Cecile's Blog

  • LesServiteursInutilesBernardBonnelleJ’ai pris ce livre sur les conseils de mon libraire, la dernière fois que je suis passée à la librairie. Depuis, la librairie est fermée pour travaux (il ne reste qu’une semaine et demi à attendre) ; c’est ce qui m’a fait entre autre déprimer tout l’été. Il faut ajouter à cela que deux des trois bibliothèques que je fréquente sont aussi fermés pour travaux. Je trouve que c’est « inhumain » (je suis sûre que vous me comprenez) mais bientôt cela se termine et ma vie va pouvoir reprendre.

    Donc avant de retourner à la librairie, j’ai lu le livre pour pouvoir en parler avec le libraire. Comme très très souvent, j’ai adoré (le libraire ne s’est trompé qu’une fois ; moi toute seule je me suis trompée plus que lui alors que je suis censée me connaître mieux que lui).

    Les Serviteurs Inutiles est le troisième roman de Bernard Bonnelle, mais le deuxième sous ce nom. Pour rappel, Aux Belles Abyssines a paru en 2013, aux mêmes éditions de La Table Ronde.

    L’action de ce roman se situe principalement en plein Périgord, aux alentours de Bergerac, dans un domaine Les Feuillades, proche d’une petite ville, Sainte-Colombre. On est dans la deuxième partie du XVIième siècle, en pleine guerre de religions entre les catholiques et les protestants, juste avant la montée sur le trône de Henri de Navarre. C’est un contexte qui m’est familier pour avoir lu Jean d’Aillon. La différence est qu’ici on est en province alors que dans les romans de Jean d’Aillon, on est tout de même le plus souvent à la cour. Première chose qui m’a plu donc : la description des paysages du Périgord, de la vie là-bas d’un domaine de taille moyenne mais aussi du contexte des guerres de religion. Je ne m’étais pas figuré que cela s’était passé de cette manière : une lutte sans-merci pour l’hégémonie des villes, le fait que du jour au lendemain des amis deviennent des ennemis, mais aussi un très fort extrémisme de part et d’autres (même si ici, on le voit beaucoup plus du côté des catholiques).  Rien que pour cela, Les Serviteurs Inutiles est un roman extrêmement dépaysant. Il n’est par contre pas dans la même veine que les romans de Jean d’Aillon au niveau de l’écriture. Là où Jean d’Aillon est dans la description très précise des faits et moeurs (ce qui peut gêner certains), Bernard Bonnelle travaille plus « légèrement ». On en tire un sentiment de l’époque plutôt qu’une connaissance approfondie. Les deux auteurs utilisent de manière très savoureuse le vocabulaire de l’époque (enfin, je suppose), sans que cela soit handicapant à la lecture.

    Bien sûr, le roman de Bernard Bonnelle ne raconte pas que l’Histoire française du XVIième siècle à travers la vie d’un manoir du Périgord ; il tisse sa narration autour d’un thème extrêmement ancien : la relation père-fils. Ainsi, on suit les pensées de deux personnages : Gabriel des Feuillades et Ulysse des Feuillades.

    Gabriel est un ancien soldat des campagnes italiennes et connaît donc la guerre et surtout ses effets. Il s’est installé aux Feuillades pour y trouver la paix avec son épouse. Il s’abîme donc dans la contemplation de la nature de son domaine, dans la lecture de textes antiques et il écrit lui-même un journal (qu’il nomme ses écritures). C’est ce journal qui constitue la première partie du livre (jusqu’à la page 120 en gros). Il va de la naissance de sa fille Phoebé (petite soeur d’Ulysse) à sa mort (à elle), qui correspond au départ d’Ulysse des Feuillades. Gabriel est un homme de compromis, ce qui est très mal en ces temps où il faut absolument choisir. Il ne comprend pas comment on peut détester un voisin qui nous ressemble tant, même s’il reste partisan de la foi catholique. Je vous livre ici quelques citations de ce journal (que je trouve pour ne rien vous cacher extrêmement lucide) :

    Peu-être aurais-je basculé du côté huguenot s’ils n’étaient des protestants. Je n’aime ni les protestations, ni les indignations, ni les vaines agitations. Tel qu’il marche cahin-caha, le monde me convient. Je ne m’accommode d’une morale, d’une sagesse, d’une religion que si elles sont indulgentes à nos errements et de ne prétendent pas éradiquer l’ivraie, dont j’aime apercevoir quelques hautes tiges dans le champ où pousse le bon grain. [p. 23]

    Il faut se rendre à l’évidence : les pratiques de la religion catholique ne sont pour moi que du lierre agrippé à ma vie, qui l’entoure et l’enserre, mais ne le pénètre pas vraiment. [p. 37]

    Quand Marion Brouilhac [sa maîtresse] referme ses bras sur moi, c’est le monde entier que j’embrasse et qui m’embrasse. Voilà qui est bon, juste et pieux, à l’inverse de ces élucubrations par lesquelles les partis qui déchirent le royaume tentent de justifier leurs haines et leurs crimes. Catholicisme et protestantisme sont les deux visages du même mensonge – de la même hérésie, pour employer leur langage. Les uns et les autres me font l’effet de fous qui, me voyant qu’une face de la médaille posée sur la table, seraient convaincus que l’autre côté n’existe pas. La prétention à détenir la vérité est pour moi la pierre de touche de l’erreur. Je rêve d’une autre religion, toute nouvelle ou très ancienne, sans dogme ni culte, sans prêtres ni guerres, dont le seul exercice de piété serait la joie d’être au monde. [p. 39]

    Ulysse ne peut pas supporter l’indécision et l’indifférence de son père, d’autant qu’il a treize ans, ce que l’on pourrait qualifier d’entrée dans l’âge adulte à l’époque. Il part pour rentrer dans l’armée catholique, le jour donc de l’enterrement de sa soeur adorée, ce qui fait dire à Gabriel qu’il a perdu ses deux enfants en ce jour.

    À ce moment là, on passe à la deuxième partie du livre, celle consacrée à Ulysse et à son histoire. On change de forme : ce n’est plus un journal mais plutôt un récit linéaire. Ulysse raconte ses combats et son retour aux Feuillades, tandis que la guerre civile continue dans toute la France.

    Deuxième chose que j’ai aimé dans ce livre : la manière de décrire la relation père-fils sans clichés, la profondeur des caractères des deux personnages principaux, l’évolution même de ses caractères au cours du livre, la mise en évidence des désaccords. Pour être plus précise sur ce dernier point, Gabriel pense que son fils ne lui parle plus à cause de sa non-prise de partie dans le conflit et on apprend dans la deuxième partie par Ulysse que ce n’est pas juste à cause de cela. Cela m’a causé une sorte de mini-surprise, comme s’il y avait eu un retournement de situation, alors qu’en fait non. C’est ce qui m’a frappé pendant la lecture. Alors que l’histoire est quand même assez attendue, l’auteur arrive à renouveler systématiquement l’intérêt du lecteur.

    En conclusion, un excellent livre, dépaysant, intéressant, intelligent, extrêmement bien écrit !

