Cecile's Blog

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    Présentation de l'éditeur

    En 1460, dans l’austère province du Rouergue, Luce est la jeune veuve
    du seigneur de Mirail. Pourtant elle décide, telle Antigone, de pleurer
    la mort de son frère, tué dans le duel qui l’opposait à son défunt
    époux.

    L’affront
    est terrible pour les de Mirail. Mais, Luce est prête à défier toutes
    les conventions, toutes les traditions, jusqu’à s’opposer au tout
    puissant seigneur de Rocmirail. Son châtiment sera à la hauteur de sa
    détermination.

    En ces temps troublés, elle devient, alors, objet de vénération pour les catholiques et d’exécration pour les protestants.

    Des siècles plus tard, Louis Huret découvre ce que fut toute son histoire.

    Celle de Luce de Mirail, qu’on surnomma l’Antigone de la Basse Marche du Rouergue.

    Des exemples de planches : ici.

    Quelques informations supplémentaires

    Pour ceux qui croyaient que le Rouergue c'était uniquement des éditions (j'espère que je ne suis pas toute seule…) : c'est aussi une ancienne province française correspondant à peu près à l'Aveyron d'aujourd'hui. Monsieur Wikipedia peut vous renseigner si vous le désirez. Comme dans beaucoup de provinces de France, les guerres de religions entre catholiques et protestants y ont fait rage. L'histoire fictive de Luce de Mirail se situe en plein dedans, en 1588.

    Christian Perrissin est connu pour être scénariste notamment de Martha Jane Cannary (la vie aventureuse de celle que l'on nommait Calamity Jane). Ici, c'est le premier album où il réalise les dessins et le texte. Il a choisi le noir et blanc, au crayon gras. Sur Déborah Renault, je n'ai aucune information à vous fournir.

    Extrait

    "Querelle de famille, voilà ce que fut toute cette histoire. Elle aurait sombré dans l'oubli sans la découverte d'un manuscrit racontant le destin de celle qu'on appela l'Antigone de la Basse Marche du  Rouergue : Luce de Mirail. Luce vécut au temps où papistes et huguenots se haïssaient plus que jamais."


    Ces lignes sont tirées d'un ouvrage aujourd'hui épuisé : "Les châteaux de Rocmirail, notice historique et archéologique par Louis Huret – 1853".  Huret fut le premier à s'intéresser aux châteaux de Rocmirail, pour le compte de la société archéologique de Tarn-et-Garonne. C'est au cours de ses recherches qu'il entend parler de Luce de Mirail.

    "Ici même, les catholiques la vénèrent et les protestants la diaolisent. Tout comme Antigone osa, en son temps, défier le roi Créon, Luce s'était opposée au puissant seigneur de Rocmirail, qui refusait sépulture à son frère." Louis Huret – extrait I.

    Huret consacre une longue partie de son livre à la vie de Luce. En prologue, voici ce qu'il dit de son pays…

    Mon avis

    Dans l'extrait, vous voyez qu'on parle de deux châteaux : "Vers 1460, le vicomte de Mirail cède une partie de son domaine à un lointain cousin, un Dalmayrac. Celui-ci y fera construire son propre château – Castel Djoubé […] – juste à côté du Castel Biel. […] Et c'est ainsi que Rocmirail eut désormais deux châteaux et deux vicomtes : l'un Mirail et l'autre Dalmayrac." J'ai trouvé que cette situation était particulièrement tirée par les cheveux (si ça se trouve, ça existe vraiment mais bon …) et donne des vignettes assez bizarres où on voit les deux châteaux (qui n'en forment en réalité qu'un) sous différentes orientations (qui nous sont précisées) suivant lequel des personnages parlent. À part cette partie de l'histoire assez déstabilisante, le scénario rend bien l'idée que l'on peut se faire de l'époque des guerres de religions mais aussi des querelles intestines pour récupérer le plus de terres possibles. Les dessins, entre ombre et lumière, accentue le côté sombre de cette période de l'Histoire.

    Pour son premier album en tant qu'auteur complet, je trouve que Christian Perrissin présente un bon album convaincant, très intéressant à lire.

    L'avis de Ys.

