Cecile's Blog

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    Quatrième de couverture

    "Lorsque Scott rejoignit ses hommes, la dame au couteau s'était relativement calmée. Elle avait expliqué au docteur qu'elles étaient les dernières survivantes de la garnison mexicaine chargée de veiller sur l'île de K. Elle s'appelait Luisa, elle était l'épouse du commandant de ladite garnison, le capitaine Raúl Soulier, qui avait péri en mer avec ses soldats en tentant d'aller chercher du secours sur une embarcation de fortune. Le seul homme resté sur l'île, avec les femmes et les enfants, était le gardien du phare. Il avait abusé d'elles et leur avait infligé des violences jusqu'à ce matin encore, où elles venaient de le tuer à coups de marteau. À la fin de son récit, Mme Luisa le supplia de les emmener dans le bateau, de ne pas les abandonner là."

    Lorsque, ce 18 juillet 1917, les marins américains accostent sur la plage de l'île de K., ils découvrent neuf enfants en haillons et trois femmes apeurées, amaigries, au bord de la folie… Que font-ils dans un tel état de dénuement perdus au milieu de l'océan Pacifique, sur une île déserte et inhospitalière où la ressource est le guano produit par les oiseaux ? 

    Mon avis

    Les fous dont on parle ce sont des oiseaux (mais pas des fous de Bassan non plus). Ce livre est donc inspiré d'un fait réel, celui des oubliés de Clipperton, où il y a plein de ces fameux oiseaux. Inspiré seulement : les noms de personnes et de lieux ont été changé. Pour les faits, je ne sais pas ce qu'il en ai précisément. Le principal attrait de ce livre est de nous remettre en mémoire cette histoire. En effet, pour le reste j'ai eu beaucoup de mal. Par exemple, l'auteure décrit l'amour inconditionnel que portait Luisa a Raúl. Il y a tous les actes qui devraient nous le montrer. Mais non, je n'ai pas réussi à y croire. Je n'ai même pas réussi à éprouver quoi que ce soit à l'égard de ces pauvres gens (à part quelque fois de l'ennui parce qu'il y a quand même pas mal de répétitions dans cette histoire). Je pense que c'est dû au style de l'auteur (enfin, c'est le premier roman que je lis et qui est traduit en français : c'est donc un peu difficile à dire. Il faut voir avec les autres). À lire pour l'histoire pas forcément pour le roman … 

    Références

    L'île aux fous de Ana GARCÍA BERGUA – roman traduit de l'espagnol (Mexique) par Serge Mestre (Mercure de France, 2009)

  • J'ai été taguée par La Liseuse pour parler de marque-pages. J'adore son blog parce qu'il me permet de découvrir des univers que je ne connais pas du tout que ce soit en BD ou pour les livres. Je vous conseille d'aller le visiter : il est trop bien !

    Les règles de ce tag sont les suivantes : "Il
    s'agit de présenter en photo son marque-pages personnel, de raconter
    son histoire et de parler de la personne qui vous a envoyé le tag.
    Ensuite, envoyer le tag à 3 personnes." Comme je suis très bavarde, je vais vous en raconter plus que ça.

    Il faut savoir une chose c'est que je suis atteinte de collectionnite aiguë. En tant que lectrice je collectionne donc les marque-pages (c'est logique je trouve). Je les mets dans une grande boîte et je choisis à chaque lecture un marque-page différent. Voilà le marque page et voilà le tas (vous pouvez cliquer sur toutes les images) :

    La boîte
     
    Le tas
     
    Où on voit que ma passion des phares et des manchots ne datents pas d'hier
     
     
    Les phares

     

     
    Les manchots
     
    Pour la petite histoire, le phare de gauche c'est le phare de Chassiron à l'île d'Oléron. Ce marque-page reproduit une peinture d'Henri Deuil, un peintre de là-bas, dont ma tante et mes cousines sont fans. Il m'a été offert par ma tatie que je remercie encore de ce joli cadeaux. Le deuxième phare je l'ai acheté lors d'un congrès de mathématiques en Vendée. Il n'y avait rien qui me plaisait un après-midi : j'ai donc fait l'école buissonnière cet après-midi là pour me promener sous le soleil (vous allez en voir deux autres après). Le deuxième manchot je l'ai acheté à Eyrolles parce que les manchots se déplacent quand on bouge la règle et que ça me fait rire.
     
