Cecile's Blog

  • Présentation de l’éditeur

    David Treuer s’est imposé avec Little et Comme un frère au premier rang des jeunes écrivains américains. À mi-chemin entre la quête métaphysique et la légende initiatique, il poursuit avec ce nouveau roman un œuvre rare et ambitieuse.

    Le Docteur Apelle, spécialiste en langues anciennes, s’est pour ainsi dire retiré du monde et se consacre à l’étude. Lorsqu’il découvre parmi les rayonnages d’une bibliothèque un vieux manuscrit qui bouleverse son existence : ce conte étrange, dont il entreprend la traduction, retrace le destin de deux jeunes Indiens au début du XIXe siècle. Et, pour la première fois de sa vie, cet homme prend conscience qu’il n’a jamais connu le véritable amour …

    Tantôt enchanteur, tantôt mystérieux, Le manuscrit du Docteur Apelle nous plonge au cœur de deux histoires : l’une nous entraîne dans les profondeurs de la forêt mythologique, l’autre nous invite à parcourir les labyrinthes de la littérature. Et à nous interroger sur la seule chose qui puisse encore surprendre l’homme : ses sentiments.

    Mon avis

    Il y a donc deux histoires qui s’entremêlent. Les deux m’ont beaucoup plu mais je n’ai absolument pas compris le lien qu’elles avaient entre elles, c’est-à-dire que j’ai pas compris comment l’une renvoyait à l’autre. Le seul lien que j’ai vu c’est le Docteur Apelle qui nous écrivait sa vie (ou plutôt un narrateur omniscient nous écrivait sa vie) pendant qu’il traduisait le texte sur l’histoire d’amour entre les deux jeunes Indiens et qu’au fur et à mesure il nous mettait la traduction.

    L’histoire du Docteur Apelle m’a beaucoup plu car elle montre une solitude ordinaire, une solitude dans laquelle on s’enferme progressivement (ce thème me plaît par goût personnel, il n’est pas obligé de vous plaire à vous aussi). Le Docteur Apelle est docteur en langues anciennes (en dialectes indiens si j’ai bien suivi) sauf que le monde de la recherche (les chercheurs) ne lui ont pas plu après sa thèse ; il a donc tout abandonné pour travailler dans les livres. Il travaille donc à la RECAP où on achemine les livres des bibliothèques, qui ne sont plus ouverts, pour les stocker. C’est un métier où le livre est un objet et ne doit pas s’ouvrir. Mais il y a des livres. Un vendredi toutes les deux semaines (car il ne prend pas ses pauses déjeuners ni ses deux pauses journalières), il se consacre à la traduction dans une bibliothèque de recherche. C’est là qu’il découvre la fameuse histoire d’amour entre les deux Indiens. Il découvre qu’il « doit » tomber amoureux et cède à sa collègue de travail, qui elle est une cleptomane des livres (elle vole en bibliothèque ou en librairie indifféremment) et travaille là comme pour s’amender. Cet amour va lui faire casser une routine qui est franchement très très immuable (même sa visite aux prostituées est programmée).

    En alternance, il y a donc l’histoire d’amour entre Bimaadiz et Eta. Tous les deux ont été adopté car leurs parents sont morts pendant des guerres ou des famines. Tous les deux ont été secourus par des animaux : un orignal et une louve. Ils ont tous les deux un très grand talent pour vivre avec les richesses de la forêt. Ils sont tous les deux d’une beauté extraordinaire, d’un caractère remarquable. Ils ont tout pour tomber amoureux. Pourtant, certains veulent les éloigner et à chaque fois, une « apparition » physique ou un esprit va les aider à se retrouver. Ils auront aussi à chaque fois un coup de pouce pour les aider à surmonter leur timidité.

    Je crois que le lien c’est cela : le narrateur omniscient qui semble donner des coups de pouce comme il en a donné à Bimaadiz et Eta dans le temps. Mieux qu’une sorte de Cupidon, il est celui qui organise le monde et aime que ceux qu’il aime soit heureux.

    Tout le long de ma lecture, je me suis sentie sereine comme si une certaine sagesse me tombait sur les épaules sans l’alourdir et je pense que c’est cela que j’ai le plus apprécié dans cette lecture.

    Références

    Le manuscrit du Docteur Apelle de David TREUER – traduit de l’américain par Michel Lederer (Albin Michel, 2007)

    Lu dans le cadre des 12 d’Ys pour la catégorie jeunes auteurs américains.

  • Quatrième de couverture

    L’Histoire de France est, à la manière d’une lanterne magique, une machinerie à images. Ainsi celle des figures royales comme cette Reine Claude dont la mort est la trame du récit : mort d’une reine, d’une femme, d’une mère, avec la petite fille toujours en elle. C’est une ombre essentielle envoûtée de son immense soleil, qui la protège, la dévore aussi un peu : le Roi François. Par le récit se révèle le cœur de ce qui nous aura fabriqué un destin – une famille, toujours royale – avec la folle tentative de retrouver la chair vive derrière les haillons du temps passé. Bref, une histoire de famille.

    Joseph Cheneraille est né en 1960 à Ambert, en Auvergne.

