Cecile's Blog

  • Présentation de l’éditeur

    Faveur critique et enthousiasme public ont accueilli la première publication des À la manière de …, en 1908. Ce recueil de pastiches, pétillant d’humour et d’ironie, est l’œuvre commune de deux jeunes écrivains journalistes, Paul Reboux et Charles Müller. Ensemble, devant le succès remporté, ils rédigent deux autres séries, publiées en 1910 et 1913 par la toute jeune maison d’édition Grasset. Mais la guerre vient interrompre cette collaboration : Müller meurt sur le front en septembre 1914 ; il recevra le prix Monbinne de l’Académie française un an après, en hommage posthume. Paul Reboux signe donc seul la quatrième série en 1925, tout en veillant associer à « ces jeux » son défunt ami, au nom de « quinze ans de ville intellectuelle quotidiennement partagée ». Une dernière série, plus inégale, verra le jour en 1950.

    Mon avis

    La plupart des pastiches écrits par ces deux auteurs portent sur des auteurs français : Loti (si tu me lis, chère prof de français de troisième, il pastiche Le mariage de Loti de Pierre Loti dont j’avais parlé dans une rédaction et dont tu m’avais affirmé qu’il n’existait pas ! et non, je n’ai pas la rancune tenace), La Fontaine, Baudelaire, Hugo, Chateaubriand, Maupassant, Zola. Comme le souligne l’éditeur, il s’agit de pastiche et non de parodie. Les auteurs se vantaient même de lire « tout » ce qu’avait écrit l’auteur pastiché comme d’un gage d’admiration. Je vais vous parler d’une des À la manière de … : celui qui pastiche une aventure du Sherlock Holmes de Conan Doyle.

    C’est vraiment très très bien fait (sur six pages, je trouve que c’est impressionnant) et prête à sourire la plupart du temps. Sherlock Holmes en jetant à peine un coup d’œil arrive à déduire les choses les plus farfelues et les plus improbables, et en plus elles s’avèrent exactes. Rien que le titre met sur la voix du farfelu de la nouvelle : un homme avec une oreille de cire ?!  Par exemple, ils pastichent le fait que l’on puisse lire la profession d’un homme sur ses mains en faisant prendre à un protagoniste deux métiers complètement différents.

    Je vous laisse après ce très court avis sur une phrase de Sherlock Holmes :

    J’ai besoin de méditer sur un problème concernant un bateau dont on connaît le gréement, le tonnage et la cargaison ; il s’agit de trouver l’âge du capitaine, et j’ai besoin de fumer au moins dix pipes et de boire autant de grogs avant d’y réussir.

    Références

    À la manière de … de Paul REBOUX et Charles MÜLLER (Magnard, 2009)

  • Quatrième de couverture

    Bien que l’autopsie lui prouve le contraire (la jeune femme n’est pas morte noyée, mais d’une overdose d’héroïne), Quirke va laisser classer cette affaire comme un suicide. Et pourtant … Vieux loup de plus en plus solitaire, il ne peut s’empêcher de fureter dans le passé de la victime et découvre que celle-ci avait non seulement une double identité mais une double vie, peuplée de personnages aussi troubles que les circonstances de sa mort. Lorsqu’il apparaît que Phoebe, sa propre fille, est à son tour impliquée, Quirke se retrouve pris dans un piège qui, une fois de plus, fera ressurgir les démons du passé …

    Mon avis

    C’est le deuxième tome des aventures de Quirke que je lis (et le deuxième publié en France), après Les disparus de Dublin. Après une année, la lecture  de ce premier tome s’est estompée dans ma mémoire et du coup, les allusions incessantes dans ce deuxième tome m’ont gênée.

    Bien sûr, il n’y a pas d’enquête, plutôt que de roman policier, on parlera de roman noir. Quirke s’est arrêté de boire, essaye de renouer avec sa fille (qu’il a fait élever par sa belle-sœur et son beau-frère et à qui il a avoué la vérité très récemment : pour vous dire comment elle a apprécié). Tout cela, visiblement nuit très sérieusement à ces méninges. Quand un ancien camarade d’université lui demande de ne pas pratiquer une autopsie, il ne pense pas que c’est suspect et qu’il y a quelque chose de louche (il la pratique quand même pour sa défense). Il se laisse porter par la vague. Il ne voit pas sa fille se faire embringuer dans une mauvaise histoire, ne lui porte pas vraiment secours. Il la laisse seule tout en constatant les choses de loin. Il couche avec la femme d’un type qui couche lui même avec la fille de Quirke. Il ne se pose pas vraiment de questions mais rumine dans son coin les éléments qu’il a. Vous aurez compris donc que Quirke traverse une profonde dépression.