    Maintenant passons à ma passion de Sherlock Holmes, de l'Irlande (et un de Londres) :
     

     
    Les quatre premiers marque-pages je les ai acheté quand j'ai été visité la maison de Sherlock Holmes à Londres avec mon frère (techniquement, c'est lui qui a payé). Il m'avait offert le voyage pour me faire plaisir. On a passé la journée dans les librairies après. C'était une superbe journée : on a même pas vu Buckingham Palace et tous ces monuments là. Les cinquième, septième et huitième marque-pages sont des marque-pages d'Irlande, achetés lors d'un séjour là-bas en 1997 (que c'est loin !). Celui de Londres, c'est ma maman qui me l'a offert lors d'un voyage organisé par son entreprise.

     

    Maintenant, je passe aux marque-pages de livres, de maisons d'édition ou de librairies et maisons de la presse 

    Sur la première photo, les deux marque-pages un peu bizarre où il n'y a rien écrit ce sont les marque-pages de Sabine Wespieser. Le premier sur la deuxième phto c'est un marque-page de la maison de George Sand que ma maman m'a offert quand nous avons été la visitée toutes les deux. Sur la troisième photo, les marque-pages "mystères de Provence" vont avec les livres de Jean d'Aillon que j'adore.

    Et maintenant, d'autres que j'aime beaucoup :

     

    Et voilà, c'est fini. Pour les trois personnes à qui je dois refiler le tag, je ne sais donc qui veut le faire le fait !

  • Avant de partir au Mexique, direction les îles Samoa dans le Sud-Pacifique avec Robert Louis Stevenson …

     

     

    Quatrième de couverture

    "Aux îles Samoa, où il s'est installé avec sa femme sur la fin de sa vie, le célèbre écrivain Robert Louis Stevenson oscille entre nostalgie des brouillards de son Edimbourg natal et une fascination grandissante pour l'exotique volupté des îles. Taraudé par une maladie qui ne lui laisse guère de répit, frustré par la froideur de la couche conjugale, il poursuit néanmoins son entreprise littéraire entre deux quintes de toux. Un jour est retrouvée morte, après avoir été violée, une jeune fille dont la danse lagoureuse avait captivé l'écrivain lors d'une fête locale de rendre compte de son emploi du temps le jour du drame …


    Stevenson, l'une des figures fondatrices de l'imaginaire littéraire d'Alberto Manguel, devient alors le héros d'une superbe fable qui signe les noces d'Eros, de Thanatos et de la fiction conçue comme émanation directe du désir.
    "

    Extrait d'une discussion entre Mr Barker, missionnaire, et Stevenson 

    "– Il m'arrive de penser que mon éditeur distribue des exemplaires afin de flatter mon sentiment d'importance.

    – Je n'en ai jamais lu et je n'en lirai jamais. Je n'ai pas de temps à perdre avec le verbiage romanesque. Des histoires inventées, en vérité ! Mensonges, à mon avis, pardonnez-moi. Notre bref séjour sur cette terre doit être un temps de réforme et d'apprentissage, sans dissipation ni fantaisie. Il n'ya qu'un Livre, monsieur, auquel je dois toute mon attention, et il ne raconte pas de fables.

    Stevenson se sentit mis en accusation.

    – Tout ce que je prétends faire avec mes récits, c'est apporter un peu de plaisir, un peu de bonheur. C'est là notre obligation, non ?

    – Le bonheur ? L'homme eut un petit rire. Le bonheur est une récompense, pas un droit." (p. 25-26)

    Mon avis

    À lire la première partie de la quatrième de couverture, je pensais que c'était un roman policier. La deuxième partie m'a dit que que non … même si ça ne m'a pas dit grand chose de plus (car je ne savais pas qui était Thanatos : mais maintenant je sais).  C'est un très court roman (moins de 100 pages) où Alberto Manguel, avec ses connaissances incroyables sur les auteurs, puise dans les Lettres de Robert Louis Stevenson à sa famille et à ses amis des noms (celui de Mr Barker entre autre) pour extrapoler sur la fin de vie de Stevenson. Il fait jouer un rôle très particulier à ce Mr Barker. On se demande qui il a été en réalité pour Stevenson … J'espère que les descendants n'ont pas lu le livre ! On y apprend entre autre que les îles Samoa ce n'est pas vraiment bien quand on a l'état de santé de Stevenson (trop humide) et qu'il y a eu une guerre aux îles Samoa entre 1889 et 1899 entre les Allemands, les Anglais, les Américains …

