Cecile's Blog

  • Quatrième de couverture

    Des vacances sur une île en Écosse. Un enfant rêvant d’aller au Phare. Sa mère, Mrs Ramsay, objet de l’admiration de tous. Une expédition au Phare dix ans après. La guerre qui entre-temps a laissé un goût amer. Des survivants qui luttent pour combler le vide laissé par l’absence.

    Entre résurgences enfantines et souvenirs qui se délitent, Virginia Woolf passe au scalpel les tréfonds de la conscience, en évoquant au travers d’une œuvre poétique les pensées, les délires et les fantasmes de ses personnages.

    Ce roman, qualifié par son mari Leonard de « poème psychologique », privilégie l’introspection, le récit libre, qui laisse exploser ce qu’elle appelait « la vie telle qu’elle est quand on n’y prend pas part ». À la manière de Joyce ou de Proust, elle décortique l’âme humaine, mettant à nu sa fragilité et les déchirements de son enfance.

    Mon avis

    Ça y est j’ai succombé à Virginia Woolf. Cela va entraîner que ce billet ne sera pas un billet vous vantant les mérites du livre, vous disant qu’il faut absolument que vous le lisiez si vous ne l’avez déjà fait. Parce que des fois il faut juste s’incliner devant le talent, je ne vous dirais pas comment l’écriture est belle, comment le livre est construit, mais je vous dirais juste ce que j’ai ressenti à la lecture.

    Je vais quand même vous parler construction … Le livre correspond à deux moments qui ont eu lieu à dix ans d’écart. Le premier évènement, c’est une journée d’été en Écosse où une famille envisage une excursion vers le phare d’en face. On vogue de personnage en personnage sans avoir l’impression d’être dans leur tête. On est dans leur tête tout en étant pas dedans. Je me suis sentie comme une âme qui flotte au dessus de la scène. J’insiste bien sur « une âme », pas comme un narrateur extérieur, pas de roman polyphonique. Parce que je n’ai pas regardé mais j’ai ressenti. Virginia Woolf m’a touché au cœur et pas à la tête. Comme tout le monde le dit, vous ressentez de la nostalgie, un léger vague à l’âme.

    Alors, quand Virginia Woolf entame la deuxième partie où elle fait passer dix ans d’un coup, j’ai ressenti un moment de tristesse de quitter cette journée d’été. Dans cette partie, elle se focalise sur l’évolution et le vieillissement de la maison, sur les saisons qui passent. La vie des personnages de la partie précédente n’est décrite qu’entre crochet, comme si cela ne comptait pas dans l’évolution de la maison mais aussi du roman.

    À la troisième partie, dix ans plus tard, la promenade au phare a enfin lieu. Je me suis sentie écrasée par la réalité, par le présent. Virginia Woolf devient plus terre à terre. Les souvenirs sont vus à travers le présent. On est moins dans la nostalgie mélancolique mais plus dans l’explication.

    J’aurais voulu que la première partie ne se termine jamais.

    Livre lu dans le cadre du challenge « English classics » de Karine:)

    Quelques passages qui m’ont plu

    « Il était maintenant nécessaire de franchir un pas de plus. Le pied sur le seuil, elle attendit encore un moment dans une scène qui s’évanouissait alors même qu’elle la contemplait, et là, comme elle avançait pour prendre le bras de Minta et quitter la pièce, tout changea et prit une forme différente ; c’était, elle le comprit, en lançant un dernier regard par-dessus son épaule, déjà devenu le passé.« 

    « Elle n’avait pas de manière trop évidente perdu l’esprit. Personne ne l’avait vue faire un dernier pas sur son étroite planche pour plonger dans les eaux de l’anéantissement.« 

    « Le monde entier semblait s’être dissous, en ce début de matinée, en un lac de pensée, en une grande mare de réalité, et l’on pouvait presque imaginer que si Mr Carmichael avait parlé, une larme aurait déchiré la surface du lac. Et alors ? Quelque chose allait émerger. Une main serait tendue, une lame brillerait. Tout cela n’a aucun sens bien sûr.« 

    Quatre avis, beaucoup plus construits

    Ceux de Dominique (sans qui je n’aurais pas lu ce livre), de Lilly (qui donne envie de lire tout Virginia Woolf), de Keisha (qui a remis mon envie au goût du jour), de Méa.

