Cecile's Blog

  • Quatrième de couverture

    Lorsque Timo Korvenso apprend qu’on a trouvé une bicyclette rouge à l’endroit exact où, trente ans plus tôt, une adolescente retrouvée morte dans un lac voisin avait laissé la sienne, le silence sous lequel il avait cru enterrer son passé devient tout à coup assourdissant. Poussé comme par une force irrépressible, il laisse derrière lui le bonheur familial qu’il avait patiemment construit et part sur les traces du crime pour lequel personne n’a jamais payé. Dans la lumière blanche de l’été nordique, derrière la gaieté trompeuse des lacs finlandais, le commissaire Kimmo Joentaa va devoir mener une enquête sans cesse parasitée par les fantômes du passé… Maître des incertitudes morales, Jan Costin Wagner nous emmène dans un voyage fascinant au cœur des pulsions interdites.

    Jan Costin Wagner est né en 1972 à Francfort. Il vit entre l’Allemagne et la Finlande, le pays de sa femme. Pour son premier roman, Nachtfahrt, il a obtenu le prix Marlowe 2002 du meilleur thriller. Son deuxième roman, Lune de glace (Gallimard, 2006), a connu un immense succès et a été traduit en de nombreuses langues.

    Mon avis

    Il s’agit en fait du deuxième livre mettant en scène la même équipe d’enquêteurs, le premier étant Lune de glace et le troisième étant L’hiver des lions. Il n’y a pas d’enquête en réalité. On pense rapidement tout savoir puisqu’on connaît et on suit les deux meurtriers d’il y a trente ans. J’ai bien dit : « on pense » car le dénouement apporte une énorme surprise par rapport à la deuxième affaire (franchement je ne m’y attendais pas … et là le romancier a été très fort). Le romancier signe un livre où tous les personnages sont anesthésiés ou déprimés. Ils attendent, on ne sais pas quoi mais ils le font. Du coup, vous êtes dans l’expectative comme eux (j’ai une tendance mouton désolée) et le roman est alors captivant puisque vous attendez quelque chose même si très très froid (pas de beaux sentiments là dedans). Le point faible du roman est sa construction en plan apparent (comme à l’école) : un changement de partie correspond à un changement de journée et un changement de chapitre correspond à un changement de narrateur. La construction est donc sans surprise et gâche un peu. Je n’ai pas lâché le roman pendant deux jours et je l’ai vraiment trouvé très agréable à suivre.

    Après je me suis demandée pourquoi je ne criais pas au chef d’œuvre. Comme je l’ai dit, ce n’est pas un roman policier (que l’on apprécie souvent pour une intrigue et une enquête bien menée) mais plutôt un roman noir. Pour moi, un roman noir, c’est avant tout un roman qui est capable de saisir, et même d’anticiper à quelques années, les problèmes de nos sociétés ou même une ambiance. En plaçant son intrigue sur trente ans, je pense que je m’attendais à voir une évolution de la société finlandaise décrite or le roman semble figé comme ses personnages et la société qu’il décrit. Même les méthodes d’investigation semblent les mêmes : on voit des experts mais ils n’ont pas de résultat (je pense que cela arrange l’auteur). Je crois que c’est ce qu’il manque à ce roman : une dimension sociétale (c’est un bien grand mot je vous l’accorde). Il reste trop dans le huis-clos et dans la tête des personnages.

    Le film, Il était une fois un meurtre, qui vient de sortir est adapté de ce livre. Vous pouvez par exemple trouver la bande annonce ici.

    Références

    Le silence de Jan Costin WAGNER – roman traduit de l’allemand par Marie-Claude Auger (Éditions Jacqueline Chambon, 2009)

  • « – Il fume sans cesse pour tanner sa peau et l’empêcher de craquer ou de s’infecter.

    – La fumée est bonne pour les morts ?