    Mais justement, ce serait oublié que Benjamin Black, c’est aussi John Banville et dans ce tome particulier, Benjamin Black écrit comme John Banville : on retrouve les mêmes thèmes (la mort, les relations aux autres, la paternité ; vous me direz comme dans tous les romans mais c’est de la littérature irlandaise et du coup, tout le monde est dépressif) que dans Infinis parus cette année, et surtout traitée de la même manière : d’une manière contemplative et lascive. On se regarde, on constate mais on ne fait rien. C’est pour ça que finalement quand on comprend pourquoi et comment Laura Swan est morte, tout le monde est surpris que quelqu’un est agit (même mal).

    Finalement, donc, c’est l’écriture de John Banville qui m’a apprécié énormément le roman de Benjamin Black, l’histoire n’étant pas extraordinaire : elle raconte l’histoire de gens bringuebalés dans tous les sens par la vie.

    Références

    La double vie de Laura Swan de Benjamin BLACK – traduit de l’anglais (Irlande) par Michèle Albaret-Maatsch (NiL, 2011)

     

  • Présentation de l’éditeur

    Une partie de chasse dans la montagne permet de retrouver Sabino, un homme qui a mystérieusement disparu du village il y a 15 ans, et à l’assassinat auquel tout le monde a cru. Sur fond de tensions sociales et d’exploitation politique du moindre fait divers, deux paysans pauvres ont même, à l’époque, été condamnés pour ce meurtre (supposé).

    La résurrection du « fantôme »  jette tout le village – de la femme du mort aux familles es condamnés – dans un trouble sans nom, tandis que le nouveau héros, jadis le villageois « le plus pauvre et le plus insignifiant », acquiert un étrange prestige.

    L’empire d’un homme est inspiré d’un fait divers réel, que Ramón Sender avait couvert, en tant que journaliste, pour le quotidien El Sol.

    Mon avis

    J’ai trouvé que ce livre était présenté de manière très intelligente car il permet de mettre en parallèle l’histoire écrite par le romancier et l’histoire écrite par le journaliste. Dans le roman, Ramón Sender utilise une écriture sobre. Malgré quelques arrangements avec le fait divers réel, il laisse à voir ce qu’il passe par la manière dont il agence les évènements et sur la place qu’il prenne dans le roman. La torture, notamment, prend énormément de place dans le livre alors que finalement, elle ne dure que quelques jours (c’est un sujet auquel l’auteur tient et cela se comprend vu sa biographie). Un autre sujet important est la récupération politique du « meurtre » et du retour du « fantôme ». Le retour de Sabino, lui, finalement n’est qu’accessoire et on ne s’attachera pas à lui. De même, qu’au prisonnier libéré, malgré la mort de l’un d’entre eux.

    Dans les écrits journalistiques, Ramón Sender se retrouve partie prenante de l’affaire et les écrits et le ton sont très engagé. Pourtant, il ne pourra publier sur les thèmes qu’il développera dans le roman.

    Si on voulait résumer, je dirais que le roman est intéressant à lire du point de vue de cette comparaison (de savoir si on est plus libre dans la presse ou le roman, de savoir comment raconter des faits réels, jusqu’où peut-on aller dans l’écriture du roman, en cela l’édition est très intéressante) mais aussi du point de vue du fait divers en lui-même sans se soucier de la réalité (voir comment la machine peut s’emballer, un peu comme dans Le vampire de Ropraz de Jacques Chessex). Il faut aussi souligner que l’écriture de Ramón Sender se prête à une lecture simple, c’est-à-dire à juste lire un bon roman.

    Biographie (reprise de chez l’éditeur)

    Ramón Sender (1901-1982) se fait connaître très jeune comme journaliste, pour ses prises de positions radicales contre les injustices. Lié aux milieux anarcho-syndicalistes, il commence à écrire des romans sur la prison, les ouvriers, la répression des révoltes paysannes… Journaliste et romancier consacré, il perd durant la guerre civile sa femme et son frère, exécutés par les franquistes. Il s’exile à la fin du conflit au Mexique, puis, en 1949, aux États-Unis. Totalement oublié pendant la période franquiste, durant laquelle ses œuvres sont censurées, il meurt en Californie, en 1982, laissant près de 60 romans. La plupart transposent des épisodes de la guerre civile, en dépeignant l’étrangeté et la complexité des caractères humains dans un monde nimbé de mystères. Mais il a aussi écrit sur Lope de Aguirre et Billy the Kid.

