Quatrième de couverture
Des vacances sur une île en Écosse. Un enfant rêvant d’aller au Phare. Sa mère, Mrs Ramsay, objet de l’admiration de tous. Une expédition au Phare dix ans après. La guerre qui entre-temps a laissé un goût amer. Des survivants qui luttent pour combler le vide laissé par l’absence.
Entre résurgences enfantines et souvenirs qui se délitent, Virginia Woolf passe au scalpel les tréfonds de la conscience, en évoquant au travers d’une œuvre poétique les pensées, les délires et les fantasmes de ses personnages.
Ce roman, qualifié par son mari Leonard de « poème psychologique », privilégie l’introspection, le récit libre, qui laisse exploser ce qu’elle appelait « la vie telle qu’elle est quand on n’y prend pas part ». À la manière de Joyce ou de Proust, elle décortique l’âme humaine, mettant à nu sa fragilité et les déchirements de son enfance.
Mon avis
Ça y est j’ai succombé à Virginia Woolf. Cela va entraîner que ce billet ne sera pas un billet vous vantant les mérites du livre, vous disant qu’il faut absolument que vous le lisiez si vous ne l’avez déjà fait. Parce que des fois il faut juste s’incliner devant le talent, je ne vous dirais pas comment l’écriture est belle, comment le livre est construit, mais je vous dirais juste ce que j’ai ressenti à la lecture.
Je vais quand même vous parler construction … Le livre correspond à deux moments qui ont eu lieu à dix ans d’écart. Le premier évènement, c’est une journée d’été en Écosse où une famille envisage une excursion vers le phare d’en face. On vogue de personnage en personnage sans avoir l’impression d’être dans leur tête. On est dans leur tête tout en étant pas dedans. Je me suis sentie comme une âme qui flotte au dessus de la scène. J’insiste bien sur « une âme », pas comme un narrateur extérieur, pas de roman polyphonique. Parce que je n’ai pas regardé mais j’ai ressenti. Virginia Woolf m’a touché au cœur et pas à la tête. Comme tout le monde le dit, vous ressentez de la nostalgie, un léger vague à l’âme.
Alors, quand Virginia Woolf entame la deuxième partie où elle fait passer dix ans d’un coup, j’ai ressenti un moment de tristesse de quitter cette journée d’été. Dans cette partie, elle se focalise sur l’évolution et le vieillissement de la maison, sur les saisons qui passent. La vie des personnages de la partie précédente n’est décrite qu’entre crochet, comme si cela ne comptait pas dans l’évolution de la maison mais aussi du roman.
À la troisième partie, dix ans plus tard, la promenade au phare a enfin lieu. Je me suis sentie écrasée par la réalité, par le présent. Virginia Woolf devient plus terre à terre. Les souvenirs sont vus à travers le présent. On est moins dans la nostalgie mélancolique mais plus dans l’explication.
J’aurais voulu que la première partie ne se termine jamais.
Livre lu dans le cadre du challenge « English classics » de Karine:)
Quelques passages qui m’ont plu
« Il était maintenant nécessaire de franchir un pas de plus. Le pied sur le seuil, elle attendit encore un moment dans une scène qui s’évanouissait alors même qu’elle la contemplait, et là, comme elle avançait pour prendre le bras de Minta et quitter la pièce, tout changea et prit une forme différente ; c’était, elle le comprit, en lançant un dernier regard par-dessus son épaule, déjà devenu le passé.«
« Elle n’avait pas de manière trop évidente perdu l’esprit. Personne ne l’avait vue faire un dernier pas sur son étroite planche pour plonger dans les eaux de l’anéantissement.«
« Le monde entier semblait s’être dissous, en ce début de matinée, en un lac de pensée, en une grande mare de réalité, et l’on pouvait presque imaginer que si Mr Carmichael avait parlé, une larme aurait déchiré la surface du lac. Et alors ? Quelque chose allait émerger. Une main serait tendue, une lame brillerait. Tout cela n’a aucun sens bien sûr.«
Quatre avis, beaucoup plus construits
Ceux de Dominique (sans qui je n’aurais pas lu ce livre), de Lilly (qui donne envie de lire tout Virginia Woolf), de Keisha (qui a remis mon envie au goût du jour), de Méa.
Références
Au phare de Virginia WOOLF – traduit de l’anglais par Anne Wicke (Stock – La Cosmopolite, 2009)