Petrograd est à mon avis un excellent roman graphique mêlant espionnage et Histoire de la Russie juste avant la Révolution, en 1916, au moment où la grogne commence à se faire entendre. Le palais n’est pas sous le contrôle du Tsar mais sous celui de la Tsarine et de son conseiller, Grigori Rapoutine, surnommé le moine fou.
Le Staretz fascine car tout le monde pense qu’il a quelque chose de non humain : son allure mais aussi sa capacité à résister aux tentatives de meurtres, tout le dit. Il inquiète aussi car en l’absence du Tsar qui est au front, tout le monde pense que Rapoutine, fervent partisan de la paix, influence la Tsarine, d’origine allemande, pour signer une paix séparée avec les Allemands. Plus que les Russes, ce sont les puissances étrangères qui sont inquiètes. Une paix séparée impliquerait le report des soldats allemands sur le front ouest.
Dans ce contexte, on suit Cleary (personnage fictif), espion britannique, d’origine irlandaise, en poste à la mission britannique de Petrograd après avoir combattu au front. Il fréquente à la fois les milieux ouvriers et révolutionnaires (sa petite amie est ainsi une révolutionnaire convaincue) et les milieux aristocratiques. Il est « ami » avec Felix Youssoupov et son (petit) ami Dimitri Pavlovitch. Cleary est chargé par son chef d’encourager les deux hommes à tuer Raspoutine. Il se retrouvera malgré lui au cœur du complot qu’il trouve pourtant mal préparé. Bien sûr, une fois démasqué, il ne sera pas soutenu par sa hiérarchie.
Cette bande dessinée permet de découvrir les acteurs et le contexte de l’assassinat de Raspoutine, même si l’intervention de la Grande-Bretagne est du domaine du fictif. On est emporté par cette histoire palpitante sans aucun problème. L’ouvrage en lui-même est magnifique (c’est ce qui m’a fait le regarder à la FNAC). Les couleurs sont rouge-marron. Les dessins sont plutôt bons. J’ai reconnu les différents personnages même si j’ai trouvé les traits des visages trop carrés. Les décors ne m’ont pas particulièrement marqué par contre. À la fin de l’ouvrage sont présentées les recherches effectuées par les auteurs pour assurer la vraisemblance de leur ouvrage.
En conclusion, je vous conseille vivement cette lecture !
Références
Petrograd de Philip GELATT (scénario) et de Tyler CROOK (illustrations) – traduction de Hélène Dauniol-Remaud (Urban Comics / collection Urban Indies, 2013)
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