    J'ai eu du mal à me mettre dans le récit (ce n'est pas pareil que ce que j'avais lu avant d'Alberto Manguel : La bibliothèque, la nuit et en plus je suis un petit peu malade) mais c'est quand même très sympathique à lire : la fin vous fait poser plein de questions …

    D'autres avis

    J'ai découvert la fonction recherche dans les blogs de Google !

    Celui d'Allie, de Frisette

    Références

    Stevenson sous les palmiers de Alberto MANGUEL – roman traduit de l'anglais par Christine Le Boeuf (Babel, 2005)

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    Par la couverture, vous vous doutez que j'ai lu dans le cadre d'un de mes thèmes à l'honneur : les phares. D'abord je vous cite un des plus beaux passages, tout en lumière et en ombre,

    "Quand je suis tombé malade, épuisé de tant veiller sur toi, tu avais oublié qu'à mon arrivée sur cette île, tes yeux ne voyaient pas et que, avec patience et tendresse, nous étions parvenus à les faire briller, tu ne comprenais pas que je puisse te demander le même remède, fait d'étreintes et de douceur, avec lequel je t'avais guérie. Oui, je me suis dégradé, désintégré, je suis tombé dans un précipice, dans l'obscurité d'où je t'avais arrachée et où, à la différence de toi qui cherchais ton père, moi je ne cherchais rien et ne pouvais donc rien trouver." (p. 106 – 107)

    Je trouve ça très beau comme phrase de la part d'un gardien de phare, et donc de lumière.

    Résumé

    Un jeune homme, à la sortie de l'école, est affecté à un phare sur une île perdue difficilement accessible à part aux grandes marées. À ce moment là, on apporte les vivres nécessaires aux autochtones. Ceux-ci sont très hostiles au nouveau venu parce que justement il vient de l'extérieur. En plus, il découvre leurs sauvageries : ils ont une justice assez expéditives par rapport à ceux qui veulent s'enfuir de l'île ou qui ne respectent pas l'ordre établi. C'est donc très inquiétant tout ça. De plus, le dernier gardien de phare s'est suicidé ou a été assassiné en voulant partir : on ne sait pas. C'est justement la fille de cet homme que le gardien de phare rencontre sur la plage. Elle s'appelle Mareika et elle non plus ne doit pas partir. Elle ressemblee à une personne qui a reussi à s'enfuir. Les anciens ont expliqué à Mareika qu'elle était liée à l'île. Le livre c'est l'histoire d'amour entre Mareika et le gardien de phare et comment il essaye de la sortir de cette société autarcique au risque de couler lui-même.

    Mon avis

    La construction de ce livre est très étrange : j'avais l'impression que chaque chapitre était écrit par une personne différente et que pourtant ces personnes avaient des styles semblables ; on change de sujet à chaque chapitre. Ce livre est très court (111 pages) et comme à chaque fois avec des livres aussi courts j'aimerais en savoir plus. On vit du côté de Mareika et du gardien de phare sans voir le point de vue des îlens, ni avoir plus de descriptions que ça de leur mode de vie. Vous allez me dire que ce n'est pas de l'ethnologie : c'est une histoire d'amour dans un monde hostile ! Mais bon je trouve que ça aurait pu être creusé cette aspect là. Comme c'est l'histoire d'amour qui a été privilégié l'auteur utilise un langage très poétique, très dans les sentiments (l'extrait représente à mon avis bien cela).

    C'est un livre assez sympathique à lire : on y passe un agréable moment. Comme j'étais en Amérique du Sud, je continue avec un livre mexicain sur un thème semblable : L'île aux fous de Ana Garcia Bergua. C'est l'histoire vraie de la garnison mexicaine oubliée sur l'île de Clipperton.