    Références

    La colline aux mille croix de Christian PERRISSIN (un récit écrit avec Déborah Renault) (Futuropolis, 2009) 

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    Quatrième de couverture

    ''Eden Bromberg apprend qu'il lui reste un an à vivre. Son seul espoir est lié à un mystérieux traitement, lequel demande de s'enfermer dans une maison de repos d'un genre particulier : "Le train sifflera trois fois". Elle y entraîne sa mère, qu'elle ne peut laisser seule mais qui, à 85 ans, a gardé toute son énergie, c'est-à-dire toute sa capacité à l'humilier, à la torturer, à faire de sa vie un enfer. Leur éternel duel peut reprendre de plus belle. Sauf que peu à peu la réalité semble dériver.

    Où Éden et sa mère se trouvent-elles réellement ? Où Gussie, le directeur de la maison, mixte de rabbin, de psy et de travesti, veut-il les emmener ? Entre roman familial, conte fantastique et farce macabre (quelque chose comme La Montagne magique racontée par Woody Allen), Béatrice Shalit nous le fait découvrir avec une douceur, une tendresse pour ses personnages qui n'empêchent pas l'ironie, de même qu'à l'heure de mourir rien n'empêche qu'on se mette à danser avec sa mère, comme un temps lointain du bonheur."

    Quelques informations supplémentaires

    Oui, j'assume : c'est le livre qui a fait la polémique au début du mois de juin parce que l'auteur s'est plainte dans les colonnes du Monde de ne pas être lu. Vous pouvez aller vous renseigner ici ou encore ici. J'ai découvert ce livre grâce aux statistiques de mon blog (en sachant que je n'ai parlé d'aucun livre de Léo Scheer, j'ai été un peu surprise de l'y voir apparaître). J'avoue que la polémique ne m'aurait pas du tout envie de lire le livre (si j'avais été au courant) mais en fouillant un peu, j'ai trouvé une vidéo de Béatrice Shalit (sur le site de l'éditeur) parlant de son livre. Et là, j'avoue avoir commandé le livre pour en savoir plus…

    Mon avis

    J'ai été agréablement surprise : c'est un très bon livre. L'auteure vous emmène dans un monde qui ressemble à celui-ci mais où on a une impression de flottement. Le train sifflera trois fois est une "maison de repos" où séjourne des accidentés de la vie. Ils y vivent une existence paisible en apparence, parfois il se révolte mais dans l'ensemble ils sont calmes. Il y a Écran Noir (Pénélope) une ex-junkie ; Julio le fils de Gussie qui a eu un accident d'échaffaudage ; Monsieur et Madame Art qui ont perdu leur fils ; Madame Andrée dont la vie reste mystérieuse ; Éden (atteinte d'un lipome qu'un robot lui a enlevé) et sa mère Alonit en conflit parce qu'elles ne se comprennent pas et Gussie le chef d'orchestre un peu loufoque. Celui-ci va organiser des joutes pour que Éden et sa mère puissent enfin se dire tout ce qu'elles ne se sont jamais dits. Éden va ainsi apprendre le destin de son homonyme (sa tante) pendant la Seconde Guerre Mondiale. Tout ce petit monde forme une communauté très attachante. Il y a aussi les enfants d'Éden et son mari défunt qui interviennent de temps en temps. Béatrice Shalit les décrit tous avec "tendresse" et "douceur" comme le dit si bien la couverture. C'est cependant cette impression de flottement, que l'auteur a su donner à son roman, que j'ai le plus aimé. On a l'impression d'y voir un monde plus lumineux (après j'ai compris pourquoi), mais aussi plus franc (les gens se disent ce qu'ils pensent).

    Finalement, quand vous fermez ce livre, vous ne savez pas exactement ce que vous avez lu : on a à la fois l'impression d'avoir saisi ce que l'auteure voulait nous dire tout en se disant que peut-être ce n'est pas vraiment ça.

    En conclusion, un petit livre étrange mais une très belle lecture. Ce serait dommage qu'il ne trouve pas de lecteur.

