Quatrième de couverture
Été 1926. Un coup de feu éclate dans la montagne autrichienne. Triste spectacle : un homme à la tête sanglante gît, un pistolet à la main… Suicidé ! C’est le professeur Kammerer, biologiste bien connu à Vienne, spécialiste des batraciens ! Pourquoi donc ce geste funeste ? Est-ce le dénouement tragique d’une violente controverse scientifique, qui dure depuis plus de quinze ans et dont le héros est … un simple petit crapaud ? Est-ce l’aveu d’une fraude, récemment révélée, et dont le scandale retentira à jamais ? Est-ce pour de toutes autres raisons, aux enjeux idéologiques, voire politiques ? Mais ne peut-on aujourd’hi, grâce aux plus récentes découvertes, interpréter cette énigme de façon tout à fait différente ?
Mon avis
J’ai piqué ce conseil de lecture chez Tiphanya. Quoique pas emballée, elle m’a donné envie de le lire car c’est une parfaite continuation de la lecture du livre de Luc Perino. Surtout, j’avais lu la biographie que consacrait Catherine Bousquet à Darwin et que cela m’avait beaucoup plu.
Dans cette histoire des sciences romancée, on est environ 50 ans après le premier débat sur les théories de Darwin. Dans la communauté scientifique, il y a toujours les pro-Lamarck et les pro-Darwin. Le point principal d’achoppement est entre caractère acquis (pour les partisans de Lamarck, l’homme s’adapte à son environnement pour y survivre et le caractère obtenu est transmis aux futures générations) et « loi du plus fort » (pour les partisans de Darwin, l’environnement (dans le sens de nature et pas humain)1 va provoquer une sélection progressive des caractères qui permettront l’adaptation progressive de l’espèce). Le contexte est cependant différent de la bataille d’Oxford de 1860. Puisqu’en 1900, de Vries redécouvre les lois de Mendel, lois génétiques qui tendent à confirmer la théorie de Darwin. Il y a toujours des sceptiques. Kammerer en fait partie.
Ses travaux portent sur la reproduction des crapauds. Il en regarde deux sortes : ceux qui se reproduisent sur terre et d’autres dans l’eau. Il essaye de se faire reproduire dans l’eau ceux qui se reproduisent sur terre. Pour cela, il exerce des conditions qu’il suppose favorables. Il regarde ensuite si c’est possible et surtout si les crapauds, au fur et à mesure des générations, prennent les caractères de ceux qui se reproduisent dans l’eau (acquisition de sorte de ventouses qui permettent de retenir la partenaire dans l’eau et surtout de garer les œufs car c’est le crapaud qui est censé les couvés). C’est le cas. Pour lui, c’est la preuve flagrante que Lamarck avait raison. Bateson, scientifique anglais, grand partisan de Mendel, est très sceptique. Commence alors une confrontation scientifique très difficile car elle se fait pendant une période très troublée où les voyages n’étaient pas des plus évidents et après dans un contexte politique très idéologisé (je sais que cela ne se dit pas mais je n’arrive pas à trouver le mot). En plus, il y avait la mauvaise foi des deux parties. Tout cela va mal tourner.
L’apport de Catherine Bousquet dans l’histoire est indéniable. Son style alerte lui permet de nous livrer une narration très agréable à lire, très claire mais surtout ses connaissances de la biologie permettent de jeter un regard moderne sur cette histoire. Kamemerer n’est plus regardé comme le « fraudeur scientifique » du XXième siècle mais comme une victime de son temps. En effet, Catherine Bousquet explique à la fin de son livre les théories les plus modernes pour interpréter les résultats de l’expérience (elle s’appuie sur des articles de fin de l’année 2010 tout de même). C’est cette conclusion que j’ai particulièrement aimé : les résultats de l’expérience de Kammerer étaient là mais pas forcément les théories pour les interpréter. Ce qui m’a aussi beaucoup plu, c’est que Catherine Bousquet ne se concentre pas sur les aspects les plus glauques comme la tricherie ou le suicide (elle nous livre quelques interprétations dans un style bon enfant) mais se concentre sur l’explication des résultats et des enjeux scientifiques.
J’ai beaucoup aimé mais ce n’est que mon avis.
Références
Mourir pour un crapaud … un authentique drame scientifique de Catherine BOUSQUET (Le Pommier / Romans et plus, 2011)
P.S. Je ne suis pas biologiste alors si j’ai mal dit ou mal compris quelque chose, n’hésitez pas à corriger dans les commentaires.
1: je précise que toute sélection provoquée par l’homme n’est pas un processus darwinien (même si certains veulent le penser) mais un processus imbécile, qui ne veut rien dire et ne sert absolument à rien à part à servir des idées stupides, le mot est très faible. Tout commentaire portant sur ces questions sera supprimé.