    Références

    L’empire d’un homme de Ramón SENDER — traduit de l’espagnol par Claude Bleton – postface de Claro – dessins d’Anne Careil (Attila, 2011)

  • Bon, j’avoue, j’ai sauté sur l’occasion de lire ce livre gratuitement parce que je voulais déjà lire les deux premiers, que j’avais réussi à me raisonner et attendre les poches mais je ne suis jamais tombée sur les poches …

    Quatrième de couverture

    Louisa et Clement sont rivales, amies et sueurs. Toutes deux ambitieuses et exigeantes – Louisa, l’aînée, dans sa passion pour l’art, Clem, la cadette , dans son amour pour la nature-, elles ont une relation compliquée. Louisa rêve d’un mariage stable à New York, tandis que Clem, la rebelle, la préférée selon  Louisa, reste fidèle à son travail dans les montagnes Rocheuses mais infidèle aux hommes qui tombent sous son charme. Bien que la vie les éloigne, les deux soeurs vont peu à peu se rapprocher au gré des aléas de l’existence. Malgré les jalousies, les disputes et les larmes, Louisa et Clem ne peuvent échapper à l’amour inconditionnel qui les lie.

    Mon avis

    J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre. Je peux même dire que deux semaines après ma lecture il m’en reste quelque chose.

    Les personnages principaux sont très américains je trouve. Ils leur arrivent toutes les catastrophes du monde mais toujours ils vont de l’avant, passe au dessus. Ce sont tous des personnages de caractères qui prennent l’initiative, qui ne se laissent pas marcher sur les pieds. Il y a des doutes mais toujours balayés rapidement. Finalement, si l’on se contente de ça, le livre devient je trouve odieux parce qu’on a l’impression de l’avoir déjà lu. Finalement, Julia Glass en fait un livre très très attachant. Pour moi, cela tient à l’histoire de fond et à l’écriture.

    L’histoire de fond, c’est l’histoire des deux sœurs. Je l’ai aimé parce que je l’ai trouvé réaliste (parce que je pense que je pourrais faire la même chose avec mon frère, même si l’histoire de la jalousie et de la haine connaît pas) : deux sœurs qui vivent loin l’une de l’autre mais qui peuvent parcourir le pays entier pour se rejoindre quand il y en a une qui a un coup de blues, qui a besoin d’aide. Le côté jalousie (uniquement dans l’adolescence) vient que c’est deux sœurs. La construction, où les deux sœurs parlent en alternance, donnent un peu plus de profondeur à la relation parce qu’on ne s’identifie ni à l’une ni à l’autre. On s’identifie au duo qui ne fait plus qu’un seul personnage. Je suis plus sceptique pour le premier chapitre où l’alternance se fait dans un même chapitre alors que par la suite c’est par chapitre. Cela donne une impression de rapidité, limite de la superficialité (peut être dans l’idée de rendre la jeunesse et l’impulsivité des deux sœurs). Après le livre acquiert une lenteur qui fait le contraste avec le caractère des personnages et c’est ce que j’ai aimé. On a vraiment l’impression de les suivre pendant les vingt-cinq ans de l’histoire. Si elle était restée sur la même construction que le premier chapitre, cela aurait été moins bon. L’écriture est douce, lente et finalement, Julia Glass arrive à être dans la tête des deux sœurs tout en racontant les péripéties.

    Du coup, il faut absolument que je trouve les poches des deux premiers.

    D’autres avis

    Les enthousiastes : Keisha et Cathulu.

    Les sceptiques : Manu et Sylire.

    D’autres avis sur Babelio (merci à eux !!!!)

    Critiques et infos sur Babelio.com

    Références

    Louisa et Clem de Julia GLASS – traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne Damour (Éditions des 2 terres, 2011)

     

  • Quatrième de couverture

    Londres, avril 1871 : le jeune Sherlock Holmes reçoit une visite inattendue : celle d’un certain Karl Marx, chef de l’Internationale, traqué par un tueur fou à la solde de Thiers et de Bismarck. Holmes accepte de rechercher l’assassin, échappe à son tour de justesse à un attentat. La traque s’engage à Londres, se poursuit à Paris, en plein printemps communard…

    Mon avis

    Alexis Lecaye, pour situer, c’est celui qui a créé Julie Lescaut. Je ne sais pas si pour vous c’est gage de qualité mais sachez juste que ce livre-ci est génial. C’est un excellent pastiche des aventures de Sherlock Holmes (il m’a fait passer un excellent dimanche en tout cas).

