Cecile's Blog

  • Première lecture dans le cadre du Mathilda’s contest. J’ai pris celui où j’étais à peu près sûre de bien tomber : Orgueil et préjugés de Jane Austen (par contre, je ne pense pas avoir quelque chose d’intéressant à vous raconter). Parce que oui depuis que je regarde les blogs de lecture (à peu près quatre ans), je ne vois que très très rarement des avis qui ne sont pas enthousiastes (voire hystériques mais là je ne citerai pas de nom).

    Quand j’ai commencé à voir le nom de Darcy, j’étais en même temps en train de regarder l’essai d’un monsieur qui s’appelait aussi Darcy et qui a écrit 750 pages sur les fontaines publiques de la ville de Dijon (si vous ne me croyez allez voir sur gallica) ; je me suis donc demandée très fortement pourquoi tout le monde s’enflammait pour les fontaines publiques de Dijon. Ça me paraissait plus que suspect surtout le fait qu’on parle d’adaptation télé où Darcy était trop beau… Je crois que ça vient du fait qu’il y a des gens qui ne racontaient pas l’histoire. Parce que oui mesdames il y a un monde où on ne connaît pas Fitzwilliam Darcy ! Je sais : ce ne devrait pas être possible.

    Donc voilà, l’histoire. Elizabeth Bennet, jeune femme de 21 ans, observatrice lucide de ce qui l’entoure, vit à Longbourn avec ses quatres soeurs : Jane (très très belle), Mary (qui a si peu de talents et de beauté naturelles qu’elle est obligée d’étudier, ce qui n’améliore rien), Kitty (qui n’a rien de particulier à part qu’elle suit Lydia) et Lydia (qui le symbole de la futilité), avec son père (qui est un véritable pro de la petite phrase toujours bien sentie) et sa mère (qui a un but dans la vie : le mariage, pas d’elle puisque c’est déjà fait, mais de ses filles et peu importe avec qui (pour tout dire ma voisine est pareille avec moi)). Sa petite vie s’écoule bien tranquillement entre les bals, les invitations qu’ils s’échangent avec 24 familles (dont la tante des cinq jeunes filles). Elizabeth a une super amie : Charlotte Lucas (fille d’un sir). Toutes ces filles cherchent à se marier avec un manque flagrant de bons partis (visiblement tous partis à la guerre). Jusqu’au jour où la grande maison d’à côté Netherfield Park est loué par Charles Bingley, jeune homme toujours agréable et poli et souriant avec 5000 livres de rente. Il vient accompagner de son meilleur ami : Fitzwilliam Darcy, jeune homme ne sachant pas se comporter dans une société qui lui est inconnue mais surtout possédant un beau domaine dans le Derbyshire : Pemberley, de sa soeur Mademoiselle Bingley (folle amoureuse de Darcy soit dit en passant) et de soeur Mrs Hurst (avec son mari). Bingley tombe fou amoureux de Jane (mais ses soeurs s’opposent à de telle relation avec une petite rien du tout). Darcy et Elizabeth se cherchent. Tout le livre porte sur comment Jane et Bingley vont se retrouver et comment Darcy et Elizabeth vont tomber amoureux après avoir vaincu leur orgueil et préjugés (je sais c’est facile).

    Ce n’est pas un harlequin. Ce qui est vraiment passionnant dans ce livre c’est la kyrielle de personnages que l’on observe des yeux d’une narratrice extérieure aux regards acérés (tout en suivant de près Elizabeth). Même si l’histoire d’amour entre Darcy et Elizabeth est vraiment très belle (je ne demande pas à Darcy de venir chez moi parce qu’il a déjà fort à faire avec toutes les lectrices du roman de Jane Austen même si à mon avis il devrait privilégier les célibataires). Pour tout vous dire à cause de Mathilda et de son challenge, je suis tombée dans une sorte de névrose. J’ai lu deux fois le roman en moins d’une semaine (alors que je ne relis jamais), j’ai lu deux livres en anglais (Mr. Darcy’s Diary de Amanda Grange que je vous conseille même si votre niveau d’anglais est moyen et Mr. Darcy’s Diary de Maya Slater qui est plus compliqué au niveau de l’anglais et qui fait passer Darcy pour un homme qui fréquente les prostituées donc je ne vous le conseille pas), ai visionné 10 fois la version de la BBC de 1995, 15 fois le film de Joe Wright (tout ça en deux semaines). J’ai lu depuis deux autres romans de Jane Austen : Persuasion (dont j’ai été obligé de visionner l’adaptation de la BBC même si elle est tout en anglais et que mon niveau d’anglais est assez minable, j’attends l’autre version plus récente qui va sortir en français fin octobre) et Raisons et Sentiments (j’ai vu le film avec Hugh Grant et j’ai l’adaptation de la BBC 1981). J’ai réussi à ne pas tout lire d’un coup en me disant que j’allais en garder pour les lectures communes.

    Ma conclusion est que mon niveau d’anglais remercie Mathilda (peut être que mon porte monnaie la remercie un peu moins), que Jane Austen est un très très grand auteur, que Orgueil et Préjugés est un très très grand roman que l’on peut relire indéfiniement en y trouvant toujours quelque chose de nouveau et auquel tout le monde peut y voir ce qu’il veut. La preuve : la jaquette du DVD de Joe Wright

    Dans un petit village anglais de la fin du XVIIIème, une jeune fille se prend d’amour pour son voisin alors que sa mère veut la marier dans le beau monde.

