Cecile's Blog

  • J’ai entendu parler de cette bande dessinée à la radio et je ne regrette pas de l’avoir lu. L’histoire est simple et part d’un fait réel : Staline envoie un élève de Chostakovitch en plein siège de Leningrad avec la partition de la septième symphonie pour que celle-ci soit jouée par l’orchestre de Leningrad le 9 août 1942, jour de l’invasion prévue par Hitler, à la philharmonie.

    Déjà c’est une magnifique histoire : cela vaut donc le coup d’être lu (je ne remercie pas les références à la fin du livre. Maintenant j’ai noté Le siège de Leningrad de Lidiya Ginzburg). Cela m’a un peu fait penser au Requiem de Terezin pour tout ce que la musique peut apporter dans une « société » désespérée et en guerre. Le scénario de Céka est très puissant car il montre la musique, la guerre, le siège (et les hauts-parleurs qui continuent la propagande alors que plus rien autour ne marche), la faim tout en restant dans un album de taille ramassée (102 pages).

    Les dessins et les couleurs (différentes pour chaque thème abordé) arrivent à mettre dans « l’ambiance » du siège, ce qui renforce la crédibilité du scénario. Je ne vais pas mentir. J’ai trouvé au début les dessins de personnes de Borris très particuliers puisqu’ils ont tous une tête de cochon. Mais au final, il arrive à rendre des expressions multiples et ils sont tous très reconnaissables. Qui l’aurait dit de cochons ?

    En conclusion, c’est un album que je conseille rien que pour se rappeler ce moment d’Histoire.

    Références

    Lutte majeure de Céka (scénario), Borris (dessins) et Brice Follet (couleurs) (Casterman – KSTR, 2010)

  • Quatrième de couverture

    Jeune époux et futur papa, Shalom pourrait être le plus heureux des hommes. Mais l’enfance peut commettre bien des ravages … Élevé dans la plus stricte orthodoxie juive, il en a gardé une vision très personnelle du « Tout-Puissant » et une paranoïa aiguë. Trente-cinq ans que cela dure. Trente-cinq ans d’une relation complexe, faite d’incompréhension et de pure terreur. Alors, à l’adolescence, Shalom s’est rebellé : gavage de hot dogs, lectures pornos … Et il a attendu, tremblant, le châtiment divin. Mais rien … Aujourd’hui, la grossesse de sa femme le laisse désemparé. Partagé entre son désir d’émancipation et sa peur maladive de Dieu, le voilà confronté à l’agonisante question : quel sort doit-il réserver au prépuce de son enfant ?

    Mon avis

    Le livre part d’une idée très intéressante : celle de s’interroger sur la religion. Que cherche-t-on dans la religion ? La réponse « normale » est l’épanouissement. Est-ce que la religion de nos parents est forcément la « bonne » ? Est-on en droit de s’interroger sur cette religion, qui fait aussi partie de nos origines ? Shalom Auslender décide de défier tout le monde : sa famille et la religion juive. Le livre parle de cette rébellion et de comment il s’est reconstruit après avoir briser le socle sur lequel sa vie était fondée grâce à son mariage, son fils et de multiples déménagements et séances de psy à 350 dollars la séance.

    Ce livre ne m’a pas vraiment plu pour plusieurs raisons. La première est que la majorité du texte ressemble à une collection d’anecdotes rassemblées par thématique. Shalom Auslender, il faut le dire, a un humour dévastateur. Le premier paragraphe donne le ton :

    Quand j’étais petit, mes parents et mes maîtres me parlaient d’un homme qui était très fort. Ils disaient qu’il était capable de détruire le monde entier. Ils disaient qu’il pouvait soulever les montagnes. Ils disaient qu’il pouvait ouvrir la mer en deux. Il était très important de ne pas le contrarier. Lorsque nous obéissons à ce qu’il avait édicté, cet homme nous aimait bien. Il nous aimait tellement qu’il tuait tous ceux qui ne nous aimaient pas. Mais si nous n’obéissions pas, alors il ne nous aimait pas . il nous détestait. Parfois, il nous haïssait tellement qu’il nous tuait ; parfois, il laissait d’autres gens nous tuer. C’est ce que nous appelons les jours de fête : à Pourim, nous nous souvenons de la fois où les Égyptiens ont essayé de nous tuer, à Hanoukka, nous nous souvenons de la fois où les Grecs ont essayé de nous tuer.

    Une grosse partie du texte est écrit sur ce ton, parfois beaucoup plus incisif. Cela en devient fatigant. Cela m’a fait penser aux séries télé où il y a un comique sur scène et qui fait des blagues auxquelles personne ne rit. Ici, on rit au début mais au final, on s’interroge.