    Références

    Les naufragés d'Hernán Neira – traduit de l'espagnol (chili) par François Gaudry (Métaillié, 2005)

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    J'ai acheté cette BD pour savoir qui étaient les Borgia. Eh oui ! cela ne m'honore pas … Enfin, maintenant je sais, en tout cas une partie vu que je n'ai pas lu les tomes deux et trois. Dans ce premier tome, intitulé du sang pour le pape, on assiste à la montée en puissance et à l'élection de Rodrigo Borgia comme pape. Mais alors, de quelle manière (ne pas avoir manger juste avant de lire la BD) !!!! Rodrigo Borgia, d'origine espagnole (de Valence), est un cardinal très influent. Il aide Innocent VIII dans la maladie en lui procurant des jeunes gens pour qu'il puisse avoir du sang frais dans les veines des femmes qui allaitent pour lui fournir du lait. Il n'hésite pas à tuer ces pauvres gens quand il dise quelque chose qui ne lui plait pas (il ne tue malheureusement pas qu'eux) , et ce n'est pas non plus grave si les jeunes meurent pendant les transfusions. Au même moment, il a quatre enfants naturels (Lucrèce, César, Giovanni et Joffré) avec une certaine Vanozza Catani : ils ont tous l'air un peu féroce. Ça c'est le début de la BD : cela permet de situer le personnage.

    Quand Innocent VIII meurt, il y a l'élection du nouveau pape. Il y a deux candidats qui s'opposent à lui ; il les écarte par des procédés que l'on qualifie de très peu chrétiens. Il y a un des opposants qui a comme soutien financier 150 prêtres qui sont aussi ses amants. Pour lui, il détourne tout l'argent de l'état. Rodrigo Borgia leur fait couper leurs attributs masculins et les offre à son opposant. À l'autre candidat il offre la tête de son pourvoyeur de fond. Après toutes ces manoeuvres sanguignolentes, il arrive à se faire élire pape. C'est aussi dans ce tome qu'on fait la connaissance des enfants et de leurs personnalités très particulières (Lucrèce et César entre autre).

    J'ai donc appris plein de choses sur les Borgia dans ce premier tome (les premières recherches internet me permettent de penser que ce qui est dit est exact, en tout cas grosso modo). On rencontre Savonarole que je connaissais de nom mais que je ne situais pas historiquement. Les dessins sont assez crus (il y a beaucoup de sang et de gens nus) mais vu ce que j'ai raconté avant vous vous en seriez doutés. J'ai lu un commentaire sur amazon qui disait que les dessins étaient trop modernes pour ce qui étaient des personnages : Lucrèce que l'on voit sur la couverture ne ressemble pas à une femme de la Renaissance mais plutôt à une femme moderne. Je ne sais trop qu'en penser car quand on regarde les portraits elle a l'air blonde et élancée. Les visages sont particulièrement soignés : Savonarol et Innocent VIII m'ont fait très peur. On peut lire la mort sur leur visage. Là encore les yeux sont très expressifs. Cette impression est renforcée par les couleurs. Les personnages ressortent des images, alors que les décors sont vraiment des décors. On voit sur toutes les vignettes les "coups de pinceaux" (je ne sais pas si on peut dire ça) : cela donne l'idée de peintures plutôt que de dessins. Je n'avais jamais vu cela dans les quelques BD que j'ai lu.

    Cet album m'a donc particulièrement plu pour son aspect historique. L'aspect graphique, assez particulier, m'a aussi fortement intéressé. Je n'hésiterais donc pas à lire les deux autres tomes en espérant qu'ils soient aussi bien.

    Références

    Borgia – tome 1 : Du sang pour le pape de Jodorowsky (scénario) et Manara (dessins) (Albin Michel, 2004) 

  • Après avoir lu la BD adapté du Tour d’écrou d’Henry James, on m’a conseillé deux livres sur cet Henry James. Après j’ai lu un billet de Papillon sur L’Excuse de Julie Wolkenstein. Je me suis donc dit dans ma petite tête qu’il était enfin temps de lire Henry James (et des livres y faisant allusions). Je commence donc ici ce nouveau thème de lecture par une autre BD, titre donné par La liseuse dont le billet est ici. Je la remercie pour ce très bon conseil de lecture. Je n’ai qu’une chose à dire : pourvu que le deuxième tome sorte rapidement (ce sera L’expérience du Dr Barker).

