Cecile's Blog

  • Quatrième de couverture (issu de la postface de Marguerite Yourcenar)

    Anna, soror … fut écrit en quelques semaines du printemps 1925, au cours d’un séjour à Naples et immédiatement au retour de celui-ci (…) Jamais invention romanesque ne fut plus immédiatement inspirée par les lieux où on la plaçait.

    J’ai goûté pour la première fois avec Anna, soror… le suprême privilège du romancier, celui de se perdre tout entier dans ses personnages, ou de se laisser posséder par eux. Durant ces quelques semaines, et tout en continuant à faire les gestes et à assumer les rapports habituels de l’existence, j’ai vécu sans cesse à l’intérieur de ces deux corps et de ces deux âmes, me glissant d’Anna en Miguel et de Miguel en Anna, avec cette différence au sexe qui est, je crois, celle de tous les créateurs en présence de leurs créatures.

    Mon avis

    Ça y est ! Je l’ai enfin lu ! Marguerite Yourcenar et ce livre qui traînait dans ma PAL qui me faisait envie sans que j’ose le prendre. L’histoire est assez simple : en Italie, au début du 17ième siècle, Anna et Miguel perdent leur mère alors qu’ils sont de jeunes adultes. Dans un dernier soupir, elle leur dit que quoiqu’il arrive, ils ne doivent jamais se fâcher. Elle a senti ce qu’eux n’ont pas encore vu : ils s’aiment d’une autre manière que comme frère et sœur. Le livre raconte l’histoire de cette attirance – répulsion et surtout de comment tout cela va mal se terminer (quand je vous disais que cela rappelle l’histoire de Francesca de Rimini ; enfin, Anna ne meurt pas tout de même).

    L’écriture de Marguerite Yourcenar est sensuelle, dans le sens où le corps est plus présent que l’esprit, et rend tellement compte de l’emprise des sentiments sur les corps. On est alternativement Miguel et Anna et comme elle le dit dans la postface de manière indifférente. C’est un court roman maîtrisé de bout en bout.

    Bien sûr, depuis j’ai les Mémoires d’Hadrien dans ma PAL. Le problème est qu’il est plus gros qu’Anna, soror… donc elle est loin de diminuer.

    Références

    Anna, soror… de Marguerite YOURCENAR (Folio, 2008)

  • Encore une fois, je débarque de ma planète. Vous allez me dire qu’il faut mieux débarquer de la sienne que de celle d’un autre et je ne pourrais que vous donnez raison même si je ne suis pas vraiment sûre de comprendre ce que cela veut dire.

    On a déjà essayé de me faire lire Isaac Asimov mais de part mon côté lectrice snob (entendez lectrice qui ne comprend pas la science-fiction), je n’ai jamais ouvert le livre que l’on m’a offert. Mais l’autre jour en fouillant dans une bibliographie holmésienne, je tombe sur la nouvelle dont je vais vous parler.

    Je ne connaissais pas moi ces veufs noirs mais cela m’a l’air terriblement bien. La couverture de l’édition omnibus (qui est le seul livre encore édité qui contienne la nouvelle dont je vais vous parler – je m’entraîne à faire du teasing désolée) présente ce club de manière tout à fait alléchante à mon cerveau :

    Les Veufs Noirs, ce sont six hommes, ni veufs, ni forcément célibataires, qui se réunissent pour manger, boire , bavarder … et résoudre les énigmes que vient leur présenter leur invité. En marge de l’immense œuvre de science-fiction qui l’a consacré, Isaac Asimov a lorgné du côté d’Hercule Poirot et de ses « petites cellules grises » pour concocter ces soixante bijoux d’astuce et d’humour.