    Pour Shalom Auslender, ce livre est une thérapie, même si comme le dit Plume on ne connaît pas la part de réalité et de fiction. À la fin, c’est l’adulte reconstruit qui parle. On sent un ton posé et sûr de lui. Mais au début, c’est Shalom adolescent qui est censé parlé et nous dire ce qu’il a ressenti. Je n’ai pas ressenti cela. J’ai eu l’impression que l’adolescent parlait mais avec la tête de l’adulte. Comme si Shalom Auslender n’était pas complètement à l’aise avec son adolescence et rébellion, d’ailleurs plus à l’égard de la religion que de sa famille. Shalom Auslender se protège avec cette humour et ce cynisme. Il ne laisse qu’entrevoir ce qu’il a ressenti. En gros, comme si il lui restait encore beaucoup de chemins à faire à mon avis.

    Cela m’a donc donné un goût d’inachevé.

    Livre lu dans le cadre du Prix littéraire des blogueurs. D’autres avis ici. Maintenant va falloir que je me creuse la tête pour les notes !

    Références

    La lamentation du prépuce de Shalom AUSLANDER – traduit de l’américain par Bernard Cohen (10/18, 2009)

  • Quatrième de couverture

    « Berlin, mai 1929. La ville est en pleine ébullition et la police a du mal à être sur tous les fronts à la fois – combats de rue entre forces de l’ordre et communistes, criminalité grandissante et night-clubs clandestins. Et puis il y a ce cadavre repêché au fond du canal et dont personne ne semble connaître l’identité. Sauf Gereon Rath, qui l’a croisé quelques jours avant sa mort. Ce jeune commissaire originaire de Cologne qui travaille pour la brigade des mœurs brûle de résoudre seul cette affaire dans l’espoir d’être intégré à la Criminelle. Car cette enquête risque de rejoindre les dossiers des affaires classées non élucidées appelées « les poissons mouillés ».
    Ce roman, le premier d’une série mettant en scène le commissaire Gereon Rath, dresse un fascinant portrait politique et social du Berlin des années vingt avec ses aspirations contradictoires, rêve de régime autoritaire ou soif de dissipation. »

    Mon avis

    Ce billet va être d’une platitude sans nom car je suis à peu près du même avis que beaucoup de monde (il y en a quand même des négatifs). L’avis de Michel m’avait donné l’eau à la bouche mais je n’avais pas trouvé le livre à la librairie. Keisha en a remis une couche, je l’avais surligné en me disant que cette fois-ci j’allais le commander. Le lundi, Suzanne de Chez les filles (que je remercie ainsi que les éditions du Seuil bien évidemment) m’envoie un mail pour me le proposer. J’ai accepté parce que cela me faisait faire des économies. Le mardi je l’ai reçu et commencé !

    C’est un excellent livre, un excellent roman policier et un excellent début de série. Excellent roman policier car tous les petits détails (et même les grands) servent à quelque chose dans la résolution du meurtre. Rien est inutile : sur 565 pages c’est un miracle. L’intrigue est excellente car elle mêle politique intérieure et extérieure, polices et criminels avec brio. Ce que j’ai apprécié c’est la période dans laquelle se situe le roman : mai 1929. Pas encore de crise financière. La république de Weimar est passée. Les colères, suite au traité de Versailles, commencent à s’organise. Finalement, on retrouve le roman de Sebastian Haffner Histoire d’un allemand sous une autre forme, un autre point de vue (celui d’un policier franc-tireur). Celui-ci nous permet aussi de découvrir le monde de la nuit de cette époque.

    Un excellent livre pour son style efficace, qui sert bien l’histoire racontée. La seule chose que j’ai regretté (un peu aussi comme tout le monde) c’est les noms allemands. Il fallut un certain temps pour que je me mette dans la tête que le nom était Rath et pas Ruth. Normalement, quand les noms sont imprononçables, je reconnais la typographie et du coup ça ne me dérange pas vraiment. Par contre, là, je dois faire un blocage sur les noms de rue en Allemagne. Du coup, j’ai eu un peu de mal à comprendre quand Gereon nous dit qu’il va à tel endroit sans nous dire quel suspect il va voir. Mais bon, c’est minime.

    Un excellent début de série (le deuxième est en cours de traduction et je peux vous dire que j’ai hâte de la lire) car les personnages sont particulièrement bien campés et nous deviennent rapidement familiers.

    En conclusion, c’est un roman que je conseille comme beaucoup de monde.