    Mon avis

    Claude de France (1499 – 1524), duchesse de Bretagne, est la première épouse de François Ier. Le mariage s’est fait en 1515 (juste avant Marignan). Elle a donné 7 enfants au Roi et est morte à 24 ans, en 1524. La cour se moquait de son embonpoint dû à ses grossesses, de sa claudication, de son strabisme, de sa « laideur », de sa petite taille, de son effacement. Elle souffrait de tuberculose osseuse, son mari lui avait donné la vérole. Sa belle-mère et sa belle-sœur la détestait. Le roi lui imposait la présence de sa maîtresse. Son nom est aujourd’hui plutôt associé à une prune, la reine-claude.

    C’est l’histoire de cette femme que l’auteur a choisi de nous raconter d’une manière particulière à travers cinq épisodes de sa vie (pas forcément dans l’ordre) :

    • le 26 juillet 1524 : mort au château de Blois de la Reine Claude, femme de François Ier ;
    • Le 13 janvier 1516 : retrouvailles à Sisteron de la Reine Claude avec François Ier, au retour de Marignan ;
    • Le 22 mai 1517 : à Paris, entrée royale de Claude de France, après son sacre ;
    • Le 28 février 1518 : naissance au château d’Amboise du Dauphin François ;
    • Le 6 novembre 1526 : arrivée à Saint-Denis de la dépouille de Claude de France, où elle fait son entrée dans la nécropole royale.

    Je préviens de suite : le style de l’auteur est très difficile d’accès (en tout cas pour une lectrice comme moi), avec un usage de la virgule et du sens de la proposition que je n’ai pas toujours compris ainsi qu’un vocabulaire très riche, qui lui fait employer beaucoup de mots que l’on n’emploie pas tous les jours. Je donne en exemple les premières lignes :

    Entrée en agonie la Reine l’été mourut une nuit, un dartre étrange lui couvrait le visage, et dans le Royaume inquiet où maugréait une eau vive de vols et de pillages que le Roi François se préparait à la guerre, on avait sorti à Paris la châsse de sainte Geneviève, et lui parti, après le printemps souffrant que disgraciaient encore sur les chemins, des bougres et des mendiant, des errants, à Blois où les jours étaient encore longs, Claude de France rendit son âme à Dieu, qu’elle avait douce.

    Pourtant, de ce livre se livre se dégage indéniablement un charme quelque peu suranné. L’auteur écrit un livre sur Claude de France en parlent principalement de François Ier. Forcément, elle l’attend et lui est toujours en train de voyager pour la guerre, la chasse, les amours. C’est radical pour faire comprendre la vie de Claude de France. Elle attend les assauts de son mari en vivant sous la tutelle de sa belle-mère. Elle n’a son mot à dire sur rien et est donc priée de se taire (elle peut penser par contre). On n’a même pas l’impression qu’elle ressent quoique ce soit, de l’amour, de la joie ou de la haine, du ressentiment … Elle endure et c’est tout jusqu’à tout de même se sentir fière d’avoir donné un héritier à son mari.

    Je reviens au style de l’auteur qui donne un ton très particulier. Il n’est pas d’époque même si il y a des citations en vieux français mais il n’est pas de notre époque pourtant. On est hors du temps pour quelque temps comme si on regardait l’Histoire de France de plus haut. Pourtant, le rythme du récit lui est moderne. On ressent une certaine rapidité qui contraste avec une langue plus lente. Des fois, l’auteur se force à ralentir le rythme en faisant flâner François Ier. C’est assez déroutant car on ne sait pas vraiment qui on est dans l’histoire.

    En conclusion, Claude de France a eu à assumer sa naissance dans le cercle royal et son « destin », décidé par des gens tout ce qu’il y a de plus terrestres, l’a broyé.

    Références

    Le Grand Ciel de Joseph CHENERAILLE (Champ Vallon, 2012)

  • Quatrième de couverture

    Meiringen, Suisse. Les pompiers dégagent l’accès à l’hôtel Baker Street. Cet établissement, charmant et isolé, a été coupé du monde pendant trois jours à cause d’une avalanche. Personne n’imagine que, derrière la porte close, se trouve un véritable tombeau. Alignés dans la chambre froide reposent les cadavres de dix universitaires.

    Tous sont venus là, invités par l’éminent professeur Bobo, pour un colloque sur Sherlock Holmes. Un colloque un peu spécial puisque, à son issue, le professeur Bobo devait désigner le titulaire de la toute première chaire d’holmésologie de la Sorbonne. Le genre de poste pour lequel on serait prêt à tuer …

    Hommage, plein de rebondissements, à Sherlock Holmes et à Agatha Christie ; regard amusé sur le petit monde de l’Université ; humour et légèreté. Pour lutter contre la déprime ambiante, Le Mystère Sherlock est idéal !

    Mon avis

    Je vais commencer par parler de moi. Je n’ai pas ri quand j’ai vu Les Visiteurs 1, 2, 3 … quand j’ai vu Les bronzés dans leurs différentes activités non plus. Jamel Debouze, Jean-Marie Bigard, Gad Elmaleh, Nicolas Canteloup (je ne sais même pas si cela s’écrit comme cela) non plus ne m’ont jamais fait rire. L’humour qui me fait rire, c’est celui du quotidien (tant mieux pour moi car c’est celui que j’ai le plus de chance de rencontrer par définition) : le bon mot au moment où on ne s’y attend pas, le geste qui n’a absolument rien à voir, une maladresse qui se termine bien. Le mot clé, là-dedans, est que j’aime l’humour quand il est inattendu.