    J’avoue je n’ai toujours pas compris. Pour celles (et ceux) qui ont été jusqu’au bout de ce long billet pourriez vous m’expliquer. SVP ?!

    Le billet d’une fille qui n’est pas névrosée.

  • Quatrième de couverture

    Dans les rues d’une capitale latino-américaine, Eduardo Sosa, un jeune homme désoeuvré, décide de suivre l’intrigant Jacinto Bustillo, qui vit dans une voiture stationnée au pied d’un immeuble. Quelques heures et autant de gorgées d’alcool plus tard, l’étudiant chômeur tue le clochard pour se glisser à la fois dans la Chevrolet – jaune criard – et dans la personnalité de Jacinto, ou du moins celle qu’il imagine. Là, c’est la divine surprise : Loli, Beti, Valentina et Carmela, de somptueuses créatures toutes d’écailles vêtues, l’adoptent. Ensemble, ils s’en vont pied au plancher régler quelques problèmes conjugaux du trépassé. Et tant pis si leur virée contraint à la fuite le gouvernement et met la moitié de la ville à feu et à sang.

    Mon avis

    À vous qui pensez que le seul pouvoir des vipères est de vous faire fuir à toutes jambes, ce livre vous prouvera le contraire. Des vipères peuvent vous débarrasser de proches embarrassants, vous débarrasser d’un gouvernement corrompu qui vous encombrent mais aussi faire exploser une station essence (bien sûr éviter de perdre votre véhicule dans cette explosion). C’est en tout cas ce que Eduardo Sosa arrive à faire avec ses quatre « filles » en moins de trois jours (pour tout vous dire, il arrive même a faire l’amour avec : cette scène m’a laissé perplexe). C’est donc un livre surprenant dans ce qu’il explore le fantastique et le burlesque.

    Il est construit en quatre parties, la première faisant parler Eduardo, la deuxième le commissaire chargé de l’enquête, la troisième une journaliste et la quatrième on retrouve Eduardo. L’écriture donne un sentiment d’urgence et de chaos comme dans La mort d’Olga Maria. On passe un excellent moment de lecture.

    En conclusion, le seul problème avec ce livre c’est qu’il ne dit pas comment dresser les vipères !

    P.S. Ne me demandez pas comment mais il y a trois nouveaux livres d’Horacio Castellanos Moya sont arrivés dans ma PAL !

    D’autres avis

    Ceux de Lou, de Aïn, de

    Références

    Le bal des vipères de Horacio CASTELLANOS MOYA – traduit de l’espagnol par Robert Amutio (Les allusifs, 2007)

  • Quatrième de couverture

    Dans son carnet secret, la comtesse Livia se souvient. De sa rencontre à Venise, alors qu’elle était en voyage de noces, avec Remigio, et de la passion que lui inspira ce beau lieutenant. Froidement, elle raconte aussi comment, par jalousie et par souci de vengeance, elle mena à sa perte son amant après lui avoir donné argent et bijoux.

    Concis et cruel dans sa manière de camper ses personnages (sur une vision romantique de l’amour, le cynisme de la comtesse en dit long), précis dans son évocation du contexte historique (la guerre entre l’Italie et l’Autriche), Camillo Boito tire de cette trame mélodramatique un joyau romanesque.

    Visconti ne s’y est pas trompé, qui prêta de manière inoubliable les traits d’Alida Valli et de Farley Granger à la comtesse et à son lieutenant dans son Senso de 1954.

    Quelques informations supplémentaires pour situer l’auteur

    Camillo Boito est un écrivain et architecte italien, né le 30 octobre 1836 à Rome et mort le 28 juin 1914 à Milan. Il est le fils du peintre vénitien Silvestro Boito et de la comtesse polonaise Giuseppina Rodolinska. Il est aussi le frère d’Arrigo Boito (1842-1918). Son père a une vie de bohême et déserte donc régulièrement le foyer familial. Alors quand Camillo, après des études en Italie, en Allemagne et en Pologne, obtient en 1855 la chaire d’esthétique et d’histoire de l’architecture de l’Académie des Beaux-Arts de Venise, l’argent qu’il gagne sert à soutenir sa mère et son frère. En 1856, il est démis de ses fonctions « du fait de son hostilité au gouvernement autrichien ». Il revient un peu plus tard à Venise où il restaure la basilique Santa Maria e San Donato de murano. En 1859, il quitte définitivement la chaire de Venise, toujours sous la pression de la police autrichienne. Il trouvera un nouveau poste à l’Académie des Beaux-Arts de Brera à Milan, poste qu’il occupera près d’un demi siècle (jusqu’en 1908). En 1889, il restaure le dôme de Milan. Au niveau de sa vie personnelle, il se mariera deux fois : en 1862, avec sa cousine Cecilia de Guillaume (mariage malheureux ; ils se séparent après la mort de leur fils unique), en 1887, avec la marquise Madonnina Malaspina.

