Cecile's Blog

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    Quatrième de couverture

    "Alfred Day a quinze ans lorsque la guerre éclate en 1939. Pour fuir un père alcoolique, il s'engage dans la Royal Air Force. La guerre sera son terrain d'apprentissage : il y découvre l'amitié  auprès de ses compagnons d'armes, les romans d'Arthur Conan Doyle, et l'amour, dans les bras de Joyce. Mais la violence le rattrape. Au cours d'une mission de bombardement, son appareil est abattu. Seul survivant de l'équipage, il est capturé par l'ennemi.

    Quelques années plus tard, même s'il a recouvré la liberté, Day est prisonnier de ses souvenirs. En 1949, il décide de solder son passé en acceptant de faire de la figuration dans un film sur la Seconde Guerre mondiale. Au milieu d'acteurs en costume et de décors en carton-pâte, il retrouve la douleur du deuil et la peur perpétuelle.

    Dans ce livre baroque, aux accents dostoïevskiens, A.L. Kennedy plonge un homme ordinaire dans des situations qui le dépassent et révèlent sa complexité. Styliste virtuose, elle signe avec Day son oeuvre la plus aboutie."

    Mon avis

    Le voilà enfin mon billet sur Day ! J'ai mis deux semaines à lire un livre de 330 pages : je n'en reviens toujours pas. Je suis assez mitigée sur cette lecture. Ce livre, c'est un coup de poing dans la figure (c'est ça la littérature, non ?). Il vous rappelle que la guerre ça ne s'arrête pas à l'armistice. Il reste après non seulement des sequelles économiques, démographiques … pour les pays mais surtout des séquelles psychologiques pour ceux qui l'ont endurés. Je trouve l'idée qu'Alfred Day, qui a été mitrailleur dans l'aviation puis prisonnier dans un camp pendant la guerre, retourne après la guerre dans un faux camp à l'étranger (pour ceux qui l'ont lu, j'ai cru comprendre que c'était en Allemagne mais est-ce vrai ?) pour essayer de vaincre ces démons très bonnes. Cela donne l'impression qu'il tourne dans une boucle et qu'il n'arrive pas à en sortir. L'écriture de Kennedy permet de décrire tous les sentiments d'Alfred avec une justesse incroyable.

    Le problème est justement là, c'est l'écriture de Kennedy. Pendant les 70 premières pages, je me suis dit "abandone ? abandonne pas ? abandonne ? abandonne pas ?". Il fallait que je me concentre pour comprendre à quelle période de la vie d'Alfred on était. Après, je me suis habituée : j'ai alors trouvé ce roman angoissant, voire étouffant : on ressent vraiment les émotions d'Alfred Day. A la fin, je m'étais trop habituée et j'étais comme détachée du livre et alors j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de longueurs (entre autre, la fin avec l'histoire entre Alfred et Joyce) et que c'était finalement un peu lourd.

    Je vais accorder une deuxième chance à A.L. Kennedy parce que dans ce livre il y a quand même de bonnes choses mais je n'ai pas dû rentrer par la bonne porte dans son univers.

    Extraits

    "Alors, sans hâte, elle éteint la lampe et enlève le camouflage et ils se tiennent côte à côte et, par la fenêtre, Alfred observe les gifles et les traînées de lumières – lumières de la guerre – qui fouillent, frémissent et saignent. La nuit se fend et la plaie se referme, puis elle se fend de nouveau, et il la sent trembler, sa propre peau, déroutée, prise dans la trépidation générale, et il voit le petit jardin, en bas, apparemment intact, mais tout de métal sombre, élaboré de manière précise, mystérieux." (p. 119)

    "Il fut un peu surpris de voir l'homme aux mains bandées allongé dans le sable avec le nez qui pissait un sang tout à fait convaincant, puis il perçut une douleur dans les articulations de sa main droite et comprit qu'il avait boxé le type, l'avait frappé très fort, s'était enroulé cette idée à partir de la taille, puis l'avait expulsée avec ce qui était peut-être de la colère, peut-être de la joie – pour l'instant, en tout cas, il se sentait totalement immobile et merveilleusement détendu." (p. 159)