    Références

    Danse avec ma mère de Béatrice SHALIT (Éditions Léo Scheer, 2009)

     

  • Quatrième de couverture

    Lorsque sa collègue Aurore l'appelle en pleine nuit pour couvrir avec elle un meurtre atroce, David, photographe de presse, se rend sur les lieux du drame. Un fossoyeur pris d'une folie hallucinatoire vient de massacrer sa femme et ses enfants avec un fusil à pompe, avant de se donner la mort. Le lendemain, un adolescent, se croyant poursuivi par des ombres, menace de son arme les patients d'un hôpital et tue Kristel, la compagne de David. Mais qui est à l'origine de cette épidémie meurtrière ? Est-ce un homme ou un démon ? Le journaliste, qui n'a plus rien à perdre, va se lancer à la poursuite de Nathaniel, l'enfant des cimetières, jusqu'aux confins de l'inimaginable…

    Thriller gothique époustouflant, L'Enfant des cimetières est servi par une écriture nerveuse terriblement évocatrice qui laisse le leceur hypnotisé par l'horreur. Attention, si vous commencez ce livre, vous ne pourrez plus le lâcher ! 

    Mes quelques remarques sur ce livre

    J'avoue que je l'ai lu uniquement parce que c'était La liseuse qui le conseillait (elle lui a mis quatre étoiles quand même !). J'étais aussi curieuse de savoir comment c'était un livre qui parlait de démons. Donc, j'ai lu mon premier thriller gothique. En passant, l'auteur ressemble à un type avec lequel je travaillais et qui adorait visiter les catacombes et vivre dans des souterrains. J'ai pensé très fort à lui à la fin. Maintenant, ce que j'en ai pensé : j'aurais du me méfier. Quatre étoiles + "Attention, si vous commencez ce livre, vous ne pourrez plus le lâcher !" = un week-end à tourner des pages. À part le tout début (où je me suis vraiment posée des questions sur les goûts de La liseuse), ce livre est absolument génial. C'est comme une saga de l'été où vous aimez mais vous ne savez pas pourquoi. Ici, c'est halletant (à cause de l'écriture et des chapitres). L'action est prenante ; les personnages bien campés. Pour ceux qui comme moi ne sont pas de grands fans de démons, sachez qu'il n'y en a pas tant que ça. C'est même un humain qui est la cause de tout ! Il faut juste ne pas être réfractaire à un peu de surnaturel.

    En conclusion, merci La Liseuse pour ce super conseil de lecture qui m'a permis de passer un très bon week-end ! 

    Références

    L'enfant des cimetières de Sire Cédric (Le pré aux clercs – Thriller gothique, 2009)

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    En ces temps où les vacanciers arrivent en masse sur les plages ensoleillées, parlons d'un archipel d'îles très isolé : l'archipel écossais de Saint Kilda. En tout cas, c'était le cas au moment où se passe cette bande dessinnée. Un jeune thésard (je fais une fixation en ce moment sur ce sujet), Darius Kingsley doit soutenir sa thèse. Le problème est qu'il change son sujet au dernier moment pour défendre les thèses de Darwin. Les grands pontes, ainsi que son père, industriel prospère, goûte fort peu à cette plaisanterie. Il décide de l'exiler pour deux ans à Saint Kilda, où a déjà été son mentor auparavant. Il découvre une communauté de gens vivant en harmonie avec leur environnement (il y a trois femmes pour un homme, pas d'arbres, pas de lois, ni de règles : les décisions sont prises en communauté ; il pêche les oiseaux avec des cannes à pêches…) Ils vivent cependant sous la coupe d'un pasteur arrivé vingt ans plus tôt et qui maintient une sorte de chappe de plomb sur cet archipel. Il y a donc une confrontation entre les deux points de vue : le pasteur qui veut continuer à imposer sa loi et maintenir la population dans une crainte d'Esprits supérieurs (dans un but qui n'est précisé qu'à la fin) et Darius qui voit plutôt une communauté à sauvegarder…

    L'histoire est absolument géniale et pleine de suspens. On s'attache rapidement au personnage de Darius et à ceux des autochtones. Pour ce qui est des dessins, ce qui m'a frappé c'est l'expression de gentillesse et de joie qui émane des visages. Le dessinateur maîtrise impeccablement toute la palette des émotions : ça prête parfois à sourir quand on les voit s'étonner. Pour ce qui est des paysages, il n'y en a pas tant que ça car le récit alterne la période pré et post arrivée sur l'île (avant, Darius est à Londres). Les parties sur Saint Kilda sont dominées par le vert de l'herbe et peu par le bleu de la mer (que j'aurai aimé voir plus déchainée, mais bon) Les couleurs, pour les parties paisibles, où on découvre l'île, sont très claires : il y a une impression de lumière qui s'échappe des dessins. C'est le contraire pour les périodes où le malheur s'abat sur l'archipel et Darius.