    Références

    Les Serviteurs Inutiles de Bernard BONNELLE (Éditions La Table Ronde, 2016)

  • LeMiroirBriseJonathanCoeAprès la lecture de Stasiuk, je cherchais une lecture détente, et qui donne le moral. Je me suis tournée vers un livre jeunesse (à partir de 11 ans) de Jonathan Coe, parce qu’il est pour moi une valeur sûre. C’est un bon livre pour la jeunesse (et jeune, je ne le suis plus trop visiblement) mais je n’y ai pas trouvé ce que j’y cherchais.

    Quand le roman s’ouvre, Claire est une petite fille de huit ans, vivant avec ses deux parents, dans un petit pavillon d’une petite ville anglaise. Elle est heureuse mais trouve déjà que tout est un peu terne, sans relief, sans couleur, sans fantaisie. Ses parents ont visiblement quelques ennuis d’argent à ce qu’elle comprend, ils la laissent un peu trop souvent seule pour discuter entre eux, elle est enfant unique en plus. Un jour, elle va traîner à la décharge et trouve un miroir brisé (celui du titre).

    Quand elle regarde dedans, le monde ne lui apparaît pas reflété exactement comme il existe réellement. Ainsi le petit pavillon de ses parents, de construction très cartésienne dirons-nous, ressemble au palais du dieu de la mer (son père), il est tout biscornu et décoré de coquillages. En fait, le miroir reflète un monde tel qu’elle l’aimerait et est donc en rapport avec son âge. Tout au long de son enfance, cela l’aide beaucoup à supporter un quotidien un peu triste.

    Un épisode décisif se passe un jour à l’école, lui faisant perdre foi en un monde meilleur, les adultes ne défendant pas la justice mais leurs propres intérêts. De plus, les reflets du miroir ont commencé au fil du temps à ressembler à la réalité. Elle laisse donc son miroir de côté pendant quelques temps, quelques années plus exactement et le reprend pendant son adolescence (ingrate) … pour y découvrir de nouvelles choses et se sentir un peu moins seule.

    Vous aurez sans doute compris que Jonathan Coe livre ici un conte sur la perte des rêves de l’enfance mais aussi sur la manière dont il est possible de changer les choses une fois adulte, si on arrive à garder l’esprit de l’enfance justement. Entendons-nous bien, il ne dit pas qu’il faut des châteaux biscornus un peu partout ou que la population ne soit constituée que de pompiers, infirmières ou princesses. Le propos est quand même un peu plus compliqué que cela. Je dirais plutôt que les enfants les plus « rêveurs » dans leur enfance sont d’après lui ceux qui ont développé la plus grande capacité d’imaginer un autre monde, pas forcément un monde extrêmement différent mais un monde meilleur. Ils ne peuvent le faire seul, mais en se regroupant ensemble.

    C’est un livre plein de bons sentiments et très mignon, avec un déroulé de l’action assez rapide, qui à mon avis convient bien à un enfant de 10 ans. Je me rappelle bien qu’à l’époque je préférais les livres courts au livres longs, que je portais plus d’intérêt à l’intrigue qu’aux personnages. Sauf que j’ai grandi depuis et pour moi, le livre manque de profondeurs tant justement au niveau des personnages qu’au niveau de l’action : tout est trop simple (les gentils sont gentils et les méchants sont méchants), trop immédiat, sans aucune anicroche. Les gentils gagneront forcément ; il suffit qu’ils soient ensemble.

    À la fin, il y a une sorte de miroir brisé où on peut se contempler et j’ai bien vu que j’y voyais trouble. Mon cas est donc désespéré … Je ne peux pas aider à changer le monde.

    Un autre avis sur Lecture / Ecriture.

    Références

    Le miroir brisé de Jonathan COE – illustrations de Chiara Coccorese – traduit de l’anglais par Josée Kamoun (Gallimard Jeunesse, 2014)

  • UnVagueSentimentDePerteAndrezjStasiukEncore une fois, j’ai découvert ce livre grâce au compte Twitter des éditions Actes Sud, lors de leur opération de cet été Un #Livre, Un #Voyage. C’est un livre absolument magnifique (la preuve en est que je l’ai lu deux fois en deux jours ; d’une autre côté, il ne fait que 100 pages), mais il ne faut surtout pas lire cela quand on est un tant soit peu déprimé.

    Le livre est composé de quatre récits, correspondant à quatre êtres aujourd’hui disparus et dont l’auteur raconte la mort, en tout cas ce qu’il a ressenti, sans faux-semblants aucuns. C’est aussi l’occasion de nombreuses réminiscences, d’évocations de l’enfance et de l’adolescence.

    Grand-mère et les esprits

    Le premier texte porte sur sa grand-mère, une grand-mère de l’ancien temps, parlant des esprits comme d’êtres vivants, alors que catholique pratiquante, les saints restaient des personnes mortes cantonnées à l’église. C’est l’occasion pour l’auteur d’évoquer la place du surnaturel dans notre société où la moindre chose inconnue doit être expliquée rationnellement :

    Les dernières grands-mères qui ont vu de leurs propres yeux le monde des esprits vont bientôt mourir. Elles le contemplaient avec foi et sérénité, et avec crainte aussi. Cette réalité surnaturelle, vive et présente, s’en ira avec elles. Hormis de rares expériences mystiques réservées à quelques élus, il nous faudra désormais beaucoup de volonté pour croire encore en l’existence de l’inconnu. La surface lisse du quotidien s’empressera de nous servir notre plat reflet en guise de profondeur.

    Augustin

    Augustin ne faisait pas partie de la famille de l’auteur. C’est un vieil homme qu’il avait rencontré au détour d’un concours de nouvelles, où Stasiuk était juré. La nouvelle d’Augustin avait surnagé et l’auteur avait souhaité le rencontrer. Il était tombé sur un vieil homme extrêmement accueillant :

    À la deuxième ou à la troisième visite, Gugu nous avait servi du poulet : de la chair juteuse mélangée à des pommes de terre, avec des concombres marinés. Cela devait être un dimanche. Et c’était le goût d’une nourriture toute simple, un goût qui vous poursuit la vie entière.

    Or, Augustin fait un jour un accident vasculaire cérébral. Les visites à la maison se transforment en visites à l’hôpital. Il ne parle plus ; les visiteurs ne savent plus quoi lui dire et meublent le temps par des propos idiots.  Il reprend petit à petit vie ; ses relations avec ses visiteurs aussi. Puis il meurt, d’un arrêt cardiaque, de manière soudaine tout de même.

    Dans ce récit, Stasiuk parle de l’embarras de la convalescence, de ne pas savoir quoi faire, quoi dire, car la personne que l’on a en face n’est plus tout à fait la même.

    La chienne

    Dans le récit de la mort de sa chienne, l’auteur reste dans la même veine, sauf qu’ici il part d’une mort lente et affreuse pour la personne qui regarde souffrir l’auteur.  Pour autant, il ne souhaite pas la faire piquer car il rapproche sa vie à celle de sa chienne :

    Le fait est qu’elle m’irrite parfois. Comme si elle faisait exprès de vieillir et de devenir impotente, pour nous contrarier. Je passe à côté d’elle une dizaine de fois par jour, j’enjambe son corps meurtri et, par moments, j’éprouve une sorte d’agacement. Comme si tous les sentiments que je ressentais pour elle s’en allaient peu à peu avec sa vie. Une cruauté difficile à maîtriser. Je me penche et je la caresse. Ce qui auparavant était un simple réflexe est devenu un geste réfléchi.

