Cecile's Blog

  • DivorceJackColinBatemanAprès ma lecture du livre Les couleurs de la ville de Liam McIlvanney, LibraryThing m’a conseillé de lire le premier tome de la série des Dan Starkey, écrite par Colin Bateman, journaliste irlandais comme son héros. LibraryThing m’a aussi indiqué que ce livre a été adapté au cinéma sous le titre Divorcing Jack. Je ne connaissais bien sûr ni le livre ni le film.

    Le cadre est le même que celui du roman de Liam McIlvanney. On est au début des années 90, à Belfast. Dan Starkey est un journaliste polémiste, engagé mais surtout connu pour son humour irrésistible et son goût pour la boisson.

    Un soir, il boit un peu trop, s’allonge sur un banc dans un parc. Quand il se réveille, une jeune femme, Margaret, le regarde et se propose de l’aider. Dan la ramène chez lui sous prétexte que l’on est vendredi soir et que c’est le jour où lui et sa femme reçoivent des vieux amis. La soirée dégénère quand la femme de Dan surprend Dan en train d’embrasser Margaret. Pourtant très ouverte, elle vire Dan de la maison. Il n’a plus d’autres choix que de coucher avec Margaret chez elle. Cela n’arrange bien sûr pas les choses. Sa femme va jusqu’à jeter des pommes de terre dans les fenêtres de la maîtresse de son mari.

    Le problème est que Margaret est assassinée le soir-même alors que Dan est parti acheté des pizzas. Dan soupçonne sa femme (bien évidemment) et pense que la police va le soupçonner lui vu qu’il était le premier sur les lieux et qu’il a tué par accident la mère de Margaret. Il préfère prendre la fuite. La suite lui donnera raison puisqu’il se retrouve embringué dans une véritable machination car ce que Margaret a oublié de dire à Dan avant de mourir est qu’elle est (était) la fille d’un cadre supérieur du parti l’Alliance, parti qui veut la réconciliation des deux camps et qui est à deux doigts de gagner les élections qui se tiennent dans quelques jours (ce qui n’arrange absolument personne).

    Ce livre est un très bon roman noir. Comme le livre de Liam McIlvanney, Belfast est décrite comme une ville où tout se règle avec des armes et des bombes, une ville où il ne fait donc pas très bon vivre. Avec l’humour de Dan, ce caractère noir est atténué car cela ressemble beaucoup à un film américain avec des acteurs bras cassés.

    Ce livre est aussi un très bon roman d’actions et de suspens. Vous aimez l’action, vous serez servi car il y a un retournement de situation toutes les dix pages à peu près. Pour le suspens, le dénouement ne se fait que cinq pages avant la fin du livre et personnellement, je n’avais rien compris.

    Là où le livre est vraiment bon, c’est dans l’humour. Le problème est que j’ai lu le livre dans le RER et que je n’ai donc pas noté de phrases illustrant cela (il faut que je trouve une solution pour remédier à cela). Pour vous donner une idée, normalement, quand un livre me fait rire, je me contente de sourire en lisant (surtout en public) mais là visiblement j’ai rigolé. J’en ai déduit cela au fait que les trois personnes qui étaient dans mon wagon se sont retournées pour me regarder.

    Il y a au moins quatre volumes déjà publiés de cette série et à mon avis cela promet (surtout vu le caractère explosif de la femme de Dan Starkey).

    Note à moi-même : Cécile, finis les séries que tu commences !

    Références

    Divorce, Jack ! de Colin BATEMAN – traduit de l’anglais (Irlande) par Michel Lebrun (Gallimard / Série Noire, 1996)

  • LesCouleursDeLaVilleLiamMcIlvanneyJe découvrais l’année dernière William McIlvanney. Cette année, je découvre le fils Liam, professeur de littérature en Nouvelle-Zélande. Il s’agit du premier roman de l’auteur, qui suit les traces de son père en matière de roman noir, d’une manière plutôt réussie.

    Son héros, Gerry Conway, est journaliste à Glasgow, au Tribune on Sunday. Il dirige le service de politique écossaise. Gerry a la petite quarantaine, mesure 1m88 (détail sans importance mais je l’écris pour savoir si vous voyez une signification). Fraîchement divorcé, il ne voit ses deux petits garçons, Roddy et James, que le dimanche et le lundi.