    En conclusion, on passe un bon moment avec cet album.  La fin donne particulièrement envie de lire le second tome (qui n'est pas sorti).

    Références

    Saint Kilda – Livre I : Les esprits d'Hirta de Pascal BERTHO (scénario) et CHANDRE (dessins et couleur) (Emmanuel Proust éditions – collection Atmosphères, 2009)

     

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    Vous désirez partir en Inde, vous n'avez pas les moyens, pas la disponibilité, peur de la tourista (ou de toutes autres affections et pathologies pouvant atteindre la personne dépassant le seuil de sa maison) : lisez ce livre. Il est sans danger et vous imerge, en peu de temps, dans une autre culture. 

    J'ai fait ce voyage en Inde grâce à Monsieur BOB et Madame Charlotte (lecture en partenariat avec 10/18) et je les remercie beaucoup pour cette lecture. Maintenant trêve de plaisanterie. Passons à un semblant de résumé.  

    Vish Puri, signifiant l'homme qui exauce les voeux en "sabir anglo-hindi", est le meilleur détective privé d'Inde. Et même meilleur que Sherlock Holmes : on apprend que celui-ci à voler toutes ces idées sur la criminologie à des Indiens. Rien que ça ! Il est entouré de toute une équipe diablement efficace, jamais d'erreur, toujours parfaites. Dans la vie privé, avec sa femme, sa mère et ses employés de maison c'est un gros nounours qui montre toute sa générosité qu'il laisse parfois s'exprimer au delà de son chez lui. 

    Dans ce volume, il mène des enquêtes cocasses (enquêtes prénuptiales), des enquêtes dangereuses (un avocat non corompu, chose rare en Inde, lui demande de l'innocenter dans le meurtre d'une de ses employées de maison). On lui tirera même dessus, sur son propre toit mais un piment très fort le sauvera. C'est sa mère qui se chargera de cette enquête parce que dans cette famille, on a le sens de l'aventure et de l'enquête (le père était policier).

    Le livre vaut son pesant d'or pour les morceaux d'Inde qu'il nous raconte, ou plutôt des Indes : celles des pauvres, des paysans, des petits gens à côté de celle de ceux qui profite du boom de l'Économie. L'auteur sait de quoi il parle car d'après la présentation que l'éditeur nous fait de l'auteur, il est "marié à une journaliste indienne", vit entre Londres et Dehli. Il a aussi été reporter en Ine pendant plusieurs année pour l'Associated Press. 

    C'est un premier roman. Je ne peux que vous encourager à le lire.

    Et même que maintenant je sais dire des insultes en pendjabi, na !

    L'avis de Mazel qui l'a aussi lu dans le cadre du partenariat Blog-o-book – 10/18.

    Références

    L'homme qui exauce les voeux de Tarquin HALL – traduit de l'anglais par Anne-Marie Carrière (Domaine policier – 10/18, 2009)

     
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    Résumé 

    Cambridge. Michael Young a enfin fini sa thèse d'Histoire portant sur l'enfance d'Hitler (vous ne pouvez pas savoir comme je l'envie d'avoir fini sa thèse ! Et en plus, il a deux ans d'avance). Il ne lui reste plus qu'à l'apporter à son directeur de thèse pour corrections et que celui-ci l'envoie aux jurys… Manque de chance, ce jour-là, sa copine biologiste vient de le quitter et dans sa case courrier une enveloppe adressée à Léo Zuckermann. Il décide de lui amener en main propre. Entre temps, il décide se venger de la rupture sur la voiture de sa copine. Il fait tomber son manuscrit non relié et là sur le parking, Zuckermann l'aide à ramasser les feuilles éparses. Zuckermann lit le sujet et se montre très intéressé (il était en Allemagne pendant la seconde guerre). Il faut savoir que le monsieur est physicien et vient de construire une sorte de machine à remonter le temps dans le but d'empêcher la boucherie de la seconde guerre. À eux deux, ils décident d'empêcher Hitler de naître d'une manière pour le moins originale (enfin, une thèse qui va servir).

