Cecile's Blog

  • Je continue d’explorer le livre « 1001 livres qu’il faut avoir lu dans sa vie ». J’ai choisi Le sous-lieutenant Gustel de Arthur Schnitzler, il fait partie des auteurs que j’ai découvert grâce à la blogosphère, et surtout grâce à Lilly. En fait, j’aurais du connaître le nom car j’ai dans ma PAL la correspondance de Stefan Zweig et d’Arthur Schnitzler (mais en fait je l’avais acheté parce qu’il était en solde et que j’étais dans ma période Zweig). Dans la préface de mon édition du sous-lieutenant Gustel, Maël Renouard fait le rapprochement entre ce livre et Mademoiselle Else, commentée par Lilly :

    Chez Schnitzler, le monologue intérieur relate un moment de crise relate un moment de crise, de rupture avec le monde et de résolution démente ; il traduit la résonance extrême, dans l’esprit d’un individu, d’un évènement qui le contraint de remettre en cause son existence toute entière. Il en va de même avec Mademoiselle Else (1924). Dans les deux œuvres, le monologue est à chaque fois une pensée de la mort. Il témoigne d’une plongée si profonde en soi-même que les attaches avec le monde sont rompues. À ce point de solitude, la mort devient un apaisement.

    L’épilogue du Sous-lieutenant Gustel comporte un retournement qui n’apparaît pas dans Mademoiselle Else. Les deux récits se répondent peut-être à la manière de la comédie et de la tragédie – aussi parce qu’Else montre beaucoup plus de courage dans le désarroi et que ses raisons d’en finir nous paraissent moins étrangement futiles. Ainsi le monologue féminin réplique-t-il, à vingt-cinq ans de distance, au monologue masculin, excepté la mère et la sœur, ne sont que des objets de désir et de consommation.

    Du coup, j’ai lu les deux nouvelles pour me faire ma petite idée.

    La quatrième de couverture, très réussie à mon avis, du Sous-lieutenant Gustel est la suivante :

    Jeune officier bravache, le sous-lieutenant Gustel est rudoyé par un civil en sortant du théâtre. Pris de court, incapable de se défendre, il se croit déshonoré à jamais. S’ensuit une nuit de déambulation dans Vienne, durant laquelle il passe de la colère au désespoir, prend les plus terribles résolutions, met en ordre ses souvenirs … jusqu’à l’instant décisif, au petit matin.

    La quatrième de couverture de Mademoiselle Else, moins réussie parce qu’elle n’arrive pas à rendre compte de la complexité des sentiments de Else, est :

    Else doit trouver cinquante mille florins pour sauver sa famille de la ruine. Un vieux monsieur se propose de les lui fournir en échange de quoi il veut « voir » la jeune fille. Else commence par se révolter, mais traversée de désirs obscurs, troublée par des images qu’elle enfermait en elle, la voici qui cède. Cela se fera publiquement, au cours d’une soirée au casino …

    Au premier abord, les deux nouvelles romans m’ont fait pensé à deux romans que j’ai lu l’année dernière mais pas commenté. Pour le Sous-lieutenant Gustel j’ai pensé à La cendre aux yeux de Jean Forton pour l’égocentrisme sans borne du narrateur. On ne ressent rien pour lui, ni pitié, ni dégoût comme pour le narrateur de Jean Forton même si les tons de ces deux textes sont très différents (il y a un froideur chez Forton qu’on ne retrouve pas chez Schnitzler). Pour Gustel, on ressent surtout une sorte d’incompréhension : se sentir déshonoré pour un tout petit affront tel que celui-ci nous paraît aujourd’hui très étrange. On ne comprend pas l’envie de vouloir mourir pour ça mais on suit les pensées nocturnes de Gustel avec intérêt parce qu’on se demande si il va le faire ou pas le faire. On a l’impression à des moments que c’est sincère (il sort visiblement d’un milieu où sa carrière est assez exceptionnel) et d’autres qu’il fait ça parce qu’il n’a rien dans sa vie et qu’il faut bien penser à quelque chose (il doit en même temps régler une histoire de duel dans l’après-midi qu’il a lui-même déclenché pour se faire bien voir de ses camarades). C’est un bon texte car on arrive à voir à travers les yeux de Gustel mais cependant on n’arrive pas à ressentir ses émotions. C’est pour ça que c’est une nouvelle sans commune mesure avec Mademoiselle Else. En vingt-cinq ans, que d’évolution !

    Bien sûr, la technique narrative est la même : on voit l’histoire à travers les yeux d’Else, mais en plus on arrive à ressentir ses émotions ! Alors que Gustel se promène la nuit dans Vienne, et n’a d’interactions avec d’autres personnes qu’au matin, dans Mademoiselle Else tout le long du livre il y a des dialogues rapportés qui font changés d’avis Else, et qui la font évoluer très rapidement et donc le récit plus haletant et plus intéressant. De même, il y a plus de personnages connus d’elle et qui sont à même de mieux nous la faire découvrir. Alors que Le Sous-lieutenant Gustel est réellement un monologue intérieur, Mademoiselle Else m’a semblé être plutôt une histoire racontée à travers les yeux, les pensées et les sentiments d’Else.

    Pour ce qui est de l’histoire cela m’a fait penser à Chez les heureux du monde d’Edith Wharton, pour la fin mais surtout pour le fait qu’une jeune fille qui a tout pour être heureuse, n’y arrive pas à cause de son milieu et des gens abjects qui constituent ce milieu. Ne parlons pas des parents qui vendent leur fille pour récupérer de l’argent !

    Finalement, si j’avais conseillé un des deux, c’est Mademoiselle Else qui aurait ma préférence.

    D’autres avis sur cette Mademoiselle Else : chez Je lis, tu lis, il lit, chez Karine:), chez L’encreuse, chez Kalistina, chez Malice, chez Brize … Il y en a sûrement d’autres mais j’ai fait avec ce que me donnait mon Google reader.

    Références

    Le Sous-lieutenant Gustel de Arthur SCHNITZLER – traduction de l’allemand par Maël Renouard (Éditions Sillages, 2009). Paru pour la première fois en 1901.

