Cecile's Blog

  • CommeNeigeColombeBoncenneC’est une autre de mes acquisitions de La Procure. Lui aussi est court, 115 pages, et est sorti pour cette rentrée littéraire. Il s’agit d’un premier roman d’une (jeune) femme née en 1981, qui travaille dans l’édition et dans le domaine du livre. Pourquoi ce livre ? Parce que j’ai retourné l’ouvrage à la librairie par pur hasard et que la quatrième de couverture m’a plu. C’est l’avantage de la librairie ; personne ne pourra rien faire contre cela.

    Pour ce premier roman, elle a  choisi le thème des livres (j’entends ce que vous vous dites « ah, voilà pourquoi elle l’a pris » et ce n’est pas faux).

    Un homme, Constantin Caillaud, est parti en week-end avec sa femme Suzanne. Ils se perdent, chacun accuse l’autre (le truc habituel, en gros) et se retrouve par le plus grand des hasards dans la ville de Crux-la-Ville alors qu’ils voulaient aller à Clamecy. À Crux-la-Ville (dans la Nièvre d’après mon ami Google), Constantin se rend à la maison de la presse pour acheter une carte (car le GPS sur le téléphone, il n’y croit plus vraiment), le journal local (car il se régale des anecdotes de ce type de journal) et fureter dans la boutique. Il tombe sur une caisse de livre en solde et commence sans grand espoir à fouiller dedans. Miracle ! Il trouve un livre d’Émilien Petit, THE auteur, mais surtout un livre qu’il ne connaissait pas, Neige noire, alors qu’il pensait avoir lu tous les ouvrages de l’auteur. Il achète le bouquin bien évidemment et le lit le soir-même à l’hôtel quand sa femme dort. La lecture faite, il est évident que le livre est bien d’Émilien Petit. Il décide de faire part de sa découverte, une fois rentré à Paris, à sa maîtresse Hélène, attaché de presse dans le milieu du livre et qu’il a rencontré lors d’une lecture du même Émilien Petit. C’est elle qui a transformé pour Constantin un auteur aimé en l’auteur révéré.

    Le problème est qu’il a oublié le livre à l’hôtel (il ne lui vient même pas à l’idée de téléphoner pour savoir s’il y est encore). Hélène ne le croit qu’à moitié mais est surtout amusé de ce prétexte. Elle lui suggère d’entamer une enquête, d’autant plus difficile que l’auteur ne répond à aucune sollicitation. Il écrit à l’auteur, à l’éditeur, aux amis de l’auteur (Olivier Rolin et Antoine Volodine tout de même), relit tous les livres d’Émilien Petit pour chercher des indices (car tous les livres de l’écrivain sont liés). Constantin Caillaud, personnage pépère malgré sa maîtresse, voit sa vie bouleversée par cette découverte, qui tourne rapidement à l’obsession.

    Ce livre a été une très bonne lecture, bien évidemment pour l’histoire, mais aussi pour les personnages tous très attachants et bien décrits. L’écriture est plus classique (je dis cela parce que je lis Coeur-Volant de Philippe Bordas, vendu par mon libraire qui a confiance en mes capacités littéraires) mais est très agréable. J’ai déjà parlé de l’histoire et j’espère vous avoir persuadé sur ce point que le livre vaut le coup d’être lu. Je rajouterai qu’il faut y voir un bel hommage aux éditions de minuit (à mon avis), qui sont les éditions du miroir dans le livre, et aux auteurs qui peuvent créer des mondes fascinants et si réels pour les lecteurs.

    Le personnage le plus attachant est bien évidemment Constantin Caillaud. Colombe Boncenne décrit très bien un homme normal. Avant de rencontrer Suzanne, il était serveur. Leur vie a été bouleversé par la disparition de l’amoureux de Suzanne, qui était aussi le meilleur ami de Constantin. Ils se sont donc mis ensemble, ont eu deux enfants, des jumeaux. Constantin a donc choisi de changer de carrière pour être plus stable et par relation a commencé à travailler il y a une vingtaine d’années comme comptable dans une imprimerie. Hélène est le piment de sa vie et la lecture et les livres sont moyens d’évasion. Il a ce caractère d’homme passe-partout que rien ne destinait à faire ce type de découvertes. Suzanne est la femme normale d’un homme normal (rien à voir avec notre président, bien sûr). Hélène est plus atypique. Célibataire, sans attache, elle ne cherche pas à perturber la vie de notre couple mais plutôt à s’amuser avec Constantin quand elle en a envie.

    Le milieu de l’édition est peuplé de gens friands de jeux littéraires, curieux, à l’écoute du lecteur. La librairie est lieu de rencontre. Cela fait un peu monde des bisounours mais cela fait du bien de lire un livre de quelqu’un qui travaille dans ce milieu et qui ne décrit pas les gens comme obnubilés par leurs relations, leur carrière et qui ont un peu perdu le livre de vue. Colombe Boncenne a gardé son enthousiasme et cela fait du bien.

    En conclusion, je dirai que c’est un premier roman réussi. Ce n’est pas un livre-doudou mais un livre qui met de bonne humeur pour les personnes qui aiment quelque peu les jeux littéraires, les livres parlant de livres.

    L’avis de Clara.

    Références

    Comme neige de Colombe BONCENNE (Buchet-Chastel / collection Qui vive, 2016)

  • DocteurGlasHjlamarSoderbergJ’ai été samedi à la librairie La Procure, en sortant de l’exposition Fragonard du musée du Luxembourg. Je vais rarement dans cette librairie car je ne m’y sens pas forcément très à l’aise mais les trois fois où j’y suis allée, j’ai toujours trouvé des livres dont je n’avais jamais entendu parler. Les libraires ont des coups de cœur très personnel.

    Je vais donc aujourd’hui vous présenter une de mes acquisitions, lue cette semaine. Je n’ai aucun mérite car il fait seulement 112 pages.

    Le livre est écrit sous forme de journal, du 12 juin au 7 octobre. L’auteur est un médecin installé à Stockholm (qui ressemble à un petit village car tout le monde a l’air de se connaître et de se croiser très souvent), célibataire, un peu comme on entre en religion, et surtout plein de grands principes sur son « devoir ». Il reçoit souvent la visite de femmes ou de jeunes femmes en « difficulté » à cause de grossesses trop fréquentes ou plus généralement non désirées. Il refuse à chaque fois d’arranger les choses, prétextant son « devoir » (je le mets entre guillemets car il le dit avec tellement d’emphase).

    Un jour arrive Helga Gregorius, femme, très jeune femme du « vieux » révérend Gregorius , vient lui demander son aide pour trouver un moyen d’empêcher le révérend de lui faire accomplir son « devoir conjugal » car elle est dégoûtée et surtout a un amant qui lui convient beaucoup mieux. Il doit donc mentir et prétexter une maladie à la jeune femme (et l’annoncer au mari). Contre toute attente (la sienne et celle du lecteur), il accepte car il est attiré par cette jeune femme. Comme cela ne marche que quinze jours, il éloigne le mari en cure pour plus d’un mois et demi. Quand le révérend revient, il constate que rien n’y fera et se demande s’il ne doit pas agir autrement.

