Ce qui m’a fait emprunter à la bibliothèque ce livre, c’est que quand je l’ai ouvert au hasard je suis tombée sur la page 131
Pour la première fois de ma vie, j’étais confronté à quelqu’un à qui la distance instinctive était inconnue. Même s’il m’était déjà souvent arrivé de me faire prendre au dépourvu, importuner ou contraindre à des choses que je devais subir, ne serait-ce que de supporter des invités qui s’incrustent dans votre cuisine jusqu’à l’aube bien que vous bâilliez depuis des heures, ou bien de se laisser imposer des sujets de cours ou de séminaire qui vous ennuient à mourir, tout cela restait vivable. Ça n’allait pas sans tension intérieure, mais ça passait. Cela faisait partie de la gestion du quotidien, parce qu’il faut bien s’arranger avec les autres, qu’on est soumis à des règles et qu’on ne peut pas passer pour un sauvage, et surtout parce qu’on craint secrètement d’avoir un jour besoin d’aide mais de s’être acculé à une solitude irrémédiable à force de s’être trop mis en marge.
Je me suis dis c’est moi cela (même si je rencontre plein de gens qui ne respectent pas mes distances à moi, il faut dire que j’ai une très faible tolérance à propos de cela) et je crois que je n’ai même pas fini de lire la quatrième de couverture et je l’ai embarque. Bonne pioche et donc bonne découverte !
Le narrateur est professeur de philosophie, spécialiste de Spinoza, à Bâle. La seule chose que je sais de Spinoza c’est ce qui est dit dans la quatrième de couverture. Il a fait une théorie sur le libre arbitre. Tout cela pour dire qu’il y a sûrement plein d’aspects de ce roman qui m’ont échappé mais j’ai aimé quand même.
Je reprends sur le narrateur : il vient de cesser la vie commune avec sa copine, même s’ils continuent à se fréquenter et qu’elle a un autre amoureux. Le point de désaccord était que notre narrateur était un indécis, qui n’était pas assez ferme et qui attendait trop souvent que la situation se règle d’elle-même.
Pour se consoler il a été faire une petite excursion à Amsterdam (je ne suis plus sûre) et fait au retour une escale à Strasbourg, où il a été la dernière fois avec sa copine. Sur le parvis de la gare, il rencontre Friedrich, musicien allemand, qui s’incruste avec lui (il manque deux pages au livre de la bibliothèque et je ne peux donc pas vous en dire plus sur le pourquoi du comment). Ils passent la soirée ensemble à aller de bar en bar. Passer la soirée ensemble est un bien grand mot car en fait, la narrateur passe toute la soirée à écouter Friedrich en pensant que c’est un poison et en se disant que demain il en sera débarrassé car il ne doit rester que la soirée à Strasbourg. il lui donne une fausse adresse et un faux numéro de téléphone pour ne pas que Friedrich le recontacte.
Après quelques temps, le narrateur oublie l’aventure même si intérieurement elle le rend mal à l’aise car il n’a pas su mettre de frein à sa nouvelle connaissance. Un jour, il reçoit un coup de fil de Friedrich qu’il va passer par Bâle en allant à Zurich. Le narrateur essaie de s’en débarrasser en disant qu’il va aller trois mois aux États-Unis. Il croit que c’est bon mais il a un ami qui arrive pour quelques jours à l’aéroport. Et là, stupeur de chez stupeur, l’ami est accompagné de Friedrich qu’il a rencontré dans l’avion.
Vous aurez compris que cela sonne le glas de la tranquillité de notre narrateur qui vient pourtant d’entamer ses vacances universitaires. Friedrich va s’incruster pour des semaines mettant bien à mal la patience du narrateur. La fin m’a fait rire même si elle n’est pas drôle car elle est identique au film de Tom Tykwer que je regardais en même temps, Winterschläfer.
C’est un livre qui est très agréable à lire : histoire bien menée, personnages bien décrits, style pas complique, pas trop simple. Je n’ai pas vraiment grand chose à en dire car je ne suis pas assez littéraire pour cela. Ce qui fait le plus du livre, c’est la manière dont l’auteur arrive à faire voir le point de Friedrich à travers celui du narrateur. Le narrateur est le narrateur, c’est lui qui raconte tout au long du livre. Si l’auteur s’était contentée de quelque chose de classique, on n’aurait du avoir que son point de vue alors qu’ici l’auteur arrive à nous suggérer que peut-être l’histoire est tout autre que celle que l’on croit. Il le fait à plusieurs reprises semant ainsi le doute sur notre sentiment. C’est ce que personnellement j’ai beaucoup aimé.
Références
Enfin le silence de Karl-Heinz OTT – traduit de l’allemand par Françoise Kenk (Phébus, 2008)