Cecile's Blog

  • Présentation de l’éditeur

    Frères et sœurs est l’un des deux romans d’Ivy Compton-Burnett à se passer au 20e siècle. Les personnages et l’atmosphère n’en sont pas moins victoriens. On y retrouve ce huis-clos des demeures anglaises où s’engagent d’étranges duels oratoires. Le monde d’Ivy Compton-Burnett est traversé de ces conversations en demi-teintes à l’extrême perfidie, par lesquelles nous sont révélés des personnages aussi feutrés dans leur componction sournoise que cruels envers leurs semblables. Rien n’est jamais clair, détendu ou serein. On apprend au détour d’une confidence, comme en héritage d’un lourd secret, que le neveu est en fait le fils de l’oncle ou, comme ici, que celui qui était le beau-père est en fait le père. On frôle constamment l’inceste, on ne sort plus du piège de ces descendances à voie étroite qui mènent droit à la dégénérescence. L’étouffement est ainsi total, spatial et temporel et la référence ne peut plus être que celle des tragédies grecques où le frère et la sœur méditent la mort du parent usurpateur. Toutes les tragédies humaines sont des affaires de famille, a-t-on pu dire et ceci se vérifie dans l’œuvre fascinante d’Ivy Compton-Burnett, la vieille dame anglaise aux lèvres pincées qui observe de son fauteuil, comme un entomologue devant ses vitrines, la lente extinction des énergies victoriennes.

    L’histoire

    Quand Ivy Compton-Burnett décide de vous parler de frères et sœurs, elle n’y va pas à moitié. Il y a deux personnages isolés, sinon il n’y a que des couples de frères et sœurs.

    Andrew Stace a deux enfants : une fille légitime qui s’appelle Sophia et un garçon qu’il a pris sous son aile puis adopté, nommé Christian. Dans son testament, Andrew lègue tout à Christian au risque de léser sa « vraie » fille ! Mais voilà, ces deux-là s’aiment et décident de se marier. Andrew s’y oppose en arguant que c’est quand même mieux de changer d’air parfois. Il meurt peu après. Christian et Sophia se marient tout de même.

    On se retrouve une trentaine d’années plus tard. Christian et Sophia ont eu trois enfants : Andrew, l’aîné, Dinah et Robin, le dernier.  Sophia, qui n’a en vue que son mari, délaisse ses trois enfants et ils sont plus ou moins élevé par la gouvernante Patty. Andrew, en tant qu’héritier, et Dinah, en tant que fille cherchant donc un mari, ne travaillent pas et sont oisifs à la maison tandis que Robin a fait des études et à une vie propre à Londres (même si il est vraiment souvent chez ses parents). C’est le premier couple de frère et sœur et le premier personnage isolé.

    Dans le voisinage, il y a plein d’autres jeunes (dans les vingt-cinq, trente ans tout de même) : Edward et Judith, l’homme d’église du village et sa sœur ; Julian et Sarah, deux jeunes orphelins oisifs (on ne sait pas trop de quoi ils vivent mais bon), Tilly et son frère Latimer, les deux cousins pauvres des trois Stace, qui sont en plus munis d’un père, Peter, qui leur fait honte à chaque fois qu’il sort !

    À cela, Caroline et Gilbert vont venir s’ajouter après un emménagement dans le pavillon noir avec leur mère malade (et même mourante).

    Il va y avoir tout au long du roman une sorte de micmac amoureux, les couples de frères et sœurs cherchant à se marier avec des frères et sœurs. Au fur et à mesure que sont dévoilés les secrets de famille glauquissimes, les couples vont évolués.

    Mon avis

    C’est la première fois que je lis Ivy Compton-Burnett et j’ai adoré (j’avoue, je suis en train d’en lire un deuxième). Je crois que c’est parce qu’elle est encore plus langue de vipère que moi et aussi qu’elle flatte mon côte commère avec tous ces secrets de familles. L’écriture est très très particulière parce que tout se passe en dialogue. Parfois, je lisais une phrase et je me disais c’est quand même bizarre de dire cela devant elle mais en réalité, il y avait un mot avant qui disait qu’elle était partie. L’idée c’est que finalement tout s’enchaîne très vite et il faut être très attentif car elle donne des détails importants dans des touts petits bouts de phrases.

    Par contre, il faut voir les dialogues entre les personnages, c’est échanges de bons mots et de propos acerbes, cela fait mal (il y en a même que je n’ai pas compris mais je crois que c’est du à la traduction car dans celui que je lis en ce moment et qui est sorti en ce moment, il n’y a pas ce problème).

    Là où je mets un bémol, c’est que finalement on n’arrive pas à comprendre réellement la relation qu’il y a entre Sophia et ses trois enfants. C’est du à la mise à distance qui se produit à cause justement du style de la romancière. C’est très froid (même avec Patty qui est soit-disant leur seconde maman) et finalement on se concentre sur le propos et pas vraiment sur ce qu’il y a derrière (vous allez me dire c’est langue de vipère ou cela ne l’est pas !)

