Présentation de l’éditeur
Le grand scientifique Kurt Gödel est misérablement décédé, à Princeton, en 1978. Sa veuve et ses collègues venus assister à la veillée funèbre évoquent leurs souvenirs de ce scientifique atypique qui, ces dernières années, leur a donné du fil à retordre. Kurt Gödel, ou plutôt son esprit, est présent lui aussi, pour revivre les événements de sa vie, spectateur éthéré de son évolution.
Mon avis
J’ai découvert la parution de ce livre dans le dernier Books. Mon cœur n’a fait qu’un bon quand j’ai lu le nom de Kurt Gödel parce que bon, Kurt Gödel !
Kurt Gödel est un extrêmement célèbre mathématicien. Il a posé des bases très solides pour la logique. Il a notamment démontré que dans tout système mathématique il y a des vérités qu’on ne peut pas démontrer. Un système mathématique est donc toujours incomplet. Le Wikipédia en anglais est très complet sur le sujet.
Cependant, comme Daniel Kehlmann le fait dire à un de ses personnages dans la pièce, ceux qui pratiquent la logique en tant que discipline mathématique perdent très souvent la tête. Toute la pièce se passe à l’université de Princeton (à l’Institut for Advanced Study où il y avait von Neumann, Einstein, Turing … ). Gödel, en vieillissant, a tourné paranoïaque (il ne sortait pratiquement plus de chez lui) et a entre autre pensé qu’il y avait un complot pour empoisonner sa nourriture. Il est d’ailleurs mort de faim (d’après Wikipédia, il ne pesait plus que trente kilos à la fin de sa vie). Daniel Kehlmann nous fait vivre ces derniers moments. D’après l’auteur, Gödel s’est un jour disputé avec sa femme. Celle-ci est parti en claquant la porte, s’est fait renversé par une voiture. Bilan : remplacement de la hanche et donc hospitalisation. Problème : elle faisait à manger et goûtait la nourriture pour Gödel. Bilan : un mathématicien mort.
La pièce s’ouvre sur l’enterrement du mathématicien où chacun se remémore les souvenirs (plus cocasses) qu’il a avec le mathématicien. Gödel est présent car son esprit n’est pas encore mort (logique, non ?) À l’aide de flash-blacks, l’auteur va nous faire revivre les moments de la vie de Gödel : l’enfance en Autriche (qu’il a du fuir car tout le monde le croyait juif), la rencontre avec sa femme (qui était déjà mariée et était danseuse), la maman de Gödel, l’émigration, la demande de nationalité américaine.
Ce que j’ai aimé dans la pièce, outre ce que j’ai appris, c’est le ton adopté puisque Daniel Kehlmann utilise comme « narrateur » (dans le sens moteur de l’avancée de la pièce) plusieurs Gödel : le vrai, l’alter-ego, l’enfant et à plusieurs reprises, l’auteur utilise la folie (et les voix qu’entendaient le mathématicien) pour établir une discussion ou une réflexion ou même pour mieux nous comprendre la vie de son personnage. C’est le fait de jouer sur cette folie qui rend le texte vivant, plus léger aussi.
Un petit bémol pour l’édition cependant : le titre original de la pièce ? quand a-t-elle été joué la première fois ? Cela aurait pu être sympa de le mettre dans le livre.
Références
Les Esprits de Princeton de Daniel KEHLMANN – traduction de Juliette Aubert (Actes Sud – Papiers, 2012)
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