    Il attend donc avec impatience les vacances prévues dans cinq jours avec les enfants. En attendant, il essaye qu’on ne voit pas qu’au bureau il ne fait que meubler avec des sujets insignifiants. Pourtant, aujourd’hui, un correspondant lui annonce un sujet en or. Il a de quoi faire tomber la tête de Peter Lyons, le jeune politicien qui monte dans la toute nouvelle démocratie écossaise (sujet que j’ai trouvé très intéressant). Pour l’instant ministre de la justice, il est destiné à être très prochainement Premier Ministre.

    L’informateur lui remet, par la suite, une photo datant du début des années 80 où l’on voit Peter Lyons « au milieu d’un groupe de paramilitaires unionistes en armes : les Nouveaux Covenantaires ». À ce moment-là, l’Écosse suivait les Troubles nord-irlandais. Une partie de la population suivait les protestants et une autre les catholiques. Cette question est donc toujours très sensible à Glasgow. Le journaliste soupçonne que Peter Lyons a eu des activités illégales dans ce groupe para-militaire.

    Après un début d’enquête en Écosse, il se rend une semaine à Belfast (les vacances sont donc annulées). Il n’était pas revenu là depuis la fin du conflit. Il découvre un pays exsangue où les blessures ne cicatrisent pas. Officiellement, il n’y a plus de bombes, d’attentats, de meurtres mais les tensions entre catholiques et protestants sont toujours là ; personne n’a rien oublié. Gerry, le catholique, va déterrer tout cela quitte à se faire bastonner. Il est tellement désabusé que cela ne compte pas pour lui ; il joue pourtant sa carrière et sa vie d’homme, de père et de journaliste.

    L’aspect qui m’a le plus plu dans le livre est le contexte. Je suis allée avec ma mère et mon frère en Irlande en 1997. Quand on est passé dans le Nord du pays, ma mère a dit à mon frère de bien vérifier à ne pas nous faire approcher de la frontière et je n’avais jamais vraiment compris pourquoi. Liam McIlvanney restitue très bien les Troubles, en tout cas, de manière très claire pour que je comprenne enfin car le livre décrit aussi la situation du pays à ce moment-là. De plus, il parle d’un aspect que je ne connaissais pas (ce n’est pas non plus le premier roman que je lis sur le sujet). C’est la participation très active des Écossais. Il restitue aussi avec beaucoup de précision le Belfast post-conflit : une ville sombre, où l’espoir n’est pas de mise car tout le monde garde ses rancœurs.

    Comme je le disais ne préambule, McIlvanney a écrit un livre très noir : décors, personnages, histoires. Gerry ne croit plus en l’humain depuis longtemps et cela ne s’arrange pas avec son séjour à Belfast. Il a tendance à faire des commentaires sarcastiques à voix haute (en tant que lecteur, on en a bien d’autres). Même quand il va réussir à triompher des embuches, cela ne l’empêche pas de tout voir en noir. La fin, dévoilant l’identité de l’informateur, indique que Liam McIlvanney aussi est plutôt désabusé. Cela promet pour les prochaines romans.

    Ce qui m’a le moins plus, c’est l’écriture. J’ai trouvé que parfois cela trainait en longueur et que cela donnait un côté surjoué aux sentiments. Cependant l’auteur maîtrise de bout en bout son histoire et son suspens.

    Un autre bémol : la police d’écriture du livre. Il n’y a pas beaucoup de dialogues. Cela donne des blocs compacts écrits en tout petit. Il faut dire que j’ai un peu perdu l’habitude des Métailié papier car je les lies maintenant en électronique et je grossis systématiquement l’écriture de deux crans.

    Références

    Les couleurs de la villes de Liam McILVANNEY – traduit de l’anglais (Écosse) par David Fauquemberg (Métailié, 2010)

  • OxfordMourningVeronicaStallwoodIl s’agit du tome 3 de la série des Kate Ivory, série se passant à Oxford. Le lieu de l’action n’est pas anodin dans mon choix de lire ce livre bien évidemment.

    Kate Ivory est écrivaine à Oxford mais elle ne fait pas partie du monde académique, duquel elle est plutôt très éloignée. Elle est habillée comme tout le monde (je me la suis imaginée en C&A) et est une jeune femme très dynamique et volontaire, vivant plutôt dans l’action que dans la réflexion. Pour être franche, elle est tout de même proche du monde académique vu que depuis quelques mois, elle sort avec Liam, un professeur de musique du Leicester College. Kate Ivory, malgré toutes ses activités, est en train de réfléchir à son prochain roman sur les soeurs Ternan, Maria et Ellen. Pour ceux qui l’ignorent (comme moi avant), Ellen Ternan, dite Nelly, était la muse de Dickens. Pour pimenter son livre (et surtout méliorer ses ventes), Kate cherche quelque chose de croustillant à se mettre sous la dent comme par exemple un enfant naturel avec Nelly. Pour cela, elle compte sur une universitaire, Olivia Blacket, appartenant aussi au Leicester College car cette dernière vient juste de mettre la main sur la correspondance entre les deux sœurs et est en train de la retranscrire.