    Mais, j’ai aimé, voilà !

    Références

    Frères et sœurs de Ivy COMPTON-BURNETT – traduit de l’anglais par Lola Tranec (L’âge d’homme, 1984)

  • Présentation de BBC france

    Sherlock Holmes et le Docteur Watson sont de nouveau réunis pour résoudre une affaire qui menace de bouleverser les privilèges et la tranquillité de l’aristocratie anglaise….

    Novembre 1902. La ville est engloutie dans le brouillard, le célèbre “fog” londonien, alors que le monde interlope des docks se heure au glamour et aux paillettes de la haute société edwardienne.
    221b Baker Street. Le plus célèbre détective au monde, Sherlock Holmes, est appelé pour enquêter après la découverte du corps d’une jeune femme dans la Tamise. Alors que l’on suppose qu’il s’agit d’une simple prostituée, un bas de soie est découvert enfoncé dans sa gorge, suggérant bien plus qu’un simple accident.
    Le fabuleux esprit d’analyse du détective et son sens aigu de l’observation lui permettent très rapidement de déceler la tromperie. Le corps n’est pas celui d’une fille des rues, mais celui d’une Dame de la haute société.
    Une autre jeune aristocrate disparaît bientôt, et Scotland Yard est dans le brouillard… Mais la bonne société londonienne tient à ce que la saison des débutantes se déroule comme prévu. Des mariages doivent être conclus et des maris repérés !
    Le tueur se montre de plus en plus audacieux, et un autre cadavre est découvert. Sherlock Holmes est convaincu qu’il s’agit d’un tueur en série, peu disposé à s’arrêter en si bon chemin. Il recourt donc à des méthodes peu orthodoxes pour faire progresser son enquête. Le téméraire détective et son fidèle assistant, le Dr Watson, doivent tout mettre en œuvre pour empêcher un autre assassinat.
    Sherlock Holmes se rapproche peu à peu de conclusions extraordinaires… Mais c’est oublier un peu rapidement la passion morbide et obscure de son terrible adversaire…

    Adapté par Allan Cubitt. Réalisé par Simon Cellon Jones. Producteur Elinor Day. Producteurs exécutifs Greg Brenman, Gareth Neame, Rebecca Eaton.

    Année : 2004.

    Durée : 90 minutes.

    Distribution

    Ruppert Everett : Sherlock Holmes

    Ian Hart : Dr. Watson

    Helen McCrory :Mrs Vandeleur

    Mon avis

    C’est un film fait par la même équipe que celle du film Le chien des Baskerville (la version avec John Nettles), sauf qu’ils ont remplacé Richard Roxburgh par Rupert Everett. Ce n’est pas la même chose du coup ! Alors que Richard Roxburgh me semblait plus malicieux, Rupert Everett est plus froid, plus distant mais aussi plus sûr de lui-même. C’est un visage impassible qui me permet de dire cela. Du coup, cela se ressent même dans le jeu de Ian Hart qui passe de la complicité dans Le chien des Baskerville à l’admiration dans ce film ci (si ça c’est pas un acteur, messieurs, dames !)

    La production s’est aussi permis une fantaisie en situant l’action juste avant le deuxième mariage (?, en tout cas pas le premier) du Dr. Watson avec une « profileuse » américaine fascinée par les crimes les plus sordides (elle aurait bien été avec Sherlock Holmes : elle lui conseille même un livre et lui fera appelle à elle pour l’aider dans son enquête).

    Pour ce qui est du scénario, j’avoue m’être laissée bluffer par les rebondissements finaux et j’ai été séduite par l’intrigue proposée même si elle m’est apparue trop moderne pour avoir été suggérée par Conan Doyle et résolue par Sherlock Holmes. Finalement, le tout va avec la profileuse : les personnages sont modernes, le scénario est moderne. Seuls les décors et les personnages sont anciens !

    La reconstitution du Londres dans le brouillard est impressionnante même si du coup, on peut se permettre de douter que c’est Londres. Les acteurs jouant l’aristocratie anglaise sont excellents de placidité pour certains et d’émotions contenues pour d’autres, dans des décors qui semblent figés depuis au moins un siècle. La seule reconstitution dont je me permettrais de douter c’est la coupe de cheveux en houppette de Rupert Everett.

    En conclusion, je dirais que c’est un bon film, un peu trop moderne pour être vraiment holmésien, qui fait passer un bon moment. J’avoue que le charme de Rupert Everett n’y ait pas pour rien !

    Ce mois-ci, c’est Marion qui se colle au bilan de la SSHD. Vous pouvez aller lire cela ici !