    – Excellente, mais celui-là n’est pas un zombie ordinaire. Il est froid. Ses muscles sont secs comme des cordes. Il est mort depuis des années. Le crâne sonne creux. Pas d’activité cérébrale. Il est mû par une volonté extérieure.« 

    La question est : faut-il être un zombie pour que cela soit le cas ?

    Le professeur Bell qui parle a un fantôme : « Ne le prenez pas mal, mais effectuer chaque nuit les mêmes gestes pendant huit cent ans, ce n’est pas surnaturel, c’est de la névrose. » Je tenais à partager cette information avec les trois lecteurs de mon blog : les fantômes sont en fait des névropathes !

    L’histoire

    Je précise que le Professeur Bell était un des professeurs de Sir Arthur Conan Doyle, à Édimbourg, lors de ses études de médecine et que c’est en partie de lui que c’est inspiré l’écrivain pour créer son personnage de Sherlock Holmes. Joann Sfar précise au début de la bande dessinée que « le romancier a passé sous silence les aspects les plus noirs de la personnalité de son mentor. Il est temps de rendre publics certains vieux dossiers. »

    J’ai donc lu le premier « dossier » en étant tout à fait morte de rire parce que visiblement Joann Sfar s’en est donné à cœur joie. Le Professeur Bell n’est plus seulement professeur de chirurgie mais aussi teratologue (spécialiste des monstres pour les incultes). Il pense que cela les attire et en soit il a raison (c’est au cas où vous comptiez en faire votre profession et que les monstres vous fassent peur). Un de ses anciens élèves, Pascual Pinon (mexicain d’origine ?!), directeur d’un asile d’aliénées dans un château qu’il a hérité de sa femme, vient le voir pour qu’il l’opère de la deuxième tête qu’il a sur le front. Elle le rend malheureux en effet car elle maintient ses fils en vie, et qui sont pourtant des cadavres. Ceux-ci tuent les pensionnaires de leur père et surtout celles dont il est amoureux. L’histoire ne dit pas si elle est malheureux pour les femmes ou pour le fait qu’il risque tout de même la faillite. Là-dessus, Bell refuse mais après il s’en mord les doigts. Il va au château, rencontre Celia, qui parle au fantôme névropathe, l’enlève quand les fils veulent la tuer, couche avec , l’héberge … s’en suit des combats entre Bell et les cadavres qui explosent le cabinet de curiosité de Bell (le service de la voirie d’Édimbourg est obligé de venir). Un truc de fou, vous l’aurez compris (ou non).

    Mon avis

    Joann Sfar monte ici un scénario génialissime parce que je trouve très second degré, les répliques sont très drôles et on ne peut s’empêcher de rigoler. Ce qui gâche un peu c’est le manque de détails dans le dessin (comme m’a dit ma collègue, c’est fait à l’arrach’). Je trouve que ce n’était pas le cas dans Le chat du rabbin : les décors étaient plus précis. Ici, finalement, reste des personnages très sombres (on est quand même dans l’empire du mal), des dessins stéréotypes et finalement qui semblent déjà vus (même si je ne suis pas sûre de les avoir déjà vus autre part que chez lui).

    Références

    Professeur Bell – tome 1 : le mexicain à deux têtes de Joann Sfar (scénario et dessin) et de Brigitte Findakly (couleurs) (Delcourt, 2007)

  • « Elle est morte dans son lit-bateau, c’est plus pratique pour la navigation éternelle. Elle est morte dans le poulailler, son âme s’est collé des plumes et s’est envolée.« 

    Il s’agit de trois textes « papa part », « maman ment » et « mémé meurt » écrit au milieu des années 80 quand Fabienne Yvert avait 23-24 ans. Il n’y a pas d’histoire. Cela ressemble plutôt à un exercice de style. Sur le site des éditions Attila, on parle d’écriture défouloir. Tout ce que je peux dire c’est qu’il y a une superbe maîtrise de la phrase, du rythme (surtout) et du suivi des idées (on passe d’une idée à une autre sans s’en rendre compte et c’est quelque chose que j’admire particulièrement chez un écrivain ; le livre de Birgit Vanderbeke a cette même qualité). Ma conclusion a été qu’il serait sûrement intéressant pour moi de lire d’autres livre de cette auteur.