    Kate cherche donc à la rencontrer. Le problème est que Olivia Blacket a de nombreux problèmes personnels. Liam (oui, oui, le même Liam) n’est pas prêt à lui donner autant d’amour qu’elle en aurait besoin. De plus, elle aimerait beaucoup avoir un enfant. Son supérieur la harcèle avec son chien pour essayer de récupérer la correspondance et plublier en son nom. Forcément, quand elle prend connaissance de la demande de Kate, Olivia refuse la rencontre. L’écrivaine ne se laisse pas faire. Après une approche gentille (aller de force au domicile de la dame), elle tente le vol au bureau du collège. Olivia sera retrouvée morte peu de temps après, dans son bureau. L’enquête, menée séparément par Kate et par la police, montrera que beaucoup de gens avaient des raisons de tuer Olivia.

    J’ai beaucoup aimé ce livre. Pour être honnête, l’enquête ne casse pas trois pattes à un canard. Au bout de 100 pages, on se doute du dénouement même si le pourquoi du meurtre est plus surprenant.

    Ce qui fait le charme du livre, c’est le cadre et l’héroïne car l’auteur adopte un point de vue particulier pour un roman sur Oxford. On se promène dans les quartiers d’Oxford et dans le centre-ville plutôt que dans les collèges. On trouve plus les « vrais gens » que les universitaires. C’est ce qu’incarne plus ou moins Kate aussi. En prenant une héroïne moins érudite que l’inspecteur Morse de Colin Dexter, Veronica Stallwood démystifie un peu la ville, en tout cas à mes yeux. Kate analyse les universitaires comme des extra-terrestres qui vivent dans un autre monde avec des coutumes plus bizarres les unes que les autres. Elle essaye tant bien que mal de les apprivoiser.

    En résumé, une petite lecture bien agréable.

    Références

    Oxford Mourning de Veronica STALLWOOD (Headline, 2005)

    Première parution en 1995

  • HomicideInHardcoverKateCarlisleAvec ce premier tome de la série des Brooklyn Wainwright, j’ai découvert de quoi patienter entre les différents Isabel Dalhousie. Rien que cela ! J’ai beaucoup ri grâce à l’humour de l’auteur.

    Brooklyn Wainwright est restauratrice de livres en Californie. Elle vient de se mettre à son compte après avoir pris son indépendance vis-à-vis de son mentor Abraham Karastovsky. Elle est partie fâchée alors qu’il lui apprenait le métier depuis ses huit ans. Brooklyn est issue d’une famille de hippies, reconvertie dans l’activité vinicole, activité très lucrative, au sein d’une communauté dans laquelle vivent toujours ses parents et ses frères (pas ses sœurs par contre). Ils forment tous une famille très attachante. La mère est zen mais perd son sang froid quand il s’agit de protéger sa fille. Par exemple, elle n’hésite pas se dénoncer à la police pour un crime qu’elle n’a pas commis, à frapper des intrus à grands coups de pizza. Le père est plus absent de ce roman et je ne saurais donc en faire un portrait particulier. Pour les frères de Brooklyn, idem mais j’ai retenu un détail qui m’a fait rigolé. Ils l’appellent Bronx au lieu de Brooklyn. Brooklyn en cas de coup dur peut aussi compter sur ses deux voisines lesbiennes et sur sa meilleure amie Robin.

    Dans cette aventure, elle va en avoir besoin. Enfin une occasion de se réconcilier avec Abraham arrive. En plus désirée par lui puisqu’il l’a invité à l’inauguration, à la Covington Library, d’une exposition de livres qu’il a restaurés. Quand elle arrive là-bas avec Robin, elle se réconcilie de suite avec Abraham qui en profite pour lui présenter une possible future cliente, Doris Bondurant. Cette soirée est aussi l’occasion de revoir Minka, sa pire ennemie (elle a essayé de l’assassiner pour lui piquer son petit-ami), aussi restauratrice de livres ; son ex petit ami Ian, directeur de la Covington Library ; Enrico Baldacchio, le pire ennemi d’Abraham, lui aussi restaurateur de livres. Brooklyn fait aussi la connaissance de Mr. et Mrs. Winslow, propriétaires des livres présentés dans l’exposition, ainsi que de leur fille Meredith. Elle retrouve même ses parents qui s’occupent de fournir le vin pour la soirée.