  • Présentation de l’éditeur

    Des pharaons de l’Égypte antique aux rois de France, en passant par les plus grands monarques, conquérants et explorateurs, ou encore les plus célèbres courtisanes, Grandeur et décadence d’un peu tout le monde revisite les figures majeures de nos livres d’histoire, dont il brosse des portraits aussi drôles que véridiques. Rarement on aura mis autant d’érudition au service du rire – les irrésistibles notes de bas de page de Will Cuppy (art qu’il avait poussé à la perfection) constituant à elles seules un régal d’humour pseudo-savant.

    Cette nouvelle édition de son chef-d’œuvre, traduit une première fois en 1953, est complétée d’une introduction ainsi que de quatre chapitres entièrement inédits.

    Premier paragraphe

    L’Égypte a été surnommée le « Présent du Nil ». Une fois par an, le fleuve déborde et dépose une couche de limon fertilisant sur la terre desséchée. Puis il reflue dans son lit, et bientôt tout le pays, à perte de vue, est couvert d’égyptologues.

    Mon avis

    Quand j’ai lu le premier paragraphe à mon frère, il a trouvé que ce n’était pas drôle alors que moi la première fois où je l’ai lu j’ai éclaté de rire. Il faut adhérer à ce type d’humour mais il est bien rare qu’un livre me fasse éclater de rire, sourire oui mais pas éclater de rire. Will Cuppy a une drôle de manière de nous présenter l’histoire. Il est dit dans la préface qu’il travaillait de la manière suivante : il décidait d’un sujet, lisait tous les ouvrages et articles s’y rapportant (pouvant aller jusqu’à 25 volumes pour un article d’un milliers de mots ; sa maison regorgeait de livre (il faut voir la description !!!)), faisait des fiches récapitulatives qu’il mettait dans des boîtes et après seulement commençait à rédiger. Will Cuppy était une sorte d’ermite qui se consacrait à son travail et à ses rares amis, les autres personnes lui faisant peur. Il manquait visiblement aussi un peu de confiance en lui. C’était un gars extrêmement pointilleux sur les détails et tout ce qu’il affirmait dans ses articles et livres étaient véridiques (par exemple, je ne savais pas que Pierre le Grand était mort d’une rupture de la vessie (j’ai mis du temps qu’il s’agissait de calculs : imaginez l’image que je m’en suis faite)). À la lecture, on apprend donc forcément des trucs car un type comme ça vous raconte « tout » dans le détail (certains diront inutile mais bon, j’assume).

    Le truc, c’est que Will Cuppy vous fait des commentaires hilarants à la fois sur la personnalité des personnages historiques qu’il décrit (sur Henri VIII ou Élisabeth, sur Catherine la Grande, sur Cléopâtre) mais il y va aussi de son commentaire sur l’interprétation des historiens (qui pensent visiblement qu’avoir un harem de trois cents femmes n’occupent pas des masses). Les notes de bas de page ne sont nullement informatives ou instructives et même inutiles mais sont extrêmement et du coup on en loupe aucune.

    C’est un livre que j’ai lu avec énormément de plaisir (rire des fois cela fait du bien), que je relirai en grappillant des chapitres par ci par là, chacun faisant une dizaine de pages. Je vous le conseille donc !

    Références

    Grandeur et décadence d’un peu tout le monde de Will CUPPY – traduit de l’anglais (États-Unis) par Fritz Markassin – introduction de Fred Feldkamp – postface de Thomas Maeder (Wombat, 2011)

  • Présentation de l’éditeur

    À la fin du 15ième siècle, en Autriche, une communauté d’imprimeurs vivait dans un immense château. C’était à l’aube de l’âge de l’imprimerie – qui allait révolutionner la circulation du savoir et éveiller les consciences.

    Un jour, arrive un jeune vagabond. Il dit s’appeler « Numéro 44 » et suscite aussitôt, parmi la famille du maître imprimeur et ses ouvriers, un mélange de fascination et de défiance. Rapidement, sous l’action de ce « mystérieux étranger », chacun est contraint de tomber le masque. Incidents et révélations de plus en plus extraordinaires secouent le château, tandis qu’à l’atelier est fabriquée l’une des premières Bibles industrielles…

    Comme August, son narrateur de seize ans, Mark Twain (1835-1919) avait été apprenti imprimeur dans sa jeunesse.

    Pour cet ultime roman, auquel il  consacré les douze dernières années de sa vie – en le recommençant pas moins de trois fois -, l’auteur des Aventures de Tom Sawyer et de Huckleberry Finn avait le désir d’écrire avec une totale liberté. Il voulait montrer – sans se soucier des préjugés, des opinions ou des croyances d’autrui – ce qui constituait selon lui le fond de l’âme humaine.