    « Mémé est morte, mémé était vivante. Mémé a trépassé, mémé était dépassée. Mémé est à l’article de la mort, en soldes. Mémé a été fauchée, elle était fauchée. Mémé a été emportée pendant qu’elle dormait, elle gît dans son lit. Mémé a rendu son âme, elle ne lui plaisait plus. Mémé a crevé, elle était crevée. Mémé n’est plus, elle fut. Mémé a disparu, on va la cacher sous terre. Mémé est dans les mains de Dieu, la pelote-t-il ? Mémé va mourir bientôt, ça y est. Mémé a été heureuse quand elle était jeune, elle a été enterrée quand elle était morte. Mémé est née le jour de la mort de Louis XVI, elle est morte le jour de la mise en orbite de Marie. Mémé est morte, maintenant il lui reste à s’entendre avec Jésus. Mémé meurt depuis qu’elle est née, et après elle sera jugée.« 

    « elle reste au lit pour ne pas petit déjeuner avec nous, elle s’enferme une heure dans la salle de bains pour ne pas nous dire au revoir quand on part, elle va se coucher tôt pour nous dire le lendemain matin qu’on a fait beaucoup de bruit hier soir, elle se rend malade pour nous dire qu’on la rend malade, elle a de l’eczéma pour nous dire qu’on lui donne des boutons, elle perd ses cheveux pour nous dire qu’on la rend chauve, elle se laisse pousser la barbiche pour nous dire qu’on la rend chèvre, j’aimerais bien pouvoir la rendre pour l’échanger« 

    « elle veut arrêter le temps, elle va s’en aller avec le temps, elle dit : quel sacré tempér-amant, ce temps« 

    Références

    Papa ment maman ment mémé meurt de Fabienne YVERT (Attila, 2011)

    À noter : il s’agit de la réédition d’un livre paru en 1999 (puis en 2008) aux éditions Harpo &.

  • Quatrième de couverture

    « J’ai demandé, mais vous n’entendez rien, écoutez un peu. Ce sont les moules, a dit ma mère, et je me rappelle encore ce que j’ai dit, n’est-ce pas que c’est atroce, alors que je savais bien qu’elles étaient encore vivantes, mais je ne m’attendais pas à ce qu’elles fassent ce craquement avec leurs coquilles, je m’attendais seulement à ce que l’on fasse cuire et à ce qu’on les mange, sans plus… »

    Prenez quatre kilos de moules, grattez un peu les sentiments, faites frémir au court-bouillon du ressentiment, assaisonnez d’humour féroce, et vous aurez le plus abominablement drôle des dîners de famille.

    Mon avis

    L’autre jour, je farfouillais dans les rayons de Sauramps à Montpellier (parce qu’il faut au moins faire 70km aller – 70km retour pour aller dans une librairie, pas parce qu’il n’y a pas de librairies avant en sachant qu’il y a une antenne Sauramps à Alès mais bien parce que quand vous avez payé 30 euros de billets de TER, vous ne pouvez pas vous permettre de n’y aller pour acheter qu’un livre de poche, il faut quand même repartir avec un stock conséquent, avoir fait au moins deux, trois découvertes de livres que vous n’auriez pas acheter, enfin il faut que cela vaille le coup quoi et du coup vous n’avez aucuns scrupules – d’un autre côté je n’en ai pas souvent quand je vais en librairie) et j’ai trouvé ce livre par le plus grand des hasards (et surtout parce que j’aime cette collection et parce que la tranche est rose et que du coup cela se voit bien dans les rayons tout de même). Après m’être justifiée sur le fait d’avoir trouvé un livre dans une librairie (je sais que cela peut être difficile à croire, c’est pour ça que j’insiste), je vais vous parler de ce nouvel écrivain fétiche que je viens de découvrir ! Parce que j’ai beaucoup, beaucoup, beaucoup aimé ce livre !