    Mademoiselle Else de Arthur SCHNITZLER – traduit de l’allemand par Dominique Auclères (Bibliothèque Cosmopolite Stock, 1980). Paru pour la première fois en 1924.


  • Quatrième de couverture

    « Si Dieu avait voulu que l’homme convoite sans fin la richesse financière, il l’aurait doté, en le créant, d’un sac spécial pour y ranger l’argent et les marchandises, à l’instar de la poche ventrale des kangourous. »

    Terre, XXIe siècle. Partout le chaos. Alors que l’économie s’effondre, des hordes de miséreux sillonnent les continents. La Troisième Guerre mondiale est sur le point d’éclater… Pourtant, dans la forêt finlandaise, un havre de paix demeure. Là où, des années plus tôt, sur son lit de mort, un vieux communiste a chargé son petit-fils de construire une église en bois. Autour d’elle, une communauté de Finlandais délirants s’est peu à peu formée : ensemble ils revisitent les techniques de subsistance de leurs ancêtres, loin d’un monde en déconfiture.

    Avec un humour ravageur, Arto Paasilinna plaide pour une vie proche de la nature, sans les diktats de la société de consommation.

    Mon avis

    Si ce n’avais pas été pour le prix littéraire des blogueurs, je n’aurais tout simplement pas écrit de billet sur ce livre. Pour avoir déjà lu Paasilinna, ce livre n’a été pour moi qu’une très très longue déception. Je me suis sentie embourbée dans les forêts finlandaises, sans avoir l’impression de pouvoir en sortir. Vous allez donc avoir un billet de pure mauvaise humeur et de pure déception. Mais ce qui est bien c’est que vous n’êtes pas obligée de le lire, vous !

    Je vais quand même commencer par les points positifs : la base de l’histoire est plutôt originale et le ton Paasilinna (que j’assimile un peu à celui de Riel) aurait pu en faire quelque chose d’intéressant, si ce n’est que l’auteur a plutôt exprimé ses convictions et n’a pas fait preuve de l’humour ravageur de la quatrième de couverture. Plutôt si, il y a quelques scènes drôles et quelques phrases vraiment bien senties mais elles sont noyées dans un flot de descriptions. Il y a souvent de la critique sur notre société (les écolos qui ne sont pas capables de vivre dans la nature, les fonctionnaires qui appliquent bêtement les directives, l’Europe qui vous impose des choses qui ne correspondent à rien, les impôts : parce que oui pourquoi payer des impôts quand soi-même on n’en profite pas) sans humour par contre.

    Les 100 premières pages sont une sorte de traité sur comment construire une maison en rondin de bois dans une forêt de Finlande. Ce qui vous me l’accorderez, ne vous arrive pas tous les jours même si vous remplacez Finlande par France. Du coup, quand vous avez de longues descriptions techniques vous avez envie de fermer le livre. Un exemple (et c’est parmi le plus intéressant) :

    Eemeli Toropainen et Severi Horttanainen allèrent vérifier l’état de la maison. Longue de vingt mètres et large de plus de dix, elle avait été construite au tournant du siècle en épais madriers qui avaient plus tard été recouverts de planches. Les murs de pins rouges étaient sains : frappés avec le renfort d’une doloire, ils résonnaient d’un bruit franc.

    On creusa les fondations du presbytère de biais face à l’église, de l’autre côté de la rivière d’Ukonjärvi, sur la berge nord-est du lac. On coffra les tranchées et on les bâcha dans l’attente d’une journée sans gel permettant d’y couler du béton. Pendant ce temps, une partie de l’équipe s’occupa de démonter la maison mortuaire d’Asser et de charger les madriers sur des remorques de tracteur. Une fois transportés jusqu’à la colline du presbytère, on les réassembla. Seuls deux ou trois des bastings inférieurs, un peu vermoulus, durent être remplacés. On retailla aussi la face extérieure des pièces de bois pour donner à la construction un aspect aussi pimpant que l’église flambant neuve. Ses madriers vieux de près d’un siècle arboraient juste une teinte plus rougeâtre. Ils étaient secs et légers, et les assembler était un jeu d’enfant.

    On changea les fermes de la charpente et bien sûr la couverture du toit, ainsi que les portes et les fenêtres. On ponça les larges lattes de l’ancien plancher avant de le remettre en place. En deux mois d’efforts, le presbytère fut achevé. On creusa un puits, sur le versant de la colline, et l’on amena une canalisation jusqu’au coin cuisine de la salle.

    Les 100 pages suivantes c’est l’installation de la petite communauté et la mise en place de règles. Cela donne lieu à des situations cocasses qui ne restent en mémoire que le temps d’un chapitre ou deux. On retourne à une vie plus proche de la nature, notamment la culture avec les animaux (c’est un peu normal car le monde extérieur est en perpétuel crise et il n’y a donc plus de pétrole et donc plus de tracteur : il faut bien faire autrement). On mange de la nourriture saine car on épand pas de pesticides. Le fait que des bombes atomiques ou des centrales explosent à côté de chez eux et qu’ils voient passer des nuages radioactifs ne les inquiètent pas plus que cela sur la qualité de la nourriture : elle est saine et je peux vous dire que l’auteur le répètent tout au long du livre. On vous répète aussi que la nature est exploitée pour les besoins de l’homme, que la récolte est prodigieuse avec ces nouvelles méthodes de récoltes (le nuage radioactif y fait quand même un peu). Le problème c’est qu’après on vous parle d’exportation. Ce qui à mon sens veut dire surplus et donc exploitation à des fins commerciales et non plus alimentaires. De plus, Paasilinna nous explique que le monde à l’extérieur de cette communauté est horrible, que tout le monde crève la faim, qu’il n’y a plus d’argent, plus de denrées alimentaires : comment on fait pour exporter dans ce monde là ? car on ne parle jamais de simples dons. On construit aussi une distillerie, une prison : il n’y avait que deux prisonniers dont une femme qui piquait le mari des autres et un assassin qui passait par là. Parce que c’est bien connu quand l’homme est occupé et a la possibilité de manger à sa faim, il ne commet jamais de mauvaises actions. Personne n’est jaloux du bien des autres quand il a déjà tout. En tout cas, c’est comme ça que cela se passe en Finlande. Il y a la création d’une sorte d’armée pour se protéger des envahisseurs extérieurs.