    Références

    Au phare de Virginia WOOLF – traduit de l’anglais par Anne Wicke (Stock – La Cosmopolite, 2009)

  • Comme vus pouvez le voir, il s’agit d’un récit-témoignage de l’auteur Igort. Celui-ci a fait un voyage en Ukraine en 2008-2009, 2009 : vingtième année de la chute du mur de Berlin. Il va nous parler de l’Ukraine au temps de l’URSS. Ou plutôt il va faire parler des « vieux » Ukrainiens nés dans les années 20 car ceux sont eux qui ont connus la terrible famine orchestrée par Staline, lors de la dékoulakisation, à partir de 1931, que les Ukrainiens appellent « Holodomor ». Il est d’ailleurs précisé à la fin du volume que

    L’Ukraine d’aujourd’hui cherche l’appui international pour que l’Holodomor sot reconnu au palais de verre de l’ONU comme génocide. La Russie, membre permanent, a droit de veto. Elle menace de l’exercer.

    Nous sommes le 26 septembre 2008, l’Ukraine retire sa motion.

    Reconnaissent la famine comme crime contre l’humanité : Argentine, Azerbaïdjan, Belgique, Canada, Estonie, Géorgie, Italie, Lettonie, Lituanie, Moldavie, Pologne, États-Unis, Hongrie, Vatican.

    La bande dessinée est présentée comme une sorte de carnets de notes, de témoignages écrits et aussi « mis en scène » graphiquement. Les traits des visages sont décharnés, décrivent sûrement la réalité, mais amplifient l’horreur du propos.

    Au contraire de ce que l’on peut penser, l’album n’est pas manichéen et ne cherche pas forcément à accuser l’URSS de tous les mots (plutôt Staline, ce que l’on comprend aisément). Le dernier témoignage regrette le temps des Kolkhozes car à ce moment là les terres étaient cultivées (l’Ukraine était considéré comme le grenier de l’Europe), les gens s’entraidaient, il y avait du travail, de l’argent pour s’acheter des choses dans les boutiques, pas forcément des choses de luxes mais on pouvait vivre décemment. L’entrée brutale dans le capitalisme a donné à certains l’impression que finalement ils avait perdu tout ça, notamment que maintenant il y a de belles choses dans les magasins mais qu’on ne peut pas les acheter car il n’y a plus de travail.

    C’est un album qui raconte l’Histoire et permet de mieux comprendre le présent et notamment les tiraillements actuels de l’Ukraine, entre l’Occident et la Russie. Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé (j’en attendais la sortie depuis longtemps aussi).

    Références

    Les Cahiers Ukrainiens [mémoires du temps de l’URSS] – un récit-témoignage d’Igort (Futuropolis, 2010)

  • Quatrième de couverture

    Il y a les vies que nous aimerions vivre … et celles que nous vivons, faites de compromis, de doutes, de fantasmes : le fils qui fait de la scène pour attirer l’attention de son père, la jeune femme qui comprend que ses opérations de chirurgie plastique n’ont pas réglé ses problèmes, la fan de David Bowie qui perd le sens de la réalité, l’homme qui à force de ratures, de biffures sur son agenda se rend compte que c’est son existence qu’il annule jour après jour, la victime de viol dans le déni qui relate son agression comme s’il s’agissait d’une histoire d’amour, le photographe RMIste en panne de modèles …

    Avec un style concis, direct, très contemporain, cru sans jamais être cruel, Quand nous serons heureux porte un regard à la fois corrosif et humoristique sur les parents, les enfants, les amants, les maris et les femmes … Bref, sur la société et sur ses failles.

    Mon avis

    Je tiens tout d’abord à remercier Blog-o-Book et les éditions Le Passage pour m’avoir permis de lire ce livre qui était dans ma Liste À Lire depuis que j’avais entendu l’auteure à l’émission À plus d’un titre.

    On commence sur ce qui m’a plu : les nouvelles sont courtes (au maximum 6 pages), encrées dans la vie réelle, écrites avec un ton incisif qui tape juste et là où ça fait mal. Les deux qui m’ont le plus marquées (ou le plus choquées) : le père aimant mais incestueux et la caissière qui se suicide dans le coin café. Carole Fives parle de tout le monde. On peut avoir l’impression qu’elle n’écrit que sur les paumés et sur les laissés-pour-compte mais ce n’est pas vrai car elle sait toucher à l’intime. Décrire ce que l’on ne dit à personne mais que l’on pense si souvent.

    Maintenant, parlons de ce qui m’a moins plu. Comme le dit la dernière nouvelle (et je suis d’accord avec beaucoup de commentaires qu’il faut commencer par celle-là), ces nouvelles sont plombantes mais elles sont écrites un peu pour ça. Un auteur écrit ce qu’il a besoin d’écrire, pas ce que les lecteurs ont besoin de lire. Comme les nouvelles sont courtes et rapides, on peut les enchaîner les unes derrière les autres mais comme finalement elle raconte un peu toutes la même chose, on arrive à la fin à deviner ce qui va se passer car il suffit de s’attendre au pire. Cela donne un côté attendu à la fin du recueil.