    Références

    Day de A.L. KENNEDY – traduit de l'anglais par Paule Guivarch (Editions de l'Olivier, 2009)

  • Biographie

    Alison Louise Kennedy est née à Dundee (Ecosse) le 22 octobre 1965 et vit aujourd'hui à Glasgow. Elle a fait ses études secondaires à Dundee( 1970 – 1983) puis a été à l'université de arwick de 1983 à 1986 où elle a étudié l'anglais et l'art dramatique. Elle a eu son BA avec les honneurs.

    Elle a été écrivain en résidence dans de nombreux endroits notamment à l'Université de Copenhague en 1995.

    Depuis 1990, elle est aussi critique et journaliste pour le Scotsman, le Glasgow Herald, la BBC, la STV, le Telegraph, l'Irish Times … De 2000 à 2005, elle a entre autre travaillé au Guardian. comme chroniqueuse Outre ses "travaux d'écriture" dans la presse écrite, elle est aussi éditrice en chef du magazine Outside Lines de 1989 à 1995 (depuis 1998, elle est membre du comité de management), de New Writing Scotland de 1993 à 1995 et de New Writing 9 en 2000.

    Romancière et nouvelliste, elle écrit également pour le théâtre (elle est même comédienne de stand-up !), le cinéma  et la télévision. Elle enseigne la création littéraire à l'université (Saint Andrews puis Warwick) depuis 2002.

    Elle a été deux fois, en 1993 et en 2003, sur la liste Granta des vingt meilleurs jeunes romanciers britanniques. Ils ne sont que deux à avoir réussi cela : Kazuo Ishiguro et elle ! Elle a reçu de nombreuses récompenses pour ses romans et recueil de nouvelles. Par exemple, son dernier roman, Day, a eu plusieurs prix : le Costa Award, le Costa Best Novel Award, le Eifel Literturpreis, le Austrian State Prize for European Literature, le Saltire Award.

    Bibliographie (traduction française)

    • Volupté singulière (Editions de l'Olivier, 2001)
    • Un besoin absolu (Editions de l'Olivier, 2003)
    • Le Contentement de Jennifer Wilson (Editions de l'Olivier, 2004)
    • Paradis (Editions de l'Olivier, 2006)
    • Day (Editions de l'Olivier, 2009)

    Sources

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    Quatrième de couverture

    "Lyon, le 12 septembre 1642. Le marquis de Cinq-Mars est décapité place des Terreaux, pour avoir comploté contre le roi (rappel de moi : c'est une exécution célèbre car le bourreau a dû s'y reprendre à deux fois). Dans le même temps à Paris, Thomas de Vineuil rédige la dernière page de son journal. Il sait que les sbires de Richelieu vont venir le tuer, car il a pris part au complot. Il se remémore la querelle qui, sept ans auparavant, l'a entraîné dans la spirale des intrigues, alors qu'il pensait devenir simple professeur de botanique au Jardins du Roi (futur jardin des plantes) de monsieur Guy de la Brosse. Le récit narre l'histoire de Thomas, jeune botaniste surdoué, forméà l'université et complétant son savoir auprès des rebouteux du peuple. A une époque où la médecine tatonne, Thomas est une sorte de sorcier, capable de soigner ou de tuer, en utilsant les plantes. Repéré par Richelieu, il va devenir l'un de ses principaux outils pendant les querelles et conspirations de la fin du règne de Louis XIII. Aidé de Guéraud, un Garde du Cardinal, aventureux et désinvolte, Thomas va être l'instrument de l'Histoire."