    L’auteur utilise deux types d’humour principalement : celui du langage et celui de situation.

    Le livre commence par une présentation des personnages avec le fameux comique de langage. Je me suis sentie agressée parce que ce que l’on peut dire c’est que J.M. Erre ne fait pas dans le léger. Vous avez à peine finie d’en lire une première couche, qu’on vous étale déjà la seconde. À un moment, c’est trop. On n’est pas dans la caricature car dans ces cas-là seul un trait des personnages aurait été forcé mais là c’est tous les traits, tous les personnages sont des sketches à eux tout seul.

    À partir du moment où ces universitaires en goguette commencent à se faire tuer, c’est déjà beaucoup plus intéressant car le comique de situation allège le comique du langage. Chaque scène de découverte d’un cadavre est un sketch. De même que les moments où les protagonistes prennent des décisions pour sauver leur peau, ou lors des interventions du colloque Sherlock Holmes, maintenu pour distraire les esprits. La construction du livre est très bien faite pour qu’on puisse penser à des scènes de théâtre puisque le livre utilise différents modes de narrations (lettre, journaux, post-it), chacun réservé à un personnage. Le tout étant très court à chaque fois. La narration a un rythme soutenu qui maintient bien l’attention pour le dénouement final.

    La fin est absolument fascinante à mon goût pour la réflexion intelligente qu’elle apporte sur le roman policier, la littérature et la réalité. L’explication du dénouement est aussi un très beau pastiche des classiques (avec un inspecteur Lestrade digne de Sherlock Holmes et Hercule Poirot).

    Des lectrices ont plus aimé

    Des lectrices de la SSHD : Matilda et Lily Tigre

    D’autres lectrices : Keisha et Titine par exemple

    Références

    Le Mystère Sherlock de J.M. ERRE (Buchet Chastel, 2012)

  • C’est les vacances ! J’espère pour vous en tout cas que vous avez pu bénéficier du beau temps que nous avons eu ce week-end (il peut faire plus beau mais c’est déjà pas mal)(je parle pour ceux qui n’habitent pas dans le sud bien évidemment).

    J’ai profité du beau temps pour mettre à jour mes liens … et commencer à préparer ce bilan du mois de juin 2012 de la SSHD.

    Un mois très riche en billets de lecture mais aussi en billets de cadeau avec le déballage des colis du swap Sherlock Holmes organisé par Avalon. Bien sûr, Avalon a déballé son colis ici. Pour Pauline c’est ici. Mrs Pepys et Matilda qui étaient partenaires nous ont aussi fait profiter de leurs échanges (je suis jalouse du carnet de Mrs Pepys qui est juste magnifique). Si vous voulez voir les colis des gens qui ne font pas partie de la SSHD, c’est chez Avalon (parce que c’est toujours chouette de voir les cadeaux des autres). Le colis de Cassandre est d’ailleurs présenté sur le blog d’Avalon.

    Syl. et Shelbylee (avec Manu mais elle ne fait pas encore partie de la SSHD alors …) ont continué leurs lectures communes avec la deuxième enquête d’Enola Holmes L’Affaire Lady Alistair. Avalon a lu deux des aventures de Wiggins écrit par Béatrice Nicodème : Wiggins et le perroquet muet ainsi que Wiggins chez les Johnnies. Argali n’a pas été en reste puisqu’elle a elle lu Wiggins et Sherlock Holmes contre Napoléon.

    Il y a aussi eu le classique Arsène Lupin contre Herlock Sholmès de Maurice Leblanc (je le dis classique alors que je ne l’ai toujours pas lu) et le très compliqué (franchement je n’ai pas trouvé la solution quand je l’ai lu) Les crimes du Docteur Watson de Duane Swierczynski. J’ai aussi lu Qui veut la peau de Sherlock Holmes ? de Hervé Jubert suite au billet de Catherine le mois dernier.

    La palme des lectures originales revient à Lily Tigre avec deux manga qui même si il l’a déçue me fait bien envie pour le coup et à Méloë qui, dans un livre sur les autistes d’Asperger (c’est plutôt ce sujet là qui m’intéressait), a trouvé des allusions à Sherlock Holmes.

    La seule à s’être « détendue » devant un film est Folfaerie (félicitations pour ta reprise d’étude réussie Madame) avec Sherlock Holmes 2.

    Comme je le disais au début du billet, c’est les vacances ou en tout cas cela sent les vacances. Pour continuer à vivre, penser, manger Sherlock Holmes, vous devez revenir à de l’ancien, au canonique même (c’est un peu une solution car il y a vache maigre côté parution pour ce mois-ci). Avalon vous a rédigé un récapitulatif des aventures de Sherlock Holmes.Sinon, j’ai trouvé deux listes feedbooks intéressantes, pour ceux que lire sur l’ordinateur ou le reader ne dérange pas, avec des livres gratuits à télécharger pour la première : une sur les prédécesseurs, rivaux et contemporains de Sherlock Holmes et une autre sur l’après Conan Doyle.

    Pour vous aider à cultiver votre esprit logique, ce mois-ci sont ressortis à 10 euros chacun les deux livres de Colin Bruce (Mrs Pepys en a lu un) Élémentaire, mon cher Watson et L’étrange affaire du chat de Mrs Hudson. Je l’ai découvert en allant à la librairie jeudi dernier … c’est le mal. Ce n’est pas la peine de me le dire.