    Si j’écris tout cela, c’est parce que je suis pour la première fois confronté à la mort lente d’un être avec qui, durant des années , j’ai partagé presque tous les instants. […]

    Je regarde ma chienne et je pense à moi et aussi à toutes ces personnes qui, lentement, quittent l’enveloppe de leurs corps, s’en échappent. Bref, en observant ma chienne, je ne peux m’empêcher de voir l’humanité dans ce qu’elle a de mortel. Notre vieil animal jaune et inutile […] se transforme peu à peu en une chose dont il faudra se débarrasser. Eh oui, d’aucuns conseillent de précipiter l’issue fatale, de nous épargner les problèmes et d’abréger ses souffrances. Puisque rien ne pourra changer, reculer, s’inverser. Une simple piqûre, c’est tout. Je pourrais le faire moi-même. Quand il le fallait, j’ai bien égorgé des moutons et des chèvres. Mais, curieusement, je ne peux m’empêcher de penser à tous ces gens alités dans des endroits discrètement cachés, servant de mouroirs. Ils sont inutiles. Ils coûtent de l’argent et de l’énergie. Demandent beaucoup de travail. Ils suscitent l’agacement ou l’indifférence. Je sais comment cela se passe, j’en ai maintes fois été témoin : trois ou quatre personnes en blouse blanche et gants en latex entrent dans la chambre. Deux d’entre elles soulèvent le corps indolent, en deux minutes les autres lui retirent sa couche, lui font la toilette et lui remettent une nouvelle couche. Trois minutes plus tard, pas une seule trace de ce qui vient de se passer. Juste une drôle d’odeur – plus vraiment humaine – qui flotte dans l’air. Peut-être est-ce cette odeur du corps humain qui nous effraie, nous rebute et nous poursuit au point que nous l’enfermons dans ces endroits lointains et invisibles. Nous payons les gens en gants de latex pour qu’ils la respirent à notre place. Nous les payons pour qu’ils accompagnent la mort. D’une certaine manière, nous les payons pour qu’ils meurent à notre place. En accompagnant un mourant, nous mourons un peu nous-mêmes, nous devenons un peu plus mortels. Ainsi achetons-nous un service pour ne pas perdre notre temps. Pour ne pas respirer cet odeur.

    Drôle de civilisation que la nôtre. Elle nous porte secours, nous protège, prolonge notre vie. Et en même temps, elle nous rend complètement désarmés face à la mort.

    Nous sommes de plus en plus nombreux et nous serons de plus en plus nombreux à mourir. Dans la solitude grandissante. Du moins jusqu’au jour où nous aurons inventé l’immortalité. Je crains pourtant que cette immortalité ne soit en fait qu’une solitude qui se prolonge à l’infini.

    Mon quartier

    Ce texte est le plus long (à peu près la moitié du livre) et parle du décès du meilleur ami d’enfance de l’auteur. C’est avec lui qu’il a rêvé de découvrir le monde, de fuir l’usine de leurs pères, d’être des traîtres. Ils ont un peu réalisé leurs rêves, en faisant deux à trois fois par an des voyages pour découvrir les pays environnants la Pologne (de plus en plus possible après la chute de l’Union Soviétique). Lors d’un « dernier voyage » avec son ami, au bord de la mer Adriatique (où ils ont déjà séjourné), il revit son quartier d’enfance, l’usine automobile de leurs pères, les voyages et tous les bons moments. Cela contraste avec son sentiment d’impuissance face au malade assis sur le siège passager. Encore une fois, il lui en veut d’une certaine manière mais à mon avis, c’est juste qu’il ne sait pas quoi faire. Il meuble là encore, en rappelant des souvenirs à son ami, alors qu’il n’est même pas sûr que cela l’intéresse. Il n’arrive pas être à l’écoute parce qu’il est mal à l’aise (comme un peu tout le monde je pense) face à cette personne qui n’est plus tout à fait la même qu’il a connue.

    Comment se fait-il alors que tout continue d’exister comme avant, tandis que nous, nous devenons de plus en plus seuls ? Comme lui, chaque jour un peu plus. C’est ce que je me dis, car il est impossible de partager la mort avec quelqu’un, une mort lente. Surtout quand on n’a partagé qu’une vie avec lui.

    Je faisais resurgir les images du passé sans même lui avoir demandé son avis. Cela m’arrangeait. De ne pas le suivre. De ne pas l’accompagner. Je le regardais trotter, surpris de le voir tellement vieilli, alors qu’il était toujours pour moi le même garçon, celui des années 1977, 1983, 1991 ou 1992, quand il était arrivé chez nous dans son Escort rouge. Je voyais toujours le même visage qui, des années durant, était resté inchangé, et ce n’est qu’à partir du moment où le silence s’était dressé entre nous, comme une séparation, que le temps s’ébranla soudain en accélérant comme un film qu’on rembobine.

    En résumé

    Je suppose que vous aurez compris pourquoi il m’a fallu deux lectures : une pour être éblouie, une pour noter de nombreux passages. C’est un texte vraiment magnifique, tout en justesse et en sincérité. Les souvenirs sont réalistes, les propos sur la mort et sur le fait d’y assister aussi.

    Il est clair que je n’en ai pas fini avec Andrzej Stasiuk, mais pour l’instant je vais me chercher une lecture un peu plus gaie.

    Références

    Un vague sentiment de perte de Andrzej STASIUK – récit traduit du polonais par Margot Carlier (Actes Sud, 2015)

  • UrbexTimothyHannemJ’ai vu ce livre dans au moins deux vitrines de librairies parisiennes. Il me faisait de l’œil et en plus il était en occasion à Gibert Joseph.

    C’est mon frère qui m’a fait connaître ce terme de Urbex (pour exploration urbaine). Il aime énormément se promener dans les bois mais moi pas particulièrement, sauf s’il y a quelque chose à voir. Quand il vivait encore à la maison, nous avions donc trouvé un compromis : nous promener dans les bois avec un but. Pour cela, on regardait une carte IGN … et on prenait un endroit où la carte indiquait une curiosité au milieu de nulle part, que l’on ne connaissait pas. Cet intérêt pour les bâtiments oubliés a commencé avec le Château de Bonnelles dans l’Essonne. Il y a quelques années j’avais lu les mémoires de la duchesse d’Uzès, qui racontait sa vie de duchesse, dans son château de Bonnelles. Ce qui m’avait impressionné, c’était ses parties de chasse qui couvraient un territoire extraordinaire, quand on connaît la manière dont il est organisé aujourd’hui. Connaissant correctement la région, je ne voyais pas du tout où était ce château. Nous l’avions cherché et trouvé avec ma mère, pour le visiter. Il était fermé mais encore en très bon état. Lorsque ma mère est décédée, on a repris le flambeau avec mon frère et la promenade à Bonnelles était devenu notre rituel. Nous avions cherché à le voir sous toutes les coutures. Pour cela, on avait pataugé dans la boue … mais on ne s’était pas approché beaucoup plus. Parce qu’il était fermé justement ! Aujourd’hui, le château de Bonnelles se dégrade de plus en plus, après plusieurs incendies et des travaux jamais terminés à cause de faillite. Vous pouvez voir des vidéos d’exploration urbaine du château sur internet en cherchant un peu.