    C’est juste fascinant, non ? Dans cette nouvelle (nous y venons enfin), les veufs noirs reçoivent un candidat au BSI (Baker Street Irregulars, la société Sherlock Holmes de New York) qui doit absolument écrire un article d’holmésologie, c’est-à-dire une étude poussée du canon (qui vise à expliquer chaque micro-détails du texte). Il a déjà l’idée. Vous savez sûrement que Moriarty était un grand mathématicien (d’où mes regards méfiants à tous mes collègues, parce qu’ils ont tous l’air de génie du crime je vous l’assure), que sa thèse portait sur le binôme de Newton (chose que je n’ai jamais comprise car je pensais que Newton avait réglé le soucis mais d’après un autre livre que j’ai lu, Watson et Holmes de June Thomson, il aurait réussi à démontrer une formule pour toute puissance, ce qui me laisse dubitative car le triangle de Pascal dans ce cas-là (ainsi que les combinaisons et les factorielles d’ailleurs) je ne sais pas les écrire et je ne vois pas trop comment il a pu généraliser la formule)(quatre lignes de maths dans un article de lecture cela fait peur). Moriarty a aussi commis un autre traité : La dynamique d’un astéroïde qui ne nous est pas parvenu mais qu’à la l’époque personne n’avait compris mais tout le monde pensait que c’était brillant (comme beaucoup de choses en maths d’ailleurs).

    Tout le diner va être sur ce que contenait ce fameux traité et je peux vous dire que à partir de mes faibles connaissances de la relativité, des lois de Kepler et de Newton, j’ai trouvé que tout était très bien documenté et surtout expliqué. Les Veufs Noirs font preuve d’une maîtrise de raisonnement fascinante. Leur repas ressemble à un brain-storming de génies et cela en est même stimulant pour le lecteur. Je ressors enchantée de cette lecture et franchement, j’aimerais trop faire partie du club des veufs noirs. C’est le type d’exercice que j’aimerais pouvoir faire mais que je ne peux pas faire parce qu’il faut un temps de réflexion après une remarque de quelqu’un. Ici pas de temps morts et je trouve cela fascinant.

    Pour la petite histoire, Isaac Asimov est rentré aux BSI en écrivant un article sur le même sujet. Il n’a pas supporté que seuls les membres des BSI en aient la lecture : il en a fait une nouvelle !

    Je peux vous dire que je me suis achetée le recueil d’Omnibus et je ne vais sûrement pas me priver de lire pour comprendre encore mieux cette nouvelle : découvrir quel est le rôle de Henry (qui ici résout le problème tout de même), qui sont ces veufs noirs, leurs caractères … quels sont les autres problèmes qui ont été soumis à leur sagacité …

    Pour achever de convaincre Niki (et tous les fans d’Hercule Poirot), je cite une dernière réplique :  « Jaime Hercule Poirot. Je pense qu’il vaut une douzaine de Sherlock Holmes« .

    Références

    Le crime suprême d’Isaac ASIMOV dans le recueil Retour au club des Veufs Noirs lui même dans Les Veufs Noirs (Omnibus, 2010)

  • Quatrième de couverture

    « Il y avait quelque chose de troublant à vous donner le frisson que de voir un homme, ne disposant que du toucher, admirer la statue nue de la femme qu’il aime. Ses cinq doigts, menaçants comme les pattes d’une araignée, rampaient à la surface du marbre poli. L’homme s’attarda longtemps sur les lèvres semblables à des pétales de fleur. Puis les paumes caressèrent le reste du corps, la poitrine… le ventre… les cuisses… »

    Un masseur aveugle, fasciné par la perfection du corps féminin, entra6ine ses victimes de rencontre dans des mises en scène cruelles et perverses où les plaisirs sensuels et les amours troubles deviennent très vite des jeux douloureux. Caresses raffinée pour les plaisirs extravagants d’un esthète qui célébrerait l’art dans un monde beauté purement tactile.

    Mon avis

    J’avais dit que je découvrirais Ranpo Edogawa à la suite de ma lecture du premier tome du manga Détective Conan et c’est chose faite. Pour le coup, j’ai été vraiment estomaquée (mon estomac a été en fait très retourné tellement c’est un récit pervers et dérangeant). Ce n’est pas un roman policier au contraire de ce qui est dit sur la quatrième de couverture : il n’y a pas de véritable description de l’enquête, il n’y a pas non plus de policier ni de détective. Par contre, je dirais que c’est comme un thriller avec du roman très très noir ; vous suivez la démarche d’un psychopathe obsédé par l’esthétisme et le corps des femmes tout de même (et même le moment où il découpe les femmes et comment il disperse les morceaux tout en observant la réaction des gens). Un mois après ma lecture, je me rappelle encore l’angoisse et le dégout que j’ai ressenti à la lecture.

