Cela fait un mois que j’ai lu ce livre sur ma tablette. Je l’ai beaucoup aimé mais je pense que cela tient plutôt au propos qu’au roman.
Le titre fait référence à la phrase qu’on a tous déjà entendu : « tu ne te rends pas compte la chance que tu as d’avoir ce travail. Par les temps qui courent, des millions de gens voudraient avoir ta chance ». Comme je vous l’avais déjà dit dans un précédent billet, je trouve que la rentrée littéraire est très sociale, tournée vers l’analyse de notre société … et s’intéresse donc forcément au monde du travail. J’ai noté aussi Parle-moi du sous-sol de Clotilde Coquet (chez Fayard).
On suit dans ce livre un jeune homme, accompagné par deux personnes qu’ils supposent être ses parents, dans un hôtel isolé, où il doit prendre un poste de serveur. Il sera logé, blanchi, nourri. La dernière recommandation des deux adultes est de ne surtout pas oublier de signer son contrat.
Il n’en aura pas le temps. Dès qu’il arrive, il est pris à partie par sa chef d’équipe qui lui somme de commencer à travailler. Il commence à découvrir son nouvel environnement de travail. Il devra travailler beaucoup, se taire encore plus, ne pas rechigner à la tâche, loger avec ses collègues qui ont pris le pli d’obéir pour ne pas se faire mal voir de la chef d’équipe. Désespéré, le nouvel employé, dont on ne donne pas le nom, en viendra à donner des faveurs sexuelles au cuisinier pour avoir un peu de répit et surtout d’affection. Il essaie de se faire le moins remarqué possible mais bientôt il se verra mettre une muselière pour l’empêcher de parler. La fin fait très peur en ce qui concerne la condition humaine.
J’ai trouvé que ce livre faisait froid dans le dos. Il est écrit sous la forme d’un conte. On ne peut pas croire que cela se passe dans notre monde mais on ne peut pas s’empêcher de faire le rapprochement avec ce qui se passe dans notre monde. On rit jaune aux situations cocasses et on ressent un certain étouffement. Cela vient du fait que le propos du texte est seulement sous-entendu légèrement. L’auteur nous explique en long et en large ce qu’est ou ce que peut devenir prochainement le monde du travail : un monde où le travailleur est déshumanisé, robotisé et doit être (ré)éduqué s’il ne veut (ou peut) pas rentrer dans le moule, un monde où l’effet de groupe est omniprésent et où donc aucune amélioration n’est possible puisqu’il faut faire plaisir au supérieur, qui a toujours raison. Déjà, ce discours est glaçant.
J’ai trouvé que le personnage était complètement vide au niveau des sentiments ou de la réflexion (cela reste à un niveau très superficiel). Il nous est plutôt accessible par ses sensations. J’ai trouvé que le stratagème de l’auteur était démoniaque car en plus, de nous décrire un marché du travail abominable, il nous raconte notre devenir personnel. Si je voulais synthétisé, je dirais que l’homme devient une sorte de petite chose qui a toujours peur de ne pas bien faire. Cela annihile toutes ses capacités de réflexion et rébellion.
C’est donc une fable bien noire que nous dépeint Denis Michelis pour son premier roman.
Références
La chance que tu as de Denis MICHELIS (Stock / La forêt, 2014)
P.S. : Lewerentz m’a fait remarqué que cela faisait longtemps que je ne vous avais pas publié de billet. Je donne un petit peu de mes nouvelles donc. Je lis toujours et j’ai donc quelques avis en préparation. Cependant j’ai surtout lu des essais (philosophie, politique) et des ouvrages de développement personnel (si vous êtes intéressés par le mind-mapping ou la méthode GTD, je peux vous faire quand même une bibliographie sommaire). Pour le premier type d’ouvrage, je fais rarement d’avis dessus car je trouve que la manière qu’on a de les lire est encore plus sujette à sa sensibilité politique, à son histoire personnelle, à sa culture. C’est, pour moi, des livres dont l’apport et l’interprétation sont trop dépendant de la personne qui les lit. Je ne pourrai donc en parler que sur ce que moi j’y ai vu, sans pour autant vous apporter une information intéressante. J’ai lu, en plus, beaucoup de petites lectures simplifiées en allemand (pareil, si vous voulez des avis sur la série des Patrick Reich, paru chez Cornelsen, je peux faire aussi).
Cependant, deux nouveautés pour moi. Je me suis achetée sur A little market deux très jolies pochettes pour livres (de poche et grand format). Au début, je voulais les faire mais je n’ai pas trouvé de jolis patrons sur internet (je suis incapable d’inventer cela moi-même) donc j’ai acheté celles qui me plaisaient et comme cela, quand elles seront abîmées, je pourrais en faire moi-même puisque j’aurais les dimensions et un exemple. Hier je me suis achetée une grande liseuse (la nouvelle Inkpad de pocketbook). Je me suis fait plaisir et j’assume. Elle fait 8 pouces au lieu de 6 (je n’ai pas un physique a aimé les petits objets, je pense) et surtout elle a l’éclairage pour lire dans le noir (je l’avais sur la couverture avec le sony mais quand je l’utilisais dans le noir, je n’arrivais pas à m’endormir après car j’avais des flashs dans les yeux). J’ai testé aujourd’hui. Je me suis réveillée à 3h40. J’ai mis la musique pendant une heure je n’arrivais pas à me rendormir. Je suis montée faire un truc à l’ordinateur puis j’ai redescendu ma liseuse (que j’avais laissée en haut, bien sûr). Je l’ai allumé et j’ai commencé à lire. Je me suis détendue tout de suite. J’ai fermé le livre pour pouvoir fermer mes yeux à 5h33. Sauf que le problème est que je me lève tous les jours de semaine à 5h40. Donc cela ne m’a pas aidé à me reposer.
Sinon pour parler livres, j’ai en cours de lecture :
- Œuvres vives de Linda Lê (sur la tablette et la liseuse). J’ai découvert ce livre dans l’émission de Christophe Ono-dit-Biot sur France culture et c’est très étrange car maintenant, je crois que l’auteure a écrit en pensant à lui. J’entends sa voix dans ce livre; C’est une expérience de lecture très étrange.
- Le tabac Tresniek de Robert Seethaler (à la maison)
- The story life of A.J. Fikry de Gabrielle Zevin (à la maison)
- Sous la peau de Michel Faber (dans ma petite pochette Livre de poche, pour le RER). J’adore ce livre : il est original, prenant et très bien écrit. Je n’ai pas lu La Rose Pourpre et le Lys par contre.
- Tödlicher Irrtum de Volker Borbein (une aventure de Patrick Reich bien sûr, sur la tablette, pour le train)
Je regarde Game of Thrones sur la trajet du retour du RER. Tout cela pour dire que je continue à être là, mais j’ai envie de faire trop de choses. Ma vie est plus longue que le billet sur le livre …
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