    Il ne profite pas de ce laps de temps pour entreprendre la jeune femme, qui reste avec son amant mais plutôt pour réfléchir à la manière dont une jeune femme s’est fait piéger par ce mari. Il réfléchit là encore en terme de justice et de devoir. Il voit toute sa vie et celles des autres par ces prismes. Cela donne un journal très heurté, un peu noir, bouillonnant aussi, où il se défoule car à l’extérieur, il ne peut pas et ne veut pas. Il ne s’autorise pas à vivre comme ses contemporains ; j’ai conscience que l’époque entre jeu. La fin est une surprise pour le lecteur au vu du personnage.

    Avec ce côté trop moralisant, je n’ai pas réussi à m’attacher au personnage du docteur Glas, mais j’ai eu pitié de ceux qui le côtoie, en particulier du pasteur et de sa femme car le pasteur lui sert de bouc-émissaire et il se sert de Helga comme d’une sorte d’objet pour satisfaire sa morale et lui-même. Il en tire du plaisir de cette manière ; j’ai eu l’impression qu’il ne lui conférait pas le statut de personne mais plutôt celui d’objet. J’ai, malgré le personnage, aimé le livre (c’est une bonne lecture) car il donne à voir à travers les yeux d’un homme trop solitaire, qui justifie ses choix de vie plutôt par des principes que son histoire et les hasards de la vie.

    L’écriture et le rythme sont « classiques » mais restituent très bien la manière de penser de l’homme. Plus que par la narration, on arrive très bien à se figurer le caractère du personnage. Un autre point positif est qu’en 112 pages, il n’y a rien à jeter. C’est ni trop peu, ni pas assez.

    La quatrième de couverture présente ce livre comme un classique suédois. Il a donc été écrit par Hjlamar Söderberg (1869-1941), publié pour la première fois en 1905. En 2013, les éditions Viviane Hamy ont (re)publié trois de ses textes. Docteur Glas sort en ce début d’année dans le cadre de la parution du livre de Bengt Ohlsson Gregorius (Phébus, 2016) racontant les mêmes faits mais du point de vue du révérend. Je pense que je vais me pencher sur ce livre, même s’il est bien plus épais (fainéantise quand tu nous tiens …) car cela m’intéresse de savoir si cet écrivain a vu le révérend de la même manière que moi.

    Références

    Docteur Glas de Hjlamar SÖDERBERG – traduit en français d’après un original suédois par Marcellita de Moltke-Huitfeld et Ghislaine Lavagne (Libretto, 2016)

    Un siècle de littérature européenne – Année 1905
  • Bonne année à tous les gens qui passent par ici, et aux autres ! Je vous souhaite bien sûr une bonne santé (parce que c’est quand même le plus important), de la réussite dans vos projets personnels et professionnels et aussi de tenir vos résolutions de nouvel an (c’est le plus dur, je pense).

    Je vais commencer l’année par deux billets de deux demi-déceptions. J’espère que cela sera pour mieux rebondir après.

    J’ai acheté Archives du vent de Pierre Cendors dès sa sortie parce que Pierre Cendors mais comme j’étais fatiguée, je me le suis gardée pour mes vacances. Si vous suivez depuis un peu le blog, vous savez que j’ai adoré les quatre premiers livres de l’auteur non seulement pour l’écriture magnétique et hypnotisante mais aussi pour les histoires qui sont toujours fascinantes, basées sur le thème du double, de l’absence, des coïncidences et de la disparition.

    Pour ce cinquième roman, il n’y a qu’un de ces deux éléments, l’histoire mais pas l’écriture, d’où ma semi-déception.

    ArchivesDuVentPierreCendorsCommençons par l’histoire. Egon Storm est inventeur du Movicône, procédé cinématographique utilisant les archives pour faire jouer à un acteur un tout autre film que ceux dans lesquels il avait joués. Le réalisateur a fait trois films selon ce procédé, trois films qui semblent adulés plutôt par les connaisseurs, puis s’est retiré. C’est le directeur de salle Karl Oska, ami du cinéaste, qui a été chargé par une lettre de l’exploitation de ces trois films où il lui était expliqué qu’il les recevrait à intervalle régulier, tous les cinq ans, puis recevrait une dernière enveloppe explicative. Dans cette lettre explicative, sous forme de testament audio, puisque le réalisateur s’est définitivement retiré en Islande, Egon Storm fait mention de l’existence d’un homme Erland Solness, qui aurait influencé sa carrière. Karl Oska va chercher à en savoir plus sur cette homme, surtout qu’il reçoit un message téléphonique de cet homme et qu’il n’arrivera jamais à le rejoindre. Je ne sais pas si je suis bien claire mais en gros, un réalisateur atypique et mystérieux entretient un peu le mystère en utilisant un ancien ami et en parlant d’un ami d’enfance dont personne n’a jamais entendu parler mais qui pourtant aurait eu une influence sur son travail artistique.

    Commence alors toute une série de fausses pistes entretenues par l’auteur, des intrications d’histoires vraies ou fausses pour finir par un dénouement que personne n’aurait pu deviner, surtout pas le lecteur. On passe par de fantastiques passages en Islande, en Allemagne, en Irlande. Si vous aimez être surpris, l’histoire est géniale. Le problème est que personnellement, je ne suis pas du tout cinéma, que les procédés de création un peu novateurs me laissent complètement froide. Je me suis ennuyée à chaque long passage de description des films (et pourtant il n’y en a que trois), de comment et pourquoi Egon Storm a créé ses œuvres …

    De nombreux passages m’ont plu, j’y ai retrouvé tout ce que j’aime chez cet auteur. D’autres m’ont totalement déplu et je me suis ennuyée. Ces passages m’ont progressivement fait perdre tout intérêt pour le livre, m’ont fait perdre le goût de l’écriture de l’auteur (j’étais beaucoup moins fasciné que pour les romans précédents). Je maintiens que l’écriture de ce roman est différente des précédents. Il n’y a pas qu’une question de thématique.

    J’assume cependant le fait que le livre m’ait déçue par son thème cinématographique. Un autre lecteur, plus intéressé, trouvera sûrement son compte dans ce roman. On peut pourtant souligner l’imagination de l’auteur et le travail d’édition des éditions du Tripode pour faire coller l’objet livre au thème du roman (et puis la police et le papier sont agréables à la lecture, ce qui ne gâche rien).

    En décembre, j’avais repéré qu’un autre livre de Pierre Cendors était sorti cette année, une sorte de carnet de voyage islandais. J’ai été spécialement le chercher à la librairie et j’ai même embêté le libraire pour qu’il me le trouve (et je n’aurais pas pu le trouver toute seule, vu où il était rangé). L’Invisible dehors – Carnet islandais d’un voyage intérieur est donc la chronique, inventée ou non, je ne sais pas, d’un voyage de l’auteur en Islande. Loin des sentiers touristiques bien évidemment.

    LInvisibleDehorsPierreCendorsLe livre prend la forme de pensées jetées au fur et à mesure, un peu comme le livre de Ryoko Sekiguchi dont je vous ai parlé dans le dernier billet. C’est à la fois des réflexions sur la solitude, sur ce qui est important et ce qui ne l’est pas, sur ce que c’est que vraiment voir. Il y a un mélange de réel et d’imaginaire puisqu’on retrouve un personnage d’Archives du vent. J’ai lu ce livre avant le roman des éditions du Tripode et je me le suis un peu imaginé comme le voyage préparatoire au roman.

    Là encore, si vous suivez le blog depuis un petit moment, vous savez que ce genre de livres me passionnent. Les réflexions de l’auteur sont intéressantes, on rentre facilement dans sa tête pour voir ce qu’il voit ou ce qu’il pense.