    Ses écrits se divisent en deux parties : la partie sur l’architecture et les nouvelles. Pour la partie archtecture, un ouvrage a été traduit en français aux Éditions de l’Imprimerie : Conserver ou restaurer : les dilemmes du patrimoine. Dans cet essai, Boito fait parler deux personnages fictifs, un adoptant les opinions de Viollet-le-Duc et l’autre celles de John Ruskin. Ces opinions sur la conservation du patrimoine ont inspiré les lois italiennes sur la conservation du patrimoine en 1902 et 1909 mais aussi la charte d’Athènes en 1931. Pour ce qui est des nouvelles, les deux plus connues sont Senso et Un corps (qui a été adapté en opéra et qui a paru en 1995 chez Alfil). Elles font partie de deux recueils : Histoires vaines (le volume des éditions Ombres ne comprend pas toutes les histoires) et Nouvelles histoires vaines. Les anglophones traduisent Histoires vaines par Tales of Vanities. J’étais surprise parce que pour moi vaines n’avait aucun rapport avec vanité.

    Boito fait parti du courant littéraire des « scapigliati » (littéralement les échevelés). Dans Histoire de la littérature italienne, N. Jonard les décrit comme des « anarchistes bourgeois en révolte ouverte contre la société », n’ayant « rien à proposer pour remplacer ce qu’ils veulent détruire ». « Ils refusent l’ordre social et ses contraintes, bafouent la morale et le christianisme à la Manzoni, raillent le patriotisme de leurs aînés ». Pour ce qui est des influences, ils se réclament de Baudelaire, Poe, Hoffmann et Proudhon. S’inscrit dans ce courant, pour ce qui est de la musique, Puccini et, pour la littérature, des auteurs tels que Arrigo Boito, Emilio Praga (1839-1875), Carlo Dossi (1849-1910) et Iginio Ugo Tarchetti (1841-1869).

    Mon avis

    Pour ceux qui se rappellent, je vous ai déjà parlé de Tarchetti pour son livre Fosca. Là encore, dans cette très courte nouvelle de 60 pages, l’image de la femme n’est pas très brillante. Livia, 22 ans, vient de se marier avec un homme de 62 ans qu’elle a voulu avoir pour perdre sa « qualité de demoiselle ». En juillet 1865, elle est en lune de miel à Venise. D’après elle, elle est au sommet de sa beauté :

    « Ma beauté était dans tout son éclat. Un éclair de désir brillait dans les yeux des hommes lorsqu’ils me regardaient ; je sentais sur moi la flamme des regards dérobés même sans les voir. Jusqu’aux femmes qui me dévisageaient, puis de la tête aux pieds me détaillaient avec admiration. Je souriais comme une reine, comme une déesse. Je devenais, dans le contentement de ma vanité, bonne, indulgente, familière, insouciante, spirituelle : la grandeur de mon triomphe me faisait presque paraître modeste. » (p. 12)

    Pendant une bonne partie de la nouvelle, la dame se flatte. Cela devient de pire en pire car elle croit acquis l’amour du beau lieutenant Remigio. Jusqu’au jour où elle s’aperçoit qu’il en a une et même plusieurs autres et que c’est elle qui entretient tout cela avec l’argent qu’elle lui donne. À partir de là son ressentiment sera implacable.

    « Je compris alors que le lieutenant Remigio était toute ma vie. Mon sang se glaça, et je tombais presque sans connaissance sur le lit dans la chambre sombre. S’il n’était apparu à ce moment-là, dans l’encadrement de la porte, mon coeur dans un paroxysme de soupçons et de rage aurait éclaté. J’étais jalouse à en devenir folle. J’aurais même pu devenir jalouse à en tuer. » (p.22)

    Livia est une femme odieuse à mon avis : elle est vaniteuse, jalouse, vindicative même si on peut aimer son côté « extrême » dans la passion. Au delà du jugement moral sur la dame (le monsieur n’est pas non plus en reste d’ailleurs), ce texte est très bon. Le style est froid, sans sentiment. La comtesse nous exprime ses opinions sans en rougir, ni même regretter ce qu’elle a fait seize ans plus tôt (car il s’agit d’un journal qu’elle écrit a posteriori). On voit même qu’elle n’a rien appris, qu’elle est toujours la même. C’est pour ça que je vous ai fait tout un speech sur l’auteur. Ici, il nous dévoile son désenchantement par rapport au genre humain. Seul peut être les plus pauvres trouvent quelques graces aux yeux de l’auteur.

    Sinon, j’ai toujours l’air de débarquer de ma planète mais est-ce que quelqu’un a vu le film de Visconti ? C’est bien ? On a le même sentiment qu’à la lecture ?

    Références et sources

    Senso – carnet secret de la comtesse Livia de Camillo BOITO – traduit de l’italien par Jacques Parsi (Babel, 2008 – première édition en 1994)

    Histoire de la littérature italienne de Norbert JONARD (Ellipses – collection Littérature des cinq continents, 2002)

    Biographie dans Histoires vaines de Camillo BOITO (Éditions Ombres, 1999) : je vous en parle dès que je l’ai lu !

    Biographie et bibliographie sur le site des éditions Sillage

    et bien sûr l’article de Wikipédia en français et en anglais !

