Quatrième de couverture
Dansle New-York des années 20, Nevermore commence avec la découverte macabre d’un double meurtre particulièrement horrible dans le quartier de Hell’s Kitchen. La police patauge jusqu’à ce que, de crime en crime, une évidence s’impose : le meurtrier met chaque fois en scène une nouvelle d’Edgar Poe.
Il ne faudra rien de moins que les efforts conjugués de Houdini et de Sir Arthur Conan Doyle pourvenir à bout du mystère.
La vraie histoire entre Houdini et Conan Doyle
Vous vous demander sûrement comment Houdini, le magicien et roi de l’évasion américain (d’origine hongrois : je vous le dis parce que je ne le savais pas) et Conan Doyle, l’écrivain britannique ont pu se connaître et surtout comment ils ont pu être amis alors que l’un faisait du prosélitisme pour le spiritisme (Doyle) et l’autre était un fervent détracteur de ce même spiristisme qu’il assimilait plutôt à du charlatanisme (que de mot en isme !). Il y a une célèbre annecdote à ce sujet. Conan Doyle aurait organisé une séance avec Houdini pour que celui-ci parle avec sa chère mère disparue. Quand elle est enfin « apparue », elle a fait le signe de croix. Houdini en a été offusqué parce que sa mère était juive ! Conan Doyle lui répond qu’elle s’est convertie dans l’au-delà.
J’ai fonc fait quelques recherches (qui se sont résumées à la lecture de ma bio de Doyle mais pour ma défense elle est en anglais) pour vous en dire plus à propos de cette étrange amitié (il y a même un livre sur le sujet) qui leur permet de résoudre des énigmes en tout cas fictivement !
Ils font connaissance quand Houdini envoie à Doyle, en mars 1920, son livre The Unmasking of Robert Houdin (1908). Dans ce livre, censé rendre homage à Robert Houdin, rénovateur de la magie, et faire une petite histoire de cet art, mais qui en vient à parler spiritisme à propos des frères Davenport qui ont réussi à reproduire les résultats des spirites convaincus. Doyle répond à Houdini que d’après lui, les frères Davenport et même Houdini ont en réalité des talnts pour le spiritisme! il faut savoir qu’au départ Houdini a écrit à Doyle en pensait que ça ferait bien sur son CV de connaître le père de Sherlock Holmes. Il est donc estomaqué de la réponse du sir britannique mais il poursuit cependant la correspondance. Un peu plus tard dans l’année, les deux hommes se rencontrent car Houdini vient se produire en Angleterre. À cette occassion, Doyle lui fait faire plein de séances spirites mais Houdini n’est pas du tout convaincu ! Il retourne aux États-Unis au mois de juillet. Ils se revoient une deuxième fois quand Doyle débarque le 9 avril 1922 avec trois de ses enfants et sa femme Jean pour faire une tournée expliquant le spiritisme en Amérique. C’est pendant ce voyage que se situe l’action du roman ! Houdini invite Doyle chez lui le 10 mai. Le britannique est surpris de voir le nombre de livres dans la bibliothèque du magicien qui concerne le spiritisme (pour combattre une idée, mieux vaut la connaître à fond, c’est élementaire mon cher Doyle !). Ce même soir, Houdini tente de prouver à l’auteur que la plupart des spirites sont des magiciens ou des illusionnistes. Il lui fait un tour plus qu’exceptionnel (vous devez lire le livre pour savoir lequel : je ne me sens pas de le décrire vu que je n’ai pas compris). Doyle est bluffé (comme le lecteur) mais remet sur le tapis que Houdini a sûrement des dons spirites ! Le 2 juin, Houdini invite Doyle au banquet annuel de la société des magiciens américains à l’hôtel McAlpin de New York (il y aussi un passage sur ce banquet mais il ne s’y passe pas du tout la même chose). Au début Doyle refuse parce qu’il ne veut pas qu’on se moque de lui. Pour le convaincre, Houdini lui permet de faire un discours à la fin du banquet. Doyle remercie les magiciens d’aider à convaincre les faux spirites mais les enjoit de ne pas juger ce qu’ils ne comprennent pas. Plus tard, Doyle invite Houdini et sa femme Bess à Atlantic City. C’est au cours de ce séjour que se déroule la fameuse séance dont j’ai parlé plutôt (très bien décrite dans Nevermore). Les deux hommes restent cependant amis car Houdini ne dit pas sa véritable opinion. Il la dira en octobre 1922 (après le départ de Doyle des États-Unis ; ce n’est pas tout à fait ce qui se passe dans Nevermore) : après 25 ans de recherches, « he had never seen or heard anything that could convince me that there is a possibility of communications with the loved ones who had gone beyond ». Dès lors, leur lien se distend quelque peu, chacun restant sur ses positions…
Mon avis
C’est un roman policier assez sympathique à lire. On devine facilement le coupable (parce qu’il y a un seul « méchant » et une médium bizarre). La principale originalité du livre est de nous faire connaître cette étrange amitié entre Houdini (j’ai trouvé Houdini un peu trop fier de sa personne) et Doyle. On le voit bien ci-dessus : l’auteur a fait des recherches et a su mêler habilement faits rééls et fictions en s’arrangeant avec la réalité pour que ça colle mieux avec son histoire. Il ne s’en cache d’ailleurs pas dans la préface. En cela, c’est diférent des livres du même type (où on fait intervenir des personnages historiques) où en général on brode sur les personnages secondaires et on exploite le manque d’informations (ou le doute) sur une période donnée.
Pour ce qui nous intéresse ici, Poe apparaît à Doyle comme un spectre l’aidant à résoudre l’énigme. Les meurtres sont aussi commis selon les nouvelles de Poe : il y a deux nouvelles de Dupin (Marie Roget et Rue Morgue), Le Chat noir (je n’aimerai pas mourir comme ça…), Le puits et le pendule, La mort rouge, Hop Frog, Les six orangs-outans, La caisse oblongue et une que je n’ai pas réussi à identifier (une femme morte avec un pic à glace dans le coeur et un corbeau sur la tête). Je n’ai encore pas lu grand chose de Poe ; vous reconnaîterez donc sûrement mieux que moi !
En conclusion, un bon roman (mais pas un grand roman) policier. Sympathique pour une lecture de vacances.
En répondant aux commentaires de MADmoiselle (qui est une connaisseuse de Poe), j’ai cherché des listes de romans ou Poe apparaissaient. J’en ai trouvé deux : une sur wikipedia et une sur Alibis. Pour ceux que ça inttéresse !
Références
Nevermore de William HJORTSBERG – traduit de l’américain par Philippe Rouard (Folio policier, 2000)
Conan Doyle – the man who created Sherlock Holmes de Andrew LYCETT (Phoenix, 2007)
Final séance : the strange friendship between Houdini and Conan Doyle de Massimo POLIDORI (Proetheuse Books, 2001)
Laisser un commentaire