    L’histoire est racontée par Sherlock Holmes lui-même durant sa vieillesse (en tout cas je suppose), Watson n’est pas mentionné (on parle seulement d’un biographe). L’aventure en elle-même se passe avant la rencontre avec Watson, il s’agit d’une des premières de Sherlock Holmes. On le découvre plus empreint à utiliser ses poings que sa tête, plus sujet à suivre ses sentiments et ses impulsions que les déductions de son génial cerveau. Alexis Lecaye nous dépeint donc un Holmes jeune et fougueux, très humain et très masculin aussi. Je trouve que cela marche bien (j’ai beaucoup souri) parce que justement l’auteur n’a pas cherché à faire du Conan Doyle et finalement arrive à faire quelque chose d’assez neuf.

    Outre la vision de Sherlock Holmes qui nous est proposée, ce qui m’a beaucoup plu c’est tous les éléments biographiques sur Karl Marx. Je ne savais pas par exemple que la fille de Karl Marx, Laura, était mariée avec Paul Lafargue, qu’il s’était réfugiée un long moment à Londres (qu’il habitait dans une villa à ce moment là), que Friedrich Engels l’avait suivi (il est appelé Fred dans le livre …) D’un autre je n’ai pas vérifié que ces éléments étaient vrais. Il y a aussi la reconstitution de Paris lors de la Commune, les souterrains, les difficultés de la vie, les massacres lors de la fin de la Commune, les tensions, les catacombes …

    Si on ajoute à tout ça une fin dont je ne me suis pas doutée (en tout cas, le pourquoi de la tentative d’assassinat), on voit que finalement tout m’a plu dans ce livre ! Malheureusement, le deuxième d’Alexis Lecaye, Einstein et Sherlock Holmes, est dans ma PAL mais à Paris …

    Références

    Marx et Sherlock Holmes d’Alexis LECAYE (Fayard noir, 1981)

  • Quatrième de couverture

    « C’est une invention bien connue de conspirer contre le Parti avec des romans », a dit le président Mao. Un précepte que méditent les habitants de la cité lorsque monsieur Ma, le libraire, est arrêté un soir de l’hiver 1962. Son crime ? Posséder dans ses rayons un roman étranger à propos d’un certain docteur russe. Sa peine ? Trente ans d’emprisonnement pour « activités contre-révolutionnaires ». Vingt ans plus tard, Ma est libéré. La Révolution culturelle est loin, Mao est mort, les autorités encouragent l’initiative privée. Que pourrait faire le vieux Ma après tant d’années de prison ? Contre toute attente, son nouveau commerce est un succès. Une reconversion à mille lieues de la littérature. Quoique …

    Mon avis

    Lecture découverte grâce à Michel Sender. Merci à lui !

    Je suis bien embêtée pour parler de ce livre parce que la quatrième de couverture dit tout (l’histoire à mon avis n’est pas si importante, c’est pour ça que je l’ai reprise), parce que je n’ai jamais lu Qiu Xiaolong (et pourtant c’est pas faute de l’avoir vu en librairie) et encore moins son recueil Cité de la poussière rouge (le livre est une nouvelle de la même inspiration que celles du recueil, apparemment).

    C’est donc un livre très court, en réalité, une nouvelle de soixante pages. Vous vous doutez que ce qui m’a parlé c’est le libraire et les lecteurs. Le libraire est de ceux qui vous laissent lire les livres dans la librairie, qui voit le métier de libraire comme un métier de passeur, d’autant plus que le monde « extérieur » à la librairie est troublé. Ses lecteurs lui en sont infiniment reconnaissants, notamment un jeune homme, qui a lu toutes les enquêtes de Sherlock Holmes (encore lui) dans la librairie sans les acheter. Il décide d’enquêter lorsque monsieur Ma est arrêté. On découvre alors un homme qui vit par et pour les livres.

    La deuxième partie, celle d’après la libération, je l’ai surtout vu comme une sorte de clin d’œil où finalement les lecteurs forment une communauté silencieuse qui s’entraide, alors que les autres ne comprennent pas. Pour tout dire, là c’est un peu mon interprétation de lecture mais j’ai aimé le voir comme ça, aimé penser que finalement le libraire est un homme sage qui part toutes ses lectures sait voir le monde.

    Vous vous doutez que j’ai aimé me plonger pendant une heure dans ce récit trop court. L’impression que l’on a en fermant le livre c’est surtout une impression de mode révolu, de monde suranné. Le rythme est lent et doux (le décalage est frappant si on considère que l’on nous parle de l’arrestation d’un homme qui a le malheur de vendre un livre).