     

  • Quatrième de couverture

    Sous le règne d’Elizabeth Ire, Amy Robsart, une jeune fille à la grande beauté et à l’intégrité sans faille, épouse secrètement Robert Dudley, comte de Leicester. Mais Dudley, favori de la reine craint de voir ce mariage réduire à néant ses belles aspirations d’élévation sociale. Déchiré entre l’amour – sincère – qu’il porte à Amy, et son goût immodéré pour les fastes de la cour, il ne mesure pas encore les forces que son mensonge vient de mettre en mouvement.

    Dans cette oeuvre au romantisme échevelé, jamais rééditée en France depuis la fin du XIXe siècle, passion, ambition, manoeuvres politiques et traîtrises gouvernent une cour élisabéthaine décadente et pourtant captivante.

    Mon avis

    Autant vous le dire tout de suite, j’ai apprécié ce roman. Autant Le château périlleux m’avait paru quelque peu ennuyeux par rapport au Coeur du Mid-Lothian, autant celui-ci, malgré une unique intrigue, m’a semblé plein de vie. À mon avis, c’est dû au fait qu’on est toujours entre deux lieux : entre le lieu de rétention de la jeune Amy Robsart et à la cour d’Elizabeth Ire (que je découvre avec ce roman et qui m’a fasciné). Les scènes qui m’ont le plus plu sont celles où apparaît la fille d’Henri VIII.

    Typiquement, ce n’est pas un roman historique. Il ne s’inspire pas de faits historiques mais d’une annecdote véridicte : la mort d’Amy Robsart. Par contre, Walter Scott, d’après Henry Suhamy, a mélangé deux faits non contemporrains. En 1549, Robert Dudley épouse à l’âge de 17 ans Amy Robsart, jeune fille de petite noblesse. On la retrouve mort de manière douteuse le 8 septembre 1560. On soupçonne Robert Dudley d’avoir commandité l’accident car Amy pouvait empêcher un mariage prometteur entre lui, le premier courtisan et la Reine (il faut savoir que par la suite la Reine lui gardera toute son affection mais ne se mariera jamais avec lui : elle aura trop peur de mourir… et lui contractera deux mariages quasi-secret). D’après ce que j’ai cru comprendre, Amy, au contraire a été cachée mais pas enfermée comme dans le roman. En 1564, Robert Dudley sera nommé comte de Leicester mais c’est seulement en 1575 qu’il reçoit la cour en son château de Kenilworth.

    Et là je m’aperçois qu’encore une fois je n’ai pas été très clair. Dans le roman, deux courtisans s’affrontent pour les faveurs de la reine, Sussex et Leicester. Amy était fille d’un partisan de Sussex. Alors quand Varney, le premier écuyer et grand confident (et grand manipulateur) de Leicester, enlève Amy Robsart à son père (tout le monde pense que Varney est celui qui va déshonoré Amy), celui-ci envoie quelqu’un se plaindre auprès de Sussex en espérant qu’il aura intérêt à l’affaire. Il pourrait mettre en disgrâce Leicester auprès de la reine. Quand l’affaire vient aux oreilles d’Elizabeth, vous imaginez assez la gêne de Leicester… Au final, Dudley et Varney arrive à lui mentir en disant que Amy,enfermée pendant près de la moitié du romam, est la femme de Varney (c’est assez dangereux en sachant qu’elle avait les mêmes tendances décapiteuses que son père). Or, il est prévu que Dudley organise dans son château de Kenilworth des festivités pour distraire la reine ; elle demande que lors de celle-ci Amy lui soit présentée (en sachant qu’Amy veut être reconnue en tant que comtesse et que donc elle n’acceptera pas la supercherie). Varney se propose alors de rendre indisponible Amy mais celle-ci réussit à s’échapper de sa « prison » et à arriver jusqu’à Kenilworth ! Au vu du résumé, j’avais pensé qu’Amy mourrait au début du roman et qu’ensuite on voyait les suites de sa mort pour Dudley. C’était mal connaître Walter Scott. C’est un auteur qui ne pouvait pas ne pas nous dévoiler toute la suite logique des événements. En fait, elle meurt à la page 500 !

    Comme dans les deux précédents livres que j’ai lu, Walter Scott nous dépeint tout une série de personnages, parfois il faut le dire assez caricaturaux mais le destin d’aucun ne nous est caché. L’auteur décrit toutes les couches de la société : paysans, marchands, aubergistes, amuseurs, petite bourgeoisie, truands, courtisans, serviteurs et même reine. Vous êtes donc immergé dans ce monde (le roman débute dans une auberge bien évidemment). Je n’ai pas rencontré comme dans le Château périlleux de moments où j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire ou qui m’ont semblé inutiles pour la suite. Il faut cependant dire que l’écriture de Walter Scott n’est pas forcément évidente au premier abord mais à mon avis cela vaut la peine de persévérer.

    Maintenant, il me reste à dire que le personnage d’Amy Robsart est aussi le sujet d’une pièce de Victor Hugo que je n’ai pas lu (mais je compte bien me rattraper !). Je serai ravie d’avoir votre avis si vous l’avez lu !