    L’écriture est aussi totalement différente des précédents livres que j’ai pu lire de lui ; je n’aurais tout simplement pas pu imaginer que Pierre Cendors en était l’auteur. Mais là j’ai adoré.

    C’était dépaysant, tout en étant intelligent. Une bouffée d’oxygène.

    Deux passages de L’invisible dehors.

    Magnús Morland, quatrième commentaire : Souvent c’est en faisant quelques pas inutiles qu’un homme se rejoint. Nous mutile, en ce monde, tout ce qui ne relève que de l’utile.

    Que vient-on chercher au bout du monde, là, où l’homme n’est pas ?

    Cette méditation, qui ouvre et clos mon dernier roman, ne m’a jamais concerné aussi directement qu’aujourd’hui. Preuve, encore une fois, d’une complicité « professionnelle » entre la fiction et la réalité.

    Que vient-on chercher à Hornstrandir, là, sous le cercle polaire ? D’abord, un horizon dont le social est absent. Ensuite, une sensation du monde allégée d’autrui, le début d’un dialogue approfondi entre l’originel et la pensée personnelle, un revif corporel de l’esprit, une parole désencombrée, un silence ardent, un non-agir à l’unisson d’un agir recueilli et fervent, quelque chose comme une renaissance calme et profonde, le sacré se reconnaissant à cette invisibilité lumineuse mais dépourvue d’éclat.

    Et surtout : une relation à soi et au monde, réglée sur la même clé que celle de l’Univers.

    Dans le même mouvement, prendre de la distance et gagner en proximité.

    Un premier billet de l’année en demi-teinte mais on ne peut pas tout aimer tout le temps.

    Références

    Archives du vent de Pierre CENDORS (Le Tripode, 2015)

    L’Invisible dehors – Carnet islandais d’un voyage intérieur de Pierre CENDORS (Isolato, 2015)

  • LaVoixSombreRyokoSekiguchiJe ne connaissais pas du tout Ryoko Sekiguchi. C’est en entendant La dispute (France Culture) de la semaine dernière que j’ai eu envie de lire ce texte. C’est lui aussi un très petit livre. Le thème principal en est l’importance de la voix après la mort d’un proche. N’importe qui ayant déjà vécu cette situation sait comme on peut regretter de ne pas avoir enregistré la voix de l’être aimé. Nous avons des photos de ma mère, nous avons gardé toutes ses affaires, des extraits de son écriture. J’ai un sac où j’ai enfermé son soutien-gorge car il sentait encore son odeur, celle d’avant sa maladie (et il sent encore). La seule chose que nous n’avons pas, c’est sa voix. Mon frère a acheté une caméra quelques mois après sa mort. C’est pour vous dire comment ce texte pouvait me toucher et pourquoi j’ai eu envie de le lire.

    Suite au décès de son grand-père alors qu’elle habite en France, Ryoko Sekiguchi couche ses pensées sur la voix des défunts et à l’importance qu’elle peut avoir pour les expatriés. Ses réflexions ne portent pas que sur ce cas particulier, bien sûr. Elle compare les différentes souvenirs que l’on peut garder des morts, l’importance des cassettes de répondeur pour garder la voix, la temporalité aussi. Une image, photo ou autre, renvoie au passé tandis que la voix est toujours présent. Elle s’inscrit dans le présent quand on écoute un extrait de la voix. J’ai aimé le parallèle qu’elle fait avec les voix de radio. C’est pratiquement comme les voix de proches, d’intimes. On les reconnaît tout de suite (je suis toujours un peu déçue quand je vois le visage des voix). Quand cette voix meurt, on peut l’écouter et la réécouter. Elle est dans le présent.

    Il y a des réflexions que j’ai trouvées obscures, d’autres que j’ai trouvées passionnantes, d’autres très vraies. C’est un livre très personnel et intelligent.

    J’ai lu ce livre en deux fois et clairement ce mode de lecture ne correspond à la structure du livre. Ce n’est pas un essai, ni un récit. Ce sont des pensées, séparées par trois petites étoiles. Mon esprit n’a pas vu les trois petites étoiles et donc cela donne une structure décousue, la pensée précédente est en encore dans l’esprit quand on lit la suivante. Cela ne va pas. J’ai fini de lire ce livre au début de la semaine. Je l’ai repris plusieurs fois pour chercher des extraits, relire des pensées. C’est de cette manière qu’il fallait lire ce livre. Se donner du temps. Lire une pensée, réfléchir dessus… reprendre le livre. Cela permet d’apprécier plus le discours, je trouve.

    Extrait

    Pourquoi vouloir à tout prix distinguer la voix du regard ? Le caractère de la voix est de toucher directement les tympans, c’est un fait. Le regard, lui, ne « touche » pas, si fort qu’il nous frappe; c’est aussi vrai des vivants que des morts.

    À part la peau, par quoi nous pouvons toujours celle d’un autre, seule la voix, émise en forme d’ondes, peut toucher directement nos tympans, échauffer nos oreilles.

    Deux territoires où le toucher peut exister.

    Leur nature propre reste inchangée, même après la mort. Les seuls organes encore capables de « toucher » après le départ d’une personne, on s’y accroche comme à la dernière partie de cet être.

    Références

    La voix sombre de Ryoko SEKIGUCHI (P.O.L., 2015)

  • SoupeDeChevalVladimirSorokineDéjà un joyeux Noël à vous tous (même si c’est la fin de la journée). Hier soir, avant de partir au repas de Noël, j’ai essayé d’emprunter un livre sur la bibliothèque numérique de Paris. Bien sûr, cela n’a pas marché mais en revenant, j’ai réussi. J’ai choisi ce titre, une courte nouvelle de Vladimir Sorokine, car il était dans ma liste d’envie numérique, tout simplement, mais surtout parce que je voulais découvrir Vladimir Sorokine de manière « simple » et rapide (malgré le fait que j’ai plusieurs romans de lui dans ma PAL).

    Cette nouvelle a paru d’abord en 2001 dans un recueil, puis dans une édition illustrée en 2007. Elle raconte une drôle d’histoire qui a mon avis est remplie de symbolique.

    Dans le train Simféropol – Moscou, en juillet 1980, à 12h35, Olia rentre avec son copain de l’époque et une amie dans un wagon restaurant bondé pour manger un morceau. Un homme s’assoit à leur table mais ne veut pas manger. Il a fait la queue au wagon restaurant !? Les trois amis pensent déjà qu’ils ont affaire à un homme curieux mais n’en perdent pas l’appétit pour autant, mais mange plus lentement et s’arrête souvent. L’homme, Boris Bourmistrov, raconte son histoire. Il vient d’être libérer deux mois auparavant d’un camp de trouvé, où il a été interné sept ans et où il n’a mangé que de la soupe de cheval car l’abattoir était très proche. Tout à coup, il fait une demande étrange à Olia : peut-il la regarder manger ? Il lui donnera vingt-cinq roubles en échange. Elle mange donc, poussée par ses amis et la réaction de Bourmistrov ne se fait pas attendre : il est au bord de l’orgasme. Dans le wagon restaurant. Cela gêne un peu tout le monde bien évidemment. Les trois amis partent, pensant en avoir terminer.