    Ce premier tome est intitulé Lamb House du nom de la « maison de campagne » d’Henry James à Rye (vous pouvez la retrouver dans Le Maître de Colm Tóibín : très bon livre soit dit en passant). Il y a trois personnages principaux : Henry James, un jeune peintre italien Francesco Guibilati et une jeune belge Nora de Wing. Cette dernière se retrouve à Londres à l’institut d’études psychiques où elle cherche à perfectionner ses talents dans le spiritisme, phénomène en vogue à l’époque dans la bonne société londonienne. Elle y rencontre Henry James, intéressé par ce phénomène, et Francesco Guibilati, hypnotiseur à ces heures perdues.  Le peintre est tout de suite frappée par sa ressemblance avec une madone peinte par Pellini, artiste de la Renaissance. Il ne lui dit rien, mais lors de sa première séance spirite elle rentre en contact avec cette femme appelée Antonia. Sa vie bascule alors dans l’étrange. Un homme Mr Sendak cherche à la prévenir des dangers qu’elle court. On enlève cet homme (on ne sait pas qui). L’atelier du peintreest visité par on ne sait qui. Les domestiques d’Henry James s’en vont (ils ont l’air de mèche avec le kidnappeur de Mr Sendak) quand ils voient que Nora de Wing est possédée. On ne sait donc pas du tout qui tire les ficelles de tout ça. Ce premier tome ouvre beaucoup de questions et amène peu d’éléments de réponses.

    Vous l’aurez compris : j’ai été emballée par le scénario. On a envie de connaître la suite. Les dessins sont assez bien même si je trouve, personnellement, que le peintre italien ne correspond pas du tout à l’époque (je me suis fait la même remarque sur Henry James, mais c’est parce que je ne savais pas quelle tête il avait. J’ai même eu l’impression qu’il avait du rouge à lèvres à un moment). À l’opposé, il y a des personnages qui font carrément cliché comme Merwind, le jeune domestique d’Henry James. Le dessinateur a particulièrement soigné les expressions dans les yeux au risque parfois de délaisser l’expression des visages.

    Une chose que je n’ai pas du tout aimé, ce sont les couleurs. Je me suis demandé si un petit malin n’avait pas passé toutes les pages au soleil. Les couleurs sont fades.

    Comme je l’ai dit plus haut, j’attends avec impatience la suite même si graphiquement ce n’est pas vraiment ma tasse de thé.

    D’autres avis

    La liseuse, Clarabel, Lou

    Références

    La Madone de Pellini de François Rivière (scénario) et Riccardo Federici (dessins et couleurs) (Robert Laffont, 2008)

  • Vous commencez à me connaître assez bien, en tout cas, en termes de lecture et vous vous doutez donc que quand j’ai vu ce tout petit livre de 38 pages avec pour titre Le vice de la lecture, j’ai sauté dessus parce qu’il y avait lecture dans le titre. En plus le livre est beau avec ses petites rayures rose et blanches : cela n’enlève rien. Cela peut paraître très cher (5 euros) pour un si petit livre mais

    1. vous soutenez un travail éditorial : « La Petite Collection a été créée pour que puissent exister des textes trop courts pour être publiés dansun grand format, mais trop grands pour ne pas être édités. Notre mot d’ordre reste le même depuis la création de notre maison d’édition : publier des textes inédits et des textes oubliés ou méconnus dignes de vivre ou de revivre, d’être découverts ou retrouvés, des ouvrages auxquels on revient et avec lesquels on vit, que nous souhaitons accompagner assez longtemps pour qu’ils trouvent leurs lecteurs. Grâce à cette nouvelle collection, nous pouvons ajouter auourd’hui : quelle que soit leur longueur.« 
    2. personnellement depuis mercredi, je l’ai lu trois fois, j’y suis revenu à plusieurs en lisant un passage par ci par là (je me suis demandée quel passage je pourrais vous citer dans tous ceux que j’avais noté : en gros les 35 pages). En fait c’est comme si vous aviez un livre avec plus de pages donc c’est rentable (si on peut parler de rentabilité pour un livre).

