Je n’ai jamais fait de bilan sur le blog car je trouve que finalement, c’est assez personnel et qu’il y a peu de chances que cela intéresse quelqu’un. Pourtant, cette année, je me dis qu’il faut faire quelque chose car je n’ai pas fait beaucoup de billets cette année.
L’année 2017 n’a pas été extraordinaire (exactement comme 2016, en fait). Il y a eu plus de petites déceptions que de petits bonheurs, pas eu de choses extraordinaires (à part une nouvelle carte graphique pour aller plus vite quand je programme en CUDA … bisous papa) mais pas eu de malheurs (et là, je ne m’en plains pas).
Les blogs et BookTube ont fait partie des petites déceptions parce que je me suis rendue compte que finalement, pour certain(e)s, je ne lisais ou ne regardais plus de simples lectrices. Je n’aurais jamais pensé qu’on puisse être payé pour faire des vidéos ou des articles pour parler d’un livre qu’on a lu. Je n’ai jamais pensé qu’en tenant un blog, on devait sauver le monde de l’édition, en changeant la manière dont on lit. Pour moi, cela reste un loisir, et donc un monde de choix, et pas mon métier. Que le monde de l’édition se sauve tout seul, na ! Je suis donc tombée de haut. Je suis quelqu’un de très naïf ; pour moi, tout le monde est parfait, jusqu’à ce que je découvre que non, finalement, et là ma déception est à la hauteur de mon engouement, en valeur absolue (bien sûr). Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. C’est une de mes résolutions de 2018 : me recentrer sur les blogs dont j’arrive à comprendre les choix de lecture.
Depuis novembre, j’ai changé de journal de lectures, c’est là où je référence toutes mes lectures, pas là où j’écris ce que je pense au cours de ma lecture (ça je ne fais, je me contente de post-it ou de notes rapides). Je ne prends plus un journal préformaté car au bout de cinq ans, je me suis rendue compte que je ne peux pas y noter tout ce que je veux (ou alternativement, que j’ai trop de place). Je me suis inspirée des chaînes BookTube allemandes pour le décorer et pour les « rubriques », avec la contrainte de place en moins. J’y note donc la présentation de l’éditeur, mon avis, des citations, colle des critiques de journaux. C’est un peu un blog sur papier, mais où je peux noter la fin des livres, monologuer sur tout ce que j’ai pensé du livre au cours de ma lecture, sans me soucier des spoilers ou des commentaires que je pourrais avoir. Cela me permet une réflexion plus complète sur un livre, en fait. Le problème est qu’il y a les échanges en moins ! Ce journal de lecture me rend plus zen pour rédiger de nouveaux billets de blogs. C’est mon autre résolution 2018 : arriver à poster plus régulièrement mais surtout faire des billets, je l’espère, plus compréhensibles.
Dans tout cela, mon année 2017 de lecture a été excellente, plus que 2016 en fait. J’ai lu un certain nombre de livres, ce qui donne un certain nombre de pages. J’ai augmenté ma PAL d’un certain nombre de volumes, dépensé une certaine somme d’argent. Je pense que tout le monde se fiche des objectifs chiffrés que j’ai atteint donc passons au plus important, les livres ! J’ai continué à diversifier mes lectures (la fiction en pâtit un peu je trouve), en lisant des romans contemporains, des classiques aussi, des nouvelles, des essais, des mémoires, des livres d’histoire, des livres de vulgarisation scientifique, un peu de philosophie, beaucoup de BD, du théâtre. Pas assez de romans noirs ou policiers par contre, pas assez en VO (allemande ou anglaise). C’est les petits regrets de mon année.
Je vais essayer de vous présenter tout cela par un rituel « les meilleurs livres que j’ai lu en … ». Je ne savais pas si je voulais faire un top 5, ou un top 3 … mais en fait je voulais le faire par catégorie et pour certaines, je n’ai pas assez de livres. Donc ce sera juste ce que je retiens.