    Nous vous remercions pour votre participation toujours aussi active et vous donnons rendez-vous au mois prochain !

    Dernière minute : Lily Tigre rajoute quatre livres : Le mystère Sherlock de J.M. Erre et L’affaire Zalindas de Tracy Mack et Michael Citrin et Le jeu des illusions, ainsi que A la recherche de Watson des mêmes auteurs.

  • Roman paru dans le numéro 340 du Je Bouquine de juin 2012 et découvert grâce à l’avis de Catherine.

    Le 31 décembre 1888, Watson passe voir Holmes. Celui-ci s’ennuie et cela va le tuer bien évidemment. Pourtant une chose extraordinaire se passe : le Times est imprimé flou, les lettres sont troubles. Holmes s’est rendu au Yard. Lestrade, Mac Donald, Gregson sont inconnus au bataillon alors qu’ils ont été les policiers figurant dans les enquêtes de Holmes. La seule solution est d’aller voir Mycroft au club Diogène. Mais là encore personne. Mycroft a disparu mais tous ses amis aussi ! Pourtant quelqu’un, par le biais d’un télégramme, va mettre Holmes et Watson sur une piste. Ils doivent se rendre au 1 Bush Villas Elm Grove Southsea comté de Portsmouth (qui est l’adresse du premier cabinet de Conan Doyle, si je ne me trompe pas). Ils vont alors trouver un fauteuil magique, qui va les faire voyager dans le temps, dans le passé et dans le futur, et dans l’espace, en Angleterre, en Suisse, pour corriger ce qui ne va pas. Cela va les mener de Moriarty à Conan Doyle.

    L’histoire est extrêmement sympa et plutôt jamais lu ce qui fait qu’on passe un excellent moment de lecture. Par contre, Hervé Jubert propose un stratagème extrêmement malin : faire vivre, pour de vrai (c’est que tout le monde existe), Conan Doyle d’une part, et ses personnages d’autre part, dans deux mondes différents qui vont se rencontrer grâce au fauteuil. Sherlock Holmes apprendra que Conan Doyle veut lui aussi sa mort et lui en voudra énormément d’ailleurs. Cela donne un côté science fiction passionnant à ce court roman et surtout fait toute son originalité pour expliquer que tout le monde est vécu pour de vrai.

    À vous de voir qui veut la peau de Sherlock Holmes : Conan Doyle ou Moriarty ?

  • Présentation de l’éditeur

    Le cauchemar de Mana Neyestani commence en 2006, le jour où il dessine une conversation entre un enfant et un cafard dans le supplément pour enfants d’un hebdomadaire iranien. Le cafard dessiné par Mana utilise un mot azéri, et les azéris, peuple d’origine turque du nord de l’Iran, sont depuis longtemps opprimés par le régime central. Pour certains d’entre eux, le dessin de Mana est la goutte d’eau qui fait déborder le vase et un excellent prétexte pour déclencher une émeute. Le régime de Téhéran a besoin d’un bouc émissaire, ce sera Mana. Lui et l’éditeur du magazine sont arrêtés et emmenés dans la prison 209, une section non officielle de la prison d’Evin, sous l’administration de la VEVAK, le ministère des Renseignements et de la Sécurité nationale. Au bout de deux mois de détention, Mana obtient un droit de sortie temporaire. Il décide alors de s’enfuir avec sa femme.

    Bouleversant, Une métamorphose iranienne est une plongée en apnée dans le système totalitaire kafkaïen mis en place par le régime iranien.

    Mon avis

    L’histoire se décompose en deux parties : tout ce qui se passe en Iran et la fuite. Pour ce qui se passe en Iran, c’est une illustration parfaite de ce que l’on essaye de nous faire comprendre dans les journaux (et c’est beaucoup plus parlant et intéressant qu’un simple reportage au journal télé).

    On touche du doigt deux réalités, comme le souligne la présentation de l’éditeur : le système totalitaire avec tout ce qui est traitement d’un prisonnier politique (comment on force quelqu’un à avouer ce qu’il n’a pas fait, lui imputer de grandes fautes pour une toute petite erreur, l’enfermement dans des prisons secrètes…)

    La deuxième chose c’est le système kafkaïen. On vous renvoie de l’un à l’autre, on vous change de place. On vous met responsable de tous les malheurs du monde. On monte la population les uns contre les autres. Je n’ai pas trouvé évident que les manifestations qui ont fait suite au dessin de Mana n’est pas été aidé par le VEVAK. On sent que ce n’est pas sain comme ambiance.

    Cette bd permet aussi de connaître les problèmes qui peuvent toucher l’Iran par rapport à sa composition « ethnique » puisque ici on parle des farsis et des azéris qui ne peuvent pas se supporter. On apprend donc pas mal de choses dans le « scénario » qui est tout de même l’histoire « vraie » de l’auteur.

    Une deuxième partie de la BD relate le parcours du combattant pour tenter d’obtenir un asile politique et montre la méfiance des pays occidentaux pour accorder des visas. C’est particulièrement vrai pour la France.