    Les 100 pages suivantes sont l’intégration de nouveaux membres. Là j’ai commencé à trouvé que l’auteur allait peut être un peu trop loin. En effet, pour rentrer dans cette petite communauté, il faut être utile (pouvoir être occupé à tout âge). Si vous êtes un inutile, ce n’est pas la peine. Si vous êtes étranger, on vous explique que l’on ne peut pas recueillir toute la misère du monde et les gens se laissent refouler comme ça sans rechigner (de quoi faire rêver certains ministres) mais quand la troisième guerre mondiale éclate, une personne propose carrément d’ »exterminer » les étrangers. Parce que le paradis ce n’est que pour certains, c’est moi qui vous le dis.

    Sur les 100 dernières pages c’est la fin de la guerre mais l’apocalypse a quand même lieu et vous l’aurez quand même devinez les seuls à survivre c’est eux parce que nous l’Europe, l’Asie et l’Amérique nous sommes la « coupable planète ». L’Europe pour Paasilinna c’est l’Unon Européenne (en tout cas c’est ce que j’ai compris tout au long du livre). L’auteur a écrit le livre en 1992 mais il fait œuvre d’anticipation. L’apocalypse c’est pour 2027. N’empêche que la Finlande est dans l’Europe depuis 1995 et que n’en déplaise à l’auteur eux aussi seraient donc mort. Par contre, il a mis la Suisse dans l’Europe … là je reste dubitative.

    Au vu du livre, j’aurais plutôt conclu que créer un paradis terrestre en pariant sur l’autarcie n’était pas possible car il y a toujours des désagréments venant des autres et qu’il fallait trouver une autre manière de faire, pour améliorer la planète dans son ensemble. Je préfère rester dans mon monde pourri du coup !

    Promis, demain je reviens avec un billet de bonne humeur !

    Livre lu dans le cadre du prix littéraire des blogueurs de George Sand et moi qui est revenue !!!!. Vous trouverez d’autres avis ici et ici.

    Références

    Le cantique de l’apocalypse joyeuse de Arto PAASILINNA – traduit du finnois par Anne Colin du Terrail (Folio, 2009)

  • Quatrième de couverture

    À Gooleness, petite station balnéaire surannée du nord de l’angleterre, Annie, la quarantaine sonnante, se demande ce qu’elle a fait des quinze dernières années de sa vie …

    En couple avec Duncan, dont la passion obsessionnelle pour Tucker Crowe, un ex-chanteur des eighties, commence sérieusement à l’agacer, elle s’apprête à faire sa révolution. Un pèlerinage de trop sur les traces de l’idole et surtout la sortie inattendue d’un nouvel album, Juliet, Naked, mettent le feu aux poudres. Mais se réveiller en colère après quinze ans de somnambulisme n’est pas de tout repos !

    Annie est loin de se douter que sa vie, plus que jamais, est liée à celle de Crowe qui, de sa retraite américaine, regarde sa vie partir à vau-l’eau …

    Reste plus qu’à gérer la crise avec humour et plus si affinités …

    Mon avis

    En 2003, j’ai lu La bonté : mode d’emploi du même auteur. Je me rappelle vaguement d’une histoire de couple, que les situations partaient dans invraisemblable et d’avoir cherché pendant tout le roman où était le fameux humour de Nick Hornby dont j’avais tant entendu parlé. Parce que oui, à cette époque, on parlait tout le temps de Haute fidélité dans mon entourage comme d’un très bon livre (et j’ai choisi La bonté : mode d’emploi. Ne me demandez pas pourquoi je n’ai pas pris Haute fidélité). Donc je n’étais pas très prête à retenter l’expérience.

    Un jour, j’ai reçu une proposition d’une certaine Charlotte, « Community Manager au sein de l’agence interactive Supergazol » (je ne sais pas ce que cela veut dire mais je trouve ça fascinant), de recevoir le dernier livre de Nick Hornby gratuitement. Je n’étais pas plus tentée que ça même si j’ai trouvé que la proposition était très très gentille. Mais elle a aussi envoyé un lien vers deezer sur de la musique choisie par Nick Hornby (parce que c’est ce qui fait un peu sa marque de fabrique pour ceux qui l’ignorent : il écrit toujours un truc en rapport avec la musique). Je trouve qu’une personne qui aime Sinéad O’Connor ne peut pas être foncièrement mauvaise. J’ai donc retenté l’expérience Nick Hornby.

    Bien m’en a pris car j’ai plutôt lu un bon roman. Soit c’est moi qui est évolué, soit c’est lui, soit c’est les deux. On parle principalement d’un histoire de couples, en fait de deux : celui d’Annie et Duncan et celui de Tucker et Cat. Duncan vit une sorte de passion effrénée pour la musique et la personne de Tucker, rockeur des années 80 qui s’est arrêté en pleine gloire après un album, Juliet. La légende veut que la décision fut prise dans des toilettes, qui sont depuis devenus une sorte de lieu culte pour les fans de Tucker. Quand je dis passion, c’est une vraie passion, il tiens un site internet qui déblatère sur Tucker et qui interprète le moindre sens caché des paroles (même si il reste caché aussi pour Tucker), sur la moindre action, sur le moindre bootleg … Je viens de finir le livre de Hermann Hesse Une bibliothèque idéale qui vient de sortir chez Rivages où l’auteur explique que la lecture sert à avancer. Au moment où ce n’est plus le cas, il faut arrêter de lire et vivre. J’avais envie de donner le même conseil à Duncan. Il détruit son couple à force d’être dans cette fan attitude. Alors quand il emmène Annie en pèlerinage aux États-Unis, c’est le début de la fin. Annie réfléchit sur son couple, sa vie avec Duncan depuis quinze ans, son désir d’enfant non-assouvi et sur le fait que la seule chose qu’elle partage avec Duncan c’est Tucker. Quand un nouvel album de Tucker, Juliet, Naked (maquette du précédent album nommé Juliet) sort après vingt deux ans de silence, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. En effet, Annie et Duncan divergent sur la façon de voir cet album et les deux le disent sur le site. Mais Tucker contacte Annie par mail et c’est le début de l’histoire. On découvre notamment que Tucker ne vit pas en reclus mais a eu cinq enfants avec quatre femmes différentes (il a eu des jumeaux, c’est pour ça qu’il n’a que quatre femmes), ce qui marque une certaine tendance à avoir des difficultés de couples. En plus, il ne s’est occupé d’un enfant sur cinq.