    Vous êtes tout de suite embarquée par cette histoire de moules que l’on prépare avec une certaine effervescence pour le retour du père prodigue. Il doit revenir à une certaine heure pour annoncer qu’il est pratiquement sûr de passer cadre dirigeant ! On pense tout de suite à une famille soudée, qui essaye de gravir difficilement les échelons de la société ouest-allemande (ils ont fuit l’Est). Les parents ont d’assez hautes exigeantes vis-à-vis des enfants, une fille et un garçon. Mais au fur et à mesure, le dîner dérape : le père n’arrive pas, les enfants et la mère se saoule et on commence à voir les fissures dans cette famille unie. Finalement, le père impose une ambiance « pourrie » et tout le monde est bien content quand il n’est pas là pour faire son tyran, dénigrer tout le monde et pense qu’il n’y a que lui détienne la vérité. Birgit Vanderbeke aurait pu le faire sur un ton larmoyant mais elle choisit l’humour, une dénonciation sous forme de ne pas y toucher. Elle adopte le point de vue de l’adulte, avec un style parlé qui finalement rajeuni le récit. Cela donne un style hybride mi-enfantin, mi-adulte. La fin est terriblement drôle et finalement ouverte.

    Bien sûr, il n’y a plus aucun livre de cette auteur à Sauramps. Je ne pourrais pas utiliser ce prétexte pour y retourner.

    Références

    Le dîner de moules de Birgit VANDERBEKE – traduit de l’allemand par Claire de Oliveira (La Cosmopolite – Stock, 2000)

  • Présentation de l’éditeur

    Vienne, printemps 1933. Eugen Althager, jeune intellectuel au chômage, se réveille dans le désordre de sa petite chambre et se demande comment tuer le temps. Il est juif, bien qu’instruit dans la religion catholique. Ses études erratiques, interrompues pour des raisons économiques, l’ont porté vers les lettres et la philosophie. Au cours de sa promenade matinale, Eugen Althager va être témoin d’échauffourées antisémites dans les rues du quartier universitaire. Comment survivre, comment aimer, comment ne pas perdre la raison dans cette époque terrifiante ?

    Roman sur fond de crise spirituelle, sociale et politique, oeuvre à fort accent autobiographique, Les Naufragés dressent le portrait étonnamment actuel d’une jeunesse en instance de sombrer.

    Né en 1912 à Vienne (empire austro-hongrois), Jean Améry se réfugie en Belgique en 1938. Arrêté par les Allemands en 1940, il s’échappe du camp de Gurs et entre dans la fraction germanophone de la résistance belge. En 1943, il est arrêté et torturé par la Gestapo avant d’être déporté à Auschwitz en 1944. Après la guerre, Jean Améry revient à Bruxelles et se consacre à une œuvre critique et littéraire de première importance. En 1978, à Salzbourg où il était censé faire une lecture de ses œuvres, il se suicide dans sa chambre d’hôtel.

    Mon avis

    C’est la féria à Alès et en gros, il y a de la musique à fond de 10h du matin (vive la radio qui passe Dalida comme une dernière nouveauté, et sache monsieur le présentateur que tu n’as pas besoin de dire le temps qu’il fait, je n’ai qu’à ouvrir la fenêtre) à 2h le lendemain matin (c’est de la techno et sachez que l’on peut dormir en boîte nuit même mal) et après il y a la police qui arrête des gens dans la rue. En gros, il ne me reste plus beaucoup de neurones vivants et je n’ai pu que terminer un livre pendant un gros week-end comme cela.  En plus, j’ai mal choisi le livre car j’ai trouvé qu’il fallait beaucoup de concentration pour le lire.