    Comme je l’ai déjà dit je suis assez bon publique. Pour contrebalancer mon avis plutôt positif, je vous laisse avec l’avis d’Henry Suhamy : « Malgré sa popularité relative, il est permis de considérer Kenilworth comme faisant partie des oeuvres les moins attrayantes de Scott, et que l’influence qu’elle a eue sur la création romanesque et théâtrale au XIXe siècle n’a pas été entièrement positive. L’auteur s’est appuyé sur une annecdote célèbre, et l’a déformée de façon à la rendre fertile en rebondissements. Le résultat est qu’il a transformé en mélodrame la situation simplement dramatique que l’histoire lui fournissait, prouvant a contrario que la réalité a souvent plus de talent que la fiction« . Suhamy va même jusqu’à dire ce roman « irritant et inventif » provoque une « impression de malaise« .

    Un autre avis

    Celui de Camille. Suivez son conseil et visionnez le film Elisabeth Ire. Je peux vous dire que Sir Walter Raleigh (que l’on retrouve dans le roman) est absolument craquant !

    Références

    Kenilworth de Walter SCOTT – traduit de l’anglais par Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret (Phébus, 2009)

    Sir Walter Scott de Henry SUHAMY (Éditions de Fallois, 1993)

  • LaVilleDePierreGuoXiaolu
    Quatrième de couverture

    Jiang Corail Rouge a vingt-huit ans et vit à Pékin avec Zhuzi, comme deux bernard-l’ermite dans une coquille qui n’est pas la leur. Un jour, un colis reçu par la poste – une énorme anguille séchée – la ramène longtemps en arrière, à l’époque où elle s’appelait Petit Chien et habitait Shitouzhen, la ville de pierre. Dans ce petit port de pêche battu par les typhons au sud de la Chine, la mer était redoutable et, tous les soirs, les femmes guettaient sur la plage le retour de leurs maris, ces « mendiants de la mer ». Mais si la petite fille de sept ans n’a jamais oublié la ville de pierre, c’est qu’elle y a enfoui en partant un terrible secret et que, dit-elle, rien ne peut se comparer à l’amour et la haine que j’ai éprouvé là-bas.
    Cette très belle histoire nous parle de la Chine d’hier et d’aujourd’hui, des blessures fondatrices de l’enfance et de la foi en l’avenir. Sa voix se coule à notre oreille, tout près, avec une grâce et une justesse de ton que le traducteur, Claude Payen, a merveilleusement rendues.

    Mon avis

    Je pense qu’il y a deux choses que je retiendrai principalement de ce livre : le contraste ville / campagne et la tristesse de la petite fille.
    Chien rouge habite avec son ami au rez-de-chaussée d’un immeuble de 24 étages. Ils ont le soleil (et encore pas dans tout l’appartement) 45 minutes le matin, 45 minutes le soir. Ils sentent tout le poids de l’immeuble et de ses habitants sur eux (tout ce qui va dans le sol passe chez eux ce qui peut donner de sacrés désagréments). En résumé, ils subissent leurs vies plus qu’ils ne la vivent. La narratrice dans ce cadre citadin se rappelle son enfance où là aussi les habitants subissent leurs vies. Mais ce qu’ils subissent leur est imposé par la nature et non par d’autres hommes. Ce sont les typhons, les naufrages des bateaux … L’alternance des moments citadins et des moments « campagnards » (moments de son enfance mais aussi moments récents puisque la narratrice retourne dans son village) nous font très bien voir le contraste qui existe dans la Chine moderne
    La tristesse de la petite fille est due à sa situation singulière. Sa mère est morte en accouchant sur un bateau. Son père est parti juste après. Elle est élevée par ses grands-parents paternels. Sauf que la grand-mère et le grand-père ne se parlent pas depuis le début de leurs fiançailles parce que la grand-mère était étrangère au village et n’a pas su respecter les traditions. Finalement la petite fille est toute seule et ne peut parler à personne et cette solitude rend une grosse partie du livre assez triste. Par contre, comme j’ai l’impression que c’est souvent le cas dans la littérature chinoise, il y a une sérénité qui se dégage de ce livre malgré ce qu’il nous raconte.
    En conclusion, une belle lecture !

    D’autres avis

    Une biographie de l’auteur chez Florinette
    D’autres avis sur ce livre chez Laetitia, Harmony
    D’autres livres du même auteur chez Juliann, Karine:), Clarabel
    La page de l’auteur

    Références

    La ville de pierre de GUO Xiaolu – roman traduit du chinois par Claude Payen (Picquier poche, 2006)

  • Moi aussi j’ai une PAL et même que des fois je prends des livres dedans. Plus exactement, celui-ci n’arrêtait pas de tomber de cette fameuse PAL. Au bout d’un moment je me suis dit qu’il fallait que je le lise pour ne pas l’abimer (pour info c’est un livre que j’ai acheté en septembre dernier au festival America de Vincennes). Je pensais que c’était un livre sur Noël parce que la couverture était rouge et blanche : allez savoir pourquoi ! Visiblement, c’est plus un moletonnage de cercueil avec des roses rouges. Pourtant, la quatrième de couverture dit bien ce que c’est.