    Mon avis

    Je ne lis jamais de SF à part si ce sont des uchronies. Comme vous l'aurez compris au résumé, c'est la cas ici. Ce n'est pas du tout du même genre que Archange de Robert Harris : on ne se pose pas la question de "non, ça peut pas être vrai ce qu'il raconte ! oui ?". Ici, c'est plutôt le style qui importe : on y voit tout l'humour et le charme anglais de l'auteur. C'est ce qui fait à mon avis qu'on passe un très bon moment de lecture. 

    L'histoire mêle ce qu'on pourrait appeler un classique de l'uchronie : la machine à  remonter le temps et un thème largement traité dans ce style de littérature : la seconde guerre mondiale et qu'aurait-on pu faire pour que Hitler ne commette pas le plus grand génocide de l'Histoire. Est-ce une question d'homme ou d'époque ? Il ne faut pas se le cacher, il y a des textes plus intéressants qui ont été écrits sur le sujet.

    Parlons maintenant de l'auteur. Au dire de la quatrième de couverture, c'est quelqu'un de très connu. Il a fallu que je cherche sa photo sur Internet pour me rendre compte que oui en effet je le connaissais. Pour ceux et celles qui regardent Bones, c'est le psy qui soigne Booth après qu'il ait tiré sur le clown (quelle culture, n'est-ce pas ?) C'est aussi un ami de Hughes Laurie (le docteur House) avec qui il a tourné une adaptation des Jeeves de Wodehouse. On parle même de Stephen Fry comme le digne héritier de cet auteur.Au passage, pour un roman érit en 1996, Fry avait "prévu" la reconnaissance vocale et les écrans tactiles. Bien vu !

    En conclusion, une lecture forte agréable et distrayante !

    Un autre avis

    Celui de Nébal

    Références

    Le faiseur d'histoire de Stephen Fry (La bibliothèque voltaïque – Les Moutons électriques éditeur, 2009)

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    Il paraît que Milán Füst est un écrivain hongrois très connu. Bien sûr je ne connaissais pas : j'ai aussi appris les noms de Esterházy, Kosztolányi et Karinthy (tous traduits en français) . C'est une drôle d'histoire qui nous est raconté ici. Un jeune homme d'une vingtaine d'année, un baron, vit avec sa mère. Un jour, il voit débarquer à son appartement une jeune femme qui lui demande de l'argent pour faire des achats. Elle cite comme référence une connaissance du narrateur. Manque de chance, le jeune homme s'aperçoit qu'il s'est fait rouler : elle ne connaissait même pas le type dont elle se réclamait. C'est une aventure qui est réellement arrivé à Milán Füst. Il va la retrouver deux ans plus tard à l'armée. Une histoire d'amour va naître et se terminer.Un chien, Péter, va remplacer la jeune femme dans le coeur duu baron. J'avoue que j'ai eu du mal à ne pas éclater de rire mais c'est bien de solitude dont on nous parle ici : le narrateur en parlant de son chien dit

    "Il auraitalors fallu me résoudre à l'un des plus grands sacrifices de toute ma vie : me séparer de lui, ce dont j'étais bien incapable. C'est pourtant ainsi que les choses se terminèrent. Lorsque je me suis assis pour écrire cette histoire, j'ai longtemps délibéré pour savoir quel serait son titre. Je voulus d'abord l'intituler Histoire de chien, mais je le remplace maintenant par L'Histoire d'une solitude, c'est ce que je viens d'écrire tout en haut, car c'est bien de cela qu'il est question, et de rien d'autre. De ce que seules la solitude et l'imagination, rien de plus, sont faites pour moi. C'est triste mais c'est ainsi." (p. 123)

