J’ai commencé mes lectures sur la Chine ancienne par ce livre sur l’armée de terre cuite. Mon idée était de partir de mes connaissances de bases et la seule connaissance que j’avais sur la Chine ancienne était qu’il y avait des soldats de terre cuite enterrés dans la tombe d’un roi quelconque et que cela datait d’il y a très longtemps.
Heureusement, le livre de Renzo Rossi, L’armée de terre cuite – Les guerriers de la chine ancienne, a corrigé toutes ces idées idiotes. Contrairement à ce que je pensais, l’armée de terre cuite n’est pas enterrée avec l’empereur mais autour de gigantesques fosses autour du mausolée non pas de n’importe quel roi, mais juste Qin Shi Huangdi, premier empereur de Chine ayant vécu au IIIe siècle avant J.-C. (je n’étais pas loin pour la date, tout de même), dans un complexe formant plusieurs km2.
Dans un premier temps, Renzo Rossi brosse une description très intéressante du site archéologique en lui-même. Il faut savoir que le premier soldat a été découvert par des paysans en 1974. Depuis le site n’a cessé d’être fouillé. Pour l’instant, ont été mis à jour trois fosses pleine de soldats de différents régiments diront nous et une fosse vide, le mausolée de l’empereur n’a pas encore été fouillé et je me demande s’il le sera un jour (si vous avez un élément de réponse, je suis preneuse). La collection à laquelle appartient l’ouvrage s’intitulant Les grands mystères de l’archéologie, je m’attendais à ce que l’auteur décrive par le menu les différentes hypothèses du pourquoi cette fosse vide, qui a travaillé sur ces terres cuites, combien d’hommes. Que nenni. L’auteur donne des éléments de réponse mais ne donne pas ses sources. À lire le livre, les grands mystères de l’archéologie semblent en réalité plutôt très bien compris.
Devant tenir quand même un certain nombre de pages, l’auteur commence alors à vulgariser et très bien (n’ayant aucunes connaissances, j’ai appris plein de choses) sur la période historique tout simplement. Après un rappel historique de ce qui a précédé l’empire de Qin Shi Huangdi (premiers habitants, âge de Bronze = dynasties Xia, Shang et Zhou, Époque des Printemps et des Automnes, Période des Royaumes Combattants), l’auteur donne une première idée de la forme de l’empire du premier empereur, puis continue à suivre le fil de l’histoire en parlant de la dynastie des Han. Il revient ensuite sur la vie quotidienne de l’époque : vie religieuse, vie après la mort, agriculture, commerce et structure de la ville chinoise.
À souligner, l’ouvrage est richement illustré avec des illustrations de bonne qualité, toujours très à propos.
Si on résume, il y a une soixantaine de pages sur les soldats de terre cuite et cent vingt sur la Chine ancienne. Si je fais le bilan de ma lecture, je dirais que ce qu’il en sortira sera positif. J’ai appris beaucoup de choses sur la manière de vivre à l’époque mais aussi sur la chronologie des évènements. Cependant, les dates restent plutôt floues dans ma tête (je n’ai pas fait d’effort pour les retenir au cours de ma lecture aussi). Le livre a aiguisé mon appétit sur le sujet (c’est ce que je demande à un ouvrage de vulgarisation) mais n’est pas une fin en soi pour comprendre de manière correcte la Chine ancienne.
La même semaine, je suis tombée au Relay de Paris Saint-Lazare sur 3 minutes pour comprendre les 50 faits les plus marquants de la Chine ancienne de Yijie Zhuang (qui est le directeur de l’ouvrage et donc pas le seul rédacteur). Quand j’ai trouvé ce livre, j’étais absolument ravie car je voulais lire un livre de cette collection depuis très longtemps, la voyant dans tous les rayons de vulgarisation scientifique (ils n’ont pas que des livres sur ce sujet mais je ne fréquente pas forcément les bons rayons).
J’ai donc ouvert pour la première fois un livre de cette collection ! Pour vous décrire, les 50 faits marquants sont divisés en thématiques, 7 dans ce livre : La terre, l’architecture et les États ; les grandes découvertes ; les bronzes et les rituels ; les sciences et la société ; l’au-delà et les croyances ; l’écriture et la philosophie ; la guerre, les transports et le commerce. Chaque thématique a sa couleur. On trouve dans chaque thématique un glossaire, une biographie d’un personnage jouant un rôle dans la thématique et entre 6 et 8 faits marquants. Chaque fait marquant est présenté sur une double page : à gauche le texte, à droite l’illustration. Le texte est divisé en plusieurs catégories : condensé en 3 secondes, histoire en 30 secondes (le texte principal), fouille en 3 minutes, biographie en 3 secondes et histoires liées (renvoyant à d’autres faits dans le livre).