    La soirée est gâchée par la découverte du cadavre de Abraham, dans son atelier, près du Faust, pièce maîtresse de l’exposition. Plus exactement, Brooklyn le trouve en train d’agoniser. Ses derniers mots seront « Remember the devil ». À ce moment-là arrive précisément Derek Stone, chef de la sécurité de la Covington Library. Il va la soupçonner quelques temps de meurtres mais se ravisera pour enfin aider Brooklyn a trouvé le meurtrier.

    Dis comme cela, le roman donne l’impression d’être un vrai roman policier alors qu’en réalité, il s’agit plutôt d’un roman léger, avec des personnages sympathiques, prenant comme prétexte une histoire policière. Ce qui m’a fait beaucoup rire c’est le comportement très femme active de Brooklyn. Elle admire les muscles d’un homme qui va peut être la tuer, s’imagine ses potentiels suspects dans une jolie combinaison orange, lance des répliques cinglantes à Minka … tout cela entre deux cuissons de pizzas au micro-onde. L’enquête et son chagrin ne semble pas être dans ses priorités alors qu’en fait si. Cela ne se voit pas car elle est très second degré. C’est un peu une Bridget Jones améliorée.

    J’ai déjà commandé le deuxième tome de cette série car je voudrais savoir si Brooklyn et Derek vont se déclarer.

    Références

    Homicide in Hardcover de Kate CARLISLE (Obsidian, 2009)

  • LeDetourGerbrandBakkerAvant de lire La Terre Fredonne en si bémol, j’ai lu un autre livre qui se passait au Pays de Galles. Ils n’ont rien de commun à part les prénoms gallois.

    L’histoire est celle d’une femme néerlandaise qui, un jour, plaque son mari et s’enfuit vers le Pays de Galles pour finalement se réfugier dans une maison de location, isolée de tout. Qu’elle est l’explication de ce coup de folie ? C’est un peu le sujet du roman.

    On va découvrir au fur et à mesure de l’avancée du roman qu’elle faisait une thèse à l’université sur Emily Dickinson qui plus est d’un point de vue original puisqu’elle voulait montrer que la poétesse américaine était très surestimée. Je parle au passé car c’est un projet qui était mené semble-t-il avec assez peu d’enthousiasme et qui a été abandonné depuis que sa liaison avec un étudiant a été connu par toute la fac (c’est un mot placardé sur tous les mures qui a propagé la nouvelle). Après l’annonce au mari, elle a donc fui direction l’Irlande mais elle s’est arrêtée au Pays de Galles à cause la première traversée en bateau qui ne lui a pas plu.

    Elle se retrouve dans la maison d’une femme qui vient de mourir, louée par un éleveur de mouton qui s’occupait de la vieille dame. Notre néerlandaise est isolée de tout. La quatrième de couverture dit « elle occupe ses journées seule, jardine, découvre la nature autour d’elle, les oies, la mer au loin, et ces chemins de randonnée qui traversent la propriété qu’elle loue ». Un jour arrive Bradwen et son chien sur un de ces chemins de randonnée. Il ne veut pas lui dire qui il est ni d’où il vient précisément. Cela convient bien à notre narratrice qui va se faire appeler Emily. Elle décide de l’héberger pour un jour, deux jours puis pour tout le temps. L’homme et le chien vont prendre de plus en plus de place dans la maison et dans la routine d’Emily au fur et à mesure qu’elle perd pied avec sa réalité. On découvrira qu’Emily n’est pas partie pour les raisons que l’on a cru au début du roman.

    Ce roman m’a laissé complètement à l’écart. L’héroïne est secrète même pour le lecteur. Je n’ai pas pu ressentir la moindre empathie avec elle. De plus, vu de l’extérieur, je lui ai trouvé un comportement très manipulateur. Elle est aussi trop soucieuse d’elle-même. même si cela se comprend à la fin, cela m’a gâché le roman. Cela se lit sans déplaisir mais surtout dans le but de connaître la véritable raison du départ d’Emily.

    Je n’ai pas réussi non plus à comprendre ce que voulait transmettre l’auteur. Qu’est ce que le fait que les oies, qui sont autour de la maison, disparaissent une à une apporte au texte ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’elles se fichent de ce qui se passent autour d’elles ?

    Reste que l’auteur décrit magnifiquement les paysages et l’isolement du Pays de Galles. Rien que cela est très dépaysant !

