Je suis tombée complètement par hasard sur livre, lors d’une de mes visites à Gibert Joseph. Bon, pour tomber sur ce livre, il faut quand même traîner du côté des livres allemands, qui sont juste devant la table présentant les nouveautés en anglais, se retourner brutalement, faire tomber les livres, devoir les ramasser et voir cette très jolie couverture. Ce n’est pas à la portée de tout le monde ! Pour vous dire, je n’ai constaté qu’au cours de ma lecture, que le titre était en français.
On est à Londres, en 1947, en hiver, où l’on découvre Albertine, qui vient de s’installer avec son mari, Albert, ancien soldat de l’armée britannique, dans la ville. Ils se sont rencontrés en Égypte où Albertine était infirmière et Albert, patient. Un amour extrêmement fort et sincère. Après la guerre, Albert continue à se servir son pays ; il fait de nombreux voyages à l’étranger, notamment en Allemagne, où il participe à organiser l’occupation et la reconstruction du territoire. C’est un travail très difficile pour lui, car il réfléchit beaucoup à ce qu’il s’est passé pendant la guerre, au bien et au mal (et de quel côté il était)… Pendant ce temps, Albertine est bien seule, surtout après avoir perdu sa famille dans les camps et eu une vie aussi compliquée pendant la guerre (elle a fui la France, vers l’Europe de l’Est, pour se retrouver finalement en Égypte). Elle tombe par hasard (elle aussi) sur une annonce, demandant une dame de compagnie parlant français pour un vieux monsieur. Elle réussit l’entretien avec le fils et est engagée. Elle rencontre la personne et découvre que c’est le fils d’Anna Karénine, celui qu’elle a eu avec son mari.
Et là, commence le roman où on lit en alternance la vie du vieux monsieur (l’émigration vers l’Europe, sa relation avec son père, les souvenirs de sa mère, sa relation au roman de Tolstoï) et leurs vies dans le Londres de l’après-guerre (celles d’Albert et d’Albertine d’une partie et d’Albertine avec les Karénine). On parle beaucoup dans le roman, d’amour, de fins d’époque, de fins de période (d’un point de vue personnel et historique).
Si vous lisez ce blog depuis longtemps, vous savez que ce roman avait tout pour me plaire : Russie, Seconde Guerre mondiale, Londres, personnages tirés de livres, hiver, amour, famille, drame… Cela n’a pas loupé ; c’est un livre que j’ai adoré ! Il y a quelques points négatifs dont on parlera après.
Vesna Goldsworthy sait incarner cette période d’incertitude et de reconstruction, par son personnage principal. Pendant ma lecture, j’étais en totale empathie avec Albertine. On comprend sa solitude dans un pays qui lui est inconnu, son amour pour son mari, même si cet amour a changé depuis leur rencontre, son soulagement d’avoir trouvé une nouvelle famille après avoir perdu la sienne. Je ressens souvent cette empathie pour les romans écrits en anglais. Je ne sais pas si c’est le fait de lire dans une langue qui m’est étrangère ou l’écriture qui me fait cela, mais si je devais faire un rapprochement sur ce sentiment que j’ai ressenti, je le ferais avec les romans de Julian Barnes et Rose Tremain.
Les deux parties de l’histoire sont toutes les deux très intéressantes : un roman uniquement sur l’histoire du fils d’Anna Karénine aurait été passionnant, un roman sur l’histoire d’amour entre Albert et Albertine, sur la difficulté de vivre après avoir vécu aussi intensément une guerre aurait été tout aussi intéressant. L’auteure a fait le choix de ne pas choisir justement. Le point un peu négatif du roman est qu’elle n’arrive pas bien à faire comprendre le lien entre les deux périodes. Plus simplement, il y a un problème de transitions, qui ne sont assurées finalement que par le personnage d’Albertine et ses mouvements dans le Londres de l’après-guerre. C’est un peu dommage, mais cela n’empêche pas le livre d’être formidable.
Pour nuancer mon billet, je tiens à vous signaler que, si vous consultez les critiques sur internet, vous allez voir des avis plus modérés sur ce livre, venant de gens qui ont lu Gorsky, le roman précédent. Ce n’est donc pas un très bon texte pour tout le monde. Pour finir, une courte biographie de l’auteure : elle est née à Belgrade en 1961, vit à Londres depuis 1986. Elle a écrit ses mémoires et ces deux romans, Gorsky et Monsieur Ka. Ses livres semblent avoir comme sujet principal les pays de l’Est. Je suis forcément intéressée.