    Quatrième de couverture

    Au début des années 90 à San Salvador, Olga María Trabanino est froidement assassinée d’une balle dans la tête. Qui peut donc avoir voulu la mort de cette jeune femme apparemment sans histoires ? Au fil de l’enquête, sa meilleure amie, Laura, découvre incrédule tout ce qu’elle lui avait caché : son passé, ses fréquentations, ses vices… Le portrait qui se dessine alors est celui de la bourgeoisie tout entière, qui abrite ses turpitudes et sa corruption sous le masque impavide de la respectabilité. Avec cette intrigue menée d’une plume haletante, l’auteur du Dégoût poursuit sa radiographie au vitriol de la société salvadorienne, gangrenée par les luttes politiques et le trafic de drogue.

    Mon avis

    Ce livre m’a beaucoup plu. Il est constitué de neuf chapitres qui sont autant de dialogues de la fameuse Laura (la meilleure amie de la morte) avec une autre amie. Dialogues c’est beaucoup dire : ce sont plutôt des monologues. Elle n’arrête pas de parler, de parler. C’est comme si vous aviez une copine en face des yeux qui ne vous en laisse pas placer une. C’est écrit sur ce ton pressé que la copine peut employer à ce moment là. Il y a même les digressions sur d’autres sujets. C’est très réaliste. C’est une manière de raconter très originale que je n’avais jamais rencontrer. Quant au sujet, il nous fait découvrir le Salvador (pays qui malheureusement en ce moment est dans l’actualité par l’assassinat du photographe Christian Poveda) par tout ce qui gangrenne sa société.

    En conclusion, j’ai une super PAL parce qu’il y avait un autre livre du même auteur : Le bal des vipères. Je vais donc pouvoir continuer à découvrir cet auteur (sans aller à la librairie) !

    D’autres avis

    Un portrait de l’auteur chez La Lettrine.

    Des avis sur tous les livres chez Wodka 1,2 et 3.

    Références

    La mort d’Olga María de Horacio CASTELLANOS MOYA – traduit de l’espagnol par André Gabastou (10/18 – Domaine étranger, 2006)

  • Quatrième de couverture

    Les faits historiques évoqués dans ce récit se sont déroulés en Carnie entre l’été 1944 et le printemps 1945. La Carnie, au nord du Frioul, était occupé par les Allemands et l’armée de cosaques composée de tous ceux qui s’étaient résolus à collaborer avec le IIIe Reich après avoir fui la Russie stalinienne. Les nazis, en échange, leur avaient promis une patrie.

    Parmi les officiers à la tête de cette armée cosaque domine la figure de Krasnov, personnage légendaire dont la mort resta longtemps enveloppée d’un épais mystère et de diverses légendes.

    L’enquête sur Krasnov cherche à reconstituer, au travers des mythes, la réalité historique de ces cosaques, à la poursuite du rêve impossible d’une nouvelle partie, qui périrent presque tous, trahis et abandonnés par les vainqueurs.

    Mon avis

    Une fois, j’ai entendu qu’on disait de Claudio Magris qu’il pourrait être un futur lauréat du prix Nobel de littérature. Il ne m’a pas fallu bien longtemps pour décider qu’il fallait que je le lise. Il s’est écoulé trois ans pour que je passe à l’action (le dossier de Lire sur la littérature italienne a été le déclencheur) et trois mois pour qu’il sorte de ma Pile à Lire.

    Il a fallu que je choisisse un titre. Ça a été celui-là car le sujet m’étais inconnu mais m’intéressais beaucoup.

    Ce livre m’a d’abord surprise. C’est un genre hybride : on s’attend à une sorte de biographie mais en réalité c’est une longue lettre d’un vieux curé à un autre plus jeune lui racontant les événements. Au lieu d’une biographie, on obtient un essai décrivant un peu les faits. Une fois que l’on sait ça, on n’a plus à s’étonner d’un style qui nous tiens à distance des évènements et on ne peut qu’être impressionnée par l’intelligence des opinions données (bien sûr c’est toujours argumenté d’une manière convaincante).

    Cependant, c’est justement le fait de décrire si peu ce qui c’était passé qui a fait que par moment je me suis retrouvée un peu perdue (et que du coup je me suis un peu ennuyée).

    En conclusion, un avis mitigé. J’aurais aimé que l’auteur nous détaille un peu plus ce qu’il vait à nous dire. J’aimerais cependant continué à lire cet auteur. Connaissez-vous un titre qui pourrait me permettre de mieux comprendre le travail de Caudio Magris ?

    Références

    Enquête sur un sabre de Claudio MAGRIS – traduit de l’italien par Marie-Anne Toledano (Desjonquères – Les chemins de l’Italie, 1987)

     

  • J’ai bien sûr volé cette idée de lecture chez quelqu’un. Cette fois-ci c’est chez Lilly, que je remercie chaleureusement pour cette découverte. J’étais chez Gibert moi aussi mais il ne m’est pas tombé dans les mains, je l’ai pris tout simplement parce qu’il était à moitié prix et que donc d’après Karine:) ça ne compte pas ! Le moins que l’on puisse dire est que ce petit livre (150 pages) est surprenant !