    Références

    Le détour de Gerbrand BAKKER – traduit du néerlandais par Bertrand Abraham (Gallimard, 2013)

  • LaTerreFredonneEnSiBeemolNMariStrachanEncore un très beau livre !

    Pays de Galles, année 1950. Gwenni, douze ans, est une petite fille bien particulière. Elle peut voler comme un oiseau dans son sommeil. Elle s’invente des histoires sur son entourage. Plus exactement, elle ne comprend pas forcément ce qui se passe autour d’elle dans le monde des adultes et du coup, elle interprète ce qui se passe d’une manière candide, parfois joueuse, fantastique ou mystérieuse. Elle n’est pas du tout aimée par sa mère qui la considère comme l’enfant de trop, celle qui va mettre la honte sur la famille du fait de ses originalités. Par opposition, Bethan, la sœur est tout ce que l’on peut attendre d’une jeune demoiselle de quatorze ans. Par exemple, elle s’intéresse plus aux garçons qu’à l’école par exemple. Gwenni ne reçoit de l’amour que de son père et de sa famille, la grand-mère et tante Lol, qui lui donne des romans policier dont Gwenni s’inspire pour jouer.

     Elle est aussi en admiration devant son institutrice et ses deux petites filles qu’elle garde très souvent. Aussi, quand Ifan Evans, le mari de l’institutrice disparaît, elle décide d’enquêter. Tout le village a une opinion sur la disparition : il est parti avec une autre ou bien bon débarras puisqu’il battait sa femme. Gwenni  ale sentiment qu’il se cache là-dessous un secret d’adulte.

    C’est donc une véritable enquête qu’elle va mener dans son village. Elle ne découvrira pas qu’un seul secret mais plusieurs dont certains la concernent personnellement. Cela va la faire rentrer très brutalement dans le monde des adultes mais elle ne se départira jamais de sa belle personnalité.

    Il s’agit du premier roman de Mari Strachan et je trouve personnellement que c’est une réussite.

    Elle place donc son intrigue dans le Pays de Galles des années 50. C’est une période et un lieu que l’on a peu l’habitude de voir dans la littérature traduite en français (à ma connaissance en tout cas). On reconnaît bien la campagne britannique mais il y a en plus des revendications régionales. On parle gallois ; on parle anglais avec réticence. Les quelques Anglais semblent vivre dans un monde à part. Ce sont des éléments que je m’attendais plutôt à lire dans des romans parlant de l’Écosse ou de l’Irlande.

    Un des points forts du livre est aussi la psychologie de Gwenni. L’auteur rend compte de la candeur de l’héroïne par plusieurs moyens. Un très clair ; la narratrice, Gwenni donc, dit très clairement « je ne comprends pas ». Il y a aussi le fait que l’héroïne se situe dans un entre-deux. Elle a des jeux d’enfants, des interrogations d’adolescentes et une vie familiale d’adulte. La description de toutes ces choses mêlées se fait dans un langage semi-enfantin, avec des tics qui peuvent énerver comme je l’ai lu dans certains avis. Le côté magique m’a semblé un peu surfait. Certes il permet à l’intrigue d’avancer mais il donne un côté « folle »à Gwenni. Cela rend l’identification un peu difficile. C’est un très léger bémol que je mets mais vraiment très léger.

    Ce que j’ai aussi aimé, c’est l’intrigue et son déroulement. Le thème général est la filiation. Ce thème est introduit très progressivement au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête de Gwenni. Le livre traite des secrets, ceux que tout le monde connaît, comme la mort de deux fils à la guerre, mais dont personne ne parle pour ne pas provoquer de réactions douloureuses ; mais aussi ceux dont tout le monde parle tout bas et invente ce qui n’est pas connu. C’est sous cette forme que Gwenni découvre ce qu’un secret sur la filiation peut déclencher dans une famille.

    J’ai très mal parlé du livre mais je vous le conseille car j’ai adoré.

    Références

    La Terre Fredonne en si bémol de Mari STRACHAN – traduit de l’anglais (Pays de Galles) par Aline Azoulay-Pacvon (NiL, 2011)

  • LeConfidentHeleneGremillon

    Mon bleu a disparu. Par contre, maintenant, je suis piquée de partout (sur les jambes en fait) aux moustiques. Quelles sales bestioles tout de même ! Comme tout se conjugue toujours dans ma vie, j’ai lu sur internet que l’arnica conseillé pour mon bleu, ainsi que le déodorant (qui peut faire défauts dans certaines circonstances mais pas dans toutes), étaient de très bonnes choses pour soulager les piqures et ce n’est clairement pas faux. J’ai essayé avant la crème spéciale et l’huile essentielle de lavande alors que maintenant cela me gratte moins tout de même.