    En conclusion, je trouve que pour un premier recueil l’auteur fait preuve de beaucoup de talent. Je pense que si on lisait un texte de Carole Fives sans nous dire qu’il est d’elle, on pourrait le deviner rien qu’au style qui est déjà très personnel.

    D’autres avis

    Ceux de Gwenaëlle, de Sophielit, de Anne-Sophie, …

    Références

    Quand nous serons heureux de Carole FIVES (Le Passage, 2010)

  • Quatrième de couverture

    Ömer, célèbre romancier en panne d’écriture, se lance sur les routes anatoliennes à la recherche de sa vérité et de celle du peuple kurde. Il s’éloigne ainsi de son épouse Elif, scientifique  de renom, elle aussi en plein questionnement : pourquoi leur fils a-t-il décidé de fuir ses parents et un monde à feu et à sang pour la tranquillité d’une île norvégienne ? En quoi leur génération militante a-t-elle failli ?

    Née à Istanbul en 1940, emprisonnée en 1971, pour son opposition au coup d’État militaire, exilée en Allemagne de 1980 à 1991, Oya Baydar est l’un des écrivains phares de la Turquie. Elle a été couronnée par les prestigieux prix Sait Faik et Orhan Kemal. Profond, passionnant et inspiré, Parole perdue est un livre qu’on n’oublie pas.

    Mon avis

    C’est le premier livre de littérature turque que je lis de toute ma vie et ce grâce à Babelio et son opération Masse critique. J’avais choisi ce livre dans la liste pour une simple raison : je voulais découvrir un peu la culture de ce pays. À force d’entendre les partisans et les opposants de l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne embellir ou diaboliser, je ne savais plus trop que penser. Dans ma tête, la littérature sert à s’ouvrir à d’autres mondes et c’est exactement ce qui s’est passé ici. J’ai la chance d’être tombée sur le premier livre traduit en français de Oya Baydar. Cette femme est lucide sur son pays : elle montre les qualités et richesses mais aussi les défauts sans rien cacher.

    On suit une famille : Ömer l’écrivain reconnu, Elif la scientifique de renommée internationale et Deniz le fils. Chacun vit séparément même si Elif et Ömer habitent la même maison. En effet, ces deux là se sont perdus au fil des années. Ce qui les a rapproché c’est leur militantisme mais avec la renommée ce point commun est devenu moins fort. Ömer écrivait avant des livres engagés sur les pauvres, les laissés-pour-compte … mais au fur et à mesure, il a suivi les goûts du public et a commencé à écrire des bleuettes sans aucun intérêt. Il est devenu alcoolique (plus ou moins) et n’arrive plus à écrire. Il s’est mis dans la tête de retrouver sa voix ou une voix en voyageant. Il se retrouve à la gare routière d’Ankara lors d’un attentat. Il fait alors la connaissance de Zelal et Mahmut, deux Kurdes en fuites. La première fuit une sentance de mort déclarée par sa famille car elle s’est retrouvée enceinte à la suite d’un viol (in extremis son père l’a aidé à s’enfuit). Le garçon fuit lui les montagnes où il s’est retrouvé à la suite de plein de malheurs. Il faisait des études de médecine pour lesquelles sa famille entière s’est sacrifiée et s’est fait virer pour avoir été fière de son origine kurde. Zelal vient de se faire tirer une balle dans le ventre, son bébé est mort. Ömer va aider les amoureux. En échange ceux-ci lui conseille de partir dans les montagnes kurdes pour retrouver une voix. C’est ce qu’il fait. Tout au long du livre, on va suivre le périple d’Ömer mais aussi la vie (et surtout le passé qui va les rattraper) de Zelal et Mahmut.

    Au même moment, alors qu’Ömer part à l’Est, Elif part à l’Ouest en Scandinavie pour deux congrès scientifiques. C’est une femme froide qui est motivée uniquement par son ambition de devenir de plus en plus connu pour ses travaux. C’est le personnage qu’on a le plus de mal à comprendre à mon avis car elle ne montre aucune faille, aucune faiblesse (la seule que j’ai repéré c’est qu’elle se sent diminuée par rapport aux scientifiques des autres pays comme si elle avait toujours quelque chose à prouver). De passage en Scandinavie, elle en profite pour aller voir son fils qu’elle considère comme un fuyard de la vie. En effet, quand il était jeune, il a très mal vécu la renommée de ses parents et eux ne supportaient pas son côté nonchalants : ils le voulaient combattifs et militants. Après s’être fait renvoyé de l’école, ils l’ont plus ou moins obligés à être photographe de guerre en Irak alors qu’il n’en avait pas envie. Il en est revenu traumatisé et a préféré fuir dans une île norvégienne, que tous les trois ont visité il y a longtemps. Là il a trouvé le bonheur avec Ulla dans un monde protégé où il ne voit pas la misère du monde. Manque de chance, la première fois qu’il emmène Ulla, avec qui il a eu un petit Björn, en Turquie, celle-ci est tuée lors d’un attentat suicide. Elle n’était jamais sorti de son île. La violence du monde a rattrapé Deniz qui s’est re-réfugié dans son île dans laquelle il essaye de retrouve de retrouver un peu de sérénité. Sa mère ne comprend pas son désir d’avoir une vie pépère et va essayer de le faire changer d’avis lors de ce voyage.