    Un beau moment de lecture.

    Références

    La bonne fortune de monsieur Ma de Qiu XIAOLONG – traduit de l’anglais (États-Unis) par Fanchita Gonzales Battle (Lina Levi / Piccolo, 2011)

  • C’est donc de nouveau à moi de faire le bilan. Heureusement que c’est une fois tous les trois mois parce que pour le coup, je suis en retard. Pardon à Matilda et à Marion et bien sûr aux autres membres de notre société ! Parce que ce mois-ci, nous avons œuvré, beaucoup œuvré même je dirais.

    Il y a une vague de retour aux classiques, comprenez au Canon, impulsée par Christelle (nous t’embrassons bien fort ainsi que ton beau bébé). En un mois, elle a lu Les aventures de Sherlock Holmes, Les mémoires de Sherlock Holmes et Le Chien des Baskerville. Elle a même créé une page spéciale Sherlock Holmes. Nous faisons tous pale figure par rapport à cela (en tout cas moi je ne veux pas parler pour les autres). Erato a lu A study in scarlet, en anglais dans le texte. Edgard.Friendly a lu Le signe des Quatre. Si cela ne vous donne pas envie de lire, relire le Canon, je ne m’y connais pas !

    Bien sûr, nous avons lu les traditionnels pastiches (il faut dire qu’on a le choix en la matière, je m’en réjouis d’autant). Marion a réussi à trouver un Agatha Christie où on fait des allusions à Conan Doyle et à son Sherlock Holmes (elle est franchement trop forte). Matilda a lu le premier tome de la série de la série de Shane Peacock et en plus elle est d’accord avec moi (en gros, on ne vous le conseille pas trop, même pas  tout et pourtant j’ai les autres tomes en anglais ans ma PAL… on ne dit rien merci). J’ai lu un livre qui mélange adroitement Jekyll, Hyde et Le signe des quatre. Il fallait avoir l’idée. Erato, toujours elle, a lu le fameux Duel en enfer, où s’oppose Jack l’Éventreur et Sherlock Holmes.

    Nous avons lu des bd : le tome 2 de Vieille bruyère et bas de soie (toujours haletant mais avec moins de références) et Niki a lu le tome 1 de Detective Conan et est devenu accro mais à renoncer à tous les lire parce que cela prend de la place dans une PAL ces tout petit mangas.

    Elle a aussi visionné un film, qui est une sorte de redite du chien des Baskerville avec Basil Rathbone. Catherine qui trouve toujours des trucs insolites a trouvé une vidéo d’animation mettant en scène Sherlock Holmes (si j’ai bien compris).

    Finalement, j’aime bien faire ces petits bilans. Cela me donne envie de reprendre mes lectures holmésiennes parce que j’en ai beaucoup dans ma PAL alésiennes.

    Passons maintenant à une autre partie que j’adore, la prévision de mes futurs dépenses. C’est un mois calme, je vous dirais mais on peut toujours trouver des choses intéressantes.

    Joelle Losfeld nous fait le plaisir de publier Sherlock Holmes et le mystère du Palio (où Sherlock Holmes est en Italie) le 7 avril … Le livre est de Luca Martinelli. Je le lirai avec beaucoup d’intérêt.

    Il y a aussi le tome 2 d’une bd qui est sorti le mois dernier : Aspic. Apparemment elle fait des allusions à Sherlock Holmes donc c’est intéressant. Pour tout dire, je l’avais commandé mais elle est arrivé à Paris. Du coup, il faut que je monte la chercher ou que quelquún me la descende (c’est une petite annonce personnelle, désolée).

    Le tome 64 (pour ceux qui en sont là) du Détective Conan est sorti aujourd’hui !

    J’aimerais bien savoir combien il y en aura en tout parce que ça fait peur. 64 volumes dans sa bibliothèque, le truc de fou ! Comme il n’y a pas grand chose, je vais vous parler de ce que je rêverai de m’acheter, les pièces radiophoniques de Sherlock Holmes qu’ils vendent sur le site de l’INA diffusé dans les années 50 (avec  Maurice Teynac et Pierre Mondy, adapté par Jean Marcillac). Il y a trois cd pour les trois saisons et je pense que cela doit valoir le coup. Vous pouvez d’ailleurs voir des trucs assez sympas (des reportages par exemple) sur le site de l’INA en faisant une recherche Sherlock.

    Bon maintenant que je vous ai dit comment dépenser votre argent, je vous laisse. Je vais faire des lectures holmésiennes.