    Bien sûr, au résumé, vous vous doutez que c’est un livre d’une profonde mélancolie. C’est l’histoire de la déliquescence d’un jeune homme qui se rend compte qu’il n’arrive pas à vivre et pourtant il essaye différentes choses. Son ami, lui, vit, mais il semble que ce n’est pas une vie complète car il lui manque d’être d’accord avec ses plus hautes pensées. Ce qui rend nécessaire la concentration, je crois que c’est les passages où justement Jean Améry explique ses idées qui tirent vers la philosophie et toute sorte de sujets un peu compliqués. Le sentiment que j’en ai tiré finalement c’est le décalage entre la vie et les idées, le tiraillement entre ce que l’on a et ce que l’on fait et ce que l’on voudrait être ou avoir.

    Là où je dirais que le livre pêche, c’est qu’à vouloir être trop cérébral, on n’en oublie les sentiments. On a du mal à sentir ce qui lie Eugen à ses amis, à ses différentes maîtresses. Le livre devient plus alors une démonstration qu’un roman. Je dirais que, dans la mesure des mes faibles connaissances en littérature autrichienne, c’est assez caractéristique des écrivains de cette époque (toute mesure gardée, bien entendu).

    Je relirais tout de même Jean Améry car je pense avoir compris une grosse partie du roman (ce que je n’avais pas réussi pour d’autres auteurs autrichiens de la même époque).

    Désolée pour ce billet un peu court.

    Références

    Les Naufragés de Jean AMÉRY – roman traduit de l’allemand par Sacha Zilberfad (Actes Sud, 2010)

  • Matilda publie aujourd’hui le bilan du mois de mai de la SSHD. Vous pouvez le lire ici ! Je vous le conseil bien évidemment car c’était encore un mois très chargé (en plus, elle signale des cadeaux qui pourraient me faire plaisir, je dis ça je ne dis rien bien évidemment)(c’est un clin d’œil à mon frère chéri). Pour les membres, si vous voyez que nous n’avons pas référencé un billet, n’hésitez pas à nous le signaler ; c’est qu’il aura échapper à notre vigilance.

    Bonne lecture !

  • L’histoire se passe juste après la Première Guerre mondiale, en Allemagne, en pleine République de Weimar. Les gens sont très pauvres, les classes moyennes le deviennent… C’est donc la nécessité de recourir au marché noir pour avoir de la viande ou des vêtements.

    Un homme sera providentiel pour le Hanovre de l’époque, ce sera Fritz Haarmann. Il est indicateur de police et dispose même d’une plaque donnée par un membre officiel de cette institution. Il a déjà été arrêté plusieurs fois, il a fait de la prison et a été interné à plusieurs reprises (on lui a notamment reproché plusieurs fois d’avoir séduit de très jeunes garçons). C’est comme ça qu’il s’y prendra pour récupérer vêtements et viandes : il ramènera chez lui de jeunes hommes (il a avoué 24 crimes mais on en suppose beaucoup plus), les violait, les découpait en morceaux, revendait la viande humaine à ses voisins, ainsi que les vêtements des victimes. Le plus incroyable est que cet individu avait été à plusieurs reprises dénoncés par la police qui le protégeait !

    Peer Meter, scénariste et dialoguiste (on lui doit notamment L’empoisonneuse), en prenant quelques libertés avec l’histoire, nous raconte ces faits divers de manière implacable. Ce sont justement ces libertés qui rendent l’histoire plus glauque (si il y en avait besoin) car elles mettent un nom, une personne sur les victimes ; elles perdent alors leur statut de numéro ou de symbole.

    Isabel Kreitz, à qui l’on doit L’espion de Staline (qui m’avait beaucoup plu), signe d’excellents dessins en noir et blanc. Les visages notamment sont très expressifs et surtout par un jeu d’ombre et de lumière, on devine leur ambivalence.

