J’ai été aujourd’hui à l’exposition Angkor, la naissance d’un mythe au musée Guimet, à Paris (parce que c’est juste à côté de l’institut Goethe). J’avais lu pour préparer ma visite le hors-série édité par Beaux-Arts et aussi le récit de voyage de Pierre Loti, ayant pour cadre sa visite aux temples khmers en 1901.
Partie supérieure de la restitution de la tour du Bayon (photo prise par moi-même, au musée Guimet, le 11 janvier 2014)
Pour vous situer dans l’époque, les temples « khmers » ont connu un grand succès au niveau du public grâce à l’énergie de Louis Delaporte, en 1873, qui a ramené des moulages des sculptures des temples, des statuts, des aquarelles… (qui sont magnifiques, même si les décors autour des temples ne sont pas réalistes). C’était le thème de l’exposition au musée Guimet (les temples avaient été redécouvert quelque temps avant pour les occidentaux, les orientaux n’ayant jamais perdu leurs traces). Le Cambodge est dès lors apparu dans les expositions universelles, les revues où étaient racontées les voyages des explorateurs. Pierre Loti (qui je le rappelle était l’écrivain favori de ma grand-mère), quand il était enfant, dans sa maison de Rochefort, avait son musée personnel, où il avait « réuni beaucoup de coquillages, d’oiseaux des îles, d’armes, de parures océaniennes, tout ce qui pouvait [lui] parler de pays lointains ». C’est dans ce musée qu’il a lu le récit d’un voyage à Angkor, et surtout a vu des images qu’ils l’ont marqué pour la vie. En 1901, matelot (mais aussi homme de lettres), il profite d’une permission pour aller découvrir les temples. Il nous raconte dans ce texte, sa remontée depuis Saïgon, vers les temples khmers, sa découverte des temples et son retour vers Saïgon.
Pierre Loti est un homme de terrain et de réflexion. Cela se sent dès le début du texte. Tout en décrivant précisément les variations de faunes et de flores dans son voyage vers Angkor, il nous décrit en passant dans les villes son sentiment sur le colonialisme, et particulièrement le colonialisme français (on peut même dire qu’il était un peu visionnaire). Il nous parle aussi de sa découverte des autochtones.
Quand il arrive à Angkor, il est submergé par la beauté du site. Il découvre les restes de la culture khmers, et c’est bien de reste et de ruines dont on parle à cette époque-là. Cela entraîne Pierre Loti sur la réflexion de ce qu’était cette civilisation, de ce qu’elle était capable de faire à l’époque et surtout de ce qu’il en reste. Pourtant, Pierre Loti continue à être. Il part en exploration seule pour se donner le temps d’assimiler. Il est énormément quand même dans le contemplatif. Il souhaite s’imprégner (il n’utilise pas d’appareil photo pour se rappeler lui). Il est cependant moins descriptif que pendant son voyage (en tout cas il rentre moins dans les détails).
Le retour est un retour sévère à la réalité du monde. On pourrait même dire à la médiocrité du monde. C’est la fin de cette parenthèse enchanteresse.
Alors que dans certains livres de Pierre Loti le style est vieilli, ici, ce n’est pas du tout le cas. Le langage est enchanteur et évocateur, précis dans la description tout en laissant place à l’imagination et aux rêves.
Une très bonne découverte.
Références
Un Pélerin d’Angkor de Pierre LOTI (éditions Kindle)
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