     

  • Quatrième de couverture

    Le tailleur de pierre Krylov et l’énigmatique Tania, depuis leur rencontre sur un quai de gare, cherchent à préserver leur amour des contraintes de la société et du temps. Mais Krylov doit composer avec d’autres réalités : d’une part, il dépend toujours de son ex-épouse Tamara, une oligarque richissime ; d’autre part, il participe à une expédition illégale dans le but d’exploiter un gisement de diamants dans les montagnes de l’Oural. Ainsi, son destin est lié inexorablement à celui de la Russie.

    Dans un climat lourd de menaces et d’angoisse, la grande ville ouralienne où vit Krylov se prépare à fêter le centième anniversaire de la révolution d’Octobre – nous sommes en 2017. L’évènement révèle une société à jamais divisée, incapable de tirer les leçons du passé et prête à s’embraser à nouveau. Les défilés militaires en costumes d’époque donneront le signal d’une confrontation sanglante entre Rouges et Blancs…

    2017 est un grand récit polyphonique, roman d’amour et fresque historique, qui fonctionne aussi comme une anti-utopie fantastique de la société russe. Finesse psychologique, force tragi-comique et dimension mythologique font de ce livre une œuvre d’une extraordinaire maturité.

    Mon avis

    Encore un livre auquel, à mon avis, je n’ai pas tout compris et pourtant ma lecture a été frénétique, je tournais les pages sans m’en rendre compte, je revenais le soir chez moi et je me mettais tout de suite à la lecture (il faut dire qu’il n’y a que moi chez moi). Jamais je n’ai eu envie d’abandonner mais cette lecture peut déconcerter, je préviens de suite.

    Si on récapitule un peu, Krylov est devenu tailleur de pierre un peu par hasard après des études d’histoire et surtout un stage très formateur de quatre mois, qui s’est achevé par la mort du maître de stage. Après cela, on aurait dit que Krylov avait récupéré les dons du maître. En fait ce métier, il n’est pas venu si par hasard que ça mais d’une obsession d’enfant, la transparence. Quand il était gamin, il cassait des pierres de collier, pour comprendre pourquoi c’était transparent et il n’a jamais compris et est resté fasciné. L’enfant a grandi.

    Il est sous la « protection » du professeur, qu’il a eu à la fac mais qui surtout est une chercheur illégal de pierres précieuses, diront nous. Il repère toute suite que Krylov est nulle en expédition mais fera un bon tailleur.

    On retrouve Krylov 20 ans plus tard à la gare, il vient amener un pull au professeur, qui part avec Kolya pour une de ces fameuses expéditions. En effet, l’année dernière, ils ont trouvé un filon miraculeux qu’ils n’ont pas eu le temps d’exploiter. Dans cette gare, il rencontre une femme, Tania, qui en fait s’appelle Ekaterina, la femme du professeur mais lui ne le sait pas car le professeur a tendance a exrêmement compartimenté sa vie (en fait ne veut pas le savoir parce que moi j’avais compris de suite)  et commence une liaison entre lui, qui se fait appeler Ivan. C’est déjà un premier niveau de falsification.

    Le livre est un enchevêtrement de récits : celui des rencontres Tania / Ivan, jamais au même endroit, décidé au hasard d’un plan, falsifié à cause des espions internationaux qui pourraient regarder la Russie d’un peu trop près (ce qu’il faut y voir c’est que déjà la réalité ne correspond pas à ce qu’elle devrait être) et l’expédition du professeur.

    Le professeur se coupe du monde donc de ce que nous appellerions la réalité et crois avoir trouvé un filon réel et qui lui apportera finalement un bonheur tant recherché. Ce n’est pas l’argent qu’il recherche : il est millionnaire, a plein d’appartements … mais plutôt les pierres, pas les plus belles qu’il revend mais les spécimens, celles qui présentent un défaut unique au monde. Ce sont ces pierres qu’ils collectionnent. Finalement, on se dit que c’est celui qui est le plus proche de la réalité mais c’est faire l’impasse sur une donnée importante, le livre ne se passe pas dans l’Oural comme le dit la quatrième de couverture mais dans les monts Riphées (qui ressemble quand même à l’Oural, c’est en plus la région de naissance de Olga Slavnikova). Les monts Riphées, d’après Wikipédia, ce sont « une chaîne de montagnes que les Grecs plaçaient vaguement dans des parages septentrionaux, et qu’ils éloignaient de plus en plus à mesure qu’ils acquéraient des connaissances plus étendues ». Si on caricature, finalement, c’est quelque chose qui n’existe pas, qui n’est pas atteignable et n’est donc pas non plus une réalité. On sent déjà que l’expédition du professeur va mal se terminer, il va chercher un bonheur dans une chimère.