    L’exploration urbaine, c’est justement de rentrer dans ces lieux abandonnés pour découvrir ce qu’ils peuvent nous apprendre. C’est un peu comme de l’archéologie contemporaine. Comme l’auteur le précise dans son livre, c’est un passe-temps qui peut s’avérer dangereux (autant pour le physique que pour le casier judiciaire). On peut facilement passer à travers d’un plancher, dans une maison abandonnée !

    Ici, Thimothy Hannem présente 50 lieux du même type que le château de Bonnelles : des maisons individuelles, de grosses maisons bourgeoises, des parcs d’attractions, des usines, un cimetière, un orphelinat, des sanatoriums et hôpitaux, des établissements scolaires, des rivières souterraines. Un vaste panel, donc.

    Les lieux ne sont jamais situés exactement, justement pour ne pas que tout le monde y aille (surtout les inconscients). Mais il y a des indices ! Si vous habitez à côté du lieu et que vous connaissez suffisamment votre environnement, vous pouvez deviner de quoi il s’agit. Par contre, si c’est plus loin, vous êtes incapables de trouver à mon avis. Pour ce livre, vu ce que l’auteur dit, j’ai le gros avantages d’avoir grandi à côté de l’endroit où lui-même a grandi. Comme il a commencé autour de chez lui, j’ai situé plusieurs lieux. Mais rassurez-vous, c’est un livre qui a un intérêt même sans connaître les endroits, pour ce qu’il dit de nos vies modernes en tout cas.

    Reprenons ! Il y a des indices pour trouver le lieu, puis commence la visite : un texte racontant la visite, mettant l’accent sur le ressenti de l’auteur dans le bâtiment et de nombreuses photos. En encadrés on peut trouver un peu d’histoires du bâtiment, une anecdote et ce qu’il y a à ne pas manquer, le tout en quatre à six pages. Cela donne un livre de 160 pages environ.

    Pourquoi ce livre est intéressant ? Parce qu’il nous montre ce qu’il reste de nous, dans cet entre-deux, entre la vie et la « reprise de la vie » sur le même endroit. C’est particulièrement prégnant lors des visites des maisons. Il reste toujours des petites choses, le déménagement n’est jamais complet ; on peut retrouver des magazines, des livres, des objets, même des lettres … L’auteur arrive à reconstituer des vies de cette manière. Les lieux sont encore habités par leurs habitants, en tout cas un petit peu. Parfois, il n’y arrive pas car le lieu a été vidé ou extrêmement dégradé. Alors, la visite est plus décevante et plus rapide. Quand j’ai lu ces visites, j’ai pensé qu’on n’était franchement pas grands choses.

    Les visites industrielles (au sens large) sont intéressantes car souvent il reste les machines et les équipements. On peut s’imaginer « facilement » l’usine en fonctionnement. En plus, deux fois au moins, il y a des visiteurs inattendus et/ou un peu exceptionnels, genre des chèvres, des policiers aussi ! C’est assez drôle à lire.

    Les visites les plus touchantes sont celles de l’orphelinat, des hôpitaux et sanatoriums. Ce sont aussi les visites les plus littéraires, qui entraînent le plus l’imagination de l’auteur. La visite la plus choquante est celle d’une maternité où il reste les dossiers médicaux dans le bâtiment (je me rappelle un roman où c’était exactement le cas). L’ami qui accompagnait l’auteur a d’ailleurs retrouvé le dossier de sa naissance !

    La part belle est faite aux photos et c’est tant mieux, car c’est elle qui font la lecture du livre, plus que la description des visites. Comment ne pas être fasciné quand on retrouve dans l’ancienne maison d’un ambassadeur des fauteuils luxueux, abandonnés aux éléments ! Comment ne pas imaginer l’histoire de ces pianos désaccordés et poussiéreux qui ne joueront plus jamais de musique ! Comment ne pas chercher les fantômes dans le sanatorium enneigé !

    Je ne sais pas si j’ai été claire mais à mon avis, c’est un livre parfait pour les gens qui ont de l’imagination (et qui s’imaginent des histoires en passant devant des lieux qui leur sont inconnus) et/ou qui sont intéressés par l’histoire urbaine. On n’a pas besoin d’aimer l’exploration urbaine pour cela !

    Références

    Urbex – 50 lieux secrets et abandonnés en France de Timothy HANNEM (Arthaud, 2016)

  • Je suis sûre qu’il vous arrive à vous aussi de tomber sur un livre que vous adorez, dans lequel vous vous plongez entièrement, corps et âmes, et de vous réjouir d’être tombé sur ce livre par le plus grand des hasards (dansDansLePavillonRougePaulineChen la masse des livres à lire), alors que vous n’en aviez jamais entendu parler. C’est exactement ce qu’il m’est arrivée avec ce livre ci. Je cherchais juste un livre chinois dans le catalogue de la bibliothèque numérique de Paris et j’ai emprunté celui-ci par le plus grand des hasards. Et cela a été un pur plaisir de lecture.

    Pauline Chen a réécrit un classique du 18ième siècle de la littérature chinoise, Le Rêve dans le Pavillon Rouge de Cao Xueqin, d’un point de vue féminin. Le roman est énorme (2 tome de Pléiade, 3278 pages), comporte une multitude de personnages et est raconté visiblement du point de vue des personnages masculins, même si les personnages féminins sont omniprésents. Ici, Pauline Chen a resserré l’intrigue en supprimant des personnages et des actions pour atteindre un total de 566 pages dans l’édition de poche, tout en donnant plus de corps aux voix féminines de la maison, à leurs pensées plus exactement.

    L’action se situe sous la dynastie des Qing, la dernière dynastie, dans la capitale Pékin, principalement au palais de Rongguo, palais de la famille Jia, femme qui est depuis longtemps au service de l’Empereur et qui a bâti sa réputation et sa fortune sur cela. De multiples personnages habitent dans ce palais, de la famille plus ou moins éloignée (il y a un arbre généalogique au début du livre, mais en réalité on n’en a pas besoin au cours de la lecture tellement le livre est bien écrit).

    La douairière du domaine est Grand-Mère Jia. Elle est vieille et affaiblie, reste la plupart du temps dans ses appartements mais manipule toute la famille pour que tout se passe comme elle le souhaite. Elle a eu trois enfants avec son mari, qui lui est mort au début du roman. Les trois enfants sont Jia Jing, Jia Zheng et Jia Min. Il faut voir qu’à l’époque les hommes des « bonnes familles » devaient préparer le concours pour devenir fonctionnaire, monter les échelons, gagner du prestige et de l’argent pour eux et pour leur famille. Bien sûr, les deux fils de la famille Jing et Zheng ont réussi ce concours. Malheureusement Jing est mort, mais Zheng sert loyalement l’Empereur au poste qu’il occupe. Il est l’homme de la famille, celui qui prend les décisions (avec l’accord de sa mère) et rapporte l’argent et le prestige. Min est partie depuis longtemps de la maison, fâchée avec sa mère car elle a osé choisir son mari (et bien sûr son choix ne correspondait pas avec celui de sa mère).

