Livre lu également par Laure et par Ys.
Quatrième de couverture
Une comtesse charge un homme de cataloguer la bibliothèque de son château.
Cet homme traverse les nuits et les jours du domaine, franchit les apparences, lit tous les livres, même ceux qui ne sont pas écrits et dont il invente l’intrigue, à mesure qu’il découvre que les morts ne sont pas morts, ni les fantômes ceux qu’on croyait, ni les vérités celles qu’on admettait.
En fin de compte, c’est de la littérature elle-même qu’il s’agit, et à laquelle il est rendu ici le plus beau des hommages.
Mon avis
Ce livre est magnifique pour plein de raisons. J’avais lu le précédent ouvrage de l’auteur Bibliothèques de nuit. Je l’avais acheté pour le titre et du coup, je n’avais rien compris car je m’étais fait une idée qui ne correspondait pas à ce qu’il y avait dans le livre. J’avais passé toute ma lecture à me demander quand est-ce que ce que je cherchais apparaîtrait. Du coup, j’ai envie de le relire maintenant car avec ce roman Thierry Laget m’a définitivement conquise.
L’histoire est très intéressante car on ne sait jamais où est la vérité. On y croit, même si cela ressemble à un conte de fées inversé, au monsieur qui est devenu riche en une nuit, qui a fait plein de voyage pour dépenser son argent et qui se retrouve à classer la bibliothèque d’une comtesse. Mais le roman semble après être mouvant, on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Cela commence par le château en lui-même qui décolle du sol, des fantômes, des ombres et lumière qui reste allumer tout le temps (la lumière du lecteur qui veille). Les personnages semblent aussi mouvant, ne pas savoir comment ils doivent agir. D’une minute à l’autre, ils deviennent contradictoires. L’âge du narrateur semble aussi mouvant. Il est un coup vieux comme la Comtesse puis il arrive à séduire (ou pense avoir séduit) plein de jeunettes.
Le style est beau, juste beau. Il donne une impression d’une désuétude, de s’être installé hors du temps. Quand tout à coup on nous parle subprimes, on se désenchante en ce demandant où on est. Un premier exemple quand le narrateur observe la galerie de portrait de la propriétaire du château :
Sans doute, pour des gens tels que moi, qui n’ont pas d’ancêtres et ne se sont illustrés en rien, le miroir est le moins fidèle des portraits : mais c’est un imposteur qui prend votre personne et l’aplatit, la rend aussi inconsistante qu’un rai de lumière, et il ne peut se prévaloir de la signature de l’artiste pour donner quelque prix au tableau. (p. 40)
Dix lignes sur un taille-crayon (où est-ce que l’on peut trouver cela dans un autre roman contemporain) :
J’essayais de recouvrer mes esprits, de me concentrer sur une réalité plus concrète, moins soupçonneuse, d’élire par exemple pour sujet de mes observations ce taille-crayon, semblable à ceux que les écoliers fourraient autrefois dans leur trousse, parallélépipède rectangle d’acier brossé ou guilloché sur le corps duquel une lame inclinée est maintenue par une vis au bord d’un orifice tronconique muni d’une encoche prévue pour évacuer les résidus, sciure et graphite, instrument d’une rusticité, d’une simplicité d’usage, d’une perfection telles et se logeant dans la main d’un poids si amical qu’on est tenté d’y débiter tous les crayons de couleur de la boîte, pour le plaisir de voir se dérouler sans fin ce copeau de bois d’ancien volumen. (p. 246)
Mon seul regret est que je pense que plein de références m’ont échappé par mon manque de culture littéraire.
Références
La lanterne d’Aristote de Thierry LAGET (Gallimard, 2011)
P.S. La lanterne d’Aristote est l’appareil masticateur (la bouche) de l’oursin.
P.P.S. Une petite vidéo, de chez Mollat, pour la route (moi aussi, je veux vivre dans une bibliothèque de château) :
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