    Comme je vous le disais, le thème central est vraiment le couple et la philosophie de vie qui en découle. Là encore, j’ai cherché le fameux humour dont parle la quatrième de couverture. J’en ai déduis (ce ne sont que mes modestes conclusions) que l’humour anglais c’est une manière de voir la vie, avec une certaine ironie et une certaine distance, de relativiser les choses à l’aide de bons mots. Je précise aussi qu’ici tout m’a semblé vraisemblable car finalement, j’y ai cru (et à mon avis c’est dû à l’écriture) même si je sais que je ne rencontrerai pas de star du rock par mail. J’ai même été cherché l’article de Tucker Crowe dans wikipedia qui est pourtant dans le livre.

    En conclusion, c’est un bon roman qui pousse à réfléchir sur le sens que l’on souhaite donner à notre vie.

    Quand j’ai reçu l’offre de partenariat, on m’a proposé de faire gagner un exemplaire du livre sur le blog. Au début, j’avais pensé vous demander « Qu’est-ce que l’humour anglais à votre avis ? » Mais je me suis dis qu’une telle question un vendredi c’était un peu raide et qu’en plus après j’allais devoir choisir et que cela allait être pire. Donc j’ai cherché dans ma petite tête des questions à vous poser et comme je n’arrive pas à choisir il y a deux questions :

    1) Combien de livres de poche de Nick Hornby sont sortis chez 10/18 ? en sachant que celui-là n’est pas un livre de poche car il coûte 19 euros. Vous pouvez trouver assez rapidement la réponse sur le site de 10/18 qui est tout joli maintenant qu’ils l’ont refait.

    2) Sinéad O’Connor, présente sur la bande sonore de Nick Hornby, a un frère écrivain. Citez moi au moins un titre de lui.

    En sachant que chez moi, il n’y a aucune main innocente pour faire un quelconque tirage au sort, le premier arrivé sera le premier (et le seul) servi !

    Je précise qu’on ne m’a parlé d’aucune restriction : ni de pays, ni de blog ou pas blogs. Si vous gagnez, je vous enverrai un mail pour vous demandez vos coordonnées postales, que je les transmettrai à la fameuse Charlotte, qui les transmettra aux éditions 10/18 (tout ça pour que vous sachiez à qui vous donnez votre adresse).

    D’autres avis

    Ceux de Fashion, Lili Galipette, Ankya, Cocola, Herisson08, Ys, Cathulu, Tamara, Cuné

    Références

    Juliet, Naked de Nick HORNBY – traduit de l’anglais par Christine Barbaste (10/18, 2010)

  • Récemment, je me suis offert le livre 1001 livres qu’il faut avoir lu dans sa vie. Pas dans l’optique de lire tous ces livres (et de ne lire aucun autre parce que même moi je trouve qu’il en manque) et de pouvoir ainsi briller dans les dîners où je ne vais pas. Mais plutôt dans le but de découvrir parce que quand j’entends à la radio, il faut lire Butor mais pas ses œuvres de maintenant mais celles des années 50 et que du coup je me retrouve perdue et je ne sais pas par lequel commencer. De même quand on me dit que Robbe-Grillet est un grand auteur. Personnellement, j’associe cet auteur à un roman érotique qui a été obligé d’être mis sous cellophane. Alors je me retrouve à me demander pourquoi il faut le lire. Ce livre va me permettre de découvrir tout cela et plus parce que par fois, la radio semble parler à des gens qui savent déjà tout. J’apprécie donc le point de vue anglo-saxons sur la littérature française car il permet à mon avis au début de se concentrer sur l’essentiel.

    Ma surprise quand j’ai ouvert ce livre c’est de découvrir plein d’auteurs inconnus de moi même de nom (en gros je dirais 70%). Je peux dire merci aux blogs car avant ce pourcentage aurait plutôt avoisiner les 95 voire plus. Ce livre, c’est comme ouvrir une porte sur un nouveau monde. J’ai commencé ma découverte avec Le juge et son bourreau de Friedrich Dürrenmatt.

    La quatrième de couverture est la suivante :

    Dans un petit bourg helvétique, un policier modèle est retrouvé assassiné. Baerlach, un vieux commissaire malade, amateur de cigares, de vodka et de bonne chère, enquête sur cette mort, tout en luttant contre la sienne qui s’annonce prochaine. Son supérieur cherche à ménager la susceptibilité des notables locaux, tandis que son adjoint, petit flic un rien minable mais dévoré d’ambition, tente de jouer ses propres cartes. Dans l’ombre, le meurtrier, genre Méphistophélès, disserte sur le bien et le mal, qu’il tient pour étant de possibilités égales…

    Comme dans La Panne, Le Juge et son bourreau se déploie sur fond d’intrigue policière. Mort et maladie forment un diptyque tragique où se reflète le dérisoire pantomime de la comédie humaine.