    Mais plus tard, Bourmistrov suit Olia, pour lui proposer un drôle de marché, de se retrouver une fois par mois pour qu’il puisse la regarder manger. À chaque fois, il lui donnera 100 roubles. La nouvelle va suivre les « aventures » d’Olia durant les années 1980, puis dans les années 1990, années de destruction de l’URSS et de construction de la Russie. Au fur et à mesure des rencontres, Olia évolue, les appartements deviennent de plus en plus luxueux, Bourmistrov est de plus en plus prospère. La nourriture aussi change. C’est le dénouement qui donne de l’importance à ses détails auxquels on ne prête que peu d’attention à la lecture. C’est aussi lui qui donne la symbolique à la nouvelle.

    Cette nouvelle m’a beaucoup plu car elle ressemble à l’idée que je me fais des grands romans russes. On est tout de suite dans l’histoire, une histoire un peu bizarre mais très prenante. Il y a une foultitude de détail, malgré la taille du livre. Les personnages sont campés, vifs, reconnaissables, attachants, toujours un peu fantasque. La narration, elle, est un peu chamboulée. Par exemple, lors du repas, on a les pensées et avis des trois amis, pendant l’explication de Bourmistrov. Il y a des parties que l’on ne comprend pas forcément, les rêves d’Olia par exemple. Cela donne un récit riche et tenu malgré la brièveté du texte, que l’on peut lire différemment de son voisin, dans lequel le lecteur peut s’impliquer, remplir les vides …

    Je vais pouvoir les autres livres de Sorokine de ma PAL.

    Références

    Soupe de Cheval de Vladimir SOROKINE – traduit du russe par Bernard Kreise (Éditions de l’Olivier, 2015)

  • PartieDeChasseIsabelBolegateJe lisais le numéro du Matricule des Anges de ce mois-ci (novembre-décembre 2015), où les éditions mises à l’honneur étaient les éditions Belfond pour leur collection Vintage. La personne interrogée parlait beaucoup du livre d’Isabel Colegate, La partie de chasse. Tout à coup, je me suis demandée si par hasard je ne l’aurais et en fait, oui, dans ma liseuse tout simplement. En fait, il est beaucoup plus difficile pour moi de me rappeler des livres dans ma liseuse que ceux de ma PAL, car étant plutôt visuelle, je retiens les couvertures, l’emplacement où est le livre. Je ne vois pas trop comment distinguer un fichier d’un autre dans ma mémoire (dans celle de l’ordinateur oui, mais pas dans la mienne).

    Ce livre est enthousiasment dès le départ. Il y a une préface très intéressante qui renseigne sur l’auteur, le contexte d’écriture et en quoi ce livre est important. L’avertissement nous dit cependant que cette préface révèle des éléments essentiels de l’intrigue et clairement, ce n’est pas faux. On sait ce qui se passe dans la toute dernière partie. C’est toujours un peu mon dilemme : est-ce que je dois lire la préface, au risque de me faire aiguiller sur la manière dont je vais lire le livre, cherchant les éléments dont à parler le préfacier et à savoir si je suis d’accord avec ses idées ou impressions, ou ne pas lire la préface, et manquer alors de contextualisation, penser que l’histoire est banale alors qu’elle ne l’est pas forcément, et que sa richesse se situe peut être dans les petits détails. Ici, clairement, je n’ai pas regretté d’avoir lu la préface. Certes, je connaissais le dénouement avant d’avoir commencer le livre mais l’intérêt du livre ne se situe pas dans son dénouement.

    L’action se situe à l’automne 1913. C’est donc le dernier automne avant la Première Guerre mondiale, avant la fin d’un monde. Le thème principal du livre est le déclin de l’aristocratie rurale anglaise. Isabel Colegate a publié son livre en 1980, ne juge pas (malgré qu’elle décrive son milieu) et en plus, réhabilite ce type de personnages dans les romans anglais (c’est ce que précise la préface). Le roman se concentre sur trois jour, trois jours de partie de chasse sur les terres d’un sir anglais, un sir de la vieille époque.

    Le roman a une grande galerie de personnage se divisant en plusieurs groupes : les aristocrates, les domestiques, les extérieurs du village, les extérieurs ne venant pas du village.

    Les aristocrates se connaissent tous (d’un autre côté, ils sont invités à la chasse). Il y a trois générations. L’hôte est très vieille école. Par exemple, à la chasse, il n’y a pas de compétition, c’est le tableau global qui compte. Si on ne pense pas de la même manière, on ne se conduit pas à gentleman. Lui, par contre, voit la fin d’une époque, de son époque, veut continuer à défendre son domaine rural, quitte à avoir des idées novatrices, voire révolutionnaires. Sa femme, elle, n’est que futilité, tout en ayant pourtant à cœur le respect des convenances. Leur belle-fille et leurs trois petits-enfants habitent le domaine, et marquent un peu les générations de transition vers ce déclin proche, avec des qualités modernes, tout en gardant un certain respect pour leur position dans l’empire. On n’a invité deux couples dont un car le mari est un excellent chasseur. Pour occuper sa femme un peu casse-pied, on a invité le jeune amant pour l’occuper. La femme du deuxième couple trouve son mari ridicule, pour le respect qu’il accorde aux petits détails et qui font pour lui son rang. Elle préfère discuter avec un jeune invité célibataire de grandes idées. Je pense que vous pensez un peu la même chose que moi. Tout n’est que faux semblant : les amants se retrouvent sous les yeux des partenaires officiels. Tout le monde est d’accord du moment que cela reste discret. Il y a très peu de « grandes préoccupations ». C’est à penser que l’aristocratie ne situe bien que dans les petits détails.

    Dans les domestiques, il y a Dan et son père, le premier garde-chasse et les domestiques de maison. Le garde-chasse veille au bon déroulement de la chasse, pas forcément parce que celui lui plait mais plutôt par ce qu’il veut perpétuer une tradition ancestrale, un empire. Il souhaite aussi faire honneur à son maître. Après le décès de sa femme, il lui reste deux choses : son métier et Dan. Il refuse d’ailleurs de voir partir son fils, pour faire des études, principalement car il ne voit pas d’un bon œil ce changement car il ne peut qu’être heureux dans un endroit, dans une position où toutes les générations précédentes l’ont été. Dan lui hésite. C’est un peu le pendant des petits-enfants des hôtes de la partie de chasse. C’est l’incarnation du changement (ici pas du déclin en cours). Les domestiques sont plus drôles et plus vivants, essaient de vivre leur histoire d’amour. Ils n’ont pas les mêmes préoccupations. Par contre, les aides de chasse vivent la compétition de leurs maîtres comme la leur. Cela m’a mit mal à l’aise au début car pour moi, c’est un peu le syndrome d’une aliénation. En réfléchissant, je juge un petit peu avec les idées de mon époque. Ce n’est sûrement pas comme cela que c’était ressenti à l’époque.

    Les extérieurs représentent un peu le changement, l’apport des nouvelles idées, sur le sort des animaux, sur la place de la femme, la signification et le droit à la chasse. Pour l’instant, ces nouvelles idées sont clairement ignorées, même pas écoutées mais plutôt considérées comme des choses négligeables. Cela va avec une remarque qui m’a un petit peu choquée. Un femme, du groupe des aristocrates, demande comment savoir s’il n’existe pas des gens d’une aussi bonne société ailleurs en Angleterre et la réponse d’un des hommes ne se fait pas entendre. Ce n’est pas possible. Tout simplement par ce qu’ils ne peuvent qu’être moins distingués qu’eux. En toute modestie, bien évidemment !