    Références

    Le poisson mouillé de Volker KUTSCHER – traduit de l’allemand par Magali Girault (Seuil Policiers, 2010)

  • Il s’agit du premier roman de George Sand en tant que George Sand. Il s’agit aussi de mon premier George Sand et c’est juste un énorme coup de cœur ! Pratiquement au même niveau que Jane Austen et son Orgueil et Préjugés c’est pour dire.

    Indiana est une jeune femme de dix-neuf ans mariée avec un vieux barbon, le colonel Delmare, soldat durant les guerres napoléoniennes. Elle a été élevée à l’île Bourbon (autre nom de La Réunion) sans l’amour de son père mais sous la protection de son cousin Rodolphe Brown, abrégé en Ralph. D’une dizaine d’années son ainé, il est à la fois le père, le frère, l’ami et on devine qu’il est secrètement de l’enfant Indiana. Mais il attend qu’elle grandisse. Parce que lui aussi n’a pas l’amour de ses parents qui n’en ont que pour le fils aîné. Alors quand celui-ci meurt à la guerre, on fait prendre sa place à Ralph dans la société familiale mais il doit aussi se marier avec la fiancé du frère. Il abandonne donc Indiana car il part en Angleterre avec sa femme. Ils ont un fils mais la femme et le fils meurt. Il rejoint Indiana mais celle-ci est déjà mariée. Il décide de vivre avec elle et son mari (de devenir la troisième roue du carrosse en d’autres termes). Il la protège de manière indolente, sans prendre partie (ce que lui reprochera amèrement Indiana). Il restera toujours son seul ami fidèle. Indiana a aussi à son service une jeune créole, Noun, qui était sa sœur de lait. Elles sont très attachées l’une à l’autre. Tout ça est dit en quelques pages dans le roman mais c’est pour vous situer les personnages.

    Le roman commence par l’arrivée d’un perturbateur : Raymon de Ramière. Jeune noble, il ne vit que pour le plaisir et la séduction. On apprend bien vite qu’il est l’amant de Noun. Quand il voit Indiana, après s’être fait tiré dessus par le colonel Delmare qui le prenait pour un voleur, il tombe amoureux (dans son sens à lui, ce qui ne veut pas dire grand chose). La jolie Noun est donc supplanté par les longs cheveux noirs de sa maîtresse. Noun ne le comprend que trop tard : elle est déjà enceinte de lui. Alors quand elle se croît déshonorée auprès de sa maîtresse suite à un quiproquo, elle se suicide dans la rivière du parc du château des Delmare. Indiana, Ralph et même un peu Raymon se sentent coupables.

    Chez Raymon, cela ne dure pas longtemps et il fait tout pour séduire Indiana. Après quelques réticences, elle tombe dans ses bras. C’est le récit de la deuxième partie. Bien sûr dans la troisième ils vont se déchirer. Parce que oui, chez George Sand, les femmes ne sont pas tièdes mais passionnées, vivent entièrement leurs passions et leurs haines. Cela donne lieu à des tirades enflammées sur l’amour, la politique, le mariage … On entend quelques fois George Sand derrière mais on ne peut qu’admirer cette Indiana si moderne.

    En lisant ce livre, vous découvrirez comment Indiana va tenter de se suicider (je vous l’accorde Madame Bovary et Anna Karenine), comment Ralph va déclarer son amour, comment ils vont réussir à se débarrasser de Raymon … Tout le livre m’a plu car l’auteur ne tombe jamais dans la facilité (en ayant une intrigue un peu tirée par les cheveux pour se débarrasser de ses personnages par exemple, mais je ne citerais personne).

    En conclusion, il faut le lire. Vous vous rendrez mieux compte par vous même.

    Premier livre lu dans le cadre du challenge George Sand organisé par George Sand herself !

    Références

    Indiana de George SAND (Folio, 1984)

  • Quatrième de couverture

    Bram Stoker (1847-1912), auteur du célèbre Dracula, vécut toute sa vie dans la souffrance de l’exil. Une grande partie de son oeuvre est traversée par l’effroi qu’il éprouve devant une Angleterre vampirisant sa terre d’Irlande. Épidémies, fléaux mystérieux et créatures monstrueuses sont autant de métaphores d’un mal venu d’ailleurs : l’opression du peuple irlandais par l’Angleterre.

    Le géant invisible, recueil de trois textes, témoigne de ce sentiment de domination.

    Mon avis

    En réalité, il s’agit ici de deux textes de Bram Stoker et un de sa mère Charlotte.