    Twain était un conteur, un humoriste, mais aussi un pamphlétaire de génie. Dans Numéro 44, le Mystérieux Étranger, il pousse l’art du roman au maximum de ses possibilités, alliant la puissance d’imagination des grands récits fondateurs aux audaces stylistiques les plus modernes.

    Il évoquait l’écriture de ce livre comme un « luxe inimaginable », une « ivresse intellectuelle ». Liberté coupable : après sa mort, c’est un montage de bric et de broc considérablement expurgé qui sera publié. Resté inédit aux États-Unis jusqu’en 1969, ce chef-d’œuvre paraît en France pour la première fois tel que Mark Twain l’avait écrit.

    Mon avis

    Voilà un roman que j’ai bien aimé. Je n’avais jamais lu Mark Twain et la seule chose que je connaissais de Tom Sawyer et Huckleberry Finn c’était les dessins animés qui passaient à la télé quand j’étais petite (on a la culture que l’on peut et en plus j’avoue je n’aimais pas).

    Il s’agit donc ici du « dernier » livre de Mark Twain (c’est l’année où je lis les derniers livres des auteurs). J’ai été surprise par l’aspect enchanteur, l’univers magique qu’il met dans le livre. Numéro 44 est plus ou moins un être satanique, qui fait apparaître des duplicatas, qui peut vous aider à devenir invisible … L’aspect un peu hors du temps est renforcé par le fait que les personnages vivent plus ou moins en autarcie dans un château hanté. Je pense que cet aspect de délocaliser l’action vient justement de l’envie de créer cette ambiance particulière (outre le fait que l’Amérique n’avait pas encore été découverte) mais aussi du propos tenu. Le livre est en effet une attaque virulent contre la religion béate et contre la religion tout court. Il met aussi les points sur les i concernant la condition humaine, en expliquant sa pauvreté (faute de meilleur mot de ma part) par son enveloppe charnelle et une faiblesse à pouvoir appréhender des choses en pensées.

    Toute la première partie (les 200 premières pages) est vraiment très intéressantes à lire : on voit comment Numéro 44 va s’introduire dans le château mais surtout comment il va semer le trouble parmi les humains qui vivaient bien tranquillement (mais durement quand même) jusqu’à présent mais aussi comment il va dévoyer August (en le détournant de la religion, par une autre fascination). La dernière partie (80 pages), j’ai eu plus de mal car elle m’a paru plus brouillonne et moins construite peut être parce que Mark Twain amplifie le côté magique et fantastique (et ça j’ai toujours du mal).

    La postface m’a rendu curieuse de découvrir Tom Sawyer et Huckleberry Finn (paru chez le même éditeur avec le même traducteur) parce qu’apparemment les deux livres ne sont pas écrits dans le même style (alors que je pensais que c’était la suite). En plus, je me dis que les dessins animés m’ont fait penser que ce sont des livres pour enfant alors qu’ils sont étudiés à l université aux États-Unis. Il doit donc y avoir un autre propos … et pour cela il doit falloir lire les livres.

    Références

    Numéro 44, le Mystérieux Étranger de Mark TWAIN – traduction intégrale inédite de Bernard Hoepffner (Tristram, 2011)

  • Quatrième de couverture

    Wilde écrivit De profundis en 1897, au cours de ses derniers mois de détention à Reading, où il purgeait une peine de deux ans de travaux forcés pour délit d’homosexualité. C’est le seul ouvrage qu’il rédigea en prison. Et sans doute aussi son chef d’œuvre et une des plus belles lettres d’amour qui soient, où résonne toute la plainte de l’amour perdu. « Le sanglot d’un blessé qui se débat… », disait Gide.

    Adressée à celui qui fut à l’origine de son incarcération et de sa chute, lord Alfred Douglas, cette lettre, oscillant sans cesse entre l’amour fou et la haie, le désespoir et l’exaltation, la laideur du quotidien et la sublimation, marque une rupture définitive dans la pensée de Wilde. Le sulfureux dandy en effet tomber le masque, et met son cœur à nu, sans filet et sans artifices.

    Mon avis

    Ce livre ne peut que faire monter les larmes aux yeux. Il est totalement du Portrait de Dorian Gray : dans celui-ci, on sent l’homme abattu (dans le sens de dépressif), l’homme qui met son âme à nu, tandis que dans le Portrait, il y avait un côté flamboyant (on sentait l’auteur au sommet de sa gloire). La lettre est donc adressée à Bosie : il y a de l’amertume (il lui dit quand même des trucs sacrément sévères : il l’accuse de tout et finalement d’avoir détruit toute son âme artistique en l’obligeant à toujours s’occuper de lui et en lui faisant des tracas perpétuels) mais aussi beaucoup d’amour (en tout cas dans ce qu’il dit) car en dévoilant à Bosie les défauts qu’il s’est aperçu avoir aussi (et espère avoir perdu en prison) et d’autres qu’il n’a pas, il espère lui faire prendre conscience d’un nécessaire changement.