Pour les romans
Ma lecture marquante a été très clairement Stay with me de Ayobami Adebayo. C’est un premier roman d’une jeune auteure nigériane, dont le sujet principal est la pression sociale sur le couple (pas seulement sur la femme) au sujet du fait d’avoir des enfants. Le sujet en lui-même est passionnant mais l’auteur organise son récit de manière vraiment intéressante, ménage une sorte de suspens, soutenant l’attention du lecteur de bout en bout. Pour l’instant, il n’est disponible qu’en anglais (le niveau n’est pas particulièrement difficile) mais je vous le conseille vraiment.
En automne, j’ai lu un gros roman Le Cénotaphe de Newton de Dominique Pagnier. C’est l’histoire d’un homme qui découvre le passé « franco-allemand » de son père et de sa belle-mère, autrichienne. L’auteur retrace ainsi l’histoire allemande pendant les trois derniers quarts du XXème siècle (l’histoire allemande, et particulièrement l’histoire de l’Allemagne de l’Est a particulièrement marqué mes lectures cette année). L’histoire en elle-même est passionnante mais l’écriture est juste magnifique. Cela m’a un peu rappelé Pierre Cendors, ce qui n’est pas peu dire. Dominique Pagnier est l’auteur de nombreux livres, que je souhaite maintenant découvrir.
Un autre auteur découvert cette année, que je vais essayer de continuer à lire en 2018, c’est Patrick Da Silva. J’ai lu Au cirque dans le cadre du Grand Trip, mais aussi Jeanne. L’écriture était toujours aussi intense et l’histoire aussi passionnante. Je garde espoir de tenir cette résolution car deux nouveaux livres de lui sortent au Tripode en ce début d’année.
J’ai aussi continué à lire un auteur dont j’avais particulièrement aimé le premier roman traduit, Karsten Dümmel. J’ai trouvé son Temps des Immortelles encore plus magnifique que Le Dossier Robert. L’auteur y décrit la destruction systématique d’un homme par la Stasi, mais de manière extrêmement sensible. Il fait alterner les moments présents avec les souvenirs d’enfance, mettant en parallèle une anesthésie des sentiments avec des souvenirs d’odeurs, de couleurs et de moments de petits bonheurs.
Pour les nouvelles
Dans la suite logique de ces lectures, j’ai particulièrement aimé cette année les nouvelles dont le sujet principal est le contrôle de la vie privée par l’État ou d’autres institutions. Celles que je peux recommander sur ce sujet sont : Extraits des archives du district de Kenneth Bernard et Protection rapprochée de Fabien Maréchal. Les deux textes s’interrogent sur la manière dont l’États s’immisce dans nos vies privées, mais surtout sur ce que l’on est prêt à accepter. La nouvelle de Fabien Maréchal adopte un point de vue original puisqu’elle met en scène une présence policière permanente dans le pavillon d’un couple, pris alors comme annexe du commissariat.
Pour les classiques
Je vous avais parlé de mon challenge personnel pour lire des classiques cette année. J’en ai lu cinq sur douze. Je peux vous en recommander quatre : Crime et Châtiment de Dostoïevski, Anna Karenine de Tolstoï, Lolita de Nabokov et Le ventre de Paris d’Emile Zola (mon premier Zola…). Je n’ai par contre pas accroché à La Cloche de détresse de Sylvia Plath. J’ai aimé la première partie mais pas la seconde. J’ai eu du mal à comprendre la jeune fille. Au final, j’en garde surtout le souvenir d’une mauvaise traduction.
Pour le théâtre
Cela a clairement été une année Suzanne Lebeau. Je n’ai lu que deux pièces d’elle, dont je vous ai parlé sur le blog, mais j’ai déjà repéré ses autres pièces à la bibliothèque. J’espère donc continué ma découverte en 2018.