    En parlant de la femme qu'il a aimé,

    "Des commandements inflexibles et sans appel résonnaient dans mon coeur. Ils disaient que je devais la défendre contre moi. Mais ce n'était pas tout ce que disaient les commandements. Ils disaient aussi que je devais me défendre  moi-même, – et de quoi ? C'était en fait ma maudite imagination que je devais défendre. Car je ne pouvais l'aimer que de cette façon, depuis les lointains. En effet, tant s'en faut qu'on puisse aimer l'être humain comme moi, j'avis aimé Péter, et même Péter, hélas, je n'avis pu le supporter longtemps. Cet amour, l'imaginaire, semble donc pour moi valoir plus que du réel. Ce que je voulais jalousement préserver d'elle, c'était donc mon amour, qui n'appartenait qu'à moi et qui, tant qu'elle n'était pas là, ne dépendait même plus d'elle." (p. 132)

    C'est un très bon roman dans l'ensemble. Comme je vous le disais, j'ai beaucoup souri tellement il arrive des événements bizarres à ce baron. J'avoue avoir été assez sceptique sur la démonstration de solitude. Cela ne m'aurait pas paru évident si le narrateur ne nous l'avait pas expliqué de long en large. On retrouve ici l'écriture hongroise (j'ai lu trois livres seulement, je ne suis pas experte) : sans l'air d'y toucher, par une écriture simple (j'ai quand même appris le mot prolégomènes), on arrive à nous faire sourire sur des faits graves.

    J'ai deux autres Milán Füst : eux aussi sont remontés dans ma PAL !

    Références

    L'histoire d'une solitude de Milán FÜST – traduit du hongrois par Sophie Aude – préface de Péter Esterházy (Cambourakis, 2007)

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    Présentation de l'éditeur

    Fable pudique, baroque et pleine d'humanité, Le Compagnon de voyage a pour cadre l'Italie de 1943. Après le renversement de Mussolini et le chaos que provoque la signature de l'armistice, les hommes de troupe, désormais sans ordres et sans chefs, décident de rentrer chez eux.

    Au milieu de cette débandade, Calusia, un soldat bergamesque, entame la lente remontée de la Péninsule jusqu'à Naples. Il s'est juré de rendre à sa famille la dépouille de son lieutenant, mort en Calabre lors des ultimes combats désespérés et vains contre le débarquement allié.

    Cet honnête paysan, fier de ses origines, traverse l'Italie en compagnie de l'âne Roméo et d'une jeune fille qu'il a prise sous sa protection. À travers ses rencontres se dessine un portrait tout en finesse du peuple italien, capable des pires bassesses, mais aussi plein de courage et de générosité.

    Mon avis

    Ce livre, c'est comme Il faut sauver le soldat Ryan : un type, un soldat, s'est fixé une mission humaniste dans une débacle, dans le sens où personne ne sait vraiment où il est et ce qu'il doit faire. Ici, ce n'est pas le débarquement mais l'Italie d'après le 8 septembre 1943. Calusia doit ramener la dépouille de son chef à sa famille. Pour cela, il va parcourir l'Italie. Il rencontre différentes personnes dans chaque village qu'il traverse et à chque fois il essaye de les aider et montre tout son courage. L'écriture de Malaparte donne l'impression de l'épopée d'un héros antique qui va sauver l'Italie en crise. Par un ton léger, on a l'impression que ce qui se passe est anodin mais en réalité, il sait dénoncer à travers ses personnages et ce qu'ils nous disent les pires travers d'une société en guerre : le vol, l'exploitation du malheur. C'est un roman que je n'oublierais pas de sitôt.

    J'avais pris ce livre à la librairie parce que dans ma PAL j'avais Kaputt et La peau et que finalement je navais plus trop envie de les lire : là je peux vous dire qu'ils sont remontés tout en haut…

    D'autres avis

    Ceux de Lau,  de Annick Dor, de Stefano Palombari

    Références

    Le compagnon de voyage de Curzio MALAPARTE – Postface et traduction de l'italien par Carole Cavallera (Quai Voltaire, 2009)

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    Quatrième de couverture

    Rome 1939 : Luciano Serra, jeune inspecteur de l'OVRA (la police secrète fasciste), est chargé d'une affaire délicate. Il doit enquêter sur Gonario Musio, un haut dignitaire du régime. Ses investigations l'emmèneront jusqu'en Sardaigne. Un retour aux sources pour Serra et la découverte d'un régime fasciste englué dans la corruption et la peur. Fáulas est le premier volet des enquêtes de l'inspecteur Serra.

    Luciano Marrocu est professeur d'histoire à l'Université de Cagliari. Il est aussi adjoint à la culture de la Province de Cagliari. Fáulas est son premier roman.