Références
Monsieur Ka de Vesna GOLDSWORTHY (Vintage, 2019)
Magdalena Parys est née en 1971 à Gdansk. Elle a émigré avec sa famille à Berlin-Ouest, à l’âge de 13 ans. Elle vit toujours à Berlin. Elle a reçu le prix de littérature de l’Union européenne en 2015. On retrouve quelque peu de son histoire dans ce premier roman, puisque ce roman se passe à Berlin, dans les années 80, avec quelques personnages polonais. Ce n’est pas autobiographique, donc.
 Je me suis acheté récemment le livre 100 courts chefs-d’œuvre de Jean-Pierre Montal et Jean-Christophe Napias (La Petite vermillon). J’adore lire des livres courts que je n’ai pas le moral ou que je me sens bloquée dans ma lecture du moment, car cela me donne l’impression d’avancer dans quelque chose. Le livre est très intéressant, même si je connais déjà un certain nombre des ouvrages listés.
 Ma Jian est un auteur chinois, dont les livres sont actuellement interdits en Chine. L’auteur est en exil à Londres depuis plusieurs années. De cet auteur, j’avais lu en 2012 
 Pareil que pour le Mal de peau de Monique Ilboudo. Je suis tombée sur ce livre par hasard en fouillant ma PAL à la recherche d’un autre livre. Je l’ai pris en me disant qu’un petit mystère anglais ne me ferait pas de mal pour me changer les idées. Mal m’en a pris car le livre ne m’a que moyennement plu. J’écris quand même un billet pour avoir l’avis d’autres lecteurs de Margery Allingham. Coroner’s Pidgin est le douzième de la série des Albert Campion, qui est donc un héros récurrent de l’auteure.
Voilà un livre qui m’a rendu immensément triste, par son histoire, par son ambiance, par son style. Je préviens dès le départ que ce n’est pas une lecture si vous êtes un peu déprimé en ce moment. Je précise que c’est un roman sud-coréen, que j’ai lu dans sa traduction américaine car je n’avais pas trouvé la traduction en français paru aux éditions Decrescenzo en 2014 (en tout cas au moment où je cherchais à lire ce livre). Je fais rarement cela car je trouve que cela fait beaucoup d’intermédiaires entre l’auteur et moi mais j’avoue qu’après avoir écouté un avis sur YouTube, j’avais très envie de lire ce livre (bon, elle avait prévenu que c’était très triste mais surtout que c’était une très bonne lecture).
 Je fouillais l’autre jour dans ma Pile à Lire quand je suis tombée sur ce livre, que j’ai depuis au moins 2012 (c’est un message privé pour mes livres, ne perdez pas espoir un jour je vous lirai). Bon, à chaque fois, cela me déprime de constater que j’ai de très bons livres et que je ne prends pas suffisamment de temps pour les lire. Je souffre du syndrome « quand tu achètes un livre, cela ne signifie pas que tu achètes le temps pour le lire ».
Tout le monde lit Sebastian Fitzek, en tout cas parmi les gens dont j’écoute les avis sur YouTube, dont je lis les avis sur des blogs et surtout parmi les gens apprenant l’allemand. En tout cas, c’est l’impression que j’en ai (j’ai aussi l’impression que c’est un peu le Guillaume Musso allemand au niveau de la popularité… après je ne sais pas pour les histoires, puisque je n’ai pas lu Guillaume Musso). Du coup, à mon dernier passage à la bibliothèque, j’ai emprunté ce livre qui était mis en évidence sur une étagère au rayon livre en allemand. Et c’est une très bonne pioche. J’ai eu de la chance car apparemment, la qualité des intrigues peut être inégale pour cet auteur.
J’ai trouvé ce livre mercredi dernier à la bibliothèque, pas vraiment par hasard, mais plutôt grâce à un coup de pouce des bibliothécaires qui avait exposé ce livre sur une étagère sans raison particulière ; il n’est pas neuf, n’a pas d’actualité, ne rentre pas dans une thématique. Et franchement, ce livre est absolument formidable (en tout cas pour moi). Je l’ai commencé dans le RER et je ne pouvais plus le lâcher.
Voilà donc le billet concernant un livre écrit par un auteur pakistanais, le Pakistan étant le deuxième pays gratté sur mon planisphère.