Quatrième de couverture
Le vieil oncle Petros qui vit dans une petite maison près d’Athènes est-il un des grands ratés de la science ou le Prométhée de la théorie des nombres ? Lorsqu’il meurt, il fait don à son neveu préféré de sa bibliothèque de livres scientifiques. Celui-ci raconte alors quelles ont été ses relations avec cet homme peu commun et quel a été son destin.
Une conjecture mathématique irrésolue depuis deux siècles, un oncle mathématicien rendu fou par la recherche de la solution, un neveu qui enquête, avec ce polar des nombres premiers, Apostolos Doxiadis a réussi un roman parfaitement original et attachant, salué par les communautés mathématiques et littéraires anglo-saxons comme un exploit qui force l’admiration de deux mondes peu habitués à se rencontrer.
Mon avis
Ce livre aborde, avec beaucoup de réussite, les thèmes que le livre de Claudine Monteil ne faisait que survoler. Je précise au passage que Apostolos Doxiadis est mathématicien de formation.
On rencontre un homme, un génie, le fameux oncle Petros, qui s’est consacré toute sa vie au mathématique. Futur héritier d’une grande fortune en Grèce et normalement destiné à la gérer, son père acceptera de le faire former par Carathéodory, en Allemagne (parce qu il était grec), après avoir reconnu le génie de son fils. Il rencontre alors une femme avec qui il vit six mois torrides mais elle se marie avec un autre. Il décide alors de la reconquérir en devenant le plus grand mathématicien du monde. Pour l’instant, il fait sa thèse sur un problème d’équations différentielles (qui trouvera son application durant la Première Guerre Mondiale). Ce sont des mathématiques appliquées. Malgré le grand renom que lui doit sa découverte, il la comparera tout au plus à des comptes d’apothicaire.
Il reçoit peu après une bourse pour aller à Cambridge travailler avec Littlewood, Hardy et Ramanujan (mathématiciens dont Keisha nous a parlé ici). Commence alors le début d’une période très prolifique mais aussi le début de la fin car il va décider de se consacrer à la théorie des nombres et surtout à la conjecture de Goldbach.
La conjecture de Goldbach (dont parle aussi Le théorème du perroquet) c’est cette phrase si simple que personne n’a jamais réussi à démontrer : « Tout nombre pair supérieur à 2 est la somme de deux nombres premiers ».
À partir de là, il va s’isoler (dans une université allemande) pour travailler sur ses recherches. Il obtiendra plusieurs résultats intermédiaires qu’il ne publiera pas à temps (d’autres l’auront devancer alors qu’il les avait trouvé avant mais ne s’était pas tenu au courant). La question qui se pose alors c’est jusqu’où doit-on aller pour démontrer une conjecture qui devient une obsession ? La réponse que retiendra Petros lui sera inspirée Kurt Gödel (avec son théorème de l’incomplétude) et Alan Turing.
Le livre parle de la différence entre mathématiques appliquées et mathématiques fondamentales : l’une est dans le monde de tous les jours alors que l’autre est dans un autre monde, un monde « poétique ». L’auteur va même jusqu’à comparer le mathématicien a un poète, a un artiste car il se créé un monde, ses propres images pour pouvoir prouver des théorèmes. C’est d’ailleurs ce que dit Alain Connes, médaille Fields, dans cette vidéo.
L’auteur parle de comment faire de la recherche (travailler sur son problème, ne pas forcément se laisser obséder, reste en contact avec ses collègues, avec ce qui se fait). Il fait aussi que sur le sort d’un mathématicien, sur comment il peut s’en sortir dans ce monde (sur six, seuls deux on eu une vie normale dans le livre, les autres ont été atteint de folie ou se sont suicidés).
Tout cela est fait dans une langue fluide, sans trop de mathématiques (genre deux pages du livre) et aussi avec beaucoup d’humour.
Je trouve que c’est un très bon livre, intéressant à lire pour toutes les raisons ci-dessus.
Références
Oncle Petros et la conjecture de Goldbach de Apostolos DOXIADIS – traduit de l’anglais par ? (Points Seuil, 2002)
Laisser un commentaire