    Le recueil commence par celui-ci intitulé Une nouvelle peste. Paradoxalement, c’est celui que j’ai trouvé le plus effrayant. Il s’agit d’une lettre écrite en 1875. Elle raconte la venue de la peste en 1832 à Sligo, où vivait alors Charlotte âgée de quatorze ans. C’est très bien écrit et comme je le disais il fait peur car il décrit des faits réels et surtout des actes commis par des humains en situation de crise (enterré quelqu’un que l’on sait vivant par exemple, cassé les os d’un homme grand pour qu’il puisse rentrer dans le cercueil alors que lui aussi est vivant, traîné les malades dans les escaliers quitte à les faire mourir d’une fracture du crâne plutôt que de la maladie). Au passage, on « rappelle » dans le livre que Charlotte Stoker était ce que l’on peut appeler une femme de tête. Mère de sept enfants, « elle s’est illustrée de façon remarquable comme l’une des premières suffragettes d’Irlande, s’attachant notamment à la défense des filles-mères, sujet alors tabou en Irlande ».

    Le deuxième texte du recueil , c’est donc Le géant invisible. Bram Stoker transpose sous forme de conte l’histoire racontée par sa mère. Une petite fille, orpheline, amie des oiseaux car elle a la même voix qu’eux, habite un pays où le géant a été exterminé. Les habitants ont depuis une vie des plus dissolues. Un jour, elle voit un nouveau géant arrivé mais elle est seule à le voir. Elle prévient tout le monde mais personne ne la croit sauf un vieil homme. Arrivera ce qui devait arrivé : le géant est en réalité la peste et décime toute la ville avant de s’en aller. Alain Puzzuoli voit dans cette nouvelle une image de l’oppression de l’Angleterre par l’Irlande. À mon avis (et surtout au vue de ses arguments), c’est une interprétation qui se tient bien et qui rend la nouvelle intéressante à relire. En effet à la première lecture, on a plutôt l’impression d’un texte pour enfants. Il est à noter que Le géant invisible était déjà paru en France chez Corti dans le recueil Au delà du crépuscule, recueil initialement écrit pour le fils de Bram Stoker. C’est un recueil qui a l’air décrit d’être bourré d’image de ce type.

    Le troisième texte est en réalité le chapitre trois du premier livre de Bram Stoker The Snake’s Pass (mais le texte a été publié la première fois sous la forme d’une nouvelle ce qui justifie la parution ici). Le texte est intitulé Le prêteur d’argent et c’est justement l’histoire d’un prêteur d’argent qui vampirise son voisin en lui volant sa terre à l’aide d’un subtile stratagème. Là encore, Puzzuoli fait remarquer que le vocabulaire employé laisse à penser que le prêteur d’argent symbolise cette Angleterre qui dépouille l’Irlande. C’est le texte qui m’a le plus frustré car on sent qu’il manque quelque chose, en gros le reste de l’histoire. En effet, ici c’est un extrait du chapitre trois (et pas la nouvelle) qui a été traduit donc il y a des éléments en trop et d’autres (comme une belle chute) qui manquent.

    En conclusion, c’est un recueil différent de L’homme de Shorrox, qui ne me marquera pas plus que ça, mais qui me donne une folle envie de lire Au delà du crépuscule, Le scarabée de Richard Marsh et L’anneau de Toth d’Arthur Conan Doyle (suite à un commentaire qui rapproche ces œuvres de La Pierre de Lune (« un personnage venu d’un pays lointain apporte le mal en Angleterre »).

    Livre lu dans le cadre du challenge « English Classics » de Karine:).

    Références

    Le géant invisible suivi de Le Prêteur d’argent – en préambule Une nouvelle peste par Charlotte Stoker – traduction de l’anglais par Jean-Pierre Krémer – postface de Alain Pozzuoli (éditions Mille et une nuits, 2001)

  • Voilà donc le livre de Maxence Fermine que la copine de mon frère m’a prêté (et je l’en remercie bien évidemment). Chronologiquement, Le violon noir vient juste après Neige : c’est le deuxième roman de Maxence Fermine.

    Ce qui est drôle c’est qu’il a exactement la même idée de base que Neige mais sur un autre thème. Il a donc la structure en trois parties. Dans la première, on rencontre le héros qui est un incompris marginal. Dans ses rêves, ils songent à une femme. À la fin de cette partie, il rencontre un maître. Dans la deuxième partie, le maître parle d’une femme de son passé qui s’avère être la même que celle du héros. Dans la troisième partie, le maître meurt mais le héros arrive à aboutir à ses fins.