En cette fin d’année, j’ai fait deux découvertes intéressantes : une pièce de Koffi Kwahulé, L’odeur des arbres, auteur dont j’ai découvert l’existence grâce aux vidéos YouTube de la librairie Charybde, et Michelle doit-on t’en vouloir d’avoir fait un selfie à Auschwitz ? de Sylvain Levey. Je vous recommande la première pièce (mais il faut la lire à voix haute) pour l’écriture incantatoire, la mise en scène particulière mais aussi pour le thème abordé, sur la place à accorder au bien-être individuel et au bien-être commun.
La pièce de Sylvain Levey est une pièce jeunesse, comme celles de Suzanne Lebeau, mais il y a énormément à réfléchir dessus. En effet, elle aborde à la fois la mémoire des jeunes gens sur les faits historiques, mais aussi la violence sur les réseaux sociaux. Là encore, la mise en scène est audacieuse mais au plus proche de la réalité.
Pour les romans policiers
Le nombre de romans policiers lu en cette année 2017 se compte sur les doigts d’une main mais je peux en recommandé deux : Solovki de Claudio Giunta, lu sur les conseils de Lewerentz, et Stasi Child de David Young, premier enquête d’un couple d’inspecteurs de la KriPo en Allemagne de l’Est dans les années 70. L’enquête est passionnante et l’époque bien rendue, sans pour autant que cela tourne à la leçon d’histoire. Le deuxième volume de ces enquêtes est sorti en novembre, je crois ; je l’attends avec impatience à la bibliothèque.
Pour les livres d’histoire
L’année 2017 a été, pour moi, l’année Timothy Brook. Je vous ai parlé de La carte perdue de John Selden. Entre temps, j’ai aussi lu Le chapeau de Vermeer et Sous l’œil des dragons. Dans Le chapeau de Vermeer, l’auteur prend, pour chaque chapitre, un objet présent sur un tableau de Vermeer et part de cet objet pour raconter tous les pans de la naissance du commerce mondial. C’est facile à lire, érudit, instructif et passionnant, même pour le lecteur complètement novice. Sous l’oeil des dragons raconte les dynasties Yuan et Ming, sous un angle original, celui des crises climatiques. En effet, les quatre siècles que couvrent ces dynasties correspond au petit âge glaciaire européen, notre Moyen-Âge. Les événements climatiques sont interprétés comme les dragons du titre, et des chroniques de l’époque. On peut appliquer les mêmes adjectifs descriptifs à ce livre-ci.
L’ivrogne et la marchande de fleur de Nicolas Werth m’a aussi particulièrement intéressé. L’auteur décrit tout le processus « civil » de la Terreur stalinienne. J’en étais resté aux Grands Procès de Moscou. Ce livre m’a ouvert les yeux sur le processus mais aussi sur l’ampleur de l’événement dans la société soviétique de l’époque.
Pour continuer sur la thématique « histoire allemande de la deuxième moitié du XXème siècle », j’ai aussi lu Born in the GDR : Living in the Shadow of the Wall de Hester Vaizey. C’est un livre d’une intelligence extraordinaire. Il s’agit d’une enquête sociologique sur l’impact de la chute du Mur, sur la vie des jeunes ayant toujours vécu sous le régime communiste. Ce que j’ai particulièrement aimé est le respect de la parole des individus et l’échantillon choisi, comprenant tout le spectre de la société de l’époque.
Sur un sujet connexe, j’ai aussi lu Les Amnésiques de Géraldine Schwarz, une journaliste franco-allemande, ayant rédigé un essai à la fois personnel et général sur le travail de mémoire et de compréhension de ce qui avait bien pu se passer, effectué par les Allemands de l’Ouest après la Seconde Guerre Mondiale. Là encore qu’écrire à part passionnant et juste (je dis cela pour en avoir parlé avec ma prof d’allemand, native de Cologne à cette période).
Pour la vulgarisation scientifique
Pour l’histoire, cela a été Timothy Brook, pour les sciences, cela a été mon année Thibault Damour. Le CNRS est d’accord avec moi, puisqu’il lui a accordé cette année une médaille. Je vous recommande absolument tout de lui (pour faire simple). Je vous recommande tout d’abord le livre audio qui est en fait une conférence du Collège de France, Ondes gravitationnelles et Trous noirs. Cela permet de comprendre mieux que n’importe quel article de journal ce que sont les ondes gravitationnelles et l’impact de leur observation.