    Ranpo Edogawa vivait au Japon dans la première moitié du vingtième siècle. Le récit date de 1931. C’est ce qui m’a fasciné : la modernité du récit (un auteur contemporain aurait pu écrire cela je pense et encore, il y a peut être plus d’autocensure dans la littérature d’aujourd’hui, moins dans les films je pense) et le décalage que je suppose avec le Japon de l’époque. Cela a du choqué un peu tout de même.

    La libraire en avait un autre d’occasion, du coup je l’ai pris pour le lire (comme je disais à Niki, c’est pas comme ça que je vais faire baisser ma PAL).

    Références

    La bête aveugle de EDOGAWA Ranpo – traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle (Picquier Poche, 1999)

  • Quatrième de couverture

    En 1883, Sarah Bernhardt et Edmond La Grange dominent le théâtre mondial. Déterminé à faire fructifier sa renommée naissante après sa triomphale tournée américaine, le jeune Oscar Wilde se rapproche de ces deux monstres sacrés. Installé à Paris, il travaille avec La Grange à une nouvelle traduction d’Hamlet qui promet de faire des étincelles. Mais, pour l’heure, elle fait surtout des victimes… La compagnie La Grange est frappée par une série de disparitions mystérieuses, et Oscar Wilde est bien décidé à en trouver le responsable. Entre jalousies artistiques, vices cachées et secrets de famille, le poète dandy découvre l’envers peu reluisant du décor flamboyant du Paris fin de siècle.

    Mon avis

    J’ai lu les trois volumes de cette série (je n’ai jamais fait de billets sur les deux premiers parce que je ne savais pas quoi dire) et c’est mon volume préféré. D’habitude, on suit les enquêtes d’Oscar Wilde et de son acolyte Robert Sherard à Londres un petit peu plus tard (puisque Oscar Wilde est marié et père de deux enfants alors qu’ici il est célibataire). On retrouve Arthur Conan Doyle, James Matthew Barrie … enfin les grands noms de la littérature de l’époque.

    Ici, on est à Paris dans le milieu du théâtre dans les années 1880. Oscar Wilde et Robert Sherard, dont est décrite ici, la première rencontre et donc la première aventure gagne en profondeur (surtout Robert Sherard) car ils ne sont pas décrits par rapport à d’autres et dans leurs relations aux autres. On découvre aussi les coulisses du Paris de l’époque, les médisances, les ragots, les sensibilités d’artistes … Comme d’habitude avec Gyles Brandreth fait de tout cela un très bon arrière plan d’une enquête où je ne devine jamais le coupable (et cela m’énerve depuis trois tomes) et surtout pleine de rebondissements (je me trouve des excuses là).

    Pour justifier le fait que ce manuscrit paraisse seulement maintenant, Brandreth fait intervenir Conan Doyle au début et à la fin du livre. Au début, pour lui soumettre le manuscrit de l’aventure et lui expliqué que cette affaire n’est pas conclu et à la fin pour que Conan Doyle livre ses conclusions (et les confronter avec celles de Wilde).

    Je me répète peut être mais dans les premiers tomes, j’avais ressenti un certain essoufflement au milieu du volume et là cela n’a pas été le cas et je pense que c’est le fait que les protagonistes se déplacent dans des endroits plus connus pour moi en tout cas.

    Comme Matilda (qui l’a lu aussi), j’attends avec impatience le quatrième tome (pourtant elle n’a pas aimé ce tome) !

    Références

    Oscar Wilde et le cadavre souriant de Gyles BRANDRETH – traduit de l’anglais par Jean-Baptiste DUPIN (10/18, 2010)

  • Quatrième de couverture

    Un couple de vieillards dont la seule préoccupation est de se débarrasser définitivement l’un de l’autre, un curieux psychanalyste tout droit sorti du fond des mers, un détective qui enquête sur l’étrange disparition de trois enfants en se prenant pour Sherlock Holmes, une pickpocket incroyablement douée, une bibliothécaire capable de faire vivre les personnages des livres, tels sont les héros de ces aventures qui mêlent humour et merveilleux.