    Ce résumé en dit très peu malgré les apparences sur ce livre qui est très très riche. J’ai mis un certain temps à l’apprivoiser à cause d’une écriture différente et nouvelle pour moi . Cependant, une fois fini, il en ressort que c’est un livre qui m’a fait réfléchir parce que l’auteur ne considère pas le lecteur comme quelqu’un de bête. Elle ouvre des pistes sur la question kurde, sur ce que l’on peut attendre du militantisme, de la présence de la violence du monde, qui ne touche pas seulement le Moyen-Orient, de la relation à l’étranger, et même sur un plan personnel de la vie de famille, du bilan d’une vie … mais jamais elle ne conclu pour le lecteur. Je crois que c’est ce qui m’a particulièrement plu dans ce livre ; c’est cette vision intelligente du monde et de la vie.

    Pour tout dire, ce livre a quand même un défaut qui m’a dérouté et parfois agacé. D’une phrase à l’autre, on peut passer du je au il/elle pour parler du même personnage.

    En conclusion, si vous le lisez, ne vous découragez pas. Vous en retirerez forcément quelque chose !

    Critiques et infos sur Babelio.com

    Références

    Parole perdue de Oya BAYDAR – traduit du turc par Valérie Gay-Askoy (Phébus, 2010)

  • Je néglige mon blog. C’est n’importe quoi mais je me justifie quand même c’est pour la bonne cause : je lis ! Je vous présente encore une bd, et en plus avec un avis très court car je ne vous résumerai pas l’histoire. En effet , elle est adaptée du roman d’Arthur Schnitzler, Mademoiselle Else dont je vous ai parlé ici.

    Pour ce qui est du scénario, il est formidable ! L’histoire est un peu écrite par Schnitzler et pour le coup Manuele Fior s’y est conformé exactement. Cela m’a même appris une chose. D’après le texte, je n’avais pas compris que von Dorsday était marié. Pour moi, la femme qui était à côté de lui lors de la première rencontre devant l’entrée avec Else était une femme quelconque qui l’accompagnait à ce moment là. Mais l’auteur de cette bdne l’a pas interprété comme ça. J’aimerais bien avoir l’avis d’autres lecteurs de Mademoiselle Else.

    Pour les dessins et les couleurs, j’ai été plus circonspecte. J’ai trouvé qu’il y avait des points positifs et négatifs. Les points positifs d’abord, ce sont l’expression des visages qui est très travaillé et correspond à la perfection au scénario, des dessins délicats et le choix des différences de couleurs pour marquer les différences entre réel, pensées  et cauchemars. Pour les points négatifs, c’est le changement dans la personne de Else : elle peut prendre dix kilos en une page (c’est parfois très difficile de la reconnaître), passée d’une coupe à la Virginia Woolf à une qu’une femme des années 80 n’aurait pas rognée, le choix de couleurs qui donnent un aspect usé à la bd et n’aide pas à rentrer dans l’histoire (on ne la vit pas mais on nous la raconte seulement). D’un autre côté, j’aurais eu un peu de mal à trouver d’autres couleurs qui aillent avec les dessins. Vous pouvez vous faire une idée en regardant les planches ici.

    Finalement, je dirais que c’est une manière sympathique pour mieux comprendre le livre (ou le lire plus vite pour les flemmards) mais le texte reste indétrônable tout de même.

    Références

    Mademoiselle Else de Manuele FIOR – d’après le roman de Arthur Schnitzler (Mirages – Delcourt, 2009)

  • Je vous écris ce billet juste pour vous faire part de la cruauté de ma libraire. Un jour j’arrive et elle me dit « au fait, vous aimez bien les bd ». Moi je réponds « ben ouais » et là elle me conseille « Miss Pas Touche » et me vend le premier tome. Je repars tranquille chez moi. Quinze jours après, je l’ouvre et je trouve ça trop bien et j’ai envie de savoir la suite. Me voilà donc partie chez la libraire : il faisait beau et ce n’est qu’à 800 mètres de chez moi. Et là désillusion complète. Elle n’avait que le tome 4, ni le 2, ni le 3. J’ai du les commander et donc attendre. Je la trouve très cruelle, cette libraire …