    Une histoire glauque mais très bien « servi » par les deux auteurs !

    Références

    Haarmann, le boucher de Hanovre de Isabel KREITZ (dessins), Peer Meter (scénario et dialogues) – traduit de l’allemand par Carline Dolmazon et Paul Derouet (Casterman – Écritures, 2011)

  • Quatrième de couverture

    Cherchant la paix après un douloureux chagrin d’amour, un étranger s’installe dans un village perdu de la campagne française, où le temps semble être suspendu. Mais la tranquillité et le charme de Courtillon s’avèrent vite trompeurs …

    Tout part d’un projet d’aménagement qui divise le conseil municipal et tourne à la querelle de village. Soudain, la marche du temps s’affole et le passé ressurgit : tentatives de corruption, adultère, suicide, meurtre. Les villageois taisex en savent plus long que ce qu’ils veulent bien dire …

    Mon avis

    Samedi dernier, j’étais à Montpellier à la Comédie du Livre où la littérature en langue allemande était mise à l’honneur cette année. Il y avait plein d’auteurs que j’avais lu (Sulzer, Kutscher, Dümmel) et d’autres dont j’avais entendu parler (Hagena, Winkler) mais je n’ai pas eu le temps de tout voir. Il y avait notamment des tables rondes et des moments littéraires avec les auteurs. C’est dans un de ces derniers que j’ai eu l’occasion d’écouter Charles Lewinsky (connu pour Melnitz que je n’ai pas lu mais qui est dans ma PAL bien évidemment).

    On nous a notamment rappelé sa carrière à la télévision. Lui, nous a parlé de sa vie, notamment qu’il vivait une grosse partie de l’année dans un tout petit village français, il nous a parlé d’anecdote sur sa vie dans ce village (l’obligation de faire son potager pour pouvoir s’intégrer surtout quand on est écrivain, les histoires indatables qui circulent) et nous a aussi dit qu’il n’écrivait que sur ce qu’il connaissait bien.

    Du coup, forcément ce livre prend un cadre particulier puisqu’on a l’impression qu’il a utilisé certains habitants de son village (il nous a expliqué que oui mais trop tout de même). Et c’est justement ce qu’il y a de plus réussi dans ce livre : les caractères. On est comme théâtre (un terme qu’il a employé pendant ce moment littéraire). Les personnages sont très dessinés et peuvent donner un sentiment de caricature (j’avoue qu’on reconnaît des gens même si on habite pas le village). Le fait que le narrateur soit étranger au village et au pays rend le regard plus aiguisé mais on se rend compte qu’au fur et à mesure que les épreuves le lient au village, les descriptions s’adoucissent : le narrateur a apprivoisé le village et réciproquement.

    Pour ce qui est de l’histoire, Charles Lewinsky a peut être trop voulu en mettre mais dans l’ensemble cela se suit bien. On croit à tout ce qui est dit : les manigances du maire et du gars qui veut s’enrichir, les secrets datant de la guerre …

    Le principal bémol de mes bémols viendrait plutôt de l’édition : des mots manquent, des phrases sont bancales par une inversion de pronom. Plusieurs fois, je me suis arrêtée dans la lecture à cause de cela. Mais sinon, je dirais que quand je rentrerais chez moi, Melnitz sortira de ma PAL !

    Références

    Un village sans histoires de Charles LEWINSKY – traduit de l’allemand par Léa MARCOU (Grasset, 2010)

  • Présentation des éditeurs

    Malgré l’expérience qui est la sienne dans le traitement des traumatismes, Charlie Weir, psychiatre new-yorkais reconnu, n’a pas réussi à dépasser la culpabilité qui le ronge depuis le tragique échec thérapeutique [il soignait le frère de sa femme qui revenait du Vietnam et celui-ci s’est suicidé] qui l’a éloigné de sa femme et de sa fille, sept ans auparavant. Entièrement voué à son travail, Charlie n’entretient plus guère de relations qu’avec sa mère, figure dépressive et funeste dont il n’a jamais vraiment cessé de subir l’ascendant – à la différence de son frère, Walt, fringant artiste peintre à qui tout semble réussir.