    Mon avis

    Matilda m’a fait connaître ce recueil car on parlait de Sherlock Holmes sur la quatrième de couverture. Pour tout dire, les deux premières nouvelles (celle avec Sherlock Holmes et celle avec le psychanalyste), je n’ai rien compris : beaucoup trop fantastiques (ou fantaisistes pour moi). Le psychanalyste se croit sorti d’un sous-marin et commence à sérieusement inquiéter le patient quand il lui demande de regarder dans un périscope. La nouvelle avec Sherlock Holmes n’en n’est pas vraiment une : Ray Bradbury reprend les codes des aventures écrites par Conan Doyle mais les détourne pour finalement transformer le tout en Meurtre de Roger Ackroyd mais là aussi c’est très farfelu et du coup j’ai eu du mal à suivre.

    La troisième est géniale et donne son titre au recueil : deux petits vieux veulent se tuer l’un l’autre et quand ils y arrivent, on croit qu’ils se sont suicidés par amour. C’est de l’humour grinçant mais plutôt pas mal.

    La quatrième avec la pickpocket est sympa. Un homme se voit sur scène en train de se faire faire les poches (il est bien sûr ridicule dans cette situation). Son analyse de la chose oscille au fur et à mesure. La nouvelle frôle l’absurde.

    La quatrième vaut les deux euros du livre. C’est la même histoire que quand on était petit : une bibliothécaire bien seule guide les héros des livres dans la découverte d’autres héros et tout s’entremêlent. C’est magnifique.

    Je ne connaissais Ray Bradbury que de nom et un nom que j’associais allègrement à la SF. J’ai donc été agréablement surprise par la variété des histoires racontées. Ce n’est pas la découverte d’un auteur qui deviendra préféré mais cela bat en brèche mes préjugés.

    Références

    Meurtres en douceur et autres nouvelles de Ray BRADBURY – traduit de l’américain par Hélène Collon (Folio, 2008)

    À noter que ces nouvelles sont extraites d’un recueil paru chez Folio : … mais à part ça tout va très bien.

  • Quatrième de couverture

    Par un été torride, Samuel Szajkowski, prof d’histoire dans une école secondaire, entre en salle de réunion, ouvre le feu et tue trois élèves et un collègue avant de retourner son arme contre lui. Les voix de quinze témoins interrogés par Lucia May illustrent la complexité du drame. Souvenirs flous, mensonge, omissions, incohérences, mauvaise volonté des professeurs, des élèves et du directeur de l’école, convainquent Lucia de la nécessité de poursuivre l’enquête. Malgré la version officielle : le Polonais était un psychopathe. Malgré la directive de sa hiérarchie : classer l’affaire au plus vite. Ce qu’elle va découvrir est terrifiant.

    Violence, persécution, racisme, était déplorable du système éducatif anglais : bien plus qu’un thriller, Rupture est un cri de révolte qui dénonce avec originalité une crise de société tristement contemporaine.

    Mon avis

    Je continue dans la série « ce que l’on aurait pu voir si on avait su regarder ». Ce livre raconte une tragédie ou comment un professeur, motivé et dynamique (même si il est un peu particulier et on en a tous eu des comme ça) en arriver à tirer sur des collègues et des élèves à force d’être persécuté, tyrannisé, battu (au sens violent du terme), humilié ou comment la violence a été la seule solution qui s’est présenté à lui pour ne plus avoir peur. Ce roman met en colère parce qu’on se dit que tout aurait pu être évité (vous allez me dire, c’est un peu ce que l’on se dit toujours après une tragédie) si certains avaient su voir, si certains avaient su entendre, si il n’y avait pas eu cet effet de groupe (chez les plus jeunes comme les plus vieux) qui fait qu’il est tellement plus simple de suivre le groupe en se moquant que de défendre. Que dire de ce pauvre Eliot, enfant martyr sur l’autel de cette bêtise humaine. Un livre qui ouvre les yeux sur le comportement humain, sur notre comportement et sur ses effets dévastateurs. Cela fait une semaine que je l’ai terminé et rien que d’écrire mon avis, cela me remet en colère.

    J’ai aimé deux choses dans ce livre : la construction (qui va de paire avec l’écriture) et le parallèle qui est fait avec la situation de Lucia. Pour continuer dans l’histoire, Lucia subit la même chose que Samuel (elle est toute nouvelle dans la police ou en tout cas dans l’équipe) notamment par un de ses collègues qui annihile et /ou abêtit les autres. Elle arrivera quand même à prendre le dessus, à continuer à vivre. J’ai vraiment aimer cette note positive dans ce roman vraiment noir.