    Mon avis

    Le scénario est absolument génial : plein de suspsens, d'intrigues, de manigances ! Les dessins sont assez beau. Le seul petit défaut c'est que les personnages se ressemblent un peu tous (c'est l'époque qui veut ça) ; on ne les distingue bien que grâce aux couleurs qui sont assez sombres. C'est tout de même un très bel album pour qui aime les bandes dessinnées historiques.

    Références

    Les fleurs du Cardinal Richelieu de ZAZ (scénario) et Esteve POLLS BORRELL (dessins) (Editions Claire de Lune – collection Centurion, 2008)

  • C'est le billet d'InColdBlog sur L'Obligation des sentiments (deuxième roman de Philippe Honoré) qui m'a fait penser que j'avais tout simplement son premier roman dans ma PAL. C'est un tout petit livre de 110 pages qui est aussi opressant que son deuxième. Au passage, je précise que j'avais particulièrement aimé ce deuxième roman ; c'est comme ça que le premier était arrivé dans ma PAL. 

    Résumé

    Au début, c'est un duo : un homme et une femme. Un fils et sa mère. La rencontre est explosive. Cela fait quinze ans qu'ils ne se sont pas vus. Il la vouvoie ; elle le tutoie en ne lui envoyant à la figure que des paroles violentes. Pour elle, il n'est rien. On découvre ensuite qu'elle sort de prison, qu'elle ne voulait pas venir dans l'appartement de son fils, qu'un homme qu'elle adore par dessus tout l'a forcé. Cet homme arrive ; le duo devient trio …

    Mon avis

    Dans le résumé, j'ai essayé de ne pas trop en dévoiler. C'est un peu difficile. Comme dans L'Obligation des sentiments, Philippe Honoré fait parler tour à tour les personnages et dévoile ainsi au fur et à mesure leur(s) histoire(s). C'est ce qui rend le roman opressant. Il y a bien sur l'horreur que l'on découvre mais il y a aussi cette écriture si particulière : sans grandes descriptions d'émotions, très sèche, très rude. Comme L'Obligation des sentiments, tout ces ingrédients en font un roman admirable.

    Références

    La mère prodigue de Philippe HONORE (Le Bord de l'Eau Editions, 2001)

  • J'inaugure avec ce billet une nouvelle catégorie : les adaptations littéraires au cinéma (et pas le contraire). Comme je ne suis pas une cinéphile (je suis même inculte, je ne regarde pratiquement que des séries), je ne vais pas me lancer dans de grandes critiques (je ne sais tout simplement pas faire). Je vais juste donner mon avis (qui n'engage que moi) et dire dans quelle mesure c'est une adaptation du livre. C'est la seule chose qui soit dans mes cordes.

     

     

    Après cette petite précision, je commence. J'ai vu le film d'Alfred Hitchcock les 39 marches. C'est une adaptation du roman du même nom de John Buchan (auteur écossais qui est donc dans ma thématique). J'ai lu le livre en ebook gratuit avant (on peut le trouver facilement sur internet) et j'ai vu le film une semaine après environ. Le billet sur le livre arrivera dans quelques temps (il y avait des passages bizarres dans la traduction que j'ai lu ; j'en ai trouvé une autre). Il faut que j'arrête avec les parenthèses !!!

    Scénario

    Richard Hannay, un jeune canadien, assiste à un spectacle de music-hall au London Palladium. Apparaît sur scène Monsieur Mémoire, qui retient toute sorte d'informations inutiles. Une bagarre éclate, des coups de feu sont tirés. Tout le monde se précipite vers la sortie. Dans la cohue, Richard Hannay rencontre une jolie femme brune, Annabella Smith. Elle lui demande de la protéger en l'emmenant chez lui. Elle lui explique qu'elle est en grand danger, qu'on veut la tuer (deux hommes sont dehors) parce qu'elle sait qu'un secret défense est sur le point d'être donné aux ennemis (on est dans les années 30). Elle lui explique les choses très rapidement : le traître a deux phalanges en moins et appartient à une organisation criminelle : les 39 marches.