    Pour ce qui est du dessin, je vous renvoie à l’avis de Mo pour un commentaire de pro. J’ai trouvé que c’était là où l’auteur mettait sa personnalité. Cela m’a donné l’impression d’avoir sous les yeux quelqu’un sur qui tous les malheurs du monde venait de tomber (il faut voir comment il est vouté, cela fait peur) et qui pourtant gardait son humour (dans les dessins) et son humanité.

    En conclusion, c’est un témoignage passionnant et important car il y en a sûrement beaucoup d’autres qui ne peuvent plus le faire.

    Références

    Une métamorphose iranienne de Mana NEYESTANI – traduit de l’anglais par Fanny Soubiran à partir de la traduction anglaise de Ghazal Mosadeq – imprimé en Slovénie (Ça et là / Arte éditions, 2012)

  • J’aime beaucoup lire des revues (encore plus depuis que je vais à la librairie près de mon travail car ils mettent bien en évidence leur stock qui est vraiment très varié)(ce qui me plaît, c’est toutes les découvertes que l’on peut faire au détour d’une page, comme si un nouveau petit coin du monde s’ouvrait devant nous) mais je n’en parle jamais parce que j’ai l’impression que cela n’intéresse personne. Pourtant, personnellement, j’aimerais bien que vous me parliez des revues que vous lisez, surtout des fameux « mook » car si pour certaines revues, je suis abonnée, pour d’autres non et je les achète suivant le thème principal, le sommaire, un article sur un sujet qui m’intéresse. Il y a beaucoup de revues, je ne peux malheureusement pas tout savoir, et donc il y en a forcément qui m’échappent. Je vais donc copier sur Matilda et parler des revues que je lis (en essayant de présenter les articles pour que vous puissiez voir si il y en a un qui vous intéresse).

    Je vais répéter la présentation du magazine que vous avez du lire des milliers de fois depuis le printemps dernier. Le Believer est la version française d’un magazine américain, The Believer, fondé  en 2003 par Dave Eggers. Il est présenté comme « un mensuel dans lequel la longueur des articles est  sans objet ». Dave Eggers a aussi dit qu’ils se concentreraient « sur les écrivains et les écrivains qu’ils aiment » et accorderaient « aux gens et à leurs créations le bénéfice du doute ». L’édition française est elle trimestrielle et reprend pour moitié le meilleur des trois éditions américaines du moment et pour l’autre moitié une sélection des archives du magazine. La charte graphique de la couverture française est la même que celle de l’édition américaine (illustré par un certain Charles Burns) car comme vous pouvez le constatez, la couverture est faite en module et est donc facile à adapter.

    Passons un peu au-delà de la publicité maintenant. Les articles de ce premier numéro traitent de sujets très différents : de livres, de littérature et de créations littéraires, de bd, de musique (où on fait un petit lien avec la littérature tout de même), de cinéma, de sujets plus sociétaux aussi. Ces articles peuvent prendre plusieurs formes : journalisme narratif avec les réflexions et pensées de l’auteur, entretiens, conversations mais aussi chroniques. Ce qui m’a bien plu dans ces lectures c’est le côté intimiste des articles. J’ai eu l’impression d’être avec un ami qui ne parlait qu’à moi, ce qui n’est pas le cas quand on lit des revues plus objectives au niveau des faits ou des opinions. J’ai aimé avoir l’impression qu’il y avait quelqu’un derrière, qui se mettait en scène dans son article.

    Passons au sommaire.

    Il y a deux chroniques : une de Nick Hornby, qui parlent de ses lectures, et une du critique de musique Greil Marcus. Le premier écrit une sorte de billet de blog sur comment il a voulu voir ce qu’écrivaient les « jeunes » et comment il en est venu à lire d’autres livres, d’autres auteurs, comment il a découvert tel auteur en librairie. Il livre ses impressions, ils commentent, ils comparent. Greil Marcus livre un top 10 mais je n’ai pas très bien compris de quoi. Chaque item pris séparément est intéressant mais je n’ai pas compris le lien entre tous. Cela m’a cependant permis de une très belle chanson The Place I Left Behind de Deep Dark Woods.

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    Pour les entretiens et les conversations, il y en a quatre. Don DeLillo s’entretient avec Greil Marcus (le même critique de musique) à propos  de « la sensibilité artistique de Dylan » et de « son rapport au monde ». En ce moment, je suis droguée à Bob Dylan depuis que j’ai été à un entretien près de la cité de la musique, où il y avait une expo Bob Dylan et une librairie où on pouvait acheter 7CD + 1 DVD de Bob Dylan pour 35 euros. Il y avait aussi un CD très intéressant sur les influences de Dylan (j’ai découvert Dave Van Ronk qui a une voix trop hallucinante)(je vais éviter de vous faire un billet en ne mettant que du YouTube). Don DeLillo intervient car il a écrit un livre, son troisième, en 1973, intitulé Great Jones Street « consacré à un personnage qui ressemble à Bob Dylan, même si ce n’est pas un clone ». Il y a un entretien entre deux écrivains Harry Mathews (époux de Marie Chaix)(ils vivent en France)(il fait parti l’Oulipo) et Laird Hunt (je ne le connais pas mais il paraît qu’il est écrivain). Vous allez normalement entendre parler dans pas longtemps de Harry Mathews car j’ai demandé un de ses livres à la bibliothèque. Il y a aussi un entretien avec Steve Carell, célèbre acteur de comédie. On découvre un acteur humble, normal, qui vit très simplement son succès et qui a un discours très intéressant sur ce qu’est la création à la télévision et au cinéma. Côté musique, il y a aussi une conversation entre Damon Albarn (Blur, Gorillaz, The good, the bad and the queen)(je suis archi fan de sa musique) et Paul Simonon (The Clash)(je dois connaître deux chansons mais j’aime bien qui a rejoint The good …) Ils parlent de leur rencontre, de leurs gouts musicaux, de leurs gouts littéraires mais aussi de leurs quartiers communs : North Kensington (connu aussi sous le nom de Notting Hill, Ladbroke Grove, Portobello suivant qui vous êtes). Il y a un entretien avec Daniel Clowes, auteur de roman graphique, qui parle de comment il a débuté (je ne connaissais pas non plus ; pourtant il est très traduit en français).