    Le scénario est juste terrible comme vous l’aurez compris. Cela se passe dans le Paris des années 1900. Deux sœurs sont bonnes dans une maison. Elles ont un caractère très différent : une aime sortir et faire la fête avec les garçons, l’autre est pantouflarde et ne veut même pas qu’on la touche. Seulement, il y a un tueur en série qui court les rues « le boucher des guinguettes ». La sœur fêtarde va se faire assassiner par ce tueur en série mais chez elle car elle en a trop vu. « Le boucher des guinguettes » arrive à faire passer le meurtre pour un suicide. La sœur sainte-nitouche est virée de sa place et se retrouve à la rue mais le lendemain figure un nouveau meurtre du boucher des guinguettes. C’est une prostituée contrairement aux habitudes du tueurs. La sœur sainte-nitouche, Blanche (prénom très bien choisi), va se faire engager dans la maison close en tant que prostituée. On enchaîne ensuite les situations cocasses. Les suspects s’accumulent … Bref, on a envie de savoir la suite rapidement.

    Les dessins sont très sympas. Ils ont un côté naïf, pas du tout d’époque mais terriblement expressifs. Cela n’enlève rien du charme de la bd bien au contraire.

    J’ai hâte d’avoir les autres … D’après la libraire, c’est deux histoires différentes, c’est-à-dire que le tome 1 et le tome 2 sont à part du tome 3 et du tome 4.

    Vous savez tout !

    D’autres avis

    Celui de Lounima, celui de Manu, celui de Flo

    Références

    Miss Pas Touche – tome 1 : La vierge du bordel de Hubert (scénario et couleur) et Kerascoët (dessin) (Dargaud – Poisson Pilote, 2006)

  • LevresPecheCuiZien

    Quatrième de couverture

    Pour avoir châtré au bistouri son fils, violoniste homosexuel, un médecin croupit dans un cachot. Jeu de monologues centré autour de cette figure paternelle, sombre et tourmenté, hanté par le vertige de la vacuité, Lèvres pêche révèle le mal de vivre des homosexuels en Chine. Premier roman sur le sujet jamais publié en Chine populaire, il y fut rapidement mis à l’index.

    Né en 1958, Cui Zi’en est cinéaste, féru de réalisateurs italiens (Visconti, Pasolini, Fellini…). Professeur à l’institut du cinéma de Pékin, il a été démis de ses fonctions pour avoir publiquement admis son homosexualité. Il est aussi écrivain, critique et théoricien.

    Mon avis

    Ce livre m’a fait très peur à cause d’un ton très neutre, sans jugement comme si ce qu’il se passait n’était pas tragique ou grave. En effet, l’écriture est en total décalage avec les faits.

    Le roman s’ouvre avec une scène dans une cellule de prison. Deux hommes : un jeune et un vieux. Le jeune est condamné pour crime passionnel. On comprend rapidement qu’il est bisexuel car il se moque de son codétenu, médecin, condamné pour avoir châtré son fils qui venait de lui avouer son homosexuel. Le jeune accumule les noms, les stéréotypes (c’est ce que j’ai trouvé dommage) … Finalement, on ne comprend pas tout.

    Deuxième partie. Qui semble n’avoir aucun rapport. Un médecin soigne un homosexuel qui va bientôt mourir. Celui-ci lui raconte sa vie : comment il est devenu orphelin très tôt dans sa vie d’adulte, comment il a pris conscience de son orientation sexuel, comment il l’a vécu, comme il s’est fait violé par le père de son premier ami (avec qui tout était resté très chaste), comment il est tombé amoureux de son ami et comment il s’est fait rejeté. Finalement, comment il a combattu sa nature supposée déviante à cette époque : il n’a « connu » qu’un homme, l’homme qui l’a violé et a toujours vécu dans une vie qu’il aurait pu vivre. C’est ce dernier point qui va faire que le médecin va devenir l’ami du malade. Il ira même jusqu’à disperses ses cendres dans le ciel. Sinon le médecin n’aurait pas admis ce choix de vie. On comprend assez loin dans le récit que le médecin est le père du fils châtré de la scène de prison. On se pose des questions car on se dit que finalement il est quand même assez tolérant.

    C’est la troisième partie qui nous explique tout. Le père a agit de cette manière car il n’a pas supporté que son fils assume ce qu’il était. Il était de la génération « d’après » ; il a donc beaucoup moins de complexes. J’ai trouvé que c’était la partie la plus violente parce que la plus crue mais aussi parce qu’il y a des échanges violents entre le père et le fils qui consiste pas seulement à « tu me déçois, tu n’es plus mon fils. Dégage de ma maison ».