    Pour rentrer plus dans les détails, Johannes Karelsky est un violoniste prodige dans sa jeunesse. Mais au fur et à mesure, il devient moins prodige et tombe dans l’oubli. Le violon reste cependant sa raison de vivre sauf qu’il ne joue plus pour un public. Il est appelé à servir Napoléon et faire la campagne d’Italie. Blessé au champ de bataille, laissé pour mort, il voit ou croit voir (et entendre) une femme avec une voix extraordinaire. À l’hôpital, il joue de la musique pour apaiser ses camarades. Il se retrouve à Venise en garnison et est logé chez l’habitant. Un homme nommé Erasmus qui bien sûr est luthier, ancien élève du fils de Stradivari. Il repère un violon noir. Erasmus lui parle alors de ce violon intimement lié à une femme à la voix extraordinaire dont il était tombé amoureux autrefois.

    En lisant ce violon noir, j’ai mieux compris Neige. Là où j’avais trouvé les phrases de Neige courte, Maxence Fermine voulait symboliser la brièveté de l’haïku. Dans Le violon noir, les phrases se rallongent, il y a des ruptures de rythmes entre chaque partie comme dans les mouvements d’un morceau de musique classique. Chez Maxence Fermine, le travail d’écriture se fait sur le langage (les images sont en rapport ici à la musique) mais aussi sur le rythme. J’ai donc préféré Le violon noir à Neige, quoique très beau, qui m’a semblé plus maîtrisé dans le sens où l’écriture de l’auteur s’adapte plus à la musique qu’à l’haïku. Mais ce n’est que mon avis.

    En conclusion, voilà encore un auteur que je vais continuer à lire. C’est un auteur qui doit évoluer entre chaque ouvrage et cela doit être intéressant de constater tout ça !

    D’autres avis chez Je lis, tu lis, il lit.

    Références

    Le violon noir de Maxence FERMINE (Points, 2003)

  • Il y a quelques mois je me suis inscrite à mon premier swap, celui de Lou et Titine « The portrait of a lady swap« .

    Bien m’en a pris car j’ai adoré : la bibliographie (il m’en reste pas mal à lire), recevoir le questionnaire de ma swappée qui avait pas mal de goût en commun avec moi (Holmes et Dina entre autres !), préparer son colis (et ne pas oublier de lui envoyer), découvrir deux auteurs et acheter un de leurs ouvrages (par conscience professionnelle), recevoir le très gentil mail de ma swappée (qui a illuminé ma journée, voire ma semaine) mais le clou du spectacle à quand même été de recevoir mon colis !! (qui a illuminé une autre semaine). Parce que mon colis était tout simplement magnifique ! Maintenant, reportage photo !

    Il est arrivé comme ça (désolée pour la qualité des photos qui ne lui rende pas hommage) :

    Pour tout dire, quand le facteur me l’a donné, je voulais l’ouvrir tout de suite mais après je me suis rappelée qu’il fallait prendre des photos (je trouve que c’est le plus difficile dans son histoire de swap). J’ai donc monté aussi vite que je le pouvais les escaliers  mais j’ai eu le temps de voir qui était ma swappeuse car c’était écrit sur l’étiquette.

    Je l’ouvre donc :

    Notez que mon colis brille et j’en étais juste épatée. Il y a aussi tout plein de magnifiques paquets cadeaux qui m’ont rappelé la plage et les chaises longues. Bien sûr, comme une pie, je me suis concentrée sur les paquets qui brille et il y en avait deux !

    Ils contenaient deux livres !

    M’entendez vous crier ! L’amant de Lady Chatterley de D.H. Lawrence (je n’aurais pas besoin de rougir à la caisse …) et Voyage dans les ténèbres de Jean Rhys (livre que j’ai offert à ma swappée en écrivant dessus « j’attends ton avis parce qu’il m’a l’air pas mal du tout » : quel talent cette swappeuse, non ?).

    Ensuite je suis passée aux paquets de plage.

    J’ai découvert une pochette cousue main (je me suis rendue compte qu’après que la photo était moche et j’ai oublié de la reprendre avec un vrai appareil). Vous aurez deviner qui était ma swappeuse. Bien sûr, Celsmoon ! Je me suis fait un pantalon de pyjama la semaine dernière. J’étais donc pleine d’admiration et je l’ai regardé sous toutes les coutures (c’est le moment de le dire) pour comprendre quel point elle avait choisi et tout et out. Les rubans blancs qui pendent, on le voit pas mais c’est de la dentelle ! Le tissu est magnifique ainsi que l’image cousue dessus. Il y avait quelque chose dans la pochette.