Le livre en lui-même est très surprenant car il est hybride : on n’est ni dans un ouvrage de vulgarisation, ni dans un ouvrage scientifique. Il rentre trop dans des détails très particuliers de cette période sans avoir donné d’aperçu vraiment global de la période. La lecture préalable de l’ouvrage de Renzo Rossi m’a beaucoup aidé pour tirer quelques profits de la lecture de ce livre-ci.
L’ouvrage cherche tout de même à vulgariser des sujets très complexes, avec des textes très courts et rigoureux. Ainsi, on voit très clairement que l’ouvrage est écrit par des chercheurs car chaque fait est justifié par une découverte archéologique, qui elle-même est détaillée dans la rubrique fouille en 3 minutes. Il est aussi indiqué là où il y a encore débat. On a l’impression d’avoir une photographie à un instant t d’une science en marche. Je trouve cela très intéressant mais surtout très ambitieux.
Le point faible de l’ouvrage est son illustration. La plupart du temps, elle n’est pas à propos, pas vraiment jolies, pas vraiment mise en page. Le problème vient du format de la collection qui oblige à forcément avoir une illustration sur chaque double page car quand quand l’illustration est là, elle est vraiment bien faite. En général, ce sont celles montrant les découvertes archéologiques : il y a une volonté de toujours situer l’endroit de la découverte sur une carte, d’indiquer à quoi servent des objets dont l’utilisation n’est pas toujours évidente à comprendre. L’illustration sert le texte. Parfois non. Je pense par exemple à la première thématique, pour le fait « Fleuves et moussons », il y a une photo d’un fleuve avec un caractère chinois mais vous ne savez pas lequel. Je sais à quoi ressemble un fleuve donc cela ne m’apporte rien. Par contre, l’illustration du fait « Chars et chevaux » expliquent très bien l’usage des objets présentés.
En résumé, l’illustration est très inégale, le texte est rigoureux et ambitieux (cela doit être la vulgarisation intelligente dont parle la quatrième de couverture).
D’autres livres qui peuvent être intéressants sur le même sujet
Dans cette section, je vais classer les ouvrages qui sont intéressants mais dont je ne suis pas le bon public. Mon but initial est de me renseigner sur la culture chinoise (vie quotidienne, vie religieuse, organisation du territoire…), en sachant que je suis complètement néophyte sur le sujet. Les livres suivants m’ont appris des choses mais soit sont trop précis, soit supposent des connaissances préalables que je n’ai pas (en archéologie ou en histoire de l’art par exemple).
Bien évidemment, je n’ai pas pu m’empêcher de lire le Découvertes Gallimard sur le sujet et qui est intitulé La redécouverte de la Chine ancienne. Il a été écrit par Corinne Debaine-Francfort.
Il est divisé en six chapitres. Après un premier chapitre traitant de l’histoire de l’archéologie chinoise, l’auteur passe en revue le néolithique chinois, le temps des Shang, des Zhou, du premier empereur Qin Shi Huangdi et le temps de l’empire des Han. Toutes ces périodes sont donc décrites par le prisme de l’archéologie.
J’ai beaucoup aimé ce livre pour plusieurs raisons. Les différentes périodes historiques sont très bien décrites. On situe très bien, temporellement et spatialement, chaque période / dynastie (voire la coexistence des périodes). Par rapport aux livres que j’ai lu précédemment, c’est un très net apport de ce volume-ci. De plus, l’auteur prend le temps de décrire chaque illustration de manière très précise. Je me suis surprise à prendre de l’intérêt à la description des découvertes archéologiques, à la particularité de pièces apportant de l’information aux connaissances actuelles.
Le problème est qu’à un moment, j’ai saturé. Il y en avait trop, je n’arrivais plus à situer, plus à retenir. Pour là, le format m’est apparu trop court. Ce n’est pas un problème de pédagogie de l’auteur mais vraiment qu’il y a à un moment trop d’informations pour le lecteur lambda.
Pour une fois, j’ai aussi beaucoup aimé la partie Textes et Documents, que j’ai trouvé vraiment intéressante pour comprendre l’évolution de l’archéologie s’intéressant à la Chine ancienne.
Pour être honnête, j’avais lu avant le Découvertes Gallimard un gros livre que j’avais trouvé à la bibliothèque (en fait c’est la bibliothécaire qui me l’a mis dans les mains) sur le même thème : La Chine – 5000 ans d’histoire et d’archéologie, paru aux éditions Belfond, en 1985.
La démarche est tout autre que pour l’ouvrage précédent. Le fil est chronologique : on va du néolithique à la dynastie des Ming, sans qu’aucune période ne nous échappe (dynastie Shang, dynastie Zhou, Qin Shi Huangdi, dynastie des Han de l’Ouest, dynastie des Han de l’Est, dynastie du Nord et du Sud du IIIe au VIe siècles, les dynasties Sui et Tang, dynastie Song, dynastie Ming). Pour chaque période, les grandes découvertes archéologiques sont ensuite détaillées par site.
