Un homme par ouï-dire de Willem Jan Otten

UnHommeParOuiDireWillemJanOttenJ’ai trouvé ce livre par hasard à Gibert Joseph l’autre jour, en regardant sur les tables de nouveautés. Je l’ai acheté car la quatrième de couverture présentait un livre extrêmement original.

Un homme de 55 ans est mort il y a dix ans dans un accident de la route. Pourtant, il est le narrateur de l’histoire et nous parle ainsi de sa vie actuelle. Une vie qui se fait à travers les autres et les souvenirs qu’ils déclenchent chez eux. Ainsi, quand personne ne pense à lui, il n’est rien mais revit à travers les perceptions de sa famille quand ils repensent à lui. À l’approche de ce qui aurait été les soixante cinq ans du monsieur, les réminiscences se font plus nombreuses.

Gérard Legrand était ainsi un célèbre musicien, très bon interprète de Bach. Il avait une femme Olga et deux enfants, Johannes et Frank. Il a quitté sa femme, ses enfants encore petit, quand il a rencontré une autre femme, une élève, beaucoup plus jeune, Danielle, qu’il appelait Belle. C’est à travers ces personnages, et quelques autres, que nous est dressé le portrait peu flatteur du narrateur.

Johannes et Frank ont du mal à se rappeler de lui comme un père, et essaie tant bien que mal dix ans après de se (re)construire une figure paternelle. Olga pense que son ancien mari s’est suicidé en se jetant sous un camion, et enjolive le personnage en gommant certains souvenirs et en cherchant à en comprendre d’autres. Belle pense très rarement à son ancien amant et quand elle y pense, il n’est pas grand chose. Il y a aussi une ancienne maîtresse qui est la seule à se rappeler de l’homme en bien (mais elle l’a connu il y a très peu de temps).

L’auteur arrive très bien à saisir la manière dont on se souvient de quelqu’un après sa mort, par des objets, des paysages, des situations. J’ai particulièrement aimé que ce livre soit réaliste. On ne pense pas forcément que du bien d’un mort. Il y a aussi des mauvais souvenirs, des incompréhensions qui restent en suspens à la mort de quelqu’un. De même, on ne se souvient pas de tout. On reconstruit aussi beaucoup de choses, pour nous aider, pour que cela nous convienne plus.

Le roman trait principalement de la manière dont la famille va se libérer du poids de la mort du père. C’est là que j’ai trouvé le livre plus faible car le récit est peu entraînant. L’auteur nous colle dès le début une certaine lourdeur sur les épaules, qui donne l’impression qu’on a du mal à avancer (j’ai mis deux semaines à lire 100 pages, même si je n’ai pas lu que ce livre, cela veut tout dire).

Clairement, cette lourdeur est imposée par la manière dont le narrateur s’exprime ; il est pontifiant. Quand il était en vie, il semblait être un homme assez exécrable. Maintenant qu’il est mort, il semble comprendre ce qu’il n’avait pas compris avant alors qu’il n’est pas tout le temps dans la tête de ses enfants, de sa femme … Il n’est là que quand on pense à lui donc il ne peut pas saisir qui ils sont vraiment. Donc il ne peut les comprendre qu’à travers son prisme à lui et garde donc les défauts qu’il avait quand il était vivant. Il y a quelque chose qui me semble illogique dans cette manière de faire. La manière dont la quatrième de couverture était rédigée me laissait penser à quelque chose de plus « vivant ».

En résumé, je dirais que c’est une lecture originale mais un peu décevante à cause d’un narrateur pour qui j’ai manqué d’empathie.

Références

Un homme par ouï-dire de Willem Jan OTTEN – traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Daniel Cunin (Les Allusifs, 2014)

Un siècle de littérature européenne – Année 1984

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Commentaires

2 réponses à “Un homme par ouï-dire de Willem Jan Otten”

  1. Avatar de lewerentz

    L’histoire me dit quelque chose… Est-ce une nouveauté ou une réédition ? en tout cas, il me tente bien.

    1. Avatar de cecile
      cecile

      D’après ce qui est dit dans le livre, ce n’est pas une réédition et la traduction date de 2014. Je pense que c’est une nouveauté, en tout cas en français. Il n’y a que deux livres de lui en français : celui-ci et La mort sur le vif chez Gallimard.

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