    Richard s'endort. Il est réveillé au milieu de la nuit par Annabella qui a un couteau dans le dos et dans la main une carte d'Ecosse avec une petite ville entourée. Elle lui dit qu'il doit fuir (je pense qu'il s'en était douté). En endossant le costume du laitier, il sort de son appartement en catimini (il sait qu'on va l'accuser de meurtre), se rend à la gare et prend le premier train pour l'Ecosse. La police est à ses trousses. Il y a une course poursuite dans le train. Il rentre dans un compartiment, embrasse de force une dame (Pamela), qui le dénonce quand la police arrive. Après que c'est vrai qu'il ne faut pas descendre du train en marche (comme le dit à la SNCF), il arrivesain et sauf en Ecosse où il se réfugie dans une petite fermette. La femme veut le protéger mais le mari jalou le dénonce à la police quand elle arrive (elle n'est jamais bien loin). Après d'autres péripéties, il arrive à l'endroit entouré sur la carte. Il s'est jeté dans la gueule du loup !!! Il arrive quand même à s'enfuir : il est vraiment trop fort ! Il se rend à la police dont le chef est l'ami intime du traître. Il est donc encore obliger de fuir. Il se retrouve à faire un discours d'homme politique dans une salle de réunion. Il y retrouve Pamela. Deux faux policiers viennent les arrêter …

    Il y a ensuite plein d'aventures pour Richard et Pamela (réticente au début à se retrouver avec le meurtrier dont tous les journaux parlent) qui vont réussir à déjouer le complot. Le film se termine là où il avait commencé, c'est-à-dire au London Palladium. Mais là, je vous laisse découvrir !

    Les acteurs

    • Robert Donnat (Richard Hannay)
    • Madeleine Carroll (Pamela)
    • Lucie Mannheim (Annabella Smith)
    • Godfrey Tearle (Professeur Jordan, le méchant)
    • Peggy Ashcroft (la femme du fermier)
    • John Laurie (le fermier)
    • Helen haye (la femme du professeu)
    • Frank Cellier (Sheriff Watson)
    • Wylie Watson (Monsieur Mémoire)

    D'autres détails techniques

    Film de 1935

    Origine : Grande-Bretagne

    Scénario : Charles Bennett et Alma Reville

    Réalisation : Alfred Hitchcock (dans sa période anglaise)

    Durée : 86 minutes

    Mon avis

    C'est un très bon film plein d'actions, de suspens. Il n'y a jamais de longueurs ; les acteurs sont très biens (surtout Pamela). Par contre, je n'aurais pas dû lire le livre avant. Ca n'a rien à voir. Je me suis renseigné depuis et visiblement ça a l'air d'être habituel avec Hitchcock. J'étais plus que déçue. Il n'a pratiquement rien pris du livre à part le nom du héros (même pas ces caractéristiques), le fait de base (une personne vient voir Richard pour qu'il la cache et se fait tuer ; dans le livre c'est un homme, mais bon) et la fuite en Ecosse sous le costume du laitier. Et j'oublie bien sûr les 39 marches (mais il n'a même pas repris ce que c'était). Dans le livre, Richard Hannay me semble plus intrépide et plus courageux … et les Ecossais représentés sous un meilleur jour. Voilà comment je me suis sentie flouée …

    J'ai aussi Jeune et Innocent à voir (adaptation d'un roman de Josephine Tey). Je lirai le livre après. Na !