    Il y a les articles autour de la littérature : la visite de la maison de Thomas Bernhard en Autriche (où l’auteur essaye de lire la décoration de la maison en fonction des livres de l’auteur), une conférence de Zadie Smith qui explique comment se passe l’écriture des romans, dans son cas en tout cas (elle est trop sympa et pleine d’humour)(j’ai un roman d’elle dans ma PAL depuis des siècles, j’ai honte). Il y a un article rigolo sur Marx où on découvre qu’avant d’être Marx, Marx était avant tout un fils qui voulait faire plaisir à son père en voulant écrire « des textes expérimentaux ridicules pour l’anniversaire de son père ». Enfin, il y a un article passionnant sur « la littérature au fluide correcteur » où on parle plagiat mais surtout de cette littérature qui consiste à créer une œuvre à partir d’une autre création, en supprimant, découpant … des mots d’autres livres. Jonathan Safran Foer s’y est d’ailleurs essayé.

    Pour les articles sociétaux, il y en a deux : un sur « le chant du cygne de Christiania, ville libre », sous-titré dans le sommaire « pourquoi cette expérience utopique vieille de plusieurs décennies sombre dans l’indifférence générale » et un autre sur les bunkers de la guerre froide. Les deux sont franchement intéressants car ils décrivent les faits mais permettent aussi le développement de toute une réflexion qui fait appel à énormément de référence. Pour l’article sur Christiania, il y a le côté pile mais aussi le côté face qui sont décrits. Pour les bunkers, on nous fait visiter un bunker de 10 km2 construit sous un hôtel et qui était censé abriter le congrès si il y avait eu un problème pendant la guerre froide. L’auteur parle alors de la relation ambiguë des américains pour des bunkers, dont l’efficacité n’est absolument pas prouvée, de l’argent gaspillé pour les construire (et pour les approvisionner en nourriture)(l’auteur va peut être un peu loin quand il explique que c’est aussi ce qui a permis le développement de la consommation de masse…) mais aussi du paradoxe qu’il y a à vivre dans un monde détruit. L’auteur en arrive au réchauffement climatique et explique qu’il est étrange d’avoir voulu se protéger d’une menace qui pouvait se passer demain sans se soucier de l’après-demain. Pourtant, c’est une doctrine qui semble perduré dans une certaine société américaine.

    Il y a aussi un article que je n’ai pas compris d’un auteur (très connu apparemment) Stephen Elliott sous-titré dans le sommaire « Une traversée du désert, afin de retrouver sens à la vie après la triple infidélité de mon ancienne petite amie ».

    En résumé, c’est un numéro très riche en informations. On s’y sent bien car l’écriture est assez intimiste. La seule chose que l’on peut regretter, c’est les références anglo-saxonnes très précises, qui j’ai l’impression ne sont pas forcément arrivées aux oreilles du péquin moyen (moi quoi)(c’est l’occasion de découvrir pourtant).

    Maintenant, c’est à vous de voir si cela vous intéresse !

    Références

    Le Believer – printemps 2012 – numéro 1 (Inculte revue, 2012)

  • Quatrième de couverture

    Un homme se rend comme à l’accoutumée chez sa maîtresse. Il mène une existence parfaitement réglée, se partageant entre cette liaison secrète, son cabinet de dentiste, sa femme, ses deux enfants et le dîner hebdomadaire avec son beau-père.

    Quel vertige le saisit-il un jour lorsqu’il sonne à la porte de sa maîtresse ? Quel craquement en lui ébranle-t-il tout l’édifice de sa vie ? Subitement, la mort et le néant ont percé sa chair. Désormais, qu’il soit avec son amante, qu’il regarde le sourire de sa femme ou qu’il soit penché sur la bouche d’une de ses patientes, il lui faudra vivre avec cette brèche au centre de tout être.

    « Si cela doit exister, ce trou vide et nul, cette absence de ma chair et de mon corps, si la bouche doit exister, (…) je préfère cela à la fausse sécurité de mon corps mort … »

    Mon avis

    Je n’ai jamais lu Somoza alors que j’ai deux livres de lui en attente mais ils sont trop gros. En cherchant dans sa bibliographie, j’ai vu qu’il y avait ce très court texte. L’avantage suprême était qu’il était à la bibliothèque.

