Urbex de Timothy Hannem

UrbexTimothyHannemJ’ai vu ce livre dans au moins deux vitrines de librairies parisiennes. Il me faisait de l’œil et en plus il était en occasion à Gibert Joseph.

C’est mon frère qui m’a fait connaître ce terme de Urbex (pour exploration urbaine). Il aime énormément se promener dans les bois mais moi pas particulièrement, sauf s’il y a quelque chose à voir. Quand il vivait encore à la maison, nous avions donc trouvé un compromis : nous promener dans les bois avec un but. Pour cela, on regardait une carte IGN … et on prenait un endroit où la carte indiquait une curiosité au milieu de nulle part, que l’on ne connaissait pas. Cet intérêt pour les bâtiments oubliés a commencé avec le Château de Bonnelles dans l’Essonne. Il y a quelques années j’avais lu les mémoires de la duchesse d’Uzès, qui racontait sa vie de duchesse, dans son château de Bonnelles. Ce qui m’avait impressionné, c’était ses parties de chasse qui couvraient un territoire extraordinaire, quand on connaît la manière dont il est organisé aujourd’hui. Connaissant correctement la région, je ne voyais pas du tout où était ce château. Nous l’avions cherché et trouvé avec ma mère, pour le visiter. Il était fermé mais encore en très bon état. Lorsque ma mère est décédée, on a repris le flambeau avec mon frère et la promenade à Bonnelles était devenu notre rituel. Nous avions cherché à le voir sous toutes les coutures. Pour cela, on avait pataugé dans la boue … mais on ne s’était pas approché beaucoup plus. Parce qu’il était fermé justement ! Aujourd’hui, le château de Bonnelles se dégrade de plus en plus, après plusieurs incendies et des travaux jamais terminés à cause de faillite. Vous pouvez voir des vidéos d’exploration urbaine du château sur internet en cherchant un peu.

L’exploration urbaine, c’est justement de rentrer dans ces lieux abandonnés pour découvrir ce qu’ils peuvent nous apprendre. C’est un peu comme de l’archéologie contemporaine. Comme l’auteur le précise dans son livre, c’est un passe-temps qui peut s’avérer dangereux (autant pour le physique que pour le casier judiciaire). On peut facilement passer à travers d’un plancher, dans une maison abandonnée !

Ici, Thimothy Hannem présente 50 lieux du même type que le château de Bonnelles : des maisons individuelles, de grosses maisons bourgeoises, des parcs d’attractions, des usines, un cimetière, un orphelinat, des sanatoriums et hôpitaux, des établissements scolaires, des rivières souterraines. Un vaste panel, donc.

Les lieux ne sont jamais situés exactement, justement pour ne pas que tout le monde y aille (surtout les inconscients). Mais il y a des indices ! Si vous habitez à côté du lieu et que vous connaissez suffisamment votre environnement, vous pouvez deviner de quoi il s’agit. Par contre, si c’est plus loin, vous êtes incapables de trouver à mon avis. Pour ce livre, vu ce que l’auteur dit, j’ai le gros avantages d’avoir grandi à côté de l’endroit où lui-même a grandi. Comme il a commencé autour de chez lui, j’ai situé plusieurs lieux. Mais rassurez-vous, c’est un livre qui a un intérêt même sans connaître les endroits, pour ce qu’il dit de nos vies modernes en tout cas.

Reprenons ! Il y a des indices pour trouver le lieu, puis commence la visite : un texte racontant la visite, mettant l’accent sur le ressenti de l’auteur dans le bâtiment et de nombreuses photos. En encadrés on peut trouver un peu d’histoires du bâtiment, une anecdote et ce qu’il y a à ne pas manquer, le tout en quatre à six pages. Cela donne un livre de 160 pages environ.

Pourquoi ce livre est intéressant ? Parce qu’il nous montre ce qu’il reste de nous, dans cet entre-deux, entre la vie et la « reprise de la vie » sur le même endroit. C’est particulièrement prégnant lors des visites des maisons. Il reste toujours des petites choses, le déménagement n’est jamais complet ; on peut retrouver des magazines, des livres, des objets, même des lettres … L’auteur arrive à reconstituer des vies de cette manière. Les lieux sont encore habités par leurs habitants, en tout cas un petit peu. Parfois, il n’y arrive pas car le lieu a été vidé ou extrêmement dégradé. Alors, la visite est plus décevante et plus rapide. Quand j’ai lu ces visites, j’ai pensé qu’on n’était franchement pas grands choses.

Les visites industrielles (au sens large) sont intéressantes car souvent il reste les machines et les équipements. On peut s’imaginer « facilement » l’usine en fonctionnement. En plus, deux fois au moins, il y a des visiteurs inattendus et/ou un peu exceptionnels, genre des chèvres, des policiers aussi ! C’est assez drôle à lire.

Les visites les plus touchantes sont celles de l’orphelinat, des hôpitaux et sanatoriums. Ce sont aussi les visites les plus littéraires, qui entraînent le plus l’imagination de l’auteur. La visite la plus choquante est celle d’une maternité où il reste les dossiers médicaux dans le bâtiment (je me rappelle un roman où c’était exactement le cas). L’ami qui accompagnait l’auteur a d’ailleurs retrouvé le dossier de sa naissance !

La part belle est faite aux photos et c’est tant mieux, car c’est elle qui font la lecture du livre, plus que la description des visites. Comment ne pas être fasciné quand on retrouve dans l’ancienne maison d’un ambassadeur des fauteuils luxueux, abandonnés aux éléments ! Comment ne pas imaginer l’histoire de ces pianos désaccordés et poussiéreux qui ne joueront plus jamais de musique ! Comment ne pas chercher les fantômes dans le sanatorium enneigé !

Je ne sais pas si j’ai été claire mais à mon avis, c’est un livre parfait pour les gens qui ont de l’imagination (et qui s’imaginent des histoires en passant devant des lieux qui leur sont inconnus) et/ou qui sont intéressés par l’histoire urbaine. On n’a pas besoin d’aimer l’exploration urbaine pour cela !

Références

Urbex – 50 lieux secrets et abandonnés en France de Timothy HANNEM (Arthaud, 2016)


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Commentaires

2 réponses à “Urbex de Timothy Hannem”

  1. Avatar de niki

    cela semble effectivement intéressant

    1. Avatar de cecile
      cecile

      Tu as connaissance du même type de livre pour la Belgique ? Je suppose que là-bas aussi il y a de l’exploration urbaine, non ?

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