    J’ai donc choisi ce livre pour le côté enquête policière. Pour vous situer Baerlach, il est entre Maigret et Inspecteur Morse (dans le dernier roman de Colin Dexter Remords secrets). Dans la phase enquête, on parle de tout sauf de l’enquête. Bien sûr le dénouement n’en est que plus extraordinaire (et je peux vous dire quel finish !!!). On comprend donc que le roman n’est pas un roman policier. L’idée c’est donc de faire passer autre chose. Une critique ouverte de la police helvétique en premier lieu (il parle beaucoup de la police scientifique). Mais aussi, une réflexion sur la fin de la vie. En effet, Baerlach va donc mourir si on ne l’opère pas d’un cancer de l’estomac visiblement. Il va chercher à régler des comptes et faire justice lui-même comme si ce qui était humain ne comptait plus (pourtant cela à gouverner toute sa vie). Il y a aussi une impression de fatalité qui plombe le roman. C’est un bon roman même si je n’ai pas tout compris, entre autre l’apparition du lien qui m’a semblé factice entre le « méchant » et Baerlach.

    Une lecture donc qui m’a laissé l’impression de ne pas avoir tout compris, un goût d’inachevé. Je ne l’aurais pas mis dans les 1001 livres qu’il faut avoir lu. Par contre, comme je suis curieuse, je me suis tournée ver La Panne dont parle la quatrième de couverture.

    Et là par contre je l’aurais mis dans les livres qu’il faut avoir lu. La quatrième de couverture est la suivante :

    « Nous ne vivons plus sous la crainte d’un Dieu, d’une justice immanente, d’un Fatum comme dans la Cinquième Symphonie ; non ! plus rien de tout cela ne nous menace. » Notre monde n’est plus hanté que par des pannes. Pannes de voiture, par exemple, comme celle de la Studebaker d’Alfredo Traps, un soir, au pied d’un petit coteau…

    Et voilà comment ce sympathique quinquagénaire rencontre ce jour-là son Destin, charmant vieux monsieur qui l’invite à passer la nuit chez lui. Juge à la retraite, celui-ci passe d’excellentes soirées, en compagnie de ses amis, l’avocat et le procureur à reconstituer de vrais procès. Celui d’Alfredo Traps commence comme un jeu …

    La Panne, ce chef-d’oeuvre d’humour noir, a été porté à l’écran en 1972 par Ettore Scola, sous le titre La Plus Belle Soirée de ma vie.

    Ce livre est doucement barré. On commence par rire parce que les quatre personnes (et oui ils sont quatre) sont vieux (plus de 80 ans) et semblent donc inoffensifs. Puis on découvre qu’il y a le juge, l’avocat, le procureur mais aussi le bourreau. Le lecteur commence alors à s’inquiéter d’autant plus que l’accusé se prête de plus en plus au jeu. Jusqu’à avouer un meurtre qu’il n’a visiblement pas commis. Derrière cet humour noir, on voit beaucoup d’autre chose. Dürrenmatt reprendre le thème de la justice faite par des hommes qui ne sont plus ou pas investis de ce pouvoir mais surtout sur l’influence de la parole. En 124 pages, l’accusé passe d’une innocence, dont il est persuadé, à une culpabilité dont il est aussi persuadé (même si il a beaucoup bu pendant les 124 pages). Et cela sans pression évidente. Juste par l’effet de la mise en scène. Ce livre m’a donc beaucoup plu (notamment le finish qui est là encore exceptionnel) même si là encore je n’ai pas tout compris notamment le rôle de la nourriture et du festin gargantuesque.

    Il ne me reste plus qu’à trouver le film d’Ettore Scola !

    L’avis de Yvon sur Le Juge et son bourreau.

    Références

    Le Juge et son bourreau de Friedrich DÜRRENMATT – traduit de l’allemand par Armel Guerne (Livre de poche, 1961 pour la traduction)

    La Panne – une histoire encore possible de Friedrich DÜRRENMATT – traduit de l’allemand par Armel Guerne (Livre de poche, 1958 pour la traduction)

  • Quatrième de couverture

    Dans la pampa argentine, la ville de Tandil est célèbre pour sa Pierre Mouvante, un énorme rocher qui maintint son équilivre précaire sur une colline jusqu’au 29 février 1912, date à laquelle il chuta mystérieusement. À partir d’images historiques et des photographies contemporaines de Pablo Añeli, Néstor Ponce développe une intrigue qui se situe à Tandil dans les années 1870.

    À la mort d’une fillette, Matildita, de mystérieux râles envahissent sa chambre jusqu’à devenir insupportables, et conduisent son père, un propriétaire terrien, à faire appel à un certain Papa Dieu. Ce gaucho charismatique, qu’on dit doté de pouvoirs surnaturels, entraîne alors la communauté des péons dans une procession expiatoire sous la Pierre Mouvante de Tandil.

    Mon avis

    J’ai pris ce livre car je le trouvais beau pour deux raisons : le papier épais et les reproductions de photos noir et blanc à l’intérieur. Comme indiqué par la quatrième de couverture, la collection Collatéral des éditions Le bec en l’air mélange deux univers : celui de la littérature et celui de la photo. C’est une collection qui fait donc cohabiter ou collaborer deux artistes. On peut avoir l’impression que cela nous ramène en enfance où là les livres sont illustrés par des dessins (pour les BD, c’est plutôt le texte qui complète les dessins à mon sens). J’ai trouvé que c’était quand même très différent cependant. Quand j’étais petite, l’image me permettait de rester accroché au texte, c’était une sorte de support pour mieux comprendre tandis que là les photos historiques et actuelles en noir et blanc de Pablo Añeli ont en quelque sorte conditionné ma lecture.

    Le texte en lui même est bon même si j’ai regretté qu’il ne soit pas plus développé sur la partie historique (mais là c’est ma curiosité qui aurait aimé être satisfaite ; cela ne manque pas à l’histoire). Idem pour la partie sur la pierre parce que là encore c’était quelque chose de nouveau pour moi. Vous pouvez regarder dans wikipédia pour Tandil (et remarquer au passage qu’il y a eu des évènements tragiques en 1872 mais qui ne semblent pas être ceux décrits mais là je ne demande qu’à être éclairé). Mais la photo de la couverture ne montre pas bien la pierre tandis que celle sur wiki est juste hallucinante.

