J’ai découvert cette petite nouvelle à Gibert Joseph, sur la table des petits éditeurs.
S63 est paru dans une coédition entre le Musée des Confluences et les éditions Invenit. C’est un ouvrage de la collection Récits d’objets. Les collections du Musée des Confluences « constituent, par leur diversité, un véritable cabinet de curiosités du XXIe siècle ». Les objets sont « de toutes matières, de toutes provenances, issus de la nuit des temps comme du monde contemporain, ces objets sollicitent l’imaginaire ». Le Musée a décidé de convier des écrivains à mettre en scène ces objets. Ici, c’est le téléphone S63, téléphone que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, puisque datant de 1963. Photos ?! On avait le même dans notre cave, quand j’étais petite.
Le narrateur de cette nouvelle est chroniqueur d’art dans un magazine féminin ; « il n’y a pas de sot métier » d’après lui. Il a une passion cachée : se faire un cabinet de curiosités dans son garage avec toutes les « mer… » qu’il trouve en brocante (sa femme n’en veut pas dans la maison). Un jour, en Bretagne, il achète un tableau pour vingt euros, qui pourrait avoir beaucoup plus de valeur, daté du XVIIIe siècle et avoir été peint par un peintre d’école flamande ou hollandaise (vous savez, ceux qui peignaient des intérieurs). C’est son voisin, spécialiste de la restauration d’œuvre d’art qui lui confirme cette impression après l’avoir nettoyé un peu et qui lui propose de le confier à un vrai spécialiste pour lui faire toute sorte d’analyses. Ils découvrent que le tableau a deux « sur-couches » dont une particulièrement épaisse. Le narrateur décide d’écarter les deux autres et de se débrouiller seul pour les gratter. Il étudie puis le réalise et découvre sous la couche la plus épaisse un téléphone S63 (celui de la photo, qui date de 1963). Cela sent un peu l’arnaque. Il décide donc de chercher le peintre (dans quelle époque vivait-il ???) et d’autres toiles. Il en trouve d’autres en effet, mais où il voit un hélicoptère et une ambulance alors que c’est tout à fait impossible.
Plusieurs pistes se présentent au lecteur et au narrateur : la folie des autres, qui ne voient pas la même chose que lui, sa folie, qui lui fait voir ce qu’il veut voir, le paranormal, la prescience …
C’est toutes ces pistes que va explorer l’auteur au cours de cette petite nouvelle, absolument pas policière. Le narrateur est un personnage sympathique au lecteur (pas forcément pour sa femme) car il a l’ironie amusante et que toute l’histoire est écrite avec ce style. On a un peu du mal du coup à croire qu’il est inquiet ou fou à un quelconque moment. Il a trop de détachement pour cela. C’est une nouvelle sympathique pour se détendre. Le dénouement est par contre extrêmement bien trouvé et inattendu, ce que j’apprécie particulièrement pour une nouvelle.
Références
S63 de Jean-Bernard POUY (Musée des Confluences / Éditions invenit, 2015)
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