Poussière rouge de Gillian Slovo

Présentation de l’éditeur

En 1995, l’Afrique du Sud tente de se remettre de l’apartheid. Il faut régler les comptes du passé pour construire l’avenir. Tel est le rôle de la Commission Vérité et Réconciliation. Les audiences se succèdent et confrontent les victimes aux bourreaux.

Dans la chaleur poussièreuse de Smitsriver, Sarah, jeune et brillant procureur, cherche à y voir clair.

Mais le droit suffit-il à la quête de la vérité ? Et LA vérité existe-t-elle ? Au-delà des causes politiques, il y a les individus avec leurs failles et leurs contradictions, leurs petites lâchetés et leurs grands sentiments …

Gillian Slovo est la fille de Joe Slovo, ancien responsable du Parti communiste sud-africain, avocat de Nelson Mandela en 1964, puis ministre de son gouvernement. Sa mère, Ruth First, éminente journaliste également très engagée dans la lutte antiapartheid, fut assassinée en 1982 par les services secrets du Mozambique. Gillian a quitté son pays natal et fui le régime de l’apartheid à l’âge de douze ans. Depuis 1964, elle vit en Angleterre. Elle n’est retournée en Afrique du Sud qu’à la libération de Nelson Mandela après vingt-huit ans d’emprisonnement. Elle est l’auteur de plusieurs romans policiers.

Poussière Rouge est son neuvième livre et le deuxième traduit en France.

Mon avis

J’ai lu ce livre sur la recommandation de Dominique et je l’en remercie beaucoup car Poussière rouge est un livre époustouflant. Une première surprise a été quand j’ai cherché à me procurer le livre. Édité une première fois par Christian Bourgois en 2001, il n’a jamais été édité en poche et a été édité une seconde fois dans une collection jeunesse (je me demande ce qui a changé par rapport à la version de Christian Bourgois). C’est quand même le grand écart entre Christian Bourgois et la collection jeunesse ! En plus, après lecture, je ne trouve pas que ce soit un livre si jeunesse que cela. Je n’ai pas compris.

On suit le retour de Sarah de New York à Smitsriver, suite à une demande de son mentor Ben. En effet, malade, il désire que Sarah l’aide à savoir où le corps de Steve Sizela, militant de l’ANC, a été enterré. En fait, tout le monde se doute qu’il est mort sous la torture il y a quatorze ans (même si on a dit aux parents qu’il avait été libéré et s’était enfui à l’étranger). Cette information est tout ce que les parents demandent pour pouvoir continuer à vivre. L’idée est d’utiliser une demande d’amnistie faite par Dirk Hendricks pour le tabassage en règle de Alex Mpondo, aujourd’hui député. En effet, quand Dirk Hendricks a torturé Alex, Steve était torturé par Peter Muller dans la cellule d’à côté. Dirk doit savoir quelque chose (Peter Muller étant en plus son meilleur ami) et pour obtenir son amnistie doit dire la vérité sur ce qu’il sait.

Ce que j’ai aimé dans ce livre, c’est la complexité des personnages. Gillian Slovo ne prend jamais partie et montre les bons et les mauvais côtés de tous ses personnages. On ne s’attache finalement à personne en particulier mais on les plaint tous parce que leurs vies sont gâchées par des évènements qu’ils ne maîtrisaient pas. Gillian Slovo fait dire à Alex à la fin du livre que « [Sarah] avait oublié qu’une belle histoire avec un début, un milieu et une fin […] était quelque chose que pouvait offrir New York, pas l’Afrique du Sud. L’histoire était trop importante ici, trop mauvaise, pour une fin de ce genre : tout ce à quoi pouvait aspirer l’Afrique du Sud, c’était de continuer à avancer. » De plus, tous les personnages doutent et s’interrogent. Rien n’est fixé et ils sont tous en mouvement, tous en reconstruction (même si difficile).

C’est pourquoi j’ai apprécié l’idée de la poussière rouge dont on ne peut pas se défaire une fois qu’elle est collée aux chaussures, mais que l’on continue quand même à avancer.

En conclusion, c’est un livre à lire pour comprendre qu’il faudra beaucoup de temps pour que les sud-africains puissent se reconstruire. À un moment, Ben explique que la commission Vérité et Réconciliation, c’est la réconciliation de la nation avec elle-même et pas des bourreaux et des victimes. Tout est dit à mon avis !

Ce livre rentre dans le cadre du safari littéraire de Tiphanya.

D’autres avis

Celui de Enna

Références

Poussière rouge de Gillian SLOVO – traduit de l’anglais par Jean Guiloineau (Gallimard Jeunesse – Scripto, 2006)


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Commentaires

9 réponses à “Poussière rouge de Gillian Slovo”

  1. Avatar de Dominique

    Heureuse qu’il t’ ai plu , c’est un très bon récit pour comprendre l’Afrique du Sud, je suis ahurie que ce soit ressorti en collection jeunesse car si le propos peu être expliqué je trouve que certaines scènes de torture et de violence sont un peu fortes pour de vrais adolescents

    1. Avatar de cecile
      cecile

      Ce qui m’a surtout paru étrange c’est que le livre n’est pas expliqué. Il n’y a pas de post ou de préface qui explique ce qui s’est passé en Afrique du Sud. Je ne suis pas sûre que les « vrais adolescents » soient très au courant. Merci encore pour ce conseil de lecture !

  2. Avatar de anjelica

    ma fille l’a dans sa PAL mais je crois qu’elle m’a dit ne pas avoir aimé l’écriture. Je ne sais pas si elle l’a finit ou pas ?

    1. Avatar de cecile
      cecile

      Je crois que ce n’est pas très adapté aux adolescents. En tout cas, personnellement, je ne me serais pas vu lire ce type de livre à 13 ans (pourtant cette collection s’adresse au plus de 12-13 ans). D’où mon étonnement …

  3. Avatar de Tiphanya

    Je trouve que scripto tire de plus en plus ses lecteurs vers le haut. Pourquoi pas après tout. Ce livre est un exemple de plus

    1. Avatar de cecile
      cecile

      C’est le premier de chez eux que je lis. Je ne connaissais pas cette collection avant.

  4. Avatar de zarline

    Comme je l’ai dit chez Enna, il exsite une très bonne adaptation de ce livre. Le film s’appelle Red Dust et il est vraiment passionnant… mais plutôt violent. Je serais curieuse de lire le livre car je ne comprends pas franchement comment il peut être publié en collection ado.

    1. Avatar de cecile
      cecile

      Dès que je peux, je le regarde ce film ! La question que je me posais c’est si entre l’édition de Christian Bourgois et cette édition pour ado il n’y avait pas eu des passages coupés : il y a quand même 50 pages en moins pour un livre de même format et qui semble écrit avec la même taille de police. Je n’ai pas trouvé de réelles précisions dans le livre (à part une mention que le texte est en copyright à Gallimard mais la traduction est à Christian Bourgois : j’ai pensé que cela venait d’une mise en page un peu spéciale).

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