    Ce n’est clairement pas un roman d’actions ou d’aventures, ce sont les personnages qui priment. L’histoire est plus ou moins racontée par petites anecdotes. On se déplace de personnage en personnage, de petit groupe en petit groupe, assistant à un dialogue, à une pensée, à une action, en tout cas à quelque chose de léger, de futile, montrant les préoccupations de chacun, hors du temps mondial. Toutes ces petites scènes contribuent, cependant, à nous faire tendre vers quelque chose. On ne sait pas quoi, mais on sait qu’il va se passer quelque chose, on sait que cela ne peut pas continuer comme cela. On sent la tension montée au cours de la lecture.

    Au final, c’est un très bon roman qui décrit très bien des faits dont on se doute, sans être pour autant aristocrate. J’ai été marquée par la légèreté, la simplicité du snobisme de l’aristocratie rurale de l’époque, cette surdité face aux changements, cette incapacité à l’entrevoir et encore plus à l’anticiper mais surtout à cette certitude d’être le haut du panier, d’être ceux qui dirigent. J’ai trouvé que la démonstration qu’Isabel Colegate en faisait était magistrale. J’ai regretté par contre le fait de ne pas pouvoir m’attacher aux personnages, du fait du mode de narration choisi.

    Extrait

    Dan regarda son père filer en avant pour déployer ses troupes. Il était content de le voir heureux de la façon dont se déroulait la journée. Il était heureux, lui aussi, Dan ; il aimait sentir qu’il avait participé à la réussite de quelque chose, tout comme il aimait sentir qu’il participait à la vie d’un village qui n’avait pas bougé depuis une éternité, et d’un Empire dont on lui avait appris à l’école (et il n’avait eu aucune peine à le croire) que c’était le meilleur qui ait jamais existé. Mais il savait aussi qu’il n’aurait jamais des certitudes aussi tranchées que celles de son père. C’était probablement parce qu’il avait un centre d’intérêt bien précis dans la vie. La plupart des gens n’avaient pas de vrai centre d’intérêt, il leur était donc plus facile de s’identifier avec tout ce qui les entourait ; mais quand on avait un centre d’intérêt on se sentait un peu à part, un peu au-dessus de tout cela. Depuis peu, Dan en avait pris conscience, et il se demandait s’il fallait s’en réjouir ou le regretter.

    L’avis d’Anne.

    Références

    La partie de chasse de Isabel COLEGATE – traduit de l’anglais par Élisabeth Janvier – Préface de Julien Fellowes – traduit de l’anglais par Jean Szlamowicz (Belfond / Collection Vintage, 2015)

  • Cela va devenir redondant mais je m’excuse encore de mon absence. J’ai beaucoup de mal à bloguer quand je travaille. Je suis juste trop fatiguée. Je lis toujours autant mais arrivée à la fin du livre, je n’ai juste pas envie d’en parler parce que je sais que cela me prendra trop de temps d’organiser mes idées. Quand je vois en plus qu’au final, mon billet n’est aucunement organisé, cela me désespère un peu d’y arriver un jour. J’ai essayé lors de la lecture de The Giver de Lois Lowry de prendre des notes chaque soir, pour que mon blog ne soit pas mon brouillon mais c’est trop contraignant et plus une corvée qu’autre chose.

    Le point positif est que je suis en vacances quinze jours, et que fin janvier (normalement) nous quittons nos locaux pour faire du télétravail (cela est facilité par le fait que nous ne soyons que deux). Je serais beaucoup moins fatiguée et donc plus disponible pour reprendre le fil de ma vie.

    Cependant, il y a quand même un livre dont je voulais vous parler et que j’ai lu la semaine dernière. Il m’a fait à la fois rire et réfléchir. Il est à la fois loufoque et sérieux, inventif et ancrée dans une problématique actuelle. Je l’ai découvert dans Le Matricule des Anges (du mois dernier, je pense). Je l’avais vu en librairie mais je ne m’étais pas branchée LHommeTraqueDanielGuebeldessus vu que je n’aime pas les livres au couverture jaune. En fait, sous la jaquette, la couverture est bleue. Comme quoi, il faut ne pas se fier aux apparences.

    L’histoire commence très fort. Un homme, Leonardo Ferretti, vient voir un savant, Fabián Hunico, lui demandant de le cloner, pas en un seul exemplaire mais en plusieurs, sous prétexte qu’il doit échapper à toutes ses maîtresses. Le savant accepte après que l’homme ait dévoilé la véritable raison d’une telle demande : il est poursuivi par les services secrets d’Argentine à cause de son activité révolutionnaire. Cette partie du roman dure très peu de pages, une trentaine maximum, mais pourtant s’esquisse déjà les principaux thèmes du roman. Qui sommes-nous et qu’est-ce qui fait que nous sommes nous, notre apparence, nos souvenirs, nos manières d’agir … Cette partie est traitée d’une manière humoristique puisque les copies vont être testées sur les maîtresses pour savoir si elle voit une différence au niveau des performances sexuelles. Cela part de cette idée préconçue que l’homme n’est que son enveloppe extérieure. Le plus drôle est que l’auteur confirme plus ou moins cette hypothèse, les femmes sentent une différence mais très légère. Les clones échappent au contrôle de Ferretti, les clones n’ayant pas les mots et surtout l’expérience leur permettant de décrire ce qu’ils vivent. Il en vient donc à les détester et à les tuer mais alors il revient au point de départ : il reste poursuivi par les services secrets.

    Il fuit dans le désert mais cette solution ne lui convient pas. Il adepte dès lors un moyen radical : changer de sexe. Mais alors il va attirer le regard des hommes vers lesquels il n’est pas attiré, et particulièrement d’un, qui est son clone. C’est un peu comme couché avec soi-même. Là encore, sous un côté loufoque, l’auteur présente ses réflexions sur ce sujet d’une manière intelligente (et surtout non omniprésente). L’histoire reste privilégiée.

    Suite à un rebondissement, il rechange de sexe, mais aussi d’identité, lui arrive une aventure extraordinaire qui va intéresser des producteurs de films. C’est cette histoire qui occupe la majeure partie du livre et qui est vraiment très … inattendue, et donne lieu à un dénouement tout aussi inattendu. Je n’ai jamais lu cela nul part et je ne pense pas le relire de sitôt. Là encore, les thèmes sont ceux de l’identité (est-ce que l’acteur d’un film peut remplacer le vrai héros ? est-ce qu’il est possible de construire sa vie sur un mensonge ? qu’est-ce que la vie de couple ? comment un enfant peut vous aider à vous découvrir ?) C’est intéressant mais un peu trop barré parfois. Il n’y a pas de juste milieu dans les péripéties et la manière de penser et d’agir. C’est tout de suite très radical.

    J’ai aimé les trois histoires avec une très nette préférence pour les deux premières qui m’ont fait beaucoup rire et lever les sourcils. J’ai cependant trouvé que le livre présentait une faiblesse au niveau du raccord entre les différentes histoires. Il y a des dessins à l’intérieur du livre, dont un qui représente parfaitement ce que je pense. Un homme sur son cheval en train de fuir en plein désert, avec les nuages (ou montagnes) en arrière plan. Un peu comme dans les vieux jeux PC, les cactus en moins. Le seul lien évident pour moi, ce sont les thématiques mais surtout les personnages de Ferretti  et d’Hunico (qui apparaît un peu comme une voix de la raison, avec des ratés tout au long du roman).