    Un carnet de Jaaaaaane Austeeeeeeen ! Tout blanc avec une feuille lignée à l’intérieur pour écrire tout droit. J’adore les carnets, les stylos, en fait tout ce qui était papeterie. Alors je peux vous dire que j’étais aux anges. Surtout avec Jane Austen dessus ! Ensuite j’ai ouvert le paquet en bas à gauche. C’était encore un livre : Carmilla de Le Fanu. J’en ai lu beaucoup de cet auteur mais je n’ai jamais pensé à lire celui là.

    Ensuite j’ai ouvert deux paquets qui se ressemblaient.

    Notez les jolis petits sacs. Dessus, il y a écrit : Potion bien-être – infusion avec nos huiles aromatiques Géranium, Lavande et Bergamote et Potion Eveil des sens – infusion avec nos huiles aromatiques Ylang Ylang, Citron et Orange. Bête comme je suis, j’ai cru que ça se buvait. J’écris donc à Celsmoon pour la remercier de ses jolis cadeaux. Malade, elle me renvoie tout de même un mail pour éviter que je ne me tue : les infusions ne se boivent pas, ce sont des sels de bains ! Me voilà donc parti prendre un bain. Et là encore une fois, je remercie Celsmoon de m’avoir ouvert un nouveau monde. Ce n’est pas la première fois que l’on m’offre des sels de bain mais là ils ont les trois propriétés essentielles : ils fondent dans le bain, ils sentent et ils mettent de la couleur. Quand une de ses propriétés manque (notamment la première), ce n’est pas aussi bien. J’ai donc découvert l’odeur du Ylang-Ylang et ce que cela faisait de prendre son bain après E.T. (ben, ouais du coup, j’ai pris deux bains : il y avait deux sachets à essayer).

    Ensuite, il y avait les bonbons : des céréales enrobés de pralinés. Ils sont loin maintenant mais qu’est-ce qu’ils étaient bons !

    Au final, cela donne ça :

    avec une carte assortie à la pochette !

    Je remercie Celsmoon parce qu’elle m’a gâtée. Rien que d’écrire le billet, j’en suis encore tout heureuse ! Elle a tapé dans le mille pour tout. Tout ça a du lui prendre un temps monstrueux en plus. Ma swappée était Pickwick (il faut faire attention car elle a changé de blog pour l’instant mais je peux vous dire qu’elle sait prendre des photos) que je remercie aussi. Je remercie aussi les organisatrices Lou et Titine. Parce que toutes les quatre ont fait que ce swap m’a énormément, énormément plu. Le billet est long mais c’est l’enthousiasme de la novice !

  • C’est un livre que j’ai à cause (ou grâce comme on veut) de la copine de mon frère, une Cécile aussi, qui voulait me faire découvrir Maxence Fermine. Elle m’a prêté Le violon noir. Vous me direz : « oui, mais là tu as lu Neige« . Je vous répondrais que je suis une victime consentante. Quand elle m’en a parlé, j’allais à la librairie après. Du coup, elle m’a remis l’auteur en tête (oui, c’est un homme !) avec ce titre qui était depuis un certain temps dans ma LAL : il faut dire qu’il y a quand même énormément d’avis positifs sur la blogosphère (et j’ai fermé les yeux sur les négatifs).

    J’ai lu Neige aujourd’hui car ils détruisent à côté de chez moi une maison et j’ai cru que ça allait me zénifier au vue du résumé :

    Dans le Japon raffiné du XIXe siècle, le jeune Yuko a choisi sa voie : il sera poète, contre l’avis de son père. Soseki, l’ancien samouraï et vieux peintre aveugle, lui enseignera l’art de l’haïku. Entre les deux hommes plane l’image obsédante d’une femme disparue dans la neige … Une langue épurée, concise et sans artifices, qui parle d’amour de la vie et de quête d’absolu.

    C’est beau et aérien (la femme disparue dans la neige était funambule, c’est pour ça) mais ce n’est pas le coup de cœur que j’attendais. Il manque quelque chose, une part de rêve peut être (cette impression vient sûrement de ma maison qui tremble) alors que Maxence Fermine reste dans le lyrisme. Les chapitres sont courts, parfois résumés à deux phrases. Cela détruit l’envie de zen que j’avais car cela accélère le déroulement de l’action. Me resteront deux très beaux passages : un sur la neige et un sur l’écriture.