    J’ai lu l’avis de Laurence sur Bibliolog qui disait que le livre n’était absolument pas représentatif de l’univers de l’auteur. C’est pas de chance car le livre m’avait plutôt plu. C’est vrai que le livre n’est qu’une phrase et qu’il peut donc être difficile de reprendre sa lecture si on s’arrête, surtout que le livre a un rythme assez effréné.

    C’est une très belle fable qui se rend compte que finalement sa vie n’est que désert : la peau qui l’entoure ne cherche qu à masquer ses os, ce qu’il est vraiment mais ne fait pas de lui quelqu’un qui vit plus que les autres. Il se rend compte qu’il doit cependant faire avec et (re)commence à mener une vie « normale ». Pourtant, une nouvelle « lubie » lui vient, sa bouche quui elle restera toujours vide, qui représente le vide d’une existence qui ne se comblera jamais. Malheureusement pour le narrateur. Les derniers mots du livre sont les suivants :

    si cela doit exister, ce trou vide et nul, cette absence de ma chair et de mon corps, si la bouche doit exister, je préfère tout faire sortir, que tout s’en aille comme un souffle pur, que tous l’entendent, que tous le sachent, je préfère cela à la fausse sécurité d’un corps mort, c’est ce que j’ai dit, crié dans un silence pur, et je me suis enfin vu transformé en rien : le vide remplissant tous mes os ouverts comme des flûtes muettes, amenuisés comme du sable enfin, juste ces cendres ultimes, à peine la trace légère que le vent finit par effacer, juste le vide, le vide énorme de cette bouche qui doit dire et révéler et découvrir et crier et accuser et me vider vers l’extérieur depuis l’intérieur et me mêler à tout : cette bouche ouverte et infinie du silence absolu par lequel je parle même si personne n’entend

    Notez qu’il n’y a pas de point à la fin du livre, qui n’est donc même pas constitué d’une phrase entière. Ce n’est pas la première fois que je lis un livre où un personnage parle tout seul sans s’arrêter, c’était un Horacio Castellanos Moya si je me rappelle bien la première fois.

    Références

    La bouche de José Carlos SOMOZA – traduit de l’espagnol par Marianne Millon (Mille et une nuits, 2003)

  • Présentation de l’éditeur

    Un journaliste, mélancolique, désœuvré, accablé par un deuil, mène l’enquête auprès de ceux qui ont connu Anaïs, jeune fille assassinée. Sur son chemin, il croise des personnages atypiques : Petite Louis, le grand Mao, Toto Beuze, le Légionnaire … Au prétexte d’un meurtre, Lionel-Édouard Martin, auteur d’une vingtaine d’ouvrages, né dans la Vienne en 1956, détourne la notion d’enquête et transgresse toutes les règles du roman policier. Si du genre il conserve la tension caractéristique, c’est pour mieux dire les incertitudes de l’existence et dresser le portrait d’hommes et de femmes aussi singuliers qu’ordinaires.

    Deux citations

    Écrire, c’est peut-être, simplement, s’asseoir en face de soi-même, endosser tous les rôles, parler dans la « personne »- ce masque.

    J’ai rendez-vous dans le centre-ville, sur ces hauteurs d’où source la parole : siège de L’Écho du Poitou, en face du lycée chic, à quelques pas de la préfecture. Verbiage insignifiant des journalistes. Leurs mots calibrés, passés au crible. Gravières du langage ; et que bâtir avec, qu’une langue sans profondeur, nue d’imaginaire, cadencée selon les rythmes mous des idées du jour, cette espèce de poumon froid qu’on donne aux bêtes, après découpe du souffle et conditionnement en barquettes de plastique ?

    Mon avis

    En ce moment, je ne fais pas grand chose à part déprimer, cafarder et tout ce que l’on veut. Pour me consoler, je traîne à la librairie où je regarde les conseils du libraire et comme j’ai peur qu’il ne veuille plus m’accueillir pour me détraumatiser de mes journées de travail, je lui achète des livres (le libraire me parle même des fois ; j’ai envie de lui dire que ce n’est pas nécessaire parce que j’en ai ras le bol des gens qui me parlent alors que je ne leur ai rien demandé)(je vous ferais bien un billet spécial là-dessus mais comme ma « ligne éditoriale »(j’ai lu que même pour un blog qui ne sert à rien on peut dira cela alors je fais ma savante) c’est de parler de ma vie et de mes lectures dans le même billet, parce que c’est intimement lié tout de même, vous n’y aurez jamais le droit à ce billet).

    Tout cela pour dire que j’aurais du lui dire au libraire que j’étais déprimée parce qu’alors il m’aurait peut être déconseillé ce livre.

    L’écriture est magnifique. Elle est tout ce que j’aime : elle vous assène des vérités toutes crues sur votre vie, des vérités que vous connaissez mais qui font mal quand elles sont écrites. L’auteur ne sert pas des mots pour vous écrire une histoire triste ou tragique mais il vous insuffle quelque chose, un souffle nouveau, qui peut vous toucher ou non. C’est pour cela que j’ai choisi de mettre les deux citations sur l’écriture car j’ai un peu l’impression que c’est sa vision des choses. Je trouve que c’est suffisamment rare pour être souligné, un auteur qui n’est pas seulement un raconteur d’histoire.