    C’est un très bon livre intelligent, distrayant, imaginatif (pour vous donner une indication, je vais le garder dans ma bibliothèque malgré sa couverture jaune) … mais ce n’est pas un livre que je recommanderai à tout le monde, très clairement. Par contre, comme d’habitude avec les éditions de L’arbre vengeur, l’objet-livre est magnifique et particulièrement agréable à tenir en main.

    Le thème des clones a l’air dans l’air du temps en Argentine car est sorti aux éditions de La dernière goutte pour cette rentrée littéraire Le cœur de Doli de Gustavo Nielsen. Je l’ai acheté car je voulais rester plus ou moins dans la même thématique.

    Références

    L’homme traqué de Daniel GUEBEL – traduit de l’espagnol (Argentine) par D. et R. Amutio – illustrations de Simon Roussin (L’Arbre vengeur, 2015)

  • Je ne pouvais pas faire titre plus racoleur, non ? Quand je lis des romans un peu difficile, qui me font réfléchir ou qui nécessitent beaucoup de mon attention, j’ai besoin de couper avec des livres « faciles » ou « doudou ». Ils sont souvent suffisamment courts pour être lu en une soirée. J’ai plusieurs moments dans la semaine pour lire : les transports, le matin, sont réservés aux lectures courantes (cela reste l’endroit où je lis le plus), le midi est réservé à la lecture des journaux (ou au visionnage de vidéos You Tube sur les livres en allemand, en anglais ou en français), les transports (le soir) sont réservés au livre audio, le soir est réservé aux lectures « faciles » dont je vous parlais, le week-end est réservé aux lectures, qui commencées la semaine, me demande plus d’attention que celle que je peux leur accorder dans les transports. Cela donne un sac à main avec un liseuse et un livre au cas où, plusieurs livres commencés en même temps mais la plupart du temps j’arrive à me débrouiller.

    Ce billet va donc vous parler de quatre livres que j’ai lu récemment, tous ayant des sujets relatifs à la lecture : écrivains, libraires, bibliothèques, lecteurs y sont foison.

    EntrerDansDesMaisonsInconnuesChristianGarcinOn va commencer par Christian Garcin dont nous parlions dans le précédent billet. Je suis sûre que ce livre ne vous avait pas échappé lors de vos dernières descentes en librairie.

    Ce livre reprend de courtes nouvelles déjà parues séparément. Christian Garcin imagine les plus grands écrivains dans les moments les plus ordinaires, avant (le plus souvent, la première nouvelle sur Stendhal en est un excellent) ou après qu’ils soient connus (Faulkner lors qu’il a appris qu’il allait recevoir le prix Nobel).

    C’est un peu comme dans la série Code Quantum en fait. Christian Garcin a vécu chacun de ces moments avec les différents auteurs (on va de 1842 à 1987) et vous les raconte de manière à ce que vous soyez dans leur intimité. Il vous donne une autre image d’eux, une image de proximité (familiale) qui vous les rend tous très proches. En quelques pages, l’auteur croque une scènette, vous permettant d’être à Prague avec Kafka, au coin du feu avec Faulkner, dans un gymnase avec Mishima.

    Certaines nouvelles sont plus faibles à mon avis, le problème étant que parfois je ne connaissais pas les auteurs et donc je ne pouvais pas reconnaître les allusions que pouvaient faire Christian Garcin (les écrivains, sujets des nouvelles, sont alors un peu comme monsieur tout le monde et donc un peu moins intéressants). Par contre, à chaque nouvelle, j’ai admiré l’art de la brièveté de l’auteur. Aucune nouvelle n’est longue mais toutes forment des histoires entières.

    LireVivreEtReverLe deuxième livre est un recueil de texte, écrit par des auteurs français, racontant leur(s) libraire(s) et leur(s) librairie(s). C’est le pendant français d’un livre paru il y a quelques années La librairie de la pomme verte (paru aux mêmes éditions Les Arènes), où les auteurs américains racontaient leurs librairies. La plupart des auteurs sont extrêmement attachants, racontent leurs souvenirs d’enfance, leurs moments d’égarement dans ces lieux de purs bonheurs.

    J’ai trouvé que deux auteurs respiraient la suffisance et le mépris (un particulièrement). Beaucoup parlent de leurs histoires avec la librairie (en particulier leur première librairie) mais peu parlent de leurs librairies d’aujourd’hui (achètent-il encore des livres ?). C’est ce qui m’a gêné. Un auteur dit un moment qu’on ne parlerait pas des libraires s’ils n’allaient pas disparaître. Ces auteurs semblent parler de lieux déjà morts ou en train de mourir. Cela ne respire pas la joie de vivre mais plutôt la nostalgie (alors que typiquement, c’est le livre qui me remonte le moral normalement).

    Ce recueil a le mérite de faire découvrir des auteurs qui par leur attachement sincère dans leurs relations avec les libraires et les librairies donnent envie de lire leur production (j’ai noté Philippe Fusaro entre autre). Ainsi, certains textes donnent à une certaine proximité avec leurs auteurs.

    Dans l’ensemble, il n’y a rien de très nouveau sous le soleil. J’ai cependant trouvé que la liste des librairies citées, en fin de livre, était une très bonne idée.

    LireCEstVivrePlusJe vous parlais du troisième livre dans le précédent billet. C’est un recueil de six textes écrits par des personnes que je ne connaissais pas du tout (David Collin, Christian Garcin, François Gaudry, Alberto Manguel (bon lui, si un peu), Claude Margat, Lambert Schlechter, Catherine Ternaux). Pour le coup, ici, vous en avez pour vos deux euros ! Chacun livre sa réflexion, toujours personnelle, sans clichés, sur le thème du recueil « Lire c’est vivre plus », de manière plus ou moins proche mais tous y reviennent. Ici, cela respire l’amour des livres et de la lecture, la passion du texte et de l’édition. J’ai déjà parlé des deux premiers textes mais, par exemple, le texte de François Gaudry sur la traduction de Don Quichotte est édifiant en vous montrant les nuances qu’apportent chaque traducteur à un texte.

    En plus d’écrire un texte sur le thème donné, chaque auteur a proposé ses citations sur le thème de la lecture. J’en avais déjà lu très peu, elles sont prises dans des classiques ou dans des livres récents mais je les ai toujours trouvées extrêmement bien choisies.

    Exemples :

    Privé de lecture, je serais réduit à n’être que ce que je suis. L’enfant des limbes de J. -B. Pontalis (2001)

    La vraie lecture commence quand on ne lit plus seulement pour se distraire et se fuir, mais pour se trouver. Carnet du vieil écrivain de Jean Guéhenno

    Rapport qualité / prix, c’est clairement le meilleur livre que je vais vous présenter : réflexions intelligentes, citations à profusion !

    Le quatrième livre est très bon aussi mais au niveau rapport qualité/prix, ce n’est pas cela (17 euros pour 64 pages).

    UneEtrangeBibliothequeHarukiMurakamiÇa, c’est si vous non plus, vous ne mettez jamais les pieds en librairies. Comme vous n’y êtes pas obligés, je vais vous décrire l’objet. J’avais déjà repéré ce titre en anglais mais le livre était dix fois moins beau. Ici, il est édité sur du papier, comme celui utilisé pour les comics, plein d’illustrations d’une artiste allemande, avec une couverture cartonnée… C’est donc un bel objet livre.

