Quatrième de couverture
Il est interdit à quiconque, sous peine de graves sanctions, de déflorer à ses amis l’intrigue de ce livre. On ira donc ici avec précaution…
D’abord, à l’attention de ceux qui pourraient prendre Trahisons pour un recueil de nouvelles : ce livre est bien un roman. Oh, certes, un roman dans la manière de l’auteur du Quinconce – tout en fausses pistes, fausses portes et fausses barbes (mais les cadavres et les crimes sont vrais). Plusieurs histoires, et les personnages eux-mêmes, ont l’air de s’égarer, mais c’est pour mieux se retrouver (au chapitre VII) ; et pour mieux se trahir, à tous les sens que l’on voudra bien donner à ce mot.
Quatre voyageurs réunis dans un train sont mêlés à un crime que chacun d’eux a peut-être de bonnes raisons d’avoir commis… Un professeur invente une nouvelle théorie de la fiction, mais ses élèves doivent s’engager par écrit à ne rien divulguer des découvertes du maître… La rédaction d’une biographie vaut à un curieux de se retrouver égorgé… Un homme politique plagie à ses heures perdues les œuvres d’autrui, et commet pour s’en sortir un assassinat maladroit… Moralité de tout cela : on n’est jamais si bien trahi que par soi-même.
On l’aura compris, Trahisons, roman-miroir, roman scorpion, est une invitation au vertige. Roman farci de culture aussi : toute l’Angleterre de la Belle-Époque semble s’y être donné rendez-vous par les figures mythiques interposées – Sherlock Holmes, Oscar Wilde, Jack l’Éventreur. Horreur et dérision y dansent une sarabande inquiétante. Mais la virtuosité de l’auteur n’a rien d’un exercice de style. Le lecteur, captivé comme si Alfred Hitchcock lui-même lui-même le tenait par la main, tremble, rit, joui. Et le livre refermé, un soupçon lui vient : tout cela n’est-il pas aussi, par-delà la mascarade de la fiction, une photographie plausible, exacte peut-être, de ce que nous nous entêtons à appeler réalité ?
Un vrai résumé dans un article du Matricule des Anges.
Mon avis
Ce livre est absolument génial même si on ne comprend pas vraiment tout. Au début, il y a six chapitres qui ne sont pas liés entre eux, à moins de se baser sur de tout petits détails. On a l’impression de voir un lien là où il n’y en a pas forcément. Cela dure à peu près 130 pages. Vous allez me dire mais comment maintient-on son intérêt pendant 130 pages alors qu’on ne comprend rien. C’est très simple : chaque chapitre raconte une histoire passionnante qui aurait pu servir de base pour un roman. En plus, c’est dans l’Angleterre fin 19ième siècle, début 20ième. Il y a un côté très « classique anglais », très mystère classique à résoudre.
Puis, après, il y a trois chapitres beaucoup plus importants dont les liens sont très visibles (le premier de ces trois chapitres reprenant des éléments des six précédents). Ils ont aussi tous en commun de mélanger réalité et fiction quitte à perdre le lecteur. Un chapitre est particulièrement perturbant tellement les limites sont floues ; c’est celui portant sur le libraire qui ne veut lire que des livres sur des crimes réels et qui fait la connaissance d’un auteur (qui a écrit une fiction sur un crime réel), qui lui fait connaître deux séries (le libraire croit que c’est la réalité), dont une au moins policière, où les personnages se font tuer dans la réalité et où l’enquêteur dans la fiction devient l’enquêteur dans la réalité. Dans le dernier chapitre, on a une explication. Pour tout dire l’explication, je ne l’ai pas forcément comprise.
En refermant le livre (j’ai lu sur internet que je n’étais pas toute seule dans ce cas), on a envie de le reprendre, de tout noter au vue des éléments du dernier chapitre pour voir quels éléments nous ont échappés.
Il s’agit d’un roman qui ne se livre donc pas facilement, et je pense qu’il ne se livre pas à la première lecture même si celle-ci est déjà extrêmement prenante.
Quelqu’un a lu le Quinconce ? Cela a l’air terrible aussi.
Références
Trahisons de Charles PALLISER – traduit de l’anglais par Éric Chédaille (Phébus, 1996)
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