    Krylov, dont le destin semble parallèle à celui du professeur (notamment sur l’existence d’appartement où on se cache de la réalité), même si il ne s’établit pas aux mêmes hauteurs, va aussi croire qu’il a trouvé le bonheur en l’amour. Le problème c’est que Tania n’existe pas et à partir du moment où il va connaître sa véritable identité, il va s’en désintéressé jusqu’à être capable de la retrouver sous l’identité de Tania, c’est-à-dire sous la forme de réalité où il la connaît. Quand il y réussira, il préférera fuir dans les montagnes pour retrouver le fameux filon du bonheur du professeur et fuit donc la seule possibilité de retrouver la réalité, c’est-à-dire l’amour d’après Olga Slavnikova (si j’ai compris les interviews d’elle que j’ai lu).

    La partie sur la nouvelle révolution factice qui se tiendrait en 2017, et qui rejouerait celle de 1917, ne prend vraiment pas beaucoup de pages dans le livre, pourtant elle reprend le thème de la réalité, qui semble échapper aux protagonistes. Je le regrette personnellement car j’aurais bien aimé que le thème soit plus développé mais finalement, je pense que l’auteur a plutôt cherché à parler de destin individuels plutôt que du destin collectif de la Russie. Elle inscrit finalement son récit plus dans un cadre occidental que russe.

    J’espère que j’ai été à peu près claire mais franchement, c’est une lecture très intéressante et prenante, beaucoup plus riche que ce que j’ai bien pu comprendre (j’ai peur de mettre un peu perdu dans toute cette réalité).

    Références

    2017 d’Olga SLAVNIKOVA – roman traduit du russe par Christine Zeytounian-Beloüs (Gallimard – Du monde entier, 2011)

  • Une partie de la quatrième de couverture

    Médecin réputé à Stockholm, Isak Lövenstad est un homme intelligent, fort de caractère, intimidant et séduisant. Ses trois filles, de trois mères différentes, attendent impatiemment les grandes vacances pour être enfin réunies autour de ce père qui les intrigue et les impressionne. Dans les années 1970, la famille recomposée passe des étés agréables sur l’île scandinave de Hammarsö. Une catastrophe va mettre brutalement fin à ces moments idylliques. Vingt-cinq ans plus tard, les trois sœurs reviennent sur l’île.

    Mon avis

    Linn Ullmann est la fille de l’actrice Liv Ullmann et du cinéaste Ingmar Bergman. C’est juste pour situer l’univers car j’ai lu certains avis parlant d’un livre assez malsain, donc je préfère prévenir.

    Personnellement, j’ai beaucoup aimé (est-ce à dire que je suis une détraquée ? la question se pose). Le reste de la quatrième de couverture fait allusion à William Golding. Pour ce que j’en sais (pas lu), c’est vrai qu’il y a quelques ressemblances. Les enfants présents sur l’île vivent sans faire attention aux adultes : ils sont dans un monde à eux. Du coup, je crois que cela donne un livre où cela n’est plus les conventions des adultes qui gouvernent mais les conventions d’adolescents. Et on sait que le monde des adolescents est loin d’être un monde civilisé.

    Pour être plus exact, je dirais qu’il y a trois dans ce livre qui coexiste : le monde des parents (monde où visiblement on fait des enfants facilement mais où on a du mal à s’en occuper, monde où on monte des pièces de théâtre pour s’occuper : de là à dire que c’est un monde factice il n’y a pas loin), le monde des adolescents (amours, rivalités entre bandes, affrontement très violent dans le livre) et le monde des enfants (enfin il n’y en a qu’une, c’est Molly, la troisième fille d’Isak, qui finalement observe et subit les conventions d’un peu tout le monde, et n’existe donc pas réellement).

    Le fait que l’histoire principale sur une île amplifie le sentiment de vase clos, où finalement tous les sentiments sont exacerbés. L’histoire est racontée par les deux sœurs les plus grandes. Le père se fait vieux (mais n’est pas mourant), l’aîné décide d’aller lui rendre visite après une dizaine d’année où elle ne l’a pas vu (après la mort de sa femme, il s’est retiré dans l’île où le fameux drame s’est passé). Il faut dire que l’aîné ne vivait pas avec son père et n’en est donc pas proche du tout. Mauvaise conductrice, elle essaye d’embrigader sa sœur, Laura, la deuxième. Sauf que celle-ci a été élevé par son père, un homme dont elle a du affronter les colères et les lubies et ne veut pas. Pourtant elle nous parle de sa vie, de gentille femme qui s’occupe de ses enfants et de son mari et a un travail,où elle se sent perdue. Finalement, elle va essayer de persuader Molly de les accompagner toutes les deux (dans l’idée qu’elles rejoignent la première sœur près de l’île). Là encore, le contact a été rompu à partir du moment où le drame s’est passé, puisque Molly n’est jamais retourné en vacances chez son père et que quand sa mère est morte, il n’a même pas voulu la prendre chez lui. Molly a pourtant voulu le revoir mais il n’est jamais venu à son invitation à dîner.