La BD qu’il a rédigé avec Mathieu Burniat, Le mystère du monde quantique, est une merveille de vulgarisation scientifique, alliant textes clairs et dessins pour clarifier et illustrer les concepts expliqués. Non seulement l’histoire de la physique quantique mais aussi les concepts clés de cette théorie sont évoqués.
Pour ceux qui ont une petite formation scientifique, je vous conseille de terminer par Si Einstein m’était conté… Ce n’est pas une énième biographie d’Einstein, c’est une biographie scientifique d’Einstein. L’auteur suit, de manière chronologique, les découvertes d’Einstein en expliquant en quoi ces découvertes ont été révolutionnaires. Cela le pousse à expliquer les théories mais aussi comment elles ont changé la manière de voir de l’époque. Je n’avais jamais lu cela comme cela, cela m’a permit de mieux comprendre des concepts que j’avais vu à l’Université.
Pour les BD
J’en ai lu beaucoup, beaucoup grâce à la bibliothèque. Je vais essayer de limiter mon choix.
Je vous conseille absolument tout le travail de Jean-Philippe Stassen sur le Rwanda, de l’époque du génocide à aujourd’hui. Là encore, c’est intéressant et documenté. Cela permet de mieux comprendre ce qui s’est passé et ce qui se passe aujourd’hui dans ce pays et les pays limitrophes. Les dessins servent le texte. On ne peut rien demander de plus à mon avis.
Je vous recommande aussi les deux BD de Isabel Greenberg, qui sont juste captivantes et féeriques. On retrouve totalement la magie des contes, de notre enfance (ou de notre dernière lecture). S’immerger pendant une heure dans ce monde ne peut rendre qu’heureux.
En parlant de contes, je vous conseille la biographie d’Andersen, Andersen, les ombres d’un conteur, elle-même racontée sous forme de conte par Nathalie Ferlut. Pour enfin connaître l’auteur derrière les contes.
Bien sûr, il ne faut pas oublier Le déploiement dont je vous ai parlé sur le blog. Parce que c’est intelligent tout simplement.
Une très belle découverte aussi : Le Sentier des Reines d’Anthony Pastor, retraçant le parcours de deux femmes (et d’un jeune homme) reprenant l’activité de colportage en mercerie après le décès de leurs maris dans la Savoie de l’après-Première Guerre Mondiale. Histoire passionnante et dessin magnifique. Un deuxième tome est sorti en septembre, je pense, reprenant les mêmes personnages mais en Nouvelle-Calédonie.
Je pourrais aussi citer les deux tomes de la biographie de Staline mais je ne le ferais pas, hein…
Pour les mangas
Je me suis enfin mises aux mangas. Je n’en ai pas lu des tonnes non plus mais une série m’a particulièrement plu : Pline de Tori Miki et Mari Yamazaki, qui dressent une biographie de l’auteur de l’Histoire naturelle. Il faut bien voir que c’est en grande partie imaginaire puisqu’on ne connaît pratiquement rien sur l’homme. Cependant, je trouve que cela permet de bien appréhender l’époque romaine. Les dessins sont en plus magnifiques ! Quatre tomes sont sortis. Le cinquième sort ces jours-ci, il en est prévu huit si j’ai bien compris.
Pour les livres audios
J’ai surtout réécouté cette année. Ma plus belle réécoute est bien sûr Des fleurs pour Algernon chez Audiolib. Vous pouvez entendre la performance du lecteur-acteur sur YouTube mais je peux vous dire qu’en livre audio, c’est encore mieux.
En voilà fini avec ce billet très très très long, mais bon l’année 2017 a été intense en lecture ! Ceci justifie cela.
Pour finir tout de même, je vous souhaite à tous, ainsi qu’à vos familles, une excellente année, faite de bonheurs, de nouveaux projets et de lectures intéressantes.
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