    Les trois enfants ont eu eux-même des enfants. Jing a eu deux enfants avant de mourir : Lian qui est marié avec Wang Xifeng et Xichun qui a une vingtaine d’années dans le roman. Wang Xifeng, en tant que bru s’occupe de l’administration de la maisonnée puisque Grand-Mère Jia ne peut plus s’en occuper. Cela lui coûte beaucoup de temps, de soucis et lui rapporte très peu de reconnaissance. En plus, son mari n’a que mépris pour elle ; ils ne s’entendent pas du tout et ne forment donc pas un couple uni.

    Jia Zheng a eu deux enfants avec sa femme (légitime), Dame Wang qui est morte avent le début du roman : Zhu (garçon lui aussi décédé après avoir réussi les examens de fonctionnaires tout de même) et Baoyu. Baoyu est le personnage principal du roman de Cao Xueqin. Le légende familiale indique qu’il est né avec un jade dans la bouche. C’est un garçon d’une vingtaine d’années, extrêmement beau, très sensible, choyé par toutes les femmes de la famille, surtout par sa grand-mère (même si visiblement c’est très indécent à son âge). Il cause cependant des sueurs froides à son père car par fainéantise, et non par manque d’intelligence, il ne prépare pas de manière efficace les fameux examens de fonctionnaires et il semble qu’il ne semblera jamais prêt. Jia Zheng a aussi une concubine (vivante elle), avec qui il a eu deux enfants : un garçon Huan (très jaloux de Baoyu son demi-frère) et une fille, Tanchun. Avec Xichun, tout le monde les appelle toutes les deux les « Deux-Printemps ».

    Min a eu une fille, Lin Daiyu, dont personne au début du roman n’a entendu parler. À tout ce petit monde s’ajoute la belle-sœur de Jia Zheng, Mme Xue, sœur de sa femme décédée et elle même veuve, et sa fille, Baochai, âgée elle aussi d’une vingtaine d’années. Il y a peut être encore cinq personnages, mais ils ne sont pas importants pour ce billet.

    Il faut quand même préciser que les femmes « les plus âgées » vivent au palais, tandis que les jeunes filles ont leurs propres appartements dans le jardin, où chacune à un petit pavillon à sa disposition (cela m’a fait rêver quand j’ai lu cela).  Cela « facilite » les intrigues entre les jeunes.

    Au début du roman, on assiste à la mort de Min, dans une ville du sud. Son dernier souhait est que sa fille Daiyu rencontre sa famille qu’elle n’a jamais rencontré puisque sa famille était fâchée avec elle. Il faut voir qu’elle vit dans des conditions beaucoup plus pauvres qu’au palais de Rongguo (mais bon, elle, elle aimait son mari). Pourtant elle et son mari ont assuré à leur fille, une éducation peu compatible avec celle d’une jeune fille de bonne famille. En effet, ils lui ont fourni une éducation qui est jugée à l’époque inutile pour une femme. Min a appelé (par écrit) son frère, Jia Zheng quand elle a vu que la fin approchait. Celui-ci arrive trop tard pour voir une dernière fois sa sœur (de laquelle il était un peu jaloux) mais repart avec sa nièce pour un séjour de plusieurs mois un autre monde. Elle découvre un tout autre monde : Dame Jia (la grand-mère) la hait car elle est trop comme sa mère, Xifeng ne lui semble qu’une autoritaire, légèrement robot sur les bords. Elle n’arrive pas à se lier à ses cousines car elle ne sait pas comment s’y prendre. Elle sera cependant conseillée par une servante Oie-Des-Neiges et finalement se lie d’amitiés avec Baochai, qui lui propose même d’habiter dans son pavillon. Cependant, cette dernière reste très froide, ne montrant aucuns sentiments. Ce n’est pas faute d’en avoir, pour Baoyu en tout cas dont elle est amoureuse (mais ne le montre pas car celui-ci flirte avec les servantes et un peu tout ce qui est féminin ; elle a don peur d’être déçu). De plus, elle doit se montrer forte pour aider sa mère à gérer les frasques de son frère (il tue quelqu’un par accident au début du roman).

    Daiyu a donc du mal à se faire une place dans cette famille malgré les petites attentions de tous, restant une extérieure. Pourtant, cela s’améliore au fur et à mesure jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse de Baoyu et que cela soit réciproque, contrariant les plans de toute la maison. C’est cette intrigue amoureuse qui est l’intrigue principale du roman mais pas seulement, car on va aussi suivre la grandeur et la décadence de la famille Jia.

    Pauline Chen adopte le point de vue Xifeng, de Daiyu et de Baochai. C’est un très bon choix car elles ont toutes les trois un caractère très différent et n’ont pas les mêmes fonctions à l’intérieur du palais. Par l’intermédiaire de Xifeng, on découvre le quotidien d’une femme très intelligente et pratique (muni d’un mari qui n’a pas ces qualités), gérant d’une main ferme un énorme palais et les domaines appartenant à la famille. Ces responsabilités ne sont reconnues par personne, femmes comme hommes. C’est un travail silencieux et sous-terrain, qui n’intéresse pas. Ainsi, elle paraît froide alors qu’elle souffre comme tout le monde, d’autant qu’au cours du roman, son mari prendra comme concubine sa servante depuis son enfance qu’elle considère comme une sœur et sa seule alliée dans cette maison. Tout cela parce qu’elle n’arrive pas à lui faire d’enfants (ce n’est pas suffisamment de bien administrer, la femme doit aussi faire des enfants pour faire l’ensemble du travail qu’on attend d’elle). La description de la vie de Xifeng est l’occasion pour le lecteur de découvrir tous les détails de la vie, quotidienne ou non, d’un tel palais, de comprendre aussi comment fonctionnait la domesticité, le couple … à cette époque.

    Daiyu, comme je l’ai dit plus haut, reste observatrice de la vie du palais et décrypte pour le lecteur ce qu’il se passe, ce qui est normal ou ce qui est insensé pour le commun des mortels. Elle est aussi très clairvoyante sur les relations familiales.

    Avec Baochai, on apprend beaucoup du devoir d’une femme, de ce qui est attendu traditionnellement d’elle car c’est la principale inquiétude et le principal moteur de cette jeune fille. Accessoirement, on apprend beaucoup aussi sur les rouages de la Chine impériale lorsqu’elle essaie de régler les problèmes de son frère.

    J’ai aimé le personnage de Daiyu mais c’est le personnage de Xifeng qui m’a le plus plu car c’est celui qui est le plus moderne et en décalage avec son époque. C’est elle qui fait bouger les frontières et qui forcément fait et créer les tensions. J’ai trouvé l’intrigue amoureuse plus classique. Du fait que l’auteur centre son action sur les femmes, je n’ai pas réussi à me faire une idée précise du caractère de Baoyu et donc comme Daiyu, je n’ai pas réussi à comprendre rapidement, si c’était aussi sérieux pour lui que pour elle. La fin du coup m’a semblé un peu extrême.

    Pauline Chen insiste dans ses notes qu’elle est restée très proche du sens et du contexte profond du roman malgré le fait qu’elle est nettement resserrée l’action. Cependant, elle indique aussi avoir pris des libertés sur la reconstitution historique pour que l’action soit suffisamment fluide. Je pense que quand même beaucoup de choses restent exactes, peut-être pas pour les historiens, mais dans l’ensemble oui.