    « Elle est blanche. C’est donc une poésie. Une poésie d’une grande pureté. Elle fige la nature et la protège. C’est donc une peinture. La plus délicate peinture de l’hiver. Elle se transforme continuellement. C’est donc une calligraphie. Il y a dix mille manières d’écrire le mot neige. Elle est une surface glissante. C’est donc une danse. Sur la neige tout homme peut se croire funambule. Elle se change en eau. C’est donc une musique. Au printemps, elle change les rivières et les torrents en symphonies de notes blanches.« 

    « En vérité, le poète, le vrai poète, possède l’art du funambule. Écrire, c’est avancer mot à mot sur un fil de beauté, le fil d’un poème, d’une œuvre, d’une histoire couchée sur un papier de soie. Écrire, c’est avancer pas à pas, page après page, sur le chemin du livre. Le plus difficile, ce n’est pas de s’élever du sol et de tenir en équilibre, aidé du balancier de sa plume, sur le fil du langage. Ce n’est pas non plus d’aller tout droit, en une ligne continue parfois entrecoupée de vertiges aussi furtifs que la chute d’une virgule, ou que l’obstacle d’un point. Non, le plus difficile pour le poète, c’est de rester continuellement sur ce fil qu’est l’écriture, de vivre chaque heure de sa vie à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre, ne serait-ce qu’un instant, de la corde de son imaginaire. En vérité, le plus difficile, c’est de devenir un funambule du verbe.« 

    Ces deux passages reprennent des images récurrentes du livre : la neige, le blanc, le funambule,  la ligne, la virgule, le point. Ils donnent surtout une bonne image de l’écriture de Maxence Fermine.

    Il me restera aussi un mot : hiémal. Si quelqu’un pouvait m’éclairer sur la différence d’avec hivernal, je lui en serais très reconnaissante.

    Références

    Neige de Maxence FERMINE (Points, 2001)

  • Quatrième de couverture

    Avant d’imaginer la figure monstrueuse de Dracula qui frappa tous les esprits, Bram Stoker (1847-1912) s’est essayé avec bonheur à distiller la peur dans ses nouvelles. En véritable géographe de l’intime, il transpose ses angoisses dans une multiplicité de décors et de genres : peur du spectre de la mort dans L’homme de Shorrox (inédit) ; peur éprouvé par un équipage avant l’attaque de cruels pirates malais dans La Palissade rouge ; imminence de l’engloutissement qui provoque les confessions de voyageurs dans La Crainte de la mort (inédit). Pour Stoker, la condition humaine est engluement dont seuls souffrance et héroïsme peuvent délivrer.

    Mon avis

    Découverte de Bram Stoker pour moi et je ressors enchantée de ce recueil de trois nouvelles. Ce n’est pas un coup de cœur mais l’écriture est agréable et ce sont des vrais nouvelles. Je rappelle que pour moi une « vraie » nouvelle c’est un nouvelle où les personnages sont décrits avec leurs traits principaux, où il y a une vrai chute (en gros, une nouvelle qui est un roman en plus court ; cela ne me plaît pas). Pour le coup, ces trois nouvelles qui composent ce recueil sont des vraies nouvelles.

    Le texte de L’homme de Shorrox est plein d’humour. Il s’agit d’une sorte de farce irlandais. Un hôtelier est assassiné par erreur. On commence déjà à sourire par le ton employé par Bram Stoker pour nous décrire ça. La belle veuve, que tout le monde convoite, reste seule pour gérer l’hôtel. Un jour un Anglais, employé de Shorrox, arrive et demande la plus belle chambre. Manque de chance, elle est réservée par … un cadavre.

    La Palissade rouge parle de la prise d’un fort malais de pirates par des anglais. Ce qui vaut dans cette nouvelle d’aventures, c’est la montée du suspense. On ressent la peur des marins … Haletant !

    La Crainte de la mort n’est pas vraiment une nouvelle car elle est en réalité extraite des souvenirs de Bram Stoker des tournées américaines du Lyceum Theatre. La troupe a subit de nombreux phénomènes météorologiques dont par exemple, un train bloqué au milieu d’un fleuve (?). Les comédiens ont pensé qu’ils allaient mourir. Cela entraîne des confessions. Mais comme ce sont des comédiens leurs confessions sont plus des représentations. Bram Stoker s’en moque gentiment.

    En conclusion, trois nouvelles aux styles différents qui donnent envie d’en savoir plus !

    Livre lu dans le cadre du challenge « English Classics » de Karine:).

    Références

    L’homme de Shorrox suivi de La Palissade Rouge et de Dans la crainte de la mort de Bram STOKER – traduit de l’anglais par Jean-Pierre Krémer – postface par Alain Pozzuli (Éditions Mille et une nuits, 2001)

  • Présentation de l’éditeur

    En 1995, l’Afrique du Sud tente de se remettre de l’apartheid. Il faut régler les comptes du passé pour construire l’avenir. Tel est le rôle de la Commission Vérité et Réconciliation. Les audiences se succèdent et confrontent les victimes aux bourreaux.