    En conclusion, je crois que ce livre parle d’une tragédie qui ne semble pas vouloir se terminer.

    D’autres avis

    Celui de Sylvie

    Références

    Lèvres pêches de CUI Zi’en – traduit du chinois par Sylvie Gentil (Gallimard – collection Bleu de Chine, 2010)

  • Quatrième de couverture

    Il l’attire, la fait s’allonger à côté de lui. Ils se regardent. Longtemps. Au bord on dirait l’un de l’autre comme ça se retenant de tomber. Puis, se penchant sur elle, l’homme commence à lui caresser les jambes, le sexe ; elle se laisse faire. Ouvrir, oui. Elle l’aide, fait venir pour lui les eaux d’avant. C’est là. Embrassez-moi. C’est là le cœur du cœur dedans où sont les larmes et la mer d’avant mêlées. Elle voudrait qu’il vienne maintenant. Je t’en prie. Viens ! Et l’homme prend le visage de la femme dans ses mains et elle voit la nuit dans ses yeux et il lui ferme les yeux.

    Viens ! répète la femme.

    Je vais te tuer, dit l’homme.

    Ça m’est égal.

    Gérard Haller, poète, livre avec Deux dans la nuit son premier récit.

    Mon avis

    Pour résumer l’histoire, c’est une fille qui tombe amoureuse d’un tueur en série qui en a fait sa cible. L’histoire est quand même assez particulière et franchement, je ne lui aurais pas trouvé plus d’intérêt que cela. Mais, il y a l’écriture de Gérard Haller qui a changé tout ça. Le point de vue adopté est intimiste. On n’est pas dans un thriller, un roman noir ou quoi que ce soit de ce genre. Il n’y a pas de sensationnalisme. Comme indiqué sur la quatrième de couverture, Gérard Haller est poète et il emploie son art pour nous décrire cette histoire d’amour. Je crois que c’est la bonne surprise de ce livre : la découverte d’un écrivain, d’une voix hors-norme. J’aimerais vous donner un autre extrait que celui de la quatrième de couverture (que je trouve particulièrement mal choisi) :

    21 heures. Dehors la nuit commence à tomber. Il pleut. Allongé sur le lit, l’homme éteint et rallume plusieurs fois de suite la lampe, faisant durer les noirs de plus en plus longtemps. Puis, dans le noir, prend la photo de la femme et la place près de sa tête sur l’oreiller. Passe son doigt sur les lèvres, les paupières closes. Qu’est-ce que tu veux. Il demande, il voudrait que ça s’arrête. Aide-moi il dit, il faut que tu m’aides.

    Un tout petit avis pour un tout petit livre : 98 pages seulement !

    Références

    Deux dans la nuit de Gérard HALLER (Galilée, 2010)

  • Quatrième de couverture

    Persuadé que sa femme Hannelore, juge d’instruction, le trompe avec Valentin, un amour de jeunesse, le commissaire Van In ne décolère pas. Quelques instants après le retour de la belle (passablement éméchée) au bercail, il est appelé sur les lieux d’un suicide. Marcus Heydens, le père de Valentin, a été retrouvé pendu.

    Que ce bon vivant très fortuné ait mis fin à ses jours semble peu probable. Lorsque Hannelore disparaît, l’affaire prend un tour dramatique, qui va pousser Van In aux portes du Palais royal …

    Secrets de la grande bourgeoisie belge, imbroglios amoureux, règlements de compte au commissariat … Impulsif et incorrigible, le célèbre commissaire brugeois est ici au meilleur de sa forme !

    Un extrait (un peu long …)

    Une vénérable demeure aussi originale que son propriétaire se dressait quai de la Coupure. Marcus Heydens y organisait des concerts pour un public trié sur le volet ; il avait même fait construire à cet effet une tribune de bois dans son salon, convaincu qu’il était que la musique s’apprécie mieux lorsqu’elle vient d’en haut. Était-il fou pour autant  ? Lui-même se qualifiait d’excentrique et se prévalait d’un QI aussi élevé que la Tour Eiffel. Outre les concerts, Marcus Heydens montait des séances de guignol à l’intention des enfants du quartier. Pour tromper l’ennui, il lisait l’Odyssée à voix haute dans son jardin, dans le plus simple appareil, il servait à ses hôtes des sauterelles grillées et des vers de farine marinés dans les plus grands crus de bordeaux ou, déguisé en mendiant, il se postait à la sortie de la gare du Nord à Bruxelles pour haranguer les voyageurs. Mais à vrai dire, son grand rêve était d’égaler le record de Simenon, qui se targuait d’avoir couché avec pas moins de dix mille femmes.