    L’idylle insolite que Charlie vient un jour à nouer avec la très instable et sulfureuse Nora [qui est complètement névrosée] et la relation, exclusivement sexuelle, qu’il prend le risque de recréer avec son ex-femme font progressivement remonter en lui des angoisses dont il voulait se croire à jamais débarrassé. Déchiré entre deux femmes, assiégé par les spectres d’un passé opaque, le psychiatre naguère clairvoyant assiste, impuissant, à l’altération de ses processus mentaux, peinant à identifier son traumatisme personnel jusqu’à l’explicite et cruelle réactivation de celui-ci…

    Sur les tensions qui déchirent toute cellule familiale, sur les falsifications de la mémoire, sur la psyché lorsqu’elle se mue en chaos et sur le retour du refoulé jusqu’à la dépossession de soi, Patrick McGrath donne ici un puissant roman où un personnage commente lui-même, impitoyablement, sa propre destruction.

    Mon avis

    Note à moi-même : ne jamais sortir avec un psychiatre !

    C’est Lewerentz qui m’avait conseillé de lire Patrick McGrath (avec L’asile mais lui il est toujours dans ma PAL) et elle avait raison. Comme d’habitude ! J’ai tourné les pages avidement.

    C’est très particulier car les personnages ont des vies plus que compliqué et des passés très très lourds. Charlie vient de perdre sa mère adorée par lui (enfin, il s’en occupait parce qu’il pensait être le seul habiliter à le faire ; il faut dire qu’elle était dépressive et alcoolique). Il a besoin de réconfort. Son ex-femme (qui est marié à un beau pompier solide et qui reproche à Charlie le suicide de son frère) décide de recoucher avec lui dans le plus grand secret (je ne sais pas ce qui est le plus bizarre : l’ex-femme et sa conduite inappropriée dans ce genre de période (parce que c’est elle qui décide tout de même, ce n’est pas lui qui lui saute dessus) ou lui qui trouve cela normal). Son frère, qu’il déteste (cela ressemble plutôt à de la jalousie), lui présente une fille mais pense au coup monté mais elle devient sa petite amie (en même temps qu’il couche avec l’ex-femme). Là-dessus, il repense à son père qui a laissé tombé Charlie, Walt et leur mère quand les garçons étaient ados. Il repense à Charlie le frère de l’ex-femme. Je trouve qu’on deviendrait parano a moins que ça !

    Pendant tout le livre, c’est Charlie le narrateur. Il essaye d’aider tout le monde et du coup, il analyse tout le monde et ne se laisse jamais parler. Imaginez : ils se disputent avec Nora, qui est névrosée (traumatisme dans la petite enfance ou homme qui l’a déçu). Ils ne vont pas avoir une vraie dispute car Charlie va se demander ce qu’il doit faire par rapport à ce qu’elle attend et va donc forcément chercher à comprendre le conflit et à l’atténuer. Je ne sais pas si je me suis bien fait comprendre mais l’idée c’est que ce n’est pas franc comme relation. Toute sa colère a lui est rentré et du coup il y a frustration. Du coup, il revit les situations qu’il vivait avec sa mère, qui vient de mourir. Je vous dis qu’on finirait fou à moins que ça.

    Au final, on va savoir tout sur les autres personnages et finalement, on les comprendra un peu (Nora reste une énigme pour moi) et Charlie pas du tout. Les autres personnages diront sa solitude, le fait qu’il ne parle pas, qu’il ne se confie pas … On ne le voit pas chuter, on ne voit pas tout de suite que quelque chose lui manque pour continuer sa vie après la mort de sa mère. Quand on s’en aperçoit, il est déjà trop tard, Charlie a déjà commencé sa chute. La révélation de son traumatisme d’enfance est perplexifiante car on s’imagine les pires choses et Patrick McGrath, le psy, nous propose un dénouement plausible.