    Ce changement, Oscar Wilde, espère aussi l’opérer sur lui. Cette lettre est aussi un longue introspection (sur lui même mais là aussi on se répète) : il nous décrit ce qu’il a été, ce qu’il aurait du être, ce qu’il aurait aimé, ce qu’il aimerait être et sur ce qu’il espère être à l’avenir. C’est là qu’on sent l’homme dépressif qui va s’exalter pour une idée de son avenir mais retombée dans la tristesse quand il voit où il est.

    C’est un livre à (re)lire absolument (mon avis est en dessous de tout mais croyez moi) pour essayer de mieux comprendre Oscar Wilde, si on peut comprendre, ne serait-ce qu’un peu, un artiste tel que lui. En tout cas, il fait découvrir un aspect de sa personnalité

    Livre lu dans le cadre du challenge de Lou.

    Références

    De Profundis d’Oscar WILDE – traduit de l’anglais par Léo Lack (Stock, 1975)

    P.S. Les glouglouteuses semblent s’être couchées et n’ont pas fermé leur porte. Je me tâte pour aller leur faire peur avec un drap blanc sur la tête. Ce qui est bien c’est que ma cousine arrive ce week-end et que je vais pouvoir m’en donner à cœur joie, le problème c’est qu’il y a un bébé en dessous moi et cela m’embêterait de le réveiller, il n’a rien fait lui. Il est même plus silencieux que la voisine.

     

  • Présentation de l’éditeur

    Maxime Gorki (1868 – 1936), romancier des vagabons et des déclassés, exerça de nombreux petits métiers avant de se consacrer, à partir des années 1890, à l’écriture. Récit autobiographique, Le Patron est le souvenir d’un hiver passé dans une biscuiterie de la ville de Kazan, où les ouvriers vivent sous la coupe de Vassili Séménof, patron irascible et brutal. Récit de la rencontre de deux hommes qui jamais ne pourront se comprendre, de la confrontation de deux mondes, ces quelques mois partagés avec des travailleurs tyrannisés par un employeur alcoolique seront déterminants pour celui qui deviendra l’un des pionniers de la littérature sociale russe.

    Mon avis

    Ma lecture de Gorki, c’était les extraits que la prof de russe nous faisait lire et j’avoue que cela date un peu. Du coup, j’ai été assez surprise de ma lecture. L’auteur dans la plupart décrit dans un langage descriptif (admirez la phrase qui ne veut rien dire !), dans un style où chaque détail est mentionné (en tout cas je trouve que j’ai appris beaucoup plus que je n’aurais cru apprendre) les conditions de vie des ouvriers de cette boulangerie.

    Ce qui m’a cependant le plus intéressé (et j’avoue que cela me touche de près), c’est l’aspect inadapté du narrateur (et d’auteur donc) dans ce monde car il n’arrive pas à trouver quelque chose qu’il lui permette de continuer à être là sans se demander pourquoi il est là.  Il a besoin de se retrouver ailleurs en étudiant dans les livres même quand il travaille. Finalement, il n’arrive pas à vivre dans la réalité. Je n’ai pas trop aimé qu’il essaye de changer le monde des ouvriers comme si son monde était le meilleur mais finalement cela revient à se poser des questions sur est-ce qu’il faut se contenter de faire son travail, d’avoir sa famille et de vivre tranquillement ou faut-il toujours s’interroger de pourquoi on est là (tout en faisant les mêmes activités que la première hypothèse). Pour moi, c’est la première version qui permet d’être heureux mais je vous préviens, Gorki, ne tranche pas pour vous.

    Le narrateur aussi parle de ses faiblesses quand Gorki parle avec le patron. Chacun se pense supérieur mais finalement, c’est le patron qui va faire douter car pour lui, on mesure sa réussite à quelque chose de physique (à un bien) tandis que Gorki, on ne mesure son intelligence (différente de celle du patron) qu’à partir de paroles.

    C’est un livre qui n’est pas transcendant mais qui fait réfléchir sur notre vie. Parfois cela fait du bien aussi. Il m’a donné l’envie de lire d’autres Gorki, cela tombe bien car il y en a quelques uns qui ressortent en France.

    Références

    Le Patron de Maxime GORKI – traduit du russe par Serge Persky – traduction révisée par l’éditeur (Les éditions du sonneur, 2010)

    P.S. Ma voisine continue de glouglouter et en plus elle fait du saut en longueur dans l’appartement avec un pas plus que lourd. Pourtant elle est très fine. Je ne comprends pas !

  • Présentation de l’éditeur

    Oskar, 9 ans, est surdoué, ultrasensible, fou d’astrophysique, fan des Beatles et collectionneur de cactées miniatures. Son père est mort dans les attentats du World Trade Center en lui laissant une clé. Persuadé qu’elle expliquera cette disparition injuste, le jeune garçon recherche la serrure qui lui correspond. Sa quête désespérée l’entraîne aux quatre coin de la ville où règne le climat délétère de l’après 11 Septembre.