    Ce livre est un dépaysement garanti, qui se suffit à lui-même, mais aussi une manière originale et moderne de s’initier au classique de Cao Xueqin, Le Rêve dans le Pavillon rouge.

    Références

    Dans le Pavillon rouge de Pauline CHEN – traduit de l’anglais(États-Unis) par Odile Demange (Points Seuil, 2015)

  • LesSirenesDAlexandrieFrancoisWeertsDepuis que nous sommes revenus de vacances, tout est en train de se casser dans la maison : le tuyau d’arrosage, les water-cooling des ordinateurs, mon SSD portable, mon SSD d’ordinateur, la chasse d’eau (oui même elle ….), mais surtout Internet.

    Mais nous avons enfin récupéré un semblant d’internet après un mois et demi. La connexion est très ralentie mais elle fonctionne beaucoup mieux. On ne sait pas si c’est de la faute du fournisseur d’accès ou de France Telecom. En attendant mon frère et mon père, on changé beaucoup de matériel à l’intérieur de la maison. Je suppose que tout le monde connaît cela un jour ou l’autre. Mais en attendant, je n’ai pas rédigé de billets car les rares fois où je voulais, la connexion s’est interrompue et j’avais perdu une grosse partie du billet. J’arrêtais donc à chaque fois car courage et persévérance ne sont pas mes seconds prénoms.

    Qu’ai-je fait donc pendant cette coupure d’internet ? Ben internet, mais avec mon téléphone (pour faire des MOOC sur Apache Spark), lu (pas forcément des choses très brillantes mais j’en parlerai quand même car ce sont des lectures en allemand que la prof nous a conseillées pour ne pas perdre tout notre allemand pendant les vacances), travaillé pour le Goethe-Zertifikat B2 (c’est à la fin de l’année mais mieux vaut si prendre à l’avance (si quelqu’un l’a déjà passé, j’aimerais qu’il me donne ses trucs pour le Leseverstehen 3)) et accessoirement travaillé. Et là, ce n’est pas la joie car j’ai rédigé un rapport pendant tout le mois et tous les gens qui me connaissent savent que quand je rédige un rapport c’est la complète dépression et le très grand désespoir et surtout que ce n’est pas la peine de me demander de rédiger autre chose. Ce qui explique mon peu de motivation pour rédiger des billets aussi …. Mais c’est bientôt fini. Il ne me reste que des corrections mineures à faire et accessoirement me prétendre spécialiste en géologie mais je peux gérer cela car je vois le bout du tunnel ! D’où billet !

    Je ne sais pas si vous suivez le compte Twitter d’Actes Sud mais cet été ils proposent de découvrir 62 pays à travers des livres de leurs collections. Plusieurs fois par semaine, ils proposent un pays et présentent quelques livres écrits par des auteurs de ce pays. Vous vous doutez que j’adore le concept parce que c’est la manière dont j’aime lire. L’autre jour, c’était la Belgique. Ils ont proposé de découvrir un roman noir, le premier roman de François Weerts, Les Sirènes d’Alexandrie. Comme cela faisait longtemps que je n’avais pas lu de roman noir, je l’ai emprunté à la bibliothèque pour le lire très vite finalement.

    On est en 1984 à Bruxelles. Antoine Daillez, tout jeune journaliste, fait ses premières armes aux faits divers, en tant que pigiste. Autant dire qu’il court après toutes les histoires un peu glauque qui se passe dans la ville, de la torture du poisson rouge par un enfant sadique (là c’est moi qui invente) aux crimes sanglants. Ce sont ces derniers qui font le plus vendre, bien évidemment ! Alors, quand un policier du rail l’appelle pour lui donner un tuyau, il n’hésite pas, même si cela lui semble peu intéressant : un suicide sur les voies de chemin de fer. Quand il arrive sur les lieux, il trouve des vieilles connaissances dont Martial Chaidron, flic à la brigade des mœurs, mais aussi une affaire beaucoup plus intéressante que prévu : un meurtre. Une vieille femme écrasée par un train alors qu’elle était ligotée aux rails. On ne peut douter qu’il ne s’agit pas d’un suicide. Peu troublé par les faits, en vieux de la vieille, les policiers en profitent pour féliciter Antoine de son tout nouvel héritage : un « lieu de plaisir », L’Alexandrie. En réalité, il est propriétaire de l’immeuble et le commerce qu’il y a dedans, c’est le lieu de plaisir. Il ne s’occupe donc pas du commerce en lui-même.

    Ne fréquentant pas ces lieux habituellement, Antoine accepte la proposition de Martial de l’accompagner pour faire connaissance avec les lieux. Quand ils arrivent sur place, plusieurs skinheads sont en train d’attaquer le commerce et sont arrêtés dans leurs méfaits par les hommes de main d’un autre patron de « lieux de plaisirs », Monaco, qui lui ressemble plutôt à un mac. Plus tard, on apprend que la vieille dame sur les rails était la locataire du premier étage de l’immeuble d’Antoine, que cette locataire recevait souvent la visite du grand-père de celui-ci. Puis, L’Alexandrie se fait de nouveau attaquer mais cette fois-ci, personne n’intervient et cela tourne mal. La patronne du bar est blessée sérieusement. Il ne faut pas être d’une grande intelligence pour remarquer que les problèmes ont commencé après la mort du grand-père et que la clef du mystère se trouve dans l’immeuble de L’Alexandrie visiblement (au deuxième étage plus exactement).

    Antoine et Martial, assisté de Piotr Bogdanovitch, historien de son état, vont devoir remonter très loin l’histoire du grand-père, les menant jusqu’à un parti d’extrême-droite flamand et à la violence qui va avec.

    J’ai beaucoup aimé ce livre, pas vraiment pour son histoire, plutôt sur tout ce qu’il m’a appris sur l’histoire architecturale bruxelloise et l’histoire belge en général.

    Il s’agit bien ici d’un roman noir, et pas d’un roman policier donc il n’y a pas d’enquête. L’ambiance est donc sombre ; on rencontre très peu de personnes gentilles, croquant la vie à pleines dents (peut être la patronne du bar, et encore). On traîne dans des milieux peu recommandables, de la petite délinquance à la plus grande, sans trop passer devant les gens qui vont travailler tout simplement. Une sorte de Bruxelles parallèle en quelque sorte. L’enchaînement des événements est cohérent en lui-même, mais on ne peut pas franchement dire vraisemblable.

    Par contre, ces événements entraînent l’auteur a raconté beaucoup de choses sur l’histoire belge, et en particulier sur le mouvement indépendantiste wallon. C’est extrêmement intéressant pour quelqu’un d’extérieur. L’histoire se déroulant principalement à Bruxelles, on découvre une autre ville : les commentaires sur l’architecture (pas forcément du goût de l’auteur visiblement) ne manquent pas, entre autre sur ces quartiers de la prostitution complètement délabrés, sur l’architecture art-nouveau, sur le palais de justice. J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cet autre Bruxelles, ce Bruxelles d’avant et pas forcément celui des touristes. C’est une des grandes réussites du livre, arriver à retranscrire l’ambiance d’une ville. C’est d’ailleurs un des talents de l’auteur puisqu’il arrive aussi à bien faire sentir l’ambiance dans la police et plus généralement entre tous ces personnages.