    Vous l’aurez compris, j’ai admiré les personnages et surtout surtout la construction où on ne se rend pas vraiment compte de ce qui se passe.

    Références

    Trauma de Patrick McGRATH – roman traduit de l’américain par Jocelyn Dupont (Actes Sud, 2011)

  • Quatrième de couverture du tome 1

    Billy, Charlie et Black Tom sont inséparables. Et pour cause : impossible de survivre seul dans l’East End londonien, peuplé de faux mendiants, de vrais rufians et de franches canailles ! Heureusement, les trois amis peuvent compter sur la protection d’un certain Sherlock Holmes, pour lequel ils font parfois office d’espions des rues …

    Mais lorsque la fiancée de Black Tom est kidnappée sous leurs yeux, nos héros vont devoir mettre au plus vite à profit les leçons de leur mentor pour la retrouver saine et sauve… en s’adjoignant les services d’un quatrième larron pour le moins inattendu [c’est un chat qu’ils appelleront Watson]. Place aux « Quatre de Baker Street », la plus jeune équipe de détectives de l’époque victorienne !

    Quatrième de couverture du tome 2

    Londres, 1890.

    Billy, l’apprenti détective, Charlie, la petite fille grimée en garçon, et Black Tom le monte-en-l’air sont trois gamins des rues unis par une solide amitié. Accompagnés du matou Watson, ils arpentent les bas-fonds de l’East End, menant enquêtes, filatures et autres missions de confiance pour le compte d’un certain … Sherlock Holmes. Dans ce nouvel opus, nos trois héros attachants et gouailleurs se retrouvent mêlés à une ténébreuse affaire impliquant des révolutionnaires russes exilés à Londres et la police secrète du Tsar…

    Une nouvelle enquête passionnante où les Quatre de Baker Street vont encore devoir déjouer machinations, trahisons et mauvais coups !

    Mon avis

    J’avais repéré ces bd mais ce sont les avis de Matilda (je vous conseille d’aller les voir car ils comportent des anecdotes rigolotes) qui m’ont décidé à me les procurer. J’ai aimé bien évidemment les personnages et les histoires.

    Les trois personnages principaux sont attachants d’autant plus qu’ils ne se définissent pas par rapport à Sherlock Holmes qui n’est pas présent dans les enquêtes sauf aux fins pour les féliciter de leur travail. Chacun a sa propre personnalité et trouve sa place dans le groupe : un intello, un emporté et un(e) qui symbolise souvent la voix de la sagesse. On nous explique en creux les histoires difficiles de ces trois enfants. Pourtant ils ont de l’humour et une joie de vivre (il croit en leur avenir) qui rend leurs aventures très savoureuses.

    Dans les deux tomes, les auteurs s’attaquent à des thèmes omniprésents dans le Londres fin-de-siècle, les maisons de plaisir et les exilés russes, et ceux avec un grand réalisme et sens du détail. Dans la même idée, la reconstitution de Londres et les détails des dessins, notamment des bâtiments ou des rues, sont admirables.

    Pour les couleurs, la seule chose que je peux vous dire c’est que les personnages ressortent sans masquer le décor. Cela donne une impression harmonieuse.

    Si on voulait résumer, je dirais à quand le troisième !

    Références

    Les quatre de Baker Street de J.B. DJIAN et Olivier LEGRAND pour le scénario et de David ETIEN pour le dessin et la couleur (Vents d’Ouest)

    • Tome 1 : L’affaire du rideau bleu (2009)
    • Tome 2 : Le dossier Raboukine (2010)

    Pour information, Arthur Conan Doyle est né le 22 mai 1859 ! Cela fait donc juste 152 ans.