    Il s’agit d’une nouvelle de Haruki Murakami, où l’on suit un jeune garçon, grand lecteur, qui se retrouve enfermé dans sa bibliothèque de quartier, non qu’il l’ai souhaité mais parce qu’on le maintient prisonnier pour des raisons que je vous laisse découvrir. Comme pour le livre de Christian Garcin, j’ai admiré l’art de Murakami d’emmener son lecteur dans son univers, et ce très rapidement. Les dessins, nombreux, illustrant la nouvelle sont toujours à propos et correspondent à l’action de la page (ce qui n’est pas toujours le cas pour les livres illustrés) et surtout correspondent à l’univers du texte. C’est une heure de dépaysement totalement garantie.

    Je précise que je n’ai jamais lu aucun Haruki Murakami, et donc je ne peux pas vous le situer par rapport à ses autres livres.

    Références

    Entrer dans des maisons inconnues de Christian GARCIN (éditions Finitude, 2015)

    Lire, vivre et rêver – Collectif sous la direction d’Alexandre Fillon (Les Arènes, 2015)

    Lire c’est vivre plus – Collectif sous la direction de Claude Chambard (L’Escampette édition et région Poitou-Charentes, 2015)

    L’étrange bibliothèque de Haruki MURAKAMI – traduit du japonais par Hélène Morita (Belfond, 2015)

  • Continuons un peu sur le thème train et littérature.

    J’ai reçu ce livre dans le cadre de l’opération Masse Critique de Babelio. J’ai reculé le moment de faire ce billet jusqu’au dernier moment car je ne voyais pas du tout comment parler de ce livre. Si je vous dis que les mots-clés sont Russie, Transsibérien, Cendrars, Voyage, Livres, cela va paraître évident pour ceux qui passent régulièrement par ici que j’ai adoré. Je me disais que j’allais être obligée de répéter la quatrième de couverture. Est-ce que franchement cela vaut la peine de m’envoyer un livre pour que je recopie la quatrième de couverture ?

    Je vais quand même le faire un petit peu tout en commençant par souligner que l’objet livre en lui-même est très beau. Le papier est agréable au toucher, la couverture et les rabats sont solides mais ce que j’ai le plus apprécié, c’est la carte en couleur des différents trains qui traversent la Russie.

    LeLausanneMoscouPekinChristianGarcinCe livre a paru aux éditions de La Baconnière, éditions suisses, en activité depuis 1927. J’espère que vous aussi vous avez honte de ne pas connaître des éditions aussi vénérables (en fait, en regardant le site internet, je connaissais un seul livre d’eux N.N. de Gyula Krúdy, dont il font paraître un autre livre cet automne). Cet ouvrage fait partie d’un nouvelle collection, collection quatre-vingts mondes qui visent au « dépaysement littéraire ».

    1913 : parution de La Prose du transsibérien de Blaise Cendrars.

    2013 : une équipe de la radio suisse est partie avec Christian Garcin sur les traces du plus mythique des voyages en transsibérien !

    De cette équipée sortira des chroniques radios en 2013-2014, qui ont été remaniées pour faire ce livre. Le livre est très court, 113 pages, et est composé de 11 chapitres qui sont donc court, abordant chacun une étape du voyage en train.

    Je rapprocherai volontiers Christian Garcin de Olivier Rolin, dont il parle d’ailleurs dans le livre, pour l’amour de la Russie et la manière de voyager.

    Christian Garcin mélange tellement habilement culture, Histoire, actualités, anecdotes, rencontres, souvenirs, sentiments que vous êtes clairement obligés de voyager avec lui. Par exemple, dans le premier chapitre, il réfléchit sur l’évolution de la Russie pendant ce siècle séparant la parution du livre de Blaise Cendrars et son propre voyage. Il fait aussi allusion à une princesse de l’Altaï retrouvée récemment, aux légendes du lac Baïkal, au pénitencier de Krasnokamensk où a été emprisonné Khodorkovsky, à Michel Romanov, fondateur de la dynastie des Romanov, à Sverdlovsk, bolchévique qui a donné l’ordre d’assassiner le tsar et sa famille, aux aviateurs Liapidevski et Vodopiadonov, héros de l’union soviétique.

    En un nombre de pages réduit, vous avez un concentré d’érudition qui vous fait vous sentir un peu plus intelligent en terminant le livre.

    Ce qui distingue ce récit d’autres sur le même sujet est son caractère hautement littéraire. Christian Garcin fait en permanence le lien avec ses lectures. Vous retrouvez à la fin du livre tous les livres cités, corpus formant une bibliothèque de base pour commencer à voyager en Russie et en Chine puisque Christian Garcin est allé jusqu’à Pékin, comme l’indique le titre (le passage à la frontière est d’ailleurs tout à fait intéressant.

    J’ai écrit cet avis aujourd’hui (c’est un peu le dernier jour) car j’ai commencé ce matin à lire un recueil que j’avais acheté cet été Lire c’est vivre plus paru à l’Escampette. C’est un recueil de six textes et de citations et il s’avère que les deux premiers textes sont de David Collin et Christian Garcin, respectivement éditeur et auteur de ce livre-ci. Il y a parlent de ce que pour eux veut dire la phrase lire c’est vivre plus. Je vais vous mettre deux extraits du livre de l’Escampette, le premier est de David Collin et le deuxième de Christian Garcin.

    La lecture nous aide à constituer le Livre de notre vie. La mémoire ajoute des pages invisibles, en efface d’autres, retient ce qu’elle veut, nourrit nos expériences, ouvre nos yeux, décide du lendemain, nourrit le présent en le rendant moins éphémère, et nous permet de comprendre le passé. L’intensité n’est pas dans l’accélération du mouvement. Elle est dans le ralentissement de l’interprétation, dans l’élargissement des perceptions, des espaces où le temps est plus élastique et vivant. En cela, lire, c’est ouvrir des brèches, faire mine de maîtriser le temps en inventant des dimensions parallèles.

    Est-ce que lire, c’est vivre plus, je n’en sais rien. Mais c’est probablement, parfois, vivre un peu plus haut.

    Pour préparer la lecture du livre de Christian Garcin et avoir les étapes du voyage dans la tête, j’ai lu une BD Un voyage en Transsibérien de Bettina Egger. J’ai adoré cette BD car elle m’a appris beaucoup de détails que je ne connaissais pas mais elle est complètement différente de ce livre-ci. Bettina Egger est une grande voyageuse. Elle aime rencontrer les gens et raconter leurs vies. Elle les dessine avec la même curiosité. Vous partez, à l’aventure, sac à dos au dos avec elle. Le livre de Christian Garcin est plus littéraire. Vous êtes dans l’élargissement de vos perceptions, dans la création de liens pour élargir votre monde qui est constitué de ce que vous voyez, de ce que vous lisez, de qui vous rencontrez. Vous êtes moins sur le terrain, mais juste « un peu plus haut ». Les deux livres amènent des choses complètement différentes. C’est à vous de voir comment vous préférez voyager (littérairement).

    Vous pouvez aussi trouver un billet vers le blog de Florence.

    Références

    Le Lausanne-Moscou-Pékin de Christian GARCIN (éditions La Baconnière, 2015)

  • Désolée une nouvelle fois pour mon absence. C’était pour la bonne cause car j’ai fait un exposé en allemand sur une auteure allemande, d’origine hongroise (dont j’ai lu trois livres et demi sur quatre). Cela m’a pris beaucoup de temps et cela n’a pas intéressé grand monde mais je suis contente que cela soit terminé. J’ai ensuite lu plusieurs gros livres (et en général, je suis tellement dedans que j’oublie un peu tout). La pile des livres dont je veux vous parler s’allonge moins que la PAL mais tout de même.