    L’auteur a sorti en 2015 une autre histoire dont le personnage principal est encore Antoine Daillez. Je me demande comment il a pu enchaîner avec un deuxième tome, vu la fin qu’il donne à ce volume-ci. Avez-vous lu cette seconde histoire ? Est-ce qu’elle vaut cet épisode-ci ?

    Références

    Les Sirènes d’Alexandrie de François WEERTS (Actes noirs / Actes Sud, 2008)

  • PersonneNeDisparaitCatherineLaceyJ’avais repéré ce livre dès sa parution car je trouvais sa couverture trop belle. Quand j’ai vu qu’il était disponible à la bibliothèque numérique de Paris, je l’ai donc emprunté. Forcément !

    C’est l’histoire d’Elyria, une jeune femme américaine qui a tout pour elle, ou en tout cas qui semble tout avoir pour elle : un mari aimant, un super boulot (elle est scénariste pour une série télé ; et oui c’est un travail qui n’existe pas uniquement dans les séries télévisées), un appartement classieux, des amis … Pourtant, un jour, elle décide de tout plaquer pour partir en Nouvelle-Zélande, chez un écrivain solitaire, qui lui a un jour lancé une vague invitation. Le livre est l’histoire de ce voyage et du retour inéluctable.

    Le présent si parfait cache un passé plus sombre : un drame familial précédé par une mère peu présente. Le mariage parfait devient est aussi moins parfait qu’il n’en a l’air. Pourtant, Catherine Lacey ne décrit pas une femme névrosée ou quelque chose comme cela, mais plutôt une femme tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Pour preuve, il n’y a pas de happy end où tous les problèmes passés se résolvent dans le présent mais bien pas de fin du tout parce que dans la vie de tous les jours il n’y a pas forcément de fin après 250 pages.

    De cette femme normale, qui réalise tout de même un acte extrême, on suit les pensées, des pensées bousculées, rapides, syncopées. Elle expose devant nous sa solitude, son incompréhension, ses doutes face à sa personnalité. La question qui sous-tend le livre est bien de savoir s’il est normal de faire comme si tout allait bien, tout le temps, comme si on n’avait aucun doute, à aucun moment. Le roman questionne aussi la part de normalité en tout être.

    C’est un premier roman et j’ai franchement trouvé brillante la manière dont Catherine Lacey retranscrit la moindre pensée de son héroïne. J’ai aimé le rythme intense tout au long du roman, la façon dont on sent mouliner ce cerveau, parfois à vide il faut l’avouer. J’ai lu des avis sur LibraryThing qui disaient que le roman raconte la manière dont une femme devenait folle mais c’est complètement faux à mon avis. C’est plutôt la manière dont la société va traiter cette femme, cette personne, qui s’interroge sur son avenir, sur son couple et sur son bonheur.

    Si on voulait vraiment trouver une faiblesse au roman, je dirais que c’est l’histoire en elle-même. Finalement, la romancière ne fait rien des éléments familiaux qu’elle introduit. Mais peut-être que si elle l’avait fait, le roman aurait été gnian-gnian et surtout déjà vu / lu.

    En conclusion, une très belle découverte. Je lirai volontiers son deuxième roman !

    Les avis de Cathulu et Noukette, tous les deux très enthousiastes.

    Un extrait

    Est-ce que tout le monde sur la planète, ou au moins tout le monde sur la planète appelée moi, n’est pas coincé entre deux impulsions : le désir de disparaître comme si rien n’était jamais arrivé et le désir d’être une bonne personne amoureuse, aimante, aimée, qui ait un sens, qui aille juste bien ? Je veux être cette personne, une portion de personne respectable mais je voudrais aussi n’avoir rien à voir avec le fait d’être une personne, parce qu’être une personne c’est être cassable, c’est savoir que tu vas casser, incessamment à tout moment, et peut-être pas simplement à tout moment, mais précisément à ce moment-ci, cette minute, un avion pourrait tomber du ciel et t’écraser, ou le bâtiment dans lequel tu te trouves pourrait simplement s’effondrer et te tuer ou tuer la personne que tu aimes …

    Références

    Personne ne disparaît de Catherine LACEY – roman traduit de l’anglais (États-Unis) par Myriam Anderson (Actes Sud, 2016)

  • CommunardesNousNeDironsRienDeLeursFemellesWilfridLupanoXavierFourqueminÇa y est … je suis revenue de mes vacances. Le cours d’allemand était vraiment excellent. J’ai appris énormément en grammaire et en vocabulaire. J’étais un peu démotivée avant de partir mais là, cela m’a redonné envie d’apprendre l’allemand. Les deux petites choses qui m’ont déçues : les cours étaient l’après-midi (et je ne suis pas de l’après-midi) et je n’ai fait qu’un demi-niveau (car l’institut Goethe de Mannheim ne gère pas le temps de la même manière que celui de Paris). Par contre, dans cette région, les gens sont extrêmement gentils et la région est magnifique (le Neckar et l’Odenwald … soupirs). La Belgique est elle toujours aussi géniale : ils vous mettent de bonne humeur rien qu’en vous parlant, ils vendent toujours du bon chocolat et de bonnes BD. J’étais à Waterloo (je n’ai pas dit bonjour à Napoléon, je vous l’avoue) et là, il y a des très grands magasins de BD, mais aussi une librairie aussi grande que celle que je fréquente à Paris avec d’aussi bons conseils.

    J’ai quand même un peu lu (deux romans, une nouvelle, un micro-essai et cinq BD, cela promet donc quelques billets). Je commence par les BD ! J’étais donc à BD-World à Wavre avec mon père et c’est lui qui a attiré mon attention sur cette BD Communardes ! Nous ne dirons rien de leurs femelles … Il s’agit du troisième tome d’une série qui vise à décrire le rôle des femmes dans la Commune (1871), à travers des destins de femme. Chacun des volumes peut se lire indépendamment.

    Ici, l’héroïne est Marie, employée de maison. L’album se divise en deux parties non égales. Une première partie se situe à Paris en 1858. Marie débute comme employée de maison, dans la maison où sa mère est cuisinière. On l’a pris à cette place car la fille de la maison, Eugénie, a le même âge qu’elle. Elles seront donc compagnes, très rapidement amies. Pour tout dire, Marie sera témoin de ses rencontres avec son amoureux, un jeune libraire idéaliste et sortira, en toute innocence, quand ce sera trop long.

    On retrouve Marie en 1871, sur les barricades. Marie aidant et ravitaillant les insurgés. Elle a gagné en âge mais aussi en confiance, et en idéaux. Son travail dans cette riche maison lui a fait comprendre beaucoup de choses, que justement elle souhaite changer ! En utilisant la violence, comme un homme, si nécessaire.

    J’ai adoré cet album principalement pour deux raisons : le féminisme omniprésent et la description de la Commune. La réalité de la Commune reste pour moi assez inconnue. Je connais les faits mais pas franchement comment ceux-ci se sont produits dans la vie quotidienne. Ici, dans cette BD, c’est très bien décrit (et je suppose documenté) : le soutien ou l’absence de soutien des parisiens, les règlements de compte, les blessés, l’état de Paris aussi. C’est une Commune plus « terre à terre » que celle présentée dans les livres, en général celle des meneurs de la Commune. C’est un autre point de vue, donc forcément intéressant.