    Au final, les trois sœurs vont se retrouver, enfin ! Pouvoir se reconstruire, tout en ne parlant pas du drame. Ce que j’ai aimé, c’est que finalement elles n’iront pas voir ce père si hautain et désagréable (enfin ce n’est que mon avis)

    Références

    Je suis un ange venu du nord de Linn ULLMANN – roman traduit du norvégien par Hege Roel-Rousson et Pascale Rosier (Actes Sud, 2010)

  • Présentation de l’éditeur

    Andrew MacLachlan n’est pas de ces hommes qui renoncent. Ce grand et vigoureux vétéran de la guerre de Crimée, qui descend de huguenots émigrés en Écosse, exerce son métier d’inspecteur de police à Édimbourg avec un instinct et une obstination qui le font craindre. Et lorsqu’il tombe sur une affaire où le Mal en personne semble s’être incarné, dissimulé sous plusieurs identités, il va faire montre d’une ténacité qui le mènera jusqu’à Londres et Paris, au cœur d’un monde de fax-semblants, de crimes et d’illusions mortelles.

    Dans l’ambiance d’un XIXe siècle finissant, à la manière de ces romans-feuilletons haletants où les machinations succèdent aux scènes de vengeance, L’homme armé, roman noir hanté par l’idée du Destin, nous projette dans une intrigue digne de Stevenson, y ajoutant cet ingrédient pur malt : l’ronie. Mieux qu’un hommage aux lettre écossaises, un vrai plaisir romanesque.

    Mon avis

    L’auteur, Alain Gnaedig, est traducteur dans « les domaines britanniques et nordiques » (notamment de Karen Blixen, de Jens Christian Grondhal, de Charles Dickens, de Astrid Lindgren). Il s’agit ici de son deuxième roman publié.

    Il m’a plu énormément, la preuve en est que je ne l’ai pas lâché avant de l’avoir fini ! Il m’a surpris car finalement j’attendais un roman policier et donc une enquête digne de son nom, avec un peu de réflexion (un peu de Holmes par exemple) mais en fait pas du tout. Andrew MacLachlan est un homme d’actions avant tout et ses méthodes d’investigation sont des plus classiques (à part qu’il aime voyager pour faire ses enquêtes) ; il n’en est pas moins une personne intelligente et cultivée, moins bien sûr que son ami Athanasius Scobie, qui est censé raconter l’histoire. Du coup, l’enquête est remplacée par des scènes d’actions et de multiples rebondissements. L’inspecteur MacLachlan n’hésite pas à tirer sur les suspects, malgré les remarques de son chef, et à tuer ceux que sont chef ne voudraient pas arrêter. Finalement, le héros du livre est donc assez moderne car je ne suis pas sûre que les auteurs de l’époque auraient raconter les sentiments et les expériences amoureuses de leurs héros.

    Une autre chose très moderne du livre (comme d’ailleurs souligné dans la présentation de l’éditeur), c’est l’humour ou l’ironie : les remarques bien senties, les moqueries gentilles …

    Après, il y a bien sûr tout ce qui est hommage : à de Quincey (MacLachlan découvre la drogue à Paris. Visiblement à Édimbourg, ils sont innocents. Il paraît que c’est une ville « policée »), aux questions de l’astrologie (l’envie de connaître son avenir en cette fin de siècle, l’histoire se passant au moment de Jack l’éventreur), aux automates (j’ai adoré toutes les scènes sur cette question), aux descriptions des mœurs mais aussi des paysages …

    Ce mélange d’hommage moderne au passé marche vraiment très bien. Cela donne un roman qui ne paye pas de mine mais qui franchement est très agréable à découvrir et à lire. On regrettera finalement deux choses : que le roman soit trop court mais surtout que Alain Gnaedig ferme la porte à une deuxième aventure de Andrew MacLachlan.

    Références

    L’homme armé de Alain GNAEDIG (L’Arbre vengeur, 2011)