    D'autres adaptations du même livre

    • Les 39 marches de Ralph Thomas (1959)
    • Les 39 marches de Don Sharp (1978)
    • Les 39 marches de James Hawes (2008, téléfilm pour la BBC)
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    Quatrième de couverture

    " Janvier 1946 : Tandis que Londres se relève péniblement des drames de la guerre, Juliet se demande quel va bien pouvoir être le sujet de son prochain roman. Lorsqu'elle reçoit une lettre d'un habitant de Guernesey, cette petite île anglo-normande oubliée, lui parlant d'un cercle littéraire et de tourtes aux pelures de pommes de terre, la curiosité de Juliet est piquée … Au fil des lettres qu'elle échange avec les habitants – aussi fantasques qu'attachants – de Guernesey, Juliet découvre l'histoire d'une petite communauté sans pareille sous l'Occupation et le destin héroïque et bouleversant d'Elizabeth, une femme d'exception …"

    Mon avis

    J'ai adoré ce livre, je crois comme à peu près tout le monde (voir les autres avis).

    D'abord, pour le fait historique qu'il m'a appris. Naïvement, je croyais qu'aucun teritoire britannique n'avait été occupé pendant la guerre ; j'avais oublié les îles anglo-normandes ! Ici, les deux auteurs nous rendent bien compte de cette période de l'Histoire de Guernesey (ça a l'air trop beau comme île !) tout en n'étant pas manichéens.

    Ensuite, j'ai aimé ce livre pour les personnages surtout ceux d'Elizabeth (même si elle est absente du livre) et de Juliet. Elizabeth a réussi à souder toute une communauté de gens qui ne se connaissaient que de vue. Pour faire ça, il faut être une sorte d'ange ou de fée. Juliet, elle, par son caractère si pétillant s'est intégrée à ce petit monde en un rien de temps. Pour ça aussi, il faut être très fort. Elle mérite vraiment son bonheur, cette fille là !

    Finalement, j'ai aimé ce livre pour l'importance qu'il donne à la lecture : elle ouvre nos esprits au(x) monde(s) et aux gens qui nous entourent. Ce n'est cependant possible que si on parle de ses lectures. 

    Ce livre est à recommander à tous ses amis et à déconseiller à tous ses ennemis !

    P.S. à Isola : Il doit sûrement être possible d'être une Miss Marple à Guernesey puisqu'il y avait Bergerac à Jersey ! 

    P.P.S. : J'ai oublié de dire que c'était un roman épistolaire (c'est ce qui donne, à mon avis en tout cas, un côté rapide : il s'y passe toujours quelque chose).

    D'autres avis

    J'ai l'impression que tout le monde dans la blogosphère a commenté ce livre : Florinette, Cécile, Lily, Tamara, Emjy, Yspaddaden, Keisha, Michel, Karine:), Fashion, Clarabel, Joelle, …

    Références

    Le cercle littéraire des mateurs d'épluchures de patates de Mary Ann SHAFFER et de Annie BARROWS – traduit de l'anglais parAline Azoulay-Pacvon (France Loisirs, 2008)

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    Quatrième de couverture

    "Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas. A Edimbourg, la rédactrice en chef de la Revue d'éthique appliquée, Isabel Dalhousie, a de bonnes raisons de méditer cette pensée … Un homme hanté par un visage inconnu, depuis qu'il a subi une greffe du coeur, est persuadé que la douleur que lui provoquent ses visions finira par le tuer si Isabel n'en découvre pas l'origine. Cartésienne convaincue, celle-ci préfère mettre de côté les théories sur la mémoire cellulaire et concentrer son enquête sur la mort suspecte du donneur. Par ailleurs, la vie amoureuse de sa nièce, si peu avisée en matière d'homes, interfère de manière inattendue dans son travail. Isabel devra faire appel à tout sens commun pour affronter les élans du coeur qui semblent secouer la capitale écossaise !"

    Mon avis

    Je suis en train de lire Day de A.L. Kennedy. C'est un livre un peu compliqué à cause du style adopté par l'auteur (billet à venir, j'espère bientôt). Je voulais donc faire une pause dans cette lecture avec un petit livre sympathique, qui se lit vite. Comme j'avais déjà lu la première et la quatrième aventure d'Isabel Dalhousie, mon choix s'est porté sur Amis, amants, chocolat d'Alexander McCall Smith.

