Présentation de l’éditeur
Nadia Guerra est une jeune femme qui se bat contre l’oubli et l’immobilisme. Animatrice de radio, elle se fait le porte-parole d’une Cuba de l’ombre, sensuelle et rebelle. Elle obtient une bourse pour Paris, mais l’art n’est pas sa seule motivation ; elle part aussi à la recherche de sa mère, Albis Torres. Elle va finalement la rattraper à Moscou. Mariée. Mais sans mémoire. Refusant de la laisser là, perdue et désorientée, Nadia va la ramener dans son pays natal. En fouillant dans ses affaires, elle va retrouver – perdu parmi les livres interdits -, le journal que cette femme tenait à Cuba à la veille de la Révolution. Elle donne ainsi à entendre le son de cette époque cruciale et y dresse notamment le portrait de Celia Sánchez, cette héroïne révolutionnaire que Castro a aimée et trahie.
Mère Cuba, dans la lignée de Tout le monde s’en va, nous immerge dans le coeur d’une génération qui porte un héritage révolutionnaire aussi lourd que fascinant. En variant les registres et les procédés littéraires, l’écrivain met à nu la mémoire de la nation cubaine tout entière, qui nous dévoile ici son âme.
Mon avis
J’aime beaucoup les quatrièmes de couverture de La Cosmopolite. Je trouve qu’elle parle très bien des livres qu’elles présentent. Ici, c’est vrai qu’on a affaire à un livre fascinant. Je ne sais plus où j’ai lu que les Cubains, qui ont fui Cuba, parlent toujours de Cuba avec un attachement très vif et parlent toujours de leur retour. Un peu comme on revient à la mère patrie (c’est comme ça que j’avais interprété le titre : Cuba, un pays vers lequel on revient toujours).
Nadia Guerra, c’est une fille de la révolution. Ces parents étaient très proches des Castro, du Che (surtout sa mère en réalité de Celia Sanchez). Son père est un célèbre cinéaste, auquel on rend des hommages posthumes alors qu’il n’est pas mort. Sa mère était animatrice radio. Finalement, Nadia a un peu du mal à assumer son héritage parce que oui elle n’est pas partie (au contraire de beaucoup) mais d’un autre le côté révolutionnaire est gâché par la tournure du régime. Ces deux parents au seuil de leurs vies, elle se dit qu’il ne restera à terme rien de leur combat. Pour faire survivre cette mémoire, elle s’y prend de différentes manières : elle dit ce qu’elle pense à la radio (à son entourage), elle fait des performances d’art mais finalement, ce qu’elle trouvera de mieux c’est retrouver sa mère (qui est partie quand elle avait dix ans) et de lui demander pourquoi ? que s’est-il passé à Cuba ? dans leur famille ?
Elle la retrouvera sa mère, à Moscou. Mais elle est sans mémoire. Heureusement, il y a des écrits. Là elle découvre un peu la vie de sa mère. Elle interroge aussi les amis. Petit à petit, retrouver ses parents (et surtout sa mère) va lui permettre de construire son futur. C’est un roman sur la transition entre deux générations, le souvenir, sur Cuba…
J’ai particulièrement apprécié la partie sur Celia Sanchez, personnage que ce livre m’a fait découvrir (je ne me suis jamais vraiment intéressée à la révolution cubaine). L’écriture est je trouve sobre : c’est comme si vous étiez dans le noir et que vous entendiez une voix. Une voix qui ne faiblit pas même si elle vous raconte quelque chose de triste. Comme le dit la couverture, Wendy Guerra utilise plusieurs style narratif qui personnellement ne m’ont pas gêné (même si j’ai entendu sur France Culture une critique qui expliquait que c’était un procédé artificiel et que ça avait gêné sa lecture).
En conclusion, un roman très fort !
Références
Mère Cuba de Wendy Guerra – traduit de l’espagnol (Cuba) par Marianne Millon (Stock – La Cosmopolite, 2009)