    Le matin, dans mes transports en commun, je ne lis pratiquement plus qu’en numérique car mon sac abîmait trop mes livres. Je profite des promotions en plus pour lire des textes que je n’aurais pas forcément lu dont celui-ci (tout simplement parce que tout le monde en avait parlé au moment de sa sortie et au moment de sa sortie en poche, double rasades qui avait suffit à me détourner). J’ai énormément aimé, dévoré en trois matins de transports en commun (je vous rappelle qu’en gros en ce moment cela fait 5h30).

    Camille est éditrice. Elle attend un enfant d’un homme qui n’en veut pas. Elle est donc seule face à cet évènement d’autant que sa mère vient de mourir subitement, dans un accident de voiture.

    Elle reçoit des lettres de condoléances dont certaines très particulières. Un homme âgé lui parle de son premier amour. Tout cela se passe à Nuisement, en Champagne, comme je vous l’ai déjà dit dans mon billet précédent. Cette jeune fille était lumineuse à ses yeux ; elle éclairait sa vie. Par exemple, pour elle, il avait tout appris sur la peinture, surtout les anecdotes pour l’étonner, l’amuser. L’arrivée d’un couple de parisiens fortunés va modifier la donne entre les deux complices. L’histoire se passe sur fond de Seconde Guerre mondiale.

    Camille croit au début à un canular, à la tentative d’un écrivain pour se faire éditer, mais elle comprend au fur et à mesure que son correspondant cherche à lui livrer un secret de famille.

    J’ai donc beaucoup aimé ce livre pour plusieurs raisons.

    Cela touche deux thèmes que j’aime beaucoup en littérature : la filiation et la Seconde Guerre mondiale.

    Deuxièmement, cela se passe en Champagne, près de là où je pars en vacances. Cela fait bébé mais j’aime bien quand une histoire se passe dans un lieu que je connais (cela me fait la même chose pour Paris par exemple).

    La plus important chose qui m’a plu est la narration ; elle est polyphonique et progressive dans le sens où une nouvelle voix apporte un éclairage nouveau sur un évènement que l’on croyait avoir compris dans les pages précédentes.

    Le plus du livre est sa conclusion qui m’a particulièrement surprise, tel un dernier rebondissement.

    Références

    Le Confident de Hélène GRÉMILLON (Plon / J.C. Lattès, 2010)

  • Je déteste les gens depuis tout le temps mais encore plus aujourd’hui. J’ai commencé ce matin par un gars qui écoutait sa télé dans le RER. Je suis en compagnie des stagiaires les plus étranges du monde au travail, j’ai un chef qui aimerait que j’ai plus de talents que de défauts. Je rentre chez moi et je retombe sur des bizarres dans le RER. Je m’explique : le RER A était OK mais pas le B. Plein de monde … Là, il y a deux gars qui trouve que ce serait bien de se bagarrer et résultat je me suis pris un coup. Je n’avais rien demandé à personne et maintenant j’ai très mal au bras à cause de gens bizarres. J’ai fini de me plaindre pour aujourd’hui (j’ai aussi découvert que mon déodorant ne tenait pas dans les RER blindés ; c’est peut être le plus grave).

    Pourtant, j’ai deux raisons de me réjouir en ce moment :

    • Je me suis achetée une tablette Androïd. Pas une trop chère non plus (113 euros à Eyrolles pour Pocketbook Surfpad 2 qui marche plutôt très très bien). Mon but était juste d’avoir l’application qui va avec le logiciel Mnemosyne pour apprendre mon vocabulaire d’allemand le soir dans le RER quand je ne peux pas lire car il y a trop de monde. Les trajets passent maintenant beaucoup plus vite et en plus je fais de très gros progrès. Je fais d’autres trucs avec (lire des ouvrages numérisés qui ont un peu plus de mal sur mon reader par exemple) mais c’est mon usage principal.
    • La deuxième est que le matin, je lis Le Confident de Hélène Grémillon. Je l’avais vu sur plein de blogs et bien sûr cela m’avait fait fuir. Jusque là, cela me plaisait beaucoup mais ce matin, j’étais carrément au paradis. Il y a une partie qui se passe près du lac du Der, en Champagne. C’est là que je passait, quand j’en avais encore, toutes mes vacances. Cela m’a fait très très plaisir de lire cela !