    La construction alterne les interrogatoires (sans les questions) des différentes personnes impliquées (on voit alors les gênes, les colères, les pleurs … aucune attitude possible face à un tel drame n’est oubliée) et l’enquête (la vie aussi) de Lucia.

    Je trouve que Simon Lelic tape très fort pour un premier roman. Je lirais sans aucun doute le second.

    Les avis d’Ankya et de Cynic63 (qui m’a donné envie de lire ce livre par un de ses commentaires).

    Références

    Rupture de Simon LELIC – traduit de l’anglais par Christophe Mercier (Éditions du Masque, 2010)

  • Quatrième de couverture

    Lundi matin. Pénible, comme tous les lundis. Tôt, comme tous les matins. Je me lève la première pour préparer le petit déjeuner à Xavier.

    Quelques phrases jetées sur les pages d’un journal intime oublié dans une poubelle et Louis Levasseur, écrivain raté et fauché, renoue avec l’inspiration. Le contenu du journal est explicite : Léa a un problème avec les appareils électroménagers et tout ce qui constitue l’univers de la femme au foyer.

    Conquis par cette amnésie singulière, Louis s’empare du propos de cette « ménagère inconnue » et en fait l’héroïne de son nouveau roman, transformant au passage Léa en icône révolutionnaire. Auréolé du succès planétaire de son best-seller, Louis est désormais heureux et comblé. Jusqu’au jour où il découvre la « vraie » histoire de Léa.

    Mon avis

    Je vais être brève : lisez cette bande dessinée. Je l’ai prise à la librairie parce que le titre m’a fait rire, m’a intrigué, que les dessins étaient magnifiques : noir et blanc, au crayon où les personnages sont expressifs (on voyait une détresses dans leurs yeux, surtout dans ceux de la fameuse Léa), les décors sont très travaillés.

    Je l’ai ouverte aussitôt rentrée chez moi et j’ai été happée, je voulais connaître la véritable histoire de Léa. J’ai détesté Louis parce qu’il était imbus de lui-même et surtout quand il retrouve Léa, il ne l’écoute pas. Mais quand elle peut enfin raconté son histoire, je me suis dit que j’aurais pu faire la même erreur : ne pas voir. Au final, là où on s’attend à une histoire originale que l’on n’a encore jamais lu, on a une histoire banalement tragique mais qu’il faut quand même lire encore une fois pour garder tout cela dans notre conscience.

    Références

    Léa ne se souvient pas comment fonctionne l’aspirateur de GWANGJO (dessinateur) et CORBEYRAN (scénariste) (Dargaud, 2010)

  • Le 6 janvier c’est l’anniversaire de Sherlock Holmes. Ce n’est pas moi qui le dit (ni Conan Doyle d’ailleurs) mais ce sont les holmésiens qui se sont chargés de découvrir cela. Pour votre instruction personnelle, on en explique plus ici.

    La SSHD ne pouvait bien sûr pas laisser passer cet évènement. Comme Sherlock Holmes est parti sans laisser d’adresse (on me dit que ses ruches sont à l’abandon depuis des années) et qu’il fallait bien offrir les cadeaux que nous lui avions acheter à quelqu’un, les trois membres fondatrices ont décidés d’organiser un concours. Qui dit concours dit questions au pluriel (heureusement que les demoiselles sont là parce que moi j’aurais jamais réussi cela) :

    – Dans quel aventure Sherlock Holmes et Watson se rencontrent-ils ?
    – En quelle matière Sherlock Holmes a-t-il des connaissances nulles selon Watson ?
    – Comment s’appelle l’épouse de John Watson (la première pour ceux qui se posent des questions) ?
    – Qui est le premier criminel de Londres et un génie du crime selon Sherlock Holmes ?
    – Quel acteur incarne Sherlock Holmes dans la nouvelle mini-série de la BBC diffusée depuis peu sur France 4 ?

