Le narrateur est un historien qui a décidé de tuer un de ses collègues. Pas n’importe lequel, le plus médiatisé. Notre héros vit depuis tout le temps une vie que personne ne remarque. Il vit seul. Il va à la librairie admirer la jolie libraire rousse (qui ne sait toujours pas son nom depuis le temps) et acheter des livres pour mener ses recherches. Il rentre chez lui. Il étudie le plus de documents possibles pour produire des sommes complètes sur son sujet de recherche. À son avis, son travail n’est pour l’instant pas apprécié à sa juste mesure par ses collègues. Par exemple, on ne parle pas de ses travaux dans les grandes revues du domaine. Lui met cela sur le compte de son sujet de recherche : les années 1927 à 1938 en Autriche. Il s’est emparé du sujet pendant sa thèse alors qu’il était encore très peu étudié et il ne l’a plus jamais lâché. C’est aussi de là d’où vient sa déception car il est un des premiers à avoir fait une étude systématique de cette période.
On peut dire que comme la plupart des chercheurs, c’est un besogneux. Personnellement, je me console en me disant qu’il faut bien faire ce travail pour préparer le terrain au génie qui va tout voir, tout unifier …
Ici, le génie se nomme Allmeyer. Il est très vite reconnu, plus pour son « aisance » et son « habitus social » que pour ses travaux car d’après le narrateur, ils n’ont pas un niveau recherche mais s’adressent à un public très très large. Il n’y a qu’une lecture et pas de contextualisation. Il énonce des généralités à partir d’un cas particulier.
Forcément cela le met en rage, d’autant plus qu’il le fréquente quand même beaucoup. Le roman commence par une scène digne d’un polar. Le narrateur, après avoir dit au revoir, à Allmeyer, se retourne pour le prendre en filature dans le but de connaître ses habitudes car il a décidé de le tuer. Le livre revient en arrière pour comprendre le pourquoi de la chose.
J’ai aimé ce livre pour sa forme et les sujets abordés.
La forme est celle du monologue. On suit les actions mais aussi les pensées du narrateur. Je suis toujours admirative de cette manière d’écrire (quand c’est bien fait) car à mon avis il est toujours difficile de rendre cohérent des pensées, qui sont par définition non formulées clairement. C’est d’autant plus intéressant quand, comme ici, le personnage est obsessionnel.
Les thèmes abordés sont dans mes centres d’intérêt. Il est donc normal qu’ils m’aient intéressée. Il s’agit donc de la recherche (ici, c’est en Histoire mais c’est un peu pareil tout de même), de la médiatisation, de la période de l’entre-deux-guerres, de la révision de la perception que l’on a de l’Histoire.
Je me rappelle que Fashion avait parlé en des termes positifs du recueil de nouvelles, Murs de papier, paru chez cet éditeur. Je vais essayer de le lire aussi pour voir si ma bonne impression se confirme.
L’avis du libraire de chez Ptyx, où j’ai découvert ce livre (merci Niki !)
Références
Mythographes de Hanno MILLESI – traduit de l’allemand (Autriche) par Valérie de Daran (Absalon !, 2012)
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