Pays de Galles, année 1950. Gwenni, douze ans, est une petite fille bien particulière. Elle peut voler comme un oiseau dans son sommeil. Elle s’invente des histoires sur son entourage. Plus exactement, elle ne comprend pas forcément ce qui se passe autour d’elle dans le monde des adultes et du coup, elle interprète ce qui se passe d’une manière candide, parfois joueuse, fantastique ou mystérieuse. Elle n’est pas du tout aimée par sa mère qui la considère comme l’enfant de trop, celle qui va mettre la honte sur la famille du fait de ses originalités. Par opposition, Bethan, la sœur est tout ce que l’on peut attendre d’une jeune demoiselle de quatorze ans. Par exemple, elle s’intéresse plus aux garçons qu’à l’école par exemple. Gwenni ne reçoit de l’amour que de son père et de sa famille, la grand-mère et tante Lol, qui lui donne des romans policier dont Gwenni s’inspire pour jouer.
Elle est aussi en admiration devant son institutrice et ses deux petites filles qu’elle garde très souvent. Aussi, quand Ifan Evans, le mari de l’institutrice disparaît, elle décide d’enquêter. Tout le village a une opinion sur la disparition : il est parti avec une autre ou bien bon débarras puisqu’il battait sa femme. Gwenni ale sentiment qu’il se cache là-dessous un secret d’adulte.
C’est donc une véritable enquête qu’elle va mener dans son village. Elle ne découvrira pas qu’un seul secret mais plusieurs dont certains la concernent personnellement. Cela va la faire rentrer très brutalement dans le monde des adultes mais elle ne se départira jamais de sa belle personnalité.
Il s’agit du premier roman de Mari Strachan et je trouve personnellement que c’est une réussite.
Elle place donc son intrigue dans le Pays de Galles des années 50. C’est une période et un lieu que l’on a peu l’habitude de voir dans la littérature traduite en français (à ma connaissance en tout cas). On reconnaît bien la campagne britannique mais il y a en plus des revendications régionales. On parle gallois ; on parle anglais avec réticence. Les quelques Anglais semblent vivre dans un monde à part. Ce sont des éléments que je m’attendais plutôt à lire dans des romans parlant de l’Écosse ou de l’Irlande.
Un des points forts du livre est aussi la psychologie de Gwenni. L’auteur rend compte de la candeur de l’héroïne par plusieurs moyens. Un très clair ; la narratrice, Gwenni donc, dit très clairement « je ne comprends pas ». Il y a aussi le fait que l’héroïne se situe dans un entre-deux. Elle a des jeux d’enfants, des interrogations d’adolescentes et une vie familiale d’adulte. La description de toutes ces choses mêlées se fait dans un langage semi-enfantin, avec des tics qui peuvent énerver comme je l’ai lu dans certains avis. Le côté magique m’a semblé un peu surfait. Certes il permet à l’intrigue d’avancer mais il donne un côté « folle »à Gwenni. Cela rend l’identification un peu difficile. C’est un très léger bémol que je mets mais vraiment très léger.
Ce que j’ai aussi aimé, c’est l’intrigue et son déroulement. Le thème général est la filiation. Ce thème est introduit très progressivement au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête de Gwenni. Le livre traite des secrets, ceux que tout le monde connaît, comme la mort de deux fils à la guerre, mais dont personne ne parle pour ne pas provoquer de réactions douloureuses ; mais aussi ceux dont tout le monde parle tout bas et invente ce qui n’est pas connu. C’est sous cette forme que Gwenni découvre ce qu’un secret sur la filiation peut déclencher dans une famille.
J’ai très mal parlé du livre mais je vous le conseille car j’ai adoré.
Références
La Terre Fredonne en si bémol de Mari STRACHAN – traduit de l’anglais (Pays de Galles) par Aline Azoulay-Pacvon (NiL, 2011)
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