    Le féminisme est forcément omniprésent quand on connaît le but de cette série. Je ne sais pas ce qui est vrai ou pas mais Marie semble plus virulente que les hommes, ses comparses aussi. Elles se procurent des armes pour lutter comme des hommes tout de même. Marie est une féministe avant l’heure. Même sans « instruction » (et peut être grâce à ce manque d’insurrection ou de formatage), elle se révolte contre ce que la famille d’Eugénie fait subir à la jeune fille. Sa volonté de vengeance pour la jeune fille est très forte et surtout elle la dirige vers les bons « ennemis » : l’ami, le père, les religieuses. On comprend que déjà à cette époque, la société est figée dans ses certitudes et dans sa hiérarchie, comme s’il n’y avait plus de possibilités de la changer.

    Pour la petite histoire, le titre de ce volume est une citation du discours du professeur Louis Bergeret, lors du procès de Marie (ou des Communardes en général, je n’ai pas bien compris), où il présentait les Communardes comme des quantités négligeables, voire des quantités hystériques de la Commune. Heureusement, la société a changé depuis !

    Références

    Communardes ! Nous ne dirons rien de leurs femelles … de Wilfrid LUPANO (Scénario), Xavier Fourquemin (Dessin) et Anouk Bell (Couleurs) (Vents d’Ouest, 2016)

  • HeidelbergJe pars en vacances aujourd’hui, pour deux semaines et demi. Bien sûr, je n’ai pas prévu de billets pour vous occuper pendant que je ne serais pas là mais je ne pense pas que cela soit très grave.

    À mon programme, l’Allemagne et la Belgique.

    J’ai gagné une bourse pour étudier l’allemand pendant deux semaines dans un institut Goethe en Allemagne. J’ai choisi Mannheim car je voulais absolument visiter Heidelberg, pour son château entre autre.

    Ensuite, nous allons passer quatre jours en Belgique, pour manger du chocolat et pour visiter un peu aussi.

    J’espère que ces vacances vont bien se passer et surtout que cela va me permettre de me changer les idées ! Je ne me fait pas d’illusions par contre, cela ne permettra pas de changer la météo.

    Si vous partez en même temps que moi, je vous souhaite d’excellentes vacances aussi. Sinon, on se retrouve à mon retour.

  • LeDernierVarlamisThanassisValtinosJ’ai acheté ce livre à mon dernier passage à la librairie pour la quatrième de couverture. En effet, il y était dit qu’à « travers l’histoire d’une famille » (celle des Varlamis), l’auteur parcourait « l’histoire de la Grèce moderne toute entière, de sa naissance en 1821 aux épisodes scabreux de l’Occupation et de la guerre civile qui lacéra le pays après la Libération ». Ne connaissant absolument rien à l’histoire de la Grèce moderne, je me suis dit que cela serait une bonne lecture pour moi.

    Ce « roman » est très court (une cinquantaine de pages) car en fait, ce n’est pas un roman mais la retranscription du discours que l’auteur a prononcé lors de son entrée à l’académie d’Athènes.

    À partir d’un chant populaire, Varlamis, l’auteur invente son histoire qu’il fait passer pour réelle. La lignée commence réellement avec Grigorakis Varlamis, lorsque celui-ci s’engage dans l’armée, « pour y finir avec le grade de sous-commandant vers la fin du règne d’Othon (1863) ». On saute ensuite une génération pour passer au petit-fils Grigorios Mikhaïl Varlamis, qui sera lui capitaine dans l’armée, avant de partir avec une étoile de cabaret, alors qu’il est marié avec deux enfants (bien sûr après il sera congédié de l’armée). L’auteur se concentre sur l’histoire de ce couple et sur l’histoire de leur fils qui sera le dernier Varlamis (il mourra pendant la Seconde Guerre mondiale, victime d’un règlement de compte).

    La seule chose réelle dans ce texte est le chant populaire (de cinq lignes). Pourtant, si le préfacier n’avait pas dit que toute l’histoire était inventée, je ne l’aurais pas deviné toute seule. L’auteur, en fait, ne fait pas que raconter l’histoire de la famille mais aussi l’historiographie de la famille. Ainsi, dès le début du texte, il explique les querelles de chercheur qu’il y a autour de sa famille, en inventant des noms, des références, qui sont citées comme de réelles références. Franchement, quand j’ai commencé le livre, je me suis dit que cela allait être une lecture très difficile car ces références impliquaient un rythme très difficile à suivre, n’étant pas le rythme habituel d’une narration (type roman). En plus, l’accumulation, en très peu de temps, de noms difficilement mémorisables pour une lectrice non habituée, a rendu le début de ma lecture compliquée. Pourtant, un personnage très intéressant surnage : une étudiante ayant consacré sa thèse à cette famille, en prenant le risque d’en inventer la fin ! La citation ci-dessous est d’elle. On la retrouvera d’ailleurs à la fin du texte. D’après la postface, l’utilisation d’archives, de mélange de matière réelle et de matière inventée est caractéristique de l’auteur (8 livres de cet auteur sont disponibles en français).  Un point important du texte est donc le mélange de la littérature et de l’Histoire et la manière dont elles se répondent.

    Même sans connaître l’histoire de la Grèce moderne, on peut lire ce livre sans soucis car ce n’est pas forcément le but du texte. Les éditeurs ou la traductrice ont pris le parti de mettre des notes explicatives sur l’histoire de la Grèce à la fin du livre, sans qu’il y ait de report dans le texte principal. Comme je n’avais pas vu ces notes, j’ai lu le livre sans me soucier de ce que pourtant j’y cherchais ! Après avoir lu les notes (très intéressantes), j’ai vu autrement le discours de Thanassis Valtinos.

    En plus de tout cela, la traductrice propose dans sa postface un autre niveau de lecture. Cela m’a assez persuadé que le discours pouvait être lu plusieurs fois, et qu’à chaque fois on y trouverait autre chose. Je pense donc que c’est un bon texte mais pas idéal pour découvrir l’auteur. Je pense que je lirai un autre livre, un roman, de lui pour mieux me rendre compte de ce qu’il peut/veut écrire. L’avantage est que ses romans sont disponibles à la bibliothèque ou à la librairie (les éditions Fario en ont d’ailleurs publié un, en même temps que ce discours).

    À souligner : le livre est très bien traduit, dans le sens où la lecture est fluide malgré la difficulté de rythme du texte, très bien introduit et bien postfacé. Enfin, des gens qui ont compris qu’on ne dévoile pas le texte avant que le lecteur l’ai lu !

    Une citation

    La vie est en soi une narration. L’Histoire est la narration seconde de la première. Lorsque les événements perdent le frémissement de la vie et pâlissent définitivement, par force nous faisons confiance à la littérature. (p. 49)

    Références

    Le dernier Varlamis de Thanassis VALTINOS – traduction et postface de Lucile Arnoux-Farnoux – Préface de Gilles Ortlieb (éditions Fario, 2015)