    Ces cinq questions sont communes à nos trois blogs (je rappelle que vous pouvez trouver Matilda et Marion ici et ici). Mais pour que vous puissiez avoir plus de chances (et tenter de répondre sur les trois blogs), nous avons aussi une question bonus. La mienne est peu dure mais bon, je vous fais confiance, des lecteurs de Sherlock Holmes doivent trouver cela :

    – Citez au moins un membre de la SSHF, Société Sherlock Holmes de France (membres actuels ou passés). J’en ai au moins cité deux dans un de mes billets de la semaine de Noël.

    Pour les cadeaux maintenant, parce que pour jouer il faut bien savoir ce que l’on gagne, nous avons pas mal de prix (j’avoue que  je n’ai pas encore réfléchi à la répartition ni même du nombre de gagnants, cela dépendra des PAL et des LAL des gagnants, de leurs envies mais il y aura plus de cadeaux pour les personnes qui répondront à la question bonus), des aventures holmésiennes en anglais et en français (pour les puristes et les moins puristes), du pastiche (Enola Holmes et Roueven) et un roman de Conan Doyle : Micah Clarke pour les réfractaires à Sherlock Holmes. En sachant que c’est fait avec nos bourses personnelles, c’est du livre de poche ou du beau livre d’occasion pour le Micah Clarke.

    Nous espérons que tout cela vous donnera envie de jouer avec nous et surtout d’en découvrir un peu plus sur Sherlock Holmes et son créateur ! On ne recommencera pas cela pour l’anniversaire de Watson ou de Mrs Hudson (on ne connaît pas les dates, à moins que vous arriviez à les déduire de votre future lecture du canon) alors profitez-en !

    P.S. Les réponses se font dans les commentaires qui sont toujours modérés. Comme cela, j’ai l’ordre (honneur quand même au plus rapide) et j’enverrai un mail pour la suite aux gagnants ! J’écrirai aussi les gagnants sur le billet, ne vous inquiétez pas.

    Si mon frère est encore en train de jouer avec la partie technique du blog, vous envoyez un mail à cette adresse : [email protected] .

    P.P.S. Nous envoyons partout dans le monde, en France, en Suisse, en Belgique, au Canada … et aux autres !

  • Quatrième de couverture

    Ernest travaille dans le restaurant d’un palace à Giessbach en Suisse. C’est un garçon parfait, aussi strict dans le travail que dans la vie. Mais cette dignité imperturbable cache la blessure jamais guérie de la violente passion qu’il a connue pour Jacob, un garçon parfait comme lui, Jacob qui l’a abandonné pour suivre en Amérique Julius Klinger, le grand écrivain allemand. C’était après 1933 , dans ces années troublées où beaucoup de clients, fuyant l’Allemagne nazie, venaient trouver refuge, avant les rigueurs de l’exil, dans ce luxueux hôtel qui avait si souvent abrité leurs insouciantes villégiatures. Mais rien n’était plus pareil et Sulzer rend palpable la peur obscure qui hante désormais ces salons trop rassurants et tisse avec subtilité les fils des drames intimes et ceux de la tragédie historique. Il faudra la fin de la guerre et le retour de l’exil de Klinger pour que s’affrontent deux mémoires dans l’ultime combat d’une rivalité amoureuse. C’est qui prête au roman une tension dramatique qui va crescendo et tient jusqu’au bout le lecteur en haleine.

    Alain Claude Sulzer est né en 1953 et vit à Bâle. Il a publié plusieurs romans. Un garçon parfait est le premier à paraître en français.

    Mon avis

    J’ai eu envie de ressortir ce livre de ma PAL (pour tout dire, il était déjà dans mes étagères ; je l’avais acheté en plus avant qu’il est le prix médicis c’est pour dire) à la suite de la lecture d’un autre livre.