Les rappels historiques sont extrêmement brefs et supposent un grand nombre de connaissances. Par contre, les différentes particularités des objets trouvés sur les sites archéologiques sont particulièrement détaillés. Mais alors vraiment beaucoup détaillés ! Savoir que la statue fait 62.3 cm plutôt que 62.4 cm m’intéresse peu et pourtant c’est le type de détail qui est présenté. Si dans le Découvertes Gallimard sur La redécouverte de la Chine ancienne, j’avais été un peu perdue dans les descriptions des poteries, des bronzes … là, je me suis complètement noyée.
Le livre apporte très peu d’informations pour comprendre l’évolution de la société chinoise, mais par contre en lisant ce livre, on peut apprendre énormément sur l’évolution de l’art chinois. Il faut juste être le bon public.
Un autre bémol est que le peu de photos de paysages ou de sites de fouilles sont floues (je ne vois pas trop l’intérêt de mettre ce genre de photos). Par contre, les photos d’objets sont très nettes.
Si vous êtes intéressés, je pense que le livre ne peut que se trouver en bibliothèque (peut être aussi en occasion).
Autre ouvrage sur la Chine ancienne : La Chine ancienne de Emmanuelle Lesbre, avec la collaboration de Marie Laureillard. C’est un tout petit livre de 90 pages, très intéressant et bien construit mais ne s’adressant pas forcément aux néophytes. Là encore, le livre s’intéresse à l’histoire de la Chine ancienne par le prisme de l’archéologie, et plus particulièrement des rites puisque la plupart des objets témoignant de cette période ont été retrouvés dans des tombes. Le texte se décompose en trois parties, les deux premières plus importantes que la dernière.
La première partie est intitulée Les ateliers de la Chine ancienne et décrit, par matériaux, « l’ensemble des objets » que l’on a pu trouver dans les tombes (description, utilisation supposée) mais aussi l’évolution de la manière dont les Chinois ont travaillé ces matériaux. Je n’ai jamais lu une explication aussi claire du travail du jade, des métaux et du laque ! C’est la partie qui m’a le plus plu.
La deuxième partie est intitulée Dans l’oeuvre – Les rites funéraires. Elle décrit par le menu les rites funéraires et leur évolution au cours des siècles. C’est intéressant mais à mon avis moins novateur dans la présentation et pas du tout dans le texte car je n’ai pas vraiment appris plus que ce que j’avais déjà lu. Par contre, là encore, on ne peut saluer que la clarté des explications.
La troisième partie est courte mais permet de préparer un voyage en Chine si l’on s’intéresse particulièrement à l’archéologie du pays. Je ne sais pas si cette présentation est encore d’actualité puisque le livre a été publié en 2000, mais en tout cas c’est un début de piste.
Pourquoi ce livre ne s’adresse pas à des néophytes ? Tout simplement parce qu’il n’y a ni carte ni chronologie dans le texte. Il y a une carte au début de la troisième partie et une chronologie simplifiée à la fin. Pour s’adresser aux néophytes, à mon avis, cela aurait été plus judicieux de mettre la carte au début ou en tout cas aux moments où les différents endroits étaient cités et la chronologie n’aurait du être qu’un support du texte pour ce qui est de s’y retrouver dans les dates (il n’y a même pas de renvoi).
En conclusion, un très bon ouvrage mais à réserver à une deuxième étape de recherches bibliographiques.
Je voulais présenter d’autres livres mais le billet est déjà bien assez long ! Ce sera pour la prochaine fois.
Références
L’armée de terre cuite – Les guerriers de la Chine ancienne de Renzo ROSSI – traduit de l’italien par ? (Éditions Eyrolles, 2010)
3 minutes pour comprendre les 50 faits les plus marquants de la Chine ancienne de YIJIE Zhuang (directeur d’ouvrage) – traduit de l’anglais par Elisa Guenon (Le Courrier du livre, 2015)
La redécouverte de la Chine ancienne de Corinne DEBAINE-FRANCFORT (Découvertes Gallimard, 2012)
La Chine – 5000 ans d’histoire et d’archéologie de Hubert DELAHAYE et HAN Zhongmin – présenté et commenté par Wang Fangzi et Nebojsa Tomasevic (Belfond, 1985)
La Chine ancienne de Emmanuelle LESBRE – avec la collaboration de Marie LAUREILLARD (Hazan / Paris Musées, 2000)
P.S. : Je m’absente quelques jours pour le travail (pour une fois, je pars quelque part, c’est assez miraculeux). À bientôt !