    Que dire d'Isabel Dalhousie ? C'est une femme d'une quarantaine d'année, célibataire, rentière (elle a hérité des actions de sa mèr) mais qui tient quand même à travailler. Pour cela, elle est rédactrice en chef de la Revue d'éthique appliquée. Vous allez me dire: qu'est-ce que c'est que ça ? Visiblement, c'est de l'éthique appliquée à la vie de tous les jours. Premier exemple. Doit-on encourager le vice ? …mais pas n'importe quel vice : celui du chocolat. En effet, c'est mauvais parce que ça fait grossir mais c'est aussi un bon anti-dépresseur. Manger ou ne pas manger du chocolat, telle est la question. Autre exemple. Si on est dans un hôtel et qu'il y a un buffet à volonté pour le petit déjeuner, est-ce moral de prendre des petits pains supplémentaires pour le déjeuner ? Toute la vie d'Isabel Dalhousie est comme ça : elle réfléchit à la moralité, au bien fondé de chaque action, même les plus simples au lieu d'agir comme tout le monde le ferait. Je peux vous dire qu'à lire c'est très très drôle. 

    Isabel a aussi une nièce, Cat, qui a autour de vingt-cinq ans et qui tient une sorte d'épicerie-salon de thé. Celle-ci a une vie amoureuse très très compliquée mais surtout un ex-amant, Jamie, qui ne désespère pas qu'elle lui revienne. Il est en cela encouragé par Isabel qui en a fait son plus proche confident. En réalité, celle-ci en est secrètement amoureuse (parce qu'elle ne sait pas si c'est bien ou pas bien …) A part ça, Isabel Dalhousie est très gentille. A chaque fois que quelqu'un a un problème (soit qu'il s'est fait tué, soit qu'il a disparu …), Isabel veut aider (à noter, Jamie et Cat sont contre). Elle y arrive mais en faisant plein de bourdes qui entraînent pour elle de nouveaux questionnements. Comme vous l'aurez compris, j'aime beaucoup cette femme : je la trouve très second degré ! 

    Ici, c'est un psychologue qui l'aborde dans le café de Cat. Au fur et à mesure de la conversation (qui porte sur l'éthique bien évidemment), il avoue à Isabel que depuis sa greffe de coeur, il voit un visage qu'il ne connaît pas et qu'il pense que ce souvenir vient de son donneur. Les cellules de son nouveau coeur auraient stocké les souvenirs de son ancien propriétaire (concept de mémoire cellulaire). Isabel, par son enquête, va osciller entre une théorie qui tend à confirmer cette idée et une théorie plus cartésienne (soutenue par Jamie). A cela s'ajoute un soupirant italien de Cat qu'elle essaye de refiler à sa tante … Vous tirez de tout ça la rocambolesque et très sympathique deuxième aventure d'Isabel Dalhousie !

    A noter que chez 10/18, ils ont mis ce livre dans la collection Grands Détectives alors que ce n'est pas des enquêtes au sens classique du terme. Par contre, les éditions des deux terres, qui publient initialement ces livres, les mettent comme roman tout simplement. C'est un peu compliqué dans une librairie : les poches sont au rayon policier et les grands formats au rayon littérature anglophone …

    Références

    Amis, amants, chocolat de Alexander McCall SMITH – traduit de l'anglais par Martine Skopan (10/18, 2007)

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    Quatrième de couverture

    "A Salcott-St-Mary vit une colonie d'artistes et d'écrivains qui se jalousent et se déchirent avec le sourire. Lorsqu'un séduisant jeune américain vient y vivre, il suscite aussitôt haines et passions. Mais qui est-il ? Un homme ou … le plus beau des anges, c'est-à-dire Lucifer?"