    Au début cela ressemble un peu à une rencontre amoureuse sur Internet sauf qu’aucun des deux protagonistes n’est celui qui envoie les messages. Il y a le thésard américain, Todd Dunkey, dont le sujet porte sur le féminisme chez Pouchkine. Il vit dans le garage, qui n’a pas l’air très aménagé. d’une maison où tous ces « amis » vivent (il y a pas de quoi se sentir exclu ?). Il ne revient jamais avec une fille donc ses copains s’inquiète et lui propose d’écrire une petite annonce sur le net.

    Répond une certaine Diana Morgalkina, guide dans le musée Pouchkine de Saint-Pétersbourg. Enfin, c’est plutôt sa collègue Tamara qui répond parce que Diana est un peu timide mais surtout elle n’a qu’un seul amour : Pouchkine et cet amour tourne un peu à l’obsession voire à la maladie mentale.

    En tant que thésard sur un sujet tel que Pouchkine, Todd se doit de se rendre en Russie au musée pour approfondir sa connaissance de l’auteur à travers celle du guide. C’est là que tout dérape.

    En 150 pages, j’ai trouvé que beaucoup était dit. Au début, on se dit que ce n’est pas si désaxé que ça en a l’air, puis on se dit : c’est vrai, ce n’est pas vrai ?, est-ce que l’auteur va aller plus loin dans le burlesque (mais pas dans le ridicule) puis à la fin on se dit que le livre ne peut pas se terminer comme ça et on tourne la page pour voir si il n’y a pas une suite. Finalement, on sourit tout au long de la lecture et ça fait du bien.

    Je vais sûrement lire de lui : Des anges sur la pointe d’une aiguille retenu en 2005 par l’université de Varsovie comme l’un des dix meilleurs romans du XXième siècle. Rien que ça !

    Références

    La seconde femme de Pouchkine de Iouri DROUJNIKOV – traduit du russe par Lucile Nivat (Fayard, 2009)

  • Ce blog a décidé de s’associer à un projet ambitieux : chroniquer l’ensemble des romans de la rentrée littéraire ! Vous retrouverez donc aussi cette chronique sur le site Chroniques de la rentrée littéraire qui regroupe l’ensemble des chroniques réalisées dans le cadre de l’opération. Pour en savoir plus c’est ici.

    Mathilda Savitch, la narratrice, a perdu sa soeur ainée il y a un an. Hélène avait seize ans et a été écrasée par un train. Tout le roman tourne autour de ce deuil impossible. Les parents de Mathilda, tous les deux universitaires qui prenaient le train pour aller au travail, ne veulent pas en parler. La mère s’isole dans l’alcoolisme. À part dire à Mathilda « ne sort pas », elle ne communique plus avec sa seconde fille qui est complètement paumée. Le père essaye de vivre comme il peut. Tout ça pour dire que Mathilda est toute seule face à une mort qu’elle ne comprend pas : qui a pu pousser sa soeur sous le train ? Si le roman n’était que ça, je vous dirais c’est plutôt pas mal mais j’ai déjà lu des livres plutôt pas mal sur le même sujet, par exemple Mon frère et son frère de Hakan Lindquist. Mais ici Victor Lodato arrive à faire quelque chose d’assez exceptionnel : nous faire ressentir les peurs et les craintes d’une jeune adolescente américaine. Quand je regarde les séries, on parle des troubles des adolescents suite aux attentats terroristes mais je me suis toujours demandée si il n’en faisait pas un peu beaucoup. Mathilda était toute petite le 11 septembre. Elle ne se rappelle plus de grand chose. Sauf que tous les matins il y a la minute de silence à l’heure des attentats, qu’elle voit au journal télé les attentats dans le reste du monde, qu’elle et ses amis cherchent des images sur Internet et qu’au final l’image du terroriste reste dans sa tête. La mort d’Hélène fait rentrer dans sa vie les agressions du monde extérieur qui sont déjà exacerbées chez elle. En plus, elle est à l’adolescence où les relations amicales et amoureuses ne sont pas bien définies. L’écriture de Victor Lodato nous fait rentrer dans cette existence bien perturbée en faisant dire à Mathilda tout ce qu’elle pense dans une langue vive, violente mais intime (je sais c’est contradictoire). On peut lire ce livre comme un roman d’apprentissage. Au début, elle n’est qu’une petite fille ; à la fin, c’est une jeune femme qui a compris un peu plus Hélène.

    Un extrait sur le pouvoir des mots : « J’écris à n’en plus finir, des choses qui sont arrivées, qui ont été dites. Ce ne sont plus que des mots à présent, ils ne peuvent faire de mal à personne. En tout cas, pas mortellement mal. J’ai entendu dire que les mots peuvent tuer, mais ce n’est pas vrai. Vous ne pouvez pas tuer quelque chose qui est déjà mort. Tel que le passé. Vous ne pouvez pas faire que quelque chose qui s’est passé n’arrive pas. Vous devez seulement vivre avec, que ce soit un chose que vous avez  faite ou que quelqu’un d’autre vous a faite. » (p. 251)

    En conclusion, un livre qui me restera longtemps en mémoire.

    J’en profite pour remercier Guillaume Tesseire de Babelio et Abeline Majorel de Chroniques de la rentrée littéraire de m’avoir permis de lire ce livre en avant première.