    Pour ce qui est des photos, je crois que si j’avais lu le texte seul, je n’aurais pas ressenti cette inquiétude face aux éléments, cette tristesse et le côté éphémère des vies devant cette nature. Pour expliquer les photos sont en noir et blanc, représentent souvent une grande part de ciel mais pas un ciel tout bleu, un ciel avec de grandes traînées blanches, parfois même un ciel de fin du monde. La nature est soit peu présente (on est sur des rochers tout de même), soit hostile. On voit bien les inscriptions des hommes sur les photos mais on n’arrive pratiquement plus à les lire.

    C’est donc une expérience étrange car je ne pensais pas finalement tant faire attention aux photos. J’ai déjà repéré un petit livre sur Cuba que je lirais sûrement juste pour voir si ça me fait le même effet !

    Références

    Sous la pierre mouvante de Néstor PONCE (texte) et Pablo AÑELI (photos) – texte traduit de l’espagnol (Argentine) par Claude Bleton (éditions Le bec en l’air, 2010)

  • Quatrième de couverture

    « J’aime ses mains quand il prend un dessin et, du doigt, très légèrement, suit un tracé pâli ou le contour d’une déchirure. J’aime sa manière vive de tourner les pages de son carnet de croquis et de dessiner hâtivement, assis sur un muret, à la terrasse d’un café ou, même marchant et me parlant, le pas à peine ralenti, le visage baissé, sa main qui tient le carnet, toujours un peu de biais, ses doigts qui vont et viennent très vite sur la page, présent près de moi et pourtant absorbé par tant d’images qui me demeurent étrangères. « 

    Andrei Mayerov, un Russe passionné de dessins et conservateur au musée de l’Ermitage, traverse l’Allemagne en ruines pour récupérer les œuvres volées pendant la Seconde Guerre mondiale. Il découvre une collection d’esquisses de la Renaissance dans une maison dévastée dont le propriétaire a été exécuté. Quelques mois plus tard, à Berlin, il rencontre la fille de ce dernier, qui attend désespérément des nouvelles de sa famille.

    Mon avis

    Une fois n’est pas coutume, je me dois de dire un grand merci à Dominique. Parce que sans elle, c’est un livre qui m’aurait échappé parce que je ne farfouille jamais avec autant de talent qu’elle dans le rayon littérature française.

    Parce que ce livre est excellent. En 210 pages, Béatrice Wilmos arrive à en dire énormément, à déployer un talent pour la description des personnages, des sentiments et des paysages très variés. Le livre est divisé en deux grandes parties avec en plus des préliminaires et des épilogues. Chacune des grandes parties est dites par un des personnages principaux : Andrei et Anna.

    Dans la première, on découvre donc Andrei, ancien conservateur au musée de l’Ermitage de Leningrad, qui suit à l’arrière les troupes russes, en janvier 1945, pour pouvoir récupérer les œuvres d’art abandonnées par les Allemands en fuite. Par un concours de circonstances, il se retrouve à aller avec un prisonnier français, François, dans une maison abandonnée où le prisonnier avait plus ou moins servi d’homme à tout faire. Ils trouvent des dessins mais surtout un album de Menzel où est représentée la maison dans sa joie, sa vie heureuse. François explique à Andrei que la Russie peut garder les dessins mais fait appel aux bons sentiments du Russe pour qu’il rende l’album figurant la maison à la famille. Il donne l’adresse d’un restaurateur de dessins à Berlin qui saura retrouver cette famille. Andrei accepte. Dans cette partie, on découvre les paysages blancs purs, comme peuvent nous les apparaître les paysages de neige, mais souillés par la barbarie. On découvre aussi la souffrance de Andrei lors du siège de Leningrad, par pour lui-même mais pour sa mère, décédée, et pour les dessins. Quand il en parle, on ressent de la légèreté malgré la douleur.

    Dans la deuxième partie, on est avec Anna, la fille de la famille, à Berlin pendant l’été 1945. Anna avait deux sœurs et un père. Elle apprend pendant cet été une nouvelle tragique concernant une de ses sœurs. Mais elle reste dans l’expectative pour son autre sœur et son père. Elle travaille pendant ce temps dans un atelier de restauration où le Russe Andrei lui apporte des dessins à restaurer. Cette partie est rédigée sous forme de journal. On y voit l’angoisse mais aussi la naissance d’un sentiment amoureux, un début de vie qui reprend.

    L’histoire du roman n’est pas que ça car comme vous vous en doutez le préliminaire (Berlin 1955) et les épilogues (La maison et Berlin 1955) sont importants et donne un sentiment de gâchis à tout ce qui aurait pu être construit.

    C’est donc un texte magnifique de Béatrice Wilmos. Rien que pour les descriptions dès que cela parle dessin, c’est un livre à lire.

    Références

    L’album de Menzel de Béatrice WILMOS (Flammarion, 2010)

  • Quatrième de couverture

    Dans un coin paisible du Devon, une petite fille de six ans, Joanna Mason, est témoin d’un épouvantable massacre, dont elle est la seule rescapée. Trente ans plus tard, l’homme qui a été condamné pour ce crime sort de prison. À Édimbourg, Reggie, seize ans, travaille comme nounou chez un médecin, le docteur Hunter. Mais quand celle-ci disparaît, Reggie est la seule personne qui semble s’en apercevoir …

    Enfin, l’inspecteur en chef Louise Monroe retrouve son vieil ami, Jackson Brodie, le détective privé de La souris bleue, empêtré dans un mariage malheureux, qui part à la recherche de son fils …

    Avec humour et maestria, Kate Atkinson brouille les pistes, entremêlant les intrigues et tenant le lecteur en haleine jusqu’aux dernières pages.