    Il s’agit d’un essai d’Edith Wharton, très grande lectrice depuis son adolescence, sur la lecture

    « Peu de vices sont plus difficiles à éradiquer que ceux qui sont généralement considérés comme des vertus. Le premier d’entre eux est celui de la lecture. » (p. 7)

    Elle oppose les lecteurs nés, dans lesquels je me suis un peu reconnue, à une seconde catégorie de lecteurs, les lecteurs mécaniques

    « Le lecteur mécanique est l’esclave de son marque-page : s’il en perd l’emplacement, il se trouve dans l’ennuyeuse nécessité de recommencer au début […]. Le lecteur-né est son propre marque-page. Il se rappelle instinctivementà quel moment de l’histoire il a reposé son livre, et les pages s’ouvrent d’elles-même à l’endroit qu’il cherche. » (p. 16-17)

    « Se forcer à lire – « lire par volonté », en quelque sorte – n’est pas plus lire que l’érudition n’est la culture. Lire vraiment est un réflexe ; le lecteur-né lit aussi inconsciemment qu’il respire ; et pour pousser l’analogie plus avant, lire n’est pas plus une vertu que respirer. Plus on confère à l’acte du mérite, plus il en devient stérile. » (p. 8)

    « Le lecteur mécanique, qui lit toujours consciencieusement, sait exactement combien il lit, et vous le dira avec l’orgueil d’une ménagère scrupuleuse qui a calculé au demi-gramme près la consommation journalière de nourriture dans son foyer. Tout comme la ménagère a tendance à se rendre au marché chaque jour à telle heure, le lecteur mécanique a souvent un horaire précis pour emmagasiner ses provisions intellectuelles ; et il n’est pas rare qu’il lise seulement un nombre d’heures donné par jour. […] Il s’ensuit pour celui qui lit à l’heure qu’il n’a souvent « pas le temps de lire » ; une situation inconnue du lecteur-né dont les modes de lectures constituent un flux continu sous-jacent à toutes ses autres occupations. » (p. 14-15)

    J’ai aussi les défauts des lecteurs mécaniques

    « Dans sa perspicace étude de caractères, Manoeuvres, Miss Edgeworth dit de l’un de ses personnages : « Jamais son esprit n’avait été submergé par un torrent de connaissances inutiles. Que le courant de la littérature l’ait irrigué n’est perceptible qu’à sa fertilité. » Ceci ne pourrait être plus heureuse description de ceux qui lisent intuitivement ; et son antithèse, un digne portrait du lecteur mécanique. Son esprit est dévasté par ce torrent de connaissances inutiles que ses demandes ont aidé à gonfler. Il est probable que si ne lisait que ceux qui savent lire, personne d’autre que ceux qui savent écrire ne produirait de livres ; mais c’est la moindre des offenses du lecteur mécanique que d’avoir encouragé l’auteur mécanique. » (p. 24)

    « Le désir de se tenir au courant est, semble-t-il, la plus grande motivation de cette catégorie de lecteurs : ils semblent envisager la littérature comme un funiculaire à bord duquel on ne peut « embarquer » qu’en courant à toutes jambes ; pendant qu’on trouvera le lecteur-né se promenant avec indolence en digilences et autres chaises de poste, vaguement au fait des nouveaux moyens de locomotion. » (p.12)

    Heureusement, je n’en ai pas tous les défauts non plus

    « Pour le lecteur mécanique, les livres une fois lus ne sont pas comme des choses qui grandissent, qui prennent racine et dont les branches s’entrelacent, mais des fossiles étiquetés puis rangés dans les tiroirs d’un meuble de géologue ; ou putôt, comme des prisonniers condamnés à une vie entière de confinement solitaire. Avec un tel état d’esprit, les livres ne se parlent jamais les uns aux autres. » (p. 18)

    Une dernière citation, pour la route :

    « La valeur des livres est proportionnelle à ce que l’on pourrait appeler leur plasticité – leur capacité à représenter toutes choses pour tous, à être diversement modelés par l’impact de nouvelles formes de pensées. Là où, pour une raison ou une autre, cette adaptabilité réciproque manque, il ne peut y avoir de réelle relation entre le livre et le lecteur. En cela, on pourrait dire qu’il n’y a pas de critère de valeur abstrait en littérature : les plus grands livres jamais écrits valent pour chaque lecteur uniquement par ce qu’il peut en retirer. Les meilleurs livres sont ceux desquels les meilleurs lecteurs ont su extraire la plus grande somme de pensée de la plus haute qualité ; mais c’est généralement de ces livres-là que les piètres lecteurs recueillent le moins. » (p.9-10)

    Moi, je vous le dis : il faut lire ce livre.