    Mon avis

    J’étais resté à cette histoire. Du coup, il traîne en grand format dans ma PAL depuis … euh … sa sortie en 2006. Puis je voulais essayer ce nouveau format et c’était celui qui me faisait le plus envie (l’autre exemplaire est à Paris si ça peut m’excuser). Du coup, je l’ai lu sans qu’il traîne dans ma PAL. Je suis faible et l’attrait de la nouveauté est grand pour moi.

    Le nouveau format. Comme je disais à Matilda, il est fait pour moi ! Il fait pour moi et pour mon sac à main, car il y a une poche qui fait exactement la bonne taille. Du coup le livre ne s’abime pas, ne m’alourdit pas (parce que vous pouvez me croire, je n’ai pas besoin de ça), ne s’abîme pas surtout. Il est très facile à sortir à tout moment pour lire (je le faisais déjà pour les autres formats). Quand je lis dans mon lit, il est aussi parfait car je lis sur le ventre et je n’ai plus besoin de bouger la tête quand je change de côté de page, je n’ai plus besoin de lacher le livre pour tourner la page. Je le pose, je tourne … car oui c’est un livre dont ne vous pouvez pas abîmer la tranche (c’est bien pour les maniaques comme moi), la couverture est cartonnée. C’est juste magnifique. Les pages qui sont plus petites se tournent aussi plus rapidement (pas de problème avec la police : c’est à mon avis, un faux débat car il y a des livres de poche qui sont écrits plus petit que ça) et quant au fait que c’est du papier bible, j’en ai déduis que j’étais faite pour les Pléiades car j’ai tout de suite tourner une page par une page. C’est un bel objet, j’espère que le prix baissera quand il n’auront plus à payer l’exclusivité du brevet (plein de livres de poche comme cela, qui portent enfin bien leur nom parce que pour le coup Le Prince des marées dans ma poche … ) ou si le tirage arrive à augmenter, c’est-à-dire qu’en France, les gens en lisent). J’en ai parlé avec la libraire et elle m’a dit que ce n’était pas le prix qui freinait les gens mais plutôt qu’ils n’étaient pas sûrs que ce soit réellement le texte intégral malgré ce qu’il y a écrit sur la couverture.

    En résumé, l’objet est à mon goût. En plus le texte à l’intérieur m’a énormément plu. L’histoire principale est celle décrite par l’éditeur et j’avoue que j’aurais eu un peu de mal si on était resté sur la parole d’Oskar dans la totalité du livre, même si c’est un original dans l’âme, qu’on ressent son immense peine (et qu’il n’arrive pas à croire au départ définitif de son père). En cela, il ressemble aux adultes car il ressent le manque, la peine, l’incompréhension mais tout ce que l’on a jamais dit, tout ce qu’on aurait pu dire si on avait su que c’était la dernière fois. Je pense que le point de vue de l’enfant est adopté pour justifier les aventures rocambolesques … et donner un peu plus d’ampleur au livre, cela permet aussi de présenter New-York post-11 septembre et plus exactement les New-Yorkais (ambiance délétère je ne suis pas sûre mais bon c’est l’éditeur).

    Mais là où j’ai trouvé Jonathan Safran Foer malin, c’est qu’il entremêle au récit de l’enfant, le récit de la grand-mère (la mère du père) et du grand-père, qui a abandonné femme et enfant avant la naissance et qui va revenir après le 11 septembre. Le truc c’est qu’en fait ces personnages ont subi les bombardements de Dresde en 1945 et ont perdu toute leur famille. Jonathan Safran Foer montre comment ces deux blessés de la vie ont essayé de se reconstruire tous les deux mais qu’ils n’y sont jamais parvenus malgré tout plein d’essai. La grand mère est un personnage très original dans son caractère et le grand-père par le fait qu’il ne parle pas et qu’il est obligé de tout écrire dans un cahier. Cependant, ils se réunissent autour d’Oskar pour essayer que lui surmontent ce traumatisme. Là, je dis chapeau Jonathan Safran Foer parce que c’est ce qui m’a donné l’impression que ce livre n’était pas facile et plein de bons sentiments, que l’auteur avait réellement réfléchi sur ce que c’était que perdre un ou des membres de sa famille dans les tragédies de l’Histoire (il me faut lire son premier roman qui est aussi dans ma PAL mais on ne dit rien, merci).

    Livre lu dans le challenge de Theoma. C’était le coup de coeur de Reka !