    Mon avis

    Roman plicier sympathique, de facture classique : on y passe un bon moment de détente. On retrouve dans ce roman l'inspecteur Alan Grant (inspecteur très intelligent et très mondain dans le sens cultivé), déjà rencontré dans La fille du temps. J'étais pratiquement sûre d'avoir trouvé la clef du mystère mais Josephine Tey et son dénouement m'ont laissé sans voix.

    P.S. Après avoir relu la quatrième de couverture, je me rends compte rétrospectivement que celle-ci aurait pu me permettre de trouver la fin !!!

    Références

    Le plus beau des anges de Josephine TEY – traduit de l'anglais par Michel Duchein (Rivages / noir, 1988)

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    Quatrième de couverture

    "Dans la banlieue de Reykjavik, un sellier bourru réunit en son atelier des pêcheurs, compagnons de boisson, et prend place dans son fauteuil aux bras sculptés. Un pasteur prête une oreille distraite à sa femme qui raconte son rêve. Le dernier fermier de la ville et son chien noir attendent …

    Le gardien du jardin des plantes, lui, sait que c'est là, juste après le carré des simples, que la part d'ombre du quartier s'avance …

    Soudain un terrible orage, une véritable tempête s'abat sur l'île et sur une Reykjavik grelottante à la limite du monde.

    Magique, limpide, cristallin, Le testament des gouttes de pluie est comme un opéra sensuel, comme une odeur de terre après l'orage."

    Mon avis

    Il ne faut pas chercher. Dans ce roman il ne se passe rien (sauf peut-être dans les cinquante dernières pages …) à part une chose : la pluie tombe, plus ou moins fort, mais elle n'arrête pas de tomber. N'emêche que ce livre est absolument splendide.

    Récemment, j'ai été à Eurodisney où j'ai fait le manège de Peter Pan. On y vole dans un bateau au dessus du décor. C'est exactement ce qu'on ressent à la lecture de cet ouvrage. On y est cependant inquiet à cause des nuages noirs, anonciateurs de tempête, qui s'amoncellent au dessus d'un Reykjavik peuplé de fantômes, d'elfes et de toutes sortes de créatures féériques.

    C'est, parmi les trois titres que j'ai lu de l'auteur, celui qui a l'écriture la plus aboutie : elle est poétique, parfois drôle (les extraits ci-dessous n'y font pas justice mais on ne peut pas recopier tout un livre).

    Einar Mar Gudmundsson restera pour moi un écrivain à suivre. On peut lire sur le blog d'Eric Boury que Gaïa prévoit d'éditer une trilogie de l'auteur mais dans longtemps à cause de l'emploi du temps surchargé du traducteur.

    D'autres avis

    lemague.net, Philippe Bouquet (sur le blog du traducteur)

    Extraits

    "Bien évidemment, tous les soleils s'éteignent sous les paupières de Daniel. Du nuage qui passe à l'intérieur de son front pleuvent quelques gouttes de sueur perlée qu'on voit brusquement scintiller. Et l'étang calme de sa pensée, sa surface se ride et les embruns volent au vent. Oui, le pasteur Daniel. On dirait qu'il est, sinon arraché à son autre monde, du moins projeté dans le nôtre." (p. 51) 

    "Rappelle-toi cependant que les rêves sont toujours bénéfiques, oui, même lorsqu'ils sont mauvais, ils sont quand même bons car ils purifient l'âme, un peu comme une course de natation. Je crois même avoir lu quelque part qu'on peut les considérer comme les peignes fins avec lesquels on attrape les poux de l'esprit." (p. 55)