    Mon avis

    Kate Atkinson est une formidable raconteuse d’histoire. En tout cas, cette histoire-ci est très bien trouvée. Elle ne tombe jamais dans le stéréotype auquel on pourrait s’attendre. Vous ne l’aurez peut être pas compris à la quatrième de couverture mais Joanna Mason et le docteur Hunter ne font qu’une mais pas à la même époque. Joanna a donc échappé au massacre de sa famille (son frère, sa soeur, sa mère) en rase campagne par un inconnu. Trente ans plus tard : elle s’est construite une vie modèle avec un bébé et un mari qui a tout du parfait looser (tout ce qu’il entreprend tourne mal). Problème : la personne qui a assassiné sa famille va sortir de prison. Le soir où elle « apprend » cette nouvelle, elle disparaît. Trois pistes sont alors possibles pour le lecteur : la fuite, un règlement de compte suite aux affaires de son mari, une mort (assassinée par le meurtrier qui voulait finir sa tâche). Les trois pistes restent possibles assez longtemps dans le récit. De plus, Kate Atkinson ne nous épargne aucun rebondissement : elle va même jusqu’à faire dérailler un train ! Malgré l’intrigue, ce n’est pas du tout un roman policier. Elle se concentre plutôt sur l’étude des personnages. Souvent, ils sont moins lisses qu’ils n’y paraissent d’ailleurs. C’est Reggie qui m’a le plus plu. À force d’être comparée aux héros de Dickens, cela vous donne envie de le lire ! Ceux qui m’ont le moins intéressé sont paradoxalement Louise Monroe et Jackson Brodie car Kate Atkinson les étudie moins et les fait plus vivre que les autres.

    On touche ici à mon avis un point faible du livre. C’est une série dont les premiers tomes sont La souris bleue et Les choses s’arrangent mais ça ne va pas mieux où ces deux personnages sont apparus (deux livres que j’aurais dû lire car ils sont dans ma Pile à Lire). On peut lire ce troisième tome indépendamment mais cela gâche un peu le livre car il s’inscrit pleinement dans cette série par son déroulement mais aussi par sa fin. En effet, comme le souligne Cathulu (qui est une fan absolue de Kate Atkinson et dont l’avis vous donnera forcément envie de lire cette auteure), il y aura une suite et on voit dès ce livre ce qu’elle veut faire. La fin est donc en quelque sorte facile et trop gentille par rapport à des personnages qu’elle nous avait laissé voir plus obscurs.

    D’autres choses m’ont gênés dans ce livre et elles touchent toutes à l’écriture de Kate Atkinson. Elle a une écriture faussement naïve qui peut lasser et qui à mon sens justifie sa construction, qui alterne les voix des différents personnages. Elle n’aurait pas pu tenir un roman tout entier avec cette écriture. Cette écriture a aussi contribué au fait que je m’attache aux personnages mais que je n’arrive à m’identifier à eux (dans mon langage, cela veut dire que je ne me suis pas figurée).

    Une copine m’avait dit que, quand elle avait lu les Millenium, ce qui l’avait marqué c’est l’importance que les Suédois apportaient aux objets. Là elle aurait été servie car si vous voulez connaître la marque du téléphone portable de Jackson Brodie, la marque des voitures qui traversent le livre, la marque du sac à main de Joanna Hunter, la marque de tous les aliments que les personnages mettent dans leurs bouches, votre curiosité sera satisfaite. Je ne crois pas que ces détails dans dix ou vingt ans soient compréhensibles. De même, mais là c’est de ma faute, l’humour est empreint de références culturelles (littéraires mais aussi cinématographiques, musicales, télévisuelles) qui le rende incompréhensible pour un non-britannique. Je crois donc qu’à la traduction, on perd beaucoup, beaucoup de Kate Atkinson.

    En conclusion, c’est un roman que j’ai lu avec grand plaisir (et je lirai donc les tomes qui sont déjà dans ma PAL) même si l’écriture et la traduction me font penser que ces livres ne seront pas des souvenirs mémorables pour moi. C’est un peu comme les Isabel Dalhousie de Alexander McCall Smith. On passe un bon moment de détente même si les histoires de Kate Atkinson sont plus construites il faut le reconnaître !

    Livre lu dans le cadre du Prix littéraire des blogueurs organisé par George Sand. D’autres avis ici et ici. Lisez l’avis de Plume qui est tout le contraire de l’avis de Cathulu !

    C’est un roman que j’ai reçu via un partenariat avec Alapage, partenariat monté par George elle-même ! Je les remercie donc tous les deux.

    Références

    À quand les bonnes nouvelles ? de Kate ATKINSONroman traduit de l’anglais par Isabelle Caron (Livre de Poche, 2009)

  • Quatrième de couverture

    Rut et Gorm sont des enfants du grand Nord norvégien, un pays de mer, de travail et de silence. Issus de milieux différents, solitaires par obligation et victimes de la rigueur morale de leurs familles respectives, leurs rencontres ne pouvaient être que fortuites et éphémères. La première eut lieu alors qu’ils n’avaient que neuf ans. Elle les a marqués pour toujours. Depuis, ils ne se sont croisés que cinq fois et jamais ils n’ont pu approfondir cette relation distante et pourtant réconfortante. Ils ont désormais la trentaine. Rut est devenue une artiste réputée, Gorm un homme d’affaires respectable. C’est leur septième rencontre. Peut-être leur dernière chance …

    Mon avis

    Je vais vous montrer qu’on parle le plus mal des livres qui nous plaisent le plus ! Parce que oui j’ai adoré ce livre même si je suis partiale car j’ai tendance à vénérer Herbjørg Wassmo (je n’en ai lu que 7 mais j’en ai autant dans ma PAL). À chaque fois, elle sait me toucher au cœur et là cela n’a pas loupé.

    J’ai mis du temps à le lire parce que j’ai savouré cette magnifique histoire d’amour entre deux êtres seuls (cette solitude est écrite de manière très juste) qui se sont trouvés quand ils étaient enfants mais ne sont jamais restés ensemble. Ils ressentent ce désert qui fait penser qu’une partie de nous manque, même si ils se sont mariés, ont eu des enfants avec d’autres. Ce sont des âmes sœurs qui l’ont su à la première rencontre. C’est juste beau même si il est difficile de rentrer dans les premiers chapitres.

    J’insiste sur le fait qu’à mon avis ce n’est pas un page-turner. On ne peut pas dire que les pages se tournent toutes seules. Mais, si on se laisse porter par le poésie de l’histoire, par les personnages très attachants, c’est un excellent livre.