     

     

    Références

    Extrêmement fort et incroyablement près de Jonathan Safran FOER – traduit de l’anglais (États-Unis- par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso (.2, 2011)

    P.S. Je déteste ma voisine qui a invité une amie pour glouglouter et qui trouve intelligent de ne pas fermer sa porte d’entrée pour que sa voisine du dessous entende tout comme si elle y était (parce qu’il y a bien sûr un jour sous la porte). Le problème, chère voisine, c’est que tu parles espagnol et que moi, je n’en parle pas un mot ! D’un autre côté, elle ne parle pas français. Comment pourrait-elle glouglouter en français ? Seul l’avenir nous le dira.

  • Présentation de l’éditeur

    Une veuve spirituelle et jolie, mais sans un sou, trouve refuge chez son beau-frère, un riche banquier. Est-elle dénuée de scrupules, prête à tout pour faire un beau mariage, ou juste une coquette qui veut s’amuser ? Le jeune Reginald risque de payer cher la réponse à cette question …

    Grande dame du roman anglais, Jane Austen trace le portrait très spirituel d’une aventurière, dans la lignée des personnages d’Orgueil et préjugé et de Raison et sentiments.

    Mon avis

    D’habitude, le dimanche, je fais le repassage en écoutant les podcasts des émissions littéraires de la semaine. C’est passionnant, n’est-ce-pas ? J’aime beaucoup le repassage pour ça mais là, vendredi, j’ai été à la librairie et je me suis offert ce livre audio que j’avais repéré à Sauramps à Montpellier il y a deux mois. Je vous conseille le rayon livre audio de cette librairie car il est vraiment très fourni (plus grand qu’au Gibert à Paris, vous allez me dire y a pas de mal).

    L’histoire vous pouvez la retrouver chez George (bon anniversaire !) ou chez Matilda par exemple. Lady Susan, jeune veuve, doit partir de chez ses amis, chez qui elle s’était réfugiée après la mort de son mari. Elle doit partir car elle a séduit le mari et a fait que la fille de la maison s’est fait siffler son fiancé (on ne sait pas au profit de qui : de Lady Susan ou de sa fille, Frederica). Elle se réfugie chez son beau-frère (frère du mari), bonne âme qui pardonne tous les écarts de sa belle-sœur mais sa femme Catherine, elle ne pardonne pas le fait qu’elle est voulue empêcher son mariage (et ceux pour des raisons purement personnelles). Alors quand le jeune frère de Catherine, Reginald, arrive en visite, Catherine entretient méfiance et peur car Lady Susan s’est mis en tête de séduire Reginald pour se venger d’elle. La narration est faite sur le mode épistolaire entre les protagonistes. C’est impressionnant de voir ce que l’on peut se révéler dans des lettres sans en avoir l’air (je vous l’accorde, nous faisons la même chose avec le téléphone mais si je crois que dans la voix, on ne peut pas cacher ses sentiments et du coup il y a une part de non-intentionnelle dans la communication qu’il n’y a pas dans la lettre que l’on peut contrôler).

    Le livre audio est juste magnifique ! Lady Susan est incarnée par la voix de Chloé Lambert. Elle prend un ton dur et tranchant dans les lettres à Reginald mais quand elle écrit à sa copine, Alicia Johnson (Georgia Scallet), elle arrive à nous faire sentir la connivence en étant plus douce et plus confidentielle. En parlant de celle-ci, Georgia Scallet prend un ton lascif qui donne l’idée d’un tempérament de suiveuse et pas forcément très intelligente. Ma voix préférée est celle de Catherine Vernon (Caroline Victoria) qui a une voix toute douce (incarnant la gentillesse de Catherine), un ton familiale avec sa mère. Lady de Courcy (Marianne Epin) et Thierry Hancisse (Sir Reginald), les parents de Catherine, n’interviennent pas beaucoup mais j’ai apprécié que les voix fassent les âges des personnages. Même Reginald (Loic Corberon) est trop bien car entre le début et la fin, il perd finalement son innocence et le comédien arrive à nous faire saisir la chose en changeant le rythme de sa voix. Frederica est incarnée par Sarah Stern (mais elle aussi intervient trop peu pour que je puisse vous dire quoi que ce soit).

    Si on parle maintenant des musiques qui sont intercalées entre les lettres, très dans le style des films de Jane Austen et des bruits de plume qui gratte le papier quand un des protagonistes signe sa lettre, vous comprendrez sûrement mon adoration pour ce livre audio !