    "Peu importe l'époque de son apparition et la manière dont les lèvres en font mention, le conteur est le seul à pouvoir ressuciter les siècles et à les revêtir d'habits si neufs que les temps anciens cessent d'être hors d'atteinte, mais deviennent aussi proches de nous que la boulangerie, la crèmerie ou le coiffeur du coin. Voilà pourquoi tous ces pauvres types à la mode, quelque soient les noms qu'ils se donnent, journalistes pique-assiettes, animateurs radio, psychiatres et professeurs ne sont que les vestiges d'époques révolues ou les membres d'espèces animales éteintes par comparaison aux antiques héros et aux histoires racontées depuis toujours et ce, bien qu'ils agitent désespérément autour d'eux des cartes d'identité, des certificats d'assurance, des portefeuilles, de veux tacots ou ce genre de chose comme si les histoires n'étaient jamais arrivées et que la réalité n'était rien qu'invention …" (p. 105-106)

    "A l'intérieur d'une salle sans aucune fenêtre ouverte, le silence s'abat tout à coup. Nous disposons d'exemples de mouches parfaitement innocentes qui, rendues folles par la claustrophobie, ont mis fin à leurs jours, de professeurs qui ont eu de telles suées pour cause de manque de tabac et d'allergie que l'odeur âcre de la sueur n'a jamais disparu de leurs chemises et, la chose est d'une telle notoriété que presque à chaque fois qu'Herbert prononce un discours, certains élèves de l'école s'évanouissent sans parler de ceux qui sont pris de crampes et de celui qui s'est arraché la langue à force de se la mordre." (p. 197)

    Références

    Le testament des gouttes de pluie de Einar Mar GUDMUNDSSON – traduit de l'islandais par Eric Boury (Editions Gaïa, 2008)

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    Quatrième de couverture

    " Pensionnaire de l'hôpital psychiatrique de Kleppur, Pall Olafsson occupe ses journées à faire défiler ses souvenirs, confondant allègrement imaginaire et réalité. Si le jour de sa naissance, qui correspond à l'entrée de l'Islande dans l'Otan, lui semble être un premier malentendu, les coïncidences suivantes s'enchaînent comme autant de tableautins cocasses et incongrus. Einar Mar Gudmundsson signe ici un premier roman saisissant et original que le New York Times a présenté comme une Conjuration des imbéciles islandaise.

     "Compte rendu hallucinatoire – et qui donne le frisson – de la plongée d'un adolescent dans la schizophrénie, ce roman intensément poétique remet en question l'establishement psychiatrique … Gudmundsson brosse le portrait du supplice mental et spirituel de Pall avec un grand humour et une remarquable acuité." Publishers Weekly "

    Mon avis

    Tout d'abord le thème : qu'est ce qu'un fou (et son entourage) ressent quand il devient fou ? C'est simpliste comme description mais c'est ce que raconte ce roman. Pall fait défiler devant nous ses souvenirs : petit, adolescent quand la maladie "se déclare" (il a d'abord mal à la tête, devient agressif, paranoïaque puis agit de façon étrange pour le commun des mortels). Il continue avec ses souvenirs à l'hôpital psychiatrique où il décrit d'autres internés. Ca m'a rappelé ma prof de philosophie en terminale qui nous avait expliqué que les fous ont une logique que nous ignorons et qui leur est propre. Finalement, à la fin du roman, il va vivre hors de l'hôpital dans différents foyers … On le suivra ainsi jusqu'à la fin de sa vie.

    Comme dans Les chevaliers de l'escalier rond, Einar Mar Gudmundsson donne la parole à une personne qui est hors de la société normale, à une personne dont on n'entend jamais la voix. Il arrive (merci à la traductrice) à retranscrire cela par un ton simple mais détaché du monde réel. Son écriture est toujours aussi belle et poétique.

    Vous l'aurez compris : j'ai particulièrement aimé ce roman. C'est donc un coup de coeur !!! Un seul regret : je n'ai pas pu trouver le film en DVD …

    Un autre avis

    Citation

    "L'été était arrivé quand j'ai pris congé du temple de la solitude et mis fin à ce séjour terrestre." (p. 211)

    Références

    Les anges de l'univers de Einar Mar Gudmundsson – traduit de l'islandais par Catherine Eyjolfsson (10/18, 2001)