    Les premières pages sont ici.

    Sinon, je voulais savoir si quelqu’un avait lu des livres d’Edith Wharton ? Là encore, je voudrais en savoir plus …

    Références

    Le vice de la lecture de Edith WHARTON – traduit de l’américain par Shaïne Cassim (La petite collection – Les éditions du Sonneur, 2009)

  • Résumé et présentation de l’auteur par l’éditeur

    « L’arrivée d’un commandant insomniaque dans la famille Töt sème la zizanie et transforme leur vie paisible en véritable enfer ! Leur fils au front, les parents espèrent améliorer son sort en accueillant dignement son supérieur hiérarchique. Les Töt se plient dès lors à toutes les lubies de ce militaire excentrique. Quiproquos et situations totalement loufoques s’enchaînent dans une comédia acide à l’humour décalé. Sous ses dehors de farce villageoise, Les Boîtes est une petite merveille satirique dont les accents absurdes font écho aux horreurs insensées de la seconde guerre mondiale. István Örkény (1912-1979) commence à écrire dans les années 1930, mais c’est dans les années 1960 – après avoir été interdit pendant sept ans de publication suite à sa participation aux évènements de 1956 – qu’il devient une figure marquante de la littérature hongroise, publiant à la fois des romans, des nouvelles et du théâtre. Par son goût pour le grotesque, l’absurde, il s’apparente à des auteurs comme Ionesco ou Adamov. Mais il est aussi un fin observateur et critique de la société de son temps, ironique et méchamment drôle.« 

    Les premières pages

    sont à lire ici.

    Mon avis

    Je vous le dis tout de suite : c’est un livre qu’il faut que vous lisiez. Il est tout simplement trop drôle (je l’ai lu avec le sourire au lèvre : dans le métro, les gens me regardaient comme si j’étais bizarre, allez savoir pourquoi …) : les successions de quiproquos, de malentendus les plus idiots les uns que les autres font tout le charme de ce court roman de 170 pages.

    J’ai un peu pris peur quand j’ai vu qu’on pouvait apparenter l’auteur à Ionesco : je n’avais pas tout compris à La Cantatrice chauve ; je l’ai sûrement lu un peu jeune. L’auteur fait juste ce qu’il faut : l’accumulation de situations absurdes n’est pas lourde ; il n’y en a pas trop, comme ce qui se passe des fois pour les romans qui se veulent drôles.

    L’histoire est très originale. On se prend de pitié pour la famille Töt martyrisée par le commandant Varró, d’autant plus qu’ils font tout ça pour rien puisque leur fils est mort au front (mais ils ne le savent pas à cause d’un facteur un peu fou qui jette les lettres tristes dans l’eau).

    En résumé, pour moi c’est une très jolie découverte. Il existe des romans, et pas seulement des pièces de théâtre, absurdes. La littérature hongroise ne se résume pas à Imre Kertész et en plus les éditions Cambourakis que je ne connaissais pas (elles publient de très beaux petits livres) en publient un certain nombre.

    Avez-vous des titres à me conseiller en littérature hongroise ? en « romans absurdes » ?

    Références

    Les boîtes de István ÖRKÉNY – traduit du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba (Éditions Cambourakis, 2009)

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    Résumé de l'éditeur

    "Un soir de Noël, un savant solitaire hanté par un douloureux passé reçoit la visite d'un fantôme qui lui propose d'effacer de sa mémoire tous ses mauvais souvenirs et de lui accorder le pouvoirde faire oublier leurs souffrances à ceux qu'il approchera.

    Mais le héros ne tarde pas à comprendre qu'il s'agit là d'un cadeau empoisonné : à son contact, les gens qu'il croyait aider changent de caractère et de comportement. En perdant le souvenir de leurs souffrances, ils perdent aussi leur sensibilité et leur faculté de compassion.