    Ce soir-là, ses folles escapades lui paraissaient dérisoires. Il leva la tête. La plate-forme de la tribune s’élevait à trois mètres au-dessus du sol. Reposant sur deux colonnes de marbre, elle courait sur toute la largeur de la pièce et sur deux mètres de profondeur. Fermée à l’avant par une impressionnante balustrade ornée de quatorze pilastres torsadés, elle ressemblait à un jubé, sans l’orgue, bien sûr. Qui aurait jamais pu imaginer que quelqu’un serait un jour assez machiavélique pour transformer cette excentricité architecturale en instrument de mort ? Certainement pas le maître des lieux qui se trouvait pourtant debout, pieds joints sur un tabouret chancelant, avec, autour du cou, une corde dont l’extrémité avait été accrochée au sommet de la dite balustrade. Sa mobilité était pour le moins restreinte. Au moindre faux mouvement, il perdait l’équilibre et mourrait d’une mort sans gloire, les bras prisonniers d’une camisole de force et la bouche bâillonnée au ruban adhésif de déménageur. Pour couronner le tout, la télévision gueulait sa soupe, de sorte qu’il lui était impossible d’attirer l’attention des voisins.

    Les yeux fermés, Marcus Heydens écoutait stoïquement deux actrices vanter les mérites d’une poudre à lessiver dans le tunnel de pub précédant le 20 heures.

    […]

    Les jambes de Marcus Heydens tremblaient. Il avait toujours rêvé d’une mort flamboyante, dans un feu d’artifice de souvenirs chatoyants. Crever pendant la pub ! C’est d’un vulgaire ! Quel déshonneur pour un esthète comme moi !

    Mon avis

    J’adore les séries de manière générale, que ce soit pour des romans policiers ou non. J’aime retrouver les personnages d’une histoire à l’autre, les voir vivre et évoluer. Là j’ai été comblé avec cette sixième enquête publiée en France de Pieter Van In (vingt-cinq tomes en réalité en langue flamande). En effet, c’était le premier livre de Pieter Aspe que je lisais et j’ai eu dès le début, l’impression de faire partie du livre, de connaître bien les personnages et pas l’impression de débarquer au milieu d’une série. Cela vient du fait que l’auteur est doué pour croquer de manière visible ses personnages en un paragraphe, le plus souvent avec une certaine ironie et un certain sarcasme. Finalement, on connaît le personnage mais aussi l’avis de l’auteur sur celui-ci (avis que l’on a tendance à adopter parce qu’on se laisse très vite porter par l’écriture).

    Dans les personnages, il y a Van In lui-même (soupe au lait, grand buveur de Duvel devant l’éternel, mais qui arrive tout de même à résoudre des enquêtes avec une perspicacité à devenir alcoolique vous-même), Versavel (le brigadier homosexuel pris entre son amitié pour son chef et son compagnon, à la fois cultivé et ironique : c’est lui que j’ai préféré), Hannelore la compagne de Van In (désabusé par le père de ses enfants qui ne la satisfait plus, elle essaye d’aller voir ailleurs mais finalement, elle se rend compte que ce n’est pas si mal ce qu’elle a à la maison). Ce sont les personnages récurrents importants (on pourrait citer toute la hiérarchie de Van In et de Hannelore qui sont heut en couleur).

    Ces personnages sympathiques sont ancrés dans Bruges. Ils nous font voir le côté sombre (ce qui est le principe d’un roman policier) de cette cité touristique. C’est plutôt intéressant même si franchement j’aurais aimé un plan avec les logements des suspects …

    Maintenant, passons à l’intrigue. Pieter Aspe emploie les mêmes techniques pour les personnages propre à ce volume. Par contre, ce que l’on pourrait reprocher à l’intrigue c’est d’avoir un package très compliqué (il y a quand même intervention des francs-maçons) pour une histoire toute simple. Ce n’est pas un défaut avec l’écriture et les personnages de Pieter Aspe car il n’y a pas de temps morts qui font que l’on peut se poser la question de où est-on dans le livre ? Finalement, on se laisse prendre à un monde très déjanté.

    Pour ce qui est de la comparaison avec Simenon (dont j’ai lu quelques tomes il y a quelques années), je ne vois pas trop à part qu’il est belge. Je trouvais Simenon plus fort en intrigue mais moins capable de faire vivre ses personnages et ses lieux. Pieter Aspe a un style plus vivant, peut être plus de notre époque.

    Si vous voulez tester par le premier tome, il est sorti en poche. C’est Le carré de la vengeance. Le deuxième vient de sortir au mois de mai et c’est Chaos sur Bruges. Je les ai déjà commandé à la librairie 🙂

    Je remercie Plume et Aude (et Laura) des éditions Albin Michel qui m’ont permis de découvrir cette série !

    Livre lu dans le cadre du challenge Littérature Belge chez Reka.