    Livre lu dans le cadre du Prix littéraire des blogueurs de George Sand. D’autres avis ici et ici.

    Références

    La septième rencontre de Herbjørg WASSMO – traduit du norvégien de Luce Hinsch (10/18 – domaine étranger, 2009)

  • Présentation de l’éditeur

    En Europe, à des époques différentes, deux savants irresponsables jouent dangereusement à Dieu. Victor Frankenstein, obsédé par la vie, donne naissance à un être artificiel surhumain, un monstre conscient de sa propre différence. Bien plus tard, le docteur Jekyll élabore quant à lui une drogue qui lui permet de séparer le bien du mal en chaque individu. Que se passerait-il si le bon docteur Jekyll se retrouvait en possession des dernières recherches de Frankenstein ? Et si le monstre de Frankenstein n’avait pas réellement disparu dans les glaces du Pôle Nord ?

    Et si …

    Mon avis

    Le scénario est absolument génial. Le docteur Jekyll a une gouvernante Mademoiselle Clerval, qui l’assiste de loin dans ses recherches. La première partie de l’album est consacré aux abominations que peut commettre Mister Hyde (et c’est sanglant je peux vous le dire). Celui-ci a tout de même des problèmes qui le font aller consulter un confrère à Paris. Rien de concluant. Mademoiselle Clerval et le docteur Jekyll partent ensuite en Suisse pour chercher des produits illicites dans un laboratoire. Quand ils arrivent, ils découvrent tout le personnel mort au fond d’une cave, tué par une créature dont tout le monde a peur au village, une sorte de croquemitaine qui est en réalité Frankenstein. Mais entre Frankenstein et Mister Hyde de qui doit-on avoir le plus peur ? C’est la question que se posera à mon avis Mademoiselle Clerval dans le deuxième tome à paraître en août parce que elle aussi n’est pas toute blanche visiblement.

    Pour ce qui est des dessins et des couleurs, je suis plus réservée, même si la couverture est magnifique. Bien que les décors soient d’époque, les personnages et les couleurs donne une impression de modernité assez en contradiction avec ce que voudrait la collection (dont le nom est 1800 tout de même). Sur la couverture figure Mademoiselle Clerval qui semble victorienne mais Docteur Jekyll, je ne me l’imaginais pas du tout comme ça (même dans son caractère). C’est pour ça que je vais lire le livre de Stevenson Docteur Jekyll et Mister Hyde pour mieux me rendre compte parce que j’avais vu un film (ou une série je ne me rappelle plus) où le personnage me semblait plus d’époque.

    En conclusion, je dirais que c’est un très bon album (surtout le scénario), mais qui ne cherche pas à être victorien à tout prix. Les auteurs ont plutôt cherché à respecter je pense le sens des œuvres littéraires dont sont issues les créatures.

    Références

    Mister Hyde contre Frankenstein – tome 1 : La dernière nuit de Dieu de Dobbs (scénario), de Antonio Marinetti (dessins), de Virginie Blancher (couleurs), de Gérald Parel (couverture) (Soleil – collection 1800, 2010)

  • Quatrième de couverture

    Qui est Bobbie Gotteson ? Musicien et meurtrier, paria et vedette, cet « incatalogable » porte le poids d’une identité morcelée, le destin s’acharnant contre lui depuis sa « naissance » dans la consigne d’un terminus d’autobus à New York. Librement inspirée des méfaits de Charles Manson, cette fausse confession met en scène une conscience dynamitée, parasitée par les voix du Dehors, les jurés du tribunal faisant figure de chœur antique dont les tirades rythment le drame de cette vie envahie par la démence, la haine et la pitié. Texte dérangeant et inclassable, qui mêle monologue, dialogues et récit à la troisième personne, Le triomphe du singe-araignée met en dérision la fascination populaire et médiatique qu’éveille la prétendue psychologie du meurtrier, puisqu’ »il y a quelque chose dans la Machette qui nous excite tous ».

    Mon avis

    Voilà le livre qui m’a réconcilié avec Joyce Carol Oates, littérairement parlant bien entendu. J’ai abandonné Les chutes et Nous étions les Mulvaney car je trouvais les démarrages trop longs et finalement je ne comprenais pas où elle voulait en venir (après j’ai compris que Oates racontait toute la vie de ses personnages, pour nous permettre de mieux comprendre les situations présentes, et que donc cela prend plus de temps que d’en raconter une partie). J’ai donc choisi un texte plus ramassé, 130 pages, mais alors pour le coup très particulier.

    Oates se met dans la tête d’un tueur en séries de femmes des années 60 (cela se repère à la quantité de drogues que ce type avale), qui utilise une Machette. Il n’a pas eu un début de vie facile : trouvé dans une consigne de gare, il est adopté par différentes familles (finalement, on n’arrive plus à savoir qui est le vrai père et la vraie mère) et sera condamné très jeune à la prison. Après il rencontrera les mauvaises personnes (notamment une « vieille actrice » râtée, séparée mais encore mariée, qui lui servira de maîtresse et de maman), ce qui le mènera dans le couloir de la mort.

    Finalement, ce qui est surprenant dans ce livre, c’est qu’il n’y a pas de narration continue. C’est une série de plan séquence très confus, puisque vous êtes dans la tête du meurtrier. Parfois, c’est donc incohérent, parfois on est pris de pitié, parfois on est pris de dégoût. Mais elle arrive quand même bien à y rentrer dans la tête de ce « taré ». On ne comprend pas forcément au début tout. Mais à la fin, on comprend mieux, lui et ses paroles, comme si on était devenu fou comme Bobbie Gotteson.

    En conclusion, c’est particulier mais réussi dans le sens où le projet que Oates s’est fixé a abouti. Par contre, je n’irai pas conseillé ce livre à tout le monde.

    Livre lu dans le cadre du challenge Joyce Carol Oates organisé par George.

    Un autre avis

    Celui de Virginie.

    Références

    Le triomphe du singe-araignée de Joyce Carol OATES – traduit de l’américain par Claro (Les allusifs, 2010)