Ils sont trois jeunes d’à peine vingt ans, destructeurs et provocants, lâchés dans la nuit mexicaine. Le meneur du groupe, Gregorio, est un ange noir dévoré par la folie. Manuel est son disciple. Ils partagent un même tatouage de bison sur le bras gauche, et une même maîtresse, Tania. Un pacte de sexe et de sang lie ces trois âmes perdues, jusqu’à ce que Gregorio se tire une balle dans la tête.
Mon avis
Je continue ma découverte de Guillermo Arriaga avec ce deuxième titre complètement différent de L’escadron guillotine, par l’histoire mais aussi par le style.
Parlons d’abord de l’histoire. Elle pourrait se passer n’importe où, ou plus exactement dans n’importe quelle grande ville. J’ai lu un billet sur internet qui disait qu’il n’était plus trop question de « mexicanité », même si on ne pouvait lire qu’au Mexique une histoire « aussi dingue mais crédible ». Au début, j’avais mal compris la quatrième de couverture et je croyais qu’on nous racontait déjà la fin du livre. En fait, non. On commence par le suicide de Gregorio d’une balle dans la tête, le 22 février, dans sa salle de bain très peu de temps après sa sortie de l’hôpital psychiatrique. Manuel, son meilleur ami (qui couche avec la petite amie du mort et aussi avec la sœur du mort), raconte dans le livre comme il vit ce fait, d’autant qu’il reçoit des lettres étranges de Gregorio qui est censé être mort. On s’imagine bien que la situation est très difficile. D’autant plus que Tania n’y met clairement pas du sien, entre le fait qu’elle se sente fautive (elle couchait avec les deux en même temps) et qu’elle en veut à Manuel. Dans le roman, Manuel passe son temps à échapper au fantôme de Gregorio, tout en essayant de retrouver Tania qui lui fuit (et pourtant le retrouve parfois), et qui elle essaye de se faire pardonner du fantôme de Gregorio. L’ambiance est bien noire comme la couverture du livre. Ces jeunes ne sont pas propres sur eux. Ils se droguent, ils ont des vies plus que compliquées… Ils ont un côté borderline. Ce n’est clairement pas un livre plein de bons sentiments.
En même temps, je n’irais pas dire que c’est jouissif comme le critique de télérama (source : couverture du livre). Je suis d’accord pour les épithètes « sulfureux », « pervers »et « sauvage ». Pendant toute la lecture, on est sous tension et on se sent mal à l’aise. On est à la fois pris entre l’intention de fermer le livre pour arrêter d’étouffer, d’être oppressée et pourtant on veut savoir la suite. On est comme pousser en avant par le style de l’auteur. Je plains le pauvre Manuel qui lui est obligé de rester dans le livre car il n’a pas le choix. Il est obligé de poursuivre sa vie dans cette ambiance. La preuve, voilà ce qu’il dit à la fin :
Je me réveille parfois en sentant sur ma nuque l’haleine bleutée du bison de la nuit. C’est la mort qui me frôle. C’est la tentation de me tirer une balle dans la tête et de mettre un point final à tout : c’est le feu qui me brûle de l’intérieur.
C’est la mort, je le sais.
Pour le style, Guillermo Arriaga n’utilise plus du tout l’humour. Il fait des phrases plutôt courtes et sobres. Comme je le disais, c’est ce qui fait le rythme haletant du livre alors que l’histoire donne plutôt envie de fermer le livre. C’est cette opposition qui créée cette ambivalence des sentiments que j’ai ressentis.
Références
Le bison de la nuit de Guillermo ARRIAGA – traduit de l’espagnol (Mexique) par François Gaudry (Points Seuil, 2010)
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