Madame Rebernak habite une petite ville en province avec ses deux enfants, et ce depuis le décès de son mari. Son fils va rentrer à la rentrée à l’Université et en attendant travaille à la station essence pour se faire de l’argent de poche. Il est le narrateur du livre, à la fois intérieur à l’histoire et extérieur puisqu’il voit des choses qui en réalité ne lui sont pas accessibles. La fille de Madame Rebernak, Clémence, a dix-sept ans, prépare son bac français, sort avec le fils du notaire. Elle a son âge et se débat pour ne pas être gênée par le côté sur-protecteur de sa mère.
La vie calme de Madame Rebernak va être bouleversée par l’arrivée de son cousin, Freddy. Celui-ci vient de purger 15 ans de prison pour avoir violé une petite fille de la classe de Clémence. Forcément, Madame Rebernak se fait du souci pour Clémence car elle pense que Freddy représente un danger pour elle. Avec l’avancée de la narration, pourtant, on observe un déplacement du danger.
J’ai bien aimé ce livre pour plusieurs raisons :
- La description surannée de la vie en province dont notamment l’importance démesurée du notable dans la vie de la famille Rebernak. Par exemple, il peut faire licencier la mère comme il l’a fait embaucher. Autre exemple : on ne peut que lui faire confiance, dans ses jugements notamment.
- La distillation progressive des indices. Dans mon résumé, j’ai dit ce qu’avait Freddy mais avant de rentrer dans le livre, on ne sait rien. Tout arrive progressivement : Freddy revient ; il sort de prison ; Madame Rebernak est réticente à aider à sa réhabilitation ; elle veut empêcher qu’il approche sa maison ; elle va à la police ; il faut penser à la petite Sonia et on en arrive enfin à la révélation.
- Le fameux déplacement du danger dont j’ai parlé. Pour moi, c’est le point fort du livre. Je n’ai pas compris à quel moment cela arrive ; c’est imperceptible ! Je crois que cela vient du fait que dans la première partie, Yves Ravey met la pression sur son lecteur en lui donnant l’impression d’un danger imminent, il est alors difficile de déplacer son attention sur une autre source de danger que celle désignée. Le livre présente donc un côté thriller qui en fait son charme.
Le livre a en apparence une langue très simple, très centrée sur l’action. Pourtant, l’auteur arrive à faire vivre son exte, notamment les sentiments de ses personnages, en faisant varier le rythme des phrases, des dialogues, en ne donnant aussi les informations qu’au détour de phrases, obligeant son lecteur à être attentif (d’un côté, le livre ne fait que 100 pages). Comme toujours aux Éditions de Minuit, on admire la maîtrise dans la brièveté !
L’excellent billet de Mobylivres.
Références
Un notaire peu ordinaire de Yves RAVEY (Les Éditions de Minuit, 2013)
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