    Un autre avis

    Celui de Marie.

    Références

    De sang royal de Pieter ASPE – traduit du néerlandais (Belgique) par Emmanuèle Sandron (Albin Michel, 2010)

  • Quatrième de couverture

    C’est à la fin de l’été 1939 que deux mille cinq cents hommes, femmes, enfants et vieillards, pour la plupart communistes, tristes vaincus de la nouvelle Espagne franquiste et proscrits de l’histoire, embarquent à Bordeaux sur un improbable bateau. Il a pour nom Winnipeg. Pour armateur, Pablo Neruda. Pour destination, Valparaíso.

    À bord, Luis Gontán, alias Kilowatt, électricien – comme son père avant lui – dans un petit village de Galice, a vu sa vie bouleversée par la guerre d’Espagne en 1937. De témoin, il en est devenu acteur. Bien malgré lui d’ailleurs, quand, par erreur, au cours d’une existence débridée, faite de tromperies et d’enchevêtrements amoureux, il est pris pour Foucellas, le redoutable guérillero galicien, anarchiste et antifranquiste. Une méprise qui l’a conduit à endosser bien d’autres vies. Mais c’est en dérobant son portefeuille à un brigadiste mort qu’il trouve la clef de son destin : une carte d’adhérent au PC, le sésame grâce auquel il gravira la passerelle du Winnipeg en quête d’une raison d’espérer et d’une vie nouvelle au Chili …

    Père de deux fils, Antoine et Manu Chao, et de plus d’une quinzaine de livres, Ramón Chao est galicien, écrivain et journaliste. Avec L’Odyssée du Winnipeg, il signe un très grand roman picaresque, haletant et sensuel, inspiré par une page émouvante et rocambolesque de la guerre d’Espagne.

    Mon avis

    J’ai trouvé ce livre vraiment très bon. Je m’étais inscrite pour le partenariat avec BOB pour plusieurs raisons : le fait que ce soit de la littérature espagnole (et que je n’en lis jamais), le fait que ce soit sur la Guerre civile espagnole, le fait que cela parle d’une histoire vraie que je ne connaissais pas du tout, celle du Winnipeg. Mais en fait, c’est tout autre chose qui m’a plu : c’est comment l’auteur, Ramón Chao, a su faire varier les sentiments que j’ai ressenti à la lecture.

    On s’attache tout de suite à Kilowatt. Petit escroc, il vit sa vie de manière tranquille, entre son boulot, sa famille, sa copine. Quand quelque chose va mal, il ne se fait pas plus de soucis que ça. On rigole à ses mésaventures burlesques. Pendant les 130 premières pages, on se dit qu’il est vraiment trop fort ce Kilowatt, ce bras-cassé de la guerre. Parce que oui entre temps, la Guerre civile espagnole a commencé. Il s’engage un peu par hasard au côté des Républicains (à cause d’une maladresse dans la rue), puis se retrouve dans le maquis, puis en plein combat. Il vit toujours de la même manière. Il arrive même à se tromper plusieurs fois de camps ! Ramón Chao a été très fort car entre les chapitres sur Kilowatt, il a inséré des bouts d’Histoire. On voit que les « grands » de ce monde ne vivait pas du tout de la même manière. Plus ils ont cherché à encadrer et à régencer le combat, plus la situation a été calamiteuse pour les combattants espagnols. Même Kilowatt va finir par s’en rendre compte et tout à coup, on rit moins et on espère qu’il va s’en sortir.

    Alors quand après maints péripéties (et notamment avoir survécu au camp français), il arrive à embarquer dans le Winnipeg. On se dit qu’il est sauvé même si le bateau ne semble pas être très sur. Quand commence dans les 100 dernières pages le récit de cette traversée, on comprend que tout cela va être très dur même si une simple recherche internet nous apprend que le bateau est arrivé à bon port.

    Finalement, Ramón Chao n’a pas écrit un livre historique sur un épisode méconnu de la Guerre d’Espagne mais plutôt un roman picaresque (comme le dit si bien la quatrième de couverture) qui lui permet de nous dresser un portrait de l’Espagne à cette période.

    Livre lu dans le cadre d’un partenariat entre Blog-O-Book (que je remercie parce que je n’aurais jamais pris ce livre à la librairie même si la couverture est magnifique) et les éditions Buchet-Chastel (que je remercie pour m’avoir envoyer le livre).

    Des informations sur le Winnipeg

    Sur le site de L’Humanité, sur le site d’une association s’intéressant à l’histoire de la Gironde.

    D’autres avis

    Celui de Simaé

    Références

    L’odyssée du Winnipeg de Ramón CHAO – roman traduit de l’espagnol par André Gabastou (Buchet-Chastel, 2010)