Au cirque de Patrick Da Silva

Cette semaine sera twitter ou ne sera pas. En novembre ou décembre, je ne sais plus, j’ai vu passer un tweet des Éditions Le Tripode au sujet d’une opération le Grand Trip’. Il s’agit pour 15 euros de recevoir deux livres, avant publication dans l’idée de permettre aux lecteurs de prendre le temps de découvrir des livres qui le méritent. Le premier livre, Au cirque de Patrick Da Silva, est donc arrivé fin décembre, alors qu’il a paru mercredi dernier, avec en plus des cadeaux (cela valait déjà plus de 15 euros je pense). La première surprise est que c’est un livre que je n’aurais jamais acheté par moi-même car j’apprécie beaucoup Le Tripode mais plutôt pour la littérature étrangère. Deuxième surprise, il ne s’agit pas d’un nouvel écrivain ; il a déjà publié treize livres mais je ne le connaissais pas du tout ! Troisième surprise, le livre n’a pas le même format que d’habitude (je ne sais pas comment cela s’appelle dans l’édition mais les pages doivent être coupées et elles dépassent de la couverture, ce qui est très pratique pour prendre des notes toutefois ; on me dit sur Twitter que cela s’appelle un livre non massicoté, voilà, voilà).

Je l’ai commencé tout de suite, un mois après je le relisais tellement il m’avait plu. C’est suffisamment rare pour que vous puissiez vous rendre de tout l’amour que je porte à ce livre. On est en pleine campagne, dans une ferme « isolée ». Quatre enfants sont réunis après un drame touchant leurs parents :

La mère est morte, pendue. Le père a été mutilé : les deux yeux arrachés, le sexe et la langue tranchés. Lui il s’en est tiré […] Ils étaient dans la grande ; tous les deux, dans le fenil de la grange. Le père en sang, étendu dans le foin, la mère au-dessus et au bout d’une corde. C’est leur plus jeune fille qui les a trouvés. C’est elle qui les a trouvés – le père, la mère – comme ça, dans la grange, dans le fenil de la grange […] Dans la chambre des parents c’était un grand désordre : le lit défait, les tiroirs renversés, l’armoire ouverte, tout le linge par terre […] Le collier de la mère a disparu.

Parmi les quatre enfants, seule la plus jeune était resté à la maison. Elle s’entendait mieux avec son père qu’avec sa mère, car lui faisait un effort pour comprendre ses particularités. L’aînée des filles est partie faire ses études en ville, tandis que les fils ont quitté très vite la maison car il y avait une rivalité malsaine entre eux et leur père, par rapport à leur mère. Il faut dire que le père a longtemps été en prison, laissant seule la mère et ses quatre enfants.

Mais voilà, suite au drame, les trois premiers enfants sont revenus à la maison, plus pour trouver le collier de la mère, que d’aider la sœur ou d’attendre la « guérison » de leur père. En tant que lecteur, notre idée est bien au comprendre qui a pu faire cela et qu’est-ce qui a mené à ces événements. L’auteur nous place dès le début dans cet état d’esprit. J’ai eu cette impression de participer à une humeur, une sorte de voix qui chuchote en ressassant les faits inlassablement. Sauf que comme je le disais la ferme est isolée et il s’agit d’un drame purement familial, l’auteur ne peut pas faire avancer son histoire et découvrir les faits en faisant intervenir d’autres personnages par exemple. Et c’est là qu’il, l’auteur, entre en jeu : il met ses personnages sur scène, en piste plus exactement, comme au cirque, pour les faire rejouer les scènes clés du passé. Il fait aussi ressasser ses personnages à qui échappent parfois des détails qui seront ressassés par la « rumeur » dont je parlais au début de mon avis. C’est cette écriture et ce procédé narratif qui m’ont complètement happé dès la première page.

Un autre point qui m’a particulièrement plu, c’est tout simplement le dénouement. J’ai été soufflée car je n’avais tout simplement rien vu venir. En plus, l’auteur l’annonce plus ou moins au détour d’une phrase que j’ai dû relire pour être sûr d’avoir bien compris.

Je vous conseille donc très fortement ce roman.

Pour finir sur ce Grand Trip’, on a donné notre avis par mail et l’auteur a répondu : il a bien souligné qu’on avait pu voir dans son livre des choses qu’il n’y avait pas vues. Ne perdez pas de vue qu’il ne s’agit que de mon avis et de mon interprétation, ma lecture quoi. En plus, j’ai lu ce roman dans des conditions que je qualifierais d’idéales : je n’avais aucun a priori en commençant ma lecture et surtout j’avais le temps d’en profiter pour pouvoir m’approprier complètement le livre et l’histoire. J’espère avoir la même expérience avec le deuxième roman …

L’avis de Ingannmic.

Références

Au cirque de Patrick DA SILVA (Le Tripode, 2017)


Publié

dans

,

par

Étiquettes :

Commentaires

9 réponses à “Au cirque de Patrick Da Silva”

  1. Avatar de Ingannmic

    Ton billet fait vraiment envie… cet auteur m’est complètement inconnu, mais je note ce titre a priori intense comme je les aime !!

    1. Avatar de cecile
      cecile

      Il y a été publié par pas mal d’éditeurs, petits mais aussi grands comme Fayard. Il a publié des nouvelles mais aussi des poèmes … moins de romans par contre. J’espère que cela te plaira si tu tentes de le lire.

      1. Avatar de ingannmic

        Je reviens te remercier pour cet excellent conseil : j’ai lu, et beaucoup apprécié Au cirque, roman original, à l’écriture savoureuse ! :
        https://bookin-ingannmic.blogspot.fr/2017/07/au-cirque-patrick-da-silva.html

        Bonne soirée.

        1. Avatar de cecile
          cecile

          Bonjour, ma réponse précédente a été effacé à cause d’un problème de serveur. Comme je le disais, je vais mettre ton lien dans le billet 🙂 Et merci d’avoir lu ce livre et de ton avis positif. Bonne journée. Cécile.

  2. Avatar de lewerentz

    Je suis aussi tentée. Je le note.

    1. Avatar de cecile
      cecile

      Pareil. J’espère qu’il vous plaira si vous tentez de le lire !

  3. Avatar de Kathel

    Ce roman m’intrigue… le « drame rural » marche bien en ce moment (Franck Bouysse, Sandrine Collette et d’autres) mais si c’est bien écrit, je tenterais bien…

    1. Avatar de cecile
      cecile

      Je n’ai toujours pas lu Sandrine Collette mais oui, j’ai remarqué la même tendance que toi dans les romans noirs en ce moment.

  4. […] essayer de continuer à lire en 2018, c’est Patrick Da Silva. J’ai lu Au cirque dans le cadre du Grand Trip, mais aussi Jeanne, qui met en scène l’histoire de Jeanne d’Arc. L’écriture […]

Répondre à Retour sur l’année 2017 – Cecile's Blog Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.