    C’est donc toujours la lecture qui rend mes journées intéressantes. D’ailleurs en ce moment je ne fais que des bonnes pioches. Dans mon cas, c’est souvent le cas quand je n’ai pas trop le moral dans la vraie vie (c’est sûrement corrélé car je suis déçue de voir que la vie ne se passe pas comme dans les romans et que d’autres personnes s’en sortent mieux que moi ; un peu comme si j’étais toujours entre deux mondes).

    LOuestSolitaireMartinMcDonagh

    Une des lectures qui m’a le plus réjouie ces dernières semaines est la pièce de théâtre de l’irlandais Martin McDonagh, L’Ouest solitaire. Il s’agit de la première pièce de théâtre irlandaise que je lis. Cela se passe dans l’Ouest de l’Irlande en un temps où « le célibat demeure le mode de vie le plus fréquent et où les hommes restent parfois vierges jusqu’à leur mort ». Je vous laisse deviner comme j’ai ri à la lecture de la quatrième de couverture.

    Plus sérieusement, la pièce met en scène deux frères qui vivent depuis toujours ensemble . L’un vient de tuer le père car il s’est moqué de sa coiffure ; l’autre le fait chanter pour obtenir l’ensemble de l’héritage. Le meurtrier accepte et se retrouve sous la coupe de son frère.

    Là-dessus se greffe un curé trop sensible, qui prend tout trop à cœur. Pensez ! Il en est à son troisième meurtre en peu de temps. Cela le turlupine et le pousse à noyer son chagrin dans l’alcool (un peu comme toute la population d’ailleurs). Il y a aussi la jolie jeune fille qui vend l’alcool de son père. Elle est un peu dévergondée et rêve aussi de vivre autrement. L’enjeu de la pièce est de savoir si les deux frères peuvent se réconcilier.

    Plus que le tragique auquel on pourrait s’attendre en lisant la quatrième de couverture, j’ai beaucoup ri en lisant cette pièce. En effet, la petite communauté est très pittoresque et a des propos très francs, vis à vis de la religion notamment, moyen utilisé pour dénoncer une rigueur morale inappropriée à la vie quotidienne. Cela contraste beaucoup avec la querelle infantile des deux frères.

    Un moment agréable de lecture qui m’a donné envie de découvrir un peu plus le théâtre irlandais contemporain (en suivant les liens proposés par LibraryThing).

    Références

    L’Ouest solitaire de Martin McDONAGH – texte français de Bernard Bloch (Actes Sud – Papiers, 2002)

    Un siècle de de littérature européenne – Année 1997
  • MurderAtTheVicarageAgathaChristie

    Pendant ma pause bloguesque, j’ai lu entre autre quelques Agatha Christie dont celui-ci The Murder at the Vicarage. Il s’agit du premier livre de la série des Miss Marple mais chronologiquement c’est le sixième (d’après LibraryThing en tout cas car avant il y a des nouvelles).

    Comme c’est la “première” enquête véritable (visiblement c’est la première fois qu’elle s’occupe d’un meurtre), l’histoire n’est pas racontée en suivant Miss Marple mais en suivant le vicaire chez qui le meurtre s’est produit (Miss Marple est sa voisine, poste stratégique pour être au courant d’absolument tout ce qui se passe).

    On fait donc la connaissance en premier lieu du vicaire, de sa femme (beaucoup plus jeune que lui mais aussi beaucoup plus enjouée) et du neveu du vicaire qui vit avec eux.

    Dans l’entourage, il y a aussi le jeune peintre (beau gosse entre autre qualité…) Mr. Redding, qui séduit absolument toutes les femmes, volontairement ou non d’ailleurs, à commencer par la femme du vicaire, Griselda, qu’il peint (il faut dire qu’il utilise une pièce du vicaire comme atelier), la fille du colonel Protheroe et même la femme de celui-ci (mais cela on ne l’apprendra que plus tard). Le village est aussi peuplé d’une foule de vieilles dames, toutes commères et extrêmement curieuses, d’une femme mystérieuse, Mrs Lestrange, bien trop classe pour ne pas avoir un but caché pour s’être installé là, et d’un docteur aux idées peu orthodoxes qui se lie d’amitié avec la femme étrange.

