Dans ce roman, un homme nous parle de la perception qu’il a de sa vie. Vu de l’extérieur, il a tout ce dont peut rêver un homme : un appartement, un travail de free-lance en architecture, une copine … Vu de l’intérieur, c’est aussi le cas. L’homme est très intelligent. Il analyse finement ses relations aux autres : est-il très attaché ? qu’attend-t-il de ses amis ? des femmes ? de sa copine ? L’homme peut sembler très froid au premier abord (on a un peu l’impression de lire le roman d’un homme qui souffre de la solitude mais qui l’ignore), pourtant il semble très lucide sur sa vie. Il ne veut pas d’enfant et sa copine ne lui plaît qu’à moitié mais il a besoin d’une femme et des femmes en général. Il focalise sur son besoin de sexe et de poitrines féminines. Il entretient des relations vagues d’amitié avec un architecte travaillant dans un cabinet qui l’emploie le plus souvent. C’est intéressé bien évidemment.
Le roman s’ouvre sur le décès de son ami. Il se met à fantasmer sur la veuve et alors on se rend compte que finalement l’homme n’est que posture. Il analyse très clairement ses sentiments mais les faits lui donnent tort. Il ne choisit rien mais subit tout : il subit sa relation avec la veuve, il subit sa mise en prison pour un acte de délinquance qu’il commet sans vraiment s’en rendre compte.
Si je devais résumer le roman, je dirais que c’est le roman de l’impression que l’on se fait à soi-même. On croit pouvoir influer sur sa vie mais cela reste la plupart du temps impossible ; on se rend rarement compte qu’on la subit.
C’est le premier roman que je lis de cet auteur allemand et je suis très séduite par l’écriture. Pour raconter un peu ma vie (pour changer), je suis en train de lire un pavé de SF et clairement, je suis emportée par l’histoire (l’auteur fait un travail de construction d’univers assez impressionnant) mais l’écriture me déçoit car elle me semble trop descriptive, trop simple. J’aurais vu la même histoire au cinéma, je n’aurais pas trouvé à y redire. Ici, ce n’est pas le cas. Dès les premières lignes, on comprend à qui on a à faire, on situe le personnage sans que pour autant l’auteur nous le décrive. Il arrive à faire passer des non-dits (ce que l’auteur de l’autre livre n’arrive pas à faire). Ici, il y a une partie du travail qui reste à faire par le lecteur. Je le lis souvent mais j’aime bien cette idée : la littérature, c’est un dialogue entre l’auteur et le lecteur. Ici, c’est ce qui se passe !
Références
Une petite lumière dans le frigo de Wilhelm GENAZINO – traduit de l’allemand par Anne Weber (Christian Bourgois, 2012)
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