    Mon avis

    Je commence par un reproche (je sais ce n'est pas très gentil). Je ne suis pas spécialiste de l'administration fasciste, ni de l'histoire de l'Italie à cette période : ça aurait été sympa une postface pour nous parler du contexte… (surtout quand on voit que l'auter est historien). De plus, je ne suis jamais allée en Sardaigne. Je sais situer les grosses villes italiennes mais pas tous les villages de Sardaigne. Il faut mettre une petite carte. Ce préambule pour vous dire qu'il faut un minimum de culture italienne (ou un bon dictionnaire : j'ai appris le mot pyroscaphe) pour bien comprendre ce livre. Ça peut gêner la lecture à mon avis. Je remercie cependant le traducteur pour les quelques notes : grâce à lui j'ai découvert le nom de Grazia Deledda, prix nobel de littérature en 1926. Ces livres ont l'air très intéressants.

    À part cela, c'est un roman policier sympathique : on tourne facilement les pages. L'auteur décrit assez longuement ses personnages (on sent qu'il va développer la série) même si leur vie extérieure reste mystérieuse (notamment pour l'inspecteur Serra). On fait l'enquête en même temps que l'inspecteur. J'ai trouvé la solution en même temps que lui. L'enquête et son déroulement ne semble pas être la préoccupation principale de l'auteur. Par contre, la description de la corruption et de l'omerta dans le village sarde de Fáulas vaut le détour même si au contraire de ce que dit la couverture, j'ai eu l'impression de survoler le régime fasciste (plus généralement d'avoir entre les mains un roman atemporel à part le fait que Serra appartient à l'OVRA). 

    En conclusion, un roman policier sympathique à lire pour se détendre. J'attends de lire le deuxième volume pour savoir si l'auteur "améliore" un peu ses personnages et ses enquêtes. 

    Références

    Fáulas de Luciano MARROCU – traduit de l'italien par Marc Porcu (La fosse aux ours, 2008)

  • Quatrième de couverture

    "Une vieille demoiselle réunit, à l'occasion d'un repas qu'elle leur offre, les membres de sa famille. Pendant les préparatifs puis autour de la table, chacun va se révéler au lecteur par ses propos, son comportement, ses attitudes… Suite de touches impressionnistes, dialogues qui peuvent sembler anodins, courtes scènes parfois juste esquissées masquent un récit fort bien charpenté à la conclusion assez amère. Récit d'une époque, le Copenhague du début du siècle est fort bien évoqué, mais également récit de toujours par les thèmes qui sont les siens, la vieillesse ou la convoitise, par exemple.

    Pour Lucien Maury, le meilleur de Bang (1857-1912) est "dans ces récits qui sont à peine des narrations, mais de mobiles schémas de décors, des esquisses de dialogues, la vie saisie dans ses aspects les plus figitifs et les plus significatifs" et, incontestablement, c'est à un tel genre de récit qu'appartient ce texte, inédit en français, intitulé Les corbeaux."

    Mon avis

    Imaginez-vous la préparation et le repas de famille. Vous êtes un observateur extérieur, on ne vous voit pas, comme un fantôme. Vous pouvez passer de groupe en groupe, de conversation en conversation sans vous attarder, sans vous apesantir. Vous ne saisissez que des bribes mais elle vous permette de comprendre tous les enjeux de ce fameux repas. Si vous y êtes, vous avez compris comment est écrit cette très courte nouvelle d'Herman Bang.

    On se dit tout du long du récit : "Heureusement que je ne suis pas dans cette famille !" On arrive à plaindre la vieille demoiselle même si elle les fait bien tourner en bourrique. C'est à la fois drôle pour nous, qui sommes spectateur, mais cruel et cependant très juste pour les membres de cette famille, un peu trop intéressé. La chute est extraordinaire (j'ai quand même mis un certain temps à la comprendre). Ça m'a un peu fait penser à Festen dans la description de la famille (sans les non-dits cependant).

    En conclusion, le titre en danois est "Ravnene" : ça ressemble à l'anglais, non ?

    Références

    Les corbeaux de Herman BANG – roman traduit du danois par Ellen Erichsen et Michel Berjon (L'Élan, 2005)