Ce très petit livre (140 pages) est basé sur un fait divers de l’hiver 1933-1934. Deux braqueurs allemands, au lieu de fuir en Inde, s’arrêtent à Bâle après être tombé amoureux d’une vendeuse de disques. Au cours du livre, ils braqueront encore, en faisant encore des morts et semant le trouble dans la ville suisse.
Alex Capus ne nous raconte cette histoire ni du point de vue des braqueurs, ni du point de vue des vue des policiers, ni même de celui de la vendeuse de disques mais de celui d’un narrateur extérieur qui a la particularité d’avoir des grands-parents qui ont vécu cette période. Plus particulièrement, sa grand-mère était l’amie de la vendeuse de disque, qui l’avait invité le premier soir pour ne pas être seule avec les deux hommes. Or, la grand-mère était plus ou moins acquise au grand-père et donc l’expérience n’a pas été reconduite (en fait, ils ne se supportaient pas, étaient très maladroits ensemble mais tout le village les voyait ensemble). La vendeuse de disque se retrouve seul avec les deux hommes avec qui elle se lie d’amitié (elle est divorcée d’un mari qui la battait et vit seule avec une mère pas drôle du tout) tout en ne sachant pas qui ils sont, bien sûr. C’est cette histoire que raconte le livre.
Cela a été pour moi une très bonne lecture car l’histoire est entraînante mais surtout Alex Capus la raconte très bien. Il mêle les souvenirs qu’il a de ses grand-parents à un travail sur les archives de police, les journaux et les témoignages de l’époque. Il arrive à incarner ses personnages, à les rendre humain et à faire de l’humour dessus. La vendeuse hésite à dénoncer les braqueurs après avoir su qui ils étaient. En fait, ceux-ci, malgré le nombre de morts impressionnants qu’ils sèment, sont gentils et ont une bonne raison pour faire ce qu’ils font. Ils sont même lettrés et ont une grand conscience du danger qui monte dans leur pays. Alex Capus décrit aussi une époque : celle d’une société marquée par la première guerre, en pleine mutation mais encore emplie d’un grand sens des convenances.
Ce n’est pas inoubliable mais à mon avis, très appréciable.
Références
Un avant-goût de printemps de Alex CAPUS – traduit de l’allemand par Leïla Pellisier (Autrement, 2007)
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