    Ce récit de Dickens écrit en 1848 est à la fois une histoire de fantôme bien romantique, un tableau de moeurs peuplé de personnages pittoresques, une illustration du rôle de la mémoire dans la formation de la personnalité, et une exploration des profondeurs de l'inconscient laissant pressentir les futures découvertes de la psychanalyse."

    Citations 

    "si nous ne connaissions ni misères ni chagrin, nous ignorerions la moitié du bien qui existe autour de nous." (p. 98)

    "Je suis infecté ! Je suis contagieux ! Je porte en moi un poison qui corrompt l'esprit, qui les corrompt tous. Là où j'éprouvais intérêt, compassion, sympathie, je ne suis plus que pierre. L'égoïsme et l'ingratitude jaillissent sous mes pas funestes. Et si je suis un peu moins vil que les misérables que je rends tels, c'est en cela seulement que dans l'instant de leur transformation je puis les haïr." (p. 101)

    Mon avis

    J'ai trouvé un Dickens court (173 pages) et je l'ai lu ! C'était donc pour moi la découverte de cet auteur. Je partais avec un avis très favorable (dû à la lecture assidue des blogs où j'ai l'impression que Dickens est un des auteurs favoris avec Jane Austen). Je n'ai mais alors pas du tout été déçue par cette lecture. C'est surout la description des "personnages pittoresques" qui m'a particulièrement plu. Dickens y met à chaque fois une petit touche d'ironie anglaise : c'est exquis. L'histoire est vraiment très plaisante même si elle pourrait paraître un peu gnan-gnan. Mais pas du tout : il y a le fantôme qui donne le pouvoir au Chimiste d'oublier tout ce qui lui a causé des chagrins, peines et afflictions mais qui lui donne aussi le pouvoir de transmettre cela à tous les gens qu'ils rencontrent. Il y aussi les disputes, les haines … qui éclatent entre tous les personnages. Noël oblige, ils se réconcilient tous : n'ayez pas peur. On ne s'ennuie jamais. J'aime aussi la morale de l'histoire qui veut que l'on se rappelle des peines causées par les autres pour mieux les pardonner et que finalement la plus belle chose, c'est que notre souvenir reste das la mémoire de nos proches une fois que nous serons partis.

    Si tous les Dickens sont comme ça, je signe !

     

    Références

    L'homme hanté de Charles DICKENS – traduit de l'anglais par Véronique David-Marescot (Éditions Interférences, 2009)

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    Résumé de l'éditeur

    "Dans une petite ville de la Baltique bercée par le rythme incessant des vagues, Christian assiste à la minute de silence observée par son lycée en mémoire de Stella Petersen, professeur d'anglais morte en mer. Stella fut le grand amour de Christian, un amour volé aux conventions qui régissent les relations entre un professeur et son élève. Un amour composé de silences et d'interrogations, de découvertes fragiles et de beauté.

    Dans une prose lumineuse, toute de tendresse et de retenue, Lenz nous offre un roman intimiste, presque onirique, sur l'éblouissement d'un premier amour et sur la douleur de l'inachèvement."

    Mon avis

    Si vous saviez comme je l'ai attendu ce livre. Après avoir lu La leçon d'Allemand chez 10/18, j'ai cherché partout Le Dernier Bateau. Je l'ai trouvé et adoré. Il me fallait continuer à lire cet auteur et il n'y en avait plus. Alors quand enfin, il y en avait un nouveau qui sortait, j'ai sauté de joie ! Et après lecture, je ne suis pas du tout déçue … C'est même un très beau livre qui m'a mis les larmes aux yeux.

    Dans les films, on vous explique qu'avant de mourir vous voyez votre vie défilée en quelques secondes. Ici, c'est ce qui se passe. Une minute de silence. Christian voit défiler toute son histoire d'amour avec Stella comme si c'était lui qui mourrait. En cent-vingt pages, on s'attache à ces deux là. C'est tout en tendresse, en retenue, en non-dit. C'est un livre délicat. On le referme tout doucement pour ne pas faire plus souffrir Christian.

    Références

    Une minute de silence de Siegfried LENZ – traduit de l'allemand par Odile Demange (Robert Laffont – collection Pavillons, 2009)