    Références

    Lady Susan de Jane AUSTEN – lu par Chloé Lambert et 6 comédiens (Écoutez lire – Gallimard, 2011)

  • Quatrième de couverture (en fait, c’est une citation)

    Tout en cheminant jusque chez moi, Jack me dit : « Ma parole, Frank ! Ce que j’ai pu m’amuser avec la petite dame en bleu. Je lui ai dit que tu m’écrivais tous les samedis pour me raconter les évènements de la semaine. Elle a tout gobé. » Il s’arrêta pour rire, car il était secoué par de tels accès, de tels spasmes d’hilarité, qu’il n’était plus en état de marcher. « Et je lui ai dit aussi que tu étais amoureux fou – nouveau spasme – d’une personne dont je n’avais pas réussi à t’arracher le nom, mais qui avait des cheveux châtain clair – bref, j’ai peint d’après nature et décrit avec précision tout ce que j’avais sous les yeux ; puis j’ai ajouté que je voulais à tout prix voir ta bien-aimée et la supplier d’avoir pitié de toi, car avec les femmes tu étais le garçon le plus timoré, le plus poltron du monde. » À ces mots, il fut saisi par une crise de fou rire si violente que je crus qu’il allait rouler sur le pavé. » […] Je finis par être obligé de rire, si furieux que j’eusse été jusque-là ; son impudence était irrésistible.

    Mon avis

    On pourrait résumer ce livre en expliquant que c’est l’étude de l’influence des commérages (attention à la distinction avec ragots nous dit Elizabeth Gaskell), dans un petit village anglais au 19ième siècle et dont la majeur partie de la bonne société est féminine, sur les amours d’un jeune médecin londonien qui vient s’y installer.

    Elizabeth Gaskell met donc en scène ici toute une série de quiproquos causés par la déformation inhérente aux commérages et à la surdité des agents du commérage. Le tout forme des petites scènes bien charmantes et surtout qui prêtent beaucoup à sourire. Cependant, il y a des scènes terribles où finalement, on voit un peu les aspects terribles de la vie du 19ième siècle : la mort par le croup d’un enfant terriblement chéri, le risque d’amputation du bras à la moindre fracture du poignet.

    C’est un livre qui est à rapprocher de Cranford. Elizabeth Gaskell excelle dans le genre, en nous faisant rentrer dans la vie des petits villages de province, pratiquement comme si on y vivait nous même. D’ailleurs (mais je ne suis pas sûre car je n’ai pas les DVD ici pour vérifier), je pense qu’une partie de la série BBC s’inspire de ce roman. Cela expliquerait pourquoi j’avais l’impression que la série rajoutait des évènements par rapport au livre.

    Un autre avis

    Celui de Titine.

    Références

    Les Confessions de Mr Harrison de Elizabeth GASKELL – traduit de l’anglais par Béatrice Vierne (L’Herne, 2010)

  • Quatrième de couverture

    L’intrigue part d’un fait avéré de la saga de Sherlock Holmes : le séjour du détective londonien en Italie alors que tout le monde le croit mort. Sa mission est de reconstituer le réseau des agents britanniques. Mais à peine arrivé à Florence, Holmes entend parler d’un homicide advenu à Sienne dans lequel serait impliqué un Anglais et qui pourrait bien compromettre sa mission. Il s’y rend sur-le-champ. Convaincu de l’innocence de son compatriote, il cherche à dénouer le piège dans lequel celui-ci est tombé. Assisté par le petit Federigo, fils de son aubergiste, Holmes découvre vite des indices étonnants qui le plongent dans l’effervescence du Palio, la célèbre course de chevaux siennoise …

    Mon avis

    Ce livre m’a fait passer un très bon samedi après-midi la semaine dernière (aujourd’hui j’ai été faire les magasins). Il est à noter que c’est un des premiers pastiches italiens que l’on peut lire en France (en tout cas à ma connaissance).

    L’histoire est exactement celle racontée dans la quatrième de couverture donc je n’y reviens pas à part pour dire que le scénario est assez original, tout en étant assez proche des histoires que l’on peut trouver dans le Canon. La résolution m’a personnellement bluffé.

    Dans ce livre, on peut dire qu’il y a deux personnages : Sherlock Holmes et Sienne. On découvre un Sherlock Holmes assez détendu, je trouve, malgré le fait que sa mission met en jeu la sécurité de l’Empire. Il est un peu en pause, me direz-vous,mais bon le suspect est quand même agent secret. Sherlock Holmes prend le temps  de faire du tourisme, de comprendre les Siennois en discutant avec eux, de prendre la défense du petit Federigo face à son père. On a donc un Sherlock Holmes qui finalement s’intéresse aux autres autrement que comme énigmes ou vecteurs de résolution d’énigme. C’est assez étonnant je trouve.

    Je suis ressortie en espérant aller à Sienne au moment d’un des Palio. Cela ressemble à une course de chevaux mais cela a l’air beaucoup plus compliqué dans les règles mais aussi dans la symbolique. Même la description de la ville est intéressante et on sent Luca Martinelli amoureux de sa ville.

    En conclusion, une lecture très agréable et un pastiche de bonne qualité !

    Références

    Sherlock Holmes et le mystère du Palio de Luca MARTINELLI – traduit de l’italien par Lise Caillat (Éditions Joelle Losfeld, 2011)