    Références

    Mathilda Savitch de Victor LODATO – traduction de l’anglais (États-Unis) par Franchita Gonzalez Battle (Liana Levi, 2009)

    La page des éditions Liana Levi sur le livre : vous pourrez y trouver la présente par l’éditrice et la lecture des toutes premières pages.

  • Quatrième de couverture

    On a pu dire de Mrs. Riddell qu’elle était « a born story-teller ». À juste titre : elle possédait une technique narrative très personnelle qui l’apparenterait un peu à Alexandre Dumas, capable d’improviser un drame romantique en une soirée.

    Charlotte Elizabeth Lawson Cowan est née le 30 septembre 1832, à Carrickfergus, près de Belfast. Après une enfance très heureuse, elle épouse Joseph Hadley Riddell dont elle adoptera les initiales et le nom pour son pseudonyme le plus fréquent ; elle assurera jusqu’à la mort de son mari la charge financière (Mr. Riddell est régulièrement ruiné à la bourse) et intellectuelle du ménage.

    Après quelques essais infructueux auprès des éditeurs, dans les années soixante, Mrs. Riddell passe pour une auteure avec qui il faut compter. En 1864, elle publie son roman le plus marquant : George Geith of Fen Court, un des très grands succès de librairie des années 60-70 ; en 1866, elle ose reconnaître son sexe. À partir de cette année, elle signera tous ses romans Mrs. J(oseph) H(adley) Riddell.

    En 1867, elle devient (en partie) propriétaire et rédactrice en chef du Home Magazine et, surtout, du St. James’s Magazine, une revue littéraire parmi les plus prestigieuses de l’époque.

    C’est en 1873 que Mrs. Riddell se hasarde à un premier roman fantastique : Fairy Water. Le fantôme d’une femme hante Craw Hall et influence tous les habitants, dont la santé décline jusqu’à la mort. Dans un contexte très propice au genre (la plupart des auteurs victoriens de l’époque se sont frottés au fantastique), Riddell récidive avec son chef-d’oeuvre La maison inhabitée, mais elle s’éloigne des sentiers battus. Par la nature protéiforme des apparitions de son fantôme d’abord et par l’habile métonymie qui sous- tend le roman ensuite : c’est toute la maison inhabitée, bien plus que le mort lui-même, qui hante l’esprit du narrateur.

    En outre, ses descriptions précises de la vie des protagonistes, les portraits psychologiques font de La Maison inhabitée un roman réaliste dont l’aspect fantastique est surtout un moyen de conserver au récit toute sa tension jusqu’à la conclusion.

    Mon avis

    Une quatrième de couverture, rédigée par le traducteur, comme l’est la postface très intéressante, vous apprend beaucoup sur l’auteur, ses autres oeuvres (même si elle n’insiste pas beaucoup sur la partie ne traitant pas des fantômes à mon avis) mais pas sur celle que l’on a dans les mains ! À moi de combler cette lacune sans trop vous en raconter.

    Le narrateur est un jeune homme employé dans le cabinet d’un sollicitor, Mr Craven. Dans ce cabinet, il y a une cliente très particulière mais très réjouissante (dans le sens qu’elle est source facile de moquerie) Miss Blake. Celle-ci a chargé Mr Craven de louer la maison que sa nièce a hérité après le suicide de son père. Le problème est que tous les locataires fuient cette maison. Il y a un fantôme qui perturbent leur nuit. À force ça revient cher à Mr Craven (lui ne croit pas aux apparitions) qui avance de sa poche de l’argent à Miss Blake (lui le fait parce qu’il était secrètement amoureux de sa soeur). Le jour où il découvre que Miss Blake connaissait le problème avec la maison, il lui propose de vivre seule dans celle-ci pendant six mois pour prouver aux futurs locataires qu’il n’y a aucun problème. Celle-ci refuse et propose que ce soit plutôt l’assistant de Mr. Craven qui y aille (il sera payé ; ça tombe bien car il est amoureux de la nièce de Miss Blake). Commence alors une enquête pour découvrir si il y a oui ou non fantôme, et si oui ce qu’il veut.

    J’ai apprécié ce texte, assez court car de moins de 200 pages, mais je n’en ferai pas un chef-d’oeuvre comme le dit la quatrième de couverture. Il est plaisant de suivre les aventures du jeune narrateur mais je trouve qu’on ne peut pas juger facilement l’innovation de ce texte (on voit beaucoup trop de fantômes). Si il n’y avait pas la postface, je vous aurais dit que c’est un livre avec une histoire de fantôme mêlant une enquête policière mais que finalement on pouvait lire cela ailleurs. Ce qui en fait cependant un texte où on ne s’ennuie pas c’est l’humour so english du narrateur : on sourit de bout en bout quand on ne frissonne pas du vent qui frappe la maison déserte.

    En conclusion, un texte qui ne me marquera pas par son originalité mais qui est cependant plaisant à lire, l’ambiance étant très anglaise. Seul un autre livre est disponible en français mais aussi de genre fantastique : Une terrible vengeance. Cela ne permet pas de voir les autre facettes de l’oeuvre de cette femme qui vu sa biographie avait l’air d’être un sacré personnage !

    Références

    La maison inhabitée de Mrs. J.H. Riddell – traduction de Jacques Finné (José Corti – Domaine Romantique, 2003)