    Dans la chaleur poussièreuse de Smitsriver, Sarah, jeune et brillant procureur, cherche à y voir clair.

    Mais le droit suffit-il à la quête de la vérité ? Et LA vérité existe-t-elle ? Au-delà des causes politiques, il y a les individus avec leurs failles et leurs contradictions, leurs petites lâchetés et leurs grands sentiments …

    Gillian Slovo est la fille de Joe Slovo, ancien responsable du Parti communiste sud-africain, avocat de Nelson Mandela en 1964, puis ministre de son gouvernement. Sa mère, Ruth First, éminente journaliste également très engagée dans la lutte antiapartheid, fut assassinée en 1982 par les services secrets du Mozambique. Gillian a quitté son pays natal et fui le régime de l’apartheid à l’âge de douze ans. Depuis 1964, elle vit en Angleterre. Elle n’est retournée en Afrique du Sud qu’à la libération de Nelson Mandela après vingt-huit ans d’emprisonnement. Elle est l’auteur de plusieurs romans policiers.

    Poussière Rouge est son neuvième livre et le deuxième traduit en France.

    Mon avis

    J’ai lu ce livre sur la recommandation de Dominique et je l’en remercie beaucoup car Poussière rouge est un livre époustouflant. Une première surprise a été quand j’ai cherché à me procurer le livre. Édité une première fois par Christian Bourgois en 2001, il n’a jamais été édité en poche et a été édité une seconde fois dans une collection jeunesse (je me demande ce qui a changé par rapport à la version de Christian Bourgois). C’est quand même le grand écart entre Christian Bourgois et la collection jeunesse ! En plus, après lecture, je ne trouve pas que ce soit un livre si jeunesse que cela. Je n’ai pas compris.

    On suit le retour de Sarah de New York à Smitsriver, suite à une demande de son mentor Ben. En effet, malade, il désire que Sarah l’aide à savoir où le corps de Steve Sizela, militant de l’ANC, a été enterré. En fait, tout le monde se doute qu’il est mort sous la torture il y a quatorze ans (même si on a dit aux parents qu’il avait été libéré et s’était enfui à l’étranger). Cette information est tout ce que les parents demandent pour pouvoir continuer à vivre. L’idée est d’utiliser une demande d’amnistie faite par Dirk Hendricks pour le tabassage en règle de Alex Mpondo, aujourd’hui député. En effet, quand Dirk Hendricks a torturé Alex, Steve était torturé par Peter Muller dans la cellule d’à côté. Dirk doit savoir quelque chose (Peter Muller étant en plus son meilleur ami) et pour obtenir son amnistie doit dire la vérité sur ce qu’il sait.

    Ce que j’ai aimé dans ce livre, c’est la complexité des personnages. Gillian Slovo ne prend jamais partie et montre les bons et les mauvais côtés de tous ses personnages. On ne s’attache finalement à personne en particulier mais on les plaint tous parce que leurs vies sont gâchées par des évènements qu’ils ne maîtrisaient pas. Gillian Slovo fait dire à Alex à la fin du livre que « [Sarah] avait oublié qu’une belle histoire avec un début, un milieu et une fin […] était quelque chose que pouvait offrir New York, pas l’Afrique du Sud. L’histoire était trop importante ici, trop mauvaise, pour une fin de ce genre : tout ce à quoi pouvait aspirer l’Afrique du Sud, c’était de continuer à avancer. » De plus, tous les personnages doutent et s’interrogent. Rien n’est fixé et ils sont tous en mouvement, tous en reconstruction (même si difficile).

    C’est pourquoi j’ai apprécié l’idée de la poussière rouge dont on ne peut pas se défaire une fois qu’elle est collée aux chaussures, mais que l’on continue quand même à avancer.

    En conclusion, c’est un livre à lire pour comprendre qu’il faudra beaucoup de temps pour que les sud-africains puissent se reconstruire. À un moment, Ben explique que la commission Vérité et Réconciliation, c’est la réconciliation de la nation avec elle-même et pas des bourreaux et des victimes. Tout est dit à mon avis !

    Ce livre rentre dans le cadre du safari littéraire de Tiphanya.

    D’autres avis

    Celui de Enna

    Références

    Poussière rouge de Gillian SLOVO – traduit de l’anglais par Jean Guiloineau (Gallimard Jeunesse – Scripto, 2006)