    Mais là aujourd’hui, il fallait absolument que je vous parle de ce tout – trop petit livre – de Laure Murat. J’adore cette auteure depuis Passage de l’Odéon qui m’avait fait découvrir Sylvia Beach et Adrienne Monnier (et surtout beaucoup rêver). J’ai hésité longtemps pour savoir si j’allais plutôt le lire en ebook ou en livre papier mais j’ai lu cette semaine l’avis de Cuné sur le second livre d’elle qui a paru en même temps. Aujourd’hui, je suis allée à la librairie et j’ai pris les deux.

    FlaubertALaMottePicquetLaureMuratJe suis rentrée à la maison et je l’ai lu tout de suite, en une heure. 8 euros en une heure. Vous pouvez répliquer que j’ai mangé mon sandwich plus rapidement et que j’y ai pris moins de plaisir. Je ne vous dirai rien.

    Pour ceux qui l’ignorent, ce livre est le compte rendu du projet de Laure Murat de noter tous les livres qu’elle voit les gens lire dans le métro parisien (elle a aussi essayé à Los Angeles et New-York mais visiblement ce n’est pas pareil). Aujourd’hui, elle enseigne aux États-Unis mais pour son enquête sur la relecture, elle a séjourné un peu à Paris, deux années de suite.  Ce projet est né d’une idée qu’elle a volé à un monsieur qui faisait cela dans le métro. Cela ressemble un peu au projet de Matilda quand elle était sur Paris.

    On trouve ses relevés en fin de livre mais j’en reparlerai après. Le corps du texte restitue plutôt ses impressions au cours du projet. C’est ce que j’ai adoré bien évidemment. Un des seuls plaisirs quand vous prenez les transports parisiens est de regarder ce que les autres lisent. Il y a les femmes, la quarantaine, qui lisent plutôt les best-sellers de Gilles Legardinier ou de Katherine Pancol, les jeunes demoiselles qui sont plutôt Marc Levy. J’avoue que je passe vite sur ces personnes-là parce qu’en général je connais le livre. J’avoue que cela ne m’intéresse pas parce que je ne les associe à rien. Je guette plutôt le livre atypique ou le livre que je ne connais pas. J’ai ainsi croisé un jour un lecteur de Ainsi parlait Zarathoustra dans un RER bruyant, un lecteur de Pâques sanglantes de Iris Murdoch (pourquoi lisait-il ce livre?), des lecteurs d’essais avec des sujets complètement improbables. Quand vous essayez d’associer le lecteur au livre, l’imagination part tout de suite ou si vous n’avez pas le temps de l’observer vous vous faites un commentaire comme quoi il doit être beaucoup plus intéressant que ce dont il a l’air.

    J’ai trois lecteurs que je surveille tout le temps car ce sont des habitués de mon RER B du matin. Il y a un jeune monsieur, très sérieux, qui monte tous les matins à Parc de Sceaux avec son Kindle, sa chemise marron et ses lunettes aux tours noir. Il s’assoit toujours à la même place, lit sans se déconcentrer jusqu’à Châtelet. Il a l’air d’être l’efficacité même, dans sa personne mais aussi dans sa lecture. C’est quelque chose de tout à fait fascinant car même en l’observant, je n’arrive pas à le voir tourner les pages.

    Il y a un monsieur qui ressemble à George Martin, l’auteur du Trône de Fer, que je croise uniquement le mardi ou le jeudi et qui lui lit des livres de science fiction mais qui ont plutôt l’air typé young adult. Il est marié et toutes les fois, je me dis qu’il n’a plus l’âge de lire cela mais que c’est peut être pour les conseiller à son fils ou pour se sentir proche de lui. Ou sinon il a une vie cachée. Il monte avant moi donc je ne peux pas savoir où il habite sinon j’aurais pu me faire encore plus de films.

    En parlant d’une qui monte avant moi, il y a la plus fascinante du monde, celle qui se promène avec un Tote Bag de la librairie Charybde. Elle est là tous les jours sauf le vendredi, va à La Défense, et lit aussi sans décoller son nez du livre. Pratiquement tous les jours, elle a un nouveau livre, même si celui de la veille était très gros. Souvent je n’ai absolument jamais entendu parler d’aucune de ses lectures. Vu l’heure, elle ne peut pas travailler aux librairies de La Défense donc je m’interroge sur ce qu’elle fait, qu’elle est sa vie pour pouvoir lire autant et si vite. Je suis pratiquement sûre que l’on pourrait devenir amies (elle a l’air complètement atypique avec des cheveux multicolore et des vêtements très colorés). En tout cas, j’adorerais discuter avec elle.

    Laure Murat arrive à retranscrire très bien le fait qu’observer les gens qui lisent ouvrent un autre monde sur leurs vies (c’est très intime de regarder les gens réagir à leur lecture), le fait qu’en les observant, en tant que lecteur, surtout quand on a lu leur livre, on se sent plus proche d’eux que des autres voyageurs (il n’y a un peu rien à observer chez les autres mais bon, on ne va pas insister dessus).

    J’ai trouvé très intéressante son observation sur le fait que les trajets en métro sont courts, ce qui joue forcément sur les lectures. En fait, en regardant ses listes, je suis surprise des titres relevés car ce n’est clairement pas des lectures de banlieusards. Je n’en ai vu que très peu du même type (il y a peu de classiques anciens sur mes trains mais par contre plus de classiques contemporains). Il y a plus de livres dans les RER que dans les métros visiblement (je parle pour l’heure pointe ou les heures en journée dans mon cas). Je n’avais pas réfléchi aux trajets plus longs mais maintenant cela me semble normal.

    Ce qui est bien avec Laure Murat, c’est l’impression que l’on a d’être avec une femme « normale ». Elle ne sacralise pas la lecture, ne se moque pas. Elle aime lire en électronique (combien d’auteurs « reconnus » osent le dire) !!! J’ai adoré le fait qu’elle s’énerve de ne voir aucun titre sur les appareils. J’ai admiré son stratagème pour retrouver le fameux titre, en ne notant qu’une phrase et en la cherchant sur internet. C’est des choses que n’importe quelle lectrice / quel lecteur acharné(e) pourrait faire.

    Comme tout le monde ne prend pas les transports parisiens, j’aimerais bien connaître vos observations sur les différents trains que vous prenez : TGV, Grandes Lignes… Y a-t-il  plus de lecteurs que de lectrices ? Observez vous des livres qui sortent des sentiers battus ? Osez-vous aborder les gens comme Tu lis quoi pour mieux les connaître ? Êtes vous entraînés à reconnaître les couvertures des différentes éditions ?

    P.S. Je ne sais plus si je vous ai déjà parlé de mon trajet du 2 janvier 2011 pour rentrer dans le Sud après les fêtes de Noël. Le TGV première classe était blindé avec des gens énervés qui criaient. Il y avait une femme qui explosait de rire régulièrement en lisant L’Oiseau Canadèche (avant que tout le monde en parle), tout en laissant ses enfants à son mari un brin débordé. Je ne l’ai toujours pas lu mais je suis sûre qu’il me plaira quand je le lirai, rien que pour ce souvenir.

    J’ai fait un billet un petit peu blabla mais c’est toujours ce que j’ai envie de faire sur les livres qui parlent de livres et de lecteurs. J’attends vos anecdotes avec impatience.

    L’avis de DG.

    Références

    Flaubert à la Motte-Picquet de Laure MURAT (Flammarion, 2015)