Que celui qui connaissait l’existence de ce roman et ne m’en a pas parlé se taise à jamais !! Je rigole bien sûr. Vous pouvez me donner votre avis si vous l’avez lu (et même si vous ne l’avez pas lu en fait). Je me rappelle très bien de quand j’ai acheté ce roman. Je traînassais à Gibert au rayon littérature russe. J’ai vu un Phébus que je ne connaissais pas (d’un autre côté je ne connais pas tout leur catalogue non plus). J’ai retourné pour voir le résumé (pas trop mal), puis le prix (3 euros), je l’ai acheté et après je l’ai laissé dans ma PAL mais à une place spéciale (ceci étant secret, je ne vous en dirait pas plus).
Pauline Sachs est un roman qui date de 1847 (et donc contemporain de Dostoïevski). C’est une époque où George Sand est très reconnu en Russie et on sent bien cette influence dans ce livre.
Sachs est un vieil homme. Trente-deux ans. Imaginez donc un peu ! Il a voyagé, été à la guerre, fait des études, tué des gens en duel (pas dans cet ordre). Pour résumer, il a vécu. Maintenant il est fonctionnaire avec un poste que j’identifierai à comptable à la Cour des Comptes + flic à la brigade financière. Il y est très reconnu puisque très efficace pour débusquer les détournements de fonds. Tout cela est très bien sauf qu’il n’a pas connu l’amour. Cette funeste erreur est réparée depuis un an puisqu’il a épousé la jeune Pauline (l’auteur l’appelle aussi Paule dans le roman mais je ne peux pas). Jeune parce qu’elle a dix-neuf ans. Jeune femme qui vient de sortir d’un pensionnat pour jeune fille où elle était admirée pour sa grande naïveté et son côté enfantin. Un personnage du roman résume cela par un corps de dix-neuf ans et un esprit de douze.
Or, Sachs a des idées progressistes. Parce que oui, Madame, Monsieur, en 1847, il y avait un homme, Sachs (et aussi Droujinine) qui pensait qu’une femme n’était pas qu’une potiche, qu’une femme devait penser par elle-même, ne pas se livre à toutes les minauderies que l’on attendait d’elle … Pauline ne correspond donc pas par son éducation à l’idée que Sachs se fait d’une femme (qu’il voit plutôt comme une compagne de vie). Depuis, un an, il essaie de lui montrer des choses artistiques, de lui faire lire George Sand (qu’elle trouve ennuyeuse et choquante), de l’aider à développer à sa pensée. Il faut cependant se rendre à l’évidence : en un an, il n’a pas réussi grand chose. De son côté Pauline veut rééduquer son mari pour qu’il devienne conventionnel (comme quoi il y en a qui ne savent pas les maris qu’elles ont).
On en est là du roman quand un invité arrive (l’invité s’invite lui-même pour dire vrai). Il s’agit de l’homme qui a voulu demander en mariage le premier Pauline mais qui ne l’a pas fait, qui arrive dépité et décidé à reconquérir Pauline. Vous me direz, c’est là où on verra si elle aime son mari comme son mari, comme un père ou comme un frère, c’est aussi là où on verra si c’est une enfant qui cède à la première passion venue. Rédigez comme cela je suppose que vous avez compris la suite (sinon, il faut lire le roman).
Il faut souligner que le livre contient une excellent préface du traducteur qui souligne le contexte du livre, la biographie de l’auteur, les sous-entendus culturels du livres. Cela aide particulièrement la lecture. Les deux points principaux que j’ai retenu sont :
- le roman présente une histoire semblable à celle du roman Jacques de George Sand. Là où notre Française présente une histoire fougueuse et passionnée (pour dire que la passion ne se termine jamais simplement), notre Russe présente un roman cérébral où la raison l’emporte sur la passion (j’en ai déduis qu’il fallait quand même que je lise le roman de George Sand).
- le roman est très original par sa forme (et c’est vrai que c’est particulièrement agréable à lire). C’est un roman épistolaire entrecoupé de chapitre (comme on a d’habitude). Par le biais des lettres, on a l’avis des trois personnages principaux sur les mêmes scènes et leurs commentaires sur les autres (d’autant plus intéressant pour Pauline et Sachs) et les chapitres permettent d’avancer dans la narration et permettent de souligner les moments de tension.
Et sinon, je pense qu’il faut lire ce roman. Pour ceux qui n’aime pas les livres russes, sachez que le traducteur précise dans sa préface que les personnages de Droujinine ont toujours l’air étranger (un peu allemand apparemment). J’espère que cela achève de vous convaincre.
Références
Pauline Sachs de Alexandre DROUJININE – traduit du russe et présenté par Michel Niqueux (merci à toi, monsieur)(j’espère que tu nous traduiras un autre livre) (Phébus, 2002)