    Les personnages du livre sont assez tragiques car ce sont des invisibles de la vie de tous les jours. Une femme, dans une cité en province, vient de perdre sa fille assassinée par on ne sait pas trop qui ; l’auteur du crime n’a pas été retrouvé. Le journaliste, qui lui aussi vit un deuil (son amie est morte dans un accident de voiture avec son amant, dont le journaliste ignorait l’existence bien évidemment ; c’est même lui qui a eu l’occasion d’écrire la nécrologie de ces deux personnes)(privilège d’être tout seul comme correspondant du journal dans la ville), est intéressé par cette histoire car il veut se rapprocher de la solitude de la mère (en fait c’est l’impression que j’en ai eu). Elle lui raconte son histoire, celle d’un jeune fille, tombée amoureuse d’un des ouvriers du chantier de démolition d’une des barres, qui tombe enceinte, qui se retrouve seule à élever l’enfant, qui devient une adolescente, qui se fait tuer. L’enquête (pour retrouver le père en fait) le mène au chef de chantier, gros entrepreneur de la région. Elle le mène aussi à aune solitaire qui sait tout et voit tout. Tout cela mènera au suicide d’un personnage. Cela n’aidera même pas le journaliste (j’ai eu l’impression qu’il était toujours déprimé à la fin du livre lui aussi). Il ne fait pas beau non plus dans le Poitou et tous les personnages sont gris. Ils ne semblent pas avoir d’avenir ; ils sont juste condamnés à continuer de vivre une vie qui ne semble mener nulle part et cela, l’auteur le dit très bien.

    En conclusion, mon moral, à la fin de cette lecture, était toujours au niveau de mes chaussettes (celles sans élastiques qui glissent tout le temps de préférence).

    Références

    Anaïs ou les Gravières de Lionel-Édouard MARTIN (Les éditions du sonneur, 2012)

  • Quatrième de couverture

    Dans les années 1970, contre l’avis du reste de la famille, un père décide d’envoyer son fils à l’Académie militaire de Mexico. Une véritable odyssée commence pour l’enfant qui ne comprendra jamais la cause du châtiment paternel dont il a été l’objet. Brutalement arraché à l’insouciance et à ses camarades, il se trouve plongé dans cet enfer terrestre où terreur et humiliation étaient le lot quotidien. À onze ans, il découvre que le monde est à l’image de sa nouvelle école : un pénitencier peuplé d’ambitions et de cruautés inutiles.

    En grande partie autobiographique, Éduquer les taupes est un roman malicieux, témoignage de ces années d’initiation où, pour survivre, le héros n’avait pour toute compagnie que son imagination et ses peurs.

    Mon avis

    J’appréhende toujours un peu la littérature mexicaine car j’ai le souvenir de Carlos Fuentes où je n’avais absolument rien compris aux allusions culturelles. Pour ce livre-ci, l’écriture est « normal », comme un livre écrit par un Européen ou un Américain du Nord. Pourtant, il y a des choses qu’il me semble ne pas avoir saisi.

    La quatrième de couverture raconte très bien ce qui se passe. À cela s’ajoute la description de la famille et surtout des problèmes de famille du héros. On n’a du mal à comprendre notre héros car c’est le héros vieilli qui parle en se faisant passer pour l’adolescent (c’est encore plus flagrant quand le narrateur vieilli se met à intervenir pour nous expliquer sa manière d’écrire). Il n’y a pas de recul par rapport aux évènements mais il n’y a pas d’incarnation de l’adolescent. À onze ans, le héros semble déjà adulte dans ses raisonnements et ses actions. Il semble être quelqu’un qui n’a jamais commis de grosses ou même de petites bêtises (à un moment dans l’histoire, on nous explique qu’il aime le football mais on a du mal à y croire). Il est demi-pensionnaire et pas en internat ; pourtant il ne semble pas avoir de vie le soir.

    Il manque aussi tout le contexte social, amical, la personnalisation du père et de la mère dans le sens où il devrait être un peu plus incarné à mon avis. On arrive à sentir la grand-mère (chez qui toute la famille vit) mais le père et la mère reste absent. Ils interviennent sans qu’on puisse les comprendre. Cela contribue à laisser le lecteur à l’extérieur du roman à mon avis.

    L’autre chose qui contribue à laisser à l’extérieur du roman, c’est l’impression que l’auteur règle ses comptes mais que finalement, on n’a rien à faire au milieu du champ de tir car il n’a pas fini de digérer ce que ses parents lui ont fait en l’envoyant dans une Académie militaire. Ce qui semble avoir déclenché la narration, c’est la mort du père et de la mère. On a le droit à des attaques bien senties (genre ma mère aimait se faire détester de tout le monde ; nous on ne sent pas pourquoi ni comment ou même en quoi cela l’a gêné mas c’est pas grave) qui ressemblent à de la private joke. C’est d’ailleurs les seules phrases dont l’écriture est un peu recherchée.

    En conclusion, ce n’est pas une lecture désagréable mais on reste à l’extérieur. Je vais essayer de lire un livre non autobiographique pour lui laisser une seconde chance à ce Guillermo Fadanelli.

    Lu dans le cadre des 12 d’Ys dans la catégorie des auteurs latino-américains (à mon avis, je ne le finirai jamais ce challenge vu que je lis toujours dans les mêmes catégories).

    Références

    Éduquer les taupes de Guillermo FADANELLI – traduit de l’espagnol (Mexique) par Nelly Lhermillier (Christian Bourgois, 2008)