    J’ai tout de suite penser aux Vestiges du jour (le film en tout cas parce que je n’ai pas vu le livre). Il y a cette ambiance feutrée dans un monde en déconfiture, où tout le monde s’inquiète mais personne ne le dit. Là dedans, une seule chose reste immuable Ernest. L’histoire date d’il y a trente et il n’a pas bougé d’un pouce, personne ne sait rien de lui (surtout sa cousine Julie qui le prend pourtant comme confident). Il est comme un meuble au milieu de la vie. On ne peut que le prendre en pitié quand on apprend pourquoi dans le roman. Il a fui sa famille qui ne le comprenait pas à 16 ans et est devenu serveur. Il est arrivé dans cet hôtel plein d’espoir dans sa vie, surtout qu’il avait déjà plus ou moins accompli son rêve. Alors quand Jacob arrive c’est plus ou moins comme un cadeau de la vie, dont il profite pleinement. La chute sera d’autant plus rude. Il ne s’en est d’ailleurs toujours pas remis. Alors quand Jacob écrit une lettre pour qu’il aille voir Klinger pour lui demander de l’argent, on ne peut qu’être en colère contre Jacob. La confrontation Klinger / Ernest est très difficile pourtant Ernest, ce garçon parfait décide d’aider son amour de toujours mais aussi l’amant qui l’a abandonné. Quand Klinger apprend à Ernest ce qui s’est passé en réalité, à l’hôtel mais aussi pendant l’exil en Amérique, j’étais atterrée ! Jacob est encore plus vil que je ne le pensais mais Ernest l’aime toujours … C’est un roman qui se finit mal pourtant.

    C’est un roman feutré comme je l’ai dit. Vous tournez les pages doucement pour ne pas déranger. Pourtant, vous tournez les pages parce qu’on ne résiste pas à une telle écriture, qui comme le dit l’éditeur, tient en haleine.

    Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé parce que j’ai vibré avec Ernest.

    Entre temps, un deuxième livre est sorti aussi chez Jacqueline Chambon Leçons particulières et ces jours-ci sort son troisième roman traduit en français Une autre époque.

    Références

    Un garçon parfait de Alain Claude SULZER – roman traduit de l’allemand par Johannes Honigmann (Éditions Jacqueline Chambon, 2008)

  • Quatrième de couverture

    Nous sommes en 1942 : l’Europe est à feu et à sang, la Suisse est travaillée de sombres influences. À Payerne, rurale, cossue, ville de charcutiers « confite dans la vanité et le saindoux », le chômage aiguise les rancœurs et la haine ancestrale du Juif. Autour d’un « gauleiter » local, le garagiste Fernand Ischi, sorti d’une opérette rhénane, et d’un pasteur sans paroisse, proche de la légation nazie à Berne, le pasteur Lugrin, s’organise un complot de revanchards au front bas, d’oisifs que fascine la virilité germanique. Ils veulent du sang. Une victime expiatoire. Ce sera Arthur Bloch, marchand de bestiaux.

    À la suite du Vampire de Ropraz, c’est un autre roman, splendide d’exactitude et de description, d’atmosphère et de secret, que Jacques Chessex nous donne. Les assassins sont dans la ville.

    Mon avis

    Après avoir lu l’avis de Wodka, j’ai sorti ce livre de ma PAL et je l’ai lu d’un seul trait. Vu le nombre de billet qu’il y a eu sur ce livre, tout le monde connaît plus ou moins l’histoire, sinon vous pouvez consulter le billet de Dominique par exemple. Finalement, ce dont j’avais envie de parler c’est de ce que j’ai ressenti à la lecture et ce par l’écriture et Jacques Chessex.

    Il nous explique à la fin que c’est une histoire vraie, qu’il a vécu au moment des faits, quand il était enfant, dans cette petite ville où tout le monde avait plus ou moins l’air de se connaître. Dès le début du livre, on ressent un sentiment d’urgence mêlé à un sentiment de colère, comme si l’auteur (ou le narrateur) avait besoin que cela sorte. Même la présentation des personnages est rapide et faite avec des phrases chocs. Plus le livre avance, plus cela s’accélère où les cinq nazis vont tuer et dépecer le pauvre Arthur Bloch. Ce que vous avez lu d’une seule traite, sans respirer, explose, vous étouffez, vous avez envie de partir de cette horreur et je pense vraiment que c’est ce que voulait Jacques Chessex en adoptant cette manière de raconter. Parce que pour le procès il ne dit pas vraiment grand chose. C’est ce qui fait que ce roman n’est pas la narration d’un fait divers comme on peut en lire parfois dans cette collection.

    Le sentiment d’apaisement ne vient que quand Jacques Chessex nous dit que c’est une histoire, son histoire.

    C’est tout ce que je voulais dire sur ce livre même si cela ne doit pas vous aider beaucoup mais sachez qu’il vient de sortir en poche.

    Références

    Un juif pour l’exemple de Jacques CHESSEX (Grasset, 2009)