Ce livre m’a fait doucement sourire. William Bonnet a promis à son meilleur ami, sur son lit de mort, de s’occuper de la fille de ce dernier. Celle-ci s’appelle Mathilde et est plus qu’instable psychologiquement. Suite à plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, lors de son divorce, elle s’est vu retirer tout droit de voir son fils. Or aujourd’hui c’est son plus grand désir. Le meilleur ami va donc tout faire pour que cela marche. Pour cela, il l’emmène dans l’Essonne, dans son ancienne ville où son ex-mari habite toujours avec sa nouvelle femme, l’installe dans un hôtel et va essayer de rencontrer la belle-mère de l’enfant pour qu’elle laisse Mathilde voir son fils. Il commencera par des pressions amicales, mais voyant que cela ne marche pas, il appuiera de plus en plus fort. À partir de ce moment-là, tout dérape.
En effet, William Bonnet est un escroc à la petite semaine, qui semble aller de petits coups minables en petits coups minables (ils ont l’air de tous échoués) et Mathilde a quand même beaucoup de problèmes psychiatriques non réglés. L’histoire est plutôt raconté du point de vue Willam Bonnet. Finalement, on sait assez peu ce que Mathilde pense.
À chaque nouvelle péripétie, je me suis demandée comment il pouvait même penser que cela allait marcher. D’un autre côté, on est dans un roman ; l’auteur peut rendre crédible ce qu’il veut. L’histoire fait dans l’ensemble penser à un fait divers du Parisien où on se demande comment il peut exister des gens comme cela. Cela n’a pas manqué. J’ai ressenti la même chose que quand je lis ces articles : cela m’a fait sourire et rigoler. Pas une seule émotion de type compassion, empathie …
Alors qu’est-ce qui peut faire aimer ce livre ? Car oui, clairement, j’ai plutôt beaucoup aimé. D’abord j’aime beaucoup les faits divers (beaucoup plus que les articles politiques ou économiques). En effet, il, ainsi que les commentaires qui les accompagnent, nettement plus notre société (et personnellement c’est ce qui m’intéresse). Puis il y a ensuite l’écriture de l’auteur : minimaliste et ramassée. Un auteur d’une autre maison d’édition aurait raconté la même histoire en beaucoup plus que 150 pages, sûrement fait des changements de points de vue, aurait cherché à faire pleurer dans les chaumières … Dans ce livre, seule l’histoire compte et Yves Ravey sait la raconter dans le sens où quand on referme le livre, on a envie de le rouvrir par la suite. Les péripéties s’enchaînent vite et bien : cela semble la vraie vie. On s’imagine que cela pourrait se passer comme cela. Les personnages ne semblent pas être des personnages mais des personnes. Ils ne sont pas des super héros : ils vont travailler, composent avec ce qu’ils ont, se disputent …
Mon libraire me l’avait conseillé exactement pour cette raison. Il m’avait dit plus qu’Un notaire peu ordinaire, dans ce livre, c’est la vraie vie. Je m’étais un peu moquée parce que je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire mais en fait il avait raison, c’est la vie sans fard.
Références
La fille de mon meilleur ami de Yves RAVEY (Éditions de Minuit, 2014)
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