    L’équilibre de ce rassemblement de gens hétéroclites est bouleversé par un évènement : la mort du colonel Protheroe dans le bureau du vicaire (quand celui-ci n’était pas là bien sûr). C’est le vicaire qui le découvre après avoir croisé Redding complètement bouleversé. Il appelle le docteur qui indique une heure de décès à plus ou moins dix minutes, Sous le corps de Protheroe (avachi sur le bureau), on trouve une lettre adressée au vicaire et qui indique aussi une heure, confirmée par une pendule arrêtée. La problème est que seuls les habitants de la maison savent que l’horloge avançait de dix minutes pour permettre au vicaire d’être à l’heure à ses rendez-vous. Tout le mystère repose sur cesapparentes contradictions entre les faits, les suspects les plus plausibles et les alibis de ces suspects. Comme Protheroe était détesté par tout le village (même par le vicaire), il y a énormément de suspects ; d’autant plus que par ailleurs de nombreux personnages ont des secrets (notamment la fameuse Mrs Lestrange)(il est quand même bien trouver ce nom !)

    À la lecture, j’ai cherché à découvrir qui était le meurtrier. Je me suis accrochée aux plus évidents alors que Miss Marple n’arrêtait pas de vouloir me démontrer le contraire. Bien sûr à la fin, je suis tombée des nues quand elle explique la machination mise en place. Quant au niveau d’anglais, il est très facile. Les deux difficultés que j’ai eu concerne les subtilités sur l’heure (je n’ai jamais compris comment on exprime l’heure en anglais) et les noms des policiers (je n’ai pas réussi à retenir qui était qui ; mais là cela n’a rien à voir avec l’anglais).

    Références

    The Murder at the Vicarage de Agatha CHRISTIE (Harper, 2002)

    Un siècle de littérature européenne – Année 1930
  • UnLogiqueNommeJoeMurrayLeinster

    J’ai piqué cette idée de lecture dans le Canard enchaîné. La quatrième de couverture est laconique : « En 1946, Murray Leinster imagine les dérives d’un réseau informatique mondial ». Le livre est en réalité une nouvelle puisqu’il ne fait que 40 pages.

    Un homme, travaillant à la maintenance des « logiques », s’aperçoit d’un problème un jour. Alors qu’auparavant les gens pouvaient chercher toutes sortes d’informations dans le réseau mondial des logiques (qui piochent leurs informatiques dans une sorte de réserve de connaissances), ceux-ci se mettent à proposer des services. Ainsi, l’homme n’est plus obligé de réfléchir mais la solution lui est donnée instantanément (plus intelligente que ce qu’il n’aurait jamais trouvé bien évidemment). Genre : « comment puis-je braquer une banque ?, « comment puis-je me débarrasser de ma femme ? », « comment puis-je rentrer à la maison bourré sans que ma femme ne s’en rende compte ? ». La nouvelle de Murray Leinster étudie les conséquences de la prise de pouvoir insidieuse des machines sur l’homme (ce n’est pas sans rappeler notre situation moderne).

    Le texte est excellent et se lit très rapidement d’ailleurs. C’est là tout le problème. Murray Leinster avait vu une situation qui allait se produire mais il n’a pas eu la prétention d’en faire un roman. Je trouve que cela aurait mérité plus de pages car là, on reste superficiel au niveau de la réflexion, puisque à la fin des 40 pages, le problème est réglé. La réflexion est montré par des situations qui aboutissent trop vite pour qu’on est vraiment le temps de réfléchir. À la fin du texte, on a envie de crier : ENCORE ! ENCORE !

    Pour donner une idée du style, je mets un extrait du passage qui m’a le plus enchantée :

    Si quelque chose d’équivalent était arrivé à l’époque des cavernes et si on avait été obligés de ne plus faire de feu… si on avait dû arrêter de se servir de la vapeur au XIXe siècle, et de l’électricité au XXe… c’était la même chose. Nous avons une situation très simple. AU XIXe siècle, l’homme était obligé de se servir d’une machine à écrire, de la radio, du téléphone, du téléscripteur, des journaux, des bibliothèques publiques, des encyclopédies, des fichiers, des annuaires, plus les services de messagerie, d’avocats-conseils, de chimistes, de médecins, de diététiciens, d’archivistes, de secrétaires… tout cela pour noter ce dont il voulait se souvenir et pour lui dire ce que d’autres personnes avaient noté et qu’il désirait savoir ; pour transmettre ce qu’il disait à quelqu’un d’autre et pour lui transmettre ce qu’ils répondaient.

    Tout ce qu’il nous faut, à nous, ce sont les logiques. Lorsque nous voulons savoir, ou voir, ou entendre quelque chose, lorsque nous désirons parler à quelqu’un, nous pianotons sur les touches d’un logique. Coupez les logiques et tout va fiche le camp.

    Références

    Un logique nommé Joe de Murray LEINSTER – traduit de l’américain par Monique Lebailly (Le passager clandestin / dyschroniques, 2013)