La passagère de Perla Suez

Quatrième de couverture

Dans la grande maison où l’amiral vient de mourir, le silence est tombé, lourd, pesant, comme l’atmosphère de ces années de dictature militaire en Argentine. Pour Tánsito, la vieille bonne, au service depuis toujours de cette classe dominante complice de la terreur, l’heure des comptes a sonné. Tout paraît en ordre, mais tout a changé : l’occasion, enfin, de partir, de rentrer chez elle, dans le Delta.

Tránsito vit dans un monde intérieur et, par le monologue, Perla Suez nous plonge dans son esprit : cinquante années de service, la fatigue, le rapport ambigu aux maîtres, les rancœurs accumulés et, surtout, sa quête d’identité. Une lente prise de conscience plus efficace que l’évocation directe des morts, des disparus, des plaies encore ouvertes en Argentine.

Perla Suez est née en 1947 dans la province de Córdoba, a grandi à Entre Ríos, au bord des rivières Paraná et Uruguay, dans le fameux delta argentin, décor du roman. Auteur prolifique, tant pour enfants que pour adultes, elle a reçu de nombreuses bourses et distinctions, en Argentine comme à l’étranger.

Mon avis

J’ai découvert ce livre à la librairie. Il m’a attiré car je ne connaissais pas cette maison d’édition (maintenant, je l’ai découverte et je l’aime beaucoup).

L’histoire est exactement celle de la couverture. Ce qui est intéressant, à mon avis, dans ce livre, c’est l’évolution du point de vue du lecteur ainsi que la manière dont l’histoire est raconter.

On commence l’histoire avec la vieille servante et uniquement à partir de son point de vue à elle. On suit son monologue intérieur après qu’elle ait étouffé avec un oreiller sa vieille maîtresse, le jour de l’enterrement du maître. On se dit rapidement qu’elle a bien eu raison vu qu’elle avait l’air d’avoir martyrisé son mari malade, qu’elle ne s’en est pas vraiment occupé, qu’elle s’est reposée sur sa servante mais qu’elle s’est fait plaindre. On voit que la servante a un fort caractère (elle s’est occupé de sa sœur après le décès de leurs parents), qu’elle a été tentée plusieurs fois de répondre. Puis apparaît dans l’histoire deux autres personnages : la sœur de Tránsito qui travaille dans la maison comme cuisinière et le chauffeur / homme à tout faire (qui est l’amant de la cuisinière accessoirement). On comprend alors que tout n’est pas si simple, entre autre l’histoire familiale mais aussi le comportement de Tránsito avec sa patronne. Visiblement, la vieille servante s’est un peu perdue en route, comme si sa vie s’était arrêtée en arrivant si jeune dans cette maison.

L’histoire est racontée en utilisant des scènes d’une page. Cela rend le livre assez rapide et donne une impression de théâtre car les décors semblent immuables (ils n’ont pas bougé depuis des années) mais on ne suit pas les relations entre les personnages à travers la parole mais plutôt à travers leurs pensées. Il y a des dialogues parfois mais ils sont un peu comme dans Les vestiges du jour (le film car je n’ai pas encore lu le livre), plein de sous-entendus. Ces sous-entendu sont expliqués par les monologues intérieurs de tous les personnages.

En conclusion, une lecture intéressante, une découverte d’un nouvel auteur et d’une nouvelle maison d’édition qui semble être à suivre.

Références

La Passagère de Perla SUEZ – roman traduit de l’espagnol (Argentine) par Mathias de Breyne (Rouge Inside, 2012)


Publié

dans

,

par

Étiquettes :

Commentaires

Une réponse à “La passagère de Perla Suez”

  1. […] Perla Suez, Liliana Bodok, Inès